Ayant rejoint l'Allée des Savoirs Interdits, les deux sorciers n'eurent pas trop de mal à trouver le sinistre Bâtiment de Sciences Occultes. Y pénétrant aisément, ce qui était en soit assez étrange, ils n'eurent aucun mal non plus à pénétrer la vaste et lugubre bibliothèque, les lieux ayant été désertés suite aux récents évènements. A présent, perdus au milieu des étagères sombres et vermoulues, l'Alpha et l'Omicron usaient tant bien que mal de leurs sortilèges de lévitation pour ramener d'obscurs ouvrages à la couverture moisie sur les tables de travail, à la lueur d'une unique bougie.

Om fixait les précieuses sources de savoir alors qu'elles atterrissaient en douceur, la langue tirée et la sueur perlant à sa tempe.

Je ne saisirais jamais l'avantage qu'il peut y avoir à étudier au sein même d'une bibliothèque... Par les griffes de Kalima, nous nous éclairons à l'aide de bougies !!! Si une seule de ces diaboliques braises vole, nous aurons moult soucis sur les bras ! Ces vénérables volumes sont d'un âge antédiluvien qui plus est... A peine les effleure-t-on, qu'ils s'effritent et nous glissent entre les doigts.

Par les défenses de Ganesh, comme si la situation n'était pas suffisamment périlleuse, je crains fort qu'il ne nous faille en sus récolter la quasi-totalité des livres de ce temple de savoir obscur ! C'est que je ne suis qu'un nigaud patenté dans tout ce qui touche à l'occulte ! Comment savoir par où commencer nos recherches ? Comment savoir si...

-Si j'ai plus vite fait de me charger tout seul de la sale besogne, fit la voix trainante de Lestrange, fais-le moi savoir.

Om battit un moment des paupières, tiré de ses pensées et se tourna vers Darius qui "posait" sur leur table de travail les livres pris dans les rayons :

-Toutes mes excuses, mon ami, que disais-tu ?

-ATTENTION, IMBECILE !!! cria Lestrange en se précipitant vers lui la baguette tendue.

Se tournant vivement, Om Rajesh Kapoor vit que les volumes dont il s'occupait cessaient de léviter et menaçaient de s'écraser au sol. Les rattrapant au dernier moment, les deux étudiants-sorciers soufflèrent, soulagés et les posèrent près des autres exemplaires. Darius jeta un regard noir au sorcier hindou, et s'assit devant les vieux ouvrages après avoir épousseté sa chaise.

-Fort bien, fit-il en faisant un rapide calcul mental, nous avons déjà une quinzaine de volumes chacun, il me semble que cela suffit pour commencer. Au travail !

Frottant vigoureusement ses mains, comme il le faisait inconsciemment à chaque fois qu'il devait se plonger dans ses études, Om s'assit en face de son compagnon et attrapa précautionneusement un premier livre intitulé sans imagination "Démons du XVème siècle".

***

Quelques instants plus tard, Om se renversa sur sa chaise, s'étirant longuement. Refermant la couverture de "Shaïtan, sa vie, son œuvre", il jeta un œil à son camarade d'étude : les sourcils froncés, Darius Lestrange poursuivait inlassablement la lecture son Incunabulum Kupalam, visiblement rompu à ce genre d'enquête.

Grands dieux, je viens de réaliser : il est ici. Là devant moi ! Om Rajesh Kapoor, tu n'auras sans doute plus d'occasion aussi belle que celle-ci ! Ne crains rien, lance-toi donc !

-Hahem... toussota Om.

Darius tourna nonchalamment une page de l'ouvrage.

-Ouiiiii.... fit-il sans lever les yeux de sa page. Que souhaites-tu dire, Kapoor ?

-Et bien je... balbutia l'étudiant en Médicomagie en déglutissant, je... me faisais la réflexion que tu possède un indéniable... magnétisme...

Lestrange se figea. Un silence glacial tomba. Il leva les yeux sur son acolyte, lui jetant un regard bizarre.

-A l'évidence, poursuivit Om, ton charme irrésistible semble agir tel un sortilège sur la plupart des demoiselles que tu croises... Je me demandais si tu... et bien si tu voulais bien...

-Non.

-... que, comment cela, non ?

