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Sujet: Le diable s'habille en gamma Dim 7 Juin 2015 - 19:38
Le diable s'habille en
gamma AVEC : Myo et Mali :) PRIVÉ / PUBLIC : Privé ! DATE : 01 février
Mali avançait entre les rayons remplis à ras bord de livres de la Fnuc et passait son doigt sur les couvertures, sans vraiment les lire. Elle était pas vraiment à ce qu'elle faisait aujourd'hui. Elle avait l'impression de flotter. Que rien de ce qu'il y avait autour d'elle n'était réel. Sans faire exprès, elle rentra dans le dos d'un POP qui lisait des BDs du Moldu Fou en pouffant, et s'excusa en rougissant comme une grosse tomate. Elle reprit sa route et repartit très vite dans ses pensées. Elle souriait pas. Y'avait pas vraiment de quoi sourire. Elle était amoureuse, ça c'était sûr. Rien qu'à penser à son petit-ami, elle avait le cœur qui se mettait à battre comme un tambour et les jambes qui... La métisse faillit se prendre les pieds dans une caisse de vieux parchemins, tout pleins de recettes contre l'acné, à moitié prix. Mais voilà, elle souriait pas.
Drago avait essayé toute la semaine de les faire passer à la vitesse supérieure. Et quand il essayait pas, c'était juste écrit partout ! Dans la façon qu'il avait de la regarder, dans la façon qu'il avait de la raccompagner chez elle. Dans sa façon de l'embrasser. Et elle sentait bien qu'un jour, ils finiraient bien par le faire, mais elle arrêtait pas de se dire : pas comme ça. Parce que si ça devait arriver, ça devait venir d'eux deux. Et parce que, fallait bien la comprendre, elle avait rien contre, d'être embrassée et touchée comme ça, mais elle avait l'impression d'être...
Mali se mordit la lèvre à la fois un peu triste mais aussi contrariée.
Un trophée. Et elle était pas un trophée. Elle était pas une chose qu'on gagne ou qu'on séduit. Elle était juste elle, et elle savait qu'elle était tout... sauf ça. Et contrairement à il y a quelque mois, elle se sentait pas mal de l'affirmer. Elle ne se sentait plus du tout mal à l'aise ou pas à sa place. Elle était à la place qu'elle voulait, la place qu'elle avait choisie parce que c'est ce dont elle avait envie. C'était la première fois de sa vie qu'elle prenait des décisions pour elle-même, sans prendre l'avis de quelqu'un. Et elle se sentait bien comme ça. Elle portait plus ce que sa mère lui disait de porter, elle n'étudiait plus parce que son père lui avait dit de le faire. Elle ne faisait plus rien parce que ça faisait plaisir aux autres. Elle était plus une petite princesse à la noix. Elle n'était plus... une chose. Et il fallait qu'elle le fasse comprendre à Drago. Et à tellement de monde encore.
-Salut Malicia !
Elle se retourna vers ses copines zeta, Pansy et Amalia, qui venaient à sa rencontre et leur fit un coucou :
-Salut les filles !
Amalia Jones lui sourit et joignit ses mains :
-Ah la la, Malicia, j'adore ton nouveau look, c'est juste tellement mieux que tes salopettes, tes couettes et tes jupes de collège, on dirait que t'as...
-Dix sept ans ? suggéra-t-elle en souriant, contente que sa consœur remarque le changement.
-Moi, je trouve ça moche. Mais bon.
Pansy Parkinson avait reniflé en disant ça. Elle avait l'air d'humeur à vouloir lui casser les pieds.
-Alors, toujours avec Drago ? siffla-t-elle. Ou il t'a déjà jetée comme une vieille chaussette ?
Mali sourit patiemment :
-Et non... Toujours ensemble !
-Pour l'instant. répondit l'ex-serpentard en la fixant méchamment. Il doit sûrement être en train de te comparer à nous. Enfin, surtout à moi. De toute façon, t'as déjà perdu...
Elle lui fit un gros sourire hypocrite :
-On l'a toutes eu avant toi !
Les deux zetas se mirent à rirent et lui passèrent devant bras dessus bras dessous. Malicia serra les poings quelques secondes :
-Oui, justement. finit-elle par lancer.
Amalia et Pansy se retournèrent, surprises :
-Quoi, "justement" ? demanda la cheftaine du club de la Mode.
Mali tourna la tête, en colère :
-Justement, il vous a toutes eues. Et après, il est revenu vers moi en courant. T'en déduiras c'que tu voudras, Pansy.
Les deux filles ouvrirent la bouche, vexées comme des poux. Et s'en allèrent sans rien dire. Mali les regarda partir... et finit par respirer un grand coup, toute surprise elle aussi. Waw. Elle avait réussi ! Elle avait remis cette peste à sa place ! Et elle... elle était toujours vivante ! Enfin ... elle était bien toujours vivante, hein ?
Elle resta quelques secondes sur place, abasourdie, en se touchant la joue du bout du doigt pour vérifier qu'elle était toujours en un seul morceau. Derrière elle, quelqu'un demanda à un vendeur :
-Excusez-moi, vous pouvez-me dire où je peux trouver "1001 potions qui font loucher, tousser et se moucher" ?
-Je ne sais pas. Il faut que j'aille consulter le regis...
-28e rangée, allée C, troisième étage. répondit Malicia machinalement. Le 51e livre à partir de la droite.
Elle passa devant les deux sorciers, l'air complètement perdue. Ok, d'abord Drago, maintenant ça. Ca faisait peut-être un peu trop d'émotions pour une journée. Valait peut-être mieux qu'elle rentre chez elle et qu'elle révise ses codes, histoire de se calmer un peu. Ouais, c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Rentrer chez elle et...
Une chouette déposa quelque chose sur sa tête. Elle prit machinalement la lettre et l'ouvrit. Elle stoppa :
-Oh non.
Ses yeux parcoururent une deuxième fois l'écriture :
"Faut qu'on se parle. On se retrouve au McGo ? Dis-moi quand. Myo. "
Mali eut l'air contrariée. Plus que contrariée même.
-Une invitation de Myosotouffe Grandipouffe. Manquait plus que ça. souffla-t-elle avant de geindre en levant les bras au ciel. Mais nom d'un bon sang de bois de scroutt, ça lui a pas suffit de vouloir transformer ma fête d'anniversaire en partouze et d'avoir essayé de me tuer avec sa drogue génétiquement modifiée bourrée de magie noire ?!
Elle remarqua qu'elle avait parlé à haute voix en voyant l'air horrifié des clients autour d'elle et sourit nerveusement avant de se repencher sur la lettre. Elle avait qu'une envie : la scrabouiller. Pas Myo, la lettre. Quoique...
Enfin bref, ça faisait une semaine qu'elle avait pas vue cette grosse teupu. Et maintenant elle lui ordonnait de la rejoindre pour parler. Ca sentait le coup fourré à plein nez ! A tous les coups, elle voulait finir ce qu'elle avait commencé !
Malicia hésita. Mais en même temps, si elle allait pas la voir, elle saurait jamais ce que la gamma avait à dire.
La chouette toujours sur la tête, elle leva les yeux au ciel, pensive. Non, elle voulait pas savoir. C'était un coup foireux. Point.
Elle se mit à trépigner.
Et à re-trépigner.
Et à re-re-trépigner.
-Gniiih, bon d'accord ! J'vais y aller ! s'écria-t-elle.
Malicia saisit une plume et un parchemin dans son sac :
-Chère Myosopouffe.... écrivit-elle tout en lisant à haute voix.
Elle ratura sa phrase, et prit un autre bout de papier :
-Chère grosse teupu manipulatrice, et amatrice de moustachus aux doigts crochus quatre fois trop vieux pour elle, qui vient d'essayer de me tuer il y a une semaine devant tous mes amis...
La plume troua le parchemin et elle en fit une boule.
-La plaie. La plaie, la plaie, la plaie, pesta-t-elle, nerveuse. Bien bien bien...
Elle soupira en écarquillant les yeux :
-Bon.
Elle prit un autre parchemin et choisit de faire sobre :
"Rendez-vous dans cinq minutes. Sois pas en retard. "
Elle plia la feuille et l'accrocha à la chouette, qui s'envola hors du magasin.
Myosotis entra en trombe dans le McGo. La salle, bruyante, jonchée de frites grasses et parfumée à l'huile malodorante, ne lui avait définitivement pas manqué. Elle considéra l'assemblée des clients, attablés ici et là, et aperçut Malicia de dos, seule sur une banquette moelleuse. La dryade se dirigea vers elle... mais avant qu'elle ne parvienne à destination, quelqu'un fondit sur elle, et la secoua énergiquement d'avant en arrière :
- Majestééé ! T'es revenuuue !
Et Ezzechiel, car c'était bien lui, serra la sorcière étonnée dans ses bras, tout en se mettant geindre :
- C'était horriiible man... lui chuchota-t-il. J'ai du faire des choses atroces... atroces ! Comme par exemple... servir des clients ! Et faire des burgers ! DES BURGERS, MAN !
Il eut un frisson de dégoût, et ajouta :
- T'étais où, Majesté, t'étais oùùù ?!
La dryade éborgnée le repoussa et le fusilla du regard :
- T'es gonflé de me demander ça ! La semaine dernière tu nous as laissé tomber, Magnus et moi, en pleine Allée des Embrumes ! On aurait pu crever !
- On ne sait jamais ce que la Grande Déesse de la roue du destin nous réserve, man ! fit le métis en gesticulant à outrance. Ton heure n'était pas venue, et elle avait besoin de se synchroniser avec le grand chabada boum boum cosmique !
Myo cligna les yeux :
- Heu... hein ?!
- Ouais Majesté, comme je le dis ! décréta son interlocuteur. Mais le passé, c'est le passé ! L'important c'est que la Reine des Plantes soit revenue reprendre son royal poste au McGo ! Les Dieux Déchus m'avaient annoncé l’avènement d'une ère de ténèbres pour le monde sorcier, maaan, mais ils s'étaient trompés, ils s'étaient trompés, car tu es là, Majesté, tu n'as pas assombri ton boum-boum-boum et tu es revenue travailler !
Myo croisa les bras, agacée. Peut-être était-ce parce qu'elle lui en voulait encore énormément, mais elle avait moins de patience que d'ordinaire avec ce junkie halluciné. Aussi, elle lâcha sèchement :
- Je ne suis pas venue travailler, Ezzy. D'ailleurs, j'ai oublié de te le dire, mais je démissionne. Maintenant. Sans préavis.
La figure du métis se décomposa, et resta figé en une grimace choquée, bouche bée, les yeux écarquillés. La sorcière aux cheveux verts attendit quelques secondes, puis passa une main devant le regard vitreux d'Ezzechiel :
- Eh oh ? Ezzy ?
Devant l'absence de réaction de son désormais ex-manager, qui paraissait comme pétrifié, la jeune femme haussa les épaules, et le planta là. Elle n'avait pas que ça à faire, et les cinq minutes que lui avait laissé la sœur de ce taré toxicomane pour venir la rejoindre étaient presque écoulées.
Aussi, elle s'assit sur la banquette en face de la Zeta qu'elle avait repérée plus tôt, et lui lança un sourire gênée.
La métisse à la chevelure dorée avait les yeux fixés sur un gobelet de soda, parsemé du M jaune typique de McGo. Elle les releva quelques secondes, fixa Myo sans montrer le moindre sentiment, puis se concentra à nouveau sur son gobelet en carton.
- Qu'est-ce que tu me voulais ?
La Gamma se mordit la lèvre inférieure, devant l'absence de chaleur de son interlocutrice. Elle savait que ça n'allait pas être facile, elle en était pleinement consciente. Mais il fallait qu'elle lui parle. Un simple coup d’œil à la bague-symbiote occulte qu'elle portait lui redonna un semblant de courage. Elle prit une longue inspiration.
- Écoute... heu...
Elle plongea la main dans la poche de son tout nouveau manteau en fourrure, et en sortit un petit gâteau qu'elle posa devant la métisse.
- C'est un muffin, dit-elle.
Devant l'absence de réaction de l'ex-Gryffondor, elle se crut obligée de rajouter :
- Aux pépites de chocolat.
Mali regarda enfin la pâtisserie, les yeux mi-clos. Puis elle souffla :
- Ouais ? Et alors ?
- J'en avais fait plein mais j'ai eu le malheur de laisser mon panier tout seul dans ma fraternité, et... enfin bref, disons qu'il n'en reste plus qu'un, expliqua Myo de sa voix la plus douce. Mais il est à toi.
Cela n'eut pas l'air d'impressionner plus que ça la Zeta, qui fixa la dryade avec des yeux glacials :
- Tu veux encore m'empoisonner ?
- Non pas du tout ! Je... je voulais m'excuser !
Devant l'air dubitatif de Mali, elle développa :
- Écoute, j'ai appris ce qui t'étais arrivé, tu sais, après ta fête d'anniversaire, et... heu... et je voulais juste te dire que c'était pas du tout mon but de te faire aller aussi mal ! J'étais énervée, je voulais tester une de mes nouvelles substances... mais je ne pensais pas que ça irait aussi loin. Je ne savais pas quelles seraient les conséquences. Je voulais t'embêter, pas te causer autant de tort. Donc je suis désolée. Sincèrement.
Malicia leva les yeux au plafond :
- Et donc tu voulais qu'on se voit uniquement pour que j'accepte tes excuses ?
Myosotis secoua la tête :
- Non, pas du tout.
D'un coup, la métisse sembla étonnée. Face à elle, la Gamma pinça les lèvres, hésitante, puis lâcha :
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Sujet: Re: Le diable s'habille en gamma Mar 16 Juin 2015 - 22:23
Mali ne bougea pas d’un poil. Est-ce qu’elle avait bien entendu ce qu’elle avait entendu ?! Elle cligna des yeux. Une fois. Deux fois. Trois fois. Mais non, Myosotouffe était toujours là, avec sa choucroute vert brocoli, sa moue tartinée de gloss rose de grosse peste manipulatrice qui se pense mieux que tout le monde, et son décolleté de teupu. Ouais. Ca, et des cicatrices. Et un œil poché. Et oh mon dieu, un putain de manteau de fourrure super beau qui avait dû couter la moitié de la fac ?! Mali aurait bien aimé avoir un manteau aussi chouette. Mais bon elle avait des dettes. Et de la dignité. Mais surtout des dettes.
Bref, c’était louche. Aussi louche qu’un mangemort qui sert des glaces dans une kermesse d’école. Les yeux de Malicia se rétrécirent, méfiants.
Elle regarda Myo.
Puis le muffin.
Puis Myo.
Puis le muffin.
Puis les pépites de chocolat.
Elles avaient l’air bonnes. Et croquantes. Et y avait peut-être un petit cœur en caramel sous ses pépites de… de…
Mali bondit sur ses jambes, les deux mains sur la table :
-TU T’FOUS D’MOI ?!!
-Donc, tu veux pas m’aider ? demanda Myo, pas vraiment étonnée.
-NAN !!!
La métisse lui tourna le dos et sortit d’un pas rageur hors du McGo. Elle claqua la porte et laissa la chlorofille seule à la table. Cette dernière ne bougea pas. La porte se rouvrit presque aussi vite et Malicia revint, les poings sur les hanches et l’air déchainé :
-COMMENT TU PEUX DEMANDER CA APRES TOUT CE QUE TU M’AS FAIT ?! CA FAIT DES MOIS QUE TU ME POURRIS LA VIE !! TU M’AS COUVERTE DE PUSTULES ! T’AS VOULU RETOURNER TOUTES LES ZETAS CONTRE MOI ! TU M’AS FAITE PASSER POUR UNE GROSSE NYMPHO DEVANT LA MOITIE DE LA FAC ET TU AS ESSAYE DE ME TUER !!!
-Je me suis excusée… commença la gamma.
-ET CA, C’EST SANS PARLER DE CE QUE T’AS FAIT A MON FRERE !!!
Mali désigna Ezzechiel qui, une balayette à la main, passa lentement devant elles à pas de crabe, les yeux toujours écarquillés et la bouche bée. Mais ça ne perturba pas Myo :
-Tu veux même pas entendre pourquoi j’ai besoin de ton aide ?
-NAN !!!
Elle se leva et sortit… avant de revenir trois secondes plus tard :
-SI !!!
Myosotouffe eut l’air bien embêtée. Mais ça ne trompa une seconde la zeta. Elle avait déjà vu ce faux air de sainte nitouche mille fois.
-J’ai un gros problème : on m’a forcée à porter… un truc. C’est puissant et ça dégouline de magie noire. Y a qu’un moyen de m’en défaire : un objet très ancien, et je sais où le trouver.
-Où ? demanda Mali.
Myo se fit attendre un peu :
-Je te le dirai si tu me suis. Finit-elle par dire. Tu me suis ?
-NAN !!! PLUTOT MOURIR !!!
Malicia agrippa son gobelet et le sirota furieusement. Qu’est-ce qu’elle pouvait être pénible cette Grandipouffe ! Pénible pénible pénible ! Et c’était évident qu’elle essayait de la manipuler. Pendant qu’elle rageait, la gamma poussa un soupir prétentieux :
-Bon je vais être franche. Trouver cet objet sera pas facile. On pourra pas utiliser la magie et mes recherches m’ont appris qu’il y aurait pas mal d’énigmes à résoudre. Je pourrai pas le faire seule, j’ai besoin de quelqu’un d’intelligent avec moi. Ca sera sûrement très dangereux, suffisamment pour que je veuille pas impliquer un de mes amis là-dedans. C’est pour ça que je te demande à toi. Mais visiblement un muffin sera pas suffisant.
Myo poussa une bourse pleine de gallions sur la table. Mali y jeta un œil et ouvrit grand la bouche. Depuis quand travailler chez McGo ça rapportait autant ?! Elle jeta un nouveau coup d’œil au manteau de la sorcière : ou Myosotouffe s’était mise à dealer des pâquerettes à un lobby de botanique russe chelou, ou bien elle avait une mémé très riche. Ou... elle avait une mémé très riche qu’elle avait faite tuer par le lobby de botanique russe chelou à qui elle dealait des pâquerettes !
Elle repoussa le pot-de-vin du bout des doigts, pas bien rassurée par tout ça. C’était clair comme de l’eau de roche, il y avait quelque chose… sous roche. Cailloux mis à part, tout ça l’intriguait. Et elle savait très bien que Myo avait tout fait pour que ça l’intrigue. Mais si elle disait non maintenant, la gamma manipulerait sûrement quelqu’un d’autre pour démêler son problème. Danger ou pas, il valait mieux que ça soit elle qui s’y colle. Rien que pour surveiller cette peste et son histoire de magie noire de plus près.
Mali prit une longue gorgée de son Wizz Cola, pensive. Elle posa le gobelet sur la table, décidée :
-D’accord, je vais t’aider.
Myo sourit. Lentement. Comme un vilain petit serpent vert brocoli :
-Cool. Suis-moi.
Elles sortirent toutes les deux l'une à côté de l'autre. La porte se referma… et quelques secondes plus tard, la métisse revint, récupéra son gobelet, hésita quelques secondes devant le muffin avant de repartir en se remettant à siroter son Wizz Cola, perdue dans ses pensées.
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Poupée Vaudou
Sujet: Re: Le diable s'habille en gamma Ven 19 Juin 2015 - 21:16
Tandis que les deux sorcières faisaient le tour du bâtiment en briques jaunes du McGonagall's, un sourire mauvais s'étira sur les lèvres de Myosotis. Elle savait qu'elle parviendrait à faire venir Malicia avec elle en titillant sa curiosité de sale petite fouineuse... mais elle n'aurait cru que ce serait si facile. Cette gamine était encore plus manipulable qu'elle ne l'aurait cru. Ce qui était une chose dont elle comptait bien profiter.
A vrai dire, la française aurait préféré s'en sortir toute seule avec cette affaire, et ne pas avoir à supporter la présence de cette peste immature. Mais elle savait admettre ses limites. Elle avait récolté le maximum d'informations qu'elle avait pu dans d'anciens bouquins dissimulés à la bibliothèque, et une chose lui était apparu évidente : elle avait besoin de quelqu'un doté d'un intellect supérieur. Une bonne grosse tête d'ampoule, en somme. Et Malicia était la plus grosse des têtes d'ampoule que Myo connaissait ! A part Griselda O'Neil, qui avait, paraissait-il, un QI des plus élevés. Mais Griselda était totalement cinglée. Et donc, trop imprévisible. Sans compter que ce serait beaucoup plus... "divertissant" avec la métisse blonde.
