Djidane faisait tourner sa plume autour de son doigt, assis sur sa chaise en bois trop dur. En s’inscrivant a la chorale il ne s’attendait pas du tout a rester des heure assis a entendre un vieux barbu parler des bienfait de la musicomagie sur le développement des fleurs, les comportements des enfants en bas âge, et le gout d’un Gnome roti au gingembre. Non Dji s’attendait a plein de filles très peu vêtu chanter des tube de Paty Kerry ou Lady Blabla…Dieu qu’il était déçu.

Et puis il y avait tant d’autre chose en tête… Cela faisait des jours qu’il n’avait pas eu de nouvelle de Malicia, et il avait l’impression qu’elle lui échapper … Peut-être avait-elle trouver un autre grand Chinois sportif ? Dji stoppa son manège une fraction de seconde et secoua la tête en souriant…Non c’était impossible : il était LE Chinois beau goss de cette promo…Qui refuserai ça ?

Et puis ce n’était pas la seul ombre noir au tableau, la simple idée de penser a sa mission pour rejoindre les Gamma le faisait trembler comme une feuille face a un ventilo. Dji avait beau être une personne qui se surestimer beaucoup, il avait quand même conscience qu’aller prêcher des stupidité pareil auprès de la fraternité la plus violente de la WOW était purement et simplement du suicide. (Même pas indolore en plus)

Dji rapporta alors son attention au professeur qui dans de grand geste théâtrale se mis a parler de chanson de paix et d’amour… L’asiatique tiqua de l’œil … Des chansons de paix ? D’amour ? C’était tellement stupide que ça pourrait marcher ! Même ses brute ne pouvait pas rester insensible a un peu de musique, surtout avec un peu de magie ! Quant à Malicia, elle lui tomberait dans les bras déjà nu comme un ver et la bague au doigt tellement sa voix l’aurait envouté ! C’était du tout cuit !

Alors qu’il se voyait déjà en train de rencontrer la langue de Malicia au fond d’un couloir de la Wow, sa meilleur amie, et sans doute petite amie cacher, se positionna devant lui en le pointant du doigt !

- ZITANE ! JE TE DEFIS …

Le sourire béat de Djidane s’agrandit encore plus, il n’avait jamais refuser un duel de magie, surtout contre une de ses principale concurrente..

- …POUR UN DUEL DE CHANSON !!

Les yeux déformer par la folie, Lucrécya parti dans un rire machiavélique et incontrôlable… Quelque élèves derrière elles éteignirent les bougies et firent fuser quelque éclaire du bout de leurs baguettes pour lui donner un air un peu plus crédible. Hypnotiser par cette scène ridicule Dji ne put pas réagir et les musicien de la Wow commencèrent a jouer de leurs instrument ensorcelé, forçant les gens a chanter de qu’il pense, la musique commencer a retentir, Et Lucrecya s’avança au bord de la scène, vêtu d’une magnifique (et trop grande) robe de cocktail vert émeraude.

La petite brune pointa alors sa baguette sur sa gorge et prononça un « SONORUS » d’une enjoué qui ne lui ressemblait pas, et dans un sourire malicieux, commença à chanter bientôt suivit de l’asiatique.


….

« Gryffondor, Touche pas ma Gryffondor ! »
Dji, les yeux encore pris dans les fumées du Grand Potiron continuer de chanter le refrain agaçant de son rêve. Pff Quel rêve !

En bas de son appartement d'étudiante, Myo inspira l'air encore doux de ce début de soirée.
Elle s'était mise sur son 31 : elle avait tiré ses cheveux couleur émeraude en arrière, et portait un grand bandeau bariolé pour tenter de les camoufler. En vain, évidemment, mais ce soir, elle n'en avait cure. Ce soir, elle était heureuse.

Parce que ce soir, elle allait revoir les gars de sa fraternité ! En deux longues semaines, elle n'avait pas eu une seconde à leur accorder. Leurs yeux injectés de sang et leurs sourires rendus niais par la fumette lui avaient tant manqué !

Elle cala sous son bras un panier en osier, d'où dépassaient une baguette magique, quelques feuilles longiformes et une étrange poupée aux yeux en boutons.

-Madame Zombiiiiie je suis siiii contente ! s'exclama-t-elle, en jetant un œil à la poupée de chiffon. J'espère qu'ils vont aimer mes gâteaux spéciaux ! J'y ai mis ma meilleure variété de Ganja Myosotiana…

Puis, d'un pas sautillant, elle se dirigea vers la Grande Citrouille où elle avait passé le plus
clair de son temps l'an dernier. Elle se mit à chantonner d'une voix douce:

-La potion Magouille c’est l’breuvage parfait ! ♪ Avec elle, t’es sûr de finir premier ! ♪ Elle est irréprochable mais n’est pas remboursable, ♪ Magouille est l’breuvage parfait !

Bientôt, le QG des Gamma fut en vue, et la jeune fille accéléra le pas. Elle posa la main sur l'énorme cucurbitacée qui faisait office de murs :

-Oh tu m'as trop manqué, monsieur Potiron !

La courge géante sembla ronronner de plaisir.

-Je serais bien venue plus tôt, mais notre prof nous as inondé de devoirs… Mais à partir de maintenant je reviendrais te voir aussi souvent que possible !

La jeune fille posa un léger baiser sur la citrouille. Elle ajusta ses vêtements, repoussa ses cheveux, inspira longuement, puis entra dans l'édifice, en ouvrant les bras en grand.

-SALUT LES GARS J'AI PLEIN DE CADEAUX POUR VOUS !

Après quelques minutes de silence pesant, Myo réalisa qu'elle levait les bras devant un salon entièrement vide. Une botte de paille passa devant elle.

-Ben… les gars ? Y'a personne ?

- SI je suis là, répéta une voix pour la deuxième fois. Myo l’avait bien entendu mais elle continuer à tourner sa tête de droite a gauche a la recherche de la deuxième personne qui lui avait répondu… Mais ou diable se cachaient-ils ?

- Les gars vous faites quoi ? Ce n’est pas drôle !

- En dessous de toi, lui répondis la voix.

Les yeux ronds, la jeune fille regarda par terre, contre une paroi du Grand Potiron, L’une des nouvelles recrues semblait sortir d’un long sommeil difficile… Pas n’importe laquelle des recrue d’ailleurs, C’était l’asiatique qu’elle avait vu une fois ou deux entrer dans le potiron lorsqu’elle était dans son appartement d’étudiante, celui dont lui avait parler Titus, le « Chinois dans le coma »
Myo réprima un petit rire ! Vraiment Titus était y était peut être aller un peu fort.

Mais c’est lorsque Djidane leva ses yeux que Myo ne put s’empêcher d’éclater de rire !

Ce regard elle le connaissait ! Et pour cause, jamais elle ne raterait les premières fumettes de quelqu’un ! Elle reconnaissait le visage blanc, les yeux vide et rouge, et les petits hoquets de fumée de l’asiatique comme chez chacune des autre recrue. Elle tapota amicalement l’épaule du jeune garçon et se laissa glisser a ses coté.

- Ne t’en fait pas, ça fait toujours ça au début…

Elle se tapota le bord des levre un instant

- Apres aussi en fait ! Mais c’est coooooool ça..Tu t’apelle ?
- Djidane je suis…
- Un nouveau ouais je sais ! On peut dire que tu a assuré, Enfin à ta façon !
- Avec Gros Bobby ? Tu parle je me suis retrouver a vomir mes tripe dans l’escalier du stade…

Le jeune garçon grimaça une nouvelle fois, mauvais souvenir ou redescente difficile ? Ça personne n’aurais pu le dire mais ça n’éffaca pas pour le moins du monde le sourire de la jeune fille aux cheveux émeraude.

- A non…je ne parle pas de ça !

Mais de quoi parlait-elle ? Le chinois de gratta les tempes, mais ça ne lui apportait aucune réponse. Il préféra enchainer. Il n’avait pas la tête au discutions compliquer pour le moment, nom , prénom, couleur préféré, tout ca suffirait pour le moment
- Et toi…tu es ?

Un sourire moqueur aux lèvres, la jeune fille secoua la tête. Titus l'avait prévenue lorsqu'elle l'avait croisée au resto u il y a quelques jours, mais ce n'est que maintenant qu'elle pouvait voir l'étendue des dégâts.

-Moi c'est Myosotis, répondit-elle. Myosotis Grandiflore. Mais appelle-moi Myo ! Et non, ma couleur préférée n'est pas le vert !

Elle se pencha vers le pauvre bizut, le souleva d'un coup de baguette, et le fit s'asseoir sur le canapé moelleux du salon. Sous le choc, le pauvre chinois sembla sur le point de vomir, mais la fille aux cheveux verts ne sembla rien remarquer. Elle s'affala à côté de lui, farfouilla dans son panier, et en sortit une bouteille au contenu douteux.

