Myo, Lucrécya et Titus viennent de là

La Maison des Clubs, si calme d'ordinaire ces jours-ci, se trémoussait littéralement sur place tant l'agitation et l'activité à l'intérieur battaient leur plein. Des volutes de fumée et des explosions de toutes les couleurs jaillissaient violement des grandes fenêtres à l'entrée. Des exclamations et des applaudissements se faisaient entendre à l'intérieur, du genre de ceux qui remontaient le moral du cowboy en moins de deux. Ce dernier se tenait là planté devant la porte d'entrée en forme de grande bouche qui formait par moment des Oh de stupéfaction. A ces côtés, Myo et Lucrécya se faisaient la gueule avec une application professionnelle. Enfin, il aurait été plus juste de dire que Myo faisait la gueule à Flynn. Flynn, elle se FOUTAIT de sa gueule, et ouvertement avec ça.

Enfin un peu d'action pour se remuer les miches, songea Titus avec satisfaction. J'vais leur stupéfixer leur tronche, ils vont rien voir venir ces connards !

-Bon on va passer combien de temps à regarder la porte de cette putain de bâtisse ? bailla Lucrécya. Parce que j'veux bien vous en coller une pour vous faire plaisir, mais j'ai pas qu'ça à foutre.

-T'as qu'à rentrer toute seule, connasse. asséna Myo crispée par la colère.

-Ouais, j'pourrais. Mais c'est plus marrant de rester ici.

Titus ferma les yeux à l'écoute de ce dialogue navrant et se passa la main sur le visage. De se tenir là devant le club où il n'était pas venu depuis presque un mois, il en avait, l'espace d'un instant, complètement oublié son rencard. Et puis... maintenant qu'il y pensait, maintenant que Flynn était là, il avait plus vraiment envie de se retrouver tout seu- enfin de devoir subir la mauvaise humeur de Myo. En plus, il détestait pas vraiment le fait que la batteuse naine soit là. Pour sûr il l'aurait jamais dit à sa copine, mais bon. Passé ses manières de troll des montagnes, sa tendance à la mauvaise foi qui confinait au sublime, ben elle était ok. Un peu comme son bovin de mari en fait.

Pour l'heure, l'ambiance était pas trop à la fête, et le cowboy se dit qu'il vaudrait peut-être mieux qu'ils rentrent sans attendre. Aussi il poussa les battants de la grande porte qui l'accueillit avec un sourire jovial. A l'intérieur, les gradins étaient pas mal occupés, notamment par les amis et groupies des duellistes qui pour l'heure étaient éparpillés partout dans la grande salle, les uns avec des mannequins d'entrainement, les autres avec cordes à sauter animées qui flottaient en l'air à un rythme d'enfer en ricanant, au grand dam des étudiants qui s'entrainaient avec. Il y en avait enfin qui s'échauffaient dans leur coin, avec ou sans protection, prêts à monter sur l'estrade pour des duels amicaux.

Les portes des vestiaires en bois lambrissés s'ouvraient à la volée sous les gradins, de la lumière filtrant, signe d'une grande activité. Le samedi après-midi, c'était toujours très animé dans le club, et Titus se rendait compte maintenant qu'il s'y trouvait combien ça lui avait manqué. Sans attendre, il commença à se diriger vers les mannequins, enlevant son manteau et retroussant ses manches.

-Hey !! l'invectiva Myo.

-De quoi ?

-Je croyais qu'on devait y aller ensemble ?! Donc là maintenant que tu y es, tu te barres, c'est ça ?

Titus se figea devant les remontrances de sa copine :

-Ben... non ! Comment tu peux dire ça, je..

Myo plissa les yeux et le fusilla du regard, alors que Lucrécya faisait un pas en arrière les yeux pétillants, se délectant du spectacle :

-Je t'ai vu Titus ! Tu allais faire ton truc sans même te soucier de moi !
En fait tu voulais juste une aprèm pour toi au club, c'est ça ?

-Mais non !

-Oh mais si. fit Lucrécya en contemplant l'état de ses ongles l'air de rien. La Gamma se tourna aussi sec vers elle :

-TOI ON T'A PAS SONNE RADASSE !!

La sorcière Alpha leva un regard faussement outré :

-Moi une radasse ? Mais pour rappel j'suis très heureuse en ménage avec mon mari, couillonne. C'est pas moi la teupu du Doyen.

Myosotis ouvrit grand la bouche, outrée et se tourna vers Titus :

-ET TOI TU VAS LA LAISSER DIRE CA ?!!

-Ben je.. non ! Bien sûr que non !! s'indigna le ricain. N'empêche...

-QUOI ? T'AS DIT QUOI, LA ?

Lucrécya s'en donna à cœur joie :

-Il a dit "n'empêche", c'qui veut dire qu'au fond il pense comme moi, pas vrai ?

Mais Myo ne faisait plus attention et s'était plantée devant son petit ami Gamma, les yeux comme des poignards :

-Alors c'est ce que tu penses aussi ? Hein ?!

-Mais non Myo !! Merde, j'ai jamais dit ça ! J'dis juste...

Il déglutit. Il se sentait complètement honteux et lâche, pour la première fois. Il avait l'impression de la laisser tomber. C'était pas vraiment le genre de truc qui se faisait quand on sortait avec quelqu'un, ça il le savait. Après une hésitation il poursuivit :

-Oublie ça, j'raconte des conneries. J'ai jamais dit que t'étais une.. enfin tu vois quoi..

La sorcière aux cheveux verts explosa, les larmes aux yeux :

-MAIS BIEN SUR, ELLE, TU VAS LA LAISSER DIRE !!! ELLE M'A INSULTE DEVANT TOI ET TOI TU RÉAGIS MÊME PAS !!! AUTREFOIS TU AURAIS ATOMISE SUR PLACE LE PREMIER QUI ME CHERCHAIT DES DOXYS DANS LA TÊTE, TITUS !! ET MAINTENANT QU'ON EST ENSEMBLE TU VAS RIEN FAIRE ?!!

Avant que Titus ne puisse rétorquer quoi que ce soit, Lucrécya intervint :

-RAAAH !!! MAIS LÂCHE-LUI LE BALAI UN PEU MYOSOTOUFFE !!! POURQUOI T'AS BESOIN DE LUI ? SI T'AS UN COMPTE A RÉGLER AVEC MOI, ON EST AU BON ENDROIT !! Y A UN RING POUR CA !

Alors que Titus commençait à voir venir la catastrophe, elle prit un air narquois :

-A moins que t’aies les jetons, c'est ça ?

Oh chiottes, songea le cowboy alors que sous la colère le teint de Myo virait au rouge pivoine...

Un sourire mauvais mais cependant on ne peut plus ravi illumina le visage de Lucrécya. Eh ben ! Y'avait pas à dire, la petite batteuse ne regrettait vraiment pas d'avoir rameuté le cowboy crasseux et sa copine tarée jusqu'au Club ! Y'avait qu'à voir comment cette dernière se trémoussait de rage, gauche et outrée, comme une adolescente timide qui piquait sa toute première crise. Ses joues avaient viré au rouge tomate, et avec les longs poils verts épinards qui se hérissaient sur son petit crâne vert de monstroplante, on aurait dit une salade mélangée en rogne. Ou un sapin de Noël en furie. En tout cas, quelque chose de ridicule, et d'absolument pas impressionnant.

