Le bal de la discorde
AVEC : Lulu, Marcus, Drago, Mali
PRIVÉ / PUBLIC : privé, please !
DATE : 23 Décembre

Le quartier résidentiel de la WoW University était chatoyant. Nombreux étaient ceux qui avaient recouvert leur maison de guirlandes ensorcelées et clignotantes, de boules de verre colorées ou autres pères Noël  facétieux. Une musique de fête s'élevait d'on ne savait où, et mettait des sourires sur les visages de ceux qui osaient braver l'épaisse neige au dehors.

Bref : l'esprit des fêtes de fin d'année fleurait bon, partout dans Mysteria Lane.

Enfin... presque partout.

-TU AS FAIT QUOI ?! hurla une voix furibonde, depuis la maisonnette des Flint.

Lucrécya considéra son mari, les yeux mi-clos. Son boursouflet, juché sur sa tête, faisait de même.

-J'ai juste dit à Mali que j'irai au bal avec elle, fit l'AAA en bâillant. Pourquoi tu le prends personnellement ? J'le prends pas personnellement, moi !

-Et tu décides ça au tout dernier moment ?!

La petite batteuse secoua la tête :

-N'importe quoi ! Ça fait des semaines qu'on a décidé qu'on irait entre filles ! Voire même des mois !

Marcus resta bouche bée quelques secondes.

-Mais pourquoi tu me l'as pas dit avant ?!

-Chais pas.

-Le bal de Noël est dans quelques heures !

-Tu m'en diras tant.

-T'aurais pu me le dire hier ! Quand je t'ai dit « ah, il me tarde d'aller au bal avec toi ! »

-Ah ouais. Mais nan.

-Ou la semaine dernière, quand je me suis foutu de la gueule de Malefoy toute la soirée, parce que j'avais une cavalière et pas lui !

-Ah ouais aussi. Mais nan.

-Ou y'a deux semaines, QUAND T'ES VENUE AVEC MOI POUR CHOISIR MON COSTUME DE BAL AUX CHAMPS Z'ALLONS-Y ! cria Marcus, les sourcils froncés.

Pour montrer son désintérêt, la petite batteuse haussa les épaules :

-J'y avais pensé... mais après j'ai zappé.

Le PAF grogna, mécontent :

-Et avec qui j'y vais, moi, du coup ?

Lulu pouffa de rire :

-T'as qu'à y aller avec Malefoy ! Vous faites tellement gonzesses quand vous êtes ensemble, que ça passera !

Le Pi Alpha Fi secoua la tête :

-Non mais ça va pas ? Je veux pas passer pour une tafiole auprès des gaillards de la fraternité ! T'imagine la honte ?! Même MacMalden a trouvé une meuf pour le bal ! C'est sûr, il a du piocher dans les Omegas... mais c'est une meuf !

-Ah ouais, ben... fallait y penser avant ! rétorqua la brunette.

Son mari la dévisagea, outré :

-Avant quoi ?! Tu viens à peine de me le dire ! Rha, ça m'énerve ! J'me casse, j'ai besoin d'un verre !

Il sortit de la maisonnette, non sans claquer violemment la porte derrière lui.

Lulu, restée seule dans le salon, se gratta la tête.

-Tiens, je prendrais bien un bain moussant, décréta-t-elle, sans s'en faire plus que ça.

Elle se dirigea vers la salle de bains, en sifflotant. Son boursouflet couina en essayant de l'imiter.

Une porte claqua à l'étage inférieur et Drago maugréa, en se retournant dans son lit, yeux froncés. Il était du genre à avoir le sommeil léger. Son Père y avait veillé et avait toujours demandé à ce que son précepteur lui raconte d'horribles histoires de trépas ou d'assassinats nocturnes avant qu'il ne s'endorme. Attila, roi des huns, décédé lors de sa nuit de noces, étouffé par un saignement de nez. Le Père de Hamlet, empoisonné dans son sommeil. Plagueis le sombre, si puissant qu'il pouvait redonner la vie, tué dans son sommeil par son apprenti. Rien d'étonnant à ce que une dizaine d'années plus tard, l'alpha ait encore du mal à rester assoupi.

Pourtant ce matin, il faisait exception à son  régime habituel. C'était les vacances après tout, et Drago se devait de reprendre des forces avant de se lancer dès janvier dans des révisions effrénées. La période des partiels n'allait pas tarder à arriver. Et il comptait bien triompher sur ses concurrents. En attendant, il lui fallait du repos. Et la saison était toute indiquée pour cela : il faisait froid depuis des semaines, et la neige avait recouvert toute l'université. Aucune raison de se lever, donc.

