Vive le vent...
AVEC : Lulu, Mali, Drago, Marcus
PRIVÉ / PUBLIC : Privé
DATE : 26/12

Une petite horloge  sonna huit heures dans la chambre de Malicia. Aussitôt cette dernière se leva et fit un large sourire, les yeux plein d'étoiles :

-C'est aujourd'huiii !!! s'exclama-t-elle, ravie.

Sans plus attendre, la métisse bondit dans sa salle de bains et le bruit d'une douche brûlante et l'odeur d'un savon fruité emplit la pièce. Quelques instants plus tard, la métisse sortit de là, sa serviette jaune nouée en turban sur le haut de la tête, et une autre serviette enroulée autour du corps:

-Ch'est aujourd'hui ! Ch'est aujourd'hui ! Ch'est aujourd'hui ! chanta-t-elle de sa voix enjouée, une brosse à dents dans la bouche.

Elle enfila rapidement un pull en angora bleu clair, des collants et un petit short blanc,  partit se rincer la bouche dans un "garglagrlgla" joyeux, chaussa des petites bottines à talons et passa un manteau bleu ciel et une écharpe cent fois trop longue.  Sur ce, elle saisit une valise couverte d'autocollants colorés qui l'attendait au pied de son lit, se rua dans sa cuisine, prit une pomme rouge et un muffin, et quitta sa maisonnette d'un pas rapide.  A peine arrivée dehors, elle leva les bras :

-C'EST AUJOURD'HUI !

Une bourrasque glacée l'accueillit et aussitôt, elle se recroquevilla sur elle-même :

-La vache ! Il fait -8000 ! glapit-elle.

Se frottant les bras, elle se mit en chemin vers la maison des Flint, évitant les flaques gelées, les étudiants qui virevoltaient en balai, les batailles de boules de neige. C'était pas le moment de tomber ou de finir au dispensaire !

La zeta remonta en courant le petit chemin qui menait à la maison de Flint. Elle regarda sa sablomontre : huit heures quarante cinq ! Parfait ! Son ex n'allait pas revenir de son footing avant neuf heures. Elle avait pile poil le temps pour débouler dans la maison, jeter son cadeau à Marcus, prendre Lulu par la main et s'en aller loin très loin de la fac !

Elle sonna. La porte s'ouvrit et la jeune femme leva les bras avec un large sourire :

-C'EST AUJOURD'HUI ! COCONUT ISLAND, NOUS VOILA ! clama-t-elle.

La métisse se renfrogna aussitôt :

-Bonjour, Malicia.  la salua Drago. Joyeuses...

Sans se démonter, la métisse lui passa devant d'un pas déterminé.

-...fêtes.  lâcha l'alpha, en levant un sourcil.

Il ferma la porte et se retourna vers elle :

-Tu as passé une bonne journée chez tes parents ? demanda-t-il.

La zeta ne lui répondit pas et partit dans le salon, où étaient Lucrécya et Marcus :

-LUSTUCRU, MINUSSOUNET ! JOYEUX NOËL ! clama-t-elle, radieuse.

-JOYEUX NOËL, MALI ! s'écrièrent les Flint.

Cette dernière les prit dans ses bras.

-Ah, c'est une bien belle matinée de fêtes qu'on a là ! s'écria Marcus, vêtu d'une affreuse cape pleine de piques. Ça sent bon l'esprit de Noël, mes gaillards !

-C'est vrai ! renchérit la métisse. Le sapin est décoré, le feu brûle dans la cheminée, ça sent bon les biscuits aux pain d'épices. On est pas bien là, toi, Lustucru et moi ?

-Et moi ? suggéra Drago.

Mais Malicia semblait ne pas l'avoir entendu. Elle plaqua deux bises sur les joues :

-Alors Noël c'est allé ? fit-elle avec un large sourire avant de maugréer. Moi Papa m'a offert un compteur de pas pour vérifier que je fais assez de sport et Ezzechiel à fait flamber la cuisine...

Elle releva les yeux, à nouveau de bonne humeur :

-Mais je m'en fous... Parce qu'aujourd'hui...

