Deux jours avaient passé et c'était la fin d'après-midi à la WOW.

Les cheveux tout emmêles par le vent vivace de fin Septembre, Malicia remontait l'allée des saules charmeurs, plongée dans un épais code violet. Les sourcils froncés, elle marmonnait. Elle avait quasiment un mois de retard en Sciences sociales et elle avait bien l'intention de le rattraper aussi vite que possible. Cependant, la lecture des codes s'avérait vraiment pénible... toutes ces lois s'enchaînaient sans ordre logique et se contredisaient pour ainsi dire toutes. D'ailleurs de temps en temps, un article disparaissait de sa page pour aller se disputer avec un autre, deux cent pages plus loin et rendait la lecture encore plus ardue.

Mais peu importe. Malicia était déterminée à se plonger dans ses études et à les réussir coûte que coûte. Elle avait réussi sans trop de problèmes à éviter Drago, bien que ce dernier l'inquiétait un peu. Le blondinet semblait...heureux. Très heureux. Trop heureux. A chaque fois qu'elle l'avait vu entrer dans l'amphi, ce dernier avait un sourire extatique.

Non pas que ça ne lui allait pas. Mais ce sourire ajouté au fait que l'Alpha avait radicalement changé de façon de s'habiller et portait des jeans et des t-shirt manches longues,alors qu'il avait toujours dit détester ça, au fait qu'il s'était fait pousser une barbe de fois jours, comble de la déchéance pour lui, et au fait qu'il était suivi d'un étrange vieillard qui portait une chaussette sur sa main n'était pas là pour la rassurer. Quelque chose se tramait. Mais Malicia s'était empêchée de plus y penser. Drago était de l'histoire ancienne, et elle devait rester aussi loin que possible de lui.

Toute à ses réflexions, Malicia ne remarqua pas que quelqu'un l'attendait sur son perron et manqua de lui rentrer dedans :

-Crénom d'un balai, Mali ! Fais gaffe !

La métisse baissa la tête et sourit :

-Lustucru !!! fit-elle en prenant son amie dans ses bras.

La batteuse émit un petit bruit de surprise et Malicia ouvrit des yeux paniqués :

-Ohmondieuohmondieuohmondieu, tes blessures ! Je t'ai fait mal ? Je suis un monstre !!! Excuse-moi !!!

Lucrécya secoua la tête :

-T'inquiètes, j'suis guérie !

-Tu n'as plus mal nulle part ?

L'alpha mit ses poings sur ses hanches :

-Moi ? Mal ? Jamais ! Tu me connais, j'crains rien ni personne...

Son regard s'assombrit :

-Et si on rentrait dans ta maison ? souffla-t-elle en regardant autour d'elle.

Ne remarquant pas ce brusque changement d'humeur, Malicia acquiesça, ouvrit sa porte et fit signe à son amie de prendre ses aises dans le salon :

-Je suis trop contente de te voir, Luluchou ! fit-elle d'une voix guillerette.

Elle s'installa sur le canapé, en face de la batteuse assise en tailleur et se mit à tirer de son sac des piles de feuilles et des codes épais :

-Tu ne devineras jamais tout ce qui m'est arrivé ! D'abord, j'ai été convoquée ! Fier-Castel m'a virée de ses cours et je n'ai pas eu le choix, je suis en Sciences Sociales maintenant ! Avec Drago ! Comme si j'avais besoin de ça ! Et pi j'ai un mois de cours à rattraper et crois moi, c'est loin d'être aussi passionnant que des cours d'arithmancie ou de divination! Pi le professeur est ennuyeux à mourir ! Sans compter que j'ai beaucoup de choses à faire avec cet article que Curie et moi on a décidé d'écrire ! J'ai passé tout mon temps libre au dispensaire à recueillir les témoignages de tous les blessés que je trouvais et le reste à rédiger des pages et des pages et des pages et des pages ! Je suis à ça de finir mais, pour ça, j'ai besoin de parler à Om, Marcus et toi, mais Om est trop submergé de cours pour avoir le temps de me répondre je crois, Marcus m'a dit d'aller voir chez les Scroutts s'il y était, donc il me reste que toi !

Sous l'oeil surpris de Lucrécya, la métisse pointa sa baguette sous son menton :

-Lucrécya, tu as passé un jour entier dans le coma à cause des méfaits du Doyen Magouille. Peux-tu raconter à nos lecteurs ta version des faits ? Que s'est il passé ? Pourquoi ? Où, quand, comment ? Qu'as-tu ressenti ? Dis nous tout !

