- Votre Big Minerva, je vous le mets avec des frites et du Wizz Cola ?

- Oui ! Et avec plein de ketchouille !

Myosotis lança un sourire étincelant à sa cliente, et d'un mouvement gracieux du poignet, fit venir avec sa baguette la commande sur le plateau devant elle.

- Bon appétit, et à bientôt chez McGo !

Cela faisait plusieurs jours que Myo travaillait dans l'enseigne de fast-food McGonagall's, et, contre toute attente, elle s'y plaisait beaucoup. Certes, elle avait du faire un aménagement dans son emploi du temps, mais Mama Ogg s'était montrée très arrangeante, et avait accepté que la fille-chlorophylle sèche les cours un jour sur deux, à condition qu'elle rattrape son retard dès le lendemain.

Que ce soit en cuisine (ou la magie était proscrite mais où l'ambiance entre étudiants était à son paroxysme) ou bien en caisse (ou la plus grande difficulté consistait à enchaîner les accios devant des clients souriants), Myo ne se plaignait pas. Elle s'était attendue à un truc horrible, mais en vérité, le boulot était facile, et plutôt marrant.

Déjà, ça n'avait pas finit de la faire rire, mais ses collègues et elle étaient ridicules dans l'uniforme officiel du resto ! RIDICULES ! Ils étaient tous serrés dans une chemisette de mauvaise qualité jaune poussin, constellée de M rouge vif, sur un bermuda rouge qui ferait passer le plus sexy des sorciers pour un ringard achevé. Mais le pompon, c'était le serre-tête rouge qu'ils portaient tous, et qui faisait se tortiller un M doré au dessus de leur crâne à chacun de leur mouvement. Difficile de rester sérieux dans ses conditions !

Un énième étudiant affamé s'approcha de Myosotis :

- J'aimerais un menu Happy Metamorph s'il vous plaît !

- Avec frites et Wizz Cola ? répéta pour la centième fois de la journée la jeune femme, tandis que le M au dessus de sa tête bondissait comme un diable à ressort.

- Vous avez rien d'autres comme boisson ?

- On a du jus de citrouille. Mais je vous conseille ceci !

Myo posa sur le plateau une canette remuante, et légèrement fumante. On aurait dit que la boisson à l'intérieur était en train d'attaquer le métal de son contenant. Finalement, la canette se mit à fuir un liquide verdâtre et bouillonnant, qui fit fondre le plastique du plateau. L'étudiant loucha dessus :

- Qu'est-ce que c'est que ça ?!

- La version canette de la Potion Miracle du Bon Docteur Magouille ! s'enthousiasma l'employée aux cheveux verts. La boisson idéale pour allier plaisir et santé ! Vous m'en direz des nouvelles !

- Heu... merci... je crois... ? déglutit le pauvre hère, avant de déposer un gallion devant Myo et de s'enfuir vite.

- Bon appétit, et à bientôt chez McGo !

Quelques clients défilèrent devant Myo, qui ne se départit pas de son sourire.
Puis, une fois qu'elle les eut servis, la jeune femme soupira d'aise, les yeux dans le vague, un sourire amoureux aux lèvres. C'était un des bons côtés du taf : quand y'avait du monde, le temps passait vite, et quand y'avait personne, elle avait tout loisir de rêvasser au Dr Magouille.

Une dizaine d'étudiants entrèrent dans la salle décorée de photo d'une vieille dame grimée en clown (la propriétaire des lieux, apparemment une ancienne prof de Poudlard). Ils se mirent à fixer le tableau des sandwichs, et Myo se dit qu'il valait mieux trouver de l'aide, histoire de les servir plus vite.

Elle se tourna vers Ezzechiel McGuire, qui, revêtu du même uniforme ridicule qu'elle, chantonnait en fixant le vide devant son nez.

- ♪ I can see clearly now the rain is gone.... ♫

- Heu... Chef, on devrait ouvrir une deuxième caisse, y'a du monde qui vient de rentrer dans le restaurant ! lança la fille-chlorophylle.

Le métis baissa ses yeux injectés de sang sur elle :

- Wouah Majesté ça c'est une idée démentielle ! Ça doit faire boum boum bam badaboum boum bam dans ton cerveau !

- Je t'ai déjà dit : oublie le Majesté ! Appelle-moi Myo !

- Mais j'veux pas manquer de respect à la Reine des Plantes, Majesté !

Myo préféra éluder :

- Bon, alors on fait quoi ?

Ezzechiel, qui s'était remis à chantonner un air de reggae, baissa ses yeux sur Myo comme s'il la voyait pour la première fois :

- Quoi ?

- On ouvre une deuxième caisse ?

- Quoi ?

- Y'a du monde qui vient de rentrer ! On devrait ouvrir une deuxième caisse, Chef !

- Wouah Majesté ça c'est une idée démentielle ! Ça doit faire boum boum bam badaboum boum bam dans ton cerveau !

Myo soupira. Ezzechiel était très gentil, et c'était un chef d'équipe incroyablement cool et permissif... mais très souvent, il buggait et restait planté là, à ne rien faire, pendant plusieurs heures. Tenter de communiquer avec lui pendant ces périodes relevait du masochisme.

La jeune femme à la chevelure verte laissa donc tomber, et chercha des yeux les employés présents.

Quelques Omegas vaquaient à leurs occupations. Ils étaient très gentils, mais valait mieux éviter de leur demander trop d'efforts, face à des clients. En salle, leur professeur, Igniacius Nullos, boudiné dans une chemisette jaune trop petite pour lui, balayait encore et encore le même petit bout de sol avec l'aide d'une balayette graisseuse et d'une pelle sans fond, qui remettait inlassablement les saletés là d'où elles venaient. Myo se demanda une seconde qui s'occupait de faire cours aux Insuffisants en son absence. Sans doute Curie, et ce n'était sûrement pas plus mal.