-Tiens, bois-ça !

Djidane, un peu déconcerté, obéit… et fut prit d'une quinte de toux. Ses joues passèrent du blafard au rouge vif.

-Mais qu'est-ce que c'est que ça ?! articula-t-il en toussant, d'une voix rauque.

-Du rhum au piment ! Ca va mieux ?

-N…non ! lâcha-t-il d'une voix étranglé, avant de tomber par terre tellement il toussait.

-C'est normal ! fit Myo, en regardant le pauvre malheureux se rouler par terre.

Elle fouilla dans la poche de son jean, et en sortit une longue cigarette roulée, qu'elle s'alluma d'un coup de baguette.

-Mon pauvre Choupichou, reprit-elle, ils y sont pas allés de main forte…

Djidane se releva tant bien que mal, et se rassit aux côtés de l'étrange fille.

-Et… encore, c'est pas le pire, fit-il au bout d'un moment. Je dois aller apporter la bonne parole aux Pi Alpha Fi…

-Euh… Djidane… tenta Myo.

-Et à ce qu'on dit, ce ne sont vraiment pas des tendres !

-Euh… Djidane…?

-Je sens que je vais passer un sale quart d'heure, je te le dis !

-Euh… Djidane !

-Le pire c'est que j'ai jamais demandé à faire partie d'une fraternité, moi !

-EUH, DJIDANE !

Le chinois, qui était perdu dans ses explications, sursauta.

-Que… quoi ?

Myosotis prit une longue inspiration.

-Bon. Y'a pas de bonnes façons d'expliquer ça, alors…

Elle prit Dji par les épaules, et se mit à le secouer d'avant en arrière :

-TU AS DÉJÀ ÉTÉ VOIR LES PI ALPHA FI ! ILS T'ONT TABASSE COMME JAMAIS TU N'AS ÉTÉ TABASSÉ ! TU ÉTAIS DANS LE COMA ! DEPUIS DEUX SEMAINES ! Tu te rappelles, maintenant ?!

Risquant une nouvelle fois de déglutir son dernier petit petit-déjeuner, le Chinois ne lui répondis pas tout de suite, le temps de reprendre son souffle, et de remettre ses idée dans l’ordre, un long silence s’en suivit pendant le quel Djidane essayer de comprendre ce qu’avait dit la jeune fille. Mais non…pas possible !

- C’est impossible la dernière chose d’on je me souvienne c’est…

Puis l’asiatique s’arrêta. Quel était vraiment la dernière chose dont il se rappelait ? Sous tous ses dernier souvenir, une bonne moitié étais sans aucun doute des rêves, Bon sa présence dans le potiron pouvais expliquer que sa rencontre avec Titus était vrai…mais quand au reste ??? Et puis il n’avait aucun souvenir, Chimérique ou réel, de la PAF.

- Dans le coma tu dis ?
- Oui, enfin un coma…un truc plus grave que lorsque une recrue bois trop et fini a l’infirmerie pendant une semaine le temps de se remettre de sa petite cuite…les infermière on toujours tendance a exagérer un peu, ricana Myo

A Exagérer ? Si Myo faisait boire son rhum a tous les petit nouveau, Djidane doutait même qu’une semaine suffise a se remettre de ca…

- Ah ? et qu’on dit les infermières de mon cas ?
- Ton coma ? Oh tu n’es pas aller a l’infirmerie, ca nous aurais apporter trop de problème, il serait venu ici, et on aurait été obliger de cacher toute l’herbe, les cadavres de bière, et les cadavres tout court aussi d’ailleurs. On t’as soigné a coup de potion et d’herber que les élève d’excellence et de botanique on ramener de cours.

Depuis son réveil, Dji poussa son premier rire… Il se sentait un peu plus léger, ça venez de la confiance qu’inspirait la jeune fille, ou de la fumée qui s’échapper de sa cigarette ? Peut importer, la béatitude dans laquelle l’ex-serdaigle s’enfonçait était très agréable. Il en oublia donc son coma, et ses pertes de mémoire.

- Ca explique peut-être les cauchemars d’ailleurs, j’ai rêver que je chantait.
- Que tu chantais ?

Le visage de la jeune femme s’assombris.

- Quoi…tu aimes pas les chansons ?
- C’est pas n’importe quel rêve DJi, Ce sont les eleve du club qui ton envoyer de la pub au moyen d’un puissant sortilège…Leur club est tellement minable qu’il en vienne a faire de la propagande dans les rêves des gens, je sais de quoi je parle, il m'ont eu aussi ...
- De la pub dans les reve ? Je croyais que c’était autoriser que pour les élection du ministre de la magie ?

Myo se remis à rire et tendis sa « cigarette » a Djidane

- Ca aussi c’est interdit, ca n’empêche pas que je la fume dans l’université la plus surveiller de Londre !

Machinalement, Dji prit en main la cigarette d'herbe magique que lui tendait Myosotis.

-On est l'université la plus surveillée de Londres ? Je pensais que c'était Hazardvard ou Yoles…

Les yeux de la jeune fille étincelèrent d'un coup :

-Tu plaisantes ?! Avec notre doyen ?! On ne peut être que les meilleurs EN TOUT grâce à lui !

Djidane jeta un regard louche à Myo, qui fixait le vide avec un sourire béat enamouré. Sans même réfléchir, il prit une taffe de son joint, fut pris d'une énième quinte de toux. Décidément ça n'avait rien à voir avec la Nicotinagie !

-C'est bon, hein ? lança la Gamma Phi Orties, un sourire étincelant aux lèvres.

-Non !

-C'est normal !

Le chinois lui rendit un regard torve. Myo ne s'en formalisa pas, et poursuivit :

-Finis-le ! Il faut que tu t'habitues ! Moi j'en ai d'autres.

Elle sortit de derrière son oreille une autre cigarette, qu'elle alluma en pointant sa baguette sur le bout.

-Pourquoi je devrais m'habituer à ça ? grommela Dji en fronçant les sourcils.

-Parce que ça chasse les rêves ensorcelés, et ça apporte de vrais bons rêves de visionnaires ! Tout le monde sait que ça développe le troisième œil !

Djidane considéra le mégot qu'il avait dans la main avec étonnement :

-Ah oui c'est vrai ?

-Non ! Pas du tout !

Myo explosa de rire sous l'œil circonspect mais néanmoins injecté de sang du chinois.

-Toi t'es vraiment naïf, hein ! Allez, fume : tu es un Gamma Phi Orties maintenant !

Djidane se sentait un peu largué dans cette conversation, peut-être à cause de toutes ces vapeurs et cette fumée autour de lui… aussi, dans le doute, il continua bien sagement de fumer.

-Tu dois avoir faim après ce long coma. Tiens, j'ai amené des cakes, des cookies et des brownies. Je les avais faits pour les autres gars, mais on dirait qu'ils désertent le Potiron aujourd'hui…

Elle posa devant Dji son panier en osier, plein de friandises, où surplombait une étrange poupée de chiffon aux yeux inquiétants.

Quand Djidane vis le panier devant lui, il était déjà dans un autre monde, tout lui paraissait bien plus facile, il se voyait déjà le meilleur attrapeur de Quidditch de la Wow, assurer pleinement dans ses examens, séduir Mali, et avoir de jolis enfants métissé avec elle ! Il soupira d’aise. Même Myo a côté de lui semblait être la personne la plus cool qui sois (ce qui est sans doute le cas, n’en discutons pas ! :p)
Il plongea sa main toujours dans ses rêverie et en sortie un brownie chocolat tout tendre…C’est vrai ce qu’on lui avait dit, la fumette ça creuse !

- Ouaiiiis…ça c’est bon Myo ! Merci beaucoup !

Il croqua dedans sans se méfier pour le moins du monde ! Ce brownie avait un gout étrange ! Ah oui certes il était bon, c’était même sans doute la pâtisserie la meilleur que Dji n’avais mangé, mais il avait quelque chose de dérangeant, un petit arrière gout de plante et de béatitude… Dji replanta ses dents dans le gâteau tout en s’exclamant (aussi possible s’exclamer sois possible dans cet état)

- Non d’un vif d’or accroc ! Dit moi pas que ces des spacecake

Il plongea sa main pour attraper un nouveau cookie et mordis dedans avec acharnement

- C’est…drole…

Et comme pour illustrer ses propos il partit dans un fou rire bientôt suivit de la deuxième année.

- T’es un petit malin toi ! certaines recrues finissent tout nu a danser dans le Potiron avant de le remarquer ! M’enfin je vais pas m’en plaindre hein ! Et puis le Potiron aime pas trop ce genre de spectacle

Dji aurait mis ça sur le compte des gateau, mais il aurait juré sentir le Potiron bouger, comme s’il s’unissait a leurs éclats de rire ! C’était puissant…

- Aller on bouge ! j’ai envie de me promener ! Et de m’allonger dans l’herbe et regarder les nuages !
Il attrapa la main de Myo, et de sa main maintenant libre pris le panier en osier de la jeune fille, ne laissons pas de si joli gâteau a l’abandon. L’esprit de l’asiat était embrumer dans des vapeurs aussi hyponotisante que la poupée de la jeune fille mais déjà il savait que ça ne durerait pas ! Alors autant en profiter un maximum !