Aucune, si ce n'est ce n'est cette sensation de picotement qu'il ressentait au milieu de son torse. Drago fronça les sourcils. Qu'est-ce que ça pouvait bien être ? C'était froid et lisse, un peu comme... un doigt. Oui, on aurait cru que quelqu'un lui caressait le torse, du bout de l'index. Mais c'était parfaitement ridicule. Drago était seul. Et ce depuis deux bon mois. Ses dernières tribulations l'avaient guéri à jamais des rendez-vous nocturnes avec de parfaites inconnues. Il ne tenait pas à se réveiller à nouveau dans les bras d'une Griselda ou... hypothèse bien pire, de Gri et Zelda. Mais d'où diable venait donc cette étrange sensation ?

Mécontent, le blondinet ouvrit les yeux et tressaillit.

-Bonjour, dormeur... fit Pansy Parkinson.

Drago se redressa :

-Qu'est-ce que... ?! s'écria-t-il. Que diable fais-tu là, Parkinson ?!

Il regarda autour de lui, à la recherche d'indices qui auraient pu expliquer la présence importune de la zêta dans sa chambre :

-Oula, pas d'inquiétudes ! expliqua la jeune femme en le voyant blêmir. Je viens d'arriver.

L'information bien que rassurante, ne sembla pas améliorer l'humeur de l'alpha :

-Bien. Tu peux partir maintenant ?! lança-t-il sèchement, en la fusillant du regard.

Depuis son lit, il se mit en recherche de son haut de pyjama, mais ce dernier demeurait introuvable. Pansy eut l'air peinée :

-Déjà ?

Drago n'en revenait pas de tant de culot :

-Bien évidemment, "déjà" ! Que veux-tu de plus ?!

-Oh, trois fois rien... Tu veux venir au bal avec moi ?

Elle sourit de toutes ses dents. Le blondinet la regarda comme si elle venait de sortir de l'asile :

-Au...

Il ouvrit des yeux à la fois furibonds et stupéfaits :

-Quoi ?! Mais... QUOI ?! bafouilla-t-il.

Parkinson leva les yeux au ciel :

-Je sais, je sais, ça te fais un choc. Après toutes les choses qu'on t'a fait subir avec les zêta. Mais tu sais, tu l'avais un peu mérité, quand même... Cela dit, de l'eau a coulé sous les ponts...

Elle lui posa une main compatissante sur l'épaule et la fit glisser jusqu'à son biceps :

-Tu as fait de l'exercice ?

-NON ! cria Drago.

Il considéra ses bras :

-Enfin, oui, un peu... badina-t-il. C'est ces entraînements de quidditch, ça vous maintient un homme en...

Il secoua la tête, énervé par son propre narcissisme.

-Là n'est pas la question ! siffla-t-il en dégageant la main de son ex. SORS D'ICI !

Pansy se tira de son lit, bougonne.

-Ok, ok... Mais tu sais pas ce que tu rates.

Drago bondit hors de son lit et la tira hors de sa chambre d'un geste autoritaire :

-Si, et tu m'en vois parfaitement ravi.

Les deux descendirent les escaliers. Juste avant de passer la porte d'entrée, la zêta se retourna :

-Oh, et si tu vois Amalia, dis lui "non" aussi. Elle s'est mise dans la tête que tu la préférais à moi. Soit disant que c'est ce que tu lui aurais dit. Mais c'est faux, non ?

-Sors.De.Chez.Moi. articula le blondinet, dépeigné.

Parkinson leva pour la seconde fois les yeux au ciel :

-Ok ! Ok !

Elle lui fit un sourire charmeur :

-Y'en a un qui est grognon le matin...

-DEHORS !

La zêta déguerpit sans demander son reste. Drago prit une profonde inspiration, exaspéré. Finalement, il claqua la porte avec violence et se retourna :

-QUI EST L’IMBÉCILE QUI A FAIT ENTRER CETTE ECERVELEE ICI ?! rugit-il, ses yeux lançant des éclairs.

-Moi. lui répondit une voix suraigüe, amère et bien trop connue.

L'alpha se figea.

-QUI EST L'IMBECILE QUI...

-Moi.

-Oh.