En cuisine, en pestant assez fort pour que tout le monde l'entende et le remarque, MacMalden, le chef des PAFs, donnait des coups de poings sur un gros sac de viandes congelées. C'était le seul point noir de ce job : en tant que Pi Alpha Fi, MacMalden se faisait un point d'honneur à martyriser ses collègues Omegas, mettre des mains aux fesses des clientes Zeta, et harceler moralement Myo sous prétexte qu'elle était Gamma. Bref, hors de question de le faire venir en caisse.

Dans un coin, l'employé du resto le plus âgé, un Alpha Alpha Alpha nommé Stan, prenait des poignées entières de frites à même la friteuse, et, de ses mains sales, les fourrait dans sa bouche édenté en rigolant. Même s'il était sympa et qu'il ne manquait pas d'humour, ce n'était pas de ce côté là qu'elle allait trouver de l'aide.

Soudain, le regard de Myo s'éclaira : boudant dans un recoin, les bras croisés, Drago Malefoy grommelait sans faire quoique ce soit.

- Ah Drago ! Tu viens prendre une caisse ? lança-t-elle joyeusement.

- Ah Drago ! Tu viens prendre une caisse ? lança Myo de sa voix niaise.

Adossé à un mur, l’air sombre, Drago fit mine de ne pas l’entendre et préféra regarder ailleurs. Ce McGonagall’s était à n’en point douter le dernier cercle de l’enfer. Il l’avait su à l’instant même où il avait passé l’immonde chemisette jaunasse de rigueur et qu’Ezzechiel s’était mis à lui expliquer le fonctionnement des cuisines :

-Man, les cuisines, c’est le cœur de tout, sans elles pas de boum boum badaboumboum ! avait fait le beatnick la première fois qu’il était entré dans la pièce toute métallique et au sol jonché de tâches de ketchouille séchées et de frites écrasées.

-N’est-ce pas là le travail des elfes de maisons ? avait sifflé le blondinet, avec une moue de dédain.

Ezzechiel avait ouvert de grands yeux :

-Non, man, surtout pas…avait-il dit avant de lui chuchoter sur le ton de la confidence : les elfes sont syndiqués man, vaut mieux pas pourrir leur groove !

Le métisse avait lancé un sourire hypocrite à une des créatures elfiques qui était passée devant eux et avait même poussé le vice jusqu’à lui faire un petit coucou.

-Bon, man, j’texplique… avait-il repris quand l’elfe était parti. Y’a des choses que tu peux toucher et des choses que tu peux pas toucher…

-Je préfère ne rien toucher si cela ne te dérange pas. Avait sifflé Drago. Je vais utiliser ma baguette.

-Non, man…non…

Ezzechiel avait secoué la tête :

-La magie altère le gout des aliments, man…

Drago avait jeté un coup d’œil dépité à Angus MacMalden qui, avec un sourire mauvais, venait de cracher dans tous les Magic Cheese qu’il venait de préparer, sans que le beatnick ne remarque quoi que ce soit.

-Alors tu peux pas toucher les steacks de 100g, de 135g, ni ceux de 125, 5g, encore moins ceux de 58g, man. avait poursuivi Ezzechiel en désignant tout un tas d’aliments dont Drago n’avait que faire. Mais tu peux toucher ça, ça, ça et ça, man… ah non pas ça, mais ça oui, ça oui, ça non, ça non plus et si tu veux toucher le fromage, il faut bien vérifier qu’il est consentant avant…

-Je n’ai jamais entendu quelque chose d’aussi ennuyeux. Pesta l’Alpha. N’y a-t-il pas une mission moins indigne de moi ?

Ezzechiel qui s’était mis à regarder en l’air en rigolant acquiesça :

-Il y a bien les caisses, man…

-Parler à des gens ? Je crois que tu as dû sauter la ligne de mon dossier de candidature où l’on évoquait mes problèmes relationnels.

-Sinon, il y a l’équipe de nettoyage avec Nullos, man, mais il est un peu… nullos, man.

-Très peu pour moi.

Drago avait voulu partir, mais une énième lettre de l’administration avait atterri à ses pieds, lui rappelant qu’il n’avait pas le choix. Il avait croisé les bras, résigné.

Et dix jours plus tard, il les croisait toujours.

Drago jeta un coup d’œil dépité à Stanislas qui tentait de faire passer sous sa chemisette un sac de nuggets de vivets congelés. Les boutons de son vêtement sautèrent et des nuggets s’éparpillèrent partout par terre. Le vieillard entreprit de les manger un à un, sous l’œil endormi d’Ezzechiel.

-Drago ? fit Myo.

La jeune courge s’était rapprochée de lui :

-Faut qu’on ouvre une deuxième caisse, tu peux venir aider ?

Le blondinet la fusilla du regard et s’exécuta à contre cœur. Il s’approcha d’une caisse chassant le M bondissant de son serre-tête qui manquait à chaque mouvement de lui crever un œil.

-Bienvenue chez McGo… fit-il à l’adresse d’une vieille dame avec l’amabilité d’un gardien d’Azkaban. Que puis-je faire pour vous servir ?

La vieille femme hésita :

-Alors j’aimerais… euh…euh…euh…

Drago jeta un coup d’œil à une pendule qui trônait non loin : Dieu qu’il lui tardait la fin de cette journée.

-Euh…euh…euh…vous avez des Flitwick n’Toast ?

-Non.

-Pardon ? Je vous entends mal…

-Non.

-Vous êtes sûr ?

-Oui. Nous sommes chez McGonagall’s. Pas dans un Flitwick. Ce que vous auriez remarqué si vous n’étiez pas complètement sénile et sourde. D’ailleurs nous sommes sur un campus. Vous n’avez probablement rien à faire ici.

La vieille dame eut l’air vexé, et s’en alla sans commander rien de plus. Drago eut un petit sourire satisfait :

-Merci, et à bientôt chez McGo. Fit-il, narquois.

Malicia tapait du pied en faisant la queue dans le McGonagall tout neuf.

-Je vais le tuer… je vais le tuer… je vais juste trop le tuer… trop trop trop le tuer… chantonna-t-elle en serrant les dents.