- Et...cette poupée...c'est quoi ?

Pour une bleusaille, Djidane s'en sortait plutôt pas mal ! La plupart, en testant pour la première fois sa production personnelle, vomissait partout, pleurait dans un coin… et c'était fou le nombre de personnes qui devenaient exhibitionnistes dès la première bouchée de fondant au chocolat spécial ! Myo les croisaient parfois dans le campus, courant tout nu en rigolant…

Bref, elle était impressionnée. Elle suivit en riant l'asiatique, qui la tirait au dehors.

Très vite, il s'étala par terre dans l'herbe, juste devant le grand Potiron, le panier toujours à la main, les yeux rivés sur le ciel.

-Alors, tu joues toujours à la poupée à ton âge ? lança-t-il, avant de partir dans un fou rire qui lui secoua les côtes.

-Maaaaais non, Lapinou, c'est Madame Zombie ! fit la jeune fille en s'asseyant en tailleur devant lui. Dis bonjour à Madame Zombie !

-B'jour m'dame Zombihihihihihihi…

-C'est une poupée vaudou, c'est pour mes cours, je suis en Sciences Occultes, expliqua Myo.

Djidane pouffa à nouveau.

-Toi, t'es en Sciences Occultes ? Ça te va pas du tout ! Je te verrais mieux… disons… en botanique !

L'étudiante plissa les yeux, blasée :

-Fais gaffe à ce que tu dis, j'ai une poupée vaudou ! fit-elle en brandissant la poupée de chiffons.

-Ah ouais ? Et tu peux faire quoi avec ? demanda Dji, pas effrayé pour une noise.

La jeune fille se gratta la tête :

-Euh… ben pour l'instant, je peux envoyer des mauvais sorts mais… disons… uniquement sur moi-même. Mais je suis sûre qu'en troisième année je vais tout déchirer !

Sa poupée toujours en mains, Myo s'affala sur le dos aux côtés du nouveau, et se mit à contempler les étoiles.

-Assez parlé de moi, Lapinet ! Et toi alors ? T'as quel âge ? T'es en quelle filière ? T'étais où avant ? Dans une école chinoise ? T'as une petite amie ? Une fille en vue ? Ou un garçon peut-être ?

La longue langue verte du Grand Potiron s'étira lentement devant la silhouette fantomatique du cow boy.
-Hé ben... Pas trop tôt... marmonna Titus en étirant ses muscles endoloris. Il venait de passer vingt bonnes minutes à regarder la vénérable cucurbitacée se gausser allègrement en dansant la gigue sur ses cosses. Y doit y avoir une fiesta d'enfer là-dedans, songea-t-il...
Péniblement, il grimpa le long de l'appendice buccal et, une fois arrivé à la glotte, sauta prestement dans le gosier de la citrouille... pour atterrir lourdement sur le parterre herbeux de sa fraternité.

L'ambiance tropicale était bien plus pesante ce soir-là, l'endroit étant désert. Ce dernier fait était plutôt rare, et Titus commençait à sérieusement s'inquiéter.
-Héééééééé.... fit une voix molle, tu marches sur ma joue, mon pote...
-Ouaaaais... et ton talon m'écrase le petit doiiiigt.... fit une autre voix, toute aussi molle.
Le jeune sorcier baissa les yeux, intrigué : deux de ses "camarades" étaient allongés dans l'herbe. La petite Myosotis observait avec circonspection son petit doigt coincé sous la botte de Titus.
-Oups, pardon Myo... t'avais pas vue...
-Naaaaan, c'est pas graaaaave Tituuuus, fit-elle en secouant la tête avec un sourire béat et les yeux plissés, ça fait même pas mal... C'est juste que mon pauvre doigt appelait à l'aide... tu l'as pas entenduuuu ?? Le pauvre était coincé tout se...
-Ouh là, t'es sérieusement atteinte toi, ce soir.
Myo éclata d'un rire cristallin.
-Je sais !! C'est le bleu à côté de moi, je l'ai "accompagné" dans son voyage, mais il supporte plutôt bien mes concoctions... D'ailleurs il est toujours coincé sous ta botte, cowboy...
Titus souleva son autre santiag, et découvrit le visage encore tuméfié de Djidane, qui souriait bêtement malgré la douleur. Il tourna finalement la tête vers son "parrain".

- Yeaaaah, Titus Reynolds se joint à nous !!! La fête continue !!!
-Je dirais plutôt qu'à ce rythme elle va tourner court, fit Titus d'un air sceptique. Tu devrais y aller mollo petit, c'est ton baptême du feu.
-T'inquièèète, man... c'est bien comme ça que vous dîtes, hein, man ? T'inquièète !! Je gère à dooonf...
-Mouais. Tu gères à donf... Comme le fait de te prendre une raclée par un paquet de dégénérés du PAF... Un petit conseil : une fois le message délivré, il faut songer à fuir, pas à finir à tout prix la chanson. Les Pi Alpha Fi ne sont pas de fins mélomanes.
Pour une personne comme Titus, tout était toujours prétexte à râler ou à se foutre en rogne. Dans le cas présent, c'était le ton horriblement trainant des deux lascars qui commençait à lui vriller les nerfs. Aussi décida-t-il pour une fois de faire contre mauvaise fortune bon cœur et de se joindre au "voyage". Par ailleurs, depuis qu'il l'avait rencontrée l'année dernière, Myo avait toujours eu cette façon bien à elle d'être toujours joyeuse, malgré sa propre mauvaise humeur : ce dernier point avait le don de le faire se sentir coupable à chaque fois qu'il était en pétard en sa présence.
Aussi s'assit-il face à eux, tandis que sa comparse lui tendait une de ses longues cigarettes. Il l'alluma prestement d'un coup de baguette, et bientôt la douleur qu'il ressentait disparut. Se redressant péniblement, Dji le fixa longuement son sourire niais collé à la bouche.
-On est pas bien là, mec ? Oh tu sais quoi ? Myo a une poupée ! Une poupée, tu te rends compte ??
-Ouais, super.
-T'en as une toi aussi ?
D'ordinaire ce genre de question à répétition avait le don de l'énerver encore plus, mais il fallait croire que la petite hippie avait plutôt bien dosé sa ganja, car il ne ressentait rien d'autre que de la lassitude.
-Non, Djidane, fit Titus en détachant bien chaque syllabe, je n'ai pas de poupée. Je n'étudies pas les sciences occultes. D'où l'absence de poupée.
-Hooooo.
Pour une raison que seul un toxico constamment perché pouvait comprendre, Dji était extrèmement déçu par cet aveu. La jeune fille aux cheveux verdoyants semblait, elle, particulièrement amusée par l'échange. Elle se tourna vers Titus.

-Alors comme ça on chasse les loups-garou maintenant ?
Le cow boy s'étrangla avec sa cigarette et ne put réprimer une violente quinte de toux.
-KEUF KEUF De... De quoi ???
-Ben, c'est pas vrai que t'as chassé le lupin voyeur qui reluquait les filles sous la douche ?
-Heuuu, si si. C'est tout à fait ça, répondit précipitamment Titus : il ne voulait surtout pas qu'elle découvre que le loup garou en question était en fait l'amour de sa vie, ce "cher" vieux Magouille. Le simple fait d'apprendre que ce vieux pervers s'amusait à épier ses étudiantes dans le plus simple appareil aurait des conséquences catastrophiques pour elle et son entourage.
Aussi changea-t-il de sujet.
-Et sinon, on est bien vendredi soir ? Les clubs ouvrent demain, non ?

-Ah oui les clubs... J'avais oublié... Je suis encore inscrite dans cette horrible chorale...

Myo se redressa, et s'étira. Ça tournoyait un peu autour d'elle. Elle avait beau avoir l'habitude, elle avait trop mangé de gâteaux spéciaux. Et, étrangement, la bouteille de rhum au piment à ses pieds était totalement vide, et ses souvenirs la concernant étaient un peu flou.

Mais la jeune étudiante ne connaissait qu'un seul moyen pour éviter la gueule de bois et autres états de lendemain difficiles : ne jamais s'arrêter de boire ni de fumer. Aussi, elle se ralluma une énième cigarette de sa fameuse Ganja Myosotiana.

-Hey moi aussi chuis dans la chorale ! s'exclama Djidane en se relevant, avant de se laisser retomber sur le dos en gémissant.

Titus et Myo se jetèrent un regard entendu, puis la hippie reprit :

-Chanter c'est cooool, mais le prof qui s'occupe de ça...

