Malicia remontait l'allée des Saules Charmeurs en silence.

-Je hais les mecs, je hais les mecs, je hais les mecs... grommelait-elle.

Elle ouvrit le portillon de son jardin défoncé par des heures de bataille et maugréa de plus belle en remarquant que la poignée était restée dans sa main. Elle enjamba avec mauvaise humeur les trous béants laissés par les sorts et ouvrit la porte d'entrée. Elle la claqua derrière elle.

Aussitôt une de ses bibliothèques, déjà mal en point à cause de l'attaque de Mylénie, s'écroula sur le sol dans un grincement.

Malicia considéra l'intérieur de son appartement. Tout était sans dessus dessous. Comme sa foutue vie.

Elle fit quelque pas et entendit un "Scraaac" de mauvais augure. Elle tourna la tête et considéra son T-shirt qui s'était prit dans un clou et était maintenant en lambeaux. Une bouffée de colère la saisit :

-AAAAAAAAAAAAAAH !!! JE DETESTE TOUT LE MONDE !!!!

La baguette à la main, elle se mit à envoyer des éclairs dans tous les sens, détruisant tout ce qu'elle voyait. Elle donna un coup de pied dans sa table basse, balança ses coussins au loin, se rua sur une bibliothèque et essaya de la faire tomber par terre.... en vain. Elle lui donna un coup de pied rageur et se remit à détruire des choses autour d'elle.

Finalement, elle se laissa tomber à terre, les cheveux emmêlés, exténuée et haletante.

Elle considéra les ravages qu'elle avait fait.

Puis, l'air morose, elle se leva, attacha ses cheveux, et se mit à tout ranger méticuleusement.

Curie arriva brusquement, un pâté de maisons plus loin. Le transplanage était toujours instable et il s'en était fallu de peu pour qu'elle atterrisse quelques kilomètres plus loin.

L'Insu voulait des nouvelles de l'antidote, et plus encore, des nouvelles de Malicia. La jeune fille ne devait pas être au mieux de sa forme, entre les émotions de la journée et son blondinet qui s'acharnait à lui pourrir l'existence. Peut-être avait-elle besoin de réconfort, d'une oreille attentive, ou tout simplement d'un peu d'aide pour ranger le souk que leur bande avait mis dans sa maison ?

Curie marcha jusqu'à l'entrée du foyer de la Zeta, et vit le portillon pendre lamentablement sur ses gonds, à moitié arraché. Le jardin était dévasté et la maison de Mali n'était pas en meilleur état. L'Insu avait l'habitude de vivre dans des lieux délabrés et miteux, mais pour une personne aussi sensible que la jolie Malicia, cela devait constituer un choc. Aussi, l'Oméga se faufila jusqu'à la porte d'entrée et frappa énergiquement trois coups contre cette dernière. Pas de réponse. Au bout d'une vingtaine de secondes, l’Écossaise tourna la poignée sans attendre une quelconque autorisation et pénétra dans un appartement qui n'avait rien à voir avec celui qu'elle avait investit la veille.

Mali était là, le visage ravagé par la morosité, les yeux colériques, les cheveux attachés et les mains occupées à ranger du mieux qu'elle pouvait son salon.

« Euh.. Mali ? Ça va ?

La métisse se tourna vers l'Insu, à peine surprise.

-Evidemment, ça va.. ça va très même.. pourquoi est-ce que ça n'irait pas ? Pourquoi ça n'irait.. RAAAAAAAAAAAH, JE LES DÉTESTE ! JE DÉTESTE LES MECS ! POURQUOI EST-CE QU'ILS EXISTENT ? »

Et elle se laissa tomber sur le sol, se prenant la tête entre les mains. Curie s'approcha et se laissa choir à côté d'elle, lui tapotant maladroitement l'épaule :

« Tu généralises, Mali. Tous les gars ne sont pas mauvais, c'est ton blondin.. ce Malefoy qui est exécrable ! Regarde Titus, regarde Om, regarde ce pauvre Djidane, et même Marcus que tu ne portes pas ton coeur, est-ce qu'ils ne sont pas sympathiques ? Est-ce qu'ils sont infréquentables, hautains et dédaigneux ? Non !

