DOSSIER ETUDIANT Filière :: Magizoologie Description :: Bons Points :: 33Titus Reynolds Messages : 1732
Situation Amoureuse : Sais pas. Pas le temps je suppose.
Filière : Magizoologie
Sorts Connus : Calmos Pacificatum,
Contusionus Encontusiono,
Duro,
Hominum Revelio,
Incarcerem,
Lashlabask,
Meteorribilis / Meteorribilis Recanto
Spero Patronum,
Subcingulus,
Repulso,
Failamalle,
Sectumsempra,
Hypnose Animale,
Animagus
Inventaire : Glace à l'Ennemi,
Potion Miracle du Bon Dr Magouille (x6),
Lait de Poule Miracle du Bon Dr Magouille (x3),
Tequila Magouillita (x3),
Manuel du Bon Petit Vétérimage
| Sujet: L'Ombre et la Proie Dim 24 Fév 2013 - 22:05 | |
| Balayée par le vent venu de l'Ouest, la poussière de la plaine se soulevait et s'envolait peu à peu à mesure que le jour se levait. Soulevant de petits nuages de sable, d'invisibles sabots marquaient le sol alors que les animaux auxquels ils appartenaient peinaient à avancer dans la chaleur du matin. Malgré tout, la troupe de chasseurs poursuivait son chemin au milieu du paysage aride et parsemé de canyons. Menant le groupe, le vieux cowboy dont le cache-poussière claquait mollement au vent, mastiquait avec force un vieux bout de chique, tandis que l'adolescent à l'air bougon qui chevauchait à ses côtés ne faisait rien pour cacher sa mauvaise humeur. Se retournant, il jeta un regard au trio qui les suivait : un petit garçon encadré par deux chasseurs indiens. Le vieil homme sourit de manière complice à l'enfant, l'examinant avec soin malgré le bandeau noir qu'il portait sur l'œil droit.
Il détailla ensuite rapidement les deux guerriers Hopi à la mine sévère qui protégeaient le garçon, ceux-ci hochant la tête d'un air entendu à l'attention du vieux chasseur, et ce dernier se reconcentra sur la piste terreuse qu'ils suivaient depuis les premières lueurs du jour. Tournant la tête vers lui, l'ado de mauvaise humeur en profita pour ouvrir la bouche :
-On est encore loin, vieux débris ?
Malcolm Reynolds soupira longuement.
-Nous pistons un animal, bougre de petit con. Nous PISTONS. Tu sais ce que ça signifie ?
Le jeune homme haussa un sourcil circonspect, ne se départant pas de son air renfrogné. Les deux indiens à l'arrière se regardèrent avant de secouer la tête, exaspérés.
-Ça veut dire, que nous ne suivons pas un itinéraire défini. Nous allons où bon semblera à ce bon dieu de bestiau, et notre route s'arrêtera quand il aura ENFIN jugé bon de faire une halte pour se reposer !
Tournant son unique œil bleu pâle en direction de l'adolescent, son regard lançant des éclairs, ce qui eut pour effet de faire perdre sa morgue au jeune cowboy, il se mit à tonner :
-Est-ce que tu arrives à piger la notion de pistage, ou bien je te concocte un bon dieu de séminaire sur le sujet, hein ? JE SAIS PAS QUAND NOUS NOUS ARRÊTERONS !!! ALORS ARRÊTES DE ME LE DEMANDER TOUTES LES DEUX MINUTES !!! COMPRENDE ?!
-Oui, Monsieur.
-Parfait ! Ah j'vous jure, ces crénom de gosses...
A ces mots, le petit garçon gloussa de manière incontrôlable derrière eux :
-"J'vous jure !!!" fit-il dans une tentative d'imitation du vieil homme, riant aux éclats. "Ces... ces... CRÉNOM DE GOSSES !!"
Les deux chasseurs indiens se tournèrent brusquement vers lui, l'air outrés, tandis que le vieux se tourna en riant à son tour.
-Le petit prend du poil de la bête ! Ah, j'aime ça sacré bon die-
- Tout de même ! Votre langage, Loup Solitaire ! le sermonna le plus raide des deux guerriers.
