Merde!
Fallait pas lui donner la bouteille!
T'en as pas sur toi?
Si je crois.
Ben voilà!
Vous êtes des chieurs!
Nous faisons partie de toi, je te signale!
Il semblerais.
Donc tu es toi même une chieuse.
Ca je le savais déjà.

Leen sortit quatre bouteilles d'alcool, de vodka pour être précis et s'exclama avec un grand sourire:

-Quand y en a plus, y en a encore!
-Où tu les cache tes bouteilles? ; Demanda Myo la seule à être à peu près clean.
-Comment veut-tu que je sache! ; S'écria la schizophrène.
-C'est pas toi qui a sorti les bouteilles? ; Répliqua Naëll moqueur.

Pour toute réponse la Zeta se contenta d'hausser les épaules et pris la deuxième bouteille de vodka, celle qui était mélangée avec de l'absinthe. (Autant dire qu'ils ne tiendraient pas très longtemps, elle y compris.) Les trois autres était respectivement mélangée avec du Whisky-Pur-Feu, de l'Hydromel aux épices et enfin pour la troisième du xérès. Ils allaient être vraiment souls. Puis après avoir détaillé les bouteille, elle se servit un verre de Vodka-Absinthe. Et demanda aux trois autres qui la détaillait:

-Vodka-Absinthe, Vodka-Whisky-Pur-Feu, Vodka-Hydromel aux épices ou Vodka-Xérès?

T'as vraiment prévu de te souler?
C'est le nécessaire pour oublier cette musique
Pour une fois que t'as raison!
Connard!

Tandis que Lucrécya, ivre morte, se désolait de son manque de mémoire, Drago jeta un coup d'œil à la bouteille d'absinthe quasiment vide qu'il tenait dans ses mains et leva les yeux au ciel. Sa journée avait été particulièrement rude et il avait été fortement affecté, quand bien même il ne le montrait pas. De plus, imaginer les dégâts qu'avaient causé le laïus mensonger d'Ezzechiel McGuire auprès de sa sœur l'inquiétait.  Il aurait bien volontiers noyé tout cela dans la boisson. Seulement voilà, rien n'y faisait.

Cela ne l'étonnait pas outre mesure : il était le fruit d'une alcoolique amère. Son corps était immunisé contre toutes les liqueurs possibles et imaginables. De dépit, il se servit un nouveau verre et le but d'une traite. Il soupira : non, pas le moindre effet.  

Les yeux mi-clos et un demi-sourire hagard aux lèvres, Drago ôta sa cravate, la noua autour de son front et déboutonna d'un coup de baguette sa chemise. Il se tourna brusquement vers son ami PAF, qui piquait légèrement du nez à côté de lui, assis sur un tabouret de bar et hurla sur un ton rageur :

-Sais-tu ce qui ne va pas chez toi, Marcus ?! Le sais-tu ?!

Son interlocuteur se réveilla brusquement :

-Hein ? Ouais ?

-Ta femme ! s'exclama le blondinet, en proie à une colère soudaine.

-Kékelamafam ? déglutit le PAF en tanguant sur sa chaise.

Il tomba par terre et s'endormit en ricanant de temps à autres. Le risque d'être piétiné par une foule de mauvais danseurs ne semblait pas l'inquiéter plus que ça.  D'ailleurs cette perspective ne semblait troubler aucun d'eux : ni Ezzechiel qui buvait de la bière à même l'un des robinet du pub, ni Lucrécya qui guettait toujours l'arrivée d'une hypothétique Kimberlie. Interpelée, cette dernière se tourna vers lui :

-Ouais, c'est vrai ça, kékej'ai ? brailla-t-elle, un œil plus ouvert que l'autre.

-Kéket'as ?! s'insurgea Drago.

-Kékej'ai ?

-Kéke...

Le blondinet stoppa un instant et tenta de réfléchir : mais sa raison semblait avoir quitté durablement son lobe frontal, laissant derrière elle un vaste abysse où coulait une rivière d'absinthe.

-Où en étais-je ? finit-il par demander les yeux en l'air.

-Euh... Kéke... quelque chose... répondit la batteuse.

-Exactement ! s'exclama Drago en retrouvant le fil ténu de ses pensées. Tu es une odieuse commère, Rincevent, voilà kéket'as !

-Commère ?! Moi ?! s'exclama Lucrécya en fronçant les sourcils.

Elle se détendit d'un coup et émit un petit rire stupide :

-C'est pas faux...

-N'as-tu donc aucune honte ? déglutit son interlocuteur d'une voix avinée, essayant de couvrir le tumulte de la fête. Venir ici nous livrer les secrets de McCormick ?!

-McComique a un secret ?! s'étonna la petite brunette, qui, encore plus ivre que lui, semblait avoir oublié pourquoi elle était venue lui parler en premier lieu.

-T'es-tu au moins souciée de ce qu'elle pourrait ressentir ? poursuivit Drago, sur un ton plein de critique et d'emphase.

Rincevent jaugea la question quelques secondes :

-Bah... Non. lâcha-t-elle avec de grands yeux arrondis.

-Et tu as parfaitement raison, car nous n'avons que faire des états d'âme de cette ex-gryffondor ! Cela dit...

Il tira Lucrécya par la manche et regarda autour de lui avec l'air d'une bête traquée :

-Qui protégera nos secrets ?

La batteuse sembla réaliser quelque chose, paniquée :

-T'as raison, Malefoy ! Qui ?

-Nous ne sommes pas en sécurité ici, souffla le blondinet, en alerte. Suis-moi.

Il s'aplatit sur le sol et rampa entre les danseurs, avant de se relever prestement et de se plaquer contre le comptoir. Lucrécya l'imita et ils remontèrent le long du meuble , et finirent par rouler de l'autre côté, à deux pas à peine du tenancier, qui, habitué aux délires paranoïaques de ses clients, ne broncha pas.

-Qu'est-ce qu'on fait ? demanda la batteuse.

Une main se plaqua sur sa bouche :

-Shh. Ils peuvent nous entendre. intima Drago.

Il se mit à marmonner en jetant des regards noirs autour de lui et baissa finalement le bras :

-J'ai survécu à l'enfer aujourd'hui : j'ai jeté en pâture mes amis les plus proches à une bête sanguinaire, j'ai bravé une foule de mangemorts en plein milieu d'un sabbat et j'ai bien failli mourir à chaque seconde... grinça-t-il.