Mali acquiesça, peu convaincue.

-Mais comment ai-je pu être aussi sotte ? Comment ai-je pu me fier à Drago ? Regarde le résultat ! Mon appartement est sans dessus-dessous, ma vie aussi et..

-Mali, Mali, Mali.. Regarde autour de toi ! Tu comptes pour tes amis, tu es en Excellence Sorcière, la filière la plus prestigieuse de la WoW, tu as une intelligence qui te permet de faire des merveilles, tu es belle comme un coeur, tu es gentille, généreuse et charitable, il fait beau dehors, tu es jeune et tu as encore toute ta vie devant toi : comment peux-tu gâcher un tel bonheur pour un garçon qui ne mérite même pas que tu te souviennes de son nom ? Comment peux-tu dire qu'à cause de lui, ta vie n'a plus de sens ?

Curie reprit son souffle et regarda autour d'elle :

-Par contre, pour l'appartement.. faut bien avouer qu'il est presque dans le même état que la Cabane de ma fraternité. Je te donne un coup de main ? »

La Zeta renifla et dans un tout petit sourire, elle accepta l'aide que lui proposait l'Insu. Les deux filles relevèrent une bibliothèque étendue sur le sol et tandis que Curie rangeait des livres à l'intérieur, Malicia arrangeait à coups de baguette les coussins éventrés qui gisaient ça et là.

*Au moins, j'aurai fait une application manuelle des Arts Bibliothécaires Rustiques, Unitaires, Techniques et Indéfinis cette semaine* pensa l'Insu. Elle jeta un coup d'oeil à son amie.

« Au fait Mali, où en est l'antidote ? »

Malicia lui raconta le subterfuge qu'elle avait employé avec Drago pour tromper Magouille et lui fournir une fausse potion. Curie riait aux éclats :

« Et tu me dis que la potion lui fera perdre sa moustache ?

-Si tout se passe comme prévu, oui !

-Fais tout de même attention à toi, Magouille peut employer des extrémités pour parvenir à ses fins, il a déjà eu Myosotis, ce serait dommage qu'il te tombe dessus. Faudrait qu'on organise une expédition pour venir te chercher et je pense que tout le monde à plutôt envie de se reposer actuellement. Pfiou.. je vais finir par rejoindre le club des coups-de-battes-contre-les-méchants-doyens-qui-veulent-faire-du-mal-à-Malichou de Lulu : il commence à me taper sur le système le moustachu ! »

Les jeunes filles poursuivirent leur ouvrage ménager tandis qu'une question turlupinait l'Insu :

« Et.. où m'as-tu dit que tu avais caché l'antidote ? »

Malicia mit ses poings sur ses hanches. Curie croisa les bras. Les deux considérèrent avec un oeil expert le résultat de leur labeur.

-Alors... ? fit Curie.

-C'est pas mal, je dirai que ça mérite un A.

-Non, ça, ma grande, ça mérite un Optimal !

Dans la maisonnette remise à neuf, les deux se tapèrent dans les mains avec satisfaction et la Zeta prit son amie dans ses bras :

-Merci de ton aide, Rirychou !

-Mais pas de quoi, Mali ! fit cette dernière, surprise de son nouveau surnom.

La métisse lui sourit : Curie lui avait remonté le moral et elle allait désormais bien mieux. Elle était fermement décidée à ne plus se laisser marcher sur les pieds et s'était promis qu'à l'avenir, elle ferait de meilleurs choix. Restait à ne plus penser à Drago. Plus jamais. Malicia se fit la réflexion que cela ne devrait pas être trop difficile : vu la jalousie de sa future femme, elle n'allait sûrement plus le croiser.

-Bon. Maintenant que tout est rangé, il est temps de remettre la main sur l'antidote ! s'exclama-t-elle.

Elle partit dans sa chambre et en revint avec le grimoire que Mama Ogg lui avait laissé. Curie la regarda revenir avec des yeux surpris :

-Mais... l'antidote n'était pas dans un chaudron ?

-Si. Mais j'ai du ruser pour le cacher.