Myosotis s'arrêta enfin, et hocha la tête d'un air satisfait, en tendant le bras devant elle :
- Voilà, c'est là !
A ses côtés, Malicia, méfiante, considéra les lieux avec effroi. C'était une ruelle étriquée et biscornue, dans laquelle il semblait faire plus sombre et plus froid qu'ailleurs. Contre le mur arrière du McGo, au dessus d'une porte en ferraille rouillée, une vieille ampoule grésillait en tressautant, visiblement à deux doigts de s'éteindre pour toujours. Elle éclairait par intermittence une grande benne à ordures, qui débordait de sacs poubelles graisseux. En dessous du container, gouttait un liquide vert fluo qui rongeait le sol en fumant.
La Zeta Delta Nu leva un sourcil :
- Tu veux me tuer à l'abri des regards, me démembrer et jeter mes restes dans cette poubelle c'est ça ?!
Myo fit rouler son unique œil dans son orbite :
- Oui, c'est exactement ça ! ironisa-t-elle. Je t'ai donné rendez-vous dans un lieu public devant plein de monde pour ensuite te démembrer sauvagement dans la ruelle juste derrière ! C'est le crime parfait !
- Mmh... fit la métisse en plissant les yeux, pas convaincue, avant d'aspirer bruyamment par la paille du soda qu'elle avait gardé à la main.
Myo tira sa baguette, et s'avança vers les ordures :
- J'ai fait mes recherches, lança-t-elle. Y'avait tout un réseau souterrain sorcier chelou sous le campus... avant que ce soit un campus, je veux dire. Et ce que je cherche est caché dans les vestiges d'un truc sur lequel ils ont construit le McGo. C'est pour ça que je t'ai donné rendez-vous là. Repulso !
La benne recula de quelques mètres, laissant apparaître une sorte de cavité dans l'asphalte. Les deux jeunes femmes se penchèrent au dessus... et grimacèrent de dégoût.
- Pourquoi ce trou est rempli de vieilles poubelles moisies ? siffla Mali.
Myo soupira :
- Ben, comment dire ? Normalement, c'est Ezzechiel qui est chargé de...
- C'est bon, j'ai compris, la coupa sèchement son interlocutrice. Evanesco !
Sous le charme, les gros sacs noirs disparurent, et les nombreuses mouches qui bourdonnaient là s'envolèrent, soudain désœuvrées.
Sans la moindre hésitation, Myo se glissa dans la cavité, et se cacha le nez derrière un pan de son manteau histoire d'échapper à l'odeur persistante d'ordures et d'humidité. Le dos courbé, dans la semi-obscurité, elle parcourut le long tunnel en pente qui s'étendait devant elle, sentant derrière elle la présence de son insupportable camarade. Pendant de longues minutes, on entendit rien hormis les pas des deux étudiantes qui résonnaient contre la roche qui les entourait.
- Dis m'en plus sur ce qu'on cherche, ordonna soudain Malicia.
Myo lui jeta un regard offusqué :
- Pourquoi ?
- Pourquoi ?! manqua de s'étrangler la Zeta. Tu oses me demander pourquoi ?
- C'est ce que je viens de dire, oui.
- Tu me demandes de te suivre dans un souterrain chelou pour une sombre histoire de magie noire, et tu veux même pas me dire ce qu'on cherche ?!
Myosotis ne put s'empêcher de jubiler, devant la colère de son ennemie. Elle esquissa un sourire en coin, dans la pénombre :
- Tu verras bien. Et si t'es pas contente, tu peux toujours faire demi-tour.
- Grmbl.
Le silence retomba entre les deux ennemies, plus glacial que jamais. Et, enfin, le tunnel déboucha dans une sorte de grand vestibule fait de roche, éclairé par quelques torches visiblement ensorcelées. Une arche en pierre montrait l'unique chemin possible. Myo s'avança d'un pas alerte... et se heurta brutalement à un mur invisible.
- Aïeuh ! maugréa-t-elle en se frottant le front. Putain, mais qu'est-ce que...
- Ta baguette, grogna Malicia. Faut qu'on laisse nos baguettes à l'entrée. Tu sais pas lire ?
La métisse désigna les écritures runiques au dessus de l'arche. Myo soupira : parmi les nombreuses options facultatives que sa mère l'avait forcée à prendre lors de sa scolarité à Beauxbâtons, l’Etude des Runes avait été la seule qu'elle avait abandonnée au bout de deux semaines, tellement la discipline lui paraissait aussi ardue qu'inutile. Si elle avait su que bien des années plus tard, ça aurait pu lui servir pour ne pas perdre la face à côté d'une miss Je-Sais-Tout, elle aurait persévéré.
En grommelant, la semi-dryade jeta sa baguette à terre, à côté de celle que venait de poser la métisse. Puis, histoire de se sentir plus à l'aise, elle sortit de la poche de son beau manteau Bibi, sa poupée vaudou.
- Hey ! Salut Myo ! lança avec entrain ladite poupée, en souriant de sa bouche suturée.
Elle s'installa sur l'épaule de sa maîtresse, tourna sa grosse tête de chiffons, puis soupira :
- Ah... la garce est là... fit-elle en tentant de renifler, ce qui n'était pas une chose aisée vu qu'elle était dépourvue de nez.
Malicia fusilla la Gamma et sa poupée du regard, puis traversa l'arche la tête haute. Myosotis la rejoignit... et écarquilla son œil, bouche bée.
Elle s'était attendue à beaucoup de choses, en lisant les vieux bouquins défraîchis aux feuillets fragiles qui parlaient de ce lieu. Mais pas à un vallon verdoyant s'étendant à perte de vue. Ici et là, quelques ruines d'un autre temps se dressaient : des colonnes couvertes de gravures et autres dessins, et des murs à moitié effondrés sur lesquels étaient représentées des scènes antiques. C'était joli et visiblement ancien... mais, l'Histoire n'étant pas son fort, Myosotis aurait bien été en peine de dater ou donner l'origine de ces vestiges. Elle était persuadée que Malicia, elle, le savait. Elle en ressentit une bouffée de haine bien légitime, qu'elle garda cependant pour elle.
Mali fit quelques pas en avant, et croisa les bras :
- Au fait, j'ai oublié de te demander... C'était bien, Azkaban ?
La jeune femme à la chevelure verte se figea net, et, abasourdie, se tourna vivement vers son ennemie. Elle la dévisagea avec surprise :
- Que... qu'est-ce que t'as dit ?!
- Tu sais bien, Azkaban ! lança la métisse d'un ton faussement badin, en toisant la grande Gamma. Une prison entourée d'eau, pleine de détraqueurs... Dont t'as tiré ce fils de pute de Magouille...
L’œil de Myosotis s'étrécit, menaçant :
- Comment tu sais ? persifla-t-elle.
- Ezzechiel est mon frère, crétine, rétorqua vertement Malicia. Tu croyais vraiment qu'il allait rien me dire ?
Myo haussa les épaules, méprisante. Si cette gamine basanée cherchait à la faire chanter, elle était tombée sur la mauvaise sorcière ! Se dressant de toute sa taille, la semi-dryade bomba le torse devant la Zeta, les mains sur les hanches :
- Personne ne croira un junkie comme lui. S'il parle, ça sera sa parole contre la mienne.
- Et t'es fière de ça ? siffla la métisse.
- J'ai rien fait dont j'ai à avoir honte, rétorqua Myo, le plus sincèrement du monde.
Malicia grimaça :
- Laisse-moi en douter : t'as aidé la pire des ordures à sortir de prison !
- Magnus a été totalement innocenté, je te rappelle ! s'emporta la dryade qui commençait sérieusement à s'agacer.
- Oh oui, c'est vrai : comment tu t'y es pris pour ça d'ailleurs ? demanda l'ex-Gryffondor, sarcastique. Des pots-de-vin ? De la drogue ? Du vaudou ? Des pots-de-vin drogués au vaudou ?
C'en fut trop pour Myosotis, qui haussa le ton :
- Mêle-toi de ce qui te regarde, sale gamine !
- Oh mais ça me regarde ! A partir du moment où tu libères un psychopathe raciste et que tu le relâches dans ma fac avec les pleins pouvoirs, ça me regarde ! s'énerva Malicia. Mais que t'aies fait ça pour lui, ça me dépasse : sérieux, regarde-le ! Il est vieux ! Vieux et moche et dégueu !
Myosotis sentit une vague de colère la submerger, mais elle réprima l'envie de gifler cette garce en serrant ses poings jusqu'à s'en faire mal aux phalanges. Elle avait trop besoin d'elle pour risquer de la faire fuir dès maintenant. Mais elle n'avait aucune intention de se laisser insulter par cette gamine de rien du tout pour autant :
- Evidemment que ça te dépasse ! cracha-t-elle. J'aime Magnus plus que tout au monde ! Tout ce que j'ai fait pour lui, je l'ai fait par amour ! Toi, qu'est-ce que t'as déjà fait par amour ? Ah ouais : t'as pas invité ton copain à ton anniversaire... PARCE QUE T'AS HONTE DE LUI !
Malicia ouvrit la bouche, offusquée. Elle voulut répondre... mais un bruit sourd l'en empêcha.
BOUM.
-Qu'est-ce que c'était que ça ? lança Bibi de sa voix criarde, depuis son perchoir sur l'épaule de Myo.
BOUM. BOUM. BOUM.
Myosotis eut la terrible impression que la terre tremblait sous ses pieds. Elle fronça ses sourcils : tout ça ne lui disait rien qui vaille.
BOUM. BOUM.
Malicia leva son gobelet presque transparent de Wizzcola devant ses yeux, et, avec des yeux ronds, considéra le contenu, qui tressautait en rythme, sans qu'elle ne puisse l'expliquer.
- Mais qu'est-ce...
BOUM.
Les sorcières tournèrent la tête... et sursautèrent : un gigantesque dragon sans aile s'avançait pesamment vers elles. Myosotis ne connaissait pas cette race-là : il se mouvait sur ses deux énormes pattes de derrière, et ses pattes de devant étaient étrangement courtes et ridicules. Le reptile leva sa tête monstrueuse, et poussa un rugissement terrible, tout en dents. Les deux étudiantes hurlèrent de terreur, d'un même souffle, et, instinctivement, se jetèrent dans les bras l'une de l'autre.
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Sujet: Re: Le diable s'habille en gamma Jeu 25 Juin 2015 - 23:13
Dans la vie, y'a des choses qui font peur. Y'a des vampires, des loup-garous. Des professeurs de vaudou un peu chelous. Des acromentula, des mages noirs. Des licornes radioactives, des épouvantards...
Et puis, y'a pire.
-OHMONDIEUOHMONDIEUOHMONDIEU, IL VA NOUS BOUFFER !!!
Malicia dégringolait dans les herbes hautes, sans cesser de hurler. Elle avait les cheveux en pétard, les yeux fermés, et de grosses larmes de terreur roulaient sur ses joues et s'envolaient loin derrière elle. Le sol tremblait. De plus en plus fort. De plus en plus près. Mais il valait mieux pas tourner la tête. Il fallait pas qu'elle tourne la tête, il...
La métisse tourna la tête et cria à s'en arracher la gorge. Le reptile était juste derrière Myo et elle, avec ses yeux cruels, ses dents colossales, et ses énormes pattes pleines d'écailles et de griffes. Il claqua des mâchoires et Mali crut bien qu'elle allait perdre un bras.
-T'AS ESSAYE DE ME TUER !!! ENCORE !!! JE SUIS SURE QUE C'EST UN DE TES COUPS POUR ME TUER !!! brailla-t-elle.
-MAIS JE SAIS MEME PAS CE QU'EST CE TRUC !!! s'égosilla Myo à côté d'elle. CA... CA EXISTE PAS UN DRAGON SANS AILES !!!
-C'EST PAS UN DRAGON !!! vociféra la métisse. UN DRAGON CA FAIT TROIS METRES DE HAUT !!! ET LUI IL FAIT LE DOUBLE !!!
Un rugissement horrible retentit derrière elles, et elles accélérèrent la cadence en braillant, les cheveux dressés sur la tête.
-ET POURQUOI IL MARCHE PAS A QUATRE PATTES CE DRAGON ?!!! tonitrua la gamma, toute essoufflée.
-PARCE QUE C'EST PAS UN DRAGON !!! beugla la zeta.
-MAIS C'EST QUOI ALORS ?!!!
-C'EST UN TYRANNOSAURE, PATATE !!!
-C'EST MOI QUE T'APPELLE PATATE ?!!! gronda la chlorofille.
Malicia se mit à fouiller frénétiquement dans ses poches et se rappela qu'elle avait du laisser sa baguette à l'entrée :
-FAUT QU'ON LE RALENTISSE !!!
Elle balança son WizzCola à la tête de la grosse bestiole... qui se le prit dans l'œil et vagit encore plus fort, en agitant ses petites pattes avant. Furieux, ses pupilles se rétrécirent et il chargea droit sur elles. Myo et Mali bondirent sur le côté et lui échappèrent par miracle. Le sol vacillant fit jaillir une grosse racine qui leur coupa la route et elles tombèrent en avant, dévalant la vallée à toute vitesse, le dinosaure aux trousses.
-LA ! DES ROCHERS !!! cria la métisse.
Les deux filles se ruèrent vers la cachette, et se plaquèrent contre le mur de pierres noires toutes trempées. Elles essayèrent de reprendre leur souffle en faisant le moins de bruit possible. Les pas de la bête se rapprochèrent. Malicia jeta un regard inquiet aux petits cailloux qui vibraient sur le sol en roulant lentement vers l'extérieur. Elle comprenait pas pourquoi elle ne s'était toujours pas fait pipi dessus.
- Il faut surtout pas bouger, son acuité visuelle est basée sur le mouvement... expliqua-t-elle.
-Tu veux que j'essaye le vaudou sur lui ? souffla Myosotis à son oreille, en agrippant Bibi dans ses mains qui tremblaient comme des feuilles.
Mali la regarda, complètement effarée :
-Il fait cinq mètres ! haleta-t-elle. Et si tu le rates, on est mortes !
La gamma, tout aussi ahurie par l'effort qu'elle, la regarda quelques secondes sans rien dire :
-Ok, pas de vaudou alors. décréta-t-elle. On fait quoi ?
-Je sais pas ! s'exclama la zeta en panique, le plus silencieusement possible.
Un souffle fétide envahit la caverne et à quelques centimètres à peine d'elles, un gros œil jaune et vicieux apparut. Il sonda lentement la tanière, à l'affut du moindre mouvement. Mali et Myo retinrent leur respiration, tétanisées...
Le T-rex finit par s'éloigner un peu, et elles prirent la plus grande bouffée d'air de leurs vies. Mais elles étaient encore loin d'être sauvées.
-Qu'est-ce qu'on fait ? demanda Myo, pâlotte. On peut pas rester ici toute notre vie !
Malicia, dont la peau devenait de plus en plus verdâtre, déglutit :
-Faut qu'on fasse diversion. C'est notre seule chance.
-Oui, mais comment?
-Balance-lui ton manteau !
-Quoi ?!
La gamma s'agrippa à sa veste :
-T'es pas bien dans ta tête ?! s'énerva-t-elle.
-C'est de la vraie fourrure, non ? riposta la zeta.
-Oui, bien sûr, et alors ?!
-Et alors ?! Si tu lui lances par là-bas, il croira que c'est un animal et on pourra sortir d'ici !
Elle saisit l'habit :
-File-moi ton truc !
-Mais c'est de la manticore de Perse !!! gémit la gamma. Ca m'a coûté un bras !
-Je veux, que ça t'ait coûté un bras ! s'énerva Mali. Depuis quand les équipières du McGo peuvent ce payer ce genre de truc ? Qu'est-ce que t'as fait pour l'avoir ? Du trafic de pâquerettes russes ? Avoue !
-Oh ça va !
Myosotis s'extirpa de sa veste magnifique et la jeta loin dehors. Le T-Rex fonça droit dessus, la renifla... mais ça ne l'intéressa pas plus que ça. Alors qu'il revenait près d'elles, Mali se tourna doucement vers son ennemie qui la fusillait du regard. Elle sourit, nerveuse :
-Faut croire qu'il aime pas la manticore ? bafouilla-t-elle.
Les yeux de la gamma noircirent de rage.
-C'est une espèce disparue, c'est toujours intéressant de savoir ça... continua la métisse. Je suis sûre qu'il y a plein de magipaléontologues que ça captiv...
Myo planta brusquement une grosse épingle dans les yeux de Bibi et le dinosaure poussa un cri de douleur.
-On se tire ! décréta-t-elle.
Les deux filles émergèrent de la caverne.
Le monstre aveuglé essaya quand même de les courser, en mordant au hasard. Elles sautèrent par dessus des branches, roulèrent sur le côté, zigzaguèrent comme elles le pouvaient et finirent par arriver au bout de la vallée en hurlant et en agitant les bras.
Le terrain se terminait par un gigantesque fossé bordé de pierres marrons et rougeoyantes. Un fossé dans lequel il valait mieux pas sauter, à moins de vouloir se fracasser la tête plusieurs mètres plus bas. Il y avait qu'un seul moyen de quitter les lieux : un chemin escarpé, tout en rails rouillés, qui reposait sur des échafaudages branlants. Le genre qui pouvait se briser en deux à la moindre secousse, et qu'il ne fallait emprunter que si on avait pas le choix.
Le tyrannosaure poussa un rugissement. Il était plus très loin.
Malicia prit la main de Myo et fonça vers l'entrée de la petite voix ferrée.
Là, il y avait quelqu'un. C'était un vieux gobelin tout fripé, et habillé comme un contrôleur du Poudlard Express, avec un petit gilet usé et une casquette élimée. Il était assis sur un grand tonneau vermoulu et gardait un petit wagon. Les deux filles déboulèrent devant lui :
-Vite ! demanda Malicia, essoufflée. On vous emprunte ce wagon ! Pas le temps de vous expliquer ! Désolée, désolée, désolée !
Sans se laisser démonter, le gnome secoua la tête et montra un petit panneau à côté de lui.
Malicia écarquilla les yeux en le lisant :
-1000 gallions le wagon ? Vous êtes maboul ?! s'étonna-t-elle.
Le gobelin lui tendit la paume de sa main en insistant alors que les pas du dinosaure se rapprochaient dangereusement.
-Mais... bredouilla Mali. J'ai pas un seul gallion, j'ai tout utilisé pour acheter mon Wizz Cola !
Elle se tourna vers Myo, avec de grands yeux pleins d'espoir :
-Me regarde pas comme ça, j'ai tout claqué dans mon manteau. répondit la gamma.
-C'est la cata ! s'égosilla la métisse en regardant le sol trembler sous ses pieds. Tant pis, je vais essayer de le convaincre !
Elle se tourna vers le gobelin et se mit à lui parler en gobelbabil :
- Ash nazg durbatulûk ? tenta-t-elle.
Le gardien du wagon secoua la tête. Elle essaya encore :
-Ash nazg gimbatul ?
Nouveau refus. Encore une phrase :
-Ash nazg thrakatulûk ? insista-t-elle, en tremblant de la tête aux pieds.
Toujours pas de réponse. Enfin, si on oubliait les grondements inquiétants que faisait le T-Rex en gagnant du terrain. Soudain, Myo la saisit par le bras :
-Il arrive ! glapit-elle.
-AGH BURZUM-ISHI KRIMPATUL !!! hurla Malicia.
-T'AS APPELÉ MA MÈRE COMMENT ?! cria le gobelin, rouge de colère.
Vexé, il leur tourna le dos et s'en alla. L'ombre du dinosaure les recouvrit et les deux filles n'hésitèrent pas: elles sautèrent dans le wagon qui partit à toute vitesse in extremis. Il débaroula sur les rails en manquant de basculer dans le vide à chaque tournant, en crissant comme un fou. Mali et Myo s'agrippèrent aux bords, en criant à chaque virage.
Et finalement, le wagon ralentit.