Elle frissonna de dégoût.

-C'est le prof de Défense Gouvernementale. Un vrai malade ce type. Il passe son temps à nous hurler dessus. Vraiment pas coooool. Et si tu fais une fausse note, c'est encore pire. Tu vois ça ?

Myo désigna une petite cicatrice à la naissance de ses cheveux, cachée sous sa frange.

-Ça date de l'an dernier, j'ai eu le malheur d'oublier des paroles, alors il m'a lancé un sortilège de Contusions. C'était pour une chanson insipide en plus, un truc pourri à la Brittany Sparibs ou Lady Gragra, je sais plus trop...

Le cowboy fronça les sourcils :

-Ah ouais quand même. T'es pas allée te plaindre ? Rhaaa lâche-moi, toi !

Il repoussa Djidane, qui, bienheureux, essayait par tous les moyens de lui faire un câlin.

-Ben si, répondit Myo, mais le docteur Magouille m'a dit qu'il n'était pas payé pour écouter les étudiants se plaindre... et il a bien raison !

Myosotis poussa un long soupir, des étoiles dans les yeux, en serrant sa poupée contre elle.

-Aaaah quel homme ce docteur Magouille. Y'a rien à faire, il a toujours raison !

-Mouais... fit Titus d'un air peu convaincu, se gardant bien de dire tout haut le fond de sa pensée.

-A ce propos, reprit Myosotis en farfouillant dans son panier d'osier, si tu veux, j'ai enregistré avec mon pictuscope l'intégralité de son discours de bienvenue ! Comme ça on pourra le re-regarder en boucle !

Elle brandit à son ami une sorte de petite pierre lisse triangulaire, qui irradiait une lumière étrange.

-Non merci, marmonna le jeune homme, côté picturines bidon, j'ai déjà donné aujourd'hui.

Les yeux encore plus plissés qu'à son habitude, un sourire vaseux aux lèvres, Djidane tendit à nouveau ses bras vers Titus pour un câlin, mais le cowboy dégaina sa baguette :

-Écoute, je suis pour l'amour fraternel entre membres d'une même confrérie, tant que ça reste dans un domaine théorique, ok ? Autrement dit : ne me touche pas !

-Oui M'siiiiieeeeur... répondit le malheureux Dji, qui ne savait même plus où il habitait.

Il partit dans un gloussement nerveux, tout en rampant sur le sol.
Puis, plié en deux, il vomit dans un coin du parterre, sans cesser de rire frénétiquement.

-On dirait que la bleusaille a eu son compte pour aujourd'hui, commenta la jeune fille aux cheveux épinard.

-Même pas vraiiiiii... Je suis un grand garçoooon.... lança le chinois, avant de régurgiter à nouveau.

-Un jour, il faudrait essayer de faire une soirée où personne ne vomit, badina Titus.

La jeune fille hocha la tête en souriant. Elle se rappelait encore avec émotion de sa première fiesta chez les Gamma :elle avait finie par danser à moitié nue sur une table, en jetant des maléfices de crache-limaces à tout va. Elle rigola à ce souvenir, puis se tourna vers Titus, qui fumait en regardant Djidane.

Myosotis aimait bien Titus, parce qu'il avait du caractère : celui d'un cowboy pas forcément méchant, mais particulièrement ronchon. Mais, en grattant un peu, elle savait qu'au fond de lui, le jeune homme cachait autre chose : en l'occurrence un cowboy encore plus ronchon. Myo appréciait cette constance.

-Et toi, tu as ton premier tournoi de Duels de l'année demain, c'est ça ? T'as de la chance, c'est Mama Ogg et la prof de Médicomagie qui s'en occupent. Elles sont sympas, elles.

Le chinois essuya sa bouche d’un revers de la main et se laissa tomber sur le dos lourdement en regardant ses comparses, c’était cool l’amitié, ils étaient sympa tous les deux. Titus était certes un peu ronchon, mais ce n’était qu’une petite boule d’amour qui n’attendait que de gros câlins ! Quand a Myo, cette fille était adorable…en fait elle aussi c’était une boule d’amour en attente de câlin… Il essaya de se relever puis tomba la tête la première dans l’herbe humide de rhum au piment.

Djidane passa alors aussi vite des rire au pleures.

- Maliiiiii….Agonisa t’il.

Les deux Gamma furent couper courte dans leurs discussion, devant l’obstacle qu’offrait Djidane se tordant de douleur et de peine.

Titus bailla longuement avant de sortir :

- Qu’est-ce qui lui arrive encore au petit bleu ?

Myo Quand a elle se mis a rire de plus belle en ne sachant pas particulièrement pourquoi.

- Je pense qu’on devrais le faire sortir, pas très bon de rester enfermer dans les « vapeurs » pour une première fois.

- Pour qu’il nous vomisse dessus pendant qu’on le trimballe ? Non merci !

Myo fusilla du regard son ami

- C’est ça, ou tu fais une croix sur mes prochain gâteaux !
- Je m’en fou, j’ai ma propre conso, je n’ai pas besoin de tes cake pourris !
- Rêve alors pour que je te protège de tes conneries avec Madame Zombie !
- T’es incapable de t’en servir ! tout ce que tu sais faire c’est te lancer des sort a toi-même !
- Je sais encore me servir de ma main si tu n’arrêtes pas !

La dispute continua encore pendant quelque minute pendant que Djidane c’était mis en position fœtal en suçant son pousse. Les deux amis ne se souvenait maintenant plus de la raison première de leur dispute et semblait avoir oublier l’asiatique. Il y eu un petit silence, et Titus, fou de rage, cracha au visage de Myo :

- T’façon le loup garou c’était Magouille !

Il y eu un silence.

- Maliiiiiiiiiiii………..

-COMMENT ??? COMMENT OSES-TU ME FAIRE CA A MOI ?
-Jeee...
Titus recula devant la menace soudaine : Myo était littéralement "verte" de rage. Ses cheveux s'ébouriffaient comme pris dans une tempête électrique.
-TITUS REYNOLDS, TU N'AS PAS LE DROIT DE PARLER DE NOTRE DOYEN DE CETTE FAÇON !!! IL EST BEAUCOUP TROP NOBLE ET SON SEUL INTÉRÊT RÉSIDE DANS LE BIEN-ÊTRE DE SES ÉTUDIANTS !!!

Myo semblait réciter une affiche de propagande, mais lorsque le jeune ricain vit sa main se diriger vers sa baguette, il se dit que les choses allaient un peu loin...
-JE NE POURRAI JAMAIS TE PARDONNER CE QUE TU M...
Une intense lumière verte illumina la fraternité.
-M... M'as... bredouilla Myo, qu'est-ce qui s'est passé ?
-Comment ça qu'est-ce qui s'est passé ? fit Titus le plus innocemment du monde. En douceur, il rengaina sa baguette encore fumante.
-Ben y a eu un truc, non ?
-Non non.
- SII !! fit le jeune chinois à moitié dans les vapes, y a le cowboy fringuant qui a dit que le loup-gar...
Une intense lumière verte illumina la fraternité.
-Titus a dit quoi ? demanda Myo.
-Ben, ch'ais plus... Ch'crois qu'j'vais vomir... BEUUAAAAAAH
Dji répandit alors son diner dans les hautes herbes jonchant le sol de la fraternité.

-Ah c'est dégueulasse, merde !!! s'exclama Titus, révolté.
-Ouais, mais au moins, il s'est endormi.
Effectivement, le jeune sorcier ronquait du sommeil du juste.
-Mouais... Je pense que t'as raison : on devrait le ramener chez lui. Mais faisons gaffe : gerber et dormir ne sont pas incompatibles !
-OK, on le bouge. Au fait, pourquoi tu lui as balancé un sortilège d'amnés...
Une intense lumière verte illumina la fraternité.
-Tu disais ?
-Ben, je sais plus trop... Pas grave. Bon, on le bouge ?
Titus soupira.
-Attrape ses jambes.

-Maliiiiiii... gémissait Djidane dans son sommeil.

Myosotis soupira, exténuée.

-Il doit être en train de faire un cauchemar.

-Que le Grand Potiron veille sur lui et sur son sommeil, lâcha Titus, solennel.

La jeune fille acquiesça, et ils sortirent de la pièce à pas de velours.

Ils avaient renoncés à porter Dji jusqu'à chez lui quand ils avaient réalisé qu'ils ne savaient pas où il créchait. Ils l'avaient donc installé sur un des lits, à l'étage de la fraternité, prévus spécialement pour des occasions comme celle-ci.

Une fois qu'ils furent de retour dans le salon, Titus souffla :

-Il a pas l'air, comme ça, mais il pèse son poids, le bougre !

-Dis... fit sa consœur Pourquoi on a pas utilisé un sort de lévitation pour l'amener jusque en haut ?