Malicia ouvrit le grimoire à une page avancée. Là, on pouvait voir l’illustration d’un chaudron qui crépitait sur le feu en tanguant doucement. La métisse agita sa baguette :

-Imago fit realitatem ! fit-elle.

Aussitôt l'encre se détacha du papier et sous les yeux des deux filles, les traits se remplirent pour former un vrai chaudron que Malicia partit aussitôt mettre sur le feu. Les deux filles se précipitèrent dans la cuisine et regardèrent à l'intérieur du chaudron. A peine posée sur le feu, la marmite se remit à émettre des petits sons étranges. Curie regarda à l'intérieur :

-Elle change toujours de couleur....

Son amie hocha la tête :

-Oui, elle n'est pas encore stabilisée. On doit absolument garder un oeil dessus. Le livre indique qu'une fois prête la potion devra être utilisée dans les 10 minutes.
-10 minutes ?! s’étonna Curie. C’est raide !

Malicia acquiesça en regardant la potion multicolore bouillir :

-Quand elle sera prête, il nous faudra être précises et rapides.

Elle visa à nouveau le chaudron :

-Realis fit imagem !

Le chaudron redevint une image et se remit à bouillir paisiblement dans son illustration.
La métisse se tourna vers Curie :

-A l’heure qu’il est, le doyen a dû avoir le faux antidote et doit être furieux. Il va probablement vouloir revenir ici pour mettre la main sur ceci. Je ne crois pas qu’il arrivera à le trouver, mais nous devons cacher ce livre ailleurs qu’ici. Dans un endroit où le doyen n’ira jamais et qui ne soit pas trop éloigné afin qu’on ait toujours un œil dessus.

-Tu as raison, admit sa camarade. Tu connais un lieu sûr ?

-Moi non, mais toi oui.

Curie haussa un sourcil, intriguée. Malicia reprit :

-Quel est le seul lieu que Magouille ne regarde jamais ? Le seul lieu qui soit au-dessus de tout soupçon ? Le seul qui soit situé de façon quasi centrale et que personne ne prendra jamais la peine d'assiéger ? fit-elle.

-La Cabane des Insuffisants ! firent les deux filles en même temps.

Malicia tendit le livre à son amie avec un sourire espiègle :

-Qu’en penses-tu ?

Ses converses violettes battant violemment le pavé immaculé, Om courrait aussi vite qu'il pouvait en direction de l'Allée des Saules charmeurs, redoutant le pire pour la pauvre Malicia.

Vite ! Plus vite !!! Qui sait quelles horreurs ont pu se produire chez cette pauvre jeune fille ! J'ai entendu dire que ces Pi Alpha Fi étaient de vraies brutes assoiffées de sang et... Mais je suis fou ou quoi ?!! Je fonce en ce moment même vers un champ de bataille potentiellement infesté de cette de malandrins aux muscles disproportionnés, et je ne sais même pas produire un sortilège de protection !!! Qu'est-ce qui me prend ?

Rejetant ces pensées pessimistes, le sorcier poursuivit sa folle course et finit par arriver sur les lieux. Ses craintes étaient en partie fondées, car la maisonnette jaune jadis si jolie était réduite à une bâtisse effondrée, dont la devanture n'était plus qu'un tas de décombres. Sortant sa baguette d'une main tremblante, la tenant pointée devant lui d'un air qu'il voulait menaçant mais qui à la réflexion devait surtout paraitre comique, Om s'avança prudemment vers la porte entrouverte de la maison, la poussant légèrement afin de pénétrer en ces lieux.

-Y...y-a-t-il quelqu'un ? Je vous préviens, je suis armé !

Deux silhouettes sortirent de la cuisine et l'hindou poussa un cri aigu en agitant sa baguette qui lança un sortilège étonnamment puissant : la lampe de plafond de Malicia explosa en une gerbe d'étincelles et ce qui en resta atterrit bruyamment sur la table basse du salon. En panique, Om regarda devant lui et reconnut Curie Campbell ainsi que la propriétaire des lieux, qui le regardaient avec des yeux ronds. Mali baissa les yeux sur les débris de sa table :

-Ben, voilà... C'était la dernière lampe du salon encore en état... Des cookies ?