Malcolm secoua vigoureusement la tête, chassant l'air de sa main en un geste agacé.
-Carabistouilles ! Tout ou tard il finira par jurer comme un charretier ! Autant qu'il s'y mette tout de suite !
Se tournant vers le pré-adolescent à ses côtés, les dernières traces de son air goguenard s'évaporèrent comme l'eau d'une gourde en plein désert, et il se renfrogna derechef. Le jeune homme, dont le duvet mal rasé commençait à pousser par petites touches sur son visage déjà buriné par le soleil, s'efforça de ne pas prêter attention à l'attitude de son grand-père et se tourna à son tour pour observer le petit garçon qui lui rendit son regard, sans se départir de sa bonne humeur.
L'enfant arborait avec fierté les habits de sa tribu indienne, une plume hardiment plantée dans le bandeau chamarré enserrant sa tête, faisant rejaillir son opulente chevelure brune. Son sourire ressortait de manière éclatante sur son visage au teint mat. Un petit arc assorti d'un carquois en peau de serpent étaient accrochés dans son dos. Il se demandait ce qui avait bien pu pousser son grand-père, ou plutôt son arrière-arrière-arrière-arr- enfin, son aïeul à l'emmener sur une partie de chasse aussi dangereuse... Mais bon, s'il voulait lui aussi faire un jour partie de la tribu Hopi, il lui faudrait faire ses preuves ! En tout cas, il n'avait pas peur de chevaucher un sombral, sans toutefois être capable de le voir... L'adolescent jeta un coup d'œil rapide à l'espace vide sur lequel était juché le petit garçon, et qui se tortillait de temps à autre, encore quelque peu rétif...
Le vieux Reynolds tira brusquement sur ses rênes, stoppant le convoi.
-Halte. fit-il calmement en levant une main serrée.
Sautant prestement à terre dans un nuage de poussière, il fit quelques pas sur la piste et s'accroupit devant un petit amas de cailloux, semblant renifler l'air comme l'aurait fait un limier. Les deux indiens descendirent de leur monture à leur tour et s'approchèrent du vieux chasseur. Intrigué, le jeune cowboy se pencha vers eux, tentant de distinguer ce que le vieux débris avait aperçu.
Il se figea, une sueur froide lui coulant le long du dos.
Devant Malcolm, à peine esquissée dans la poussière du désert, se trouvait une empreinte d'animal. Ses griffes avaient creusé de profonds sillons dans le sol, alors que la créature en pleine course avait relevé sa patte. L'empreinte faisait presque un mètre de diamètre.
Le vieux Reynolds observait à présent l'horizon de plus en plus lumineux, son unique œil plissé à l'extrême.
-Un problème ? demanda le plus jeune des guerriers indiens, un jeune homme à la longue natte tressée et au torse à moitié découvert, bariolé de peintures de guerre.
Malgré son maintien qu'il s'efforçait de raidir, ses yeux légèrement écarquillés ne quittaient pas l'empreinte géante.
Son homologue plus âgé, dont les plumes ornant le crâne étaient plus nombreuses, lui posa fermement une main sur l'épaule. Puis il se tourna à son tour vers Malcolm en quête d'une réponse. Le sorcier ne se leva pas, ne quittant pas l'horizon de l'œil :
-Un "problème"... finit-il par marmonner. J'en sais rien... Quelque chose cloche.
-Mais quoi donc ? fit l'ainé des chasseurs Hopi, une pointe d'inquiétude dans la voix.
-Il a changé de direction. Il a accéléré le mouvement.
Le petit garçon, qui se demandait à présent ce qui pouvait troubler le puissant sorcier de la sorte, avait quelque peu perdu sa bonne humeur. Sur ses traits se lisait à présent une peur sourde, qui gagnait en intensité de seconde en seconde. Le jeune cowboy mal rasé, quant à lui, déglutit avec difficulté. Il balbutia :
-Pépé... Tu... tu veux dire que-
-Oui, il nous a flairé.
Le petit garçon sentit ses jambes se liquéfier. Sa terreur monta telle une bile âcre et la nausée lui tordit le ventre.