Les deux filles se jetèrent un coup d'œil et poussèrent un grand soupir de soulagement.
-C'est passé près... fit remarquer la fille aux cheveux verts.
-M'en parle pas... répondit la fille aux cheveux dorés.
Elle regarda loin devant elle :
-On ne voit pas le bout de ce chemin. Si ça se trouve, on en a pour des heures...
Elle se tassa sur la planche qui lui servait de chaise et enroula ses genoux de ses bras. En face d'elle, Myo fit pareil en regardant le décor, juste pour éviter d'avoir à lui faire la conversation. De grandes colonnes râpées par les années soutenaient les voûtes de l'immense caverne dans laquelle elles roulaient. La plupart étaient gravées de décors anciens, de dessins racontant une guerre que tout le monde avait oublié. Il y avait des cavaliers, des archers, des hommes très maigres avec des piques...
-C'est de l'art picte, non ? demanda Malicia.
La gamma devant elle renifla en plissant les yeux :
-Oui. C'est possible. finit-elle par dire.
-Si, si je crois bien que c'est picte. reprit la métisse en désignant les gravures. Ca doit bien dater d'au moins 28 ou 27 siècles avant nous..
Devant l'air vraiment pas très accommodant de la chlorofille, la zeta haussa les épaules :
-Après, je peux pas te dire précisément, je suis pas spécialiste... fit-elle gentiment.
-Si tu dois parler, tu peux au moins dire des trucs moins chiants ?
Malicia fit la moue, chiffonnée et se tut quelques secondes. Elle détourna la tête. C'était bien sa veine. Elle regrettait vraiment beaucoup d'être là. Myosopouffe était probablement la personne la plus insupportable de la planète. Mais il fallait bien que quelqu'un surveille cette peste de près. Cela dit, ça voulait pas dire qu'elle devait se laisser faire.
Elle leva les yeux vers la gamma :
-Et sinon, ça te fait quoi d'être devenue une grosse pouffiasse maléfique ? lâcha-t-elle.
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Poupée Vaudou
Sujet: Re: Le diable s'habille en gamma Jeu 2 Juil 2015 - 20:19
Le wagonnet avait atteint sa vitesse de croisière. Il fusait, le long d'une antique voie de fer aux rails rouillés, qui longeait un précipice apparemment sans fond. Pas franchement rassurée, Myosotis se mordilla la lèvre inférieure. Elle espérait être sur le bon chemin... même si le bon sens lui hurlait que oui, n'importe quel chemin qui les éloignait du dragon sans aile était le bon.
N'empêche, elle en voulait aux maigres informations qu'elle avait trouvé dans les bouquins de la bibliothèque ! Aucun de ces foutus livres n'avait mentionné de créatures reptiliennes géantes et agressives. Ou bien n'avait proposé de carte. Non, ils s'étaient contenté de phrases mystérieuses bien trop fournies en y et en points d'exclamation, du style : « Mylle enygmes au seyn des tesnebres trouveroys !!! » Pour les « enygmes », elle avait l'autre peste blonde, dont la présence lui tapait déjà sur le système. Pour le reste, elle espérait que Bibi suffirait.
La dryade soupira. Un vent un poil trop frais faisait voler ses longs cheveux émeraude, et elle dut les repousser plusieurs fois pour ne pas les avoir en plein visage. Elle se frotta les épaules histoire de les réchauffer, mais l'absence de son magnifique manteau hors de prix commençait à lui peser. Elle était certaine que Malicia avait tout manigancé pour lui faire perdre, par pure jalousie. Mais elle ne daigna même pas lui jeter une œillade noire : le paysage qui défilait devant ses yeux était bien plus intéressant. Intéressant... quoique vraiment étrange. Comment la végétation parvenait-elle à rester si verte, et si luxuriante sous terre ? Comment les quelques arbres qui, au bord des rails, se penchaient vers le vide, pouvaient être aussi touffus ? Enfin, peu importait.
A intervalles réguliers, des vestiges aux gravures « pictes » revenaient dans le champs de vision de la fille-chlorophylle. Est-ce que les rails et le wagonnet étaient des inventions technologiques du peuple picte ? Elle n'en savait foutrement rien, mais elle pressentait néanmoins un putain d'anachronisme quelque part. Ceci dit elle se savait tellement nulle sur le sujet qu'elle se gardait bien de faire le moindre commentaire. Elle, elle n'était pas comme la miss Je-Sais-Tout assise en face d'elle, qui devait apprendre des encyclopédies par cœur juste pour le plaisir de pouvoir se montrer supérieures aux autres.
Elle en était là de ses réflexions quand la Zeta lança :
- Et sinon, ça te fait quoi d'être devenue une grosse pouffiasse maléfique ?
La dryade se tourna vers Malicia et la regarda fixement, bouche bée devant une telle mauvaise foi. Mais très vite elle se reprit :
- Si tu veux voir une grosse pouffiasse maléfique, regarde toi dans le miroir !
- Quoi ? Moi ?
- Non, le magipape ! rétorqua méchamment la française.
L'ex-Gryffondor fusilla son interlocutrice du regard :
-Tu te fous de moi ?! Je t'ai jamais rien fait, moi ! C'est toi qui me pourris la vie depuis des mois !
- C'est toi qui as ouvert les hostilités je te rappelle ! cracha Myo. En dévoilant ma vie privée en publique !
Mali roula ses yeux dans ses orbites, agacée :
- T'en es encore là ?! Mais ce que toi tu as fait c'est mille fois pire ! Tu as essayé de me tuer !
- Arrête un peu de faire sans cesse ta drama queen ! J'ai jamais essayé de te tuer ! Je t'ai juste filé une de mes expérimentations !
- De la drogue ! cria la métisse, outrée.
Myosotis soupira :
- Ouais, eh ben y'en a qui paieraient très cher pour tester cette drogue ! Alors arrête de chouiner a la fin !
Elle croisa les bras, passablement énervée, et bougonna avant que l'autre puisse en placer une :
- Dire que quand je t'ai rencontrée je te trouvais sympa ! A l'époque j'avais même aidé ton abruti de copain à retrouver ses souvenirs de toi. Si j'avais su quelle peste t'étais, je l'aurais laissé dans son ignorance !
Malicia leva un sourcil :
- Quoi ? C'est quoi cette histoire ?
Myo voulut rétorquer à Mali que si elle s’intéressait plus à son petit-ami au lieu de le dénigrer, elle le saurait peut-être ; mais elle n'en eut pas l'occasion. En une demi-seconde la colère en elle céda sa place à la panique : le wagonnet venait d'entamer une brusque chute à grande vitesse, qu'elle n'avait pas vu venir, étant de dos. Les mains crispées sur les rebords de leur frêle embarcation, elle se retourna pour réaliser avec horreur qu'elles venaient d'amorcer une descente vertigineuse, digne de la pire des montagnes russes. En couinant, l'étudiante en Sciences Occultes détourna son œil... pour remarquer que, face à elle, la métisse, plus blanche que jamais, fixait avec épouvante un point devant elle. Myo suivit son regard, et blêmit à son tour : il y avait clairement un trou dans le chemin de fer, après la descente. Les rails recourbés, tordus, laissaient brusquement place à.... ben, rien, et ce, sur plusieurs mètres. Et vu la vitesse où elles allaient, la hauteur où elles se trouvaient, et l'absence de leurs baguettes, quelque chose lui disait à la française que la dégringolade n'allait pas faire du bien.
Et le vaudou ne leur serait d'aucune aide.
Myosotis prit une longue inspiration,et ferma son unique œil, sous les cris effrayés de Mali. Elle sentit quelque chose s'enrouler autour d'elle, et la tirer vivement vers le haut. Elle rouvrit son œil, juste à temps pour voir le chariot dans lequel elle se trouvait plus tôt sauter dans l'absence de rails, et s'effondrer bien plus bas, avec fracas.
A côté de Myo, Malicia poussa une clameur de surprise : elle regarda avec surprise les branches couvertes de feuilles qui l'enserrait comme une gigantesque main végétale, et s'agita, paniquée.
- Oh mon Dieu oh mon Dieu on est attaqués par des arbres mutants probablement radioactifs ! glapit-elle. On va mourir !
Myo soupira, blasée :
- Arrête de dire des conneries ! C'est moi qui ai demandé à cet arbre de nous sauver, espèce d'idiote !
La branche qui tenait la fille-chlorophylle la posa avec délicatesse sur le chemin de rails... tandis que celle de Mali la lâcha d'un coup, la laissant s'écraser sur le sol.
La métisse se redressa en se frottant le nez, puis leva sa tête vers la française :
- Comment t'as fait ça ?
- Je suis une dryade, imbécile ! siffla Myo.
Malicia plissa les yeux.
- Ah ben oui, c'est sûr, c'est plus facile avec un don inné, maugréa-t-elle.
Elle fit quelques pas sur les rails rouillés, puis baissa la tête, l'air peu ravi.
- Bon, on fait quoi maintenant ?
Myo soupira. Elle s’assit sur le rebord du petit chemin de fer, laissant pendre ses jambes dans le vide. En contrebas, le wagonnet qui leur avait servi de véhicule brûlait, en dégageant une épaisse fumée. Ce qui illuminait un peu plus ce qui se trouvait en bas.
- Regarde, y'a une dune de sable là-bas. On devrait y aller.
La sorcière à la chevelure verte désigna l'endroit sur lequel était tombé le chariot, et dont les reflets dorés miroitaient sous les flammes. Mais son ennemie jurée ne semblait pas convaincue.
- Ah oui, et comment on la rejoint, ta dune ?
- Ben, on saute dans la flotte !
Elle pointa les eaux sombres et troubles, qui entouraient la maigre colline sableuse.
- T'es tarée ! articula la Zeta. Y'a au moins dix mètres de haut !
- Et alors ?
- Et alors on sait même pas si y'a assez de profondeur ou si y'a pas des bestioles qui nous attendent pour nous boulotter ou même pire, si y'aaaaAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !
Myo, toujours assise, avait vivement tiré sur le bras de la Zeta gesticulante, et la malheureuse, perdant l'équilibre, était tombée la tête la première dans le vide. Après un long hurlement de terreur et le bruit caractéristique d'un corps de Zeta plongé à toute vitesse dans l'eau, Myosotis tendit le cou et regarda, nullement inquiétée, le spectacle.
Bibi, sur son épaule, ricana :
- Alors ça c'était énorme !
- Je suis bien d'accord.
Nonchalamment, un petit sourire aux lèvres, Myosotis observa la métisse remonter à la surface du lac en agitant inutilement ses bras. Cette dernière se mit à crier avec fureur, mais avec la distance, la française ne comprit pas tous les mots. Elle saisit néanmoins ''pétasse'', et d'autres rimes en ''asse''.
- Ah ben elle est pas morte, badina la poupée.
- Si elle parvient à beugler, c'est qu'elle va bien, renchérit la fille aux cheveux verts.
Elle se releva prudemment, et pinça les lèvres. Maintenant qu'elle savait qu'il n'y avait pas de danger mortel imminent dans ces eaux noires, c'était à son tour de sauter.
-Tiens toi bien, Bibi, intima-t-elle.
Elle ferma son œil sous l'appréhension... et sauta.
Les deux jeunes femmes émergèrent de l'eau, trempées juqu'aux os, et pataugèrent jusqu'à la rive, où elles s'affalèrent sur le dos, à bout de souffle.
Au bout d'un moment, la voix suraiguë de la métisse s'éleva :
- Je te hais, Granditouffe.
- La même, siffla Myo entre deux halètements.
Elle finit néanmoins par se redresser, malgré son corps frigorifié par le bain forcé, et endolori par la nage. Elle balaya du regard la dune qu'elle venait de rejoindre. Et aussitôt, elle lâcha :
- Mais bordel de merde !
- Quoi ?! fit Mali, en sautant sur ses pieds.
- C'est pas une dune de sable... c'est un putain de tas de pièces d'or !!!
Elle se pencha et voulut plonger ses doigts dans la fortune qui irradiait devant elle, mais la métisse la stoppa :
-Non, attends !
- Je veux juste me rembourser le prix du manteau de fourrure que tu m'as fait perdre !
- Non mais sérieux ! Regarde autour de toi !
- Qu'est-ce qu'il y a encore ?
- Tu plaisantes ?! manqua de s'étrangler la métisse. Un tas de pièces d'or chelou, des squelettes partout dessus, des vieux panneaux qui disent « Attention, ne pas y toucher » un peu partout... même quelqu'un de pas malin comme toi peut comprendre ! C'est un guet-apens, à tous les coups !
Myo se mordilla la lèvre inférieure. Ça lui coûtait de l'admettre... mais cette blondinette avait sans doute raison. Elle prit donc sur elle, et se redressa sans toucher au trésor. Après tout, ce qu'elle était venue chercher dans ces lieux souterrains était mille fois plus précieux.
Elle vit, juste derrière cette dune dorée, un escalier sculpté à même la roche, et s'avança en sa direction... avant de réprimer un petit cri d'effroi : les squelettes disséminés ici et là se relevèrent dans un grincement lugubre. Ils étaient tous vêtus d'antiques vêtements en lambeau. Certains portaient des bandeaux sur l'oeil, d'autres arboraient des chapeaux sombres surmontés d'une tête de mort. Les jambes décharnées de deux d'entre eux au moins se terminaient en bout de bois. Tous levèrent leurs sabres recourbés, et, menaçants tournèrent tous leurs crânes aux sourires figés vers les deux filles abasourdies.
- Mais qu'est-ce que...
Prise d'un doute, Myo baissa son œil. Effarée, elle considéra sa poupée vaudou, qui, à ses pieds, serrait contre elle une grosse pièce scintillante.
- Ben quoi ? fit cette dernière de sa voix criarde.
Inventaire : Chocolats Cépamoi (x5)
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Sujet: Re: Le diable s'habille en gamma Dim 12 Juil 2015 - 20:53
Mali était pas une grande spécialiste du vaudou. Mais elle savait une chose : ceux qui s'en servaient étaient craignos. Du genre, à mort. Et les poupées qu'ils utilisaient étaient encore plus craignos. Si c'était possible. En général quand le maitre était méchant, mesquin et malhonnête, ce qui arrivait souvent, la poupée était sadique, sournoise et super cupide. Une marionnette de ce genre, c'était comme un horcruxe, ou presque : un reflet condensé de l'âme de son propriétaire. Alors quand Mali avait remarqué le regard concupiscent de Myo sur le tas de pièces, elle avait su. Sortir de cette caverne saines et sauves serait aussi facile que de jouer au quidditch sans balai. Et déjà que la zeta avait du mal à jouer avec un balai...
-Bibi ! reprocha-t-elle à la poupée sans quitter des yeux les squelettes menaçants.
Les deux boutons qui servaient d'yeux à cette dernière se fixèrent méchamment sur Mali :
-C'est Madame Bibi pour toi, pouffiasse ! cracha-t-elle. Et d'abord qu'est-ce que tu me veux ?
La métisse serra les poings : se faire insulter par Myosopute alors qu'elle était là pour l'aider c'était une chose, mais se faire rabrouer par son familier, c'était trop.
-Repose cette pièce tout de suite ou j'te fais sauter tous tes points de suture, espèce de sac a patates moisi !!! pesta Mali hors d'elle.
Bibi n'eut pas l'air contente du tout :
-JAMAIIIS !! C'EST MA PIECE !!!
Elle se recroquevilla sur le gallion.
-Elle est à moi... Elle est venue à moi !
Malicia se tourna vers la gamma avec un regard grondeur :
-Mais dis-lui, toi aussi !
-Oh ça va c'est qu'une pièce ! soupira Myo en levant les yeux au ciel. Tu peux pas arrêter de faire du foin pour tout ?
Mali jeta un coup d'œil pas très rassuré vers le groupe de squelettes qui s'avançait lentement vers elles, leurs sabres en avant. Ils devaient bien avoir 500 ans ces sabres. Ce qui voulait dire qu'en plus d'être pointus, ils étaient rouillés. Et elle aimait pas bien ça, les trucs pointus et rouillés tenus par des morts-vivants.
Elle émit un petit rire gêné :
-Haha, faut pas l'écouter elle a beaucoup d'humour ! lança-t-elle à ses adversaires qui commençaient à les encercler.
Les sac d'os ne répondirent pas. Ou plutôt si. Un long râle guttural qui sonnait pas vraiment comme un "sans rancune !". Elle tira de sa poche le muffin que lui avait donné Myo et le leur tendit :
-Vous savez, c'est pas bien bon pour votre tension de stresser comme ça quand on est aussi âgé ! Une p'tite douceur ? Y a des pépites en chocolat !
Devant le silence, elle continua en souriant de toutes ses dents :
-Y a bon pépites ! Miam miam ?
Myo souffla rageusement :
-T'es vraiment nulle !
-Tu m'as amenée ici en me disant qu'il y aurait des énigmes ! DES ENIGMES !! Ca ressemble à des énigmes pour toi, ça ?!
La gamma se tourna à son tour vers les squelettes :
-C'est que des pièces ! Vous en avez plein !! s'énerva-t-elle. C'est quoi votre problème ? J'ai jamais vu des gens aussi radins !!!
-Moi si ! souffla Malicia. Magnus Magouille.
Myo l'ignora et ramassa une poignée de pièces :
-Vous voyez ? Ca vous fait rien quand je les touche !!
Les squelettes poussèrent un long grondement grave et se mirent à charger dans leur direction. Les deux filles s'enfuirent en pleine panique, tout en hurlant. Bibi sauta sur l'épaule de sa maîtresse.
-Bien joué Myo ! Et j'ai même pas eu à lâcher ma pièce ! ricana-t-elle.
Le tas d'or sur lequel elles courraient était profond et instable. C'était comme essayer de faire un sprint dans du sable. L'espace d'une seconde Mali pensa à son père : il aurait été fier de la voir faire autant de sport en aussi peu de temps ! Une main de squelette bondit hors des articulations de son propriétaire et empoigna les cheveux vert brocoli de Myo. Celle-ci gesticula dans tous les sens pour se débarrasser de l'assaillant :
-Enlève-moi ça enlève-moi ça enlève-moi ça !!!
Elle trébucha par terre, à la merci des monstres. Aussitôt, Mali saisit son bras et l'aida à se relever.
-Vite, il faut qu'on atteigne les escaliers !
Elle pointait du doigt des marches constellées de gravures anciennes qu'on avait façonnées à même la pierre. Elle ne savait pas où ça menait, mais si ça pouvait les amener loin de ces cadavres grippe-sous, c'était tant mieux ! Malheureusement ces derniers en avaient profité pour gagner du terrain, et Malicia ne vit plus qu'une solution :
-On a pas le choix, il faut qu'on se batte !
Essoufflée, Myo la regarda un instant sans cesser de courir.
-Bonne idée ! cria-t-elle.
Elle fit un croche-patte à la métisse qui s'écroula dans le tas d'or.
-T'as qu'à te battre pendant que je continue !
La gamma accéléra pendant que Bibi ricanait à gorge déployée. Les squelettes se précipitèrent sur Malicia et l'un d'eux leva son arme en claudiquant sur sa jambe de bois. Il l'abattit en grognant. Mais la main de la métisse jaillit, refermée sur le manche d'un sabre dont la lame bloqua celle de son adversaire. Mali se releva avec beaucoup d'efforts, en résistant comme elle le pouvait à la force du mort-vivant. Elle le repoussa de toutes ses forces et le monstre retomba en arrière, aux pieds de ses congénères. La zeta recracha une pièce et tira la langue de dégoût :
-Beuuaaaah.... je vais juste tellement tuer Myosotouffe !
Cette dernière poussa un hurlement et Mali tourna rapidement la tête : la traitresse verte s'était faite barrer la route par une paire de squelettes qui avaient surgi du sol devant elle. Et alors qu'elle levait les bras pour se protéger, la métisse fouilla frénétiquement dans le tas d'or tout en tenant à distance leurs adversaires, cherchant au milieu des coupes en argent et des joyaux. Elle finit par en sortir un autre sabre qu'elle lança aux pieds de Myosotis. Cette dernière s'en saisit et tenta de se défendre contre ses assaillants. Malicia se tourna vers le reste de la bande : de près, les squelettes étaient encore plus effrayants qu'avant, avec leurs dents déchaussées et moisies, et les vers qui sortaient de leurs orbites. Elle déglutit :
-Ok, on panique pas, on panique surtout pas...