-Au McGo ? s'étonna Rincevent.

L'alpha poursuivit sans faire attention à cette question inepte :

-Mais rien, absolument rien te dis-je, ne m'avait préparé à ce que je suis en train de vivre, Rincevent. siffla-t-il.

-Ah ouais ?

Drago se pencha vers elle :

-Je suis sous le coup d'une odieuse calomnie. Un mensonge si terrible qu'il peut ruiner à jamais ma réputation et ma destinée.

Son interlocutrice écarquilla les yeux :

-Ah ouais ?

-Parfaitement. Le frère même de celle que j'ai l'intention de reconquérir clame à qui veut l'entendre que je sors avec Myosotis Grandiflore.

-Tu sors avec Myo Grandiflore ?! s'étonna Lucrécya en haussant la voix.

-Bien sûr que non ! s'insurgea Drago.

-Myo Grandiflore ! cria son interlocutrice au comble de la surprise.

-Non !

La batteuse mit ses deux mains sur ses joues :

-J'y crois pas !

-Évidemment, qu'il ne faut pas que tu y croies ! s'énerva le blondinet.
C'est une rumeur abjecte. Et en tant qu'odieuse commère, et, j'ai peine à le reconnaître, mon amie, tu vas diffuser la rumeur inverse, tandis que je mets au point une stratégie qui me permettra de sauver ce qui me reste de dignité et convaincre Malicia de m'aimer à nouveau. C'est pourquoi...

Il désigna un groupe d'étudiants qui fêtaient la nouvelle année à quelques mètres de là : Myo était l'un d'eux.

-Nous allons parler à ces ivrognes. Ou du moins tu leur parleras et les convaincra de la fausseté de cette rumeur tandis que j'userai de mon charme pour soutirer tout ce que la zeta de ce groupe sait sur Malicia. Peut-être la persuaderais-je d'agir en ma faveur...
.
-Bah, pourquoi tu me demandes pas à moi ? demanda Lucrécya.

-Parce que je te connais et que je ne te fais pas confiance. répondit du tac au tac Drago.

-Mais t'as dit que j'étais ton amie ! bougonna la batteuse.

-Oui, acquiesça l'étudiant en sciences sociales, et si tu le répètes à qui que ce soit, je m'assurerai personnellement de ta mort. Allons-y.

Les deux se rapprochèrent furtivement du groupe. Finalement, Lucrécya se posta devant Naëll, Myo, Leen et écarta grand les bras :

-Hey les loseurs, devinez quoi ?

Alors que tous tournaient la tête vers elle, Drago se posta derrière Ava et lui tapota l'épaule. Il haussa les sourcils, charmeur :

-Bonsoir...  fit-il en faisant mine de s'appuyer d'un geste assuré sur le comptoir.

Il manqua le meuble d'un bon mètre et tomba lentement sur le côté, un mince sourire satisfait aux lèvres.

Myosotis leva un sourcil interrogateur :

- Mon prince... charmant ?

- Ouaaaais Majesté ! Ton prince charmant ! Celui avec qui tu boum boum badaboum boum boum !

La semi-dryade se renfrogna. Elle aimait beaucoup Ezzy McGuire et sa royale révérence envers elle, mais la dernière chose dont elle avait envie de parler ce soir, c'était de Magouille. Surtout avec le métis. Il y avait mieux comme interlocuteur qu'un toxico halluciné comme lui. Le pauvre malheureux avait tellement abusé des herbes ensorcelées qu'il avait une vision... disons... personnelle et unique de la vie, et il était inutile d'essayer de discuter avec lui. Ou de tenter de le raisonner. Ou de trouver un chemin logique dans le foutoir sans pareil qui lui servait de cervelle.

Et puis, bordel, elle n'avait juste pas envie de parler de ça maintenant ! Pour une fois qu'elle s'amusait avec des gens normaux ! Elle tordit la bouche, et sa main se serra sur son verre :

- Laisse-tomber Ezzy.

Elle vida sa vodka/ whisky pur feu cul sec.

Mais Ezzechiel ne semblait pas l'entendre de cette oreille : debout devant la jeune femme aux cheveux verts, oscillant sous les effets du joint qu'il avait piqué à son cousin (et que ce dernier tentait en vain de récupérer), il hocha la tête nonchalamment, et articula avec difficulté :

- Mais pourquoi, Majesté ?

Myo soupira :

- Parce que.

- Mais pourquoi, Majesté ? répéta-t-il sur le même ton.

- Parce que c'est fini entre nous !... enfin, façon de parler. Puisqu'on a jamais vraiment été ensemble.

- Mais pourquoi, Majesté ?

- J'ai pas envie d'en parler, Ezzy !

Les yeux vides, le métis fixait devant lui sans voir quoique ce soit. Son joint manqua de tomber à terre, et Naëll se le récupéra d'un coup de baguette, un sourire réjoui aux lèvres.

- Mais pourquoi, Majesté ? bredouilla le junkie.

- Vraaaiment pas envie de revenir là-dessus ! rétorqua la fille-chlorophylle.

- Mais pourquoi, Majesté ?

Sans réaliser que le démonologue était en train de bugger sur la sempiternelle même phrase et ne l'écoutait même pas, Myosotis commença à s'agacer :

- C'est évident !

- Mais pourquoi, Majesté ?

- Parce que c'est la honte !

- Mais pourquoi, Majesté ?

- Il faut vraiment que je t'explique pourquoi c'est la honte ?!

- Mais pourquoi, Majesté ?

- PARCE QUE JE SUIS UNE IDIOTE !

- Mais pourquoi, Majesté ?

- PARCE QUE ! Beugla la Gamma, à bout. MAGNUS MAGOUILLE EST UN PUTAIN DE DANGER PUBLIC, ET MOI J'AI COUCHÉ AVEC LUI AUSSI SOUVENT QU'IL LE VOULAIT ! MEME HIER SOIR ! JE SUIS LA REINE DES IDIOTES !