Un silence éloquent s'ensuivit.

-Bon, on fait quoi maintenant ? lança le cowboy avec mauvaise humeur, en s'affalant sur le canapé.

-Ben déjà...

Myo sortit sa baguette et l'agita :

-Récurevitemaisbien !

Des balais marchants dignes de Fantasia, des seaux plein de mousse dans leurs petites mains de bois, se dirigèrent avec détermination vers le parterre de l'entrée, où le malheureux Djidane avait rendu son quatre heure.

-Une bonne chose de faire, admit le cowboy.

La jeune fille soupira, comme prise d'une grande lassitude.

-Je sais pas pourquoi, je me sens un peu bizarre ce soir... comme si j'avais raté quelque chose d'important. Je devrais peut-être aller voir Screwface, il m'a dit l'autre jour qu'il avait réussi à créer sa propre potion de Remémorisa..

-NON ! la coupa Titus, les yeux écarquillés.

Myo le fixa en clignant des yeux.

-Beeeuh... pourquoi ?

-Euh...

L'américain réfléchissait à toute allure. Il regrettait amèrement la scène de tout à l'heure, et n'avait aucune envie de la revivre à nouveau. Ou pire : de prendre le risque de se brouiller avec la fournisseuse de la meilleure ganja de la fraternité !

-Non, mais tu es folle ?! improvisa-t-il nerveusement

-Les avis des psys divergent à ce sujet... soupira l'étudiante. Pourquoi ?

-Tu.... tu ferais confiance toi, à la potion d'un gars qui se fait exploser la face tous les deux jours ? Il faut être complètement fou.

La jeune fille aux cheveux chlorophylle hocha lentement la tête :

-Mmh... tu dois avoir raison. Et puis si je commence à avaler des potions dès que j'ai une impression bizarre, je vais finir en légume !

Elle éclata de rire, et bondit sur le sofa, aux côtés de son ami.

-Il me reste des gâteaux spéciaux ! On se regarde une picturine ?

-Une picturine, hein ? marmonna Titus en jetant un regard soupçonneux à sa consœur. Ça serait pas le discours de Magouille que t'aurais en tête ?
Myosotis fit mine de fixer le bout de ses chaussures.
-Siiii...

Le cowboy leva les yeux au ciel : les effets de l’herbe magique de l’oncle Bob commençaient à se dissiper.
-Tu sais, je me suis déjà taper une séance ciné plus que moyenne avant de venir ici et...
-Alleeeeeeez, s'il te plaiiiiit !!!
-Non.
-S'il te plait mon Titus que j'adore ??
-Non.
-Super s'il te plait  ??
-Non !
-Supra méga s'il te pl..
-BON CA VA !! METS LA TA FOUTUE PICTURINE !!!!
La jeune sorcière chlorophylle exhiba un étincelant sourire de triomphe.
-Ouiiiiiii !!!! Attends, j'en ai pour deux secondes...
-Un, deux...
-C'est bon, ne fais pas ta mauvaise tête, cowboy !
-Gnagnagna...

Faisant léviter l’amulette pictuscope jusque sur une petite table basse afro d’un goût
douteux, Myo donna un brusque coup de baguette et une étrange lumière dorée s’échappa de l’artefact, projetant des images en réalité augmentée dans toute la pièce : les deux étudiants étaient installés sur le vieux canapé, qui semblait lui-même posé au beau milieu des gradins de l’amphi où Magouille avait fait son « petit » speech… exactement au moment où ce dernier avait eu lieu, si l’on en jugeait par la foule estudiantine qui se pressait autour d’eux. L’ambiance de ce jour mémorable était reproduite à l’identique, avec les mêmes rumeurs d’impatience grondant le long des allées.

Titus poussa un long et bruyant soupir.
-Bon, c’est pas qu’on s’ennuie, mais si tu comptes nous faire revivre TOUTE la
journée du discours…
-Rhaaa, lâche-moi un peu ! Je vais faire une projection rapide…
Inclinant sa baguette sur le côté, Myo fit un imperceptible mouvement avec son
poignet : aussitôt le temps s’accéléra, la foule des jeunes sorciers se déplaçant à une vitesse qui donnait le tournis, ce qui ne semblait pas affecter les deux compères, apparemment habitués à ce genre de phénomène.
Le soleil déclinait sur la scène projetée, et soudain le temps reprit son cours normal.
Myo se mit à sautiller de joie :

-A y est !!!! C’est lui !!! Regarde-le, mais regarde-le !!! T’as déjà vu une personne à ce point sublimissime ???
L’avalanche de superlatifs faillit donner la nausée au jeune cowboy.[/font]
-Ouais, ouais, ouais… Un vrai héros, un dieu vivant. On peut abréger s’il te plait ? fit-il en débouchant une bouteille de rhum d’un coup de dent, s’en enfilant une lampée au passage.

Et c’est ainsi que le sorcier dut endurer le supplice consistant à revivre le discours vaseux du doyen siphonné, les nerfs tellement vrillés qu’il redoutait qu’ils ne finissent par lâcher, tels les ressorts d’un vieux matelas… Jetant un œil torve à Myo qui pleurait des larmes de joie, il se résolut à observer la scène, cherchant un éventuel détail sur lequel fixer son attention.

« …pour prouver que je suis un doyen moderne, commençons à instaurer un dialogue entre nous. Je répondrais donc à quelques unes de vos interrogations. Quelqu'un a-t-il une question ? »

Tous les yeux se tournèrent vers le faux étudiant qui déclamait son rôle… tous sauf ceux de Titus qui étaient rivés sur l’estrade de Magouille : ce dernier écoutait l’imposteur avec un intérêt feint, Miss Krapull avait les yeux braqués sur Titus, Sancoeur semblait de marbre, attendant visiblement que ce cauchemar se termine, et…
Le cowboy eut un brusque mouvement de recul.
La secrétaire blonde et glaciale du bon docteur braquait son regard vigilant sur son "patron ", surveillant ses moindres paroles en cas de gaffe. Se frottant les yeux, Titus observa de nouveau la scène, n’y trouvant rien d’anormal.
Pourtant, il était sûr de ne pas avoir halluciné ! Se tournant vers son amie, qui, toute émue à la vision de l’élu de son cœur semblait ne s’être aperçue de rien, il brisa le silence :

-Myo, tu peux rembobiner, s’il te plait ? Je crois que j’ai loupé un truc…
-Toi aussi tu aimes ce passage ? J’adore les questions-réponses dans ses débats ! On sent l’intérêt qu’il nous porte et l’abnégation qu…
-Tout à fait, t’as bien raison, maintenant rembobine, s’il te plait.
-OK !!
D’un  geste du poignet, Myo rembobina et la scènese projeta de nouveau. Titus plissa les yeux, attentif au moindre détail : cette reine des glaces de Krapull l’avait regardé, il n’en doutait pas.
Cependant il tenait à être sûr que l’herbe et le rhum n’avait rien à voir avec ce phénomène…

-Rembobine encore !

Myo essuya d'un revers de main les larmes de joie qu'elle n'avait pas pu retenir.

-Eh bien, cowboy, t'es en train de devenir aussi fan que moi, ou qu...

-REMBOBINE ENCORE !

-Oui, c'est bon, c'est pas la peine de s'énerv...

-PAAAAAUSE !

La jeune fille sursauta, et agita sa baguette.

-Regarde ! s'exclama Titus.

Dubitative, Myosotis jeta un œil en coin son ami. Il avait les yeux exorbités et une veine palpitait sur son front.

-Tu es sous pression, en ce moment, non ? C'est le stress des exams ? Tu veux qu'on en parle ?

-Mais non, me regarde pas moi ! Regarde la picturine ! Miss Krapull !

La Gamma tourna mollement la tête. La secrétaire de son bien-aimé doyen ne l’intéressait que moyennement.

-Moui, mais encore ?

-Tu ne remarques rien ?!

Dans la picturine sur pause, Myo détailla la blonde, figée sur sa chaise : elle avait des yeux perçants d'un bleu qui faisait baisser la température de la pièce d'une dizaine de degrés, et une expression mêlée de mépris et de rage se lisait sur son visage.

Rien d'inhabituel, en somme.

La jeune fille soupira d'exaspération :

-Je ne suis pas en magizoologie moi, je ne chasse pas, et par conséquent je ne sais pas lire les signes que les autres ne voient pas...

-Elle me regarde ! lâcha enfin l'américain. Elle est en train de me fixer ! Et comme si elle voulait m'arracher les boyaux ! Ça fait froid dans le dos...

Myo regarda à nouveau la secrétaire :

-C'est vrai qu'elle a l'air encore plus en rogne que d'habitude... c'est très étrange...

Elle refléchit un moment :

-Sauf que c'est une picturine, un sortilège d'enregistrement ! Alors ce n'est pas vraiment toi qu'elle regarde, mais la personne qui se tenait là, dans le stade, au moment du discours !