Elle fit un grand effort pour se maîtriser. Mais c'était pas facile : elle n'y connaissait vraiment rien en épées ! Et elle était complètement nulle en combat. Mais elle se souvenait des conseils que lui avaient donné ses amis. De Drago, elle avait appris qu'on ne tenait jamais un sabre par le bout pointu et qu'il fallait se tenir de côté pour que la cible soit moins grande. De Minus, qu'il fallait toujours viser les coucougnettes de son adversaire ou essayer de lui balancer des trucs à la figure. Et de Lulu, que quoi qu'il arrive, il fallait toujours mais alors toujours crier plus fort que son adversaire.
L'un des squelettes, qui portait un chapeau de corsaire mité, s'avança vers elle et poussa un râle agressif. Aussitôt, Mali leva son épée en hurlant de tous ses poumons. Elle fonça droit sur ses ennemis et la bataille commença.
La zeta balayait l'air autour d'elle, en évitant beaucoup plus qu'elle ne donnait de coups. Elle montait sur un tas de pièces, puis sautillait sur un autre, en essayant de garder son équilibre comme elle le pouvait. Heureusement pour elle, ses adversaires avaient 500 ans et leurs gestes étaient aussi rouillés que leurs épées. Mali jeta une poignée de pièces à leur figure et donna quelques coups maladroits qu'ils eurent bien du mal à parer avant de s'effondrer en arrière en gémissant. Les cheveux lâchés et tout emmêlés, elle tenait bon. Et c'était vraiment surprenant. Parce que l'ancienne Mali aurait pas fait la fière. Elle non plus ne le faisait pas, mais elle n'avait pas envie de se laisser faire comme ça !
Pas très loin d'elle, Myo avait l'air de tenir elle aussi. Malicia savait bien que c'était stupide de s'en faire pour quelqu'un qui n'avait pas hésité à vouloir la sacrifier à plusieurs reprises. Mais c'était dans sa nature et elle s'en voulait un peu pour ça, d'ailleurs. Elle essaya de canaliser sa colère et de la pousser contre les squelettes. Mais finalement, les affreux jojos les poussèrent contre un immense tas d'or qu'elles se mirent à escalader, en essayant d'éviter au maximum de se faire piquer les fesses ou pire.
A mi-chemin, les pièces dégringolèrent sous leurs pieds, les empêchant de grimper. Mali se tourna vers Bibi :
-Tu veux toujours pas rendre cette putain de pièce ?! s'exclama-t-elle.
-Dans tes rêves ! cria la poupée maléfique, en s'agrippant au t-shirt de sa maîtresse.
Une épée se planta à côté d'elles et elle poussa un cri :
-Tu comptes faire quelque chose pour nous sortir de là, grosses fesses ?!
Malicia fit les gros yeux en direction de la marionnette. Myo les coupa dans leur dispute :
-On va jamais arriver à monter là-haut ! On est trop lourdes !
La métisse jeta un coup d'œil au sommet branlant :
-Attends-moi ici et tiens bon ! Je reviens !
La gamma se vexa comme un pou :
-T'as pas intérêt à me laisser crever ici ! Si tu fais ça, je te...
Mali n'écouta pas la suite et ferma les yeux pour se concentrer. Aussitôt, elle rapetissa et se changea en écureuil. Elle se mit à escalader la paroi, avec beaucoup plus d'agilité et atterrit au sommet en moins d'une minute. Elle reprit forme humaine et jeta un coup d'œil en contrebas : les squelettes s'agitaient en essayant d'atteindre Myosotis et pour la première fois, la zeta se rendit compte de leur nombre. 57. Et demi. Beaucoup trop pour elles deux. Elle voyait bien une solution pour se débarrasser d'eux. Mais elle risquait de mettre la gamma en danger. Alors qu'elle cherchait désespérément une seconde voie, la chlorofille haussa la voix :
-TU VAS ARRETER DE RESTER PLANTEE LA COMME UN PIQUET, CONNASSE ?!
Mali plissa les yeux :
-Ca, c'était le "connasse" de trop. grommela-t-elle.
Elle flanqua un bon coup de pied à la pile d'or qui se fendit en deux dans un grondement et s'écroula, ensevelissant comme une avalanche tous leurs ennemis et la gamma avec. Mali se sentit même pas honteuse :
-Oups ! rigola-t-elle en regardant en l'air.
Elle se laissa glisser jusqu'à la touffe verte qui sortait du sol et attendit quelques secondes. Finalement, Myo et Bibi émergèrent :
-Non mais t'es pas bien ?! s'agita la poupée en beuglant de sa voix criarde.
Mali l'enfonça à nouveau dans les pièces d'un coup de talon et se tourna vers sa partenaire :
-Ca va ?
La pimbêche cracha une pièce :
-Non !
Elle essaya de se relever mais cette fois-ci, la métisse ne l'aida pas et partit en direction de l'escalier, assez pressée de s'en aller :
-Viens, on n'a pas beaucoup de temps pour atteindre les marches !
Myo la rejoignit, Bibi sur son épaule, en essayant de mettre de l'ordre dans ses vêtements. Elle grogna en regardant le tas d'or :
-C'est quand même dommage de laisser tout ça ici...
La zeta continua à marcher :
-Je sais ce que tu veux faire : laisse ça tranquille ! chantonna-t-elle.
La gamma hésita, avant de se pencher :
-Non, c'est trop con. En plus, ils sont assommés alors...
Elle prit une couronne et la posa sur sa tête avant de s'admirer dans un miroir fêlé, tout serti de pierres précieuses. Elle sourit, plutôt contente de son reflet :
-On dirait que ça a été fait pour moi, non ?
Une main osseuse jaillit du sol et saisit sa cheville. Elle se mit à hurler alors que les autres squelettes sortaient à nouveau autour d'elle en gémissant. Malicia écarquilla les yeux :
Inventaire : Véritasérum,
Amortentia,
Philtre de Requinquance,
Potion Contraceptive (x3)
Potion Miracle du Bon Docteur Magouille (x2),
Tequila Magouilita (x2),
Lait de poule Miracle du Bon Docteur Magouille (x2),
Scrutoscope
Poupée Vaudou
Sujet: Re: Le diable s'habille en gamma Ven 24 Juil 2015 - 12:18
Myosotis commençait vraiment à être irritée. Et y'avait de quoi : le regard de la Zeta métissée lui filait des envies de meurtre qui ne lui étaient pas habituelles. Oh oui, miss Parfaite se pensait teeellement meilleure qu'elle ! Miss Parfaite n'était pas tentée par un trésor qui devait valoir des milliards de gallions, oh non non non ! Elle était bien au dessus de ça ! Bien trop occupée à se draper dans son auto-satisfaction à être parfaite, bien trop occupée à juger ses prochains qui eux ne l'étaient pas ! C'est sûr, c'était plus facile quand on était une petite fille à papa pourrie gâtée, qu'on avait jamais eu à travailler de sa vie et qu'on vivait seule dans une confortable maisonnette toute jolie, payée par ses parents. Mais Mali ne voyait pas ça. Elle pensait simplement que Myo était cupide, alors qu'elle ne devait pas connaître le mot « dettes » !
...enfin, si, elle devait le connaître. Comme elle devait connaître son étymologie, ses synonymes, son antonyme, et plein de conneries du genre, en bonne petite étudiante modèle. Cette pensée fit grincer les dents de la fille-chlorophylle.
Bon, c'était vrai que Myosotis n'était plus autant dans le besoin depuis qu'elle s'était mis en ménage avec Magnus. Voire même plus du tout dans le besoin, à la réflexion. Mais c'était si récent qu'on ne pouvait pas lui en vouloir d'avoir gardé quelques réflexes. C'était humain, et Myo était humaine !... enfin, à moitié au moins. Et puis cette tiare était si belle, et lui allait tellement bien, qu'elle comptait bien la garder, quoiqu'il advienne ! Qu'est-ce qui pouvait bien lui arriver ?
La réponse ne se fit pas attendre : une main squelettique jaillit des piécettes dorées, et lui saisit vivement la cheville.
Mali lui lança une remarque sans doute sarcastique, mais la semi-dryade ne l'entendit pas, toute occupée qu'elle était à crier d'effroi et à secouer frénétiquement sa jambe. Elle parvint à faire lâcher la main de l'Enfer, mais lorsqu'elle se redressa, ce fut pour réaliser qu'elle était au centre de l'armée des pirates défunts. Tous semblaient la fixer de leurs orbites creuses, et lâchaient des râles inhumains depuis leurs gorges desséchées.
- Oups... fit-elle.
- T'es fière de toi, Granditouffe ? persifla Malicia. Tu vas enfin rendre cette couronne ?
- Pas question ! rétorqua la dryade, en fronçant ses sourcils.
- Pourquoi ? Ça va plaire à Magouille ? ironisa la métisse, en jetant un œil par terre, sans doute à la recherche d'une arme quelconque.
Myo plissa son unique œil, et cracha, par pure provocation :
- Exactement ! Surtout si je ne porte rien d'autre avec ! Il va a-do-rer !
Le visage de la Zeta se décomposa en une grimace de dégoût absolu, qui vexa profondément Myo. Oui, Magnus était loin d'être parfait. Oui, elle avait mis le temps, pour assumer ses sentiments, et sa relation. Mais à présent que c'était fait, elle ne comptait pas se laisser juger par la première petite péteuse venue. Ignorant les cliquetis des os des adversaires autour, elle fit face à son ennemie et la toisa de toute sa hauteur. Ce qui n’était pas compliquée vu qu'elle devait bien faire une tête de plus que Mali :
- Arrête d'être jalouse comme ça, ça en devient ridicule !
- Ouais, franchement ridicule ! renchérit la poupée sur son épaule.
Mali ouvrit des yeux ronds :
- Jalouse de Magouille ?! s'offusqua-t-elle. Pauvre cruche, personne t'enviera jamais pour ça !
Bibi ricana, tandis que Myo étirait son sourire sardonique :
- T'es jalouse parce que notre relation est stable !
Mali ne sembla pas convaincue :
- Stable ?! renifla-t-elle, non sans dédain.
- Tu ne sais pas ce que ça veut dire ? Un indice : c'est le contraire de ce que tu vis avec Malefoy ! trancha la fille-chlorophylle avec un plaisir non dissimulé.
Les joues de Mali rosirent de colère. Elle tendit un doigt énervé sous le menton de son interlocutrice :
- Pauvre idiote ! C'est toi qui ne sait pas ce que ça veut dire ! Magouille est avec toi que parce que c'est un pervers et toi une abrutie sans amour propre qui fait tout ce qu'il veut ! A la seconde ou il croisera dans la rue une fille plus jeune et mieux foutue que toi, et crois-moi ça devrait pas tarder, il te jettera sans une once de...hiiiiiiii !
Piquée au vif, Myo venait d'empoigner les cheveux de la métisse, sous les acclamations de joie de sa poupée de chiffons. Les deux filles tombèrent à terre brutalement, s'enfonçant dans les pièces qui leur servaient de sol.
- T'as aucune idée de ce dont tu parles pouffiasse ! grogna la semi-dryade en tirant les cheveux blonds de la métisse.
Cette dernière tenta de se dégager de la poigne de la Gamma en se tortillant. Ce qui ne l'empêcha pas de persifler :
- T'es aveugle à ce point ?! Magouille est le mec le plus égoïste du monde sorcier ! Et toi la fille la plus cruche de la Terre !
- Je l'ai en face de moi la fille la plus cruche de la Terre ! Magnus m'aime ! Il a risqué sa vie pour me sauver ! Plusieurs fois! Et toi, qu'est-ce qu'as fait pour ton cher Drago ? Qu'est-ce que lui a fait pour toi ?
Mali donna un coup de poing sur le menton de la française, ce qui la repoussa en arrière.
- Ni moi ni Drago n'avons quoique ce soit à te prouver ! répliqua-t-elle.
Myo émit un rire mélodieux, empreint de mesquinerie :
- Ah mais attends voir, y'a une histoire qui court sur le campus ! fit-elle, en essuyant le mince filet de sang sous sa lèvre. Apparemment Malefoy a sciemment tout perdu pour toi, il s'est enfui d'un mariage arrangé, il s'est fait déshériter pour toi, et toi... tu l'as méchamment envoyé bouler ! Quelle belle preuve d'amour !
Elle pouffa de rire devant la métisse, qui serra les poings. Avant de se jeter sur la fille verte en criant, ongles en avant :
- Ferme la ! Tu ne sais rien de cette histoire !
- Et je m'en contrefous ! siffla Myo, en martelant son adversaire de coups.
- Moi au moins j'ai de l'amour propre et le respect de moi-même ! ragea la métisse, en se défendant comme elle le pouvait. Même lorsque j'ai des sentiments pour quelqu'un !
- Moi au moins j'ai pas des chansons qui se foutent de ma chasteté !
- Les chansons que j'ai entendu sur toi sont bien pires, espèce de teupu ! Je préfère qu'on me sache pure plutôt que de passer pour la catin de service !
- Chuis pas une catin ! rétorqua la dryade. Mais, moi au moins, je sais m'éclater avec mon mec !
Les deux s'empoignèrent aux épaules, et, une fois de plus, elles roulèrent sur les piécettes d'or, sous un flot de cris et d'injures.
- Je te hais ! rugit Malicia.
- Je vais te tuer ! gronda Myosotis.
- Je le savais, tu m'as amené ici uniquement pour me faire disparaître !
- Non mais ça sera un putain de bonus ! De toutes façons j'aurais jamais pu te supporter une minute de...
La lame ébréchée d'un sabre recourbé se planta à quelques millimètres à peine des têtes des étudiantes, qui sursautèrent : toutes a leur dispute, elles en avaient oublié momentanément l'armée des liches. Myo se redressa, et tenta de se relever prestement ; mais avec les pièces qui ne cessaient de rouler sous ses pieds, ce ne fut pas chose aisée.
Elle parvint néanmoins à se remettre debout, tant bien que mal, et se tourna vers Malicia. Cette dernière s'était déjà métamorphosée en horrible petit rongeur touffu, et avait escaladée une colonne de style picte ou Dieu sait quoi. Puis, perchée en sécurité, elle se transforma à nouveau en petite garce blonde et bronzée, et ordonna :
- Rends-leur leur trésor !
Myo contempla les silhouettes décharnées, qui pointaient leurs sabres vers elle. Ils étaient nombreux... mais n'avaient pas l'air franchement habiles. L'un deux avait même planté si profondément sa jambe de bois dans la dune dorée qu'il peinait à l'en enlever, et sautillait à cloche pied autour, faisant tressauter sur son crâne son tricorne noir surmonté d'une tête de mort.
Alors oui, ils étaient sans doute forts. Et dangereux. Mais Myo ne comptait pas capituler devant des ennemis si grotesques.
-Non, affirma-t-elle.
Elle ramassa un vieux bout de bois à moitié pourri, et le brandit devant elle en le tenant à deux mains, repoussant par là même l'attaque d'un squelette au bandeau sur l'orbite et à la main en crochet, plus hardi que le reste de sa horde.
- Mais pourquoi t'es si butée ?! s'emporta la Zeta. Tu leur as volé, c'est normal que tu leur rendes !
L’œil de la française s'assombrit, alors qu'elle donnait un coup de pied à un second sac d'os ambulant, le faisant reculer de quelques pas.
- C'est des pirates, bordel ! cracha-t-elle.
- Et alors ?! rétorqua la métisse.
- Et alors les pirates c'est des foutus voleurs ! Et y'a rien de mal à voler des voleurs ! Surtout ceux qui sont crevés depuis des siècles !
Malicia poussa un soupir mêlé de grognement :
- Et ben bonne chance pour leur expliquer, hein !
Sous le coup d'une illumination soudaine, Myo ouvrit grand les yeux :
- Oh mais oui ! C'est ça que je vais faire !
Sous le regard éberlué de la Zeta, Myo ferma son œil, concentrée, et leva ses bras.
{Myosotis utilise son pouvoir Medium !}
Le squelette au crochet, qui venait de se ruer à nouveau sur elle se figea ; et un spectre si vaporeux qu'il en était presque transparent, tournoya un moment autour du mort-vivant, avant de le surplomber. Il se pencha alors sur la jeune femme, qui put détailler ses traits. C'était un pirate. Indubitablement.Tout en lui criait « pirate », de ses joues sales et balafrées, à ses dents en moins, en passant par son œil injecté de sang.
Il considéra quelques secondes Myo, et affirma, en croisant ses bras désincarnés :
- Parsembleu, la donzelle ! T'as volé l'trésor d'Arkam le Rouge, l'célèbre Boucanier-Sorcier ! fit-il d'une voix chevrotante et ténue, en roulant exagérément les r.
- Ouais, et alors ? rétorqua l'étudiante, sans se laisser démonter.
Le fantôme cligna, ne s'attendant pas à un tel aplomb.
- Et alors... c'pas bien ?
- Genre, vous l'avez pas volé, vous ?
Le pirate désincarné se figea quelques secondes :
- Yarrr !... je... oui, je suppute ? Mais nous, n'sommes des pirates !
- Eh ben... Moi aussi ! improvisa la semi-dryade.
Le spectre dévisagea à nouveau la jeune femme, et tendit son crochet en avant :
- Parsembleu, oui ! Une seule mirette, un air méchant, un pantalon comme les bonhommes, un perroquet sur l'épaule : que le grand Crique m'croque si t'es pas Alvida, la princesse corsaire !
- C'est qui que t'appelles perroquet ? se renfrogna Bibi.
Myo fit signe de se taire à sa poupée, puis acquiesça :
- Ouais c'est moi, Alvida. Du coup, je peux y aller ?
Elle fit un pas en arrière, mais le squelette au crochet tendit son sabre vers elle, menaçant. Elle soupira, et se tourna vers les autres morts qui avaient cessé de se battre, et suivaient l'échange de leurs orbites vides.
- Bon, ok. C'est lequel, Machin le Rouge ? J'ai deux mots à lui dire !
- Ah ben ça !.. C'est qu'il est pas là l'Cap'taine...
- Et il est où ?
Le marin transparent eut l'air gêné :
- On sait pas trop, l'Cap'taine nous a d'mandé d'lui garder son butin pi il nous a ensorcelé pour qu'on lui garde même après not' mort, là, et lui il est parti faire la bamboche.
Bibi sursauta sur l'épaule de sa maîtresse, sur le coup d'une révélation :
- Attendez voir : le gars il vous ensorcelle avec un sort super chiant qui vous empêche de défunter correctement, et lui, il se barre ?!
Le spectre se gratta le bandeau qu'il portait sur sa tête désincarnée.
- Ouais. Maint'nant qu'tu le dis, l'Perroquet... C'pas très sympa d'nous faire marronner d'la sorte.
- Ah non, vous croyez ? ironisa Myo. Moi je dis : vous devriez pas vous casser le cul ! Arrêter de lui garder son trésor et vivez votre vie !... enfin, votre mort ! Vous en avez pas marre d'attendre sur un tas d'or qui vous sert à rien et qu'est même pas à vous ? Vous avez pas des rêves, des aspirations ?
Une lueur émerveillée passa dans le regard du pirate...
- Ils étaient sympas en fait !
Les mains dans les poches particulièrement pleines de son jean, un large sourire sur ses lèvres, Myosotis marchait sur l'unique chemin que leur offrait la caverne.
A ses côtés, une Malicia bien plus renfrognée grommela :
- Ouais, si on oublie qu'ils ont failli nous tuer... par ta faute...
La dryade lui jeta un regard amusé :
- Tu dis ça parce qu'ils t'ont rien offert à toi !
- Exactement ! ricana la poupée, en serrant dans ses petits bras de tissu une bourse en cuir presque aussi grosse qu'elle.
Myo leva ses mains, et frôla du bout de ses doigts alourdis de bagues sa jolie tiare en or, satisfaite.
- Le cache-œil serti de diamants, ça fait vraiment trop trop ridicule sur toi, maugréa la métisse.