Elle regarda l’heure : 18h15. Son cours de transplanage allait bientôt commencer. Elle allait être en retard. Mais elle avait quelque chose à faire. D’urgence. Elle s’était rongé les sangs tout l’après-midi et il était hors de question qu’elle attende plus.

Les deux dernières semaines étaient passées à toute vitesse. Sûrement parce que pour une fois, aucune menace si petite soit-elle n’avait plané sur l’université. Les cours s’étaient enchaînés sans qu’elle ne s’en rende compte : rattraper un mois de Sciences Sociales avait été difficile.
Mais maintenant qu’elle avait appris par cœur les codes que leur avait conseillé Maître Sancoeur, elle avait bon espoir de s’améliorer.

Elle avait aussi commencé à prendre des cours de transplanage avec Lulu, et la date fatidique de leur permis approchait à grand pas. Tout ça ne lui avait pas laissé beaucoup de temps pour elle, mais c’était sans doute tant mieux : Malicia aimait beaucoup être très occupée et n’avoir pas le temps de penser. Elle était d’ailleurs toute fière : en deux semaines, elle n’avait pas pensé une seule seconde à Drago et ce dernier ne l’avait pas embêtée une seule fois. La page était tournée, enfin !

Enfin… c’est ce qu’elle pensait.

Elle avait profité d’une pause entre midi et deux pour faire un saut chez les Zeta, qu’elle n’avait pas du tout eu le temps de voir. Ca lui manquait de se poser dans un des canapés et de papoter autour d’un bon cupcake dans l’ambiance pétillante de la maison rose. Elle n’avait pas eu de nouvelles d’aucune de ses copines, pourtant bavardes. Bah, elles devaient avoir eu autant de travail qu’elle…

Malicia entra dans la sororité :

-Salut les filles ! Belle journée, hein ? s’exclama-t-elle, guillerette.

Plusieurs sanglots lui répondirent et Malicia fronça les sourcils. Elle passa devant une fille qui leva les yeux vers elle et se mit à pleurer dans les bras de son amie. Continuant son chemin, la métisse parvint au grand salon où Perry Wigworthy, assise sur une table semblait en grande conversation avec Amalia Jones. A peine l’eut-elle aperçue qu’elle fit signe à Malicia de les rejoindre.

-Qu’est-ce qui se passe ? demanda la métisse.

Perry ne lui répondit pas, pensive.

Malicia jeta un coup d’œil inquiet à Amalia, qui se moucha bruyamment dans un mouchoir :

-Ahlala, Malicia, c’est terrible… fit cette dernière.

-Quelqu’un est mort ? demanda la métisse.

-Non, personne n’est mort. Fit Perry. Mais l’heure est grave.

La punkette bondit sur ses pieds :

-Les Zeta ont été la cible d’un lâche attentat.

-Quoi ?

Malicia regarda autour d’elle :

-On nous a attaquées ?! Mais quand ?! C’est les PAFs ?

-Non, c’était pas les PAFs. Répondit Perry. Et c’était pas non plus une attaque frontale. Non, la personne qui nous en veut est plus maligne que ça. Il a patiemment défait nos défenses une par une… BORDEL !

La punkette tapa du poing sur la table.

Malicia s’approcha d’elle :

-Attends… tu as bien dit « Il » ? Il n’y a qu’une seule personne qui nous attaque ? Mais qui ?

Amalia fondit en larmes :

-Mais… je…suis… sûre qu’il ne nous voulait pas de mal… il… il…il…

-La ferme, Jones ! De la dignité ! intima Perry avant de prendre Malicia par le bras et de la traîner vers le mur du grand salon. Tu veux savoir le nom de notre ennemi ? Tu vas pas être déçue !

Ce mur, la métisse le connaissait bien : chaque Zeta avait le droit d’y coller la photo des garçons qui lui avaient fait du mal, et elle n’avait pas dérogé à la tradition. Mais voilà, le mur, couvert de photos et de dessins de toutes sortes avait…changé.

Malicia écarquilla les yeux et ses jambes flageolèrent sous le choc :

-Oh. Mon. Dieu. Lâcha-t-elle, horrifié.

La photo de Drago qu’elle avait collé jadis était toujours là. Mais elle n’était plus la seule : le mur avait été recouvert de photo de son ex. Seule une photo de Magnus Magouille, collée au beau milieu, dépareillait le tableau.

-Oh mon dieu. répéta la métisse.

Elle se tourna vers Amalia :

-Drago a… a…

Sa camarade baissa la tête, penaude :

-Oui. Fit-elle avant de fondre a nouveau en larmes. Mais, moi il m’aimait vraiment… Il me l’a dit !

-Mais réveille-toi, Jones ! Il l’a dit aux quinze filles qu’il a culbutées ! s’énerva Perry.

Malicia pâlit à vue d’œil :

-Cul...culbutées ? bredouilla-t-elle. Qu…quinze ?

-Comme j’te dis ! fit la punkette, hors d’elle. Il leur a promis la lune et après… PAF !

-Paf ? couina la métisse.

-PAF ! A ce niveau là, c’est plus de la séduction, c’est une hécatombe ! s’exclama Perry, rouge de colère. Ce gars là est pire qu’un virus ! Et il va payer, foi de Wigworthy ! Ca va être le bain de sang ! La bataille contre Tu-Sais-Qui en dix fois pire ! On touche pas au Zeta !!! BORDEL !

Perry donna un coup de poing contre le Mur.

Malicia sursauta.

-Mais… mais…

Son sang ne fit qu’un tour :

-Je vais m’en charger, d’accord ?

Perry se tourna vers elle :

-Hein ? Toi ? Mais tu n’y pense pas ! Il va te retourner comme une crêpe !

-JE VAIS M’EN CHARGER, J’AI DIT ! cria Malicia.

Elle serra ses petits poings :

-Drago a failli me mettre en miettes, mais je m’en suis sortie ! Il va voir ce qu’il va voir ! Cette fois-ci, j’en fais une affaire personnelle.

Et c’est comme ça qu’après une après-midi entière à bouillir, Malicia s’était retrouvée à faire la queue au McGonagall’s. Les gens défilèrent petit à petit, alors que la métisse plissait les yeux.

