Un frisson parcourut le corps de Darius alors que, sous ses yeux interloqués, la pluie de paillettes laissait place à des flocons et que la place Magnus Magouille s'évanouissait pour laisser apparaître l'artère principale du village de Pré-Au-Lard, perché en haut d'une colline enneigée.
OoOoO
Darius remonta le col de son manteau et jeta un regard exaspéré à Crabbe et Goyle qui, le nez rougi par le froid, tentaient de faire des anges dans la neige mais ne parvenaient qu'à faire de grosses traces informes et boueuses sur le sol.
-Crabbe! Goyle! Cessez de vous donner en spectacle, et allez réserver ma table habituelle aux Trois Balais. intima le blondinet en levant les yeux au ciel.
Les deux benêts s'exécutèrent tout en ne manquant pas de glisser sur une plaque de verglas et de rire comme des bienheureux.
-Vivement l'Université, que leur contrat s'arrête et que je n'aie plus à supporter la présence de ces deux gorets. souffla-t-il de méchante humeur.
Darius fit quelques pas dans la rue, passant lentement devant les maisons toutes noires et pointues. Il stoppa devant une librairie et regarda la devanture.
Il s'en voulait.
Après avoir fait tout ce qu'il pouvait et s'être volontairement infligé toutes sortes de blessures, il était officiellement à court d'idées... et d'os à casser. Trouver prétexte sur prétexte pour voir Malicia était devenu un véritable enfer. Et il sentait que ce petit démon de Rincevent n'allait pas garder son secret bien longtemps. Et alors, que ferait-il ?
Il soupira.
Cette situation devenait impossible.
Il s'était pourtant juré de ne pas en arriver là. Il avait passé des mois à essayer de se persuader qu'il ne pouvait pas supporter la métisse, mais avait pourtant dû se résoudre à s'avouer que même la personne la plus haineuse du monde ne passait pas autant de temps à penser à celle qu'il haïssait.
Et qui faisait des sonnets à son pire ennemi, ou en conservait une collection de petits portraits à l'huile dans son coffre ? Il passait des heures à imaginer des complots contre chaque garçon qui s'approchait d'elle et il avait bien failli en tuer quelques uns, et pas seulement parce que c'était des Gryffondors. Il en parlait tellement qu'il soupçonnait Marcus de s'infliger un sort d'assurdiato à chaque fois qu'il entrait dans sa chambre. Il n'était absolument plus maître de ce qu'il faisait et ça commençait sérieusement à se voir. Il ne pouvait pas s'en empêcher. Il pensait à elle. Tout le temps. Dieu, que c'était pathétique... dieu que c'était agréable. Dieu que ses Parents allaient le détester s'ils apprenaient ça un jour.
Brusquement son cœur bondit alors qu'il apercevait dans la vitre de la librairie un reflet rouge. Malicia et Lucrécya étaient juste derrière lui en train de lorgner sur les bonbons d'une gigantesque confiserie:
-C'est… c'est… Honeydukes… fit la Gryffondor, emmitouflée dans un manteau rouge.
Elle souleva son petit nez hors de son écharpe blanche en collant son visage et ses mains contre la vitre de la confiserie.
-Ça m'avait tant manqué, depuis l'an dernier…lâcha-t-elle, les yeux brillants.
Lucrécya soupira :
-Tu veux qu'on y aille ? On est déjà en retard pour mon rendez-vous avec Marcus, alors un peu plus un peu moins…
-OUI !
Les deux filles s'engouffrèrent dans la boutique.
Avant même de penser à quoi que ce soit, Darius remarqua que ses pas l'avaient mené droit devant la porte de la confiserie. Il regarda, amusé, Malicia remplir les bras de Rincevent de chocolats, de caramels et d'autres délices sucrés. Elle éclata de rire et Darius rougit... avant de tourner les talons en direction des Trois Balais :
-Bon sang, ne pourrait-elle arrêter, ne serait-ce qu' une minute, d'être adorable à ce point ! Je suis sûr qu'elle le fait exprès ! pesta-t-il à haute voix. Elle veut ma perte !
Il remarqua qu'un vendeur qui nettoyait la neige lui lançait un regard étonné et s'écria :
-Qu'est-ce que vous regardez ?!