Saisissant une poignée de poussière qu'il laissa lentement retomber devant son visage, Malcolm Reynolds fronça les sourcils, son visage s'assombrissant. Il tourna son regard vers le paysage désertique qui les entourait.
-Et si j'en juge par ses récents mouvements, il nous a contourné.
Il se releva lentement, et à reculons agrippa machinalement la bride de son sombral. Aux yeux du jeune cowboy et du petit garçon, voir le vieil homme se saisir de rênes invisibles et grimper sur une monture fantôme avait quelque chose d'irréel, de cauchemardesque. Enfin, il se tourna vers le reste du groupe :
-Maintenant c'est lui qui nous a pris en chasse.
Sortant de sa réserve, le petit garçon bégaya :
-M-mais, c-c'est... c'est quoi exactement ? Vo-vous avez rien voulu me dire ?
-Une chimère des Rocheuses, petit, lui asséna le cowboy adolescent, le teint livide.
Devant l'air d'incompréhension du garçon, il leva les yeux au ciel et entreprit une explication :
-Un monstre de trois mètres de haut avec une tête et des pattes avant de coyote, et la queue d'un crotale. Ça t'avale un bison adulte en deux bouchées, et ça peut éclater comme un biscuit un rocher pris entre ses mâchoires. Voilà, d'autres questions ?
Les larmes montèrent aux yeux du petit, brûlantes comme la lave.
-Ah ouais, j'oubliais : ces bestioles sont aussi nécrophages.
L'enfant fut secoué d'un sanglot incontrôlable. Assénant une grande claque derrière la tête du jeune cowboy mal rasé, le vieux Malcolm se précipita pour consoler le petit.
-Ben quoi ?! grogna l'adolescent en se frottant l'arrière du crâne. Il m'a posé une question, j'ai répondu !
-Tout se passera bien, mon petit, dit calmement le vieux sorcier au petit garçon. Si tu veux devenir un grand chasseur, il faut passer par là, tôt ou tard...
S'approchant à leur tour du gamin, les deux indiens Hopi tentèrent de le rassurer, le sourire aux lèvres :
-Ne t'inquiète donc pas ! Tu es là pour observer, et nous nous assurerons qu'il ne t'arrive rien !
Le garçon finit par sécher ses larmes. Sentant à nouveau le frisson de l'aventure, il retrouva peu à peu le sourire. Le jeune cowboy quant à lui ne se faisait pour l'instant pas plus de souci que ça : son aïeul était peut-être un vieux râleur indécrottable, mais c'était aussi un redoutable sorcier et un grand chasseur : il trouverait un moyen d'abattre la sale bestiole !
-Très bien, les gars ! lança le vieux, l'air grave. On doit établir un plan d'action. Bison-Finaud ?
Le plus vieux des indiens réfléchit :
-On ne peut pas l'attendre et le combattre dans un espace aussi grand et découvert... Nous n'aurions aucune chance.
-Bon, ça c'est un fait. Et toi qu'en penses-tu Fennec Farceur ? fit Malcolm en s'adressant au plus jeune des deux guerriers.
-Mmmmh... marmonna ce dernier, la plus sage décision serait de lui tendre un piège.
-C'est bien joli tout ça, mais le terrain ne se prête pas à ce genre de manœuvre, déclara le vieux sorcier, pensif. Je me deman-
-Et si on l'attirait dans ce grand canyon ? le coupa le jeune cowboy en pointant du doigt un grand relief à une dizaine de kilomètres d'eux. Il s'y trouve sûrement des défilés, des grottes où nous pourrions le coincer. Ça nous donnerait l'avantage, non ?
Malcolm réfléchit un instant, observant l'édifice rocheux et la gorge qui serpentait en son milieu. Puis il se tourna vers l'adolescent mal rasé, la mine satisfaite :
-Bien raisonné, mon garçon ! Si nous y allons à bride abattue, il va croire que nous le fuyons et s'empressera de se précipiter derrière nous ! Une fois là-bas, avec un peu de bol nous aurons une longueur d'avance sur lui, et tout le temps nécessaire pour lui tendre une embuscade !!!