Finalement, elle se retrouva face à Drago. Ce dernier ne leva même pas les yeux.

-Bienvenue chez McGo que puis-je vous servir ? fit-il de son habituelle voix traînante.

-Un Menu Explications avec triple dose de rancune. Articula Malicia, le regard noir.

Drago leva les yeux et eut l’air amusé :

-Sur place ou à emporter ? ironisa-t-il.

Alors que la salle se remplissait encore et toujours de clients affamés, Drago eut un sourire mauvais :

-Malicia. susurra-t-il. Quel mauvais vent t'amène ?

Il remarqua qu'Ezzechiel venait de faire un large sourire à Malicia et les observait de loin. Mieux valait ne pas faire de vagues. Le frère de Malicia n'était pas particulièrement content de lui et il avait besoin de ce travail. Il leva la voix, pour donner le change :

-Vous hésitez entre notre menu Happy Métamorph ou notre menu XL Magic Bacon ? Comme c'est compréhensible ! Ils sont exactement identiques, prenez-donc le plus cher !

Malicia le regarda avec un œil mauvais :

-Ce qui m'amènes ? Le vent de... commença-t-elle avant de s'interrompre brutalement, ne trouvant pas de répartie valable, comme le blondinet l'avait prévu. Trêves de métaphores. Tu sais pourquoi je suis là !

Drago fit mine de tapoter quelque chose sur sa caisse enregistreuse :

-Ah vraiment ?

La Zeta ferma les poings :

-Vraiment !

-Vraiment ? s'amusa le blondinet.

-Vrai... Ca suffit, Drago ! Qu'est ce que c'est que cette histoire ?! s'énerva Malicia.

Sa voix se perdit dans les aigus.

-Hey ! Y'en a qui attendent derrière ! s'énerva un des clients.

-Oh ça va ! fulmina la métisse.

Elle se retourna vers son ex et serra ses petits poings :

-Je savais que tu étais mauvais jusqu'à la moelle mais ça ! Ca, c'est le pompon ! Tu te rends compte de ce que tu as fait à ces filles ?! QUINZE F...

Drago lui fit signe de baisser la voix et elle clama bien haut "Euh... vous avez du ketchouille ?" avant de se reprendre :

-Quinze filles ! siffla-t-elle.

-Je ne vois rien de choquant. répartit sèchement Drago.

-EN DIX JOURS !!! hurla la métisse.

Le silence retomba alors que les deux se toisaient avec colère. Finalement, le blondinet haussa les épaules en chassant une énième fois le M qui valdinguait sur sa tête :

-J'ai beaucoup de temps libre.

-Et tu l'utilises à quoi ? A briser le cœur de toutes les filles qui passent ?!

Drago eut un petit rire mesquin :

-Est-ce ma faute si tes consœurs ont toutes un besoin irrépressible d'être consolées ? Au fond, je suis un bienfaiteur.

Il croisa les bras satisfait :

-Je vois cela comme un travail d'intérêt public.

Alors que Malicia ouvrait la bouche, choquée, le blondinet se pencha vers elle :

-Cela dit, la vraie question est plutôt : que fais-tu ici à me reprocher des actes qui ne te regardent pas ?
-Quoi ? fit la métisse.

-Tu m'as bien entendu. Ce que je fais ne te concerne en rien depuis que tu as eu l'outrecuidance de rejeter mes avances. Et ne me prends pas pour un imbécile. Je sais parfaitement que tu n'es pas là pour venger tes amies.

Il eut un sourire cruel :

-Ma théorie est plutôt que tu es vexée.

-Vexée ? siffla la métisse. Mais tu rêves !

-Exactement. rétorqua Drago. Vexée. Parce qu'en une année, je ne t'ai pas touchée.

Il éclata de rire :

-Et pourquoi l'aurais-je fait ? Tu es inintéressante.

Malicia ne répondit rien.

-Oh pauvre Malicia... ironisa l'Alpha.  Que croyais-tu ? Que tu étais la seule sur cette planète ? Qu'en me rejetant, j'allais être anéanti ? Que je ne pouvais pas vivre sans toi ? Que ce qui s'est passé l'année dernière comptait pour moi ?

Drago considéra la jeune fille avec mépris :

-Comment peux-tu vivre en étant aussi idiote ?

Drago eut un petit sourire satisfait :

-En fait, en me rejetant tu m'as rendu un grand service. Tu m'as fait comprendre qu'il était parfaitement inutile de s'attacher à qui que ce soit. Sachant cela, je peux tout me permettre.  Et crois-moi, je ne compte pas m'arrêter en si bon chemin.

Son sourire disparut :

-Maintenant disparais de ma vue.

Drago haussa la voix :

-Merci et à bientôt chez McGo.

Malicia le regarda froidement encore quelques secondes, et finit par tourner les talons. Le blondinet la regarda partir, un brin de tristesse dans le regard. Son nouveau client s'énerva, le tirant de ses pensées :

-Hého, vous m'écoutez ? Je veux un menu XL Méga...

-Je me fiche de ce que vous voulez.

Drago laissa sa caisse derrière lui et partit dans les cuisines.


:arrow: Malicia va là !

Myosotis jetait des coups d’œil en coin à son amie, qui était dans un état d'énervement que la jeune femme aux cheveux verts ne lui avait jamais vu. Ça l'inquiétait beaucoup, mais il y avait énormément de clients à cette heure-ci, et comme Drago l'avait abandonnée, elle était toute seule en caisse pour gérer tout ce flux, sous le regard à nouveau absent d'Ezzechiel.

Pauvre Drago, d'ailleurs... Myo n'avait pas tout saisi de la scène qui s'était déroulé quelques minutes auparavant être lui et Malicia, mais le pauvre blondinet s'en était reparti malheureux comme les pierres. C'était à fendre le cœur de voir comme il aimait encore la Zeta ! Il faudrait qu'elle aille le voir aussi, dès qu'elle aurait une seconde, pour voir comment il s'en remettait.

