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| WoW War Z {Concours Permanent !} | |
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DOSSIER ETUDIANT Filière :: Sciences Occultes Description :: Bons Points :: 219Myosotis Grandiflore Messages : 2144
Situation Amoureuse : Célibataire. Ex-chérie de Magnus Magouille, mais ne s'en rappelle pas.
Filière : Sciences Occultes
Sorts Connus : Aguamenti,
Calmos Pacificatum,
Confundo,
Contusionus Encontusiono,
Diffindo,
Episkey,
Failamalle,
Furonculus,
Impervius,
Incarcerem / Lashlabask,
Incendio,
Inflamarae,
Jambencoton,
Nauseis,
Orchideus,
Oubliettes,
Pointe au Nord,
Portus
Protego,
Repello Moldum,
Spero Patronum,
Repulso,
Rictusempra,
Lumps / Nox
Duro,
Amplificatum,
Revigor
Inventaire : Véritasérum,
Amortentia,
Philtre de Requinquance,
Potion Contraceptive (x3)
Potion Miracle du Bon Docteur Magouille (x2),
Tequila Magouilita (x2),
Lait de poule Miracle du Bon Docteur Magouille (x2),
Scrutoscope
Poupée Vaudou
| Sujet: WoW War Z {Concours Permanent !} Sam 11 Juil 2015 - 15:51 | |
| WOW WAR Z I. ExpansionCe furent des bribes de conversation lointaines qui ramenèrent la conscience de Myosotis à la surface, ce matin-là. En bâillant, elle se retourna dans les draps, et, machinalement, allongea le bras pour trouver la présence de son mari à ses côtés. Mais à sa surprise toute ensommeillée, il n'était pas là. Ce n'était guère commun qu'il se lève avant elle : d'ordinaire, il cuvait toute la matinée, et parfois plus encore, les bouteilles de whisky qui lui avaient servi de dîner la veille. Myosotis avait espéré l'influencer positivement à ce sujet, mais au vu de son mal de crâne actuel qui lui tirait désagréablement les cheveux, elle commençait à se dire que pour le coup, c'était lui qui l'influençait un peu trop. Après avoir repoussé son épaisse chevelure verte emmêlée, la jeune femme se leva d'un pas hésitant, puis poussa la porte de la chambre en se frottant les yeux, tout en balbutiant : - Mon amour, t'es déjà réveill... La semi-dryade se figea d'un coup, et ouvrit de grand yeux écarquillés : l'homme devant elle, qui la fixait bouche bée, n'était PAS Magnus. C'était un sorcier très âgé, affublé d'une petite barbiche blanche digne d'un bouquetin. Il était tout de blanc vêtu, dans un style texan vieillot ridicule. Il cligna plusieurs