Et tout ça, sous le regard circonspect et mal à l'aise de Reynolds, qui, vu la gueule qui tirait, devait se demander ce qu'il était censé faire.

En un rebond, l'Alpha Alpha Alpha se hissa sur le rebord du ring le plus proche, et, se tenant distraitement, d'une main, à la plus haute corde autour de la zone de combat, elle se balança tranquillement, se penchant vers la chloropouffe.

-Alors ? On se la donne Granditouffe, ou t'as les chocottes ?!

Myosotis serrait ses dents et ses poings comme jamais. Elle ferma les yeux, et grogna, à l'évidence en prenant sur elle :

-J'ai aucunement l'intention de me battre avec toi...

L'AAA poussa une clameur :

-J'EN ETAIS SURE ! ricana-t-elle. T'AS LES CHOCOTTES !

-J'ai pas les chocottes ! s'insurgea la dryade, en fronçant ses sourcils verts. J'ai juste aucune envie de me rabaisser à ton niveau !

-T'AS LES CHOCOTTES ! insista l'ex-Serpentard, mi-criant mi-chantonnant, histoire d'en rajouter une couche. MISS BROCOLI N'A PAS DE TRIPES !

Les joues de la Gamma s'enflammèrent encore davantage :

-Ferme-la ! Je te dis que...

-T'AS LES MIQUETTES ! la coupa la brunette en jubilant. TU BALISES A MORT ! T'AS LE TROUILLOMÈTRE A ZERO !

Quelques membres du club, ameutés par les cris, entourèrent les deux ennemies, attendant avec fébrilité la suite des événements, espérant une effusion de sorts... et de sang. Si cela eut l'air de gêner un peu la Gamma, Lucrécya, elle, paraissait comme électrisée par ce nouveau public. Enthousiasmée, elle s'exclama, encore plus fort :

-EN MÊME TEMPS J'TE COMPRENDS : CHUIS PAS LA MOITIE D'UNE NAZE MOI ! CHUIS PAS COMME TOI ! TOI T'ES QU'UNE FLIPETTE QU'A B'SOIN D'UN GARS POUR LA DÉFENDRE !

-Mais ferme-la !!!

-ESPECE DE POÜLHÕPÔ MOUILLÉE ! COTCOTCOTCOT...

Pour appuyer ses dires, la jeune femme se mit à se dandiner et à agiter ses bras comme s'il s'agissait de petites ailes, singeant le gallinacée sus-mentionné. Ce qui sembla pousser la Gamma au delà des frontières de sa patience de hippie enfumée :

-J'T'AI DIT DE LA FERMER, BORDEL ! s'énerva-t-elle.

Mais Lucrécya était trop sur sa lancée pour s'arrêter en si bon chemin :

-EH OUAIS, GAMMA-TEUPU ! C'EST MOINS FACILE D'AFFRONTER UNE ETUDIANTE DE PREMIERE ANNEE EN DUEL QUE D'OFFRIR SON CUL AU DOCTEUR MAGOUILLE !

Un murmure parcourut la petite assemblée, tandis que les yeux de Myosotis s'écarquillaient de rage et de stupeur.

-JE VAIS TE DÉFONCER, RINCEVENT !

-Ah, enfin ! s'exclama la petite batteuse, satisfaite.

Elle passa derrière les cordes en un saut gracieux, et regarda avec un sourire qui n'augurait rien de bon la dryade enlever son lourd manteau et le jeter sans ménagement à terre, puis tenter de grimper sur le ring.
Mais Reynolds lui posa une main sur le bras :

-Myo ! T'es pas obligée de faire ça !

-CA TE REGARDE PAS !

-Putain, Myo, laisse tomber ! insista le yankee, visiblement inquiet. C'est une des meilleures duellistes de ce foutu club, et toi, t'as zero entraînement !

La dryade tourna un visage déformé par la rage vers son petit-ami, et siffla :

-PARCE QUE MAINTENANT TU TE SOUCIES DE MOI ?! C'EST UN PEU TROP TARD, TITUS !

Elle escalada le ring, se glissa entre les cordes, et, d'une main terriblement tremblante, elle pointa sa baguette sur Lulu.

Cette dernière jubilait : c'était trop facile d'arriver à ses fins avec une idiote malléable pareille ! Et ça serait trop facile de lui défoncer sa petite mouille de traîtresse qui se la jouait "gentille" : cette meuf savait même pas comment on devait se tenir pour un Duel de magie !

En même temps, Lulu se rappelait du combat que Chloropute avait mené face à Mali, le jour de la Guerre des Frats. Cet affrontement avait fini par être connu par tous, comme ''le duel le plus minable et plus drôle de l'histoire de la WoW''.

Bref, la battre, ça serait aussi facile que d'écraser un véracrasse. Ça ne dérangeait pas Lulu : elle adorait écraser les véracrasses. Et puis elle ne voulait pas simplement gagner : elle voulait que son adversaire souffre, elle voulait la voir pleurer et supplier ! Elle ne méritait pas mieux, cette teupu !!!

Une lueur assassine dans le regard, Lucrécya souleva sa baguette :

-Contusionus Encontusiono !

Lucrécya Rincevent a effectué 1 lancé(s) d'un (Dé de duel.) :

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Le courage de Myosotis retomba comme un soufflé, lorsque la semi-dryade aperçut la grimace maléfique de son adversaire auto-déclarée. Et elle se sentit presque sur le point de paniquer, là,  debout sur le sol couvert de tâches sombres suspectes du ring sur lequel elle venait tout juste de grimper.

Mais merde, qu'est-ce qu'elle foutait là ? Elle était nulle, en Duels ! Non, pire que nulle : elle préférait la sournoiserie du vaudou à l'affrontement direct ! Et en vaudou, là, elle excellait, alors qu'est-ce qu'on s'en fichait de sa capacité à l'affrontement direct ?

Sauf que l'affrontement direct, il était là, en face d'elle, et il la fixait avec des yeux meurtriers et un sourire en coin sardonique, qui aurait pu donner la chair de poule à Voldemort lui-même.
Myo avait cette sensation horrible que cette mégère naine à l'intellect réduit était parvenue à se jouer d'elle, à la manipuler, en parvenant à l'enrager, mais à un point ! Pourtant, c'était pas son genre, de se mettre en colère. Enfin... ça ne l'était pas, d'habitude, disons. Elle, elle n'était pas comme Lucrécya ! Elle était gentille ! Elle ne voulait de mal à personne ! Elle ne cautionnait pas la violence, pas plus que l'injustice, et... et bordel ! BORDEL ! Elle avait juste voulu passer un bon moment avec son mec !... mais fallait croire que c'était trop demander, puisque tout était en train de foirer, foirer, FOIRER. Avec Magouille, avec McGuire, avec Rincevent, avec Titus, tout foirait toujours dans sa vie, putain !