- Alors il vient mon Croque McGo ?! s'impatienta devant elle un étudiant obèse qui avait déjà englouti la portion de frites qu'elle venait à peine de poser.

- Hein ? Oh, oui, pardon, pardon !

Elle se tourna vers les cuisines et lança joyeusement :

- S'il vous plaît il va manquer un Croque McGo !

A peine avait-elle fini sa phrase qu'elle se reçu en pleine poire le fameux sandwich en question... sans emballage. De la sauce et du fromage fondu dégoulinèrent sur ses cheveux émeraude, tandis qu'un ricanement gras reconnaissable entre mille s'élevait des cuisines.

Myo serra les dents :

- MacMalden....

Elle en avait marre, mais marre, de ce lourdeau ! Le pire c'est que cet abruti à la masse musculaire inversement proportionnels au QI travaillait les mêmes jours qu'elle, et elle devait supporter presque quotidiennement ses brimades de gros PAF sans cervelle. Elle prit une longue inspiration, et après s'être lancé un sortilège express de récure-tout, elle se tourna vers son client :

- Désolée, il semblerait qu'il y ait un petit retard, je vous apporte votre Croque dès que possible !

Le client fit une grimace outrée et partit s'asseoir en salle, la tête haute.
Et, après quelques clients, vint enfin le tour de Kimberlie. Cette dernière gigotait tellement qu'on aurait pu la croire percluses de TOC.

- Heu... Kim ? Ça... ça va aller ?

- Ouais.. Donne-moi juste quelque chose à boire. Un café, un Wizz Cola ou un Red Buffle.

Myo lança un sourire crispé à son amie :

- Heu... un jus de citrouille, ça ira ? Je préfère que tu évites la caféine, dans ton état.

- Si tu le dis, répondit la métisse avant de se mettre à se ronger les ongles.

L'employée secoua la tête, ce qui fit bouger en rythme le petit M monté sur ressort au dessus de son serre-tête. A l'évidence, Kimberlie n'allait pas bien. Elle ne pouvait pas la laisser comme ça !

Après avoir déposé un verre de jus de citrouille devant elle, elle se tourna vers Ezzechiel, qui, sourcils froncés, détaillait le plafond blanc.

- Chef ! Ça te dérange si je prends cinq minutes de pause ?

Le métis baissa lentement ses yeux mi-clos sur la fille aux cheveux verts. Puis il tourna son regard vers l'énorme foule de clients, qui commençait à montrer des signes d'impatience. Puis il regarda Myo. Puis la foule. Puis Myo. Il fronça les sourcils, comme s'il essayait de faire un lien entre ces deux choses. N'y parvenant pas, il finit par dire :

- Nan, vas-y Majesté, c'est cool.

Il se tourna vers l'interstice entre la cuisine et le comptoir, et désigna mollement MacMalden :

- Man, la roue de ton karma vient à nouveau de tourner ! Viens remplacer la Reine et servir les clients, man !

- QUOI ?!

Myosotis se carapata avant d'en entendre plus de la réaction du Pi Alpha Fi. Elle prit Kim par le bras, et l'entraîna dans un coin du resto. Les deux filles passèrent devant le prof Nullos qui balayait encore et toujours les deux mêmes carreaux du carrelage, puis s'installèrent face à face à une table déserte.

- Ma pauvre, tu es dans un état ! fit Myo de sa voix douce. Il faut que tu te calmes !

- Avec Griselda capable de déclencher une apocalypse dans ma vie amoureuse ?!

On entendit un gros bruit du côté des cuisines,comme un grand fracas de casseroles et autres ustensiles. Myo jeta un œil peu rassuré vers son lieu de travail... puis elle renonça à savoir ce qui s'y passait, et posa une main amicale sur l'épaule de la batteuse :

- Tu sais ce n'est pas si grave ! Au pire si elle te ramène un garçon tu lui expliques que c'est un malentendu ! Vu comment elle est... comment dire... complètement zinzin, ça passera pour une de ses lubies, je te jure !

On entendit des éclats de voix non loin.

Kimberlie ne paraissait pas convaincue, alors la fille-chlorophylle ajouta :

- Et puis la connaissant, elle a peut-être déjà oublié...

- Et connaissant ma déveine, elle est en train de me faire une de ses réputations !

- Si une réputation doit en pâtir, c'est celle de l'étudiante qui parle à un bout de chiffon, tu ne crois pas ? Tu n'as pas à t'en faire. Et puis même si elle est comme elle est, au fond, elle est pas méchante : explique-lui que tu n'as plus besoin de ses ''services'', je suis sûre qu'elle...

BOUM.

- ET LA PROCHAINE FOIS T'Y PENSERA A DEUX FOIS ! hurla la voix de MacMalden.

Myo se leva, et se précipita vers le comptoir : le chef des Pi Alpha Fi venait d'envoyer à terre un Pi Omicron Pi, et vidait à présent le contenu d'une canette de Wizz Cola sur le malheureux en ricanant. Le tout sous les regards outrés des autres clients.
La fille aux cheveux verts n'en croyait pas ses yeux : elle ne pouvait pas laisser ses collègues cinq minutes sans qu'il se passe une catastrophe ?

- Mais qu'est-ce qui se passe ?! s'écria-t-elle.

- Il m'a d'mandé un pain, je lui ai filé un pain ! ricana le Pi Alpha Fi, fier de son jeu de mot, les mains sur les hanches

- Mais mais mais... bégaya-t-elle.

- ME FAIS PAS LA MORALE OU T'Y AURAS DROIT AUSSI ! IL M'A MANQUÉ DE RESPECT !

- J'ai rien fait ! couina le malheureux à terre, qui se tenait son nez sanglant en gémissant. J'voulais juste un Big Minerva !

- LES TÊTES D'AMPOULE N'ONT PAS A ME DONNER D'ORDRES TU M'ENTENDS ?!

Myo se tourna vers Ezzechiel, qui battait son propre record d'immobilisme.

- Chef, pourquoi tu fais rien ?! demanda-t-elle, stupéfaite.

- Faire quoi ? fit lentement le métis.