Lucrécya écarquilla les yeux, prise au dépourvu par les questions de la Zeta.

-Ben... je... euh... je sais pas ?

Malicia baissa sa baguette :

-Allez, Lustucru, t'as juste à raconter ce que le docteur Magouille t'a fait !

Le regard de la petite batteuse se fit fuyant. Elle se mit à plisser d'un geste nerveux le jupon satiné de la belle robe bouffante couleur ocre, recommandée par ses camarades Alpha, qu'elle avait mis aujourd'hui.

-Je... non, mais... je ne vois pas de quoi tu parles...

La métisse parut surprise :

-Mais si ! Il t'a envoyé un sortilège et tu es restée une journée dans le coma !

-C'était pas lui ! affirma Lulu très vite, presque trop vite. C'était un mauvais sosie !

-Mais...

-Il avait même pas de moustache ! C'était p't'être même pas un homme à vrai dire. Et le sortilège ? Pfff... même pas mal ! J'ai rien senti ! Et mon coma... c'était très surfait ! C'était pas un coma, tout juste un comanounet...

-Mais...

-Et puis j'ai aucune séquelle ! s'exclama-t-elle en plaquant une main tremblante sur ses côtes. Et qui sommes nous pour juger les actions d'un grand homme comme le Dr Magouille ? Quoiqu'il ait fait, il devait avoir ses raisons !

Lucrécya se mit à rire, d'un rire peu naturel, nerveux et saccadé, ses lèvres figés dans un rictus effrayant. Malicia n'en croyait pas ses oreilles :

-Mais Lulu ! Qu'est-ce que tu racontes ?!

Elle ouvrit des yeux ronds, comprenant soudain :

-Oh mon Dieu... Tu as peur !

Lucrécya, les sourcils froncés, gonfla le torse et mit ses poings sur ses hanches:

-Fais gaffe à ce que tu dis, McGuire ! cracha-t-elle. Lucrécya Rincevent-Flint n'a peur de rien ni de personne !

-Tu as peur du doyen ! précisa Malicia, bouche bée.

-Le doyen ? Où ça ?

La batteuse, tremblante, se jeta derrière le canapé.

Au bout de quelques secondes, elle se redressa, en se rongeant le bout des ongles. Elle croisa le regard désolé de sa meilleure amie.

-Pauvre Lulu ! Tu as vécu un traumatisme !

-Même pas vrai... marmonna l'Alpha, en fixant le sol avec mauvaise humeur.

Elle se releva, s'épousseta, et se rassit comme si de rien était.

-Bon, c'est pas grave... Tu en parleras quand tu voudras... Après tout, j'ai déjà assez de renseignements pour le premier volet de mon article contre Magouille.

Lucrécya eut l'air de s'étouffer :

-CONTRE MAGOUILLE ?!

Elle bondit sur Malicia, posa ses mains sur ses épaules et la secoua d'avant en arrière :

-MAIS TU ES FOLLE !

-Mais Lustucru...

-JE T'EN PRIE NE FAIS RIEN ! IL A FAILLI ME TUER AVEC UN FLIPENDO ! UN FLIPENDO !

-Lustucru ! Tu me donnes la nausée !

-IL VA TE FAIRE DU MAL !

Lucrécya lâcha son amie, et fondit en larmes.

Malicia avait regardé sa meilleure amie fondre en larmes, étonnée. C'était bien la première fois que Lustucru se mettait dans cet état. En fait, à bien y réfléchir, Lucrécya n'était jamais dans cet état et à y réfléchir plus encore, elle ne l'avait jamais vu pleurer.

La métisse ouvrit des yeux affolés : la situation était vraiment grave ! Mais que faire ? Elle n'avait jamais vraiment eu à consoler son amie, puisque cette dernière, du fait d'une enfance passée dans un orphelinat de seconde zone aux méthodes d'éducation plus que douteuses, était une dure à cuire que rien n'affectait jamais. Comment allait-elle pouvoir la consoler ?

-Tu... tu veux un cookie ? proposa-t-elle timidement.

-OUI !!! beugla Lucrécya.

La batteuse piocha dans le plat que lui tendait son amie. Cette dernière eut l'air penaud. Elle fit voler dans ses mains une des nombreuses boîtes de mouchoirs qu'elle avaient stockés chez elle à cause de l'épisode Drago, et le donna à Lulu qui en tira une bonne douzaine et se moucha bruyamment.

-Tu sais, Lulu, c'est pas grave, si tu veux pas témoigner. fit Malicia. Oublie tout cette histoire, tu as déjà eu beaucoup à supporter...