Myo se sentit honteuse, d'un coup. Elle voulut jeter un coup d'oeil à son petit-ami pour voir s'il avait l'air de lui en vouloir, mais elle ne vit qu'une horde d'étudiants aux visages inconnus qui se pressaient contre l'estrade, les yeux avides de spectacle. C'était peut-être son imagination, mais la Gamma avait l'impression qu'ils étaient là pour encourager Lucrécya. Ou plutôt, pour voir Myosotis perdre. Perdre salement, comme s'ils s'étaient déjà fait une idée bien précise de l'issue du combat.

Cette idée n'avait rien de réjouissant, et il en aurait fallu très peu pour que la jeune femme aux cheveux verts fonde en larmes. Mais il était hors de question qu'elle fasse ce plaisir à Lucrécya Rincevent, cette folle-furieuse assoiffée de sang.

La semi-dryade prit une inspiration pour se calmer... et sursauta : l'Alpha venait de lancer un sortilège avec une grâce hallucinante. Il fallait que Myo réagisse, et vite ! Agitant sa propre baguette, elle prononça la première formule qui lui vint en tête.

- Jambencoton !

Myosotis Grandiflore a effectué 1 lancé(s) d'un (Dé de duel.) :

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Le sortilège de Myosotis la surprit : pour l’œuvre d'une sorcière aussi peu douée qu'elle en maléfices d'attaque, il semblait vraiment bien exécuté... mais ce ne fut pas suffisant. Loin de là. Rincevent était visiblement une experte : son Contusionus Encontusiono fusa si vite que la Gamma n'eut pas le temps de l'éviter. Elle sentit en une fraction de seconde quelque chose la frapper brutalement en plein visage, et, dans une gerbe de sang, elle retomba quelques mètres plus loin.

Une clameur bruyante et quelques applaudissement chaleureux accueillirent l'exploit de Lucrécya, qui bomba le torse et leva les bras en signe de victoire, vers son public.

La semi-dryade, elle, gémit, sonnée. Elle avait l'impression qu'un pachyderme venait de lui fracasser le crâne. Elle se passa la main sur le front, et ne fut pas surprise d'y voir un peu de sang.

-Oh bordel... geignit-elle.

Tandis qu'elle grimaçait de douleur, étendue sur le dos, la petite batteuse aux yeux perçants sautilla vers elle, puis s'accroupit à ses côtés, en ricanant avec méchanceté.

-Alors, Grandipouffe, on a eu son compte ? J'tape plus fort que Mali, hein ? Et cette fois, t'auras pas ton bouillaveur à moustaches pour v'nir te sauver les miches !

Un poing jaillit, mais Lulu l'évita de justesse, en sautant en arrière.
La fille-chlorophylle, qui venait de se redresser, essuya d'un revers de main le filet de sang qui coulait de son nez, puis plissa ses yeux noirs, fusillant son ennemie du regard.

-J'ai connu BIEN PIRE que ton petit sort, crois-moi, siffla-t-elle. NAUSEIS !

Myosotis Grandiflore a effectué 1 lancé(s) d'un (Dé de duel.) :

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Lucrécya durcit son regard. Ah, elle en avait pas eu assez, la teupu ? A la bonne heure !
Devant l'attaque de la fille verte, Lucrécya leva à nouveau sa baguette, et prononça de sa voix éraillée :

-PERICULO PUGNO !

Lucrécya Rincevent a effectué 1 lancé(s) d'un (Dé de duel.) :

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L'attaque de Lucrécya fit mouche, et, une nouvelle fois, la pathétique fille-plante décolla du sol. Elle se fit stopper dans son recul, de manière abrupte, par les cordes qui entouraient le ring ; elle se plia alors en deux, comme désarticulée, ses longs cheveux verts ébouriffés cachant son visage.

Une nouvelle salve d'applaudissement accueillit l'exploit, et Lulu se sentit incroyablement fière d'elle. Comme d'habitude, en somme, mais en version améliorée, parce que pour une fois, les autres se rendaient compte de sa supériorité évidente. Elle commençait même à se sentir clairement moins en rogne qu'à son réveil, ce qui était un putain de miracle. Elle leva les bras, fit le signe de la victoire, et commença à scander :

-Vive moi ! Vive moi !! Vive moi !!!

Des cris de joie fusèrent ici et là. Avec complaisance, et la tête haute malgré sa petite taille, Lucrécya considéra ses fans, au pied du ring. Elle était la meilleure, et ils le savaient.

Ça changeait du club des Amis des Hippogriffes, où ses ''camarades'' avaient tenté d'empoisonner son Saleté-de-Bourrique pour qu'elle ne fasse plus partie des membres.
Ou du club de Chorale, où, dès qu'elle commençait à chanter du métal de sa voix fausse et éraillée, on lui lançait sournoisement des silencios.
Ou, du club de Théâtre, où on avait ensorcelé le théâtre pour qu'elle ne puisse plus y rentrer, sous prétexte qu'elle changeait trop son texte sur scène... alors que c'était quand même plus évident de dire keum à la place de ''gentilhomme'', et teupu plutôt que ''gourgandine'' ! Fallait que les gars dans le public pigent de quoi ça s'agissait, nan ?!

En fait, à la réflexion, y'avait pas grand monde qui l'aimait. Même sa propre fraternité avait lourdement insisté pour qu'elle ne vienne plus à leurs réunions hebdomadaires, pourtant obligatoires. Ce qui l'avait arrangé à vrai dire, parce qu'elle s'emmerdait grave pendant ces réunions. Principalement parce qu'elle entravait que dalle à ce qu'ils baragouinaient, ceux-là. Ils auraient pu écrire les textes des pièces du club des théâtreux, c'est dire !

Mais au Club de Duels, ah ouais, là, elle était quelqu'un ! Elle était leur Reine ! L'Impératrice de la Castagne ! La Déesse du Puriculo Pugno ! Et tous l'aimaient à fond ! Ils voulaient être comme elle ! Ils voulaient être elle ! ILS L'ADORAIENT, TOUS !!!

...enfin, presque tous.

Dans l'assemblée, l'Alpha croisa le regard de Reynolds : elle n'y lut que de la rage et de la haine à l'état pure. Elle haussa les épaules : elle avait rien contre ce gus, mais elle se contrefichait de ce qu'il pensait d'elle. Et puis, quelle idée aussi, de s'enticher d'une fille comme Myosoteupu ! Et s'il était pas content, elle était prête à lui faire goûter à ses sortilèges d'attaque. Lucrécya pouffa d'un rire méchant : même si le yankee essayait de monter sur le ring, le public était à présent assez dense pour l'en empêcher. Personne ne le laisserait interrompre un duel à un contre un : les règles étaient les règles, dans ce club !

Un gémissement lui fit tourner la tête : le monstroplante venait de frémir, toujours adossée dans les cordes. Et Lulu n'arrivait pas à percevoir son visage. Mais il semblait y avoir eu du dégât, si on se fiait au sang qui gouttait, au pied de la Gamma.

Lulu ne ressentait aucune pitié. Déjà, parce que c'était pas son genre. Mais aussi, et surtout, parce que cette fille n'était qu'une salope de traîtresse qui méritait que le pire lui arrive.
Elle s'avança d'un pas lent vers la blessée, et serra sa baguette dans sa main, prête à l'utiliser si l'autre faisait le moindre mouvement chelou.

Elle ricana :

-Alors, Grandipouffe, on en veut encore plus ? Parce que moi je me lasse pas de te faire saigner.