-Comme cela : non.

Il regarda Om d'un air dégouté.

-Je ne mange pas de ce pain-là, Kapoor.

-Mais je...

-Trouve-toi un autre dégénéré avec lequel te vautrer dans la luxure, cette université en pullule.

Om se jeta alors à genoux devant Darius, repoussant la table et l'implorant en tentant de toucher ses pieds :

-Je t'en supplie, mon ami meilleur d'entre tous, j'ai besoin de tes conseils concernant la gente féminine ! Comment t'y prends-tu donc pour charmer les jolies dames ? Enseigne-moi !!!

Surpris, Darius ouvrit la bouche, sans trouver quoi dire.

-Oh...

La porte du manoir de Sciences Occultes s'ouvrit dans un grincement funeste, et laissa place à un long corridor sombre. Les murs, couverts d'une vieille tapisserie d'antan bleu roi, étaient mangés par l'humidité, et parsemés, ici et là, de gerbes de sang.

Griselda pouffa : malgré l'aspect lugubre des lieux, elle ne pouvait s'empêcher de penser à ses maisons moldues trop décorées pour Halloween, avec de fausses toiles d'araignées et un squelette en plastique qui pendouillait à l'entrée. Bon, là, ça ressemblait beaucoup à de vrais toiles d'araignées, vu qu'elles étaient recouvertes de grosses veuves noires velues bien trop pourvues en pattes. Et le squelette desséché faisait sacrément vrai, avec sa mâchoire pendante et ses dents noircies, dont une en argent... mais ça faisait rire l'Irlandaise quand même.

Elle s'avança et sifflota un air guilleret de chez elle. Elle ne sembla pas remarquer les corbeaux aux yeux rouges, peints sur un tableau à l'entrée, qui croassèrent et s'envolèrent dans un dégoûtant bruissement d'aile, pour suivre, de tableaux en tableaux, la progression de la jeune fille, sous les murmures d'ombres étranges.

Gri stoppa et se gratta la tête : elle avait déjà suivi Chlorofille en cours ici, mais ne savait pas où se trouvait la bibliothèque. Et elle avait perdu la trace de Lestrange et de l'indien depuis un petit bout de temps... Les salles de cours étaient en haut de l'escalier vermoulu poisseux d'hémoglobine et d'ectoplasme. Mais la bibliothèque, où pouvait-elle bien être ? Peut-être que c'était cette haute porte noire devant elle, où l'on avait gravé en grandes lettres gothiques « BYBLYOTHEQVE» ?

Mais il n'y avait pas autant de Y dans bibliothèque... ou si ? Ou bien... Ou non ? Ou alors... Oh peut-être... Ou peut-être pas... Mais comment en être sûre ? Pour cela, il lui aurait fallu un dictionnaire, et pour consulter un dictionnaire... il lui fallait trouver la bibliothèque !... ou byblyothèqve ?!

Au bout d'un long moment d'hésitation, elle se décida à passer la porte noire. Elle entra dans une pièce glauque, sans fenêtre, éclairée par une unique bougie à la flamme tremblotante. De longues étagères vermoulues couvertes de livres à la reliure de cuir s'offraient à sa vue :

-Ah ben voilà ! pouffa-t-elle. T'avais raison Lethi, c'était bien ici !

Elle s'avança en gambadant, et un des ouvrages, enchaîné par de lourds maillons, tenta de lui sauter dessus, mais il la loupa et, retenu par ses entraves, il pendouilla dans le vide en claquant sa couverture comme s'il s'agissait d'une mâchoire. Ça n'arrêta pas la bonne humeur de Griselda , qui s'approcha de la table où travaillaient les deux autres et s'exclama, poings sur les hanches, fière d'elle:

-Sâââââlut c'est moiiii !

Devant elle, Om se tenait à genoux devant Darius. Les deux fixèrent l'Irlandaise avec des yeux ronds. Ils semblaient mal à l'aise, surtout l'indien, qui s'empressa de se relever.

-Mon exubérante amie Pi Omicron Pi, que nous vaut ta fantasque présence en ces sombres allées du temple des savoirs obscurs ? demanda-t-il, avec une vitesse qui trahissait son malaise.