-ON VA A COCONUT ISLAND ! cria Lucrécya en même temps qu'elle.

La zeta sourit à sa meilleure amie :

-Prête?

-Tu parles que j'suis prête ! répartit la batteuse, contente comme tout.

Les deux se tapèrent dans les mains et s'avachirent sur le canapé. Marcus quand à lui jeta un coup d'œil au miroir qui trônait sur la cheminée. Drago s'avança :

-Malicia, aurais-tu par hasard pensé à me ramener la veste que je t'ai...

-Je crois que la première chose que je vais faire, c'est me commander un de leurs cocktails qu'ils servent dans leurs noix de coco ! le coupa la métisse, extatique.

-Et moi je vais me mettre en maillot et m'allonger sur la plage... commença Lulu, avant de balancer la tête en arrière et de ricaner. ET JE VAIS PLUS BOUGER JUSQU’À QU'ON REPARTE !

Les deux filles se mirent à rigoler.

-Nous nous allons... commença Drago.

-OH MAIS J'ALLAIS OUBLIER L'ESSENTIEL ! s'écria Malicia.

Elle bondit sur ses jambes et tira de sa valise trois paquets  qu'elle se mit à distribuer:

-TADAA ! clama-t-elle. Celui-là c'est pour toi, Lulu, celui-là pour toi Marcus et celui là...

Elle fit un large sourire :

-C'est pour Rufus ! annonça fièrement la métisse.

Un petit silence gêné passa furtivement dans la pièce.

-Ah, ouais, y'a pas à dire, c'est une bien belle matinée de fêtes qu'on a là ! s'écria soudain Marcus, béat.

Dans le salon des Flint, la mauvaise ambiance était palpable.

Malicia regardait droit devant elle, avec aux lèvres un sourire que quiconque la connaissait bien aurait trouvé chelou. Drago, quant à lui, réitérait ses tentatives pour se faire entendre, dans l'indifférence générale. Le seul qui avait l'air à l'aise était Marcus qui, drapé dans son hideuse cape à clous, hochait la tête avec un air satisfait, les poings sur les hanches.

Lucrécya secoua la tête, ce qui fit sursauter son boursouflet qui somnolait sur son épaule.

Il fallait dire que c'était pas forcément finaud de réunir Malicia et son ex dans la même pièce. Mais bon, c'est pas comme s'ils devaient se supporter plus longtemps ! D'ici quelques instants, Malefoy et Marcus partiraient... euh... là où ils avaient prévu de partir entre mecs. Marcus avait du lui dire une bonne centaine de fois, mais ça n’intéressait pas vraiment la batteuse, alors elle n'avait pas écouté.

Et le plus génial, c'était que Mali et Lulu partaient, elles, pour le meilleur endroit au monde : COCONUTS ISLAND ! L'île paradisiaque réservée aux sorciers ! Un sortilège anti-nuages, du sable blanc, de l'eau turquoise, des poissons de toutes les couleurs, et des lagons à ne plus savoir qu'en faire !...enfin, c'est ce que disait la brochure. Et Lucrécya avait beau ne pas savoir ce qu'était un lagon, elle était sûre qu'elle allait forcément adorer.

Et en plus, elle avait un énième cadeau de Noël : que demander de plus ?

Elle dépiauta avec avidité le cadeau que venait de lui filer Mali. Un large sourire lui fendit le visage :

-Hiiii, L'Encyclopédie des Falmouth Falcons ! La meilleure équipe de Quidditch au monde ! C'est exactement ce que je voulais ! Comment t'as deviné ?

Malicia sourit :

-Je sais pas ? J'ai peut-être reçu tes dix-sept hibous, pendant que j'étais chez mes parents ?

Lulu sauta partout de joie :

-Hiiiiii !

Ravie de son effet, la Zeta tourna la tête dans tous les sens, tout en évitant volontairement le coin où se tenait Drago :

-Et il est où Rufussounet, que je lui donne son cadeau ? C'est un hochet ensorcelé, pour le suivre partout et ne jamais tomber par terre !