Darius se précipita dans les Trois Balais et s'assit lourdement à la table que lui avaient gardé Crabbe et Goyle. Ces deux derniers avaient chacun la tête dans un pudding et envoyaient des gerbes de raisins secs tout autour d'eux. Le blondinet enfouit sa tête dans ses mains : il fallait absolument qu'il se trouve d'autres amis... Il avait bien Marcus, mais ce dernier le délaissait délibérément depuis qu'il s'était amouraché de cette femme des cavernes de Rincevent. Et le fait qu'il puisse rapporter quotidiennement des nouvelles de Malicia ne l'aidait pas. Parce que Darius ne voulait pas alimenter son obsession. Mais il n'avait jamais eu le cœur de dire au Capitaine de passer à un autre sujet. Au contraire, il buvait ses paroles, avec ce qu'il espérait être un air détaché.
Alors que le blondinet ôtait avec dégoût un raisin qui venait d'atterrir sur sa manche, la porte du pub s'ouvrit et Rincevent, suivie de Malicia entra. Cette dernière aperçut Darius et lui fit un petit sourire. Le blondinet détourna le regard. Il était maudit, il n'y avait pas d'autre explication. Dans tout cette histoire, le pire était sûrement que Malicia semblait bien l'aimer. Elle faisait vraiment tout pour que la situation soit intolérable. Comment pouvait-il renoncer à elle si elle l'appréciait ? Il fallait qu'il parvienne à l'éloigner... Mais pas trop. Il aurait peut-être dû être plus odieux encore avec elle. Peut-être en ressortant avec cette insupportable Pansy Parkinson ?
Darius jeta un coup d'œil à une table non loin où son fan-club sirotait des sirops de cerise soda en le fixant, non sans glousser et sans battre de temps à autre des cils. A la vue de ce cortège de dindes, le blondinet grimaça, dégoûté. Non. Définitivement pas. Après tout, la semaine qu'il avait passé à supporter Pansy avait été la plus longue de sa vie.
Darius regarda la table devant lui, l'air sombre. De toute manière, il ne se passerait jamais rien avec Malicia. Il le fallait. Il ne lui restait que neuf petit mois à tenir sans lui parler et tout se passerait bien.
Soudain la voix de la gryffondor emplit les lieux :
-LÂCHE-MOI, SALETÉ DE BOUFFE-TIGNASSE ! AAH !
Darius se leva brusquement, prêt à en découdre avec ce qui embêtait la métisse.
Il remarqua bien vite, le ridicule de sa réaction... avant de lever les yeux au ciel. Maintenant qu'il était debout, autant que ça paraisse naturel.
-Restez là. fit-il à l'intention de ses deux acolytes.
Il s'approcha subrepticement de la table où Marcus, Rincevent et Malicia se trouvaient.
-Quelle farceuse ! s'ébahissait Lucrécya en regardant Avada, la plante mangeuse de cheveux que Marcus venait de lui offrir pour leur premier mois en couple. On dirait qu’elle m’aime bien !
-Mais qui ne pourrait pas t’aimer ? fit Marcus, les yeux rêveurs.
-Au moins la moitié de l’école, vu que l’autre moitié ne la connaît pas ! décréta Lestrange. Au fait : c’est MA table.
Il s'installa sur une chaise vide, à côté de celle de Mali, et croisa les bras, particulièrement fier de sa réplique.
-Ben tiens. On ne s’y attendait pas, à celle-là… fit Lucrécya.
Elle eut un petit sourire maléfique. Darius l'ignora. Il se tourna vers Malicia et fit semblant d'être outré :
-Qu’est-ce que la Gryffondor fait là ?
Il considéra la métisse. Dieu qu'elle sentait bon.
Marcus frappa du poing sur la table, faisant sursauter le blondinet :
-Qu’est-ce que TU fous là, Lestrange ? C’est NOTRE anniversaire ! s’énerva le Capitaine.
Goyle s’assit entre Marcus et Lucrécya, et pointa son doigt boudiné vers Avada la bouffe-tignasse :
-Héé ! C’est quoi cette plante ? demanda-t-il. Ça se mange ?
Lestrange le saisit par le col :
-Je vous avais dit de rester là-bas !
-On s’est perdu ! geignit Crabbe.
-Mais qui m'a donné des sous-fifres pareils ? siffla Darius.