-Je viens vous aider à faire vos recherche sur les extraterrestres de la planète Vulcain, pardi ! lança la folle au lethifold.

Elle gratifia ses camarades d'un sourire encourageant, mais qui de l'extérieur passait davantage pour inquiétant.

Darius, qui était prêt à envoyer Om Ad Patres pour l'injure qu'il pensait que ce dernier lui avait faite, lâcha sa baguette et émit un soupir agacé à la vue de Griselda.

-Oh seigneur. Il ne manquait plus que cela.

-Salut Darius ! Salut Om ! Comment ça va depuis la dernière fois qu'on s'est vus ?

-Nous nous portons à merveille, mon amie ! commença l'hindou, qui faisait tout pour se donner une contenance, ce qu'il peinait à faire vu son expression honteuse et consternée. Je suis ravi de te re...

-Nous nous sommes vus il y a à peine quelques minutes... et c'était déjà bien trop. siffla le blondinet.

L'irlandaise s'avança, son sourire exaspérant au visage :

-Alors, vous faites quoi à part préparer votre mariage ? pouffa-t-elle.

-JE TE DEMANDE PARDON ?! s'écrièrent Darius, furieux et Om, totalement désemparé.

- C'est pas grave, vous savez, je suis pour les unions hors normes ! En fait...

Griselda chuchota :

-Je vais épouser un extraterrestre de la planète Vulcain !

-Mais tu n'étais pas fortement éprise de Titus Reynolds ? demanda Om avec une naïveté désarmante.

La folle mit sa main sur son front d'un air dramatique :

-Si ! Je suis une femme déchirée !

Elle se rapprocha des garçons :

-Alors, c'est quand votre mariage ? Lethi et moi, nous sommes invités au moins ?

-Je ne m'abaisserai même pas à répondre à ça !

Le blondinet tourna les talons alors qu'Om tentait tant bien que mal de laver leur honneur.

-Les futures mariées sont si susceptibles... fit l'irlandaise en le regardant partir.

Darius s'enfonça dans la bibliothèque, ses yeux bleus acier lançant des éclairs. Mais pour qui se prenait cette bougresse ? Lui parler comme ça, à lui ! Il le dirait à... L'Alpha stoppa.

-C'est vrai. Je n'ai plus personne désormais. fit-il froidement.

Il donna un coup de pied dans une étagère qui grinça avec mauvaise humeur. Ses parents, son argent, l'amour de sa vie et maintenant ça ! La liste de ses déveines n'en finissait pas de se rallonger ! Et voilà que pour en rajouter un peu plus, il se retrouvait coincé avec ces deux idiots à chercher un démon dont il n'avait cure ! Au point où il en était, il était près de laisser ce monstre engloutir toute cette université et le monde avec ! Bon débarras !

-Euh... mon ami ?

Darius se retourna vers Om :

-Je ne suis pas ton ami ! Que veux-tu donc encore ?

-Si cela peut te rassurer, Griselda à déjà oublié l'importun incident dont nous avons été les proies tantôt, et elle se passionne pour des lectures ésotériques sur les hommes venus d'ailleurs... Shiva nous garde !

L'hindou eut l'air pensif :

-Bien qu'à y réfléchir, il me semble que les ouvrages abscons qu'elle a pris n'avaient rien à voir avec le sujet.

-Tu m'en vois ravi. siffla le blondinet. Maintenant, disparais de ma vue.

-Attends !

Om fit quelques pas vers lui :

-Serais-tu enclin à accéder à l'humble requête que je t'ai formulée ?

-Pardon ? fit Darius.

-Et bien, la gente féminine semble réellement t'apprécier... et le pauvre ignorant que je suis en la matière aurait bien besoin de quelques éclaircissements.

Le blondinet croisa les bras. Certes, il avait toujours plus ou moins eu un parterre de filles à sa disposition mais... ce n'était pas de son fait. Sa seule vraie expérience, hormis quelques rendez-vous désastreux et forcés avec l'infâme Pansy Parkinson, avait été Malicia. Et dieu sait qu'il avait été parfaitement odieux et qu'à ce jour, il ne comprenait toujours pas pourquoi elle l'avait aimé. Quant aux choses de la vie, il n'avait appris leur existence que la semaine dernière, et son seul et unique souvenir consistait en quelques femmes de mauvaise vie et une quantité excessive d'alcool. Il n'était pas particulièrement indiqué pour apprendre quoi que ce soit à qui que ce soit en la matière.