Drago se raidit, mal à l'aise. Il  jeta un regard gêné à Malicia, qui lisait un journal, assise sur le canapé et s'avança :

-Et pourquoi donc ? demanda-t-il d'une voix plus mesurée.

-Pansy m'a dit que tu serais super content  de la voir parce que tu adorais la contempler à ton réveil. rétorqua cette dernière, concentrée sur sa lecture.

Le blondinet sembla s'énerver tout seul. Mais il finit par déglutir en fermant les yeux et retrouva son calme.

-Je... je ne sors pas avec elle. commença-t-il.

Son ex ne leva pas la tête de son journal :

-Je m'en fiche. trancha-t-elle de sa voix flûtée.

-Et avec aucune autre non plus. poursuivit l'alpha. Je n'ai touché personne depuis deux mois, depuis que je me suis réveillé avec...

Il grimaça :

-O'Neil. finit-il par lâcher, un peu dégoûté.

-Je m'en fiche encore plus. lança Malicia.

-Ces filles n'étaient d'ailleurs qu'une passade ! insista le blondinet. La plupart m'a oublié depuis longtemps...

Un "toc toc" interrompit ses justifications et il regarda derrière lui. Amalia Jones venait de faire de faire de la buée sur la vitre et y plaquait un bisou baveux. Elle fit un petit coucou à Drago, mais fut aussitôt plaquée au sol par une Pansy Parkinson enragée. Les deux se mirent à se battre dans la neige. L'alpha leur tourna vivement le dos, mortifié.

Il se reprit :

-Du thé ? proposa-t-il, comme si de rien n'était.

Malicia leva enfin le nez de son journal. Elle réfléchit quelques secondes :

-Oui. S'il te plaît.

Drago disparut dans la cuisine et elle se replongea dans sa lecture. Cinq minutes plus tard, une tasse fumante apparut sous son nez :

-English Breakfast, deux sucres et une larme de lait, c'est toujours ça ?

La métisse eut l'air courroucé. Elle saisit la tasse :

-Merci. grommela-t-elle.

Drago prit sa propre tasse et s'assit à l'autre bout du canapé. Elle lui lança une œillade mauvaise alors que ce dernier entamait la lecture du dernier numéro de la Gazette du Sorcier. Non mais quel poseur ! Depuis quand était-il serviable, d'abord ? Et surtout, depuis quand savait-il préparer quoi que ce soit ??? Bah, si ça se trouve, c'était dégueu...

La métisse trempa ses lèvres dans le thé et eut l'air vexée. C'était délicieux. Ah le mufle !

Elle lui jeta un regard en coin.

Et cette façon de lui rappeler sournoisement qu'il connaissait bien ses goûts ! Comme s'il savait tout d'elle ! Ca suffit ! Elle allait lui montrer...

-Oh, commença-t-elle en feignant la surprise. Est-ce que je pourrais aussi avoir...

Sans lever les yeux de son journal, Drago lui tendit une assiette de biscuits et Mali se renfrogna encore plus. Il y avait quelque chose de louche là-dessous, elle en était sûre !

-Grmbl.

-Une femme du monde aurait dit "merci". fit l'alpha de sa voix traînante, toujours absorbé par sa lecture. Mais je mettrai cela sur le compte du fait que tu passes trop de temps avec Rincevent.

Mali mordit rageusement dans un gâteau et le mâchonna sans lui accorder un regard. Au dehors, Amalia venait d'assener un vigoureux coup de pied dans les tibias à son adversaire hystérique.

-Alors ce soir, c'est le Grand Bal de Noël ? demanda Drago d'un ton badin.

-Mouais. lâcha l'ex-gryffondor.

-Tu as un cavalier ?

La phrase avait été prononcé avec une pointe d'intérêt, mais Malicia était trop énervée pour s'en rendre compte :

-Nan.

Le blondinet leva imperceptiblement les yeux.

-Il me semblait pourtant que tu adorais danser.

-Mouais.

Un silence glacial s'abattit entre eux deux.

-Je suis un excellent danseur. fit remarquer l'alpha au bout d'un moment.

-J'irai pas au bal avec toi, Drago.  trancha sèchement la Zeta.

-Loin de moi cette idée. Je faisais juste la conversation.

Un brin de tristesse passa dans les yeux bleu acier du blondinet et, comme pour se distraire, il saisit le courrier et le feuilleta avec attention.

-Dommage pour toi. lâcha-t-il.

-J'ai dit que j'avais pas de cavalier. Ça veut pas dire que j'y vais seule. grinça Malicia.