Plus en retrait, le petit garçon les observait tous les quatre les yeux ronds, ne pouvant s'empêcher d'admirer la façon dont ils s'étaient tous repris en main malgré le danger et avaient à toute vitesse échafaudé un plan comme celui-là !
Ils partirent tous au triple-galop en direction des Gorges. L'enfant-chasseur trépignait à présent d'impatience, galvanisé par le danger de l'aventure.
Après une chevauchée effrénée qui leur sembla durer deux heures, tant ils avaient du rebrousser chemin, tourner et virer afin de ne pas éveiller les soupçons de la bête et s'assurer qu'elle les suive de loin, les cinq aventuriers arrivèrent à l'entrée du canyon, dont le sombre défilé mesurait à peine quatre mètres de large, les plongeant quasi-instantanément dans la pénombre.
Se tournant vers le reste de la troupe, le vieux sorcier borgne commença à exposer son plan :
-Quand la chimère arrivera ici, elle pourrait s'imaginer qu'il s'agit d'un piège. Mais nous avons fait en sorte que cette saleté nous talonne ! Comment avec une aussi petite longueur d'avance, aurions-nous le temps de lui tendre un piège, hein ? C'est ce qu'elle va s'imaginer, et c'est pour ça qu'elle va nous suivre dans la Gorge, malgré tout...
-Mais alors... commença le jeune cowboy en grattant sa barbe naissante, comment allons-nous justement lui tendre un piège, si on en a pas le temps ?
-On a pas beaucoup le choix, gamin ! Je vais lancer un sortilège d'explosion au-dessus de l'entrée et créer un éboulement pour lui barrer la sortie dès que cette bestiole aura pénétré dans le défilé ! On courra alors vers la seule issue restante jusqu'à ces marches, là-bas !
Tendant le bras vers le fond du défilé, Malcolm indiqua un amoncellement de rochers formant de haut et dangereux escaliers vers le sommet du canyon. Le petit garçon, qui ne perdait pas une miette du "briefing" eut une exclamation de joie :
-Et on va grimper sur les rochers ! Et comme il est trop gros pour nous suivre, le monstre sera coincé en bas !
-Tout à fait, acquiesça le jeune Fennec Farceur, nous lui lancerons un sortilège à l'aide de nos chants Hopi : un filet magique et invisible qui l'enserra et le fera prisonnier.
Devant l'angoisse du jeune cowboy à ses côtés, Reynolds Senior se voulut rassurant :
-T'en fais pas mon gars : Bison Finaud est un grand chasseur, et son jeune apprenti ici présent a un bon potentiel : avec leur aide, je vais pouvoir faire reculer ce monstre !
-OK... Attends voir, comment ça "avec LEUR aide " ? Et moi je fais quoi ? Du tricot ? Tu m'avais promis, pépé !!!
-Je t'ai promis de t'emmener à la chasse, mais ça veut pas dire que je dois t'avoir dans mes pattes !
-DANS TES PATTES ?! C'EST QUOI CETT EMBR-
-J'AI PROMIS A TES PARENTS QUE JE VEILLERAI SUR TOI, PETIT MERDEUX !!! CE BESTIAU EST ENCORE TROP GROS POUR TOI, ALORS TU RESTES EN ARRIÈRE, C'EST COMPRIS ?
Voulant protester derechef, l'ado fut coupé dans son élan par son aïeul :
-Si tu discutes mes ordres, je te colle une bonne correction une fois rentrés ! J'en profiterai pour te javelliser la tête moi-même ! Peut-être que pour une fois ta chevelure bordélique en ressortira assainie, petit !
Un silence gêné prit alors place, malgré le danger imminent.
-Alors pourquoi tu m'as emmené, hein ? fit l'adolescent en serrant les poings. Pour prendre une photo de vous avec votre trophée ?
-Je t'ai emmené pour veiller sur ton cousin pendant qu'il assiste à sa première chasse, déclara Malcolm en désignant le jeune enfant d'un geste de la main. Voilà pourquoi.
-Ça veut dire que je peux rien faire non plus, hein, hein ? C'est ça ? glapit l'enfant-chasseur en trépignant de rage, sa terreur comme évanouie.