***

Quelques minutes plus tard, les deux jeunes sorcières avaient raconté à Om toute l'histoire, et lui avaient exposé leur plan. Ce dernier les écoutait avec un air exagérément sérieux, soucieux de faire oublier son entrée peu discrète... Alors qu'il mordait dans un des gâteaux de Malicia, il sentit une feuille de papier lui frôler le front avant d'atterrir doucement devant lui. Le temps qu'il tourne la tête, le hibou qui l'avait amenée s'était déjà envolé...

-Qu'est-ce que... se demanda le sorcier indien.

-Aïe... siffla Malicia entre ses dents à la vision de la grande enveloppe blanche à l'aspect terne.

-Quoi ? paniqua Curie. C'est une beuglante ?

-Pire que ça, soupira Malicia, c'est une sermonneuse. Et elle t'es destinée, Om. J'en ai peur.

-Une sermonneuse ? Qu'est cela ? demanda l'hindou.

Om considérait la grande enveloppe : elle était très... simple. Alors qu'il la passait entre ses doigts, un ennui profond l'envahissait sans qu'il sache exactement pourquoi. Son nom et son adresse étaient écrit dessus à la machine à écrire.

L'ouvrant avec précaution, s'attendant à ce qu'elle lui saute au visage, il vit au contraire une grande lettre en sortir, ou plutôt un paquet de feuilles agrafées, noircies d'écriture et qui formèrent par magie une grande bouche aux commissures baissées. L'enveloppe quand à elle se chiffonna pour former une main dont l'index se pointa sur Om en s'agitant, comme pour le gronder. Une voix grave, très grave, qu'il ne connaissait que trop bien s'éleva dans le salon. Malicia, qui la connaissait encore mieux, blêmit en poussant un petit cri, arrangeant ses cheveux avec un tic nerveux :

"Mr Kapoor,

J'ai eu ce vendredi même la désagréable surprise de ne pas vous compter parmi les stagiaires en formation dans mon service. Ma secrétaire vous ayant contacté en vain et à plusieurs reprises par miroir à double sens, j'ai donc cru comprendre que vous aviez décidé ce jour de prendre un peu de bon temps au lieu de venir travailler...BlaBlaBla... suis extrêmement déçu par votre attitude de fainéant... BlaBlaBla... à votre âge, je travaillais vingt heures effectives par jour..."

-Silencio ! s'exclama Curie en pointant sa baguette sur la missive, exaspérée par le sermon interminable. Sans succès...

"Blablabla...vous n'êtes pas un battant, cela doit changer... blablabla... vous ferez travailler au service contamination sans protection, moi, ça va vous forger le caractère... blablablablabla..."

-Ca ne marchera pas... lui apprit Mali, mon père sait ce qu'il fait, crois-moi. Il n'y a qu'une solution, j'ai l'habitude.

Malicia agita sa baguette vers la sermonneuse de son père et celle-ci vola vers son placard, qu'elle referma d'un coup sec, plongeant à nouveau le salon dans le silence. Elle soupira d'aise, un grand sourire aux lèvres.

-Aaaaah, ça va mieux ! N'est-ce pas, Om ?

Ce dernier ne disait rien, mortifié d'avoir provoquer l'ire de son chef de service.

-Par Ganesha... Que va-t-il m'arriver ?? Ton père va me faire renvoyer !!!

-Meuh non, t'en fais pas, le rassura la jeune métisse. Il fera pas ça. Par contre, attends-toi juste à passer un vendredi éprouvant, très éprouvant la semaine prochaine. Désolée.

Om déglutit avec difficulté. Leur conversation fut interrompue par Curie :

-Bon, j'ai l'impression de me répéter tout le temps à force de le dire, mais vous voudriez pas qu'on se concentre sur notre problème actuel ?

Le jeune Kapoor se ressaisit : il allait se replonger dans l'enquête afin de ne pas penser à ses déboires estudiantines.