Cela dit... il devait admettre qu'il était plutôt flatté que cet hindou ait pensé à lui. S'il le rejetait maintenant, qui sait ce que cet imbécile pourrait aller raconter dans toute l'université... Il n'avait pas le choix.

-Fort bien, je t'aiderai.

-Krishna soit loué ! Tu n'es que bonté ! s'exclama Om.

Darius eut une moue prétentieuse :

-Je sais.

-Mes oreilles sont grandes ouvertes, mon ami ! Rempli mon puits de savoir !

Le blondinet grimaça :

-Bien que ta dernière phrase m'ait soudain donné la nausée, je vais faire comme si je n'avais rien entendu et t'énoncer les bases de notre accord. Un : plus de phrases mièvres ou efféminées, je ne supporte pas ça. Deux : ce qui se dit entre nous, reste entre nous. Trois : je préfèrerai parler de ces choses-là dans un autre endroit. Nous discuterons donc plus tard. un de ces soirs dans un débit de boisson, cela me semble l'endroit idéal. Quatre...

-Quatre ? insista Om.

-Occupons nous d'abord de sauver cette université du chaos, sans quoi, nous ne pourrons pas... discuter.

-Je file, je cours, je vole, tel le gracieux Garuda, mon ami ! fit Om. Que Shiva te bénisse, toi et ta descendance que j'espère nombreuse...

L'Alpha soupira:

-Dois-je déjà te répéter la règle numéro un ?

Mais l'hindou était loin et avait rejoint Griselda qui lisait, assise sur une table de la bibliothèque. Darius les retrouva, de son pas traînant :

-Alors, des avancées ? grinça-t-il en jetant un regard morne à l'irlandaise.

-Aucune ! lui répondit cette dernière. Ces livres ne savent même pas situer la planète Vulcain !

Le blondinet se passa la main sur le visage de dépit alors que la démente saisissait un autre ouvrage poussiéreux.

Maudites soient mes faibles capacités cognitives ! Je ne saurais dire avec exactitude combien de temps nous avons passé dans ce haut lieu de savoir, mais ce qui est certain, c'est que nous n'avons pas fait une seule avancée...
...
MAIS JE M'EN CONTREFICHE ! MON AMI MEILLEUR D'ENTRE TOUS A ACCEPTE DE MANIÈRE INESPÉRÉE DE M'ASSISTER DANS MES AVENTURES ROMANCÉES !!! ENFIN JE VAIS DEVENIR CE BOURREAU DE CŒURS FÉMININS QUE J'AI TOUJOURS RÊVE D’ÊTRE !
...
YOUPI !

-Pourquoi t'es bizarre, Om ? fit la voix de Griselda, tirant le sorcier hindou de sa rêverie.

-Haa ! sursauta-t-il à la vue de l'irlandaise lunatique qui le fixait de ses yeux ronds, son visage à moins de dix centimètres du sien. Depuis combien m'épies-tu de la sorte, mon am...mie ?

-On dirait que t'es devenu fou... fit-elle sans écouter son camarade Omicron.

Elle lui jetait à présent un regard oblique, une lueur dérangée dans les yeux :

-Si y a une chose que je ne supporte pas, c'est les gens fous...

-Pas... pas du tout, que vas-tu donc imaginer ? s'empressa de déclarer Om que l'attitude de la schizophrène inquiétait au plus haut point. Mes pensées étaient toutes tournées vers l'objet de nos occultes recherches, voilà tout !

-Ah, si c'est ça, ça va ! fit Griselda en retrouvant le sourire en un instant.

-Veuillez avoir l'obligeance de cesser vos jérémiades, fit la voix trainante de Darius, je tente de me concentrer.

-Bien sûr Darius mon ami ! Accepte nos excuses !

-Hmmmm...

Se prenant la tête à deux mains, Om se replongea dans ses intenses réflexions.

La sagesse des devas me fait défaut, c'est à devenir fou ! Nous avons étudié avec minutie et ferveur plus d'une trentaine d'ouvrages et nous n'avons toujours aucun indice ! Mais quel livre occulte pourrait nous délivrer le secret de ce démon au gant brillant ? Si seulement le frère de la douce Malicia avait été en état de nous accomp...