Titus fronça les sourcils :

-Mais qui ça peut bien être ? murmura-t-il.

Son côté amateur de quête était titillé. Cette veuve noire de Krapull semblait en vouloir à mort à un étudiant, et il fallait qu'il le retrouve. Ça prendrait le temps qu'il faudrait : même s'il devait faire une liste des étudiants et comparer leur place dans l'amphi de quidditch ce soir là, il trouverait le malheureux, et...

Myo le coupa net dans ses pensées :

-Ben c'est facile, c'était moi ! rigola-t-elle en croquant dans un cookie spécial. C'est là où j'étais au moment où j'enregistrais le discours avec mon pictuscope ! Héhé, c'est drôle, non ?

Elle croisa le regard circonspect de son ami.

-Ben quoi, j'ai dit une bêtise ?

Les pas de Scylla l’avaient mené jusqu’aux pieds de la citrouille qu’elle fixait maintenant de travers. Aucune porte ne perçait ce cucurbitacée et alors qu’elle était à deux doigts de se tailler une entrée à coups de griffes la longue langue verte du grand potiron la laissa pénétrer dans le bâtiment. L’ambiance à l’intérieur était assez étrange, il y régnait une odeur d’herbe brûlée qu’elle ne parvenait pas à identifier mais une chose était sure : elle se sentait de meilleure humeur.

- CHINOIS ! CHINOIS T’ES LAAAAA ! hurla-t-elle, les mains en porte-voix.

- Du calme man, faut pas t’exciter comme ça… lui rétorqua un rastaquouère aux yeux injectés de sang.

Le regard de la blondinette glissa sur lui avec mépris puis…

- CHINOIIIIIIIS !

Tout en beuglant comme un veau qu’on égorge elle traversait la fraternité pour ne s’arrêter que dans le salon tapissait d’une herbe verte et luxuriante. Pas de toute, cette odeur flottant dans l’air était dû à une flaque nettoyée récemment par Myosotis qui avait été régurgitée par son arme anti-lapin, elle en aurait mis sa main à couper. Par mesure de sécurité elle renifla tout de même la zone avec un air expert et hocha la tête.

- Pas de doute, c’est à chinois.

Elle releva la tête pour observer les alentours mais pas la moindre trace du bridé. Tout ce qu’il y avait dans le coin c’était une asperge aux cheveux verts et un cowboy qui avaient l’air absorbés par le visionnage d’une… c’était quoi déjà ? Une pique-t’urine ? Bof, après tout pour ce que ça l’intéressait.

Scylla avança avec détermination vers le duo pour se planter devant leur canapé, juste entre le film et eux. Après leur avoir adressé son plus charmant –et carnassier- sourire, elle lança de but en blanc :

- Je cherche chinois ! Vous l’avez vu ?

La blondinette se pencha en avant pour les renifler sans la moindre once de manière.

- Vous sentez le chinois…

- Et toi tu caches la picturine, répondit Titus en la fusillant du regard.

- Soit pas si mal aimable, ricana Myosotis, C’est sûrement une nouvelle ! T’as intégré la fraternité depuis longtemps ? Tu trouves pas qu’elle est super ?!

Scylla les fixa un moment, plissa les yeux puis reprit comme un disque rayé :

- Vous sentez le chinois.

Elle marqua une pause et ajouta avec une certaine dose de menace dans la voix lorsqu’elle se mit à suspecter le fait qu’on lui cache volontairement l’objet de ses recherches.

- Vous l’avez enlevé c’est ça ? Vous êtes comme cette rouquine maboul hein ? BAH CA NE SE PASSERA PAS COMME CA ! leur cracha-t-elle au visage avant de saisir le cowboy au col pour le hisser à hauteur de ses yeux.

-A ta place je lâcherais cette chemise, répliqua Titus entre ses dents. C'est la dernière qu'il me reste pour la semaine.
La jeune... fille (?) se contenta de ricaner avant de reprendre d'un air furieux, tel un serpent à sonnette :
-Ah ouais ? Et pourquoi ça je te prie, petite chose boursoufflée et mal rasée ?
Sans dire un mot le jeune cowboy baissa les yeux rapidement, suggérant à la monstresse de faire de même.

Obtempérant, cette dernière découvrit la baguette de Titus, "braquée" sur son abdomen.
-Lâche... moi... la... chemise.... dit-il d'un ton anormalement calme. Je ne te le dirai pas deux fois.
Inconsciente du danger imminent, Scylla émit un reniflement de mépris avant de reprendre a tirade, le ton lourd de menace.
-Où est chinois, petit homme ? Je veux bien ne pas te bouffer les poumons, si tu me réponds vite...
Titus haussa un sourcil.
-Seulement les poumons ?
-Ouaip : Ne m'en veux pas, mais j'ai la dalle... REPONDS !!!

Une petite voix apeurée se fit alors entendre :
-Heuuu, les gars ? C'est peut-être pas une bonne idée de se battre ici...
Se retournant, Scylla vit un petit brin de fille aux cheveux verts... un peu maigre à son goût...
-Qu'est-ce que tu dis, microbe ?
Titus reprit la parole :
-Elle dit que le grand Potiron n'aime pas qu'on déclenche des bagarres dans ses entrailles végétales : ça perturbe sa digestion.
-Tu m'en diras tant, futur steak saignant... Une bagarre dans ce genre-là ?
Joignant le geste à la parole, elle projeta le ricain à travers la pièce. Ce dernier heurta une armoire pleine de bocaux remplis d'herbes douteuses, et se réceptionna tant bien que mal au sol. Myo avait dégainé sa baguette.
Monumentale erreur, ma grande... songea le cowboy, alors que le sol commençait à trembler. Un rugissement lugubre se fit alors entendre.
-Ho ho... fit Myosotis en regardant autour d'elle d'un air apeuré.

La tête dans l'herbe, Myosotis grommela. Elle essuya d'un revers de main la purée de potiron qui dégoulinait sur elle, et se releva tant bien que mal.
Cette fois, le choc avait été puissant : ils se trouvaient tous à une bonne dizaine de mètres de la maison-citrouille.

-Ah bravo ! Ah bravo ! Je vous avais prévenue, quand même !

Si seulement c'était la première fois... Mais non ! Régulièrement, il fallait que des ennemis des Gammas s'introduisent dans la fraternité, ou pire ! Que des Gammas eux-même se lancent dans des débats stupides qui finissaient toujours de la même façon.
Toujours mal.
Le Grand Potiron détestait les conflits. Surtout quand il s'agissait de duels de magie.
Alors, dans ce genre de cas, pour préserver ses entrailles végétales, dans lesquels Myo et ses potes passaient le clair de son temps, il... disons... régurgitait tout le monde.

Cette fois, personne n'avait été épargné. Même Djidane avait lui aussi été rejeté par la fenêtre. Mais il ne s'était même pas réveillé, et, bienheureux, poursuivait sa nuit dans le jus de citrouille.

Myo s'ébroua tel un chien, histoire d'enlever le coulis qui entachait sa chevelure. Elle jeta un coup d’œil aux alentours, et repéra Titus, qui avait été projeté au loin.

-Tityyy ! cria-t-elle, en courant vers lui.

Elle se pencha, et l'aida à se relever du marasme orange dans lequel il était englué.

-Ça va ?

-Ouais, mais il va me falloir des explications, cracha l'américain, les yeux rivés sur Scylla.

Cette dernière, qui avait l'habitude d'être recouverte par la saleté, ne s'en formalisa pas plus que ça. Elle goûta du bout de la langue la bouillie orange, et grimaça :

-Bah c'est pas bon !

Myosotis, elle, considéra le carnage autour de sa fraternité. On aurait dit qu'une bombe à la citrouille venait d'exploser : il y avait de la purée orange partout. Il faudrait de nombreux sorts de récurevitemaisbien pour tout nettoyer !

Mais le pire, pour elle, c'était cette vibration végétale dans l'air. Ses camarades ne semblaient pas s'en rendre compte, mais pour elle, qui connaissait les plantes comme sa poche, c'était comme de petites décharges électriques tout autour d'elle.

-Le Grand Potiron boude, soupira-t-elle. Il va falloir attendre une bonne demi-heure avant qu'il arrête de faire la tête, et qu'on puisse re-rentrer !

-La faute à qui ? pesta le cow-boy.

Il tira sa baguette et la pointa sur l'étrange blonde aux mains griffues.
Myo, qui était pourtant d'un naturel pacifique, en fit de même. Quelque chose à propos de cette fille ne lui paraissait pas tout à fait... normal.

- Kesskisspass ? maugréa Scylla en se remettant debout tant bien que mal.