Elle leva à nouveau sa baguette, lentement, comme pour savourer ce moment d'extase brut.

La foule scandait le nom de Lucrécya, frappant leurs pieds et leurs mains en rythme. Il fallait dire que si la lilliputienne n'était pas en odeur de sainteté chez les amateurs d'hippogriffes, elle était une star au Club de Duels. Tout le monde savait comment en bonne ex-Serpentard elle adorait provoquer ses adversaires pour les forcer à se jeter dans les duels tête baissée, et donc à commettre des erreurs.

Titus le savait aussi. Et il ne manquait jamais de se faire à lui-même la remarque qu'en la matière, l'Alpha, d'ordinaire si obtus, faisait là, preuve d'une intelligence stupéfiante... Il serra les poings avec rage, jetant une œillade enragée en direction de la batteuse. De quoi cette mini-garce se mêlait ! ET DE QUEL DROIT S'IMAGINAIT-ELLE QU'ELLE POUVAIT TAPER SUR SA COPINE SANS S'EN FAIRE ?!

Il avait voulu avertir Myo qu'elle courrait droit dans un piège et qu'elle allait se faire pulvériser, mais ça avait été peine perdue. Et maintenant il constatait, les tripes nouées, qu'effectivement sa copine était sur le point d'en prendre une sévère. Bon dieu, il serait bien monté sur le ring lui-même, mais elle aurait préféré avaler une bouture de mandragore plutôt que d'accepter, il en était persuadé !

Quand même... Le fait qu'elle ait pu protester ne l'aurait d'ordinaire pas empêché de la protéger quand même. Qu'elle le veuille ou non ! Bordel, il en avait toujours fait qu'à sa tête, pourquoi c'était différent maintenant ? Pourquoi il avait laissé faire sans broncher ? Parce qu'il espérait secrètement que sa petite amie l'emporte ? Il en doutait.

Peu importait à présent : Myo allait prendre une raclée propre et nette, et il ne pouvait plus rien faire pour l'empêcher, si ce n'était écouter impuissant les quolibets qui commençaient à pleuvoir autour de lui :

-Vas-y Flynn !! Mets-lui sur la gueule !!!

-Ouais, montre-lui à la garce du Doyen c'que tu peux faire !!!

Des avalanches de rire accueillaient ces remarques, et le cowboy sentit son sang commencer à bouillir. Il se tourna aussi sec vers celui qui avait prononcé cette dernière phrase :

-Cette garce comme tu l'appelles, c'est ma copine.

L'étudiant-sorcier le regarda sans comprendre, puis un rictus moqueur apparut sur son visage. Mais le ricain ne lui laissa pas le temps de répliquer, et il lui fit sauter quelques molaires d'une droite bien placée.

Puis il se retourna vers le ring, alors que la rumeur enflait autour de lui : Myo se relevait peu à peu ! Sans ménagement, il joua des coudes et des talons pour se frayer un chemin à travers la foule, tentant de rejoindre l'estrade.

Myo se redressa légèrement, et fut secouée par un léger chuintement, qui fit tressaillir ses épaules.
Les pupilles de Lucrécya brillèrent d'un éclat mauvais.

- Oh, me dis pas que tu pleures, jubila la batteuse, en accentuant son sourire en coin. Ça serait vraiment...

La brunette à la voix cassée s'arrêta en pleine phrase, réalisant que ce n'étaient pas des sanglots mais bel et bien un rire, qu'elle entendait s'élever derrière le rideau de cheveux verts de son adversaire. Elle leva un sourcil, suspicieuse, tentant de dévisager la Gamma... en vain.

- T'as pété les plombs, Grandipouffe ?

- Au contraire, lui répondit une voix criarde et suraiguë, qui n'était absolument pas celle de la fille-chlorophylle.

La batteuse agressive fit un pas en arrière de surprise, puis serra les dents, agacée : Myosotis venait de se redresser. Un de ses yeux n'était plus qu'une fente boursouflée. Le sang qui recouvrait son visage impassible collait ses cheveux emmêlés à ses joues.  Et, au bout de son bras tendu, elle tenait une petite poupée aux yeux en boutons et au sourire suturé, qui se gondolait de rire.

Son ennemie plissa ses petits yeux mesquins :

- Espèce de salope, tu vas quand même pas oser...

- Si, siffla la semi-dryade.

Elle planta de toutes ses forces la minuscule aiguille, qu'elle tenait entre son pouce et son index, dans le pied de sa poupée Bibi. Aussitôt, Lucrécya poussa un cri de douleur bestial, et se mit à sautiller sur place à pied joint, la face déformée par la douleur.

- AH LA TEUPU !

Enragée comme jamais, l'AAA avada-kedavrisa la Gamma du regard, et, la mâchoire serrée par la colère et la douleur, pointa avec virulence sa baguette sur son ennemie :

- CONTUSIONUS ENCONTU... AAAARGH !

Une gerbe de sang jaillit de la cuisse de la colérique batteuse, à la seconde même où Myo, dont le visage ne trahissait aucune émotion, rentrait à nouveau son aiguille sur sa poupée. Lucrécya tomba à terre et meugla comme un veaudelune en train de se faire castrer, les mains plaquées sur sa cuisse, rougies par l'hémoglobine de la blessure.

Une rumeur outrée commençait à enfler autour du ring, mais la semi-dryade n'en avait cure. Il fallait que ce cirque se termine, et il fallait que ça se termine vite. Elle baissa la tête vers la batteuse naine qui, sur le sol, haletait et gardait sa main crispée sur sa baguette. Ses yeux verts étincelaient de colère et de défi.

- PUTAIN DE GARCE, C'EST PAS FAIR PLAY ! rugit-elle, sa voix plus éraillée qu'à l'accoutumée. T'AS PAS LE DROIT D'UTILISER TA SALOPERIE DE MAGIE NOIRE POUR UN DUEL ! T'AS TRICHÉ !

- Rien à foutre, rétorqua Myo, le plus sincèrement du monde.

Elle tendit à nouveau Bibi.
La brune lilliputienne hurla à nouveau de douleur.

Une once de tristesse voila le regard de l'étudiante à la chevelure verte. Elle n'était pas sadique, et ne ressentait pas le moindre plaisir à la souffrance d'autrui, bien au contraire. Mais elle était blessée, tremblante et à bout de forces. Et elle voulait simplement s'assurer que cette folle furieuse, qui avait visiblement tout un dentier contre elle, resterait à carreau le temps qu'elle quitte ce lieu de perdition.

Toujours dans sa main, sa poupée pouffa de rire :

- Eh ben, ça c'était la classe, Myo !

La Gamma ne répondit rien. Mais elle en doutait sérieusement. Et ce n'était pas non plus l'avis des membres du club qui avaient assisté au combat, et qui commençaient à invectiver la jeune femme.

- OH LA GARCE !

- SALE TRICHEUSE !

- HOUUU !

Myosotis ferma les yeux, et soupira, longuement. Elle se sentait lasse, mais lasse... Si on rajoutait à ça sa tête qui tournait, et son œil qui la lançait terriblement, y'avait pas à dire : c'était pas son jour. Et ça, c'était sans parler de tout ce qui s'était passé, avant. Elle n'avait plus qu'une seule envie : rentrer chez elle. Seule. Car après tout, n'était-ce pas ainsi qu'elle avait toujours été ?