-Absolument, mon amie ! Ton plan me semble parfait ! Notre Doyen ne s'imaginera jamais que nous ayons pu faire sortir le contre-sortilège d'ici sans être vus ! Je ne pense pas pouvoir vous accompagner pour débusquer ce freluquet de Potter : vraiment je ne vous serai d'aucune aide. Mais si tu le souhaites je viendrai avec toi chez les Insuffisants, et je jetterai un œil sur l'antidote en attendant votre retour ! Qu'en dis-tu ?

Drago enjamba prestement le jardin ravagé qui entourait la maisonnette jaune de Malicia et frappa à la porte. Aussitôt, il regretta d'avoir toqué si vite. Maintenant qu'il était là, il avait, il fallait bien le dire, une certaine appréhension. Après tout, la dernière fois qu'il avait vu la Zeta, cette dernière était plus que fâchée contre lui. Et il n'avait absolument rien préparé... Qu'importe ! Après avoir entendu ce qu'il avait à lui dire, il était sûr qu'elle réviserait son jugement. Enfin. Il espérait.

Malicia ouvrit la porte et à son air surpris succéda bien vite une expression totalement dépitée.

-Qu'est-ce que tu fais là ? soupira-t-elle.

-J'ai quelque chose à te dire qui peut se révéler être de la plus haute importance. Annonça le blondinet. Je peux entrer ?

-Non. rétorqua son interlocutrice.

Drago eut l'air déçu. Il jeta un coup d'œil derrière la métisse.

-Tu as des invités ? demanda-t-il.

-Oui, et on est très occu...

-Excusez-moi ? Oui, toi la grande chose dépeignée, et toi, le petit tiers-mondialiste à l'air bovin ! Fit l'Alpha avec une grimace de dégoût.

Curie et Om se levèrent et s'approchèrent, méfiants, sous l'œil scandalisé de Malicia.

-Merci d'être venus si vite. lâcha Drago avec l'air particulièrement faux. Je ne voudrais pas abuser mais pourriez-vous nous débarrasser de votre présence ? Je viens pour une question particulièrement urgente.

L'insuffisante leva les yeux au ciel :

-Je serai à la cabane des Insus, si vous me cherchez. fit-elle en faisant un petit signe de la main, le Grimoire de Mama Ogg dans les mains.

-Permets-moi de t'accompagner, chère amie ! Je gage que, tel Krishna à Shiva, mon aide te sera profitable ! fit Om en courant après elle.

Une fois qu'ils furent partis, Drago se retourna vers Malicia :

-Est-il possible d'être aussi inutilement précieux ? critiqua-t-il, en parlant de l'indien, avec un petit rire méprisant.

La métisse le regarda avec amertume :

-Au revoir Drago... fit-elle en voulant refermer la porte.

Le blondinet l'en empêcha :

-Attends !

-Tu n'as pas un meilleur endroit où aller ? s'énerva la métisse. Comme ton mariage ?

Drago hocha la tête et croisa les bras, très fier de lui :

-C'est justement pour cela que je suis là : il n'y a plus de mariage !

Malicia ouvrit des yeux surpris :

-Quoi ?

-Oui, tu m'as bien entendu ! fanfaronna son interlocuteur. Cette araignée de Mylénie pensait avoir tissé sa toile autour de moi, mais n'écoutant que mon courage, j'ai dit non. A mes parents, au prêtre, à Mylénie, à tout le monde !

L'Alpha se regarda les ongles :

-Je ne sais pas s'ils vont s'en remettre un jour.

Il plaqua sa main contre la porte :

-Toujours est-il que, désormais...

Il haussa les sourcils, charmeur :

-Je suis libre.

Contre toute attente, Malicia n'eut pas l'air transportée par la nouvelle :

-Et ? fit-elle.

Drago fronça les sourcils, désarçonné :

-Et bien... répondit-il. Je suis libre, je suis disponible !

Il y eut un petit silence :

-Je suis célibataire ! insista-t-il.

Malicia croisa les bras :

-Tu m'en vois ravie.

Le blondinet ouvrit des yeux ronds :

-... tu ne me sautes pas dans les bras ? fit-il, surpris.

-Non.

- Pas même un baiser ? Rien ?

Drago eut l'air inquiet :

-Tu me détestes toujours, c'est ça ? paniqua-t-il.