Elle n’avait pas trop compris ce qui s’était passé, se souvenant juste vaguement d’avoir volé dans les airs après avoir entamé un lynchage en règle combat pour l’honneur. Faute d'avoir pu trouver un intérêt gustatif à la purée de citrouille elle cherchait désormais son chinois dans la bouillasse orangée dans laquelle ils pataugeaient tous jusqu'au mollet.

Alors qu'elle remarquait enfin les baguettes braquées sur elle quelque chose attira son attention dans le coin de son champ de vision. Deux yeux bridés sous une tignasse brune, accompagnée de cette odeur bien connue de...

- CHINOIS !

La blonde couru jusqu'à Djidane qui ronflait encore allègrement sous l'effet de l'alcool et le serra dans ses bras à lui broyer les os. Et dire qu'elle l'avait cru perdu ! Maintenant qu'elle l'avait retrouvé plus personne ne l'enfermerait dans un placard ni ne la menacerait avec des lapins. Elle était invincible !

- Je n'y croyais plus ! Je ne sais pas ce qu'ils t'ont fait mais c'est fini maintenant, on va se serrer les coudes comme avant et on les tuera tous ! TOUS !

La pseudo-humaine éclata d'un rire machiavélique qui fut bientôt interrompu par un bruyant raclement de gorge. Elle fusilla du regard la source de ce bruit qui n'était rien d'autre que Titus et lui cracha sèchement :

- Tu me veux quoi, humain dégénéré ?

- Des explications, c'est ça qu'je veux. T'es qui au juste ? Ou plutôt... t'es quoi ?

Bombant le torse, Scyll' prit sa posture la plus fière pour déballer pompeusement ses présentations habituelles desquelles elle ne semblait jamais se lasser.

- Je suis la grande Scylla ! Un monstre mythologique âgé de 3658 ans, grande, forte, fière, belle... enfin je l'étais jusqu'à ce que cet encas hystérique me change en humaine... elle me le paiera EN VERSANT SON SANG !!!

Un nouveau rire psychotique s'éleva mais la blondinette s'arrêta d'elle-même après avoir louché un moment sur le cowboy. A vrai dire il lui disait vaguement quelque chose mais elle ne se souvenait pas de l'endroit où elle avait pu le voir. Elle finit tout de même par tenter quelque chose non sans scepticisme.

- Tu... t'étais pas à Poudlard ?

- Ah vous vous connaissez alors ? essaya Myosotis pour détendre l'atmosphère, On va pouvoir calmer le jeu, attendre que le grand potiron se calme en fumant la meilleur ganja de tout l'université et...

- Mais nom de Zeus elle va se taire celle-là ?!

Myosotis baissa légèrement sa baguette, hésitante.

Oh, elle ne se formalisa pas pour ce que venait de lui dire la blonde étrange : elle avait l'habitude qu'on lui dise de la fermer, à commencer par sa propre mère. Et son père. Et les étudiants qui étaient avec elle en cours. Et le prof de la Chorale. Et parfois même les autres Gamma Phi Orties. A la réflexion, il n'y avait pas grand monde qui ne lui avait jamais dit.

Non, c'était tout autre chose qui la turlupinait... Elle venait enfin de comprendre pourquoi elle trouvait cette fille bizarre : ça lui sautait à présent aux yeux comme le nez au milieu du visage ! Cette "Scylla" était allumée, tarée, zinzin, cinglée, dingue, folle à lier, toc-toc, démente, givrée, aliénée, désaxée, barjoïde, malade, atteinte, siphonnée, fada, fêlée, timbrée, dérangée, elle avait une araignée au plafond, elle n'était pas nette: bref, ELLE ÉTAIT COMPLÈTEMENT FOLLE !

Et Myo s'y connaissait en folie. Elle en avait côtoyé de beaux spécimens, lors de ses études à Beauxbâtons. Elle y avait vu la folie ordinaire, comme par exemple les trois filles les plus hideuses qu'elle n'avait jamais vu, qui formaient une sorte de club de la mode et se prenaient pour des princesses pleines de grâce et de beauté.

Ou la folie schizophrénique. Elle se rappelait de ce pauvre Robert Râteau, qui, après avoir été stupefixé un peu trop longtemps, n'avait plus jamais été le même : il s'était pris pour l'empereur moldu Napoléon pendant le reste de sa scolarité, et avait fini par s'exiler sur une île inconnue une fois ses ASPICS en poche.

Il y avait aussi la folie meurtrière, comme dans le cas de Lucrécya Rincevent. Cette fille minuscule et frêle, la propre fille de la surveillante générale qui plus est, avait terrorisé l'ensemble des élèves de Beauxbâtons. Sa technique infaillible était d'attaquer et de frapper, et gagnait souvent avant que son adversaire réalise qu'elle n'était qu'une brindille de quarante kilos.

Et là, devant elle, se tenait une pauvre malheureuse qui semblait cumuler ses trois sortes de folie dans un seul cerveau malade. Une fille qui n'avait pas vingt ans mais qui se prenait pour un monstre mythologique de plus de trois mille ans. Une fille uniquement vêtue d'une chemise d'hôpital (certainement psychiatrique) aussi sale, pourrissante et odorante que Bobi le Zombie, le niffleur-mascotte mort-vivant de la classe de Sciences Occultes. Une fille qui, de plus, avait les yeux rouges de conjonctivite, et dont les doigts griffus avaient grand besoin d'une manucure.

Prise de pitié, Myo baissa totalement sa baguette. Titus, qui tenait toujours son adversaire en joue, jeta un regard circonspect à son amie :

-Fais attention. Je ne la sens pas du tout.

-Oui, mais...

La fille aux cheveux couleur épinards soupira :

-De toutes façons je suis pas très douée en Duels. En Sciences Occultes, on ne nous apprend que des coups en douce. C'est pour ça que j'ai préféré le Club de la Chorale !

Elle rigola, et fit quelques pas précautionneux en direction Scylla, dans un bruit de vase ("beurk beurk cette bouillie de potirons...").
La blonde cinglée serrait toujours le pauvre Djidane dans ses bras, dans un inquiétant bruit de craquement d'os, tout en jetant un regard rougeoyant de colère aux deux Gammas.
Myo farfouilla dans sa poche, et en sortit une longue pipe étrange.

-On réveille Dji et on se fume le calumet de la paix ? proposa-t-elle, tout sourire.

- Non d’un vif d’or en Toc quelqu’un peut-il m’expliquer ce qu’il c’est passer ?

Apparemment, Myo, Scylla et Titus n’aurait pas la lourde tâche de devoir réveiller Djidane, le garçon était assis dans la bouillie de potiron a se frotter le crane comme s’il essayait de récupérer ce qu’il y avait à l’intérieur, Il avait un mal affreux a la tête… En fait non, il avait mal partout !
Il le va la tête vers les trois comparses les yeux mi-clos, et les trois silhouettes floues prirent enfin une forme humaine. Il y avait toujours Myo, toujours aussi rayonnante une pipe à la main, Titus le Cow-boy, il se rappelait vaguement qu’il les avait rejoint dans la soirée, et puis il y avait aussi…

- Scylla ! Tu es là ! Ou était donc tu passer !
- MON CHINOIIIIIS !

Djidane essaya tant bien que mal de se lever, son état et la bouillie de potiron ne l’aidant pas, il glissa a plusieurs reprises avant de réussir a trouver un équilibre. La Monstro-humaine se jeta sur lui, et le fit tomber sous son poids.

- J’ai cru qu’il t’avais tuer !
- Qui ça ? Titus et Myo ? Mais non, ce sont mes amis.

Titus toussa de mépris, mais n’en dit pas plus.

Scylla lâcha un sanglot

- C’était terrible, on m’a enfermé avec des lapins !! Ils ont voulu me manger le cerveau ! avec leur petit clapissement venu de l’enfer ! et tu n’étais pas là pour les faire fuir ! Je suis tellement…c’est quoi le mot déjà… « Cont-hante ? » de te retrouver !!!

Titus re-toussa de mépris.

- C’est bien joli toute ces petite retrouvaille, mais ton amis a fait fuir le Grand Potiron…Il boude.
- Le Grand Potiron peut bouder ? S’interrogea Djidane
- Il t’a bien « manger » il y a deux semaines non ?

Le souvenir du bâtiment fondant sur lui en donna des frisson au chinois qui ne préféra pas épiloguer la dessus..

- Ba…qu’est-ce qu’il c’est passer pour qu’il boude ?

Les regards de Myo et Titus convergèrent vers Scylla, trop occuper a serrer son chinois à l’en étouffer.

Eh bien eh bien, être humaine depuis deux ans ne lui réussissait pas. Voilà qu’elle pleurait de joie maintenant ! C’était probablement aussi dû au choc post-traumatique de son « séjour touristique » dans un placard à balai pendant deux longues mais peu importait la raison : elle avait retrouvé Chinois, tout irait bien désormais ! Scylla serra une nouvelle fois l’adolescent quitte à lui broyer les os au passage.