-J'ai rien supporté, moi ! se défendit Lucrécya, piquée dans son orgueil, en cessant brusquement de pleurer. J'suis pas une victime, moi ! J'suis pas une faible !

-Non, non, pas du tout ! fit Malicia avec des yeux affolés. C'est pas ce que je voulais dire ! Tu es forte ! La plus forte ! C'est pas un flipendo qui...

- UN FLIPENDO ???? cria Lucrécya. ALERTE ALERTE ALERTE !!!!

Elle bondit du canapé et partit se terrer sous la table basse, dérangeant le fléreur de Malicia qui y faisait une sieste et qui feula avec mauvaise humeur. La métisse se pencha :

-Mais, Luluchou, t'en fais pas comme ça, on est pas attaquées !

La batteuse s'extirpa de sa cachette avec un air louche :

-Je... je le savais... Héhé...

Elle se rassit en rigolant jaune. Finalement elle se pencha vers la métisse :

-En tout cas, toi et Curie, vous devriez oublier votre idée d'article contre M.A.G...

-Magouille ?

-Chut ! Ne dis pas son nom, il pourrait nous entendre ! Il a des oreilles partout ! s'écria Lucrécya.

Alors que l'Alpha regardait autour d'elle avec l'air d'une bête traquée,  Malicia baissa la tête :

-Mais si personne ne fait rien, Mag...

Elle croisa le regard tiquant de Lucrécya et se reprit :

-Tu- Sais-Qui, continuera de faire du mal aux gens... Corrigea rapidement la métisse. Et ça c'est hors de question.

-Mais il est trop fort ! s'écria la batteuse, paniquée. Il va te tuer toi, Curie et tous vos amis, et je suis ton amie !

-T'en fais pas Lustucru, avec tout ce qu'on a contre lui, il tombera. Et il aura tellement de problèmes qu'il ne pourra pas s'occuper de nous. fit Mali sur un ton rassurant avant de reprendre un petit sourire aux lèvres. Je suis quasi sûre que Curie veut le faire aller à Azkaban.

Lucrécya se moucha et renifla :

-Et il reviendra jamais ? fit-elle avec de gros yeux pleins d'espoir.

Mali hocha la tête en souriant:

-Jamais ! assura-t-elle.

-Jamais jamais jamais plus jamais? insista la batteuse.

- Jamais jamais jamais plus jamais. répartit la métisse, confiante.

-Jamais jamais ja...

-Non, jamais, Lustucru. la coupa Mali. Jamais.

Après un instant de réflexion, l'Alpha haussa les épaules :

-Après tout, un peu de vengeance ferait pas de mal.

Malicia hocha la tête :

-Je pense, oui, que ça nous ferait du bien à tous !

Lucrécya mit ses mains sur les épaules de son amie :

-Fais ce que t'as à faire, Mali. Faut le faire payer.

-Il va payer, Lustucru. Au centuple. Je te le garantis.

La batteuse sembla rassurée.

-Bon, ben, je te laisse bosser. fit-elle avant de lancer un coup d'oeil à la pile de parchemins tous griffonnés de long en large et couverts de témoignages. T'as du pain sur la planche à ce que je vois.

Elle se leva et fit quelques pas vers la porte d'entrée. Finalement, elle se retourna :

-Et j'veux pas une vengeance minable d'ex-gryffondor, hein. Je mérite une vraie vengeance qui fais bien mal. Genre qui ferait pleurer un dragon. Me fais pas honte.

Lucrécya sortit. Malicia, les yeux ronds, soupira :

-Bien, bien, bien. Au boulot.

Elle saisit son miroir : il était grand temps d'inviter Curie à se joindre à elle pour mettre en commun leurs avancées :

-Curie Campbell ! clama-t-elle.


:arrow: On retrouve Lulu là, quelques jours plus tard !

Il était vingt heures passées à Mysteria Lane. D'un geste impatient, Om sortit de sa poche son petit vaporisateur de fraicheur lotus, et s'en envoya une giclée dans la bouche, appréciant ses bienfaits sur son haleine. D'un mouvement preste du menton, il redressa son col Mao et tenta d'une main peu assurée de replacer l'une de ses mèches sur son front. Il jeta un œil à son bouquet de fleurs : un assortiment d'orchidées "belle de nuit" qui ne s'ouvraient que deux heures par nuit, répandant un parfum suave autour d'elles.