Il lui avait fallu ce tabassage en règle pour comprendre que Titus ne faisait pas grand cas de ce qui pouvait lui arriver. Mais en fait, à la réflexion, ça n'avait rien d'étonnant. Qu'est-ce qu'elle avait cru ? Que, simplement parce qu'elle était amoureuse de lui, il allait passer l'éponge sur toutes les raisons pour lesquelles il ne lui avait plus adressé la parole pendant des semaines ?

Elle se sentait triste, à bout de nerf, et bête, bête à en pleurer. Mais ses yeux restèrent secs, alors qu'elle descendait maladroitement du ring, histoire de quitter ce foutu club pour toujours.

Se sentant impuissant, Titus vit Myo, la figure ravagée et couverte de sang, partir à reculons et sortir du ring la baguette encore serrée dans sa main. Elle sauta maladroitement en bas de l'estrade et commença à se diriger vers la sortie sans un regard en arrière.

Le Gamma sentit la panique et le remord monter en lui, et il démarra au quart de tour, courant après elle. Il la rattrapa très vite juste après les vestiaires et lui agrippa le bras.

-Myo ! Merde mais atten-

Elle se retourna aussi sec, et commença à lui donner des coups sur l'épaule et le torse, furieuse :

-TOI TU ME LÂCHES !!! J'AI PAS BESOIN DE TOI ! J'AI BIEN COMPRIS DE QUEL COTE TU TE TENAIS !!!

-MAIS ARRÊTES, BON DIEU !! tonna le ricain en lui bloquant le bras. POURQUOI TU RÉAGIS COMME CA ?!

-TU TE FOUS DE MOI ?!! s'écria la Gamma en voulant se dégager. JE SUIS TA PETITE AMIE AU CAS OU T'AURAIS OUBLIE, PAUVRE CON !!! CA T'AURAIS TUE DE ME SOUTENIR ?!

Titus l'attira contre lui et réfléchit à toute allure. Bordel de dieu, songea-t-il, mais j'fais quoi moi ? Qu'est-ce qu'il faut que je dise dans ces cas-là ?. Il essaya de prendre un ton apaisant :

-Je voulais voir personne se friter la tête comme ça à notre rencard. J'imagine que c'est pas le genre d'ambiance en vogue quand on sort avec quelqu'un. Ca veut rien dire d'autre ! Je suis de ton côté, qu'est-ce que tu crois ?

Myo leva vers lui un regard embué et furieux :

-T'as entendu ce qu'elle m'a dit ? Tu as vu ce qu'elle a essayé de me faire ! CE QU'ELLE M'A FORCE A FAIRE ?!! Comment tu peux laisser passer ça ?

-Je laisse rien passer. J'aurais du dire quelque chose. Désolé. Mais j't'avais bien dit de pas monter sur ce ring !

Une voix éraillée se fit entendre derrière eux :

-Et t'avais bien raison ! Mais bon, j'ai encore un compte à régler, cowboy, alors tire-toi de là !!

Lucrécya avait fendu la foule, claudiquant furieusement, un linge imbibé d'hémoglobine noué serré autour de la cuisse. Son regard étincelait de haine et son poing se serrait tellement sur sa baguette que cette dernière aurait du exploser sous le choc. Le sang du cowboy ne fit qu'un tour, la bouche tordue par un tic de fureur, il dégaina sa baguette et fit volte-face, la pointant sur la batteuse :

-FERME TA GRANDE GUEULE, FLYNN !!! TU T'ES BIEN MARRÉE ? JE L’ESPÈRE POUR TOI, PARCE QUE MAINTENANT LA RIGOLADE EST TERMINÉE !!! T’ARRÊTE DE NOUS RÂPER LES RAISINS ET TU RETOURNES TE METTRE SUR LA GUEULE AVEC LES AUTRES CLAMPINS DU CLUB !!! SI TANT EST QUE T’ARRIVE A REMONTER SUR LE RING AVANT UNE QUINZAINE !!!

Il se rapprocha brusquement, lui collant la baguette sous le menton, la dominant de toute se hauteur :

-Et si jamais tu manques encore de respect à ma taulière, gronda-t-il d'une voix rauque, j'te pétrifie, j't'ouvre le claque-merde avec un cric, et j'te fais ingurgiter une caisse de potions Magouille !

Le cowboy cracha par terre.

-Si ces saloperies guérissent vraiment de tout, même de la connerie, ça te fera pas de mal...

Lucrécya le regarda, interdite :

-T'as vraiment aucune idée de qui t'as à faire...

-Si. Une naine avec de la raclure de scroutt dans le crâne et une trop grande gueule.

-J'TE PARLE PAS DE MOI, COUILLON !! J'TE PARLE D'ELLE !! T'AS VU CE QU'ELLE A FAIT Y A PAS DEUX MINUTES !!!

-Quand on se met sur la tronche en duel, on finit toujours par écoper de quelques plaies, Flynn.

-TE FOUS PAS DE MA GUEULE !!! rugit la batteuse. TU SAIS D'QUOI JE PARLE !! T'AS VU COMME LES AUTRES ET TU SAIS QUE C’ÉTAIT DÉLOYAL !!!

-Aussi déloyal que ta tentative merdique de la provoquer et la forcer à se battre ?

L'Alpha secoua la tête, incrédule :

-Tu connais pas vraiment cette meuf , hein ?

Titus se tourna vers Myo qui était restée en arrière. Elle regardait le ricain avec un petit sourire et une mine réconfortée.

-Mais si, je la connais. Mieux que toi, c'est sûr. Ma gonzesse est pas parfaite, mais elle a bien plus de valeur que t'en auras jamais.

Il tourna les talons et rejoignit la sorcière aux cheveux verts, plantant l'Alpha sur place.

-Ah c'est vraiment c'que tu crois ? fit cette dernière avec un sourire mauvais.

Lucrécya plissa les yeux.
Titus ne le montrait pas, mais la petite batteuse était parvenue à insinuer le doute en lui. Ou du moins, à titiller sa curiosité. Elle le savait : il avait ralenti imperceptiblement le pas, alors qu'il rejoignait sa greluche godiche.

Greluche godiche, qui se tenait droite, immobile et inutile comme la plante verte qu'elle était. Elle fixait son mec de ses grands yeux de biche mouillés et trop fardés, et faisait ressortir sa lèvre inférieure, façon peste boudeuse. Raaah, mais quelle teupu ! Quelle foutue tricheuse ! Mais qu'est-ce qu'elle énervait Lucrécya ! Elle était insupportable !  Elle faisait que des conneries, mais elle s'en sortait tout le temps !  Elle avait un souci ? Elle faisait un peu de magie noire, et hop, ça passait tout seul ! Elle voulait quelque chose ? Pas compliqué, suffisait qu'elle minaude devant un gars, avec ses énormes nénés et sa voix niaise de gamine, et miss Brocoli obtenait tout ! TOUT ! Elle avait probablement eu Magouille comme ça, même si ça avait pas du être trop difficile d'alpaguer ce vieux libidineux dégueulasse. Mais putain, même ce cowboy crasseux ne voyait que du feu dans son petit jeu !