Myo jeta un regard désolé à son amie :

-Pardon mais il faut que j'y retourne ! Si tu veux reste dans les parages et quand je dépointe on parle de tout ça !

Elle se faufila au comptoir et poussa doucement MacMalden vers les cuisines, avant de s'excuser envers le POP et de s'occuper des autres clients.

Arrivés devant l'enseigne Mc Gonagall's, au M gigantesque et illuminé dans le crépuscule, Om Rajesh Kapoor s'arrêta un moment, quelque peu circonspect. Alors qu'Ava le trainait littéralement à l'intérieur, l'étudiant en Médicomagie se demandait toujours si le choix de ce... restaurant était en fin de compte une bonne idée.

Si l'on en croit les folles rumeurs qui circulent sur le compte de cette pittoresque chaine gastronomique, nous pourrions tout aussi bien commencer à songer à nos futures obsèques... Le détail de ces "menus" ne me dit rien qui vaille. Peu m'importe, je n'en puis plus ! Après une journée entière à éponger la sueur de mon front à la simple pensée que nous aurions pu faire sauter mon Bâtiment de cours, nous avons bien mérité de faire une halte pour nous sustenter ! Et puis après tout, j'ai entendu dire qu'en plus de Drago, plusieurs de nos joyeux compagnons travaillaient déjà dans cet endroit... Cela vaut la peine de nous y arrêter !
...
Dans le pire des cas, dans l'éventualité où nous consommerions des aliments à la fraîcheur douteuse, le dispensaire n'est pas très éloigné...

-Bon, tu viens ou tu prends racine ici ? lança la Zeta, interrompant le fil de ses pensées. Je meurs de faim !

-Oui, bien sûr mon amie ! J'arrive prestement ! Vois-tu, je ne suis jamais entré dans une telle enseigne...

-Boaaah, tu verras c'est loin d'être aussi dégueu qu'on le dit !

-D.. "dégueu", dis-tu ?

-Oui, bon, enfin ça a jamais tué personne, quoi... fit Ava en levant les yeux au ciel devant l'incertitude du Pi Omicron Pi. Allez, amène-toi !

Tout deux entrèrent dans le fast-food. Ils étaient exténués psychologiquement, après avoir passé toute une journée à subir la mauvaise humeur et les exigences du Professeur Feinstein, malgré les encouragements d'Eniripsa Curatelle, et à enchaîner la concoction de potions aux formules hasardeuses dont l'application dans le domaine médicomagique semblait assez incertaine aux yeux de Om. L'hindou en avait perdu la notion du temps, coincés qu'ils étaient dans ce laboratoire froid et aseptisé. L'élaboration des philtres en tout genre n'était décidément pas sa matière favorite.

Ava, quant à elle, avait très vite retrouvé son entrain, dès lors qu'il s'était agi de confectionner des potions plus... expérimentales, et sa bonne humeur ne l'avait pas quittée depuis.

Malgré le manque de motivation de l'hindou à l'idée de dîner dans ce genre d'établissement, la perspective de retrouver son "mentor" en séduction et autres conseils quant à la gente féminine ainsi que certains de ses compagnons l'enchantait au plus haut point. Les deux sorciers observèrent les lieux en quête d'une caisse libre. Et effectivement, Om fut tout à sa joie de découvrir l'aimable Myosotis se tenant derrière une caisse-enregistreuse, prenant ses commandes un sourire radieux aux lèvres. Cette fois-ci, ce fut au tour de l'Omicron d'accélérer l'allure, alors qu'il se dirigeait vers la jeune fille aux cheveux verts :

-Une excellente soirée à toi, Myosotis !

-Hello, Om ! Comment vas-tu ?

-Et bien ma foi, tout va pour le mieux : j'ai terminé une nouvelle journée studieuse ! Voici mon amie Ava !

-Salut Ava !

-Salut ! dit cette dernière, avant de reporter son regard sur les menus.

-N'aurais-tu point de menus végétariens, Myosotis ? demanda Om, inquiet.

-Si si, si, bien sûr ! Je peux te proposer...

-Hey ! fit un gros client en colère qui attendait dans la file derrière eux. Vous êtes pas tout seuls ici !

-Oh ça va ! soupira Ava. Vous êtes pressé ?

-Oui, ne vous en faites pas ! s'empressa de dire l'hindou. Nous nous dépêchons ! Myosotis mon amie, un menu végétarien, n'importe lequel ! Et toi, Ava ?

-Mouais... un Maxi McGo avec supplément frites, un Happy Métamorph et un Spécial Minerva, s'il te plait.

-C'est comme si c'était fait, fit la Gamma avec enthousiasme.

Alors qu'elle passait la commande en cuisine, le regard de Om fut attiré vers l'une des tables du fast-food : il y aperçut avec surprise Kimberly McCormick, la Gamma Phie Ortie survoltée, qui se rongeait les sangs assise toute seule.

Mu par un étrange pressentiment, Om donna une légère tape sur l'épaule d'Ava, lui indiquant la table :

-Je vois que mon énergique amie Kimberly semble d'humeur quelque peu... contrariée.

-Qui ça ?

-Oh, suis-je bête ! Je manque à tous mes devoirs de bienséance ! Si Père me voyait ! Viens donc, je vais te la présenter ! Je suppose qu'on pourra nous apporter nos copieux repas directement à table, non ?

Ava fixa son ami de manière dubitative :

-T'as vraiment JAMAIS mis les pieds dans ce genre d'endroit... Bien sûr qu'ils peuvent nous apporter la bouffe à nos places !

-Oh vraiment ? Vois-tu, tout ceci est nouveau pour moi... Allez, suis-moi !

Tout deux se dirigèrent vers la table où la Gamma était assise, le regard angoissé et se rongeant les ongles frénétiquement.

-Bonsoir Kimberly ! Par les dieux, je ne pensais pas trouver autant de mes camarades d'aventure ici ce soir !

Cette dernière tourna la tête vers les deux sorciers, sursautant alors qu'ils s'asseyaient à sa table :

-Oh, bonsoir Om...