Pour finir, il ajusta l'hibiscus qu'il avait épinglé au revers de sa veste de tweed et frappa de façon hésitante à la porte de Malicia. En attendant que la métisse vienne lui ouvrir sa porte, il ressortit le message qu'elle lui avait envoyé par hibou, froissé par ses lectures répétées :

"Cher Om, j'ai besoin de te parler de quelque chose de très important. Je serai vraiment contente si tu pouvais prendre un peu de temps pour qu'on se rencontre un de ces soirs. S'il-te-plaît, dis moi oui et quand ! Bisou, Bisou, Malicia"

Il rangea la précieuse lettre et ne put s'empêcher de sourire de manière béate.

Quelle béatitude céleste ! Voici donc qu'après avoir traversé les Sept Enfers en cours de Potions et Antidotes, la plus heureuse des surprises s'offre à moi ! Jamais je n'aurais osé croire que je pourrais intéresser à ce point une aussi jolie jeune fille. Son message est sans équivoque : elle souhaite que je lui dise oui ! Et elle m'embrasse pour couronner le tout ! Ainsi donc mon karma n'était pas aussi entaché par la médiocrité que je l'aurais cru, et les dieux savent que Papa a pourtant insisté dessus. Que Ganesha tempère mes ardeurs, je bous, je bous, je bous !

S'insufflant un peu de courage, Om frappa de nouveau à la porte. Sans même qu'il s'y attende, celle-ci s'ouvrit à la volée... Et Curie Campbell apparut. L'hindou eut un sursaut de surprise.

-Aaaaaah !

-Salut Om ! Je vois que tu as enfin trouvé le temps de venir nous voir !

-Et bien, je... oui, oui tout à fait ! Mais... comment cela, "vous" voir ?

La jeune Insu le regarda sans comprendre.

-Ben, nous voir, quoi ! Malicia et moi ! Pour l'interview !

-L'..l'interview ? balbutia-t-il, le teint soudain blême.

-Mais, t'as pas reçu notre hibou ?

-"Votre" hibou ?

Jetant un œil à l'intérieur de la maisonnette, Om vit Mali assise devant sa table basse flambant neuve, un monceau de papiers et plusieurs plumes et encriers posés devant elles. Levant le nez de ses notes, elle l'aperçut et lui fit un signe amical de la main, un sourire rayonnant aux lèvres. Souriant à son tour de manière gênée, il fit discrètement passer son bouquet derrière son dos et le jeta dans les massifs de fleurs bordant la propriété. Curie l'invita gentiment à entrer, ce qu'il fît, quelque peu dépité.

D'un geste, la métisse l'invita à s'assoir sur le confortable canapé du salon, où il se laissa lourdement tomber. Curie les rejoint très vite, une grande théière fumante à la main, et versa du thé Earl Grey à tout le monde. Voyant sa mine désemparée, Malicia le regarda d'un air inquiet :

-Bah, Om... Tout va bien ? T'as pas l'air dans ton assiette ? Tu sais, tu peux parler de tout : on est ici entre amis !

Au mot "ami", les épaules de l'hindou s'affaissèrent.

-Ce n'est rien... Et bien dites-moi, en quoi consiste votre interview ?

Curie prit immédiatement la parole :

-On a décidé de s'allier pour faire tomber Magouille ! Après tout ce qu'il nous a fait, on s'est juré qu'il ne pourrait pas s'en sortir comme ça !

-Vous voulez faire chuter notre vil Doyen ? s'exclama-t-il, surpris.

-Ouais ! lança fièrement Curie. La vérité est de notre côté et la justice triomphera !

-Oui, répondit Om, dubitatif, la justice... ou le Doyen. Vous avez beaucoup avancé ?

Malicia soupira.

-Ben on a beaucoup de preuves de sa malhonnêteté, mais on a encore trop peu de choses pour arriver à le relier à l'évènement musical... Tout le monde accuse Myo, et personne n'a voulu me croire quand j'ai dit que le Doyen était impliqué.

Curie réfléchit un instant, les yeux plissés, en mordant le bout d'une plume.

-Mmmh, avec ce que j'ai pu tirer de Mama Ogg et de Myo, je suis sûre qu'on a déjà quelque chose. Mais c'est vrai que quelques témoignages de plus ne feraient pas de mal.

Les deux sorcières se tournèrent alors vers Om :

-Et c'est là que tu entres en scène ! firent-elles toutes deux à l'unisson.

Mali se rua littéralement sur les mains du jeune Kapoor.

-Siteuplé Siteuplé Siteuplé Siteuplé !!!! Dis oui dis oui ! Tu vas dire oui, hein hein hein ? Dis dis dis ?