Le regard de Om fut soudain attiré par la tranche d'un livre qu'ils n'avaient pas encore eu le temps d'ouvrir et qui avait pour auteur... Ezzechiel McGuire en personne ! En un instant, l'étudiant en Médicomagie s'en saisit :

"Démons, démons, petits patapons" ? Quel intitulé saugrenu pour un volume traitant d'aussi sombres savoirs... Après tout, le sorcier qui en est l'auteur nous a bien mené jusqu'ici. Il serait fort nigaud de négliger une telle piste.

Intrigué, Om ouvrit le livre.

Om regarda la table des matières du livre qu'il avait en main :

-Voyons voir le sommaire du brillant ouvrage de l'étonnant frangin de notre amie Malicia. Démon et damnation... Démon chanteur... Démon joueurs de golf... Démon mangeur de globes oculaires...

-Pourrais-tu avoir l'obligeance de poursuivre tes recherches sans parler à voix haute ? maugréa Darius, plongé dans un épais volume écrit entièrement en latin.

Griselda releva ses yeux d'un petit livre coloré nommé : « Les aliens sont parmi nous : ce que le gouvernement ne nous dit pas » :

-Dradra a raison ! Lis dans ta tête ! pesta-t-elle. Moi je le fais, ça distrait les voix dans mon cerveau.

L'hindou était tellement concentré sur sa tâche qu'il n'entendit pas les critiques de ses camarades. Il poursuivit :

-Démon surfeur... Démon de moins de cinq centimètres.... Oh ! Que Shiva nous vienne en aide !

Lestrange leva un sourcil vaguement intéressé :

-Quoi donc ?

-Démon-jeunesse ! Page 666 !

Il tourna fébrilement les pages, et commença à lire :

-Il n'existe qu'un seul et unique démon qui permet de faire retrouver la jeunesse à....

Il se tut.

L'Irlandaise applaudit poliment :

-C'était très intéressant ! Mais ça manquait un peu extraterrestres de la planète Vulcain.

-Pourquoi diable t'es-tu arrêté ? Lis-nous donc la suite ! intima l'Alpha.

-Milles excuses, Darius, mon ami le meilleur d'entre tous, mais la page suivante a été arrachée, et nulle autre explication n'est présente ! Par contre, et voilà qui me semble des plus étranges, quelqu'un semble avoir oublié en lieu et place de notre page manquante une de ces fantaisies capillaires colorées que les Gamma Phi Orties semblent tout particulièrement affectionner.

Il tendit au blondinet une longue dreadlock violette.

-Oh ! Que le grand Crique me croque ! C'est le poil d'un des extraterrestres de la planète Vulcain ! s'exclama Griselda, les yeux ronds.

Les deux étudiants lui jetèrent un regard lourd de sens.

-Bah quoi ?

Un silence de mort régnait dans l’immense bibliothèque de sciences occultes. De temps à autre, un livre se mettait à flotter dans les airs d’une étagère à une autre, à la recherche de ses pairs éparpillés dans ce labyrinthe poussièreux par quelque bibliothécaire peu scrupuleux.

Om fixait la dread violette avec appréhension :

-Par Kali, ce retournement de circonstance fortuit me laisse sans voix… fit-il sans trop y croire. Se pourrait-il réellement qu’un être partageant le sang de Malicia puisse perpétrer une telle infâmie ?

-A qui le dis-tu ! répartit Griselda. Qui aurait cru que Mali et son frère étaient des extraterrestres de la planète Vulcain ?!

-Je ne crois pas que nous devions tous nos malheurs à une quelconque espèce spatiale… fit Om.

-Humpf. Maugréa l’irandaise. C’est ce que je disais aussi. Avant qu’ils ne m’enlèvent pendant une semaine et ne fassent de moi leur Reine.

Elle se tourna vers Darius :

-Et toi Dada, t’en penses quoi ?

Mais le blondinet avait déjà quitté la pièce. Griselda et Om se jetèrent un coup d’œil… et partirent à sa poursuite.

Darius, Om et Griselda vont Place Magnus Magouille