Lucrécya arrêta de bondir :

-Ben il est...

La phrase s'interrompit. Les yeux de Lulu s'écarquillèrent soudain. Elle tourna un visage horrifié vers Marcus, qui regardait sa femme avec le même air.

-Oh non ! s'exclama le PAF.

-OH NON ! répéta sa femme.

-Oh... non ? s'interrogea Drago, soupçonneux.

Malicia blêmit :

-Qu'est-ce que vous avez fait ?!

-Ben.... euh... comment dire ? Ricana Flint, mal à l'aise.

-On l'a encore oublié !

Malefoy fronça les sourcils, et considéra les deux parents avec dépit :

-Comment cela, ENCORE ?!

Le Pi Alpha Fi se frotta la nuque, en lâchant un petit rire nerveux.

-Eh ben la semaine dernière on l'a amené voir mes parents et on l'a comme qui dirait... laissé là-bas... Heureusement ils ont fini par le ramener...

-Et y'a deux semaines je l'ai comme qui dirait égaré dans une boutique... renchérit Lulu. Mais pareil, ils m'ont retrouvé... euh je veux dire, ils l'ont ramené.

-Et y'a un mois on l'a un peu zappé au resto... rajouta le PAF. Mais on s'en est rendu compte et on est allé le chercher... trois jours plus tard.

-Et cette fois on était chez mes parents à moi pour le jour de Noël... conclut la batteuse. Argh ma mère va me tuer !

Marcus haussa les épaules :

-Bah, on a qu'à appeler tes parents pour qu'ils nous le ramènent par cheminette et...

Lucrécya, qui réfléchissait intensément, leva un doigt autoritaire et le posta devant le nez de son mari :

-... ou alors...

-Ou alors ?

-Ou alors... on le laisse là-bas et on part peinard en vacances pendant trois jours à COCONUTS ISLAND !

Elle se tourna vers la métisse, et les deux amies levèrent les bras au ciel en hurlant en chœur :

-COCONUTS ISLAAAND !

Tandis que les deux filles bondissaient comme des hystériques, Marcus se rapprocha discrètement de Drago, repoussant sa belle et toute nouvelle cape derrière son épaule :

-T'en fais pas mon gaillard ! J'ai tout prévu ! Notre réputation est sauve ! On a notre couverture ! J'ai dit à Luluchou qu'on allait aux Chauds-Bouillants d'Or.

-Qu'est-ce diable... ? commença Drago en levant un sourcils.

-Oh, pas grand chose, un festival qui récompense les meilleures sexturines de l'année.

Le blondinet ouvrit des yeux ronds :

-QUOI ?!

-Shhhh !

Marcus se tourna vers Mali et Lulu, mais ces dernières avaient joint les mains et sautaient désormais en rythme, en criant :

-COCONUT ISLAND ! COCONUT ISLAND ! COCONUT ISLAND !

Malefoy leva les yeux au ciel :

-Mais dans quel univers est-il moins honteux d'aller là-bas pour Noël, plutôt qu'à la Convention Wizzip Girl ?

-SHHHH ! Moins fort mon gars ! chuchota-t-il. J'veux pas qu'on sache qu'on va à ce truc de gonzesses ! Alors officiellement, on va aux Chauds-Bouillants d'Or ! Ça c'est un truc d'hommes ! Mais officieusement, on va demander des autographes à Claire et Séraphina ! Hiii !

Le PAF joignit ses poings devant son visage, et se mit à sautiller en poussant des petits cris étouffés particulièrement aigus.

L'AAA secoua la tête, tant il était dépité.

-Bon... après tout, ma réputation est déjà salie... grommela-t-il, de mauvaise humeur. Alors un peu plus un peu moins...

-Tout à fait ! s'exclama le Pi Alpha Fi, en donnant une grande claque dans son dos.

Son ami lui lança un regard noir, qu'il ne remarqua même pas. Finalement Marcus tapa dans ses mains :

-Allez, les gens, il est temps de se mettre en route ! Les Chauds-Bouillants d'Or ne vont pas nous attendre ! cria-t-il d'une voix de stentor.