Un léger silence suivit la remarque.

-Oh ? finit par dire le blondinet sur un ton qui se voulait désintéressé.

-Oui, j'y vais avec Lucrécya.

Drago tourna la tête et pour la première fois depuis le début de leur conversation, les deux se regardèrent dans les yeux.

-Tu vas au bal de Noël avec Rincevent ?!

-Oui.

-Flint est-il au courant de cela ?

-Oui.

-Parce que la dernière fois que je lui ai parlé, et c'était hier soir avant d'aller me coucher, il se réjouissait d'y aller avec sa femme. Et également que j'y aille seul.

Il y eut un petit silence et l'alpha eut un petit sourire :

-Enfin, tu m'en vois ravi.

Les deux se remirent à lire, ignorant les cris d'Amalia et Pansy qui continuaient à se battre, à grands coup de sorts cette fois-ci. L'alpha tira une enveloppe du courrier et parcourut son contenu, un sourcil levé :

-Tiens, une lettre de menaces. Quelqu'un ne veut pas que ce bal ait lieu, on dirait. Un certain Mr X. C'est mystérieux.

-Je m'en fous, Drago. Asséna Malicia.

C'était pas possible. Elle se détestait d'être aussi hargneuse. Mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. Il lui cassait trop les pieds.

-Ah ? Moi de même.

L'alpha chiffonna le courrier :

-Tu as acheté ton cadeau pour le doyen ?

-Pas encore. siffla la Zeta. On doit aller faire du shopping avec Lustucru... et c'est quoi cette conversation ? Un interrogatoire ?!

Drago la regarda, puis finit par détourner le visage, un peu tristement, même s'il faisait son possible pour ne rien laisser paraître.

-Cela t'ennuie si je fumes ?

-Oui. grinça la métisse.

-Tant mieux. rétorqua le blondinet sur un ton badin.

Il alluma une cigarette et tira dessus, le regard désabusé et songeur. Puis il s'adossa nonchalamment au canapé et souffla sa fumée. Malicia se mit aussitôt à toussoter :

-Rha Drago, c'est dégoûtant ! pesta-t-elle.

Son interlocuteur eut un petit sourire aussi narquois que furtif :

-Ah oui ? Mes dernières conquêtes trouvaient toutes cela diaboliquement attirant...

-BEN CA L'EST PAS ! s'énerva la métisse.

Elle eut l'air encore plus en colère. Ça l'était ! Si elle avait définitivement tiré un trait sur ce petit serpent, il n'en restait pas moins que physiquement, elle avait du mal à ne pas le trouver à son goût. De vieux restes, fallait croire. De toute façon, ça ne compensait absolument pas le fait que ce type-là était exaspérant au possible. Surtout depuis qu'il jouait au gentil ce qu'il n'était pas, Mali le savait bien. Et si leurs rapports s'étaient un peu stabilisés récemment, rester avec lui seule plus de cinq minutes était un véritable calvaire pour ses nerfs. Et dieu sait qu'en ce moment, un rien l'énervait.

Elle sauta sur ses pieds :

-Bon, qu'est-ce qu'elle fait Lulu ?

Elle voulut monter à l'étage.

-Ravi d'avoir pu discuter avec toi, Malicia. fit Drago, toujours occupé par la lecture du courrier.

-Mouais. M'en fous.

-Allons, une petite discussion entre amis, c'est toujours sympathique, non ?

-Je suis pas ton amie, Drago. siffla la Zeta. Lâche moi un peu.

Le blondinet haussa les épaules et continua de fumer :

-Tu as choisi quelle couleur de robe ?

-LUSTUCRU ! rugit Malicia.

-Ça va ! J'arrive !

Lucrécya descendit les escaliers :

-T'as bouffé du dragon ou quoi ? ricana-t-elle.

-Shopping. Maintenant. ordonna la métisse.

Son œil s'était mis à tiquer légèrement.

-Ok ! répondit sa meilleure amie.

Elle se tourna vers  Drago et sous le regard médusé de la Zeta, salua son pire ennemi :

-Salut Malefoy !

-Salut à toi, Rincevent ! lui répondit ce dernier. Passez une excellente journée !

-Va en enfer. siffla la métisse, yeux plissés.

-Mais avec plaisir !

Mali claqua la porte, sans remarquer que derrière elle, l'alpha venait de baisser tristement la tête.

  Malicia & Lucrécya vont au Chemin de Traverse !