Tous les regards alentours convergèrent vers Myosotis, dont les joues avaient pris une jolie teinte rouge tomate. Nemo avait préféré regarder ailleurs, et prenait de longues inspirations de sa cigarette retrouvée, préférant faire comme si de rien était. Cormac McCormac lui même considérait l'étudiante française avec peine, et secouait la tête d'un ton désapprobateur.

- Dégueu, résuma Leen, en plissant les yeux vers la fille verte.

Ezzechiel sembla sortir de la transe dans laquelle il roupillait depuis le début de l'échange. Il se gratta l'oreille frénétiquement, puis lâcha de sa voix molle :

- T'as rompu avec Malefoy ? Dur, man...

Myo cligna des yeux :

-Hein ? Malefoy ? Mais... mais de quoi tu...

Elle ouvrit des yeux ronds, réalisant soudain quelque chose.

- Mais... attends voir... depuis le début, tu... tu parlais de Malefoy ?! bégaya-t-elle, abasourdie.

Lucrécya, qui, ivre morte, tentait de tenir debout depuis qu'elle avait rejoint le petit groupe, lança :

- Meeeuh non, parce que... GRANDIFLORE ET MALEFOY NE SORTENT PAS ENSEMBLE ! QUEL SCOOP, HEIN ?!

La batteuse fit maint clins d’œil au blondinet, qui ne se rendit même pas compte.

Myosotis, quant à elle, enfouit ses mains dans son visage, et geignit.

- Je dois boire, gémit-elle, derrière ses phalanges. Jusqu'à oublier ce qui vient de se passer.

- Bon plan, admit Némo. Tu veux une taffe ?

Il lui présenta la cigarette démesurée qu'il fumait, mais son amie la refusa d'un geste de main :

- Pas assez fort.

Elle agrippa le mélange vodka au xéres, et arracha le bouchon du goulot avec ses dents.

- Hey c'est ma bouteille ! se défendit Leen.

- Plus maintenant, grommela la dryade.

Elle renversa sa tête, et but d'une traite le contenu.

- VOUS DEVINEREZ JAMAIS BANDE DE LOOSERS ! s'exclama soudain Lulu, comme si elle venait de se réveiller. Grandiflore et Malefoy ne sortent pas ensemble ! Ah non merde je crois que je l'ai mal dit : c'est le contraire ! MALEFOY ET GRANDIFLORE SORTENT ABSOLUMENT ENSEMBLE ! COMME JE VOUS LE DIS ! ILS SORTENT ENSEMBLE ! OUAIS OUAIS OUAIS !... ou alors y'avait un truc avec leur virginité... oh la la, je sais plus...

Magnus Magouille n'était pas mécontent de lui. Il avait enfin lancé son plan, le plan le plus diabolique qu'il avait élaboré depuis.... deux bonnes semaines. Il ne lui restait plus qu'à attendre que les fruits de son labeur ne mûrissent et ne tombent à ses pieds. Cela prendrait du temps ; peut-être des semaines, peut-être même des mois... mais le Bon Docteur était patient. Surtout lorsque cela servait ses intérêts.

Et en attendant, un peu de distraction serait la bienvenue !
Il sortit sa montre à gousset, et fronça les sourcils :

-Diable ! Deux minutes avant le compte à rebours du Nouvel An ! Il est temps que je fasse mon choix !

Il sonda la foule à la recherche d'une proie, d'un regard luisant de concupiscence.
Il repéra une jolie Alpha Alpa Alpha aux longs cheveux roux, sanglée dans une imposante robe à lacets. L'aristocrate remarqua l'intérêt du Doyen à son égard, et elle fronça le nez de dégoût. Ah, elle était folle de lui, à n'en point douter ! Mais hélas, sa robe serait trop longue à enlever, et il manquait cruellement de temps.

Quelqu'un lui fit un petit signe, et il considéra avec dépit une grosse dondon blonde, outrageusement maquillée, et dont le menton se perdait dans d'innombrables replis graisseux.

-Encore elle ?! pesta-t-il. Je ne m'en débarrasserais donc jamais ?!

Il ignora l'obèse, et scruta à nouveau l'assemblée.

Une jeune Pi Omicron Pi aux mœurs peu farouches embrassait à pleine bouche toutes celles qu'elle croisait. Elle n'avait pas le physique le plus aguichant de l'université, mais elle semblait libérée. Et il avait les arguments pour la faire passer de l'autre bord... mais l'heure tournait, et le temps de la convaincre, il serait minuit passé !

Il balaya à nouveau du regard la foule dans l'espoir d'y trouver une jeune étudiante assez ivre pour ne pas faire la difficile, mais son champs de vision fut obstrué par les battements de cils outranciers de l'obèse insistante.

Il soupira longuement. Il fallait vraiment qu'il manque de temps pour s'abaisser à de telles extrémités. Mais après tout, faute d'augureys, on mangeait des vivets !

Il s'avança vers la grosse vache, non sans rechigner.

-Jeune fille, seriez-vous partante pour l'expérience de votre vie ?

Les yeux de Leann se plissèrent sous un intense effort intellectuel :

-J'ai pas compris. Mais d'accord !

-Seigneur, grimaça le doyen. Dire qu'hier soir, je chevauchais une belle pouliche à la crinière verte, et qu'aujourd'hui je dois me contenter d'une mule adipeuse... Que ne faut-il pas faire pour les douze coups de minuit !

Il prit l'avant-bras de la contraire de Naëll, et la tira vers les toilettes, non sans difficulté car la jeune fille n'avait pas l'air de comprendre ce qu'on demandait d'elle et restait désespérément statique.
Mais, avant que le Bon Docteur n'eut le temps de pousser la porte... la blonde s'évapora dans un scintillement coloré, sous les yeux éberlués du moustachu.

Aussitôt, les voix des étudiants s'élevèrent et hurlèrent en chœur :

-DIX !... NEUF !...

-Ah, pesta Magouille, contrarié. Cette année encore, les douze coups de minuit sont un échec !

De longues minutes durant, Ava avait regardé parler Drago Malfoy sans même chercher à l'écouter. Elle avait passé la plupart du temps à penser à ses collants. Mais pas seulement. Elle l'avait déjà vu quelque part, elle en était sûre. Mais où ? Dans ses souvenirs alcoolisés, elle ne le voyait que vêtu d'un très beau costume, tel un riche héritier. Elle secoua la tête.
Drago lui, sobre, enfin, bien plus sobre que la jeune brune apparement, fronçait légèrement les sourcils au fur et à mesure qu'il parlait. Il ne pourrait décidemment donc rien tirer de cette Zeta là ? C’était pourtant la seule à peu près abordable. Les autres étaient beaucoup trop violentes et il ne parlait même pas de Perrie qu’il fuyait comme la peste depuis de longs mois.