Elle tourna la tête vers la Zeta. Devant le regard de Kim, Om s'empressa d'ajouter :

-Voici mon intrépide amie Ava ! Ava, voici mon... une autre de mes intrépides amies, Kimberly !

L'hindou posa ses mains croisées sur la table, soupirant d'aise en s'enfonçant dans la banquette en cuir rouge vif.

Un jour de labeur de plus qui vient de s'achever ! Shiva sait récompenser ceux qui font preuve de ténacité dans leur travail, c'est connu ! Je me demande s'ils mettent des épices dans leurs menus...

Ava avait enfin réussi à convaincre Om de venir manger ici. Ca avait été dur ! Elle en avait passé de longues minutes à essayer de le convaincre. Il était tétu quand il s'y mettait, presque autant qu'elle, et ca, il fallait le faire quand même ! Il lui avait présenté quelques personnes mais une seule avait réellement retenu son attention et pour cause ! Ses longs cheveux verts ne passaient pas inapercus. Myosotis elle s'appelait si ses souvenirs étaient bons.

Après avoir commandé, Om l'avait attirée vers une autre de ses amies. Une métisse aux cheveux courts et sacrément frisés ! Les entretenir devait etre une galère sans nom ! Et... ! PAR LE CALECON DE MERLIN ! Elle rongeait ses ongles ! Quelle horreur ! Une fille se devait d'avoir une manucure toujours impeccable ! Il ne fallait pas qu'elle se les ronge !

Ava prit grandement sur elle pour ne pas montrer combien elle était choquée avant de poser son sac sur la chaise d'à côté et de s'asseoir, comme si elles se connaissaient depuis longtemps. Elle lui fit un petit sourire. Il ne fallait pas trop lui en demander quand même !

- Bonjour.

Puis elle ne sut pas quoi ajouter d'autre. Après tout, elle ne la connaissait pas cette fille. Elle ne savait pas quoi lui dire. Et elle semblait plus dans ses pensées que dans l'optique de faire une conversation constructive.

La jeune brune au teint clair haussa les épaules, détacha ses longs cheveux et sourit en voyant la fille aux cheveux verts apporter leur plateau.

- Génial ! Merci !

Ert avec appétit, elle se mit à manger. Oui, même avec la classe à la française, la meilleure éducation du monde, on pouvait encore manger bien gras. Mais il était nécéssaire de se faire plaisir par moments et la, c'était un moment pour se faire plaisir ! Elle irait faire un long jogging ce soir pour compenser, mais là, place au repas ! Elle avait une faim d'ogre t pouvait manger tout ce qu'elle voulait sans la crainte de prendre le moindre gramme. La classe quoi !

Griselda avait passé une très bonne journée en cours d'Arts de la Psyché. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle aimait beaucoup Madame Idamia, la professeur. Elle la trouvait très saine d'esprit, très spirituelle ; en somme, quelqu'un sur qui on pouvait compter. Par contre, la baguette de cette dernière était pernicieuse, et l'Irlandaise n'aimait pas l'air supérieur qu'elle prenait. Gri avait demandé à son Lethifold Lethifold de garder un œil sur elle pendant son cours de Logistique des Canapés, et d'Histoire de la Camisole, et tout s'était bien passé... pour le moment.

Après avoir fini tous ses devoirs et fait un petit somme bien mérité, la garçonne se leva avec un petit creux.

C'était le moment où jamais pour le tester le nouveau fast-food qui venait d'ouvrir aux Champs Z'Allons-y!

Après avoir fait la queue pendant de longues minutes, Gri parvint à un comptoir décoré de M jaunes, derrière lequel Myosotis se tenait, tout sourire.

-Ah, salut Griselda !

-Salut Chlorofille ! Ça va bien ?

-Oui ! Tu as choisi ce que tu veux ?

Gri jeta un coup d’œil aux panneaux remplis de photos de nourriture.

-Une salade Minervoise et un verre de jus de Citrouille pour mon Lethifold, s'il te plaît Chlorofille !

La fille aux cheveux verts la servit en souriant, et la folle au lethifold prit son plateau en gloussant.

Elle marcha un moment à la recherche d'une place dans la salle bondée, puis ses yeux s'illuminèrent :

-Rôôôôôôôôh mes amis !

Sans leur demander leur avis, elle s'assit en face de Kim et Ava, et juste à côté de Om, sans remarquer leurs visages horrifiés. La métisse avait l'air la plus épouvantée :

-Griselda ?! Mais mais mais...

-Oui Kimikim ? T'as passé une bonne journée ?

-Mais mais mais... Tu n'as rien fait pour... pour tu sais quoi ?

-Quoi je sais quoi quoi ? s'enquit poliment l'Irlandaise.

-Ben tu sais... Sur ce qu'on a parlé ce matin...

La folle se creusa la cervelle un long moment.

-Ben, je... je...

Kim soupira, soudain plus détendue.
Griselda se méprit sur l'air éberlué de Kim. Là où il n'y avait que du soulagement et du dépit de s'être fait du mouron pour rien, elle crut déceler de la déception. Aussi elle réfléchit intensément. Kim grommela :

-Laisse tomber, relax !

-Non, je m'en souviendrais, sois pas furax !

Gri ouvrit soudain grand ses yeux, et hurla devant les yeux abasourdis d'Ava et Om :

-AH JE ME RAPPELLE TU VOULAIS QUE JE TE TROUVE UN PETIT AMI PARCE QUE T'ARRIVES PAS A EN TROUVER UN TOUTE SEULE C'EST CA ?!

La batteuse ouvrit la bouche choquée. Gri secoua la tête :

-Rho c'est bon fais pas ta mauvaise tête, je vais t'en trouver un, souffla-t-elle, comme si elle parlait à un enfant récalcitrant.

Elle se tourna vers Om, et lui demanda d'un coup :

-Om, mon meilleur ami, tu veux bien sortir avec Kim ? Elle est joufflue et elle vole toute l'eau chaude le matin mais elle est pas méchante au fond.

L'hindou fut pris au dépourvu :

-Comment ?!

