Marcus était en colère.
Le jeune homme n'avait pas dormi de la nuit, et avait farfouillé les moindres recoins de l'université pour retrouver sa femme… en vain..
Marcus était en colère parce que la secrétaire blonde et revêche de l'administration en avait rien à faire de son désarroi (et de celui de Bouftout, la toute dernière à avoir vu Lulu…)
Il était en colère parce qu'il ne savait pas que les bâtiments de cours bougeaient et circulaient sur le campus dès la tombée de la nuit. Il l'avait appris à ses dépends, après manqué de peu de se faire écraser par l'immense complexe hospitalier des futurs Médicomages.
Mais par-dessus tout, il était en colère parce que Rufus, sentant son stress, avait refusé de fermer l'œil, et avait hurlé à plein poumons jusqu'à l'aube
L'étudiant bailla, exténué. Il était dans l'amphi du bâtiment de Défense Gouvernementale, et son tout premier cours n'allait pas tarder à commencer. Tout en bas, au centre de l'estrade, le général Siegfried Schneider, leur professeur, était en train de leur faire un topo soporifique sur l'importance de la rigueur et de la discipline, tout en faisant de larges gestes du crochet qui lui faisait office de main droite. Mais malgré toute l'admiration de Flynn pour ce célèbre magilitaire, il n'arrivait pas à se concentrer.
En tapotant nerveusement ses doigts sur la table, le jeune homme entreprit d'observer ses tout nouveaux camarades de classe. Il y avait une grande majorité de gaillards, grands, musculeux, aux crânes rasés. Les rares jeunes filles qui avaient choisies cette filière étaient plus grandes, plus musculeuses et plus rasées encore que leurs collègues masculins.
Mais le plus impressionnant de tous les étudiants de premier cycle était incontestablement Gros Henry, un des rares amis de Lucrécya. Leur amitié remontait à l'époque où les deux étaient à Ste Miquette, l'Orphelinat pour Enfants Sorciers.
Marcus grogna en l'apercevant. Quand il lui avait demandé s'il n'avait pas vu Luluchou, tout ce qu'il avait récolté c'était un grognement négatif, et un coup de poing dans le ventre.
Rufus, particulièrement grognon, commença à geindre, dans le couffin que Marcus avait posé à côté de lui. Discrètement, le jeune papa sortit sa baguette, et souffla :
-Silencio !
Il ne valait mieux pas se faire remarquer dès le premier cours.
Aussi, il tenta de se concentrer sur leur professeur, qui postillonnait sur les pauvres étudiants assis au premier rang en fronçant son unique œil valide :
-N'ESPEREZ PAS DEVENIR DE BONS AURORS OU DE BONS MAGILITAIRES SIMPLEMENT EN AGITANT BETEMENT VOTRE BAGUETTE, BANDE DE VERACRASSES AU CERVEAU RAMOLLI ! IL VOUS FAUDRA DE LA RIGUEUR ET DE LA DISCIPLINE ! DE LA RIGUEUR ET DE LA DISCIPLIIIIINE !
Marcus bailla… et presque aussitôt, il se reçut un bout de parchemin en pleine poire.
-Mais qu'est-ce que… ?!
Il défroissa le papier, et lut :
-
Club secret, à la fraternité, 20h.Le jeune homme leva la tête, et vit devant lui un garçon bien gras, à la peau noire et aux yeux exorbités, qui lui souriait, découvrant ainsi un écart entre ses dents de devant. Il s'agissait de Tyson McTyron, alias Nounours en Chocolat, un brave gaillard de la Pi Alpha Fi qui redoublait sa première année.
Marcus le salua d'un mouvement de tête, puis relut le message une deuxième fois.
C'est vrai qu'il aurait bien besoin d'un break pour se remonter le moral. Mais il ne pouvait pas décemment amener Rufus là-bas avec la nuit horrible qu'il avait passé, et il ne pouvait pas non plus le laisser seul à la maison.
Alors il n'y avait qu'une seule solution.
Le jeune homme tira de sa poche une belle plume, et il griffonna sur un bout de parchemin déchiré :
BOUFTOUT RDV AU RESTO U A 19H C'EST URGENT C'EST UNE QUESTION DE VIE OU DE MORT !!!!
Marcus relut son mot, puis souligna trois fois les mots "de vie ou de mort".
Puis, il agita baguette, et récita :
-Promptevol Malicia McGuire !
Le morceau de papier s'envola doucement, et fila vers la sortie en silence. Marcus ricana en le voyant disparaitre par une haute fenêtre entrouverte :
-Si avec ça elle vient pas…