-Tout à fait, fit le vieux d'un ton ferme, tous les deux, vous grimpez sur ces rochers , maintenant, sans attendre. Et vous observez.
Un rugissement strident se fit entendre, tout proche. Il semblait composé des hurlements d'agonies d'une meute entière de coyotes, derrière lesquels un sifflement de serpent était percevable. Les chasseurs se raidirent sur leurs étriers.
-Foncez, mes petits ! ordonna le vieux Malcolm à l'adolescent furieux et au jeune garçon qui étreignit son petit arc, le teint blême. Nous vous rejoignons dans deux minutes !
Après un instant d'hésitation les deux jeunes chasseurs tournèrent bride et foncèrent au triple-galop vers les rochers. Lorsqu'ils arrivèrent à leur hauteur, ils sentirent le sol trembler de manière effrénée sous les pas du monstre qui se rapprochait dangereusement. Mettant pied à terre, ils jetèrent en arrière un regard terrifié :
Apparaissant tel un monstre de cauchemar, la bête mi-coyote mi-serpent entra dans le canyon en rugissant de rage, toisant du haut de ses trois mètres les chasseurs qui brandissaient leurs baguettes et leur lances sacrées dans sa direction. Le poil d'un brun sale et le ventre écailleux prolongé par une longue queue serpentine, la chimère se déplaçait en rampant à moitié, d'une manière à la fois grotesque et répugnante, son torse raclant les murs de roche du défilé.
Sa longue queue hideuse se terminait par une sonnette de crotale, dont le grelot sinistre amplifiait l'aspect terrifiant de l'animal. Sans perdre un instant, les deux jeunes sorciers grimpèrent sur les rochers à toute allure, dérapant dans leur précipitation. Puis lorsqu'ils estimèrent qu'ils se tenaient à une hauteur acceptable, il s'accroupirent derrière un rocher pour observer le déroulement de l'embuscade :
Récitant un chant guerrier rituel, les deux chasseurs indiens donnaient de grands coups du piquant de leur lances d'où s'échappaient parfois de petites explosions à la fumée rouge. Malcolm Reynolds harcelait la bête en lui lançant de brefs mais cinglants sortilèges du bout de sa baguette-bâton, ne faisant que décupler sa rage.
Mais à mesure qu'elle s'avançait vers les guerriers, elle s'engouffrait plus loin dans le défilé, jusqu'à ce que, un sourire mauvais aux lèvres, le vieux sorcier brandisse sa baguette en un geste ample et lance un puissant sortilège d'explosion au-dessus de leurs têtes : l'éboulement qui s'en suivit obstrua avec fracas l'entrée du canyon, amplifiant l'obscurité environnante.
La chimère, s'apercevant qu'elle avait été piégée, poussa un rugissement de dépit et de rage mêlés. N'y tenant plus, le petit garçon qui n'avait pas perdu une miette du combat se redressa soudain et se mit à hurler en direction du groupe de chasseurs, les encourageant :
-OUAAAIS !!! VAS-Y PAPY !!! CONTINUES COMME CA TU VAS L'AVOIR !!!
En pleine panique, le jeune cowboy fit rassoir l'enfant-chasseur à l'abri derrière leur rocher.
-Mais tais-toi ! T'es fou ? Tu veux qu'on se fasse remarquer ?
Le silence qui s'ensuivit étonnèrent les deux jeunes garçons. Risquant un œil en direction de l'embuscade, ils se figèrent d'effroi :
La chimère qui s'était soudain tue avait les yeux braqués dans leur direction. Son regard rouge et haineux croisa celui du petit garçon dont le sang s'était changé en glace. A ce moment-là, la bête sut. Elle avait compris une chose que seul un prédateur habitué à traquer des proies faibles pouvait comprendre : le fait que les chasseurs qui la traquaient avait emmené avec eux leurs petits sans défense. Comprenant ce qui se passait, Malcolm Reynolds fut pour la première fois en proie à la panique :
-NOOOOOOON!!!! hurla-t-il en tentant de jeter un nouveau sort au monstre.
Mais ce fut trop tard : en un coup de patte, le monstre envoya bouler le vieux sorcier, et bousculant brutalement les guerriers Hopi, il se précipita en direction des deux garçons. Le jeune cowboy se tourna alors vers son petit cousin :
-GRIMPE !!!