La sorcière aux cheveux verts eut un sourire méchant : elle se délectait tant de la jalousie flagrante de son ennemie, qu'elle n'avait pas besoin de répondre quoique ce soit. Elle se contenta de passer dans l'ouverture de la grotte devant elle, et s'apprêtait à poursuivre tranquillement son chemin, lorsque la Zeta cria :
- ATTENDS !
- Quoi encore ?
- Tu trouves pas ça bizarre ? Le sol dallé en damier, les gravures sur le mur, les piques acérées au plafond ?
- Non.
Myosotis posa le pied sur un des carreaux sur le sol... et aussitôt, une lourde grille s'abattit brutalement sur l'ouverture qu'elle venait de franchir, coinçant les deux filles dans la grande grotte aménagée. Et, aussitôt, un grondement annonciateur de malheur s'éleva au dessus de leurs têtes : le plafond, hérissé de piques, se mit à descendre vers le sol, avec une lenteur inexorable.
Inventaire : Chocolats Cépamoi (x5)
Essence de dictame (x5),
Lait de poule Miracle du Bon Docteur Magouille (x2),
Philtre de Requinquance (x5),
Potion Miracle du Bon Docteur Magouille (x2),
Potion Tue-loup,
Rapeltout,
Tequila Magouillita,
Potion contraceptive
Sujet: Re: Le diable s'habille en gamma Mer 5 Aoû 2015 - 13:08
Les piques descendaient du plafond branlant en déversant de la poussière centenaire partout sur le sol dallé. On aurait cru des milliers de dards d'abeilles tout tordus. Ca vrombissait, ça grondait. Fort. Comme si tout ce qui existait autour allait se briser en mille morceaux. Comme si la terre allait se fendre en deux et tout engloutir.
Mali était pas une grande fan d'abeilles. Ni de choses pointues en général. Ni de tremblements de terre. En fait, en regardant ces grosses piques descendre droit sur sa tête, elle s'était dit qu'une chose : Myo et elle allaient mourir. Là. Dans cette grande caverne qui n'avait pas du voir grand monde depuis des siècles. Elle contempla les murs autour d'elle, les gravures pictes qui les tapissaient, avec leurs cavaliers et leurs archers...
Elle déglutit :
-Depuis des siècles et des siècles... murmura-t-elle lentement.
Myo agrippa son bras, affolée et Mali sursauta :
-HEY ! TU M'ECOUTES ?! s'écria-t-elle, alors que le plafond continuait à descendre lentement, mais sûrement.
La métisse se frotta son bras griffé :
-Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ?
La chlorofille la fixa comme si elle venait juste de sortir de l'asile :
-Tu te fous de moi ?!
Elle pointa les grosses pointes qui n'allaient pas tarder à les empaler, les yeux gros comme des soucoupes :
-T'AS PAS VU LE PLAFOND ?
-Hein ?
Mali leva les yeux, pas très tranquille :
-Ah ça... Mais je t'avais prévenue, non ? fit-elle.
La gamma la secoua par les épaules :
-TU VAS FAIRE QUELQUE CHOSE OUI OU NON ?
-ET POURQUOI CA SERAIT A MOI DE FAIRE QUELQUE CHOSE ?!
Myo cligna des yeux pendant quelques secondes sans trop comprendre :
-Et ben... bredouilla-t-elle. Parce que je t'ai engagée pour ça ?
-Mais tu m'as pas engagée ! Tu me prends pour qui, ton larbin ?
Les sourcils de la zeta se froncèrent :
-Je suis venue parce que tu avais besoin d'aide, poursuivit-elle, et que tu trouvais personne d'autre pour le faire. Et depuis qu'on est entrées ici, t'as pas arrêté d'essayer de me faire sentir mal ! Je t'ai suivie, je suis en train de risquer ma vie pour toi et tu n'as même pas voulu me dire ce qu'on cherche ni pourquoi !
-Je t'ai dit pourquoi ! lança la sorcière aux cheveux verts. Je suis liée par la magie noire et j'ai besoin de m'en défaire !
-Mais comment ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu peux pas me donner plus de détails ?
Le plafond s'abaissa brusquement d'un cran et elles lui jetèrent un regard terrifié.
-T'as pas besoin d'en savoir plus ! cracha soudain Myosotis.
-Pourquoi ? demanda Malicia avec inquiétude.
Comme d'habitude, la gamma la prit de haut :
-Tu comprendrais pas.
Tout ce mépris finit par taper sur les nerfs de la zeta :
-Pourquoi tu me traites toujours comme si j'étais idiote ou inférieure à toi ? lança-t-elle en agitant ses bras et en désignant la pièce instable autour d'elles. Y a même pas de raisons : tout ce que t'as fait depuis le départ, c'est déclencher tous les pièges qui se trouvaient sur notre passage !
Myo leva les yeux au ciel d'exaspération :
-C'est bon, arrête de te plaindre ! T'as pas autre chose à faire que de jouer les victimes ?
Mali pointa du doigt l'étudiante en sciences occultes, alors que la poussière du plafond continuait toujours de se déverser sur leurs épaules :
-Tu vois ? C'est exactement de ça que je veux parler ! Si tu veux qu'on sorte de là vivantes, va falloir arrêter de te regarder le nombril et essayer de coopérer un peu ! Et pour autre chose que pour piquer des joyaux à des morts !
-Mais j'ai rien piqué du tout ma vieille ! s'échauffa Myosotis, sa couronne sur la tête, en mettant ses poings sur ses hanches. Ils me les ont offert de leur plein gré ! Parce que je le mérite !
-Ouais ! renchérit Bibi. C'est bien le moment de jouer les jalouses !
La zeta se tapa le front et poussa un gémissement de frustration :
-Mais je SUIS PAS JALOUSE ! Qui pourrait être jalouse de toi ?
Le grincement du mécanisme mortel devint encore plus intense, et le sol commença à s'agiter dangereusement. Les deux sorcières tendirent les bras en essayant de garder leur équilibre. Ce qui n'empêcha pas Mali de faire un pas vers son ennemie :
-Moi au moins je suis pas une potiche, et je serai jamais la greluche de personne !
-Ah ça s'est sûr, coincée comme t'es... fit la chlorofille avec un sourire condescendant avant de chanter : "J'ai jamais vu l'Che-shire ! Ni même le Derby-Shire ! Mais j'connais quinze trucs aussi coin-cés que McGuire : une serrure rouillée, une... "
-TAIS-TOI !
Malicia serra fort les dents : en temps normal, elle aurait eu envie de pleurer. Mais là, à sa grande surprise, il n'y avait pas une seule larme qui lui montait aux yeux. C'était sûr, elle s'en voulait pour Drago. Elle savait qu'elle ne le traitait pas toujours comme elle le devrait, elle savait qu'elle lui donnait pas la place qui fallait, et elle savait qu'il faudrait longtemps avant qu'elle puisse lui parler comme avant. Mais y avait une chose qu'elle ne regrettait pas. C'était de lui dire non. Elle lui disait non maintenant comme elle le lui avait dit quand il était revenu vers elle, il y a des mois. Parce que son copain faisait une grosse erreur : il la prenait pour acquise, aujourd'hui comme à l'époque. Et en lui disant non en octobre, ça avait été la première fois de sa vie qu'elle ne s'était pas laissée marcher dessus. Depuis, elle avait continué dans cette voie, même si c'était pas facile tous les jours. Parce qu'elle ne savait pas grand-chose d'elle-même, mais elle savait au moins ça : elle était pas un objet. Et c'était à prendre ou à laisser.
Elle aurait juste aimé que tout ça reste entre elle et la personne qu'elle aimait, au lieu que tout le monde s'en mêle. Elle avait l'habitude que personne ne la comprenne, mais là c'était bien pire : non seulement les gens ne la comprenaient pas, mais ils ne voulaient pas comprendre. C'était bien plus simple de la juger sur les apparences. Et c'était bien plus drôle de faire lancer sur elle des rumeurs complètement fausses. Que Myo adorait lui balancer à la figure. Parce que la gamma se moquait bien de savoir ce qui était vrai ou pas.
Le sol se mit à trembler encore plus fort et certaines dalles se craquelèrent. Au-dessus de leurs têtes le plafond hérissé de piques avait fait plus de la moitié du chemin qui le séparait de leurs crânes.
-Hey vous voulez pas vous réveiller ?!! se mit à piailler Bibi, affolée. Encore quelques secondes et on va se faire embrocher !
-COMMENT TU PEUX T'IMAGINER POUVOIR ME JUGER ?! hurla Mali. TU SAIS RIEN DE MA VIE, TU SAIS RIEN DE MOI !
-ET JE M'EN FOUS ! répliqua la gamma.
-JE M'EN DOUTE, C'EST PAS UNE TEUPU INSENSIBLE COMME TOI QUI POURRAIT S'INTERESSER AUX AUTRES !
Cette fois Myo eut l'air chamboulée : elle avait touché un point sensible.
- T'as pas la moindre idée de ce que je suis prête à faire pour ceux que j'aime... siffla-t-elle, un éclat sombre dans le regard.
-Et t'aime qui ? répondit Malicia. Cet assassin pervers de Magouille ?
- EXACTEMENT !!! s'écria Myo. J'AIME MAGNUS ET MOI AU MOINS JE L'ASSUME !
-MAIS T'AS PAS LE DROIT ! s'écria la zeta. IL A PAS LE DROIT ! LE DOYEN N'A PAS LE DROIT DE SORTIR AVEC UNE ETUDIANTE !!!
-Oui, mais y a UNE exception ! la coupa Myo.
Mali se tut et la gamma parut toute fière de son effet. La zeta écarquilla brusquement les yeux et son regard glissa aussitôt vers l'annulaire gauche de la chlorofille.
-T'as quand même pas fait ça ?!
La métisse eut l'impression que ses veines se gelaient tout net. Myo était donc allée jusqu'à épouser ce psychopathe ! C'était pire que ce qu'elle avait imaginé. Bien bien pire...
-Myo... murmura-t-elle choquée. Mais qu'est-ce que t'as fait ?
Elle tendit une main tremblante vers la paume de la gamma :
-C'est pour ça qu'on est là ? Tu as épousé le doyen et tu l'as fait en passant un pacte de magie noire ?
La fille aux cheveux verts garda le silence et Mali poursuivit, incrédule :
-C'est à cause de cette alliance qu'on est là, c'est ça ? Tu regrettes et tu veux annuler le...
Myo la repoussa brusquement en ramenant son bras contre elle-même :
-JE REGRETTE RIEN ! hurla la gamma folle de colère. C'EST JUSTE UNE CONTRAINTE MAGIQUE A LA CON, UNE PRECAUTION QUI N'ETAIT PAS NECESSAIRE ET DONT JE VEUX ME DEBARRASSER ! TOUT LE RESTE, TOUT CE QUE J'AI FAIT, JE L'AI FAIT PAR AMOUR ET J'EN SUIS FIERE ! PERSONNE NE M'A FORCEE ! JE SUIS PRETE A TOUT POUR MAGNUS ! JE L'AI SORTI D'AZKABAN FACE A UNE ARMEE D'AURORS ET JE RECOMMENCERAIS S'IL LE FALLAIT ! JE POURRAIS MOURIR POUR LUI ! JE POURRAIS TUER POUR LUI ! ET C'EST POUR CA QUE J'AI PAS HESITE UNE SEULE SECONDE AVANT D'ENFILER CETTE BAGUE ET DE ME MARIER AVEC LUI !
L'espace d'un instant, les deux sorcières se firent face éberluées. Malicia voulut répliquer, mais elle ne savait pas quoi dire. Myo était devenue complètement folle, il n'y avait pas d'autres explications ! Ou alors... La métisse frissonna. Ou alors, tout ça, tout ce mépris, cette vision complètement tordue de la réalité, des relations humaines, c'était en elle, depuis le début. Mais la gamma était-elle vraiment tout à fait humaine ? Elle était à moitié dryade, ça Mali le savait maintenant, mais est-ce que ça expliquait tout ? Le professeur Vertefeuille était, lui, un véritable homme-plante et c'est vrai qu'il faisait froid dans le dos. Mais Myosotis, elle était bien pire... Vraiment pire...
Quelque chose lui frôla le dessus du crâne, la ramenant brutalement à la réalité. Myo poussa un cri et se jeta au sol à plat ventre, les mains sur la tête. Soudain, le calme et le silence retombèrent dans la salle et la fille aux cheveux verts releva les yeux, étonnée. Les piques avaient stoppé leur descente.
-Qu... qu'est-ce qui s'est passé ? bredouilla-t-elle.
Elle se releva et considéra le plafond qui remontait lentement. Elle finit par se tourner vers Malicia :
-C'est toi qui a tout arrêté ?
La métisse, qui se tenait toute droite sur une dalle, la regardait, soulagée et le souffle coupé :
-J'ai eu un coup de chance. fit-elle.
Myosotis se rapprocha d'elle :
-Un coup de chance ? insista-t-elle.
Malicia souleva son pied sur lequel était marqué une inscription quasiment effacée. C'était un chiffre.
-15 ? lut Myo. Qu'est-ce que ça veut dire ?
Un peu tremblante, la zeta lui montra les gravures sur les murs.
-Tu te rappelles ces dessins ?
-Oui. Des machins pictes. Et alors ? la coupa la chlorofille.
Mali sembla mal à l'aise. Mais elle poursuivit malgré tout :
-Depuis qu'on est entrées dans ce souterrain, on en a vu plein. Partout. Toujours dans le même ordre : des rois, des généraux, des gardes, des cavaliers, des archers, des piquiers... expliqua-t-elle avant de demander gentiment. Tu comprends ?
L'étudiante en sciences occultes secoua la tête.
-Toujours le même ordre, répéta Malicia. 4 rois, 8 généraux, 15 gardes royaux, 16 cavaliers, 23 archers, et 42 piquiers. Mais dans cette pièce...
La zeta regarda les murs :
-Il n'y avait pas un seul garde royal de dessiné... murmura-t-elle, rêveuse.
Elle se tourna vers la gamma :
-Je m'en suis rendue compte au dernier moment. fit-elle sur un ton d'excuse, avant de baisser la tête.
Myo déglutit en réalisant à quel point elles y avaient échappé belle. La voix criarde de Bibi retentit à leurs pieds :
-Et t'attends des remerciements, c'est ça ! glapit la poupée, en se dirigeant vers une sortie qui s'était creusée à l'autre bout de la pièce. Purée, Myo, quand tu chercheras quelqu'un pour résoudre des énigmes, demande moi mon avis la prochaine fois, je te trouverai quelqu'un de moins lent... Allez on se tire d'ici ! C'est pas pour dire, mais j'ai pas trop envie d'y passer la nuit !
L'étudiante en sciences occultes, toujours un peu sonnée, acquiesça et suivit sa marionnette, le pas un peu hésitant. Elle passa devant Mali qui releva les yeux pour regarder son ennemie partir, le visage fermé et encore toute haletante.
Elle avait réussi. Et Myo ne s'était douté de rien. Elle arrivait pas à y croire !
Quand la gamma était entrée dans la pièce, et que Mali avait vu les gravures sur les murs, les chiffres sur le sol, elle avait tout de suite compris leur signification. Et elle avait su que l'occasion qu'elle cherchait était arrivée. L'occasion de faire parler cette peste et de les arrêter, elle et Magouille.
Ça faisait longtemps qu'elle attendait ça. Depuis que le Bon Docteur avait essayé de la tuer devant tout le monde et que personne n'avait bronché. Depuis qu'il avait entraîné Myo dans ses histoires et que la gamma s'était mise à mentir et à dériver. Depuis que son frère était venu la voir, et qu'elle avait compris en l'écoutant que la chlorofille s'était servie de lui pour tirer le doyen d'Azkaban.
Mali n'avait jamais manipulé personne avant aujourd'hui. Elle aurait eu honte d'elle-même si elle n'avait pas été aussi déterminée. Mais elle devait faire quelque chose pour stopper ces deux-là : avec ce qu'elle avait entendu et le témoignage de son frère, elle était la seule à savoir pourquoi Myo avait vraiment disparu cette semaine. Elle n'en avait parlé à personne. Il lui fallait des preuves pour les faire tomber. Mais ce qu'elle avait découvert... c'était encore plus affreux que tout ce qu'elle avait imaginé.
La métisse prit une grande bouffée d'air et se mit en route, en posant la main sur la poche de son jean comme si sa vie en dépendait.
Inventaire : Véritasérum,
Amortentia,
Philtre de Requinquance,
Potion Contraceptive (x3)
Potion Miracle du Bon Docteur Magouille (x2),
Tequila Magouilita (x2),
Lait de poule Miracle du Bon Docteur Magouille (x2),
Scrutoscope
Poupée Vaudou
Sujet: Re: Le diable s'habille en gamma Mar 18 Aoû 2015 - 20:25
Le cœur de Myosotis battait toujours la chamade, sous le coup du stress qu'elle venait de subir. Un peu choquée, elle sortit de sa poche une cigarette roulée d'une main tremblante. Puis, réalisant qu'elle n'avait plus sa baguette pour l'allumer, elle la remit à sa place en soupirant. Et suivit à nouveau Bibi, qui continuait à ronchonner.
Au bout de quelques mètres, les deux sortirent de la grotte, et se retrouvèrent à l'orée d'une luxuriante forêt tropicale Dans l'herbe, la poupée vaudou animée, nullement impressionnée par le changement de paysage, maugréa de sa voix criarde :
- Quand je pense que cette garce basanée a attendu le tout dernier moment pour se décider à bouger son gros cul !
- Oui, admit la dryade, en s'accroupissant devant sa poupée. Mais sans elle, on aurait été écrabouillées par le plafond.
Elle tendit sa paume, sur laquelle bondit sa marionnette :
- Hmpf. On aurait fini par trouver la bonne case, fit cette dernière avec mauvaise foi.
Myo se redressa :
- Je ne crois pas, non.
Bibi, boudeuse, reprit sa place habituelle sur l'épaule de sa maîtresse, et la Gamma tourna la tête vers Malicia, qui venait vers elle. Elle se mordilla les lèvres, hésitante.
- Heu, je voulais te dire... merci, bredouilla-t-elle finalement.
La métisse répondit à sa remarque par un regard incrédule, et la dryade ne s'en formalisa pas. Elle poussa un bref soupir, puis considéra la jungle sauvage qui s'offrait à elles. Il leur était impossible de faire demi-tour dans la grotte, au vu du portail qui s'y était fermé dans leur dos à la seconde où elles y avaient mis les pieds. Donc, le seul chemin possible était au travers de cette épaisse forêt luxuriante. Qui paraissait vraiment, vraiment dense.
- Il va falloir passer par là.
- Il semblerait, lâcha Malicia. J'espère qu'il n'y a pas trop de bêtes sauvages là dedans. Sinon, sans baguette, ça va être coton.
Myosotis blêmit à cette idée. La Zeta Delta Nu ramassa un gros bâton par terre, puis, le tenant à deux mains, frappa avec sur une plante aux feuilles gigantesques, histoire sans doute de se frayer un chemin. Sa camarade aux cheveux verts se rapprocha d'elle :
-Ah, mais on en a pas besoin de ça ! Regarde !
La semi-dryade posa sa main sur les feuilles d'un énorme bananier, et ce dernier se redressa en grinçant, laissant toute la place nécessaire pour passer aux jeunes femmes.
- Ah oui, c'est vrai. C'est pratique, admit Mali, de mauvaise grâce.
Et les deux s'enfoncèrent dans la forêt.
Là, l'atmosphère était sombre, étouffante. De temps à autre, des cris suraigus et autres trilles étranges s’élevaient entre les branches hautes et les lianes, faisant sursauter les étudiantes. Tout autour d'elles était vert, touffu, et étrangement mouvant.
Myosotis était franchement étonnée. Elle croisait des espèces végétales magiques très rares, dont certaines ne poussaient qu'à l'autre bout du globe. Des figuiers Abyssiniens, des Puffapods, des Mimbulus... Comment tout ça avait atterri ici ? Pourquoi faisait-il si chaud à cet endroit précis, et là seulement ? Qui avait aménagé ainsi les sous-sols de ce qui allait devenir la WoW ? Et quel rapport avec les pictes et les pirates ?! Et... oh bordel, c'était pas une Omniplante, ça ??? Myo cligna des yeux devant la grosse fleur colorée et boursouflée, qui se pourléchait ses pistils d'une langue végétale. Elle n'en avait jamais vu autrement qu'en dessin, dans les traités de botanique antiques de sa mere ! Y'avait pas à dire, cette jungle était vraiment époustouflante.