Madame Rosmerta revint avec six chopes de bièraubeurres sur un plateau. Elle les distribua sans que personne ne fasse trop attention à elle : tout le monde autour de la table s’énervait … à part Lucrécya, qui, étrangement, gardait un calme olympien, un sourire mystérieux aux lèvres.
-Allez à votre table, maintenant. ordonna Lestrange.
-Mais elle est où ? gémirent Crabbe et Goyle.
Darius réfléchit un moment, en scrutant la pièce.
-C’est celle-là, là bas, avec le garçon aux cheveux noirs et à lunettes, le grand roux, et la petite ébouriffée !
Tout contents, les benêts partirent, leurs bièraubeurres à la main. Darius les suivit des yeux, sans remarquer que Lucrécya venait de verser quelque chose dans son verre.
Marcus se tourna vers le blondinet :
-Pourquoi tu les as envoyés chez Potter ?
Darius sourit, fier de lui :
-Je fais d’une pierre deux coups : nous sommes débarrassés de ces idiots, et Potter et sa clique en sont embarrassés !
Il but une bonne rasade de sa chope.
Lucrécya se mit à rire d’un rire maléfique, le plus maléfique qu’elle n’ait jamais eu. Sa bouffe-tignasse tenta de l'imiter, et émit un couinement moqueur. Darius fronça les sourcils : ce rire ne lui disait rien qui vaille...
-Qu’as-tu donc, Rincevent ? siffla-t-il.
Lulu tenta de se reprendre :
-Non, rien. Alors, Lestrange, elle est bonne ta bièraubeurre ? s'enquit-elle.
Darius haussa les épaules :
-Elle a comme un arrière goût étrange.
-Et ta grand-mère, elle s’appelle comment ?
-Druella Black.
Darius ouvrit des yeux surpris. Il ne savait pas pourquoi il avait répondu à cette question au lieu d'envoyer Lucrécya au diable. Après tout, ce genre d'informations ne la regardait pas du tout. A sa grande surprise, la batteuse lui posa d'autres questions et il y répondit sans se faire prier. Il y avait décidément quelque chose qui n'allait pas. Etait-ce Malicia qui lui faisait perdre ses moyens d'une nouvelle façon ? La gryffondor jetait des regards inquiets à son amie rigolarde.
-Lustucru… fit-elle d'une petite voix.
-Lestrange, mon ami, reprit Lucrécya sans lui prêter attention, puisque t'as envie de parler aujourd’hui, explique-moi : pourquoi tu m’as envoyé un message secret l’autre jour ?
Darius rougit violemment. Mais avant qu'il ne puisse se contrôler, il s'était mis à parler sans pouvoir s'arrêter. Avec des yeux de plus en plus affolés, il répondit :
-Non, mais Rincevent, pour qui me prends-tu ? Crois-tu vraiment que je vais avouer qu’il me fallait un prétexte pour me rendre à l’infirmerie ? Non pas que j’aime Pomfresh : les lits sont trop durs, on est mal servi, et il y a cette perpétuelle odeur de formol… Et cette infirmière vicieuse nous force tous à rester en pyjamas ! Porter toute la sainte journée ce ridicule pyjama noir que Mère m’a fait faire sur mesure, quelle injure à ma personne ! Et puis ce n'est guère drôle de se faire casser le nez, la clavicule, le genou, les deux bras, les deux jambes, et un nombre incalculable de côtes. Mais il fallait bien que j’aille à l’infirmerie pour pouvoir voir Mal…
Le blondinet se mit la main sur la bouche, et gémit. En regardant son verre, le mot véritasérum s'imposa à son esprit. Saleté de Rincevent ! Il aurait dû se douter qu'elle complotait quelque chose. Il fallait qu'il quitte les lieux au plus vite avant de se compromettre. Mais Lucrécya ne lui en laissa pas le temps :
-Mal… qui ? fit-elle, l'air angélique.
Furieux, Darius haussa le ton :
-MALICIA McGUIRE ! Rincevent, espèce d’ahurie, ne fais pas semblant de ne pas comprendre. Tu étais au courant !
-Au courant de quoi, Lestrange ? Dis-le nous, nous avons mal entendu ! le tortura Lucrécya.
Darius serra la mâchoire, déterminé à ne rien dire. Mais les mots se pressaient derrière sa bouche.
-Au courant que je l’aime ! lâcha-t-il, malgré lui.