Mais non, pas cette fois ! Lulu n'allait pas laisser cette garce verdâtre s'en sortir une fois de plus ! C'était devenu personnel ! Et pas seulement parce qu'elle avait gagné le duel, mais aussi parce que... euh... ouais bon, ok, c'était parce qu'elle avait gagné le duel. Mais elle avait gagné A LA DELOYALE ! Et ça c'était... ben... déloyal, quoi. Et Lulu détestait ça ! Elle, elle se battait jamais à la déloyale !...enfin, sauf quand elle attaquait des POP par surprise, ou qu'elle sortait sa batte pendant un combat à mains nues, ou... ouais, bon, ok, elle se battait toujours à la déloyale. Peut-être, mais elle faisait pas de la putain de saloperie de magie noire, elle !...enfin, ça avait pu lui arriver, à l'occasion, mais... mais.... euh... MAIS C'ETAIT PAS PAREIL !

Grimaçant de rage autant que de douleur en songeant à sa blessure encore vive, Lucrécya héla le Gamma qui lui tournait le dos :

-Hey ! Reynolds ! Est-ce qu'elle t'as raconté tout ce qu'elle a fait pour son ancien chéri ?

Titus tourna la tête vers l'AAA, sourcil relevé... mais Myo bondit littéralement en avant, avant même qu'il n'eut le temps de réagir :

-Mais bordel, ça suffit Rincevent ! Fous-nous la paix ! Fous-MOI la paix ! Tu fais une fixation sur moi ou quoi ?!

L'AAA grimaça :

-Nan ! J'ai juste des fourmis dans le pied tellement j'ai envie de te botter le cul, pour tout ce que t'as fait ! Et c'que t'as fait à Mali !

Prêt à défendre sa copine au besoin, Titus releva sa baguette, mais la française fut la première à réagir, en lançant, sarcastique :

-C'est ça que t'es, alors ? Le petit toutou de McGuire ?

-C'est mieux qu'être la teupu de Magouille ! répliqua la petite batteuse, du tac au tac.

Myo grogna :

-Je ne suis pas la teup...

-SI TU L'ES ! cracha Lucrécya. Et moi chuis pas le toutou de Mali, mais chuis d'accord avec elle : y'a un truc chelou avec toi ! J'peux pas t'sentir ! Et ça date pas d'hier ! En septembre déjà, tu nous as trahi pour ton salopard de doyen, pendant ce putain de maléfice qui nous faisait chanter ! Depuis je t'ai à l'oeil !

La hippie aux cheveux verts soupira bruyamment :

-Mais arrête avec cette vieille histoire ! J'étais pas moi-même à cette époque ! J'étais sous un philtre d'amour !

-UN PHILTRE D'AMOUR C'EST PAS UN FOUTU IMPERO ! s'énerva Lucrécya.

Quelques secondes d'un silence circonspect suivirent ce cri. Myosotis finit par ciller :

-Euh... hein ?

-RHAAA CA ME GONFLE ! rajouta Lulu, ce qui n'éclaircit pas vraiment son point de vue, il est vrai.

Elle voulut donner un coup de pied dans une vieille canette rouillée de FNUC Cola que quelqu'un avait laissé à terre, mais cela raviva la douleur dans sa cuisse – et par là même, sa fureur.

Le yankee crasseux leva les yeux au ciel :

-Ca te gonfle quoi, au juste ?

-CA ME GONFLE LE NOMBRE D'EXCUSES QUE TA GONZESSE SE TROUVE POUR PAS ASSUMER SES CONNERIES !

Lulu se tourna à nouveau vers Myo :

-C'est jamais de ta faute, hein ? Bordel, j'en ai fait des conneries, moi aussi, et plus qu'à mon tour ! Mais j'ai toujours assumé ! J'aime Marcus, mais s'il me demandait d'emprisonner toute la fac, y compris mes meilleurs potes, pour lui, j'lui dirait qu'il peut toujours aller se faire voir chez les détraqueurs ! Et c'est bien possible qu'il s'en prenne une au passage ! Être amoureuse, c'est pas une excuse pour être conne et déviante, espèce de courge occulte !!!

Son interlocutrice ouvrit des yeux outrés.

-Ne parle pas de ce dont tu ne sais rien !

Lucrécya leva la main, faisant mine d'apaiser les tensions :

-Ok, ok, je sais pas c'que ça fait d'être sous un sort d'amour. Mais à ce que j'en sais... t'étais pas sous ton p'tit philtre à la con quand t'as bradé ta vertu pour le plus grand pervers du monde sorcier !

Le sang de la dryade ne fit qu'un tour :

-PUTAIN, CA NE TE REGARDE PAS ! CA NE REGARDE PERSONNE ! A PART MAGNUS ET MOI !

-SI ! rétorqua sèchement la batteuse. A partir du moment où tu nous trahis pour couvrir ce fils de teupu, ça nous regarde !

Titus braqua des yeux inquisiteurs sur la dryade.

-De quoi elle parle, Myo ? demanda-t-il, un poil pressant.

La chloropouffe avait perdu le peu de couleurs qu'elle avait.

-Je... j'en ai pas la moindre idée, lâcha-t-elle, peu assurée.

Le sang de Lulu ne fit qu'un tour :

-MENTEUSE ! Tu sais très bien de quoi je parle ! persifla-t-elle. T'as fait semblant de nous aider, O'Neil, Mali et moi, pour faire virer cet enfoiré à chapeau ! On aurait pu devenir potes, malgré ton double D et ton horrible accent français, mais naaan, t'as préféré prendre le parti de Gougouille !

Le cowboy fronçait les sourcils, comme pris d'un gros doute. Il ne détachait pas ses yeux de sa petite-amie, qui avait pris une teinte livide limite mort-vivante.

-Myo ? fit-il.

Lucrécya poussa sans ménagement la chloropouffe mutique, et se tourna vers le yankee, se hissant sur la pointe des pieds pour garder la tête la plus haute possible :

-Elle s'rappelle plus, mais moi j'ai une mémoire d'oliphant, t'inquiète ! C'était juste avant Noël. Avec Mali on voulait faire tomber l'autre baltringue de doyen, genre, définitivement. Et ta nana nous a proposé son aide ! Mais en fait elle se contentait de nous espionner pour refourguer des infos à Magouille ! Elle l'a averti qu'un inspecteur venait voir comment vivaient les Omegas, et du coup on est passées pour des glands !

Titus considéra avec des yeux ronds la Gamma aux cheveux verts. Cette dernière semblait tellement ahurie par les révélations de la batteuse qu'elle suivait la scène sans réagir, bouche bée, sonnée.
Cela n'empêcha pas Lulu de poursuivre, bien au contraire :

-Ensuite, avec Malicia on s'est démerdée pour trouver la recette de la Potion Miracle du Dr Connard. J'me rappelle pu de la liste exacte des ingrédients, mais Mali m'a dit que ça en faisait un truc super efficace pour désherber. Et rendre la terre radioactive au passage. J'ai pas trop pigé, mais je sais qu'c'est pas bon, en tout cas ! Et elle..

Elle pointa d'un doigt accusateur Myo, sans même lui adresser un regard.