Ne sachant pas quoi répondre au garçon lorsqu’elle remarqua son regard interrogateur, Ava se contenta de lui taper l’épaule, non pas pour le réconforter, mais plutôt pour le décaler, le temps d’attraper le seau à glaçons que McCormac laissait trainer sur le bar. Elle y vida allègrement le contenu alcoolisé de son estomac dedans, avant de le reposer sur le bar, comme si de rien n’était. L’AAA avait eu une grimace de dégoût tandis que la jeune fille demanda au barman un verre d’eau. Il sentait des relents d’absinthe lui monter dans la gorge.
Après quelques secondes, lorsqu’elle eut repris des couleurs et avalé son verre d’eau, elle attrapa une petite fiole dans son sac qu’elle but cul sec. Il fallait bien qu’elle se remette les idées en place, le blond semblait extrêmement sérieux. Elle le regarda assez timidement, ce qui n’était pas dans ses habitudes.


- Tu… Tu crois que tu pourrais tout me répéter depuis le début, je crois que j’ai pas tout écouté…
- Je m’en doutais… On ne peut jamais faire confiance aux femmes ! Ni à Lucrecya ! s’époumona-t-il en prenant un haut tabouret pour s’asseoir à côté d’elle. Que venait faire la petite batteuse dans la discussion ? Très bonne question.
- Oh eh ça va hein.


Elle lança un regard assez discret autour d’elle. Tout le monde faisait la fête et les seules personnes susceptibles de les écouter, semblaient passionnées par Rincevent et ses histoires. Elle lui fit un petit sourire d’encouragement.


- Promis, cette fois j’écoute tout sans en perdre une miette.
- Je te parlais de Malicia.
- McGuire ? Oui et bien quoi ? Je ne l’ai pas vue depuis un moment.
- Elle est persuadée que je sors avec Grandiflore, siffla-t-il entre ses dents, cherchant tout de même à ne pas se faire entendre.
- Avec Myo ?
- Moins fort ! Les femmes ne savent donc jamais se taire ?!
- Ça va hein. C’est quoi le problème avec ça ?


Le garçon baissa la tête un instant, comme se renfermant sur lui-même. Il n’allait tout de même pas lui raconter toute sa vie non plus ! Même si elle pouvait lui être utile. Ava sourit de nouveau.


- Je vois.
- Quoi ?
- Tu ne veux pas qu’elle croit que tu es avec Myo parce que tu voudrais être avec elle.
- …
- J’ai tord ?
- Dans les grandes lignes c’est ça.
- Mais qu’est-ce que je viens faire là dedans ?


Il hésita longuement avant de donner sa réponse. Saurait-elle tenir sa langue ? Elle semblait pourtant bien bavarde ! C’était un risque à prendre mais… C’était de Malicia dont il s’agissait ! Tous les risques étaient bons à prendre par la barbe de Merlin ! Il lui expliqua donc, plus ou moins précisément, qu’il aurait espéré avoir un peu d’aide, afin de savoir ce qu’elle pensait de lui, s’il avait une chance, comment faire… Ava l’écouta avec attention, maintenant qu’elle était un peu moins torchée que précédemment. Au début, elle crut qu’il se moquait d’elle mais son regard avait quelque chose… Qui ne plaisantait pas. Il ne semblait pas très frais mais comme tout le monde ici.


- Tu es d’accord ?
- Je sais pas trop…
- Bon ben je vais aller lui chanter ma sérénade en espérant que cela lui plaise..
- Que… Quoi ?! Non c’est mauvais ça !
- C’est ce que tu m’as conseillé il y a même pas 10minutes pourtant..


Il semblait à présent dépassé par les réponses de la jeune fille tandis que la Zeta rougissait de honte. Il fallait vraiment qu’elle oublie l’alcool à trop fortes doses. Non mais sérieusement, chanter une sérénade ?! C’était ringard ! Elle fit les gros yeux rien que d’y penser. Le sorcier commençait à être nerveux et impatient. Il regardait autour de lui comme si on allait le prendre en flagrant délit d’un crime qu’il ne commettait pas. Autour d’eux, tout le monde commençait le décompte. La nouvelle année n’était plus qu’à quelques secondes.


- C’est bon. C’est d’accord. Mais t’es sûr que tout va bien ?

Drago ne répondit pas tout de suite à la question que lui avait posée Ava et resta impassible quelques secondes, comme s'il ne comprenait pas un mot de ce que la zeta avait dit.

Bien sûr qu'il n'allait pas bien : il avait passé sa journée dans une réalité alternative dont il avait bien cru ne jamais revenir. Il avait assisté à la mort de ses amis. Il avait été à deux doigts de mourir. A l'heure qu'il était, il aurait dû être assis sur un banc, non loin de la maison des Flint avec une seule bière, à apprécier le calme environnant et la fraîcheur nocturne, en attendant que minuit sonne. Mais ses pas l'avaient guidés ici. Et maintenant, il était ivre. Complètement ivre.  

Et quand il était ivre, tout lui paraissait être de bonnes idées. Il avait fait énormément de choses honteuses sous l'emprise de l'alcool. Il était allé dans un tripot pour y danser avec des filles de joies et en était ressorti triplement déniaisé. Il avait défié le kelpy de la rivière au crawl et il avait lamentablement perdu. Il avait uriné sur le bureau du doyen au beau milieu de la nuit. Il avait fait des loopings sur son balai complètement nu. Il avait fait subir les pires outrages à une multitude de zeta et avait fini par se réveiller dans les bras d'une irlandaise démente. Il s'était méchamment disputé avec la statue du Ministre de la Magie avant d'être embarqué par sa garde et placé dans une cellule de dégrisement. Il avait tiré une acromentula d'on ne sait où juste pour le plaisir de faire du rodéo avec.

Donc, quand Ava avait prononcé le mot "sérénade", il n'avait pas été choqué, ni étonné. Loin de là...