Rougissant comme une pivoine, l'hindou bomba fièrement le torse :

-Pour secourir deux amies en pleine détresse ? Tout ce que vous voudrez ! Mais je préfèrerais vous prévenir, sachez que cela me coûte, car je ne suis pas coutumier des médisances en tout genre...

-Ho, c'est pas grave, le rassura Malicia, tu peux être bref !

-Du moment que tu es précis dans tes déclarations ! ajouta Curie en enclenchant son enregistreur.

Om se racla la gorge.

-Et bien je dois dire pour commencer, que blablabla bla et blablablabla blabla, fit-il en se lançant dans un sermon aussi véhément qu'interminable, tout en maintenant un doigt levé.

-Et sans oublier que blablablabla et blabla blaaaaaa ! s’époumonait Om.

Contrairement à ses dires, l'hindou semblait adorer se lancer dans de grands sermons véhéments et cela faisait bien trois heures qu'il s'était lancé dans une diatribe sans équivoque sur ses sentiments envers le doyen et ses agissements. La bonne nouvelle, c'est que ce témoignage sans appel serait parfait pour l'article. Le problème, c'est que ça n'avait pas de fin.

-Je crois qu'on a  tout ce qu'il nous faut, Om, merci, baffouilla Malicia, en prise à un bon gros mal de tête.

-Et vous avais-je raconté que blablablabla !!! continua Om tellement absorbé par ses propres paroles qu'il ne l'avait probablement pas entendu.

Les deux journalistes en herbe se jetèrent un regard désemparé.

-Om. fit Curie en se frottant les yeux.

-BLABLABLA !

-Om !

-BLABLABLABLABLABLA !!!

-OM !!! hurlèrent les deux filles à l'unisson.

L'hindou s'interrompit brusquement et ouvrit de grands yeux honteux :

-Oh, je vous demande pardon, mes amies, vous vouliez me poser une nouvelle question ?

-NON ! s'écria Malicia, avec panique. Euh, je veux dire, merci pour ton témoignage, on a tout ce qu'il nous faut, je pense...

-Oui ! On a tout ce qu'il nous faut ! la coupa Curie. On va pas te prendre plus de temps, tu peux y aller !

Om sembla déçu :

-Vraiment, mais je n'ai dit que le tiers de ma pensée. Quelle heure est-il ?

-23 heures.... soupirèrent ses deux interlocutrices.

-J'ai parlé pendant trois heures durant ?! s'exclama Om. Que Shiva me pardonne, la verve légendaire de ma famille aura raison de moi et de mes amitiés...

Il se leva  et joignit ses mains en signe de salut :

-Il est plus que temps de nous quitter, mes amies...

-Oui ! Il est temps ! fit Malicia avec un petit rire nerveux. Merci encore !

Elle l'escorta jusqu'à la sortie et referma la porte derrière elle :

-Pourquoi on a pas utilisé la pensine avec lui ? geignit-elle.

Curie sembla interloquée :

-Et ben.... euh...

-Tanpis, on a au moins un témoignage complet !

La métisse s'assit à côté de son amie et se mit à éplucher les liasses de parchemin qui jonchaient la table basse :

-Bon, j'espère qu'on a tout ce qu'il faut.

-Bien sûr que oui ! fit Curie. On voit bien que Magouille est un escroc de première !

-Oui, on a tout ce qu'il faut pour montrer que c'est un entourloupeur. répartit Malicia. Mais, on a très peu d’éléments qui le relient directement à l'affaire du sort musical. La plupart des élèves n'ont pas souhaité se prononcer par peur de représailles et une autre bonne partie en voulait surtout à Myo.

Elle soupira :

-Il faudra espérer que ça suffise.

Elle releva la tête et fit un petit sourire :

-De toute façon, j'ai parlé à des consoeurs Zeta qui sont au journal et elles ont accepté de repousser leurs articles pour que le notre paraisse en première page ! Devine quand ?

Curie eut un large sourire :

-Lors de la journée parentale ?

-Oui ! jubila sa camarade. Non seulement tous les étudiants liront nos articles mais également tous leurs parents, et Magouille sera coincé au beau milieu d'eux sans espoir de s'échapper !

Les deux filles se tapèrent dans les mains.

-Alors, qu'est-ce qu'on attend ? fit l'Insuffisante. Finissons cet article !

-Oui, allons-y ! s'exclama la Zeta.

Les deux filles se mirent à rédiger fiévreusement.


:arrow: on retrouve Malicia ICI !