La métisse ne répondit rien. Le sang de Drago ne fit qu'un tour :

-Mais j'ai quitté Mylénie ! J'ai humilié mes parents en place publique pour toi ! Cela ne te suffit pas ? s'exclama-t-il, un brin effrayé.

Malicia lui tourna le dos prête à rentrer chez elle.

-Tu veux que je m'humilie aussi, c'est cela ? s'écria l'Alpha en la retenant. Fort bien, je m'humilie !

Il se mit à genoux :

-Je suis désolé !

Alors qu'il regardait son ex avec tristesse, une musique venue de nulle part entoura Drago.


Le blondinet fixa Malicia avec de grands yeux inquiets :

-Alors, qu'en dis-tu ?

Note de l'admin :

:arrow: Curie et Om vont à la cabane des Insuffisants... LA !

-Malicia ? demanda Drago avec de grands yeux pleins d'espoir.

La métisse le considéra en silence. Elle ne s'était jamais senti aussi fatiguée. Elle se rendit compte avec tristesse que, concernant le blondinet, toute patience l'avait quittée depuis longtemps. Sa réponse n'en fut que plus simple :

-Non. lâcha-t-elle.

Elle claqua la porte au nez de Drago. Aussitôt, une musique s'éleva et les deux se mirent à chanter sans que l'un puisse entendre l'autre :


Alors que les notes de musique disparaissaient, Malicia entendit le bruit des pas de Drago s'éloigner loin de chez elle.

Cinq minutes plus tard, le sol se mit à trembler et une ombre gigantesque recouvrit la maison de Malicia.
Une main énorme et poilue toqua à la porte. Son propriétaire émit un grognement.

Malicia, qui se servait un jus d'orange, abattit son pichet sur la table avec mauvais humeur :

-Cette fois-ci, je vais me le faire ! grinça-t-elle.

Elle saisit sa baguette et ouvrit la porte. Elle se mit à hurler à pleins poumons, rouge de colère :

-SI TU VIENS POUR ME CASSER ENCORE UNE FOIS LES PIEDS, JE T'ASSURE QUE TU VAS LE REGRETTER ! NON MAIS T'AS PAS HONTE DE TRAITER LES GENS COMME CA ? TU TE PRENDS POUR QUI ? TU SAIS CE QUE JE PENSE DE TOI ?! TU ES UN MINABLE ! UN MOINS QUE RIEN QUI JOUE AU FORT ALORS QUE T'ES INCAPABLE D'ASSUMER LES CONSÉQUENCES ! CASSES-TOI ! LOIN, TRÈS LOIN ! TU ME DÉGOUTES ! JE NE VEUX PLUS TE REVOIR, TU M'ENTENDS ! TU VEUX FAIRE DE MA VIE UN ENFER ? HEIN ??? BEN ESSAYES-UN PEU, ESPÈCE DE SALAUD !

Sous l’œil surpris de Malicia, qui déglutit à la vue de son interlocuteur, Gronk L'Exterminateur fondit en larmes.

Quelques minutes plus tard, devant un bon thé chaud, le mastodonte pleurait sur l'épaule de la métisse qui tentait tant bien que mal de le réconforter :

-Allons, allons, Gronk, ce n'est pas si grave... fit cette dernière avec compassion.

-Mais vous comprenez pas, Mamzelle, c'est que j'ai pas demandé à venir au monde aussi grand et fort ! Et quand le Docteur Magouille s'est rendu compte que j'avais pas de quoi payer ma dernière année, il m'a proposé une facilité de paiement... et je la paye encore ! Ca fait 5 ans que je suis à son service et il me fait faire des choses affreuses ! Si vous saviez...

Alors qu'il se mouchait bruyamment dans un mouchoir, Malicia lui tendit un plat plein de gateaux :

-Un cookie ?

-Merci, Mamzelle... fit l'Exterminateur en reniflant. C'est que j'étais un Pi Omicron Pi moi, pas un PAF ! J'ai jamais aimé la violence, je voulais devenir arithmanticien quantique, pas une grosse brute au service d'un psychopathe à moustache ! Il est malade, Mamzelle, malade !