Il essaya d'éviter le regard de Malicia qui regardait la scène sans trop y croire.
-Mais que tu aimes qui ? poursuivit la Serpentard, un sourire vicieux aux lèvres.
C'en fut trop pour Darius qui se leva, hors de lui :
-J’AIME MALICIA McGUIRE ! hurla-t-il.
Mortifié, il ferma les yeux alors que les regards de la salle convergeaient vers lui. Ne pouvant pas en supporter plus, il sortit du pub aussi vite qu'il le pouvait.
Darius avait couru hors du village et s'était mis à marcher aussi vite qu'il le pouvait. Finalement, il avait stoppé près d'une maisonnette et avait hurlé un juron en donnant un coup de pied dans un petit monticule neigeux... avant de grimacer de douleur en découvrant qu'il venait de taper dans un rocher.
Il essaya de se calmer. Mais il avait juste envie de retourner aux Trois Balais pour y commettre un homicide. Dieu qu'il détestait cette Rincevent ! Comment avait-elle osé le mettre en si fâcheuse posture ? Si Malicia venait lui parler, comment devrait-il réagir ? Comment allait-il se tirer de là ?
Il s'affala sur une clôture en bois, l'air sombre.
Des bruit de pas se rapprochèrent.
-Darius ? fit la voix de Malicia derrière lui, pleine d'hésitation.
-VA-T-EN ! cria le blondinet.
Le silence retomba. Finalement, la gryffondor fit un petit pas en avant :
-Ca va aller ? demanda-t-elle gentiment.
-NON !
-Tu sais, ce qui s'est passé tout à l'heure, c'est vraiment pas grave.... fit Malicia après un petit moment.
Darius émit un petit rire sardonique :
-CE SONT BIEN DES PAROLES DE GRYFFONDOR !
La métisse se tenait maintenant juste à côté de lui :
-Tu... tu sais que je t'aime aussi ? hasarda-t-elle.
Un éclair de panique passa dans les yeux du blondinet qui se crispa quelques secondes.
-JE SAIS ! finit-il par crier.
Malicia le regarda, visiblement inquiète :
-Tu peux pas arrêter de crier, c'est ça ? risqua-t-elle d'une petite voix.
Darius ouvrit des yeux affolés :
-PAS POUR LE MOMENT, NON !
Malicia s'accouda elle aussi à la rambarde.
-Bien bien bien bien bien… fit-elle, un brin gêné.
-NON, RIEN N'EST BIEN !
Darius se tourna vers la gryffondor et la saisit par les épaules :
- TOUT ALLAIT BIEN JUSQU’À CE QUE TU ENTRE DANS MA TÊTE ! JE NE PEUX PAS ME PERMETTRE D’ÊTRE AVEC TOI, TU ES... EXACTEMENT TOUT CE QU'IL NE ME FAUT PAS ! SI JE ME COMPROMETS AVEC TOI, MES PARENTS SERONT FURIEUX ET TOUTE LA MAISON DES SERPENTARDS VA SE MOQUER DE MOI ! TU COMPRENDS ? ALORS VA-T-EN ET LAISSE-MOI TRANQUILLE !
Le blondinet regretta aussitôt ce qu'il venait de dire alors que des larmes montaient dans les yeux de la gryffondor. Résistant à son envie de la prendre dans ses bras, il la lâcha et détourna le visage.
-Je suis désolée. fit la voix triste de Malicia derrière lui. Je ne t'embêterai plus.
Darius prit une profonde inspiration. Il avait fait ce qu'il fallait. Alors pourquoi se sentait-il si mal ? Il avait l'impression que ses organes se vrillaient dans son corps.
Malicia tourna les talons et le cerveau de Darius s'emballa sous un accès de douleur et de panique.
Après tout, que risquait-il vraiment à sortir avec elle ? Aucune fille n'était restée avec lui plus d'une semaine. Il était, soi-disant, insupportable. Il y avait très peu de chances que ça marche. Et au cas où ça s'avérait marcher, il avait bien neuf mois pour trouver une solution. Peut-être que ses parents comprendraient. S'il laissait partir Malicia maintenant, il ne pourrait probablement plus jamais lui parler. Son cœur se serra. L'idée lui était insupportable.
Il fallait qu'il prenne une décision.
-Oh et puis zut. murmura-t-il.
Il saisit la main de Malicia, tira la gryffondor à lui et l'embrassa.