Il fit un clin d’œil appuyé et peu discret à Drago, tandis que Malicia considérait les deux garçons avec dégoût.

-C'est quoi ça déjà ? demanda Lulu en se grattant la tête.

-Vaut mieux pas que tu saches... lui répondit son amie.

-Bon allez, tout le monde est prêt ?

Tous agrippèrent leurs valises respectives, et hochèrent la tête. Bienheureux, Marcus tira sa baguette de la poche intérieur de son épaisse cape à pique, et l'agita.

Aussitôt, deux vieux slips masculins, grisâtres et déformés à force d'être trop portés, volèrent jusqu'à eux et atterrirent sur la table du salon.

Les trois autres se penchèrent dessus, et froncèrent le nez.

-Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda la métisse, dégoûtée.

-Bah, c'est nos portoloins ! clama le Pi Alpha Fi. Le plus sale des deux c'est celui qui va à Coconut Island, petite veinarde !

Lucrécya fronça les sourcils :

-C'est pas les mêmes que d'habitude, c'est bizarre !

Marcus eut l'air mal à l'aise :

-Ah oui ? fit-il en se frottant le cou. Bizarre... Héhéhé...

-Hey, attendez-voir... pourquoi que y'a la tronche du doyen dessus ?! s'exclama la batteuse, outrée.

-Et pourquoi y'a écrit « Portoloins Miracle du Bon Docteur Magouille » ?! poursuivit Malicia, les yeux écarquillés.

Le PAF ne répondit rien, mais rigolait toujours nerveusement, l'air gêné.
Drago le fusilla du regard :

-J'ai économisé gallion par gallion au bouge dans lequel je travaille pour cotiser pour cette convention, alors j'exige un portoloin digne de ce nom !

Lulu croisa les bras, boudeuse :

-On t'a tous donné de l'argent, et tout ce que tu avais à faire c'était aller nous acheter des portoloins à l'épicerie du coin !

-Héhéhé... ouais, hein ? Héhéhé... Ecoutez... Vous allez rire...

Se grattant les cheveux, le Pi Alpha Fi esquissa un sourire nerveux qui dévoila un poil trop ses grandes dents :

-Chuis allé à l'épicerie San Sou Si avec votre argent, pour aller acheter les portoloins de la même marque que d'habitude, et... héhéhé... il est sympa d'ailleurs, l'épicier, nan ? Vous trouvez pas ?

-Abrège, Minus ! siffla Mali, en serrant ses petits poings.

-Bon, ok ok. Bref, chuis allé à l'épicerie San Sou Si avec votre argent, pour aller acheter les portoloins de la même marque que d'habitude, et là, vous devinerez jamais : y'avait une promotion sur une putain de super belle cape à pointes, la plus belle cape que j'avais jamais vu !

Les trois autres manquèrent de s'étrangler :

-Oh fichtre. Ne me dis pas que tu as utilisé le précieux argent que nous t'avions confié pour t'offrir la liquette hideuse que tu portes sur le dos !

-Je n'ai pas dit ça ! commença Marcus, en s'emmitouflant dans sa nouvelle cape.

Il fit une pause, puis finalement reprit, tout penaud :

-...mais oui, effectivement, c'est ce que j'ai fait.

Lulu bondit en avant :

-JE VAIS TE TUER !

Marcus la repoussa :

-Mais attends, mon p'tit cognard ! J'ai utilisé les deux noises qu'il me restait pour acheter des portoloins moins chers !

-Oui, des portoloins Magouille ! grimaça Malicia. Je le sens pas du tout du tout du tout !

Flint haussa les épaules :

-Bah, un portoloin c'est un portoloin. C'est jamais qu'un objet avec un sort tout bidon dessus. C'est pas comme si ça pouvait nous empoisonner, ou un truc du genre !

-...Mmh. Soit, admit Malefoy de mauvaise grâce.

-Et puis c'est pas comme si on avait le choix, maugréa Lucrécya, en se penchant à nouveau sur les deux slips douteux.