L'alpha eut un petit sourire annonciateur de malheur.

-Je vais bien... fit-il d'une voix amusée et lancinante.

Autour d'eux, les étudiants continuaient à faire le décompte :

-5...4...3...

Brusquement, il saisit le visage de la jeune femme dans ses mains et lui plaqua un baiser pile au milieu du front :

-Tu es un génie, Gold. fit-il, une lueur un peu folle passant dans ses yeux bleu pâle.

-2...1... BONNE ANNÉE ! hurlèrent les fêtards.

La zeta, qui n'était pas toute fraîche, le considéra avec stupeur et Drago s'en alla, un sourire machiavélique aux lèvres. Il fonça droit sur un gamma qui entonnait un air sur sa guitare, pointa sa baguette sur l'instrument et fit un accio.

Sur ce, il quitta le pub.

Leen quand à elle s'occupait à littéralement se bourrer la gueule et n'écoutait rien de ce qui se disait, bordel elle s'ennuyait!

D'habitude à chaque fois qu'elle faisait la fête, elle se bourrait la gueule, chose déjà bien amorcée cette fois, dansait sur des chansons aux gouts douteux, allait dans les rues avec ses amis pour prendre un bain de minuit, à trois heures du mat', dans la fontaine municipale, draguait tout ce qui bougeait mec ou fille et terminait le lendemain dans le lit de quelqu'un.

Le problème c'est qu'à force de faire des fête avec des alcool très fort et des cocktails encore plus douteux que la musique, c'était qu'on développait une forte résistance à l'alcool. Bon dans son cas, c'était assez modéré.

Tout de même! Elle se faisait chier! La jeune Zeta avait décidé de ne plus écouter un traitre mot de ce que disait les gens à coté d'elle et aussi les paroles de Darck et Kyo. Bah au moins ils la faisaient pas chier. Elle décida de commencer à écouter...

Quoi que non, écouter c'est chiant. Elle allait observer. Mouais, c'est bien ça: observer. Ah la salle était jaune canari et visiblement en gélatine, elle avait du trop forcer sur la Vodka-Hydromel, ça faisait parfois cet effet. C'était quand même drôle, surtout Naëll et ses cheveux roses et ses tatouages qui maintenant lui déformait le visage.

La brune regarda ensuite Myo, la dryade aux cheveux verts avait maintenant ceux-ci d'une couleur bleue schtroumpfs et une peau rose fluo et étrangement ça lui allait bien.

Leen se mit ensuite à observer Lu' qu'elle n'avait pas revue depuis pas mal de temps, l'ancienne Serpentard obtenait une magnifique chevelure blonde ce qui la fit marrer, des seins ce qui la fit de fois plus rire (mais étrangement sans que personne ne le remarque) et une peau verte.

Là elle éclata d'un rire très sonore ce qui fit que Naëll, Myo et la dite Serpentard la regardèrent avant qu'ils ne s'intéressent à autre chose. Pas vexée pour un sou la Serpentarde Zeta se mit à observer un AAA à l'origine blond puis maintenant avec une chevelure rouge et une peau gélatineuse et or.

La Zeta avec qui Leen était rentrée, dont elle avait oublié le nom à cause de l'alcool, abordait quand à elle une chevelure bleue du plus bel effet avec sa peau couleur bronze. Bon c'était officiel Poudlard l'avait traumatisé.

Leen entendit alors:

-BONNE ANNEE!!! ; Ce mot retentissant dans toute la salle.

Bon, c'était la première année où elle n'était pas avec quelqu'un dans son lit. Sa méritait qu'on le fête! Elle prit la bouteille de Vodka-Xérès et se servit un quart de verre, elle mélangea ça avec un autre quart de verre de Vodka-Whisky-Pur-Feu, puis un autre quart de Vodka-Hydromel aux épices (son préféré) et enfin d'un quart de Vodka-Absinthe et mélangea tout ça avec une cuillère sortie de nul-part puis avala le tout cul-sec....

C'était très fort, mais trop bon.

Drago est parti à Mysteria Lane.

Naëll avait entrainé Ava de nouveau jusqu’au bar. Elle l’avait suivi en souriant. Ce passage à la nouvelle année n’était pas si pourri que ça finalement. Elle était même plutôt fière du sort qu’elle avait jeté à Griselda, censé ne durer que quelques minutes et qui l’avait transformée depuis quelques heures déjà. Elle avait eu énormément de mal à ne pas rire quand elle apprit que Naëll avait été une de ses victimes. Par contre, elle ne retint pas un large éclat de rire en voyant Lucrécya danser sur le comptoir. Ca, elle ne l’oublierait jamais !


- CALIN COLLECTIF ! s’exclama Naëll en ouvrant les bras.


Ezzechiel était bien trop occupé à se rouler un énième pétard mais Myosotis et Ava allèrent le rejoindre avec plaisir. La jeune brune les appréciait vraiment beaucoup et sur le coup, elle ne voulait pas les lâcher.


- Bonne année à vous.
- A vous aussi mes copiiiiines ! Naëll les serra de plus belle tandis que les jeunes filles éclataient de rire.
- BANANÉÉÉÉ MES MEILLEURS AMIIIIIS !


C’est une Griselda plus heureuse que jamais qui se jetta sur eux en serrant au maximum les cous d’Ava et de Naëll dont les fronts s’entrechoquèrent.


- Griselda !
- Bonne année Avavava ! T’oublies pas hein ! Faut aussi qu’on organise mon mariaaaaaaaaaaaaaaage !
- Avec qui ? Elle haussa un sourcil en riant.
- Avec Om-Om pardis ! Et s’il est trop nul, je prendrais Sylvius !


Les deux Gammas et la Zeta explosèrent de rire. Griselda semblait être redevenue elle-même. Ils se lâchèrent un instant pour se frotter le front. Ava eut un sursaut en se voyant dans le mur. Elle avait déjà un immense bleu dessus. De même là où Naëll lui avait involontairement donné un coup de coude. Elle soupira et sortit son petit carnet pour y noter tout ça. Il y avait encore des améliorations à faire à cette potion pour qu’elle soit digne d’un vrai philtre de requinquance.
D’un coup, Leen et Lucrécya tombèrent du comptoir entre eux tous. Sans doute avaient elles voulu sauter dans une foule en délire qui ne les avait pas rattrapés. Ava rangea son carnet en riant.