Brusquement, les portes du fast-food miteux s'ouvrirent à la volée, et une ombre se profila au sol. Faisant résonner ses pas sur le carrelage par le claquement de ses éperons, Titus entra dans le restaurant la clope au bec.

-Excuse-moi mon pote, fit un des employés boutonneux, mais c'est interdit d'fumer ici...

Tirant une longue latte, le cowboy exhala sa fumée de nicotinagie à la tronche du commis et écrasa sa cigarette par terre. Puis il scruta la salle des yeux, et découvrit rapidement la bande de sorciers en train de bavasser tranquillement. Une veine palpita sur son front :

-Ça va ? J'vous dérange pas trop ?

Les têtes se tournèrent dans sa direction.

-Ben, Titus ? Ça va pas ? hésita Kim. Tu débarques un peu à l'improviste, là...

-Ouais. J'ai pas envoyé d'fleurs non plus. Tu m'en voudras pas.

-Et que nous vaut donc l'infini honneur de ta visite ? fit Om

-Qui c'est çui-là ? fit Ava distraitement.

-C'EST MON GRAND POILU !

Griselda se jeta dans les bras de Titus qui fit la grimace comme à son accoutumée. La folle planta son regard dans les yeux du cowboy :

-Que dis-tu mon aimé ? NOUS ALLONS BIENTÔT NOUS MARIER ?? OUIIIII, JE LE VEUUUX !!!

-Heing, fit ce dernier, horrifié. Mais j'ai rien dit, moi ! Allez, tires-toi d'là, débile !

L' irlandaise se tourna vers les autres :

-C'est un amour partagé !

-Ouais, ouais bon c'est pas tout ça, grommela Titus, mais il est l'heure de s'tirer de ce clapier.

-Bah pourquoi ? demanda Kim.

-Comment ça pourquoi ? Parce que j'ai passé une journée d'merde, que les p'tits gars et moi on a préparé une fiesta au Potiron, et que j'ai donc la ferme intention d'me beurrer la gueule, voilà pourquoi !

-J'peux venir aussi ? demanda Ava

-Ouais, si tu veux. Tout l'monde est invité, du moment que je peux me bourrer la tronche...

Il se tourna vers Myo à la caisse :

-YO ! FIESTA AU POTIRON ! RAMÈNE TES FESSES QUAND TU POURRAS !!!

Et sans attendre la réaction des autres, il sortit en trombe du resto.

TITUS VA A LA FÊTE, A :arrow: l’IMPASSE DU BIZUT POURFENDU.

Avis aux amateurs !

Myosotis écarquilla les yeux à l'annonce de la fête organisée par Titus, et une lueur d'envie y brilla. Une fiesta Gamma ! Mais quelle bonne idée ! Ça faisait bien longtemps qu'il n'y en avait pas eu. Et entre les événements bizarres de la WoW ces derniers temps, sa dispute épique avec sa mère et tout, Myo avait vraiment besoin de s'amuser et de boire avec ses potes. Surtout qu'avec son nouveau boulot, elle avait l'impression de ne pas avoir vu ses amis depuis un bail !
Le problème, c'est qu'il y avait un sacré monde qui faisait la queue au McGo, et elle était seule pour les servir tous. Elle était censée finir à 23h, dans plusieurs heures, autant dire qu'elle allait rater les débuts de l'apéro.

Quoique... ?

Myo se tourna, pleine d'entrain, vers là où se trouvait depuis plusieurs heures Ezzechiel. Elle mit son plus gros sourire et lança avec espoir :

- Chef, dis, ça te dérange pas si je finis plus tôt ?

Mais le métis n'était plus à sa place. Il avait grimpé sur le comptoir, sous le regard étonné de tout les clients, et leva les bras vers le plafond, comme un gourou en plein discours mystique :

- Bien chers clients. CASSEZ-VOUS ! ON EST FERMÉS ! A BIENTÔT CHEZ McGO !

Un murmure désapprobateur s'éleva de la foule des clients :

- Quoi ?!

- Mais j'ai faim !

- J'ai pas encore commandé !

- Il est super tôt !

- Vous n'avez pas le droit !

Ezzechiel bondit à cloche pied sur son comptoir, les sourcils froncés, tout en colère :

- JE SUIS LE CHEF ICI J'AI TOUS LES DROITS !

Il brandit sa baguette, et toutes les portes du restaurant s'ouvrirent avec fracas.

- ALORS CASSEZ-VOUS ! UNE FÊTE GAMMA M'ATTENDS ! LA GRANDE CITROUILLE RÉCLAME SON ROI DÉCHU !

- On va se plaindre ! croassa une cliente outrée.

- CASSEZ-VOUS OÙ J'INVOQUE CTHULHU !

- Non pas ça ! s'écria Myo, se rappelant du démon horrible qu'il avait invoqué quelques jours plus tôt.

Elle se tourna vers les clients et leur adressa un sourire désolé :

- Pardon, vraiment ! Revenez demain !

Tous finirent par sortir en grommelant.
Myo partit rejoindre en gambadant le petit groupe de Kim et Gri :

- Hihi vous avez vu ? On va fermer plus tôt pour faire la fête ! Trop cool !

Elle sautilla, toute excitée, et le M au dessus de sa tête bondit en rythme.

- Ouais trop cool, Majesté ! fit Ezzy derrière elle, de sa voix vaseuse. Allons-y, le Grand Potiron n'aime pas attendre, man.

Myosotis réalisa quelque chose :

- Mais Chef... On peut pas partir comme ça ! Faut quelqu'un pour fermer le resto, ranger, tout ça !

Le métis hocha lentement la tête :

- Ah ouais Majesté c'est vrai... Totalement pas zion, ça.

Il se tourna vers quelques équipiers heureux en train de quitter les lieux, et hurla :

- MACMALDEN LA ROUE DE TON KARMA TOURNE A NOUVEAU : TU FAIS LA FERMETURE ! MERCI MAN !

Il se retourna vers le petit groupe :

- On y va ?


:arrow: Tout le monde part faire la fête LA !