-ELLE ! Cette salope ! Elle s'est empressé d'aller tout raconter à son p'tit doyen chéri, histoire qu'il puisse agir avant nous ! Résultat : il a fait des faux aveux à la mords-moi la baguette, et dans les jours suivants sa foutue potion s'est encore mieux vendue ! Il a gagné des tonnes de gallions, en continuant d'empoisonner des abrutis, ET ELLE L'Y A AIDEE !

Le regard du Gamma s'assombrit, mais Lucrécya n'avait pas encore fini son petit speech, au grand désarroi de la dryade tétanisée.

-Et finalement on a lâché l'affaire, parce qu'on s'est rendues compte qu'on pourrait pas faire tomber ce salopard seules, cracha-t-elle, agacée par cette idée. Et la première chose que cette garce a fait, c'est d'aller le rejoindre histoire de s'envoyer en l'air avec ! Après avoir passé sa journée à nous trahir ! ELLE S'EST BIEN FOUTUE DE NOTRE GUEULE, CETTE MORUE ! Heureusement, Malicia avait des soupçons et tout, et elle est allée les filmer en diffusant sa picturine en public... Ah ça, c'était le moment le plus drôle de la journée, j'dois avouer !

Lucrécya fut prise d'un ricanement gras à ce souvenir.

-Myo, fit la voix étrangement monocorde du cowboy.

Sous le regard réjoui de la brunette, la Gamma releva ses yeux maquillés à outrance vers son copain, et sursauta. Ce dernier la fixait, livide et tremblant. Ce qui ne présageait rien de bon.

-T... Titus ? bégaya la dryade, pleine d'appréhension.

-C'est vrai ? fit-il d'une voix glaciale.

-Beeeeeeeen... répondit-elle, en faisant durer beaucoup trop la syllabe.

-Tu l'as couvert, siffla Titus.

-Et comment ! pouffa l'Alpha, en croisant ses bras.

Myo secoua sa tête :

-Ce... ce n'est pas...

-PUTAIN !

Il hurla tellement fort que la fille verte sursauta.

-M... mais, Titus, je...

-C'EST MILLE FOIS PIRE QUE TOUT CE QUE T'AURAIS PU FAIRE, MYO ! C'est déjà débectant de t'imaginer en train de copuler avec lui, mais je pensais que c'était juste une lubie particulièrement gerbante que t'avais eue ! Mais si tu l'as couvert, si tu l'as aidé, ça fait de toi sa putain de complice ! Tu comprends ça ?! Ca veut dire que tu cautionnes ce qu'il fait, et que t'es toute aussi responsable que lui de ses crimes ! PUTAIN MYO ! JE PENSAIS QUE TU VALAIS MIEUX QUE CA ! CA ME DEGOUTE !

Il fit furieusement volte-face, et s'éloigna à grandes enjambées, sous le regard perdu de la Gamma.

Lucrécya, qui jubilait comme jamais, se rapprocha de son ennemie jurée, et lui sussurra :

-Si tu veux un conseil d'ami, Grandipouffe, tu devrais plutôt retourner avec Gougouille. Il est plus...

Elle considéra la française, grimaça exagérément, et conclut :

-...comme toi.

Elle ricana, fière d'elle... puis grimaça de douleur. Elle s'éloigna, en boitant et grommelant :

-Bordel, faut qu'j'aille au dispensaire avec toutes ces conneries...

Et elle laissa la sorcière aux cheveux verts plantée là.

Myosotis était restée comme sonnée quelques secondes, sans savoir comment réagir. Cette salope de naine rageuse venait de faire voler son couple en éclat, juste pour le plaisir de le faire foirer ! C'était tellement aberrant que la semi-dryade ne savait pas si elle devait en rire ou en pleurer. Dans le doute, elle ne fit ni l'un ni l'autre. Mais elle serra les dents d'énervement.

Elle sortit de ce satané club, à la recherche de Titus. Il fallait qu'elle le retrouve. Il fallait qu'elle le récupère. C'était une question d'honneur : elle avait déjà été assez la risée du campus comme ça, alors elle ne voulait pas en rajouter en détenant le record de la relation amoureuse la plus courte de l'année. Mais surtout, il était hors de question que cette pétasse aux cheveux noirs gagne la partie ! Ah ça, non !

La jeune femme fronça les sourcils, et scruta les alentours, à la recherche de son petit-ami... ou du moins, de celui qui l'était toujours, quelques minutes auparavant. Elle jeta une œillade assassine à la silhouette lointaine de Rincevent, qui devait sans doute se traîner jusqu'au dispensaire... puis aperçut le cowboy, sous un arbre gigantesque recouvert de givre. Il fumait rageusement clope sur clope, et tenait toujours sa baguette serré dans son poing, comme s'il attendait le moindre prétexte pour pouvoir s'en servir.

La fille-chlorophylle s'avança d'un pas décidé vers lui. Elle n'hésita pas, ne l'appela pas, ne s'excusa pas. Elle se contenta de lancer, d'une voix claire :

- Je n'ai jamais couvert Magouille pour quoi que ce soit.

C'était faux. C'était un mensonge éhonté.
Mais elle ne pouvait pas dire la vérité, il ne le supporterait pas.

Parce que la vérité, c'est qu'elle avait aidé Magnus sans l'ombre d'une hésitation. Et elle n'était pas honteuse de l'avoir fait. Parce qu'elle en avait rien à foutre de ce que Magnus avait pu faire de mal dans sa vie. Y'avait de l'uranium dans sa potion ? La belle affaire ! Si quelqu'un était assez couillon pour acheter un philtre soi-disant miracle pour se guérir plutôt que d'aller voir un médicomage, c'était qu'il méritait son sort.

Et le Doyen était un escroc qui détournait des fonds. Ouaip. Et elle-même était une junkie qui vendait des plantes illégales aux toxicos et autres illuminés de la fac. Alors, ce n'était pas à elle de le juger.

Quant aux Omegas... tout le monde s'en fichait de ceux-là, et Myosotis ne dérogeait pas à la règle. Ça faisait d'elle quelqu'un d'égoïste ? Peut-être. Mais ce n'était pas ça qui allait l'empêcher de dormir.

Et non, quoiqu'en dise tout le monde, elle n'avait pas à rougir de ce qu'elle avait fait avec lui. Elle était célibataire à l'époque. Et c'était pas un crime de fréquenter quelqu'un de plus âgé. Et bordel, si elle devait être honnête avec elle-même, ça avait été génial ! Ils s'étaient éclatés au pieu ! Alors pourquoi le regretter ?

Et puis, c'était bel et bien fini à présent, alors pourquoi aurait-elle à s'en vouloir ? Pourquoi ?! Pourquoi tout le monde la faisait toujours chier avec cette foutue histoire ?! Pourquoi elle devait toujours se justifier, s'excuser, se reprendre ?! Putain, qu'elle en avait marre ! Elle en avait marre de se prendre la tête, elle en avait marre de se forcer à s'en vouloir, elle en avait marre d'en avoir marre !

Myosotis n'aimait pas être en colère, et n'avait pas l'habitude de s'énerver. Mais cet état avait l'avantage de lui donner de la détermination. Parce qu'il était hors de question qu'elle laisse Titus la quitter aujourd'hui.