-C'est lequel, déjà, pour aller à Coconut Island ? demanda la Zeta dans une moue de dégoût.

-C'ui-là.

Les deux filles se jetèrent un regard dépité, et touchèrent en grimaçant leur portoloin. Elles poussèrent un cri et disparurent.

Marcus se tourna vers son meilleur ami :

-Bon, ben, c'est notre tour, mon gaillard !

-Es-tu vraiment sûr de ton coup ?

-Baaah, c'est juste un portoloin, qu'est-ce que ça pourrait nous faire de mal ?

Malefoy n'eut pas le temps de répondre : Flint venait de lui prendre la main, et lui fit poser de force sur le sous-vêtement souillé.

:arrow: Mali et Marcus vont : ICI !

Lucrécya et Drago vont ici.

* Lucrécya et Drago viennent d'ici.

La maison des Flint était plongée dans le calme, sous une neige éparse qui recouvrait petit à petit son toit. Les pièces étaient silencieuses et assombries par une nuit d'hiver sans lune. Brusquement un souffle fit voleter quelques feuilles dans le salon et quelques secondes plus tard, Lucrécya et Drago apparurent, à quelques centimètres à peine des portoloins peu glorieux qu'ils avaient touchés le matin même. L'étudiant en Sciences Sociales bascula aussitôt la tête en arrière, soulagé :

-Enfin... lâcha-t-il d'une voix harassée.

Dieu qu'il était bon de retrouver son chez-soi. L'alpha était ravi que son périple dans le désert n'ait finalement pas duré. Il était également ravi de ne pas avoir eu à regarder Rincevent dans le blanc des yeux après que cette dernière l'ait serré dans ses bras. Il n'aurait jamais imaginé que cela arriverait un jour. Et il espérait de toutes ses forces que cela ne s’ébruiterait pas. Il n'aimait pas avoir de moments de faiblesse. Son éducation lui interdisait formellement.

Il s'aperçut dans le miroir : il avait l'air d'avoir marché dans le désert depuis des semaines. Son pagne était rapiécé. Il avait pris des couleurs, ce qui le changeait de la carnation habituelle de sa famille, qui se rapprochait plus de celle d'un mort-vivant. Sa barbe de trois jours lui donnait l'air d'un aventurier en goguette. Ne lui manquait qu'un fedora sur la tête et un sous-fifre replet pour porter son fouet et le mettre dans l'embarras.

La voix éraillée de Lucrécya le tira de ses pensées :

-Soif !

Elle se précipita dans la cuisine et on entendit le robinet couler à gros bouillons. Drago quant à lui resta dans le salon et alluma la lumière d'un coup de baguette. A regarder par la fenêtre, il ne devait pas être loin de minuit. Au dessus de la cheminée, sur la bonne vieille horloge des familles des Flint, son aiguille et celle de sa consœur indiquait un très rassurant "A la Maison". Cependant, le blondinet fronça les sourcils, intrigué : contrairement à ses attentes, celles de Malicia et Marcus pointaient sur l'entrée "Pôle Nord".

-Rincevent ? lança-t-il.

-Peux pas parler : soif ! lui répondit la voix de cette dernière depuis la cuisine.

-Je ne voudrais pas t'inquiéter mais il semblerait que personne n'ait profité de Coconuts Islands en fin de compte...

-Soif soif soif !

-Nous devrions peut-être nous en préoccu...

C'est le moment que choisirent Marcus et Malicia pour se matérialiser dans le salon.

-AH CA, POUR DES VACANCES, C’ÉTAIT DE RUDEMENT CHOUETTES VACANCES ! lança ce dernier avec bonne humeur, un hideux bonnet "I love Pôle Nord" visé sur le crâne.

Il donna une tape sur l'épaule de la métisse :

-Hein, Rudolf, que c'était de bien belles vacances ?

-Rudolf ?! Le renne au nez rouge ? s'exclama Malicia. Mais pourquoi tu m'appelles... ?!