Malicia, à ses côtés, ne semblait pas du tout intéressée par cet Eden végétal. Elle se murait dans un silence pesant, visiblement à l'affût des moindres bruits alentours. Elle se crispa devant l'envol d'un gigantesque oiseau tout en couleurs, puis se racla soudain la gorge :
- Dis... heu, Myo...
- Mmh ?
- Tout à l'heure, quand on se battait contre les squelettes pirates... Tu pensais ce que tu disais ?
- Comment ça ?
- Tu sais, sur cette histoire avec Drago..
La Gamma dévisagea son interlocutrice, qui lui lançait un regard attristé, embarrassé.
- Je veux dire... reprit cette dernière, les gens pensent vraiment que ce que j'ai fait à Drago, c'était mal ?
Myo hésita. C'était très tentant de pousser cette pauvre fille au désespoir. Et puis c'était pas comme si elle le méritait pas ! Sauf que... elle en avait assez de toute cette tension entre elles. Elles avaient besoin l'une de l'autre pour sortir de là, alors, autant montrer l'exemple en se montrant un minimum sympa. Après tout, elle était la plus mature des deux, et de loin !
Aussi, elle prit sur elle et annonça :
- Ben... ouais, j'ai déjà entendu des gens en parler.
- Oh.
- Mais, rajouta la fille-chlorophylle, ils disaient rien de mal sur toi ou sur ce que t'as fait. Ce que je t'ai dit c'était de l'extrapolation. Juste pour te faire chier.
- Oh.
Malicia fixa un petit moment les herbes hautes dans lesquelles elle se frayait un chemin. Puis elle murmura :
- C'est déjà bien de l'admettre. Merci.
Myo haussa les épaules :
- C'est rien.
Les deux reprirent leur chemin en silence. Que Myosotis finit par rompre, tout en passant en dessous d'une gigantesque fougère :
- Tu sais, je vous connaissais pas encore beaucoup, tous les deux, à l'époque, mais j'avais croisé Drago quelques fois. Et même si j'ai pas tous les détails, j'avais deviné que c'était lui qui avait mal agi.
Elle tourna la tête vers Malicia : une lueur de soulagement brillait dans les yeux noisette de cette dernière. Visiblement, ce que les gens pensaient d'elle lui importait beaucoup ; Myo assimila l'information. Elle pourrait lui être utile... plus tard.
- Il avait mal agi, acquiesça la métisse.
Elle détourna vivement le regard, et fixa un point devant elle.
- Il m'avait quitté de la pire manière du monde, murmura-t-elle.
Piquée par la curiosité, la Gamma s'entendit demander :
- C'est à dire ?
La métisse poussa un profond soupir :
- Eh bien, tout allait bien entre nous, lors de notre dernier jour à Poudlard. Sauf que pendant les vacances d'été, j'ai plus eu la moindre nouvelle de lui. Il ne répondait ni à son miroir ni à mes hiboux. Et puis un jour, j'ai appris ses fiançailles avec une autre. Dans la Gazette du Sorcier. J'étais abasourdie. Mais je crois qu'une partie de moi ne voulait pas vraiment y croire. Alors je suis quand même venue à la WoW, malgré mes autres choix d'université. Et il était là. Avec elle. Il m'avait quitté et m'avait remplacé, sans même prendre la peine de me le dire.
La française hocha la tête, sans savoir quoi penser de tout ça. Elle se rappelait que Malefoy lui avait raconté des bribes de cette histoire, alors qu'elle venait juste de le rencontrer. Ses souvenirs étaient plutôt flous, sans doute parce qu'elle fumait énormément à l'époque ; mais elle se rappelait que cet insupportable blondinet lui avait dit que ses parents lui avaient choisis une fiancée, une sorcière à la beauté froide prénommée Mylénie, sans qu'il ait son mot à dire. Et il s'était efforcé d'accepter ce choix qui n'était pas le sien, même si c'était évident que ça le rendait plus malheureux qu'un botruc en milieu urbain. Jusqu'au moment où il n'avait pu plus le supporter.
Autrefois Myosotis s'était prise de pitié pour Drago, à cause de tout ça. Maintenant qu'elle le connaissait mieux, et qu'elle voyait à quel point ce n'était qu'un petit enfoiré égoïste et mesquin, elle se foutait de ce qui avait pu se passer pour lui, comme de ce qui allait lui arriver.
Mais elle se garda bien de le dire à la peste bronzée ; elle se contenta d'hocher la tête, et de l'écouter poursuivre son récit :
- Et c'est pour ça que quand, un petit moment après, il est revenu vers moi, j'ai dit ''non''. Parce que parfois, quand quelqu'un vous a fait vraiment mal, juste dire ''je suis désolé'', ça ne suffit pas.
- Je crois que t'as entièrement raison, acquiesça la Gamma.
Tout ça lui rappelait douloureusement la période de doutes qu'elle avait traversé il y a peu. Elle avait mal agi envers Magnus, en le repoussant à plus d'une reprise. Et elle avait eu besoin de se racheter. Le destin lui avait donné une occasion, et même une belle, puisqu'elle avait pu sortir son amour de prison, tout en lui sauvant la vie au passage. Sans tout ça, aurait-elle mérité d'être sa femme ?
Elle remarqua soudain que Malicia la scrutait avec étonnement, et lança :
- Quoi ?
- Je cherche le sarcasme dans ce que tu viens de dire, expliqua la Zeta.
- Y'en a pas, rétorqua Myo, sur la défensive. J'ai le droit d'être d'accord avec toi, pour une fois, non ?
- Je suppose...
- Mmh.
La sorcière aux cheveux verts se replongea dans ses pensées, enjambant machinalement rochers et souches d'arbres, levant de temps en temps le bras pour intimer aux plantes de cette jungle de lui laisser la place de passer. Un raclement de gorge la fit sortir de sa rêverie :
- Et... heu... sinon, je me suis toujours demandé... commença l'étudiante métissée, en se frottant nerveusement le bras. Comment t'as bien pu... Enfin, je veux dire, quelles horribles circonstances ont pu faire que... tu vois... ?
Elle prit son inspiration et lâcha tout de go :
- Enfin : pourquoi Magouille, sérieux ?!
Myo stoppa net, et tourna la tête vers son ennemie, l'œil rond. Elle ouvrit la bouche pour rétorquer quelque chose... mais la referma aussitôt. Parce qu'elle ne savait pas vraiment quoi dire. A vrai dire, elle s'était posé la question des centaines de fois, à l'époque où elle le fréquentait en cachette. Et encore après, lorsqu'elle sortait avec Titus, sans pouvoir se sortir le moustachu de la tête.
- Je ne sais pas, finit-elle par répondre. C'est arrivé comme ça, c'est tout.
- Mais il est tellement...
Mali refréna sa moue de dégoût, et retint la fin de sa phrase. Elle se contenta de toussoter, et conclut maladroitement :
- ... tellement... heu... pas sympa ?
Myosotis lui jeta un regard torve. Puis soupira :
- Non, il ne l'est pas. C'est un connard. Mais...
Son regard s'adoucit :
- ...mais un jour j'ai vu ce qu'il y avait derrière ce que tout le monde pensait de lui. J'ai craqué, et on a passé la nuit ensemble. C'était pas prémédité, juste un moment de faiblesse, tu vois ? Mais ça a fait naître quelque chose en moi. Pour la première fois de ma vie, je me suis sentie ...vivante ! Tu comprends ?
La tête écœurée de Malicia lui répondit clairement que non, elle ne la comprenait pas. Myo haussa les épaules :
- Peu importe. On a commencé à se voir en cachette après ça. De plus en plus, chaque jour. Plusieurs fois par jour même. On s'envoyait en l'air tout le temps. Et il me parlait beaucoup. De trucs tristes, ou parfois horribles, mais qu'il n'avait jamais raconté qu'à moi. Et sans que je m'en rende vraiment compte, je suis tombée amoureuse de lui. J'ai mis du temps à l'assumer, et j'ai pas toujours été cool avec lui. Mais c'est fini, je ne le laisserais jamais plus tomber. Parce qu'il a besoin de moi.
Malicia lui lança un regard dubitatif :
- Il a besoin de toi...
- Oui.
- Et toi ?
Myo cilla :
- Quoi, moi ?
- Eh bien, c'est bien beau qu'il ait besoin de toi, mais toi t'as besoin de quoi ?
La française fronça les sourcils. La façon de penser de Malicia était la plus égoïste au monde, bordel ! On lui parlait d'amour, elle répondait par des besoins égocentriques ! Si Myo ne haïssait pas tant cet enfoiré de Malefoy, elle l'aurait presque plaint. Mais elle se tut : inutile de jeter de l'huile sur l'incendie flamboyant des relations qu'elle entretenait avec son ennemie.
- J'ai besoin qu'il ait besoin de moi, fit-elle, à mi-voix.
Ce qui était la pure vérité. Mali, qui roulait ses yeux dans ses orbites à cet aveu, était trop différente d'elle pour pouvoir y comprendre quoique ce soit, mais peu importait. Myosotis ne s'était jamais livrée à quiconque à propos de cette relation. Pas même à ses meilleurs amis. Quelle ironie qu'elle en parle à cette garce en premier ! Mais quelque part, elle avait besoin de vider son sac. Et sans doute était-ce plus facile de le faire avec quelqu'un qui n'en avait de toute façon rien à faire d'elle, et qui la jugeait déjà négativement.
- Toute ma vie, je me suis sentie seule, expliqua la jeune femme aux cheveux verts. Que ce soit dans ma famille, à Beauxbâtons, ou même ici, en cours. Quand j'ai cru que Titus était fait pour moi... je me suis fourvoyée. Je me suis sentie plus seule que jamais. Parce que Titus est quelqu'un de très indépendant. Trop pour me faire une place dans sa vie. Alors que Magnus...
Un sourire satisfait passa brièvement sur les lèvres de Myosotis.
- Magnus a besoin de moi. Et j'ai besoin de ça. Je ne me suis jamais tant sentie à ma place que le jour où je l'ai sorti d'Azkaban. Parce qu'il n'y serait jamais parvenu sans moi, tu vois ? Et je me fiche qu'il fasse preuve de reconnaissance, ou quoique ce soit ! Parce que je sais ce qu'il pense ! Parce que pour lui, je ne suis pas rien ! Il a besoin de moi. Il me désire, et il m'aime. Alors, okay, il m'aime comme un sociopathe, mais il m'aime. Et ça me suffit amplement. Parce que je ne suis pas seule, et que je ne le serai plus jamais ! Je suis sa femme et sa propriété, et même si une Zeta comme toi n'y comprend rien, je m'en fiche : je suis parfaitement heureuse comme ça !
Malicia fit mine de hocher la tête, même si on pouvait voir que, derrière ses petits yeux luisants de mépris, elle n'en pensait pas moins. Puis, elle pinça les lèvres :
- Et qu'est-ce que tu fais des victimes ? demanda-t-elle, innocemment.
La française s'arrêta net :
- Des victimes ? répéta-t-elle, en arquant un sourcil.
- Oui, les victimes de toutes les escroqueries et des autres saloperies de Magouille ! précisa la métisse. Parce que s'il a fini en prison, c'est peut-être qu'il le méritait, non ?
Le regard de la Gamma s'assombrit :
- Il a été innocenté !
- Fous-toi de moi ! cracha Malicia.
Myosotis serra les dents.
- La seule vraie victime c'est Magnus ! persifla-t-elle, en pointant un doigt menaçant sous le nez de l'autre. Si t'avais vécu la moitié des choses horribles qui lui sont arrivées...
- On s'en fout de ça ! la coupa son ennemie, excédée.
- Non ! Pas moi ! Si je peux l'aider à trouver un peu du bonheur dont on l'a privé étant enfant, tout ça en aura valu la peine !
- Donc selon toi, son enfance malheureuse justifie le fait d'être un salopard qui sème la mort et le malheur autour de lui pour son simple plaisir ?!
- Oui ! répondit la dryade le plus sincèrement du monde.
Malicia se crispa, et considéra la Gamma avec dépit.
- Mon Dieu mais tu t'entends parler ? Pourquoi lui vaudrait plus que les gens à qui il a gâché la vie ? Parce que toi tu l'as décidé ?!
L’œil de Myo s'étrécit : Et dire qu'elle avait voulu être sympa avec cette pimbêche qui ne voyait pas plus loin que le bout de son nez ! Elle n'avait qu'une envie à présent lui foutre un gnon en pleine face. Elle la toisa avec dédain, les poings sur les hanches :
- La vérité, persifla-t-elle, c'est que j'ai compris une chose essentielle en côtoyant Magnus : tous les êtres humains n'ont pas la même valeur.
Inventaire : Chocolats Cépamoi (x5)
Essence de dictame (x5),
Lait de poule Miracle du Bon Docteur Magouille (x2),
Philtre de Requinquance (x5),
Potion Miracle du Bon Docteur Magouille (x2),
Potion Tue-loup,
Rapeltout,
Tequila Magouillita,
Potion contraceptive
Sujet: Re: Le diable s'habille en gamma Sam 29 Aoû 2015 - 10:29
Malicia n’en revenait tout simplement pas. Y avait des arbres tellement grands qu’ils avaient probablement été plantés sous le jurassique, des oiseaux qui avaient à la fois des plumes et des écailles… et qui devaient aussi provenir du jurassique. Des champignons géants qui poussaient tout seuls et qui passaient du violet au vert en quelques secondes, et qui devaient n’avoir existé qu’au jurassique. Des mares pleines de grenouilles chelous qui sortaient, comme au jurassique, en étant plus tout à fait des grenouilles et pas tout à fait des lézards. Des fleurs du jurassique, des cailloux du jurassique et… oh mon dieu ça c’était pas un panneau marqué « Bienvenu à Jurassic Land. Projet abandonné » ?!
Bref, elle était là, des mètres et des mètres sous la fac, dans cette jungle aussi incroyable qu’improbable et la seule chose qui lui semblait vraiment incroyable, c’était ce qu’elle venait d’entendre.
-HEIN ?!
La métisse scruta le visage encadré de cheveux verts qu’elle avait devant elle. De la même façon qu’elle avait cherché le sarcasme dans la phrase de Myo quand cette dernière avait dit qu’elle était d’accord avec elle, elle cherchait la plaisanterie dans l’horreur qu’elle venait de dire. Parce que c’était bien une blague, non ?
-T’es pas sérieuse ? bredouilla-t-elle.
Les yeux décidés de la dryade lui montrèrent bien que si :
-Me regarde pas comme ça, répliqua cette dernière, fais pas comme si tu le savais pas toi-même. T’es la première à me dire que Magnus ne vaut pas la peine qu’on l’aide.
-Mais ça ne veut pas dire qu’il a pas la même valeur que les autres. On est tous aussi importants les uns que les autres sur cette planète.
Elle déglutit :
-…on devrait même pas être en train de parler de valeur. C’est inhumain.
Myosotis n’eut pas l’air très contente de se faire entendre dire ça. Elle reprit sa route à travers la jungle, en ordonnant par-ci par là aux plantes de lui faire de la place :
-Alors c’est que tu es complétement naïve. Mais après, t’as pas vécu ce que moi j’ai vécu. C‘est comme ça quand, comme toi, on a eu la chance d’être surprotégée toute sa vie.
Malicia, qui marchait à côté d’elle, lui lança un regard plein de colère : qu’est-ce qu’elle y connaissait, cette fille, à sa vie ?
-Ou quand quelqu’un t’a suffisamment aimée pour te donner quelques valeurs. Répondit-elle.
La métisse s’en voulut d’avoir dit ça et baissa la tête : on lui avait pas appris à être blessante et rancunière.
-Désolée, je sais pas grand-chose de toi, j’avais pas le droit de dire ça.
-Garde tes excuses. Lâcha Myo. Un jour, tu verras bien que j’ai raison.
Les deux filles continuèrent leur chemin à travers la végétation toujours plus épaisse et Mali s’enferma dans ses pensées. Même si elle ne l’aimait pas, elle ne pouvait pas s‘empêcher d’être très inquiète pour Myo. La gamma avait de gros problèmes c’était sûr, elle était peut-être même complètement givrée, mais là ça dépassait toutes les bornes possibles. Penser que les gens n’avaient pas tous la même valeur, c’était pas seulement prétentieux, c’était dangereux. Elle en avait fait des dégâts, par le passé, cette idée, dans le monde des sorciers et même ailleurs... De gros dégâts qu’il ne fallait surtout pas oublier.
Le problème, c’était que Myo n’avait pas l’air de voir ce qui clochait dans ce qu’elle venait de dire. Elle était là toute fière d’elle-même à la sermonner comme si elle était une gamine. Sauf que même plus jeune que la gamma, Malicia voyait bien que ça n’allait pas : si rien n’était fait, cette fille allait tourner mal. Très mal. Y’avait rien de plus dangereux qu’un aveugle persuadé de tout voir.
Sans s’en rendre compte, l’ex-gryffondor serra les poings. C’était plus fort qu’elle, tout ça la mettait en colère. Ce n’était pas juste l’injustice dans les propos de Myo qui la mettait dans cet état, c’était l’impression que le mal était déjà fait et qu’elle ne pourrait rien y faire. C’était la première fois de sa vie qu’elle ne comprenait pas quelqu’un. Elle avait beau parler avec la gamma, lui poser mille questions, le fossé entre leurs deux personnalités se creusait toujours un peu plus. Tout ce que disait ou faisait Myo l’énervait. Elle ne comprenait pas comment on pouvait penser comme ça, en dépit du bon sens. Cette fille voulait paraître gentille, mais elle était tout le contraire. Elle était calculatrice. Elle était égoïste. Elle était mauvaise. Mali eut aussitôt honte de penser ça. Elle savait bien qu’elle pouvait avoir le jugement facile, mais ça faisait des mois qu’elle analysait tout ça, encore et encore, et la réponse était toujours la même : cette fille n’avait pas de conscience. Elle allait faire beaucoup de mal autour d’elle. Et elle la détestait. Elle la détestait !
-Oh ! Tu te réveilles !
Malicia sursauta et considéra Myo, étonnée. La chlorofille la regardait toujours avec dédain :
-T’as pas remarqué ce qu’il y a devant nous ?
La zeta leva le nez et sortit de sa rêverie. Il faisait un froid de canard. La jungle était derrière elles maintenant, toujours aussi improbable qu’avant et toujours aussi effrayante. Elle avait laissé place à une clairière de granit noir, entourée de colossales falaises de pierre dont on ne voyait pas le bout. Au centre, à quelques pas devant elles, il y avait une porte. Une grande porte, qu’on aurait pu confondre avec la pierre si elle n’avait pas été entourée de nombreux visages gravés. Toutes ces têtes avaient les yeux fermés et la bouche grande ouverte. Elles avaient l’air de dormir depuis très longtemps.
Myo se rapprocha de l’arche :
-C’est quoi, tu penses ?
Malicia fit quelques pas et regarda les gravures :
-Je sais pas trop. Encore un truc flippant qui va essayer de nous tuer ?
La gamma secoua la tête :
-Pff. T’es vraiment une chochotte !
Elle posa la main contre la porte :
-Tu le sais pas depuis le temps ? On peut pas revenir en arrière, il faut qu’on passe par là, que ça te plaise ou p… AAH !
Myosotis sursauta : une lumière douce et bleutée avait encadré la porte et les visages sculptés s’étaient tous mis à chanter à l’unisson. Elle recula et tout s’arrêta, comme si de rien n’était. L’écho des voix résonna dans toute la caverne et finit par décliner.
Après avoir regardé tout ce manège avec surprise, la gamma se rapprocha à nouveau, un peu plus prudente cette fois. La porte s’illumina brusquement, encore plus vivement que la dernière fois et les visages poussèrent à nouveau la première note d’une chanson. Myo lança un regard plein de questions à Malicia, qui se rapprocha aussi, les yeux posés sur le dessus de la porte :
-Il y a comme quelque chose d’écrit là-haut, en runes…
Elle se mit sur la pointe des pieds et essaya de mieux y voir :
-« Trouvez l’harmonie ». déchiffra-t-elle.