Titus, c'était un sorcier exceptionnel. Son meilleur pote. Quelqu'un avec qui elle adorait discuter, quelqu'un avec qui elle adorait passer du temps, enquêter sur des mystères chelou ou boire plus que de raison. Quelqu'un à qui elle ne pouvait pas s'empêcher de penser sans sourire...
C'était aussi quelqu'un qui lui avait atrocement manqué, lorsqu'il avait décrété qu'il ne voulait plus la voir. Elle en avait pleuré si souvent. Parfois même en étant dans les bras de Magnus, parce qu'on se console comme on peut.

Et l'américain avait du bien morfler de son côté, elle s'en rendait compte à présent. Lui n'avait eu personne pour le consoler. Il avait souffert. Bien plus qu'elle. A cause d'elle. C'était une période sombre qu'ils venaient de traverser, et ils n'en avaient pas parlé en se mettant en couple. Pas un mot. Et ça commençait à ériger un mur glacial entre eux.

Et c'est parce qu'elle l'avait fait souffrir, qu'elle devait à présent lui mentir. Pour faire cesser cette souffrance, une fois pour toute. Pour démolir ce putain de mur avant qu'il ne monte trop haut. Et il n'y avait aucun mal à ça. Après tout, ce n'était pas comme si elle comptait recommencer à couvrir Magnus ! Elle voulait simplement son propre bonheur, et celui de Titus.

Titus, qui ne l'avait toujours pas gratifié du moindre regard.

- Je ne l'ai jamais couvert, insista la sorcière à la chevelure verte. J'ai des valeurs morales, je n'aurais jamais fait un truc comme ça ! Si j'avais su la moitié de ce qu'il avait fait, tu crois vraiment que.. que j'aurais pu...

En voyant le manque de réaction du cowboy, elle se tut et prit une inspiration calculée.

- Comment tu peux croire Lucrécya sur parole ? s'insurgea-t-elle. Cette fille est une grosse mytho ! Tu sais qu'elle s'est faite virer de Beauxbâtons parce qu'elle faisait des trucs abusés, genre tuer des animaux et des trucs comme ça ? Elle est tarée, et elle me déteste ! Elle veut juste foutre la merde entre nous pour se marrer, et le pire, c'est qu'elle est en train d'y arriver !

Le yankee ne répondit rien, se contentant de fixer le sol avec froideur.

- Je te le jure, je n'ai rien fait ! gémit la sorcière. Il faut que tu me croies ! Je me fiche de ce que tout le monde croit, mais il faut que toi tu me fasses confiance !

Elle chercha de ses yeux embués de larmes ceux de son petit-ami :

- Titus, j'ai fait ce que j'ai fait avec Magouille, et on peut rien y changer. On peut en parler autant que tu veux, si tu en as besoin, mais il faut qu'on arrive à dépasser ça ! Parce qu'il y a une putain de différence entre lui et toi : c'est que je tiens à toi à un point que tu peux pas imaginer ! Et... et si tu m'en veux tout le temps pour être sortie avec lui... et que tu croies d'office toutes les conneries que la première hystérique venue te dit sur moi... je... je pourrais pas le supporter longtemps, et... et peut-être qu'on...

Sa voix se brisa dans un sanglot :

- ... peut-être qu'on a rien à... à faire ensemble...

Elle n'eut pas à se forcer beaucoup pour faire couler de grosses larmes sur ses joues. Elle était éprouvée, fatiguée, blessée, et n'était jamais restée en colère aussi longtemps, au cours d'une même journée. Mais si ces larmes, bien réelles, pouvaient faire leur effet, et bien tant mieux. Parce qu'elle ne voulait pas perdre Titus. Elle venait à peine de le retrouver, et ne supporterait pas qu'il ne lui adresse plus la parole, encore une fois. Alors s'il fallait qu'elle devienne manipulatrice, s'il fallait qu'elle lui mente, et qu'elle fasse du chantage affectif à peine voilé pour le garder, elle le ferait. Parce qu'elle tenait à lui. Et que contrairement à tout son monologue, sa peur de le perdre était bien sincère, elle.

Ça tournait dans la tête du sorcier... Son corps, il le sentait vide. Évidé, même. Mais dans son crâne c'était une tempête de tous les diables. Il connaissait Myo. Il pouvait même dire qu'il la connaissait mieux que quiconque dans cette putain de fac de quinzième zone. Et là, maintenant c'était le foutoir dans son esprit.

Alors qu'elle le regardait de ses grands yeux éplorés, les larmes coulant sur ses joues, il tira une longue, longue bouffée de sa cigarette. Il savait pas trop ce qui sa passait à l'instant. Est-ce qu'il était furax contre elle.

Ouais... un peu. Peut-être beaucoup, même. Est-ce qu'il était choqué par ce que lui avait balancé Flynn toute à l'heure ? Mais carrément, bon dieu ! Comment elle pouvait avoir le cran de s'en prendre encore à sa copine après tout ce qu'elle lui avait envoyé à la gueule !

Mais... tous ces discours sur Myo et Magouille et leur complicité, une complicité qui allait soi-disant qu'une simple relation de.. une relation, quoi, ben ça commençait à le travailler un tantinet.
Pas qu'un tantinet, non. Ca le foutait littéralement en rage comme jamais avant. Une rage noire et, ouais, meurtrière. Mais surtout, ça devenait un peu trop familier à son goût.

Alors qu'elle était là devant lui, jurant qu'elle était pas ce que l'autre naine prétendait qu'elle était, il avait fini par se poser la question. Et si ..? Et si quoi au juste ? Non , sacré bon dieu de merde, non ! songea-t-il. Myo n'était pas comme ça ! Une fille qui avait tout risqué alors que sa vie était menacée directement, pour aller stopper les agissements d'une gorgone reptilienne jusque dans son nid, qui se dévouait pour remonter chaque jour le moral de sa fraternité, qui était d'un si bon naturel...

Ouais, c'était ça ! Elle avait un BON naturel ! Donc non, cette fille-là ne pouvait pas être la complice d'une parfaite ordure comme le doyen de cette fac !!!

Il y avait quelque chose qui ne collait pas dans tout ça, et Titus refusait tout simplement d'accepter ce qu'il avait entendu. Parce que ça se pouvait pas, merde. Myo avait beaucoup d'obscurité en elle, plus que ce qu'il aurait pu soupçonner au tout début, mais là c'était autre chose, et surtout ça se pouvait pas. Magouille était quelqu'un de mauvais, de pourri jusqu'à la moelle.

C'était de la graine de mangemort, il avait fini par s'en apercevoir inéluctablement. Et Myo.. et lui, complices, ça collait pas, voilà !

Une odeur légère de brûlé le tira de ses réflexions. Il baissa les yeux : sa clope, complètement consumée était en train de lui brûler les doigts. Ça lui rappelait quelque chose. Une conversation qu'il avait eue avec Myo au Potiron il y a combien.. des mois de ça ? Des années ?

-Titus ?

Il secoua les doigts et jeta ses cendres. Puis il plongea son regard dans celui de la Gamma :

-Tirons-nous d'ici.

Et alors que le soulagement apparaissait soudainement sur le visage trempé de larmes de la sorcière, il lui prit la main :

-J'ai la dalle, pas toi ?

Et ils transplanèrent.

 Myo et Titus retournent ici.