Le temps qu'ils mettent leur manœuvre à exécution, la bête était déjà sur eux : effectuant des bonds prodigieux, faisant claquer ses mâchoires, elle tentait de se saisir des deux chasseurs en herbe qui tentaient désespérément de grimper la pente abrupte de la Gorge. Voyant ses efforts se solder par des échecs, le monstre cingla l'air de sa queue serpentine, qui alla frapper l'amoncellement de rochers dans un vacarme apocalyptique.
Les deux garçons avaient perdu toute leur excitation, leur courage ou leur colère d'être mis à l'écart. Ils ne faisaient que hurler de terreur. Jusqu'à ce qu'un coup plus violent que les autres fissure le promontoire de fortune qui s'écroula comme un vulgaire amas de cailloux.
La dernière chose que virent les deux jeunes chasseurs fut la vue cauchemardesque du sol de roche qui se précipitait à leur rencontre...
Ouvrant les yeux, le jeune cowboy s'éveilla douloureusement après sa chute vertigineuse. Tentant de faire le point dans le brouillard troublant son regard, il se releva en titubant et jeta un regard paniqué autour de lui, à la recherche du petit. Quand il aperçut ce dernier accroupi à trois mètres de lui, la tempe droite en sang et pleurant de peur et de douleur mêlées, il voulut le rejoindre mais sentit un mouvement menaçant à sa gauche : fouillant les gravats à la recherche de ses proies, la chimère-coyote les avait aperçus.
Sa redoutable patte jaillit, toute griffes dehors en direction du petit garçon, sa proie la plus proche. Le jeune cowboy ne réfléchit pas. La baguette à la main, il courut vers l'enfant en hurlant :
-TITUUUUUUUUUUUUUS !!!!
Entendant hurler son nom, l'enfant en habits indiens tourna son regard terrifié vers le monstre, sur le point de le transpercer. Il ferma les yeux.
Ce ne fut pas la douleur intolérable due à la lacération qui l'accueillit. Mais une sensation d'éclaboussure, alors qu'il sentait un liquide chaud l'asperger de la tête aux pieds. Tremblant comme une feuille, il ouvrit un œil : devant lui se tenait son cousin, le cowboy adolescent, dos à la bête et les bras tendus.
Une griffe longue comme une épée le transperçait de part en part.
-Ti-Ti... Titus... tu... v-vas bien ? parvint-il à articuler avant que ses yeux ne se révulsent.
Il s'effondra en avant à ses pieds, se libérant de la griffe mortelle qui l'avait empalé. Il était mort.
Hébété par le tragique enchainement des évènements, le petit Titus ne vit pas l'animal se préparer à charger de nouveau. Il ne vit pas non plus les chasseurs adultes qui, après avoir réussi à reprendre leurs esprits, se précipitaient sur l'animal, toutes armes brandies.
Tout ce qu'il vit était la baguette de son cousin qui avait chue à ses côtés. Sans réfléchir, il s'en saisi. Et dans un accès de rage et de chagrin, il en donna un grand coup en direction du monstre. Il sentit une puissante vibration s'en dégager, avant même qu'il ne parvienne à la pointer sur la bête : le sortilège puissant qu'il avait lancé par accident partit dans les airs... pour frapper les sommet de la falaise qui se brisa en mille morceaux.
Alors que les griffes de la chimère jaillissaient de nouveau, cette dernière leva la tête, trop tard pour voir la mortelle pluie de pierres s'abattre sur elle.
Devant le petit garçon d'à peine sept ans, la bête gisait morte. Puis le sol se déroba sous ses pieds et les ténèbres l'accueillirent.
Se réveillant quelques jours plus tard à la ferme de ses parents, débarrassé de ses vêtements Hopi et blotti dans son lit de draps blancs, le petit Titus vit le visage de sa mère qui sourit de soulagement en le voyant à nouveau conscient.
-Mon chéri !!! Tu m'as fait une de ses peurs !!!