-Harmonie ? s’interrogea la gamma.
Elle se mit en face d’un des visages et l’observa, intriguée :
-Il faut chanter pour ouvrir cette porte ?
-On dirait bien…
La fille aux cheveux verts n’eut d’abord pas l’air très inquiète. Mais elle se rendit soudain compte de quelque chose :
-Mais qui dit harmonie veut dire qu’il faut qu’on chante… ensemble ? demanda-t-elle en grimaçant.
Malicia ne répondit pas tout de suite : si il y avait bien une chose qu’elle n’avait pas envie de faire, c’était de chanter avec sa pire ennemie. Mais le message était clair. Enfin, il avait l’air. Mali espérait juste que la porte n’allait pas leur tomber dessus si elle chantait trop faux. Ou si la chanson ne plaisait pas aux gravures. Ou pire. Après tout, elles venaient juste d’échapper à des piques et à des pirates. Et à un tyrannosaure. Une chose était sûre, ils valaient mieux qu’elles réussissent leur coup.
Un peu hésitante, elle se plaça en face de la porte et les visages se tournèrent vers elle. On aurait cru qu’ils attendaient quelque chose. Et à les voir la regarder comme ça, Mali sentit une magie étrange s’emparer d’elle. Une magie qui voulait qu’elle chante. Plus elle se tenait près de cette arche, plus l’envie était forte. C’était comme si tout un tas de sentiments remontaient à la surface et ne demandaient qu’à sortir sous formes d’envolées lyriques ou de trémolos.
Elle se tourna vers Myo et constata que la gamma aussi luttait contre la même force. Cette dernière finit par se placer à côté, aussi impressionnée qu’elle par la grande arche solennelle.
-Tu veux qu’on chante à propos de quoi ? demanda la zeta.
-Aucune idée. Mais va bien falloir qu’on trouve.
Après quelques secondes de silence, la fille aux cheveux verts rajouta :
-On a qu’à dire ce qui nous passe par la tête.
-Comme tu veux. répondit Mali, pas vraiment très motivée.
La gamma haussa les épaules :
-Dommage que j’ai pas ma baguette. Lança-t-elle, sans lui jeter un regard. J’aurai pu me rendre sourde pour pas avoir à t’écouter.
La zeta plissa les yeux.
-Ouais. Pareil. Lâcha-t-elle.
"Je te hais"
MYOSOTIS: (parlé) Allez, chantons et perdons pas plus de temps.
MALICIA: (parlé) Je suis d'accord.
LES DEUX : Il faut bien l'avouer Tout avait bien commencé
MALICIA : Myo était toujours aimable
MYOSOTIS: Et Mali toujouuuurs agréable !
LES DEUX: Mais un jour les choses ont bien dégénéré (parlé: ) Ouais... J'aurais du deviner Que cette pauvre fille était...
MYOSOTIS: Une miss Je-Sais-Tout qui met son gros nez partout et surtout dans les affaires qui ne la concernent pas !
MALICIA: Garce.
MYOSOTIS: Quelque chose ne va pas Dès que je te vois !
MALICIA: C'est plus fort que moi : Tu me reviens pas.
MYOSOTIS: Ton sourire niais,
MALICIA: Tes ch'veux mal peignés,
MYOSOTIS: Ton air indigné,
LES DEUX: J'en ai plus qu'assez ! Je peux pas m'tromper, Je vois c'que tu es... Ouaiiiis...
Traînée ! Tu n'es qu'une sale traînée !
MYOSOTIS: Sans scrupule
MALICIA: Parole
MYOSOTIS: Ni respect
LES DEUX: Ni regret : oui je te hais !
A chacun des gestes que tu fais Je dois me retenir de t'étrangler Parce que t'es une traînée On aurait pu être amies Si tu ne m'avais pas trahie Sans même hésiter !
Tu n'es rien d'autre qu'un affreux mirage, Un démon sous un joli visage ! Je vais te détester, Traînée, Pour l'éternité !
*D’un seul coup, les visages interrompent la chanson sur un ton grondant*
GRAVURES SUR LA PORTE : Mes demoiselles, avez-vous compris ? Avez-vous bien lu ce qui est écrit ? Quelle drôle d'idée de s'insulter Lorsqu'on vous demande de chanter ! Cessez-donc cette inimitié !
MYOSOTIS: Mais... je ne peux plus m'arrê-ter !
GRAVURES SUR LA PORTE : Et puisque vous vous entêtez, Cette porte restera fermée. Vous pouvez continuer A vous chamailler !
Et à crier : Traînées !
LES DEUX: Quelque chose ne va pas Dès que je te vois !
GRAVURES (en fond) Ce n'sont que de sales traînées !
LES DEUX: C'est plus fort que moi : Tu me reviens pas.
GRAVURES (en fond): Sans scrupule, parole, ni respect Ni regret...
LES DEUX Ton sourire niais Ton air indigné
GRAVURES (en fond): Quelle destinée !
LES DEUX: Ooh, j'en ai plus qu'assez !
GRAVURES (en fond): Elles n'ont pas compris que pour passer
LES DEUX: Je vois c'que tu es !
GRAVURES (en fond): Elles doivent arrêter de s'disputer
LES DEUX: Ouaiiiis... aaaah !
GRAVURES (en fond): AHHH!
LES DEUX : Traînée
GRAVURES : Traînée...
LES DEUX: On aurait pu être amies
GRAVURES: Traînée...
LES DEUX: Si tu ne m'avais pas trahie
GRAVURES: Traînée...
LES DEUX: Sans même hésiter !
GRAVURES: Traînée...
LES DEUX: Tu n'es rien d'autre qu'un affreux mirage, Un démon sous un joli visage !
Je vais te détester Car je vois qui tu es : Une traînée, et je te hais
A tout jamais !
GRAVURES (en fond): Traînée, Rien d'autre qu'une sale traînée...
MALICIA: Bou !
MYOSOTIS: AH!
A peine la chanson terminée, les deux filles se regardèrent avec colère :
-Ah bravo ! cria Myo. C’est ça que t’appelles une chanson ?
-Hey ! J’étais pas la seule à chanter, j’te rappelles ! s’énerva Malicia.
-Non mais, si tu m’avais laissée chanter seule, ça leur aurait sûrement beaucoup plus plu ! Faut pas être un prodige pour se rendre compte que tu chantes comme un pied !
La zeta fit les gros yeux :
-Je chante peut-être comme un pied mais au moins, je…
Un grondement stoppa les deux filles dans leur dispute. Dans un léger halo de lumière, la porte venait de s’entrouvrir. De quelques petits centimètres. La dryade pointa l’arche du doigt :
-T’as vu ça ?!
Elle se tourna vers Malicia, avec un grand sourire très fier :
-J’ai réussi !
-Comment ça t’as réussi ?! Elle s’est ouverte que de deux millimètres ! s’indigna la métisse. On tient quelque chose, c’est sûr mais c’est pas encore ça…
Elle murmura, pensive :
-Qu’est-ce qu’on a mal compris dans « Trouvez l’harmonie » ?
Les deux filles levèrent lentement les yeux vers l’arche. Dans la caverne, les runes mystérieuses irradiaient, et attendaient, en silence.
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Poupée Vaudou
Sujet: Re: Le diable s'habille en gamma Ven 4 Sep 2015 - 13:58
Chanter ses quatre vérités à cette garce basanée... ça avait fait un bien fou à Myosotis ! C'était certain, elle s'était fait copieusement insulter au passage, mais ça valait le coup : son cœur lui semblait bien plus léger que dans la jungle préhistorique.
Mais un détail la taraudait toujours cependant, et pas des moindres, puisqu'elle ne pouvait toujours pas avancer. L'unique voie envisageable, à flanc des immenses rochers qui faisait face à la française, restait désespérément close.
Myo se rapprocha de la grande arche d'un pas, et ressentit à nouveau ce besoin irrépressible de chanter. Elle le refréna en tordant la bouche, et croisa les bras dans un soupir. Pourquoi cette lourde porte de pierre n'avait-elle bougé que de quelques centimètres ? Ce n'était même pas assez pour glisser sa main de l'autre côté. Encore moins pour laisser Bibi s'y faufiler.
Pourtant elles avaient chanté en harmonie ! Elles avaient été en accord dans le fond, comme sur la forme ! Et même si Myo ne l'aurait jamais admis frontalement, il lui fallait reconnaître que Malicia avait une jolie voix, et qu'elle chantait juste. Et bien. Très bien, même. Moins que Myo, c'était certain, mais il fallait dire que l'enfance de la dryade avait été entrecoupée, entre autres, d'assommantes leçons de solfège et de cours de chants lyriques interminables, dispensés par un onéreux et intraitable professeur particulier, Monsieur Rémy Fassol. Et même si elle n'y avait éprouvé aucun plaisir à l'époque, elle s'y était montrée très studieuse, espérant impressionner sa mère. En vain, bien évidemment. Mais maintenant, elle adorait chanter ! Il fallait dire que c'était bien plus amusant depuis que Monsieur Fassol n'était plus là pour lui asséner des coups de canne sur le crâne dès qu'il estimait qu'elle ne tenait pas assez sa note. Oui, elle adorait chanter, et elle était douée.
Alors pourquoi cette foutue porte ne les avait pas laissées passer ?!
- On a du se méprendre sur le sens du mot harmonie... murmura à côté d'elle la métisse, visiblement perdue dans ses pensées.
- Certainement parce que l'une d'entre nous n'était clairement pas au niveau musical de l'autre, lança Myo, mesquine.
Mali était tellement à ses réflexions qu'elle ne répondit que par un bref « mmh ».
La Gamma soupira à nouveau, et son œil se posa sur les visages gravés, qui, semblaient la fixer de leurs orbites de granit. Et même la suivre du regard, à chaque pas de côté qu'elle faisait. Sauf que.... ce n'était pas qu'une impression, non ? C'était bien elle qu'ils dévisageaient ? Et en même temps, le doute n'était pas permis : ce n'était pas parce qu'elle avait un œil bousillé, caché sous un bandeau de pirate, qu'elle était devenue aveugle pour autant ! Ils la regardaient, elle !
- T'as vu ? C'est dingue, on dirait qu'elles te regardent ! lui souffla Bibi à son oreille, comme pour confirmer ses pensées.
Et d'un coup, cela lui parut incroyablement logique. Parce que si quelqu'un s'y connaissait en harmonie, c'était bien elle ! Oui, c'est sûr, elle n'aurait certainement pas pu prétendre une chose pareille ne serait-ce qu'un mois plus tôt, mais à présent, sa vie connaissait un délicieux équilibre qui frôlait la perfection.
- Mais oui, c'est bien sûr ! lâcha la dryade.
- Quoi ? fit la Zeta, en se tournant vers la sorcière aux cheveux verts.
- Ça n'a rien à voir avec l'harmonie musicale ! affirma-t-elle.
Elle hocha la tête, sûre d'elle. C'était tellement simple qu'elles étaient passées à côté : l'arche allait laisser passer celle qui a vraiment trouvé l'harmonie dans sa vie ! Et qui parvenait à le prouver !
- Oui, mais, hésita Mali. Pourquoi ça nous fait chanter alors ?
- Pour chanter l'harmonie ! C'est ce qu'il faut faire !
- Chanter l'harmonie, répéta la Zeta, peu convaincue, le regard dans le vague.
Myosotis plissa les yeux : elle faisait exprès de ne rien comprendre, celle-là, ou elle était complètement idiote ? Oui, c'était certainement ça, en fait. La française avait entendu des histoires sur des génies qui, une fois sortis de leur domaine, était des abrutis complets. Certains parvenaient à résoudre des problèmes d'arithmancie à 25 inconnues, mais étaient moins socialement adaptés que des enfants de trois ans. Malipouffe devait faire partie de cette sorte là. Ce qui expliquait sans doute pourquoi cette fille réveillait chez elle une antipathie et une méchanceté qu'elle ne se connaissait pas jusque là.
- Je voulais dire, chanter ce qui fait pourquoi on a trouvé l'harmonie dans la vie, fit-elle en articulant exagérément, comme si elle parlait à un gamin un peu lent. Toi comprendre ?
Mali ne rentra pas dans son jeu : elle se contenta de hausser les épaules :
- Pourquoi pas... Après tout on a échoué une fois, et il ne nous est rien arrivé d'abominaffreux.... pour le moment. Alors on peut retenter notre chance.
Elle tourna vivement la tête, et plongea son regard dans l’œil unique de la dryade :
- Mais rappelle-toi : durant notre chanson, les gravures nous ont dit d'arrêter de nous engueuler, alors si on recommence ça risque de nous desservir !
Myo toisa la Zeta avec un brin de dédain :
- Oh, pas d'inquiétude pour ça, ça n'arrivera pas : je chante toute seule cette fois !
- Quoi ? s'étonna la métisse.
- T'es peut-être la plus futée de nous deux, mais je chante bien mieux que toi ! Et surtout : je sais ce que c'est, l'harmonie !
- Mais...
Malicia n'eut pas le temps de rajouter quoique ce soit : une musique digne d'un cabaret venait de s’élever de nulle part, et paraissait comme tourbillonner autour d'une Myosotis au sourire satisfait.
Le secret de l'harmonie Je pense bien l'avoir trouvé ! Se lever quand vient midi, Manquer les cours d'la journée !
Mon diplôme, je m'en fous, De toutes façons je l'aurais ! Avec ma poupée vaudou, Je m'moque de tout, des autres surtout ! Oui mais ce que je préfère c'est chanter :
{Myo chante}
La vie est risquée ! Faut en profiter ! Avec des bouteilles de saké, Du LSD, Porter des bijoux empruntés, Faire l'amour, et bien sûr chanter :
{Myo chante}
Mon secret pour l'harmonie : Utiliser ma magie Pour blesser tous mes ennemis, Et cuisiner des cookies !
Faire pousser, des soucis Qu'on ne peut pas oublier ! Les revendre à mes amis Quand ils supplient, j'augmente les prix : C'est si grisant, de les rendre déments...
{Myo chante}
Bien utilisé, L'argent peut combler ! Même s'il est mal-acquis, Pas de soucis ! Mon mari prend si bien soin de moi, J'en profite, qui m'en blâmera ?
{Myo chante}
Mais il y a bien mieux que ça Quand il me prend dans ses bras Et... que l'on s'unit, Qu'il me punit, Que j'le supplie...
AAAH ! C'est si bon ! AAAH !
Gallions, pouvoir et mari J'ai tout ce dont on peut rêver ! J'ai de la chance dans la vie Mais je l'ai bien mérité !
{Myo chante}
Je nage dans la félicité ! Oublié mon triste passé : Car j'ai trouvé l'harmonie !
Dos à la porte, le sourire jusqu'aux oreilles, Myosotis baissa ses bras, que sa dernière envolée lyrique lui avait fait lever avec emphase. Son œil tomba sur Malicia, qui grimaçait avec un dégoût non feint.
- Je crois que je viens de vomir dans ma bouche, murmura-t-elle, effarée.
La française la fusilla du regard, mais ce fut Bibi qui réagit la première, de sa voix de crécelle :
- T'es juste jalouse de la vie de rêve de Myo ! Mais en attendant c'est qui qui a ouvert la porte ?
- Pas elle, répondit placidement la métisse.
La Gamma fronça les sourcils, et se retourna vivement : la lourde porte n'avait pas bougé d'un millimètre. Pire encore, les visages avaient clos leurs yeux et rouverts leur bouche, comme s'ils s'étaient rendormis. Un frisson parcourut la semi-dryade, tandis que son œil s'écarquillait d'incompréhension :
-Mais pourquoi ?! gémit-elle.
Sans que personne ne lui apporte la moindre réponse.
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Sujet: Re: Le diable s'habille en gamma Mer 9 Sep 2015 - 21:49
La porte était là, immense. Muette. Les visages de pierre qui l'entouraient s'étaient fermés sur eux-mêmes. Comme s'ils n'écoutaient plus. Comme s'ils ne s'étaient jamais réveillés. Il n'y avait plus un seul bruit dans la caverne. Plus une seule lumière, et Myosotis avait beau effleurer doucement la pierre des doigts pour essayer de comprendre ce qui n'allait pas, les rochers n'étaient pas sensibles à ses questions comme les arbres pouvaient l'être.
Ça n'avait d'ailleurs pas échappé à la gamma, et ça ne lui plaisait pas du tout. Ça la désespérait même. Derrière ses longs cheveux verts, on pouvait lire l'anxiété. Son plan n'avait pas fonctionné. La porte ne voulait pas s'ouvrir. Et ce qu'elle était venue chercher allait rester là, derrière, et elle ne le trouverait pas. C'était terrible de voir à quel point Myo tenait à franchir cette arche. Elle avait vraiment très envie de ce qui se trouvait derrière. Et elle n'avait pas imaginé une seule minute qu'elle échouerait.
-Pourquoi ? répéta l'étudiante en Sciences Occultes.
Pour une fois, sa poupée vaudou ne disait rien : elle était aussi déçue que sa maîtresse. Et elles ne lâchaient pas la grande arche de pierre des yeux. Comme si le simple fait qu'elles veuillent très fort quelque chose allait tout changer.
-J'ai chanté aussi bien que je pouvais, j'y ai mis toute mon âme ! demanda Myo, avec l'air de supplier la porte. Je connais l'harmonie, c'est vrai, je la connais vraiment, j'ai jamais été aussi heureuse de toute ma vie ! Pourquoi est-ce que tu ne veux pas t'ouvrir ?
Elle passa tristement sa main sur la pierre :
-Qu'est-ce que j'ai fait de mal ?
Elle tourna doucement la tête vers Malicia et lui jeta un regard inquiet :
-Qu'est-ce qu'on peut faire ?
La zeta se remit à considérer la porte sans dire un mot, pensive. Soudain, elle tourna les talons :
-Bon, ben c'est raté. lâcha-t-elle en s'en allant.
Myo et Bibi ouvrirent la bouche, estomaquées.
-Hein ?! s'étonna son ennemie.
Elle se précipita vers elle et lui attrapa la manche pour la faire stopper :
-Comment ça c'est raté ?!
-Ben oui, c'est raté. répéta Mali avec un tout petit haussement d'épaules impuissant. Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? On y va ? Je sais pas comment on va sortir d'ici, mais à mon avis, ça va pas être coton, surtout sans nos baguettes, alors autant s'y mettre tout de suite.
Elle essaya de s'en aller mais Myosotis l'arrêta encore :
-Mais... mais... et la porte ? L'harmonie ?! paniqua-t-elle.
La métisse jeta un coup d'œil à l'arche qui restait toujours endormie derrière elles :
-T'as fait ce que t'as pu. décréta-t-elle avec gentillesse. Je vois pas ce qu'on peut faire d'autre.
La gamma en avait les bras qui tombent :
-Mais... t'as même pas essayé de faire mieux !
-Et comment je pourrais faire mieux ?! s'exclama Mali, un peu agacée par l'insistance de la chlorofille. Tu l'as dit toi-même, tu connais l'harmonie mieux que n'importe qui. C'est pas moi qui vais améliorer les choses !
-Mais si ! Essaye au moins !
D'autorité, Myo fit rebrousser chemin à la zeta et la planta devant la porte :
-Chante un truc, n'importe quoi !
-Non. lâcha tout net Mali.
-Mais...
-Non. Retenir des trucs, je connais. Résoudre des machins, je connais. L'harmonie, j'y connais rien du tout.
Sans qu'elles s'en aperçoivent, les deux filles se mirent à chanter, sans remarquer que les visages de la porte avaient entrouverts les yeux :
Myo (parlé) Malicia On est arrivées jusque là, pourquoi abandonner comme ça ?!
(chanté) « Trouvez l'harmonie » ? Tu n'essayes même pas Franchement tu me déçois Tu... t'es pourtant engagée, Tu ne peux plus reculer !
Malicia « Trouvez l'harmonie » ? Je n'y arriverais pas ! Je ne suis pas faite pour ça, Et... si toi tu l'as trouvée, Pourquoi veux-tu cet objet ?
Les deux Comment peut-on surmonter ça ? On ne se comprend même pas !
