Om, Lily et Connie atterrirent dans ce qu'il semblait être un grand débarras obscur et encombré. Il y régnait une forte odeur de naphtaline et de gomina.

-Par Vishnu, nous sommes descendus au dernier cercle de l'enfer ! souffla l'indien d'une voix blanche.

-Oh mon Dieu, je préférerai presque... Je crois que je sais où nous sommes, lâcha Lily.

Avant que Connie n'ait eu le temps de lui demander quoique ce soit, la blondinette dévoila, d'un bref Lumos, des colonnes et des colonnes de haut-de-formes, de toutes les couleurs et de toutes les époques.

-Doux Jésus, non ! fit la rouquine. On est dans le dressing de Magouille !

Comme pour confirmer ses dires, un claquement de porte les fit sursauter, et ils collèrent leurs yeux contre l’embrasure du placard. A leur grande horreur, le doyen, des bigoudis sur la tête, s'avançait vers eux d'un pas guilleret :

-Aaaah, quel chapeau de nuit vais-je bien pouvoir choisir ce soir ?

-Beurk, il est en peignoir, murmura Connie.

-Il porte rien en dessous, couina Lily, particulièrement blême.

-Si, fit la rouquine horrifiée. Il a des bigoudis sur les poils de son torse !

-Om shanti, shanti, shanti shanti shanti, répétait inlassablement le pauvre indien perturbé, en couvrant chastement ses yeux de sa main. Om shanti shanti shanti shanti shanti...

-Chut, tu vas nous faire repérer !

Par chance, au moment même où le doyen s'apprêtait à tourner la poignée de la porte du dressing, son attention fut détournée par une sonnerie. Il sortit un petit miroir de sa poche et le porta devant son visage :

-Bienvenue chez Magnus, le doyen maximus ! Et je ne parle pas de mon chapeau !

Om et ses amies tentèrent de tendre l'oreille, mais ne parvinrent pas à entendre l'interlocuteur du docteur.

-Quoi, encore toi ? pesta ce dernier, avant de se lancer dans un discours pour le moins suspect... Mais je t'avais dit de ne pas m'appeler ici, surtout en ce moment !... Je sais que le spectacle doit continuer, mais j'ai peur que certains étudiants ne se montrent... trop curieux.

Le doyen regarda autour de lui d'un air traqué.

-Se revoir ? Alors que j'ai encore tes paillettes plein les yeux ? renchérit-il. Ce serait une folie !... Nous en reparlerons le moment venu. Au revoir.

Il rangea son miroir dans sa poche, et se saisit d'un document qui traînait sur son bureau :

-Ah, mon amour, tout ce que j'ai fait, je l'ai pour toi, susurra-t-il d'une voix suave, avant de se confondre en baisers sur la feuille de papier.

Il fit demi-tour et s'exclama :

-Et maintenant, chère Moustache, il est temps que je m'occupe de toi ! J'ai de la gomina goût cerise dont tu me diras des nouvelles ! Allons dans la salle de bains, ma jolie !

Il quitta la pièce.

Nos trois compères en profitèrent pour sortir du dressing.

-Sérieux, est-ce c'est possible d'être plus cinglé que ça ? fit remarquer Lily.

Une voix de stentor s'éleva de la salle de bains du doyen :

-Chuis trop beau pour mon chapeau, ♪ trop chaud pour faire dodo, ♫ regarde-moi ces abdos !*

(*sur l'air de « i'm to sexy for my shirt »)

-Considérez que je n'ai rien dit, soupira la Zeta.

Om, quant à lui, s'avança vers le bureau :

-Je me demande quelle femme peut enchanter le cœur de notre doyen ! Sa beauté doit être digne de Chandramukhi !

-Si tu le dis, décréta Connie, circonspecte.

Elle jeta un oeil au document et fronça les sourcils :

-Mais ce n'est pas une photo ! C'est un contrat d'assurance !

-Un contrat d'assurance très juteux ! renchérit Om.

-C'est ça son amour ? s'étonna Lily. Ce gars est plus louche que ce qu'on aurait pu croire.

-Allons-y mes p'tits abdos ! s'exclama la voix trop bien connue du docteur Magouille. Vous aussi vous avez droit au repos du guerrier ! Mais avant, allons choisir ensemble un chapeau de nuit !

-Il revient ! s'exclama Om.

-Transplanons ! ordonna la blonde, le dossier du doyen dans les mains. On se retrouve dès que possible pour faire le point !

Nos trois amis hochèrent la tête, et s'évanouirent dans les airs.

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