- Depuis quand tu as des boobs Rincevent ?
- Des… Elle se regarda un instant.  J’AI DES SEIIIIINS ! OUIIIIII !


Elle se mit à courir dans tous les sens, les montrant à qui voulait. Elle en semblait tellement fière ! Elle, Lucrécya Flint avait enfin des seins. Enfin sa robe en avait mais ça, il ne fallait pas le dire ! Elle était comme une gamine le soir de Noël. Ava ne se souvenait même pas l’avoir vu aussi souriante depuis qu’elle la connaissait. Griselda posa son doigt sur le front d'Ava.


- Et toi t'as un bleu Avava ! Léthi me dit que tu as fait des folies ce soir !
- Mais... Mais c'est toi qui me l'a fait ! Et arrête d'appuyer bon sang !


La POP ne pouvait pas s'empêcher de rire tandis qu'Ava perdait peu à peu son sourire au fur et à mesure que l'Irlandaise s'amusait à appuyer son doigt le long de son bleu. Elle était tout de même mieux quand elle voulait embrasser tout le monde. Griselda eut un petit rire et se mit à chuchoter devant son chiffon sale. Sans doute était-elle en grande discussion avec son Lethifold. Myo et Naëll souriaient devant la scène en avalant de nouveau les mixtures bizarres de Leen qui n'avait pas bougé du sol.

Leen regarda autour d'elle.

Sympa! Personne me rattrape!
Ils vont pas essayer de rattraper la grosse patate que tu es!
T'es plus bourrée?
Si, le sol est violet et les murs bleu ciels.
BOUAHAHAHA!!!
Pas de chance.
Effectivement, au moins je peut réfléchir correctement.
Ben vu que tu ne nous brime plus et que nous on est pas souls.
Ca doit être moi, toi t'es con
Effectivement.
CONNARDS!!! Tu connais que ce mot Leen?
Faut croire.

Sur ces belles paroles Leen se releva et demanda:

-Vous préférez quel cocktail? Moi perso celui qui a un quart de tous.
-Tiens t'es plus complètement soule? ; Interrogea Naëll moqueur
-Faut croire Nash. Bon alors?
-'Sais pas. Ils sont tous bons. ; Déclara Lucrécya qui avait arrêté de courir.
-J'aime bien la Vodka-Hydromel aux épices et la Vodka-Xérès. ; Répondit Ava
-Ben moi non plus je sais pas trop. ; Répliqua Myo
-Moi c'est la Vodka-Whiskykykyky! ; Affirma Griselda en répétant la dernière syllabe en boucle
-C'est quoi cette question?! ; Cria Nash puis il poursuivit; Et pourquoi vous répondez vous trouvez pas ça idiot?
-Calme le brun! J'essayais juste de relancer un sujet moi!
-Il est complétement idiot. ; Répéta le dit brun
-Certes mais t'as mieux?
-Qu'est-ce qu'est parti faire Malfoy? ; Demanda le Gamma
-Chanter une sérénade à Malicia. ; Soupira Ava
-C'est nul, chiant et ringard. ; Dit la Zeta Serpentarde.
-Je le pense aussi. ; Re-soupira Ava.
-Eh ben! Il va se recevoir une sacrée douche!
-Peut-être pas. ; Répliqua le Gamma brun
-Peut-être que si! ; Riposta l'ancienne Serpentarde
-Et peut-être pas! ; Rétorqua le tatoué
-Peut-être que si! ; Insista la schizophrène

Il continuèrent comme ça pendant un bon moment.

Depuis de longues minutes, un débat faisait rage au sein du groupe de nos amis.

-Peut-être pas.

-Peut-être que si !

-Et peut-être pas !

-Peut-être que si !

-Moi je dis que oui, surtout le dimanche ! Intervint Griselda, glissant entre les deux débattants. Sauf s'il pleut.

Ava, qui s'était mis un peu en retrait, leva un sourcil interrogateur.

-Hein, mais quel rapport avec la sérénade de Malefoy ?

La garçonne dévisagea la Zeta comme si elle la voyait pour la toute première fois.

-La quoi de qui ?

-Mais de quoi tu parlais, alors ? s'étonna Myo, à côté de son amie Zeta.

Griselda plissa les yeux, un brin agressive.

-Mais de quoi tu parles, TOI ?

-Heing ?

Les trois jeunes femmes se regardèrent en chien de faïence.

-Elles sont bizarres, Lethi, j'ai peur... murmura l'irlandaise au chiffon qu'elle caressait, en écarquillant ses yeux.

-Bah moi je préférais quand tu étais sous mon Calmos Pacificatum ! Grommela Ava. Au moins tu divaguais loin de nous.

-Tu étais particulièrement affectueuse ! En plus ça a duré des heures ! Rigola la Gamma.

Gri leva un doigt en hocha la tête, en bonne petite Pi Omicron Pi Je-sais-tout.

-Non, le Calmos Pacificatum ne dure jamais jamais jamais plus de dix minutes ! Tout le monde le sait, voyons ! T'es bête ou quoi, Chlorofille ? Ah oui, c'est vrai, tu n'es pas une POP.

-Mais t'as fait des câlins à tout le monde ! Rétorqua la fille verte, passant sur l'insulte. Pendant des heures !

Le visage de la garçonne se fendit d'un sourire trop large et perturbant.

-Ah mais ça c'est pas à cause du sort de Vava ! C'EST PARCE QUE JE VOUS AIME TOUS PLUS QUE TOUS LES LETHIFOLDS DE LA TERRE REUNIS EN UNE RONDE D'AMOUR POUR CHANTER LA JOIE ET LA PAIX ! ET BANANÉÉÉ !

Elle se jeta sur la sorcière dryade, et couvrit sa figure de gros poutoux baveux.

-BWAAAAH ! SORTEZ MOI CA DE LA ! Hurla la malheureuse, sous le regard mi-horrifié mi-amusé de ses amis.

Lucrécya était heureuse.

Il y avait de quoi : elle s'amusait bien, elle avait des seins, et l'alcool coulait à flots. Et elle était totalement ivre, sans avoir dépensé la moindre noise.

