Cette soirée était un tour de montagnes russes. Tout semblait calme un instant puis le chaos s’installait en roi avant de disparaître de manière surprenante et de laisser la fête reprendre comme si rien ne s’était passé. Plus elle passait du temps dans cette pièce, plus Adhita s’étonnait de la faculté qu’avaient les élèves de la WoW pour passer outre les bizarreries, avaient-ils avec le temps développé un tiroir spécial dans leur cerveau dans lequel ils rangeaient – et pour ainsi dire oubliaient – instantanément les catastrophes liées à l’université ? Ou peut-être étaient-ils plus résistants que l’Indienne. Mais l’incendie comme l’altercation entre la batteuse et sa rivale aux cheveux verts, Adhita n’aurait su les expliquer, et il lui semblait qu’à chaque fois elle avait son rôle à y jouer, comme si le chaos avait décidé qu’il s’entendait plutôt bien avec elle.
Mas une fois les catastrophes passées, Adhita se retrouva de nouveau avec Lulu, elle commençait à se demander si l’éloigner finalement du bar ne serait pas la décision la plus sage mais il fallait croire qu’au fond d’elle, elle avait peut-être hâte d’assister à la prochaine catastrophe.
En attendant la fin du monde, l’expérimentaliste avait préféré faire connaissance avec Isaac Callaghan, car si elle aimait passer presque toute la journée à l’intérieur à paresser sur son lit, Adhita n’en restait pas moins relativement sociable et puis comment s’assurer de se faire inviter à toutes les fêtes si on ne se faisait pas un peu d’amis ?
— Keskecé ?
— Ôôôh, trois fois rien. Une petite facture. Les frais inhérents à la câââsse que nous avons pu observer, ceux pour la câââsse sur laquelle nous spéculons avant la fin de la pârty, ainsi que les frais de ménâââge, évidemment.
Oh oh. Les pète-sec semblaient s’être remis de leur choc initial et demandait réparation. Comme s’il n’avait pas largement de quoi financer toutes les réparations. Sous les yeux ébahis d’Adhita et Isaac, Lucrécya se fit ensuite renvoyer de sa fraternité. Est-ce que c’était seulement possible ?
L’indienne n’était pas du genre violent, bien au contraire mais, laissant l’alcool parler pour elle, elle empoigna un verre rempli d’un mélange inconnu et qu’elle espérait explosif et le lança au visage de la dernière AAA du groupe juste avant qu’elle ne puisse se retourner.
Bande de rats.
Le liquide ne s’enflamma pas mais la blonde commença à se frotter les yeux en hurlant à la mort, prétendant qu’elle venait de la rendre aveugle. Si seulement.
Sans se soucier plus longtemps des rabat-joie, Adhi pivota sur ses talons.
— J’pourrai t’aider à payer si tu veux. J’ai de l’argent.
Elle arracha le document des mains de l’ancienne AAA et le parcourut rapidement. Livide, elle le rendit à sa propriétaire et attrapa un verre qu’elle avala d’un trait. Ses parents étaient fortunés et auraient probablement de quoi payer l’intégralité des frais mais elle savait qu’il n’y avait aucun moyen pour qu’elle ne parvienne à leur faire lâcher autant d’argent. Elle ne savait pas non plus pourquoi elle se sentait à ce point obligée d’aider la petite brune à se sortir de ce mauvais pas.
— Ça fait beaucoup plus de vente de cookies que ce que j’imaginais.
— Hmpf.
La batteuse grogna, elle ne semblait même pas traiter les informations qu’Adhita lui envoyait, c’était la première fois qu’elle la voyait autant sous le choc.
Adhi tendit ensuite un verre à Lucrécya qui l’avala elle aussi d’un trait puis la secoua un peu, faisant tomber la facture au sol par la même occasion.
— Alleeeez oublie ça Lulu, quitte à payer, profites-en pour mettre vraiment bien le boxon.
La Zêta avait perdu toute retenue, l’alcool aidant, il n’était plus question de limiter les dégâts. De toute façon, les AAA ne pouvaient pas revenir avec une facture supplémentaire … si ?