Pendant qu’elle fêtait les retrouvailles à sa manière les autres continuaient de discuter et –à son grand dam- cherchaient à la mêler à ce discours typiquement humain et donc ennuyeux. Pourquoi leur potiron boudait ? Qu’est-ce qu’elle en savait ? Elle n’avait jamais été douée en botanique, trop fade au goût de son palais délicat.

- Qu’est-ce que j’en sais moi ?

L’ex-monstre haussa les épaules alors que ses yeux reprenaient une teinte azur et que ses griffes noires se rétractaient pour devenir de simples ongles ébènes.

- Oh, hey ! ‘Me regardez pas comme ça hein ! Si vous m’aviez dit où était Chinois on n’en serait pas là, n’est-ce pas Chinois ?

- Euh… si tu le dis… tenta le pauvre Djidane incapable de comprendre où elle voulait en venir.

- Vous voyez ! De votre faute, c’est tout.

Aux vues du regard furibond de Titus on pouvait comprendre qu’il n’était loin d’approuver cette version des faits, ce qu’il confirmait d’ailleurs en pointant toujours la blondinette avec sa baguette. Celle-ci se rappela d’ailleurs un détail fort cocasse qui la fit éclater d’un rire moqueur et méprisant alors qu’elle pointait le cowboy du doigt.

- Ah-ah ! T’as l’air malin maintenant, avec ta chemise dégueulasse ! ‘Fallait pas que je la touche hein ? Et bah t’es bien avancé !

- C’était ma seule chemise ! s’insurgea-t-il, réalisant la catastrophe.

- Décompresse ! Je te prêterais une des miennes si tu veux, relativisa Myosotis malgré le caractère ridicule de la proposition, Tire un coup sur le calumet et tout ira bien tu verras…

Scyll’ qui imaginait déjà le jeune homme à l’étroit dans une chemise rose bonbon ne put s’empêcher de s’esclaffer, essuyant une nouvelle larme qui avait perlé au coin de son œil. La honte était le prix à payer quand on n’avait pas la présence d’esprit de prendre « couture moldue » en activité extra-scolaire. Ça lui rappelait d’ailleurs une truculente anecdote qu’elle ne manqua pas de raconter tout en ébouriffant la tignasse de Dji’ qui en était – malheureusement pour lui- le personnage principal.

- Ce serait magnifique ! Comme la fois où Chinois s’était brisé les jambes et qu’on avait tenté de le réparer, sauf que la magie et moi c’était pas encore ça alors PAF ! Il a poussé comme un furoncle sur le nez d’une sorcière ! J’avais dû lui prêter une chemise d’hôpital pour ne pas avoir à se promener les fesses à l’air…

- Scylla ! Garde ça pour toi ! s’offusqua le chasseur de lapin.

La pseudo-humaine tempéra d’un geste de la main. Il ne fallait pas s’exciter pour si peu.

- Oh c’est bon… en plus ça t’allait plutôt bien. Je peux t’en coudre une si tu veux. On sait jamais, tu pourrais te briser de nouveau les jambes et faire 2m50 la prochaine fois. On est jamais trop prudent…

Myosotis cligna des yeux. Elle n'avait pas vraiment saisi ce qu'avait essayé d'expliquer la blonde.

-Bah qu’est-ce qu'elle raconte, Djidounou ?

Ce dernier s'était levé, et faisait de grand gestes désespérés des bras, qui projetaient de la bouillie orange dégeu sur tout le monde.

-Non mais, en fait heu, elle parle d'une poussée de croissance que j'ai eu quand j'étais en quatrième année heu, et...

Scylla secoua la tête avec vigueur :

-Mais naaan Chinois, je parle de ce sort qui t'a fait prendre MmmpfffmffmphMPH !

Dji avait plongé sur son étrange amie, et lui avait collé une main sur sa bouche pourtant pleine de crocs pointues.

-Oui, cette sacré poussée de croissance totalement normale pour un ado de cette âge, quelle histoire, hein, Scyll'? Hé hé !

Myo fronça les sourcils. Quelque chose ne tournait pas rond. Elle regarda Titus dans l'espoir que celui ci lui explique des choses qui à l'évidence lui échappaient... mais ce dernier haussa les épaules, pour lui signifier que lui-même était largué.

Elle commençait à en avoir marre. Elle pateaugeait dans de la purée immonde au lieu de regarder la meilleure picturine qu'elle avait jamais vu, elle se prenait la tête avec une inconnue au lieu de fumer avec ses amis, elle avait froid, et elle commençait sérieusement à avoir la dalle.
Elle soupira :

-Bon, les amis, on pourrait rester là toute la nuit à gamberger, mais là, j'ai pas la motivation. J'ai envie d'aller manger un bout au RU. Mais avant ça, aidez-moi à tout nettoyer déjà !

Elle secoua sa baguette :

-Récurevitemaisbien !

Des balais vaguement humanoïdes, portant des seaux mousseux dans leurs petites mains, apparurent du néant.
Ils jetèrent la mousse par terre, et commencèrent à frotter.

-Ce sort me fout la chair de poule, grommela Titus, qui commençait à avoir des crampes dans le bras à force de viser la blonde avec sa baguette magique.

Willie Gazon était l'intendant de la WoW depuis déjà plusieurs décennies... ce qui n'était qu'un joli mot pour signifier qu'il était l'homme à faire tout et surtout n'importe quoi de Magnus Magouille. C'était un homme aux cheveux blonds hirsutes, aux mains calleuses et à la peau burinée par une vie de jardinage sous le soleil, qui connaissait la valeur du vrai travail.

Pour l'heure, il marchait le long de l'un des sinueux sentiers de l'université, sa pelle en étain ensorcelée à la main. Il connaissait et aimait chaque brin d'herbe de la fac : hélas, chaque soir, certains bâtiments se baladaient n'importe où, et faisaient du dégât. Mais rien que sa pelle envoûtée et lui-même ne pouvait réparer.

Le sorcier soupira en son for intérieur. Il se remémorait avec un pincement au cœur de l'ancien temps, lorsque le Doyen Dodderidge administrait la WoW avec honneur, bonté et sagesse. A l'époque, les murs ne décrépissait pas, les étudiants étaient plus respectueux, et bon sang de bois, même les bâtiments savaient rester à leur place !

Il salua d'un mouvement de tête un couple de fantômes qui glissaient jusqu'à leur lieu hanté de prédilection, le manoir de Sciences Occultes, puis continua sa ronde.

Mais rien ne l'avait préparé à ce qui l'attendait, au détour du chemin, non loin de la maison-citrouille...

-BOUGRE DE SANG DE BOIS ! BANDE DE SALOPIOTS D'ETUDIANTS !

Autour du Potiron qui servait de quartier général aux Gamma Phi Orties, s'étalait un bordel monstrueux comme seuls les bizuts de Fraternité savaient en inventer : une sorte de mélasse orange gluante et collante s'étendait partout, et, comme si ça ne suffisait pas, d'horribles balais humanoïdes balançaient dessus des seaux plein de mousse, encore et encore, jusqu'à l'inondation.

Une jeune hippie à la longue chevelure verte leur criait dessus pour les arrêter, agitant en vain sa baguette, tandis qu'une sorte de cowboy mal rasé, qui se donnait des airs de bad boy, en était venu aux mains avec un des balais. Dans un coin, une blonde en chemise d'hôpital broyait dans ses bras un chinois aux yeux cernés, sans se soucier de l'eau mousseuse qui montait autour d'elle.

-MAIS QU'EST-CE QUE VOUS AVEZ FAIT ?! cria à nouveau Willie, hors de lui.

Tous tournèrent la tête vers lui, et écarquillèrent les yeux.

-Hiiii ! C'est l'intendant ! s'exclama la hippie, apeurée.

-CASSEZ-VOUS ! renchérit le cowboy.

La fille aux cheveux verts transplana dans un glapissement, tandis que le jeune mal rasé siffla un horrible animal ailé vaguement chevalin, qui l'emmena au loin dans les airs. L'étudiante sortie de l'hôpital quant à elle détala à quatre pattes comme un lapin dans un fourré, entraînant dans sa fuite l'asiatique fatigué.

-REVENEZ ICI SALOPIOTS, J'AI PAS EU LE TEMPS DE PRENDRE VOS NOMS !

Le jardinier soupira.
Tous les soirs, depuis la nomination de cette fripouille de Magouille au poste de doyen, il avait droit à ce genre de scène. Il commençait à être habitué aux frasques des étudiants, à qui le doyen laissait tout passer.
Willie renvoya les balais fous au néant d'un coup de Finite Incantatem. Puis, après avoir changé d'un coup de baguette sa pelle en serpillière, il commença à éponger le sol en grommelant sur le manque de respect des étudiants et sur le bon vieux temps qui décidément lui manquait.

La nuit allait être longue...