Après un moment, les deux se regardèrent, aux anges.
La gryffondor sourit.
-...donc ? commença-t-elle.
-Donc ? lui répondit Darius.
-Donc on est ensemble ?
Le blondinet acquiesça :
-Si tant est que tu suis un certain nombre de règles, oui...
Sa petite-amie le suivit en fronçant les sourcils :
-Quel genre de règles ?
Darius se mit à marcher en direction de Pré-Au-Lard :
-Je ne veux pas gâcher ce moment avec de la paperasse. Nous aurons tout le temps de les aborder.
-Oh. fit la jeune fille avant d'ajouter, moqueuse. Il faut que je contacte mes avocats ?
Darius eut un petit rire :
-Nooon... avant d'avoir l'air suspect. Pas encore.
Il se tourna vers la gryffondor qui le regardait :
-C'est une boutade. fit-il, fier de lui.
-Je sais. répondit Malicia avec des yeux amusés.
Darius sourit :
-J'affectionne les boutades. confia-t-il.
Un éclair de panique passa dans ses yeux et il saisit la manche du manteau de Malicia :
-Mais tu ne dois le dire à personne ! J'ai une réputation à tenir. fit-il précipitamment. C'est ma première règle. Ne dit à personne qu'en privé je suis parfaitement charmant. Et névrosé. Ne dis à personne que je suis... enfin si, ça tu peux le dire. Cela inspirera la crainte aux autres Maisons. Ou non. Ne dis rien. Deuxième règle : personne ne doit savoir que l'on est ensemble.
-Darius ? fit la gryffondor avec l'air espiègle.
-Quoi ? fit le blondinet avec des yeux inquiets. Tu veux déjà me quitter, c'est ça ? Ne me quitte pas !
-On est ensemble ! fit sa petite-amie en se jetant à son cou, hystérique, avant de reprendre la parole, tout sourire. Et si on allait chez Madame Pieddodu ? Il paraît qu'il y a un gâteau à la citrouille à trois étages juste délicieux ! Oh non, et si on allait plutôt à la librairie, il y a peut-être une dédicace en cours ! Et pi il y a tellement de livres que j'aimerai te montrer ! Ou alors... on s'en fiche, on se balade juste et pi on parle ! Il y a plein de choses que je veux savoir ! En fait, je veux tout savoir! ... tout ce que je n'ai pas déjà appris en espionnant les conversations du Capitaine Minus. Tu imagines, on est ensemble, on peut faire plein de choses! On pourrait juste faire une liste et marquer tout ce qu'on veut faire !... Ou non, tu vas penser que je suis psychorigide et maniaque du contrôle, ohmondieuohmondieuohmondieu ! Ne faisons pas de liste ! Ne faisons rien !
Malicia le serra fort dans ses bras.
Darius ouvrit des yeux ronds :
-Tu es à moitié folle... commença-t-il, avant d'ajouter, ravi. Ca me plaît.
Les deux poursuivirent leur chemin, main dans la main.
OoOoO
Darius regardait dans le vide, alors que la place Magnus Magouille réapparaissait devant lui et que le reste du souvenir défilait dans sa tête. Alors qu'une boule de désespoir se formait dans son ventre, il se rappela de tout, jusque dans le moindre détail, du rire en grelots de Malicia qu'il n'avait plus entendu depuis des mois, au moindre mot qu'elle lui avait dit ce jour-là. Il se rappela également de la sensation de libération qui avait accompagné cette journée et une chose, qu'il avait cherché à enfouir au plus profond de lui même, remonta brusquement à la surface et s'embrasa d'un coup, se diffusant dans son être tout entier.
-J'aime Malicia McGuire. murmura-t-il, doucement, l'air totalement perdu.
Il repensa à tout ce qu'il avait pu faire ou dire ces derniers mois et se sentit terriblement confus et honteux. Alors que dans sa tête, le souvenir cherchait désespérément un peu de cohérence mais n'en trouvait aucune, entouré de vide qu'il était, Darius eut du mal à respirer. Il avait terriblement mal.
Il regarda autour de lui à la recherche de Myo. Il fallait qu'il fasse payer à cette fille ce qu'elle lui avait fait subir.
Le bâtiment administratif se dressait devant lui.
Il s'en approcha, titubant et luttant contre ses propres pensées.