La zeta, dont les cheveux ondulés gouttaient sur le sol jeta un regard au miroir et remarqua que le bout de son nez avait viré au rouge. Ses épaules s'affaissèrent :

-Oh. lâcha-t-elle, d'une petite voix.

Elle éternua. A côté d'elle, Drago sourit tristement. Même toute dépenaillée, elle restait mignonne comme un cœur et il lui fallait déployer des trésors de contrôle pour ne pas la prendre dans ses bras. Elle lui manquait énormément. Et la côtoyer n'améliorait en rien les choses.

-Ouais ! De rudement belles vacances ! reprit Marcus.

Il se tourna vers lui :

-Sympa le pagne, mon gaillard !

-Merci. ironisa-t-il, pas très fier de son accoutrement.  

-MARCUS !

Lucrécya venait de bondir dans les bras de son mari.

-Mon p'tit cognard ! s'exclama ce dernier, visiblement de très bonne humeur. Alors, c'était bien Coconuts Islands ?

-Pas mal ! répondit cette dernière en haussant les épaules.

A côté d'eux, Drago fronça les sourcils et se tourna vers eux :

-Nous n'étions pas à Coconuts Islands. corrigea-t-il de sa voix traînante.

-Que tu dis ! le coupa la batteuse. On a bien vu un lagon, non ?

Le blondinet croisa les bras :

-Pas du tout.

Lucrécya fit comme si elle n'avait rien entendu et se tourna à nouveau vers Marcus :

-Tu devineras jamais qui on a eu comme G.O ! Omer Sheraff !

-Non ?! C'est si mal payé que ça, prof à la WoW ? ricana son mari.

-Faut croire !

Les deux se gondolèrent un instant. Drago quant à lui renonça à rétablir la vérité dans cette discussion de mythomane et se replongea dans ses ruminations.

-Et bien, nous, on a fait du trekking au Pôle Nord ! claironna le PAF avec fierté.

-N'importe quoi ! le coupa Malicia. On a passé toute la journée dans un igloo ! Il faisait au moins -150 degrés ! Et pour couronner le tout, on s'est fait courser par l'abominable homme des neiges !

A cette évocation, elle frissonna, le regard soucieux.

-Ouais ! approuva Marcus. Et j'lui ai bien démonté la tête !

-Hein ? s'étonna la métisse, les yeux arrondis.

Le PAF lui donna un coup de coude peu discret et elle leva les yeux au ciel :

-Ah... Ouais, il l'a battu avec une seule main, vive Marcus, youhou. lâcha-t-elle sans conviction.

Elle éternua à nouveau. Lucrécya quant à elle topa avec son mari :

-Bravo Marcus ! Tes potes PAF vont trop être fiers de toi !

-Et comment ! renchérit ce dernier. J'suis un homme, moi, un vrai ! Pas comme Mali, qui était toute bleue de trouille !

-Déjà, je suis pas un mec donc je m'en contrefiche et ensuite j'étais pas bleue de trouille mais de froid... se défendit la zeta.

-Ouais ? rétorqua le PAF, sur un ton à la fois grondeur et paternaliste. Ben fallait p't'être y penser avant d'aller au Pôle Nord, jeune fille. Quelle idée d'y aller en mini-short !

-Mais je devais aller à Coco...

Malicia éternua et baissa la tête, en maugréant contre son rhume. Elle sursauta : Drago venait de lui passer une couverture autour des épaules. Il lui adressa un sourire aussi bref que gêné. Elle le remercia en détournant la tête et en l'ignorant superbement. Sur ce, l'alpha reprit tristement sa place, et tenta de s'intéresser aux racontars de ses deux autres amis.

-En tout cas, je pensais pas le dire un jour, mais c'est plutôt cool de voyager avec Bouftout ! lança Marcus.

Il se tourna vers son meilleur ami :

-Et vous, c'était comment ? Vous vous êtes pas trop gueulé dessus ?

Lucrécya et Drago se jetèrent un bref regard et finirent par hausser les épaules :

-Aussi étrange que cela puisse sembler... commença le blondinet.

-C'est allé ! lâchèrent les deux en chœur.