L'enlaçant délicatement de peur de réveiller ses blessures, Abigail Reynolds lui posa un baiser doux et parfumé à la cannelle sur chaque joue. Se rappelant la chasse désastreuse à laquelle il avait participé, Titus se redressa brusquement :
-Pépé !!! Maman, Où est pépé ?
Sa mère sembla hésiter, se mordant la lèvre inférieure.
-Il... il est dans le parc à chevaux sur le banc en pierre. Mais tu devrais le...
Sans attendre, le garçon se leva précipitamment et, sortant en trombe de sa chambre, il dévala les escaliers menant à l'extérieur. Pénétrant dans le vaste parc, il contempla le paysage à la recherche de son aïeul. L'air du soir apportait la fraicheur nocturne du désert et Titus ferma les yeux, laissant la légère brise lui caresser les cheveux. Il sentit quelque chose de froid lui caresser la tête.
Ouvrant les yeux, il vit devant lui un gigantesque cheval noir et décharné, doté de grandes ailes de chauve-souris veinées de noir. A la manière dont il s'agitait sur place, raclant le sol de ses sabots, il reconnut sa monture, qu'il pouvait désormais voir. La raison de cette nouvelle acuité lui revint à l'esprit et son cœur se serra, les larmes lui montant aux yeux.
Les ravalant avec difficulté, il tendit la main vers sa monture préférée, qui lui paraissait à présent d'une taille titanesque :
-T'es... t'es vraiment grand pour un dada, toi hein ?
Le sombral émit un long hennissement lugubre et paisible à la fois, qui eut le don de calmer le petit garçon.
-Je t'aime bien, toi ! On va bien s'entendre, maintenant que j'te vois ! T'aurais pas vu mon pépé, des fois ?
-Titus ? fit la voix faible et quelque peu éméchée de Malcolm Reynolds. Je suis là, gamin.
Apercevant son aïeul, prostré sur le banc de pierre du parc, une bouteille à la main, le garçonnet se précipita vers lui, se jetant à son cou : son aïeul sentait l'alcool, l'alcool fort, et sa barbe poivre et sel était trempée de larmes.
-Ton cousin Jack était un brave petit, tu sais... Bon sang de bois j'avais promis à ses parents de veiller sur lui. Maintenant qu'il les a rejoint, il va s'empresser de leur raconter quel boulot minable j'ai fait. Et comment ça s'est terminé.
Il enfouit son visage dans ses mains, désespéré.
-C'était pas ta faute, pépé. C'était celle de ce sale monstre. Ce crotal- enfin, ce coyot-... je veux dire, ce cro...yote.
Malcolm Reynolds leva sur le petit un regard légèrement amusé, et farfouillant dans ses poches, il en sortit un petit gant bizarre en écailles.
-Tiens, petiot. C'est pour toi. Ton trophée de chasse, le tout premier.
Fasciné, Titus se saisit du gant et l'enfila : le serrant juste ce qu'il fallait, il lui remontait presque jusqu'au coude et s'ajustait parfaitement.
-Il est très résistant à la magie, surtout aux flammes. Et il s'ajustera toujours à ta taille, même après que tu aies grandi.
-Whoa, merci pépé ! Mais je... je...
Titus baissa la tête, de nouveau en proie au chagrin.
-Je peux pas le prendre. C'est... à cause de moi si Jack est... s'il est...
-Ne dis pas de bêtises, mon garçon ! Je te l'interdis ! Je suis le seul responsable de ce qui s'est passé. Ta mère ne voudra plus jamais que tu partes en chasse, peut-être même que tu ne retournes au village Hopi.
Quittant son air grave, il sourit faiblement au petit :
-Mais moi je sais que pour toi, ça n'est que le début ! T'as ça dans le sang, Titus ! Promets-moi juste deux chose...
Le petit garçon rassembla tout son sérieux, et attendit les recommandations de son aïeul.
-Ne vas pas courir de risques inutiles à l'avenir. Et surtout ne deviens pas une espèce de râleur indécrottable comme ton grand-père !
Oubliant momentanément son chagrin, souriant pour la première fois depuis des lustres, de son sourire éclatant et rieur, Titus s'empressa de répondre :
-T'en fais pas, pépé ! Ça, y a aucune chance !
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