Elle alpagua au passage d'un étudiant qu'elle ne connaissait pas le verre bariolé de ce dernier, et le but cul sec sous les protestations du malheureux. Ah, oui, la vie était belle, et cette nouvelle année commençait on ne peut mieux !

Un solo de trompettes se lança dans le pub, se mêlant au brouhaha de fond, et elle eut soudain très envie de danser sur cette musique joyeuse. Quoiqu'à la réflexion, vu le manque de réaction de tout le monde face à la mélodie, et vu comment tout ça résonnait entre ses oreilles, c'était probablement dans sa tête qu'elle l'entendait. Mais c'était pas une raison pour se refréner.

Elle commença à se dandiner, et, sans crier gare, tira le bras de Leen, qui sirotait un verre dans un coin sans rien demander à personne. Elle la fit tournoyer dans tous les sens, sous le regard horrifié de sa victime Zeta.



Lucrécya lâcha enfin Leen, qui se mit à tituber vers le bar, et continua à valser de manière approximative, sous l’œil circonspect de ses congénères.

-Pourquoi elle danse alors qu'il y a pas de musique ? demanda Ava, interdite, au bout d'un moment.

Naëll esquissa un sourire en coin :

-Il y a longtemps que j'ai cessé d'essayer d'expliquer cette énigme qu'est Lucrécya Mouillevent.

Myo, qui avait réussi à se dépêtrer de l'étreinte maudite de l'Irlandaise, remit ses cheveux en ordre, et fronça le nez :

-Et pourquoi Lulu s'est mise à crier comme ça ? Elle a une voix vraiment HORRIBLE...

Nash acquiesça :

-Je crois bien qu'elle chantait...

-Ça ? C'était chanter ? grimaça la Zeta.

-Dans sa tête, qui sait ? Peut-être que ça avait l'air harmonieux...

Les trois amis hochèrent la tête.
L'Irlandaise cinglée en profita pour cintrer Ava par surprise, en hurlant :

-VAVA JE T'AIMEUH ! FAIS MOI DES BISOUUUUS !

Marcus se redressa, un œil plus ouvert que l'autre, bouche bée.

Il était allongé sur le sol collant du pub, entouré d'une foule compacte d'étudiants, qui ne faisait absolument pas attention à lui. Une grosse marque de semelle de chaussure était imprimée dans sa joue.

-Quéquequoi ? déglutit-t-il.

Il passa sa main dans ses cheveux ébouriffés, et soupira. Combien de temps avait-il ronqué sur le sol sans qu'aucun de ses amis ne s'inquiète de son sort ? Bah, c'était pas grave. Au moins il s'était reposé pour les coups de minuit !

Se relevant tant bien que mal, il tituba jusqu'au petit groupe de buveurs et se laissa tomber sur un tabouret.

-Et les gaillards, faut vous préparer ! lâcha-t-il, frottant ses yeux rougis. Faut pas qu'on loupe le décompte du Nouvel An !

Ava, Myo et Naëll le considérèrent avec un mélange de dépit et de pitié.

-Euh... Flint... Comment te dire ça avec tact... commença la dryade d'une voix gênée.

-Le décompte a déjà eu lieu, trancha Nash.

-Y'a bien une demi-heure ! acquiesça Ava, qui s'était libérée de l'emprise irlandaise.

-QUOI ?

Marcus soupira.

-Bah, je vais me ré-humecter le gosier avec mon pote Reynolds. Tiens, il est où le cowboy d'ailleurs ?

-Je l'ai pas vu, admit Myosotis, qui avait l'air peiné à cette idée.

-Il est pas revenu depuis tout à l'heure, renchérit le Gamma tatoué.

-QUOI ?

Le PAF prit une inspiration :

-Bah, c'est pas grave, je vais rejoindre Malefoy. Lui c'est un vrai bro, il serait pas parti sans moi. Euh.. Il est où ?

-Ben, il est parti... commença Ava.

-QUOI ?!

Marcus souffla sa déception, puis se passa une main sur le visage.

-Bon, c'est pas grave, je vais reprendre un peu d'alcool. Il vous reste quoi en stock ?

-Ah, ben justement Leenea a fait de supers mélanges à la vodka... commença Ava. Ah, non, c'est vrai, on a tout bu...

-C'était super bon ! affirma Myo en souriant.

-QUOI ?!!

Marcus se reprit.

-Bon. Là ça va pas. J'ai besoin d'un câlin de ma femme. Elle est où ? Et me dites pas qu'elle aussi elle est partie !

Le sourire de Nash s'élargit : il désigna du menton quelque chose derrière Flint.
Ce dernier se retourna, et put admirer Lucrécya enlacer et embrasser à pleine bouche Griselda O'Neil.

-QUOI ?!!

Les épaules de Flint s'affaissèrent.

-On dirait que j'ai plus le choix.

Il sortit une petite fiole de sa poche. Le sourire narquois de Naëll s'évanouit en apercevant la bouteille :

-Non, Flint, tu ne vas quand même pas...

-Et si...

-Si tu veux mourir, je te fais un poison qui te sera beaucoup moins douloureux ! proposa Ava.

-Non merci.

-Mais tu sais ce qui va se passer si tu bois ça ! s'exclama Myosotis.

-Hélas oui. Mais j'ai plus le choix.

Le Pi Alpha Fi décapsula la fiole, et but son contenu d'un trait. Aussitôt, il s'effondra au bas de son tabouret, en convulsant.

Nos trois amis se penchèrent sur lui, et considérèrent en secouant la tête la bouteille vide que le pauvre gars tenait encore à la main. Sous la photo d'un Dr Magouille affichant un sourire carnassier, un message rouge y clignotait : « Lait de Poule Miracle du Bon Docteur Magouille ! La meilleure façon de passer les fêtes de Noël ! »

-Il est mouru ? demanda Myo, en clignant des yeux.

Nash poussa le PAF inconscient du bout de la chaussure :

-Non. Mais ça ne saurait tarder. On se roule un petit joint ?

-Ouais !!!

A vrai dire, Kimberlie ne tomba jamais sur Lucrécya. Et a dire vrai, elle n'en avait plus rien à foutre.