Gronk reprit un cookie :

-L'autre jour, ce pauvre Harry Potter est venu se plaindre de la chorale et Magouille l'a convaincu d'aller voir un Pi Omicron Pi pour qu'il jette un sort musical ! Et il m'a obligé à le suivre et à gâcher la formule pour qu'elle tombe sur toute la fac ! Ils étaient là, ces deux pauvres étudiants à vouloir lancer un sort innocent, et j'ai éteint la lumière et j'ai falsifié le sort pour qu'il devienne plus puissant et plus dangereux ! J'en ai perdu le sommeil ! Et un jour il m'a fait jouer au bowling avec les Insuffisants !

-C'était... gentil ? hasarda Malicia.

-Non, c'était eux les quilles !!! Et Magouille rigolait à s'en décrocher la mâchoire ! C'est un monstre ! Et vous savez ce qu'il y a dans sa potion miracle ? De l'urani...

-Oui, c'était très intéressant, Gronk, le coupa Malicia, mais vous comprenez, j'ai eu une journée très longue alors, il va falloir partir maintenant...

Gronk se leva prestement :

-Oui, bien sûr, pardon d'avoir pris votre temps, Mamzelle. Merci pour les cookies !

Après avoir salué la métisse, l'Exterminateur quitta la maison de Malicia qui s'affala dans son canapé, exténuée.

-Voyons ça... froufrous, froufrous, satin et froufrous, satin et... trous ? Oh et, quelle surprise, des froufrous...

Malicia détaillait le contenu de sa garde-robe de nuit choisie par Amalia. Il n'y a avait pas à dire : cette dernière avait des goûts bien différents des siens. Ça ne faisait qu'une semaine mais ses pyjamas en pilou lui manquaient déjà.

-Je crois que je vais prendre... froufrous. soupira la Zeta.

Elle enfila la nuisette qui lui semblait la moins découverte, une chose très courte et fendue en satin pourpre, et se considéra dans le miroir. Elle explosa de rire :

-Bon ben, si jamais je rate mon année, je pourrais toujours devenir fille de joie ! s'exclama-t-elle hilare.

Elle saisit sa baguette :

-Voyons si je peux améliorer tout ça...

Brusquement, ses bras et ses jambes se raidirent et elle poussa un petit cri de surprise.

-Mais qu'est-ce que...

Sans qu'elle comprenne pourquoi, elle se mit à descendre ses escaliers d'un pas saccadé. Mais qu'est-ce qui pouvait bien se passer ? Était-ce un nouvel effet du sort musical ? Ou alors...

-Magouille... grinça-t-elle.

Ses pas la rapprochèrent de la porte et elle réalisa dans quelle tenue elle était. Elle ouvrit des yeux affolés :

-Ohmondieuohmondieuohmondieu ! glapit-elle. Non ! Pas ça, pas dehors ! Pas comme ça !

Elle ouvrit malgré elle la porte et un coup de vent souleva sa nuisette.

-AAAAAH ! hurla-t-elle. A l'ai...

Elle s'interrompit. Autour d'elle, des centaines d'étudiants aussi affolés qu'elle, la plupart en petite tenue ou en pyjama, sortaient de leurs maisons et emplissaient les rues de Mysteria Lane, comme un cortège de morts-vivants sous la pluie. Parmi eux, certains gros dormeurs ronflaient encore.

-Salut Mali ! fit une voix.

Malicia tourna la tête : Euphemia marchait non loin d'elle.

-Jolie nuisette ! fit-elle avec un petit clin d’œil.

-Tu sais ce qui se passe ? demanda la métisse.

La Zeta leva les yeux au ciel :

-Il se passe toujours des choses bizarres à la WOW.

Elle se tourna vers une fille qui hurlait comme une possédée :

-Oh ça va ! Arrêtes ton char ! T'es pas encore morte que je sache ! fit-elle en haussant la voix, ce qui ne lui arrivait pas souvent.

-Mais... on va où comme ça ? demanda Malicia.

Malheureusement, la foule devenait de plus en plus ample et Euphemia sortit de son champ de vision. La métisse regarda autour d'elle, inquiète. Tout ça ne lui disait rien qui vaille.

:arrow: Malicia va au Stade, ICI !