Myo (parlé) Mali, s'il te plaît : tu dois essayer ! (chanté) T'as la chance d'avoir des amis, Une famille pour t'épauler ! Qui d'autre que toi connaît l'harmonie ?
Malicia (parlé) Peut-être... (chanté) Je l'ai su, c'est vrai, Non... c'est ce que je croyais, J'me trompais...
Je voulais changer ma vie Je l'avais décidé Devenir une femme accomplie Et Dieu sait que j'ai essayé !
Que ma mère me trouve mûrie Mon père digne de fierté ! Mais ce n'est qu'une utopie : Je n'y parviendrai jamais !
Une fille parfaite, ce n'est pas qui je suis ! Bien trop honnête, ce n'est pas qui je suis ! C'est tout ce que je sais...
Myo C'est sans doute la vérité, Mais sais-tu seulement qui tu es ?
Malicia Je ne sais pas qui je suis, Mais qui le sait vraiment ? Ce que je tiens pour acquis C'est que rien ne l'est... réellement !
Je ne suis pas un objet A aimer ou à jeter ! Je ne suis que moi, Et qu'y-a-t-il de mal à ça ?
Une vie figée, ce n'est pas qui je suis ! Juste une pensée, non ce n'est pas qui je suis ! Toi aussi, tu pourrais...
(parlé) Myo, réfléchis ! Tu pourrais avoir plus, dans ta vie !
(chanté) Ce qu'il te plaît Tu pourrais être ce qu'il te plaît !
Mais ne vois-tu donc pas que tu es Emprisonnée, bridée ?
Mais si tu le voulais...
Myo Si je le décidais...
Les deux Je peux être ce qu'il me plaît !
Une femme sans loi, ce serait qui je suis ! Libre de ses choix, ce serait qui je suis !
Malicia Si tu le décidais...
(parlé) Alors ? Tu es d'accord ?
Myo, hésitante Je ne changerai pas Mais je respecte tes choix
Malicia (Parlé) Moi aussi (chanté) Même si je ne comprends pas
Les deux J'espère que tu ne te trompes pas Que tu ne regretteras pas !
Je suis trop différente de toi ! Chacune doit suivre sa voie...
Malicia Quoiqu'il m'arrive dans la vie, Qu'importe ma destinée ! Je ne veux pas de choix définis, Il y a tant de voies à explorer !
Et si jamais ça déplaît, Je veux bien l'accepter! Si c'est ça l'harmonie Je m'en passerai bien, merci !
Qui m'empêchera de devenir qui je suis ? Au fond de moi, je pressens qui je suis ! Un jour je le saurais vraiment !
Et l'harmonie, je n'y crois pas Je ne la chercherai même pas, Je n'ai jamais eu ça en moi !
Myo, ébahie Tu as réussi !
Les gravures sur la porte L'harmonie est trouvée ! Ouvrez !
Malicia C'est ma voie !
Les gravures Notre sceau est brisé ! Entrez-donc et passez !
Malicia Aaaaah !
Les gravures Aaaaah !
Un magnifique halo de lumière baigna un à un tous les visages chantants et dans un flash, la caverne s'illumina. Myosotis et Malicia regardèrent autour d'elles, bouche bées : c'était un spectacle magnifique, incroyable-même, de voir toutes ces roches endormies rayonner, et leur surface noire étinceler comme si elle étaient incrustées de milliers de minuscules pierres précieuses...
Au-dessus de l'arche, le message mystérieux s'embrasa lui aussi et les lettres qui le composaient s'évaporèrent avec douceur dans les airs. Elles tourbillonnèrent lentement autour des deux filles étonnées puis se posèrent au sol. Puis, dans un souffle, elles tracèrent sous leurs pieds une voie qui les invitait jusqu'à la porte. Et alors que les gravures poussaient une dernière note, l'arche s'ouvrit tout grand.
Le silence retomba alors que l'écho emportait avec lui les dernières phrases de la chanson. Pendant quelques secondes, les deux ennemies restèrent là, sans arriver à bouger d'un pouce. Soudain, un reniflement agacé fendit l'air :
-Ah ben voilà, quand elle veut !
Malicia jeta un coup d'œil à Bibi. Cette poupée, c'était un enfer. Un vrai. Elle aurait tellement aimé balancer ce bout de chiffon au feu. Mais évidemment, elle n'avait pas de feu à disposition. A côté d'elle, Myo rayonnait, les mains jointes :
-On a réussi ! s'exclama-t-elle. Ça y est ! On y est vraiment arrivées !
Elle se précipita vers l'arche et entra dans la pièce qu'elles avaient ouverte. Les yeux baissés, Malicia poussa un petit soupir. Et voilà, on y était. Le moment fatidique était arrivé. Elle le savait bien.
Elle rejoignit la chlorofille, à contrecœur. La pièce était splendide et, si elle était venue ici avec qui que ce soit d'autre, elle aurait sûrement été ravie d'être là : c'était le genre d'endroit qu'on ne voit qu'une fois dans sa vie.
Les murs étaient ornés de grandes voutes d'argent brillant et de liserés de joyaux bleu nuit. Ils étaient recouverts de gravures, qui se déplaçaient sans un bruit sur la surface de la pierre et mimaient des scènes héroïques. Tout cela racontait un millier d'histoires que Mali aurait adoré connaître un jour et se reflétait dans un grand lac dont on ne voyait pas le fond. L'eau ruisselait le long de la roche et le son résonnait doucement dans la grotte. On aurait cru un chant qu'on murmure pour apaiser un enfant. Au milieu, un pont d'argent, magnifique, avait été construit et avançait jusqu'au centre de la pièce. Là, une colonne sculptée de personnages, qui rappelait beaucoup celle qui existait sous la fontaine de la grande place de l'université, jaillissait de l'eau et grimpait jusqu'au plafond, à plusieurs mètres de l'eau. En son centre, quelqu'un avait creusé une alcôve. Une alcôve qui renfermait une amulette ancienne.
Le bijou était merveilleusement beau, avec ses fioritures gravées dans un métal sombre que Mali n'avait jamais vu. Il était constellé de diamant bleus et de saphirs, et n'avait probablement pas vu la lumière du jour depuis des siècles et des siècles. Les deux filles restèrent plantées là, quelques petites secondes, un peu impressionnées par ce gros collier très imposant, qui irradiait de vieille magie.
Malicia lui lança un dernier regard, très tristement :
-Bon. Voilà, on y est. lâcha-t-elle avec dépit. C'est le moment où tu prends ton amulette et que tu me dis que tu t'es bien servie de moi.
L'espace d'une seconde, Myosotis sembla surprise qu'elle dise ça, mais, heureusement, elle renonça très vite à lui jouer la comédie :
-Oui. C'est vrai. lâcha-t-elle froidement.
La métisse soupira : tout ça la rendait vraiment triste. Elle ne savait absolument pas quel pouvoir avait cet objet. Mais elle savait que, si il était utilisé par Myo, ce serait forcément pour faire du mal aux autres. Si elle avait eu des doutes sur les raisons pour laquelle la chlorofille voulait ce collier, elle n'en avait plus depuis la dernière péripétie : vu la chanson que l'étudiante avait chanté, elle lui avait menti sur toute la ligne depuis le début de la journée. Myo n'avait aucune envie de se défaire de son alliance, c'était évident. Et cette amulette devait servir à tout sauf à la libérer de ce lien de magie noire. Mais, ça n'avait pas grand-chose d'étonnant et ça, la zeta l'avait vu venir.
-Tu comptes te mettre en travers de mon chemin ? demanda la fille aux cheveux verts, tendue, en coupant brusquement le silence.
Malicia secoua lentement la tête.
-Non. Tu le sais aussi bien que moi, je ne fais pas le poids face à toi. Y'a qu'à voir ce que tu m'as fait à mon anniversaire.
Et c'était vrai : elle savait bien que si elle essayait d'empêcher Myo de prendre cette amulette, elle s'en mordrait les doigts. Elle avait beaucoup souffert pour apprendre cette leçon. Et elle n'avait pas la force de manger à nouveau la poussière. Elle avait bien failli mourir la dernière fois, et elle ne s'en était pas relevée. Pas encore.
D'une main résolue, elle saisit l'amulette et la tendit à la chlorofille :
-Tiens.
Myo ne prit pas l'objet tout de suite et la scruta en essayant de voir si elle était sérieuse. Mais elle l'était :
-Prends. C'est à toi !
Son ennemie prit le collier rapidement, comme si elle avait peur qu'elle change d'avis. Elle fit demi-tour et avança de quelques pas...
-Mais... reprit Mali.
Myosotis se figea.
-Je te laisse prendre cette amulette, mais ne pense pas que je vais te laisser l'utiliser. annonça la métisse, déterminée.
La fille aux cheveux verts se retourna, les lèvres pincées :
-Qu'est-ce que tu veux dire ?
La métisse fit quelques pas vers elle, sérieuse :
-Je veux dire que je te donne un choix. dit-elle en la fixant droit dans les yeux. Garde ce collier ou sers-toi de lui. Mais si jamais tu t'en sers, je montrerai à tout le monde ton vrai visage. Et celui de ton mari. Et ça ne sera pas juste un bout de vos fesses que je montrerai cette fois-ci.
-T'as rien contre nous. Rien du tout ! siffla Myosotis en plissant les yeux avec mauvaise humeur.
-Tu te trompes. répliqua Mali, sûre d'elle. J'ai beaucoup. Des tonnes d'informations que je collecte depuis longtemps. Et que je peux prouver.
La gamma s'avança droit vers elle et la regarda de haut en bas :
-Tu mens.
-Entre toi et moi, on sait très bien toutes les deux qui est la menteuse.
-Ces informations, prouve que tu les as !
-Prouve que je ne les ai pas !
Malicia et Myo se toisèrent en silence. Ça avait quelque chose de très désagréable de se trouver-là, avec son ennemie à quelques centimètres du bout de son nez. La métisse aurait eu envie de détruire cette fille horrible, cette garce vénéneuse qui lui avait fait tellement de mal, là, maintenant, sans attendre. Mais elle l'avait entendue chanter, et elle l'avait écoutée toute la journée, et elle en était persuadée : il y avait du bon en elle. Il y avait du bon en elle, quelque part, et juste pour ça, elle devait lui donner le choix. Myo pouvait encore se sauver d'elle-même et du doyen.
-Alors ? Qu'est-ce que tu décides ? souffla la zeta. Cette amulette est à toi. Est-ce que tu l'utiliseras ?
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Poupée Vaudou
Sujet: Re: Le diable s'habille en gamma Jeu 24 Sep 2015 - 20:11
Myosotis soutint le regard de Malicia, sans ciller.
Cette dernière avait-elle des choses contre elle ? Contre Magnus ? Peut-être. Sans doute pas. Mais qui pouvait savoir ? La garce était fouineuse ; elle avait déjà montré par le passé qu'elle était prête à tout pour trouver la moindre faille dans le passé du Doyen. Et pour arriver à ses fins, elle aurait tout à fait été capable d'enregistrer toutes les discussions qu'elles avaient eu aujourd'hui, par un sort génial de sa propre composition. Ou un procédé moldu inconnu de la dryade, peut-être bien.
La sorcière aux cheveux verts hésita, et, en quelques secondes, se repassa le fil de leurs conversations. A bien y réfléchir, il ne lui semblait pas avoir trahi quoique ce soit, sur des faits qu'il valait mieux garder sous silence. Hormis le fait qu'elle était mariée à Magnus, évidemment. Ce qui n'était pas illégal du tout. Il y avait bien cette histoire de liens de magie noire, mais aucun juge ne condamnerait lourdement deux sorciers pour un usage privé et consentant d'un artefact illicite, non ? D'autant plus que Myosotis connaissait les talents de Magnus : elle ne doutait pas qu'il saurait faire oublier cette histoire avant qu'elle ne devienne publique.
La femme-dryade finit par baisser son unique œil, perdue dans ses pensées. Elle fronça imperceptiblement les sourcils, ce qui sembla intriguer la métisse... mais Myo ne le remarqua pas. Derrière tout ça, il y avait autre chose de déplaisant. Autre chose, qui, même si elle peinait à l'avouer, la touchait, la chiffonnait. A savoir, l'impression détestable que Malicia la considérait comme une espèce de criminelle en puissance. Ou une obscure force du Mal. Elle ! Sérieusement ! Elle n'était pas une criminelle ! Elle était bienveillante et gentille ! Certes, elle ne pouvait pas s'empêcher d'être détestable avec cette garce basanée... mais ça ne voulait pas dire qu'elle prenait plaisir à être malfaisante ! Même si...
Elle se mordilla la lèvre inférieure, et ressentit un petit pincement au cœur. Elle n'était pas une criminelle. Mais... elle avait pu effectivement agir comme tel. Même si elle tentait de ne jamais y penser, elle avait les mains couvertes de sang. Et à l'évidence Malicia le savait. Ou plutôt, elle le pressentait, parce que, même si elle était irritante et immature, cette pétasse était loin d'être idiote. Myosotis avait l'impression de se tenir en face d'un miroir qui la forçait à ouvrir les yeux sur ce qu'elle était, ou plutôt, sur ce qu'elle avait pu faire de mal. Même si elle était gentille...
Car oui, elle était gentille ! Elle l'avait toujours été ! Elle ne sortait ses griffes que pour protéger ceux qu'elle aimait ! Elle ne ferait jamais de mal pour le plaisir de faire du mal ! Et désormais...
Elle releva sa main devant son visage, et contempla le talisman un instant. Il était lourd, imposant. Et magnifique : à travers des entremêlements et autres volutes de métal irisé, se nichaient les pierres précieuses les plus belles et les plus étincelantes qu'il lui avait été donné de voir. Myosotis pouvait sentir la magie ancestrale que tout ce bijou renfermait, à travers les douces vibrations du métal sombre.
Elle serra la mâchoire, résolue. Désormais, elle ferait toujours le bon choix.
- Tu sais à quoi ça sert ? lança-t-elle de sa voix douce.
- Non, admit la métisse, sur ses gardes.
- Il paraît que grâce à ça, on peut réaliser l'un de ses souhaits.
La dryade releva un œil brillant, et lança un petit sourire malicieux à son interlocutrice abasourdie.
- Tu imagines ?
La Zeta se rembrunit, crispée, tandis que la fille-chlorophylle insistait, amusée :
- Imagine un peu ! Les possibilités infinies ! L'impossible enfin à portée de mains ! Changer sa vie, changer le monde, pour toujours, grâce à un seul et unique vœu ! Tout ça grâce à la sorcellerie enfermée dans ce collier ! Ça fait rêver, non ? Je ne connais pas exactement les limites de cette magie, mais tu vois à quel point c'est merveilleux ?
Malicia, sur ses gardes, prit une mine renfrognée qui déplut fortement à la française.
- Je vois surtout à quel point ça peut être dangereux, rétorqua-t-elle sèchement.
- Tu vois toujours le mauvais côté des choses, ironisa Myo.
Elle haussa les épaules, finalement :
- Mais ne t'inquiète pas. Je n'ai aucune intention d'utiliser cette amulette.
Les traits de la métisse se détendirent d'un coup :
- Tu es sérieuse ? lança-t-elle, clairement soulagée.
- Oui. Je ne l'utiliserai pas.
Le sourire de Myo s'étira, avec un plaisir non dissimulé, alors qu'elle rajoutait :
- Mais Magnus, oui.
Les yeux de la métisse s'écarquillèrent d'effroi, ce qui fit exulter Myosotis. Elle fit un pas en arrière, glissa l'amulette autour de son cou, et ouvrit les bras, théâtralement :
- Je te remercie sincèrement, Malicia ! Du fond du cœur ! Je voulais offrir à mon mari que j'aime plus que tout un cadeau de Saint Valentin digne de lui, digne de tout ce qu'il a fait pour moi, et je n'y serai jamais arrivé sans toi !
Elle tourna la tête, et désigna l'un des immenses murs, qui ruisselait lentement, comme la plus douce des fontaines :
- Je suis certaine que tu parviendras à sortir facilement, avec ton super cerveau de génie tellement plus malin que le mien. Et dans le cas contraire... C'est magnifique, par ici, non ? Y'a pire comme tombeau ! Allez, salut !
Elle glissa quelques doigts dans la poche arrière de son jean, et frôla le portoloin qu'elle s'était créé plus tôt dans la journée, avant même de contacter Malicia. C'était quelque chose que Magnus lui avait appris lors de leur cavale, une semaine plus tôt : toujours avoir une porte de sortie à portée de main. Et ne pas le partager avec son ennemie, c'était la cerise sur le gâteau délicieux qu'était la réussite de sa quête ! Le décor se brouilla devant son œil unique, et d'un coup Myosotis se sentit aspirée, le nombril tiré en avant, dans une sensation à la fois désagréable et familière.
Lourdement, la semi-dryade atterrit sur le sol bétonné d'une ruelle biscornue, devant la ferraille rouillée qui servait de porte arrière au McGo. La pénombre de la soirée déjà bien avancée avait envahi la fac, et conférait une atmosphère inquiétante aux lieux. L'air glacial rappela brutalement à Myosotis l'absence de son manteau. Elle hoqueta, frissonnante. Quelque chose se mit à tintinnabuler dans sa poche, mais elle n'y fit pas attention : elle avait tant la nausée qu'il lui semblait que le moindre mouvement brusque aurait pu la faire vomir. Les portoloins étaient pratiques, mais par Merlin, qu'elle détestait ça !
Visiblement, Bibi n'avait pas le même problème :
- Je vais te chercher ta baguette ! criailla la poupée, bienheureuse.
Elle plongea avec entrain dans le tunnel que Myo et Malicia avaient emprunté plus tôt, sous le regard un peu vaseux de sa maîtresse.
Cette dernière se redressa, lentement, et reprit son souffle. Puis, elle sourit. C'était plus que certain que Mali allait s'en sortir, mais l'idée de lui en faire baver encore un peu plus était jouissive ! Ça valait largement la paire de claques que la française rêvait de lui donner.
La sonnerie résonna une fois de plus dans sa poche : cette fois-ci, Myosotis sortit son miroir à double sens de là, et décrocha :
- Oui ?
Le visage visiblement agacé du Dr Magouille apparut dans le reflet de la glace :
- Tu es en retard, fit-il sèchement.
L'étudiante aux cheveux verts scruta le visage fermé du Doyen, étonnée. N'y trouvant aucun indice sur la colère froide de son époux, elle lança :
- Ah ? En retard sur quoi ?
- Tu devrais déjà être rentrée, rétorqua-t-il. Et que diable faisais-tu ? Je te rappelle que lorsque je t'appelle tu te dois de me répondre aussitôt.
Myo s'autorisa un petit sourire :
- Désolée, j'avais des choses à faire, et mon miroir ne devait pas fonctionner parce que j'étais dans un souterr...
- Rentre de suite, ordonna le Doyen, sans l'écouter plus que ça.
La dryade hocha la tête :
- Oui, promis je rentre vite, mais avant je dois juste aller voir une amie pour...
- Non, la coupa le moustachu. J'ai pour projet de te sortir et d'aller te montrer à une soirée mondaine... du moins, dès que j'aurais remis la main sur cette satanée invitation. Je parie que c'est ce jean-foutre de Saussurus qui me l'a dérobé. Cette vieille carne ne perd rien pour attendre...
Myosotis se mordilla la lèvre inférieure :
- Mais j'ai promis à Kim de passer la voir !
Le regard de Magnus ne montra pas le moindre signe d'intérêt à cette annonce.
- Et alors ? soupira-t-il.
- Ben, Kimberlie est ma meilleure amie ! s'exclama Myo.
L'escroc chapeauté grimaça :
- Kimberlie McCormick ?
- Oui !
- La noiraude ?
Myo tordit la bouche :
- Eh bien... techniquement, oui, mais c'est un terme assez insultant, et..
- Oublie-la et rentre maintenant, trancha Magouille.
Avant de raccrocher, sans autre forme de procès.
Myosotis haussa les épaules. C'était clairement plus qu'un ordre, et elle n'avait aucune envie de faire attendre Magnus. Elle attrapa Bibi, qui attendait avec sa baguette à ses pieds, et se hâta en direction de la place MMM. Elle allait poser un lapin à Kimberlie... mais cette dernière était sa meilleure amie, après tout, donc elle ne lui en voudrait pas ! Non ?...