A peine avait-elle quitté Naëll qu'elle fut prise d'une violente suée. Sa vue s'était troublée et ses jambes étaient devenues flageolantes. Tétanisée au milieu de la foule, elle avait envie de vomir. Pourtant, l'alcool ni était pour rien. A vrai dire, c'était comme si elle avait plongé sa tête dans un saut de glaçons.

Tel un choc post-traumatique, elle se rendit enfin compte de ce qui lui était arrivée. Elle avait réussi à passé tout son premier semestre à éviter d'être personnellement liée au Doyen de l'université et cela malgré le fait que sa meilleure amie était son amante. Mais ce soir, elle avait reçu un ordre direct du dangereux psychopathe qu'était le Docteur Magouille. C'était comme si un poids titanesque lui aplatissait les épaules et pour une fois, sa force n'était pas capable de se défaire de ça.

Elle tituba jusqu'à un coin du pub où elle se laissa glisser sur le sol, dos contre le mur et jambes amenées sur elle. Son regard était vitreux et son teint blême. Kimberlie n'avait encore jamais ressenti ça lorsqu'elle était Poudlard et pourtant elle avait connu la fuite du nouveau règne de celui-dont-on-ne-prononçait-pas-le-nom ! Sauf que face à Magnus Magouille, elle avait franchement la sensation qu'elle pourrait crever à tout instant, surtout si elle ne faisait ce qu'il lui demandait.

- DIX... NEUF... !

Elle n'entendit que d'une oreille le décompte. Elle ne serait dire depuis combien de temps elle était planquée ici, sans bouger. Comment en était-elle arrivée là ? Depuis quand était-elle une lopette ?! Ce n'était pas le genre de Kimberlie McCormick de flipper comme ça !! Elle était forte et puissante. Elle n'avait aucune raison de flipper ! Et pourtant, à chaque fois qu'elle essayait de se convaincre, elle revoyait sa rivale gisant dans son propre sang la glaçait direct-chef !

- HUIT... SEPT... !

Mais qu'est-ce que c'était cette histoire de Myo et Titus ?! Pour la première fois depuis le discours de Magouille, elle comprit enfin ce que ça voulait dire. Elle leva enfin la tête de ses genoux, avec un air étrange sur le regard, à la fois réfléchi mais aussi ( et surtout ) préoccupée.

- Myo... et Titus... prononça-t-elle machinalement.
- SIX... CINQ .. !

Magouille voulait absolument empêcher Myo de sortir avec son parrain... Myo s'était éprise de Titus... ?

- QUATRE... TROIS... !

Kimberlie fronça les sourcils. Elle n'arrivait pas à comprendre comment elle avait bien pu passer à côté de ça ! Le bon côté c'était que sa crise de panique était enfin entrain de se passer, mais elle comprit aussi qu'elle ne comprenait strictement rien à l'amour ! Mais surtout... elle n'avait pas été là pour Myo alors qu'elle lui avait cassé le pied avec ses problèmes à deux noises ! Elle pouvait-être enfin heureuse, mais Kimberlie n'avait rien fait pour ça ! A croire que Myo était devenue véritablement importante pour elle, puisque même ses sentiments pour son parrain ( tout puissant ? ) ne faisaient pas de siennes ! Après tout, ce n'était pas de l'amour, alors que d'après ce que disait le Doyen, ça pouvait être le cas de Myo !

- DEUX... UN !

Elle se leva d'un seul coup, fonçant dans la foule. Elle devait en être sûre ! Elle devait trouver Myo... Maintenant !!

- BONNE ANNÉE !!

Autour d'elle, les gens s'embrassaient, riaient, et festoyaient la nouvelle année. C'est-à-dire ; elle avait un mal fou à se faufiler entre les étudiants. Afin de se donner plus de chance, elle s'éloigna du bar et slaloma entre les tables. Cherchant une chevelure vertes des yeux, elle s'attardait pas. Quand soudain, elle surélevant son regard. Au bar, elle vit enfin son amie, enfin.. elle devina surtout la chevelure de la dryade. Elle était sur le point de la rejoindre quand elle entendit derrière elle :

- Hey !! C'est toi Abraxas ?!
- Ouais, man...

Kimberlie ne put s'empêcher de se retourner. Ce fut ainsi qu'elle tomba sur Sylvius toujours affalé sur la table où elle l'avait laissé plus tôt dans la soirée face à un PAF qui fronçait les sourcils, dubitatif. Il haussa les épaules et choppa dans la foulée le col du Gamma.

- J'me rappelle plus d'ta tête mais j'men tape ! Comme promis, j'te pète la gueule pour la nouvelle année, camé d'mes deux !
- Ehhh... cool mon gars... c'est la fête... annonça-t-il avec un sourire niais aux lèvres.
- Tu m'dis pas ce que j'ai à faire, Abraxas !! J'vais te faire regretter de t'être foutu d'moi !

Kimberlie était sûrement un peu rouillée en ce début d'année puisqu'elle n'arriva pas assez vite pour empêcher le PAF de faire voler Sylvius à travers le pub jusqu'à cogner sa tête contre une autre table. Autour d'eux, tous étaient trop euphorique pour noter le remue-ménage.
Le Paf revenait à la charge. Il était sur le point de chopper de nouveau le col de Sylvius quand soudain plus rien... Trop occupé, il ne remarqua pas la rapide Kimberlie qui en quelques enjambées, monta sur une chaise, puis une table tout en brandissant sa batte. Ce fut en toute fluidité qu'elle assiégea un coup sur la nuque de colosse qui tomba inconscient ( sûrement à cause de l'alcool qui s'ajoutait à ça... ).

- Trop zion Kim... frottait-il sa tête.
- Tu saignes idiot.
- c'est vrai que j'ai un peu mal à la tête là...
- Qu'est-ce que tu as encore fait au juste ?!
- A quel sujet... ? ... une taffe, Kimi... ? tendit-il la cigarette qu'il avait à l'oreille lui cramant des mèches de cheveux.

Elle leva les yeux au plafond avant de l'aider à se relever :

- Viens, je te ramène au Potiron pour te soigner ça.
- Tu ne veux pas faire la fête, sister.. ?
- J'ai eu ma dose.

Elle l'aida à marcher jusque dehors. L'amour, est-ce que c'était fait de contradiction ? Parce qu'elle était agacée et en colère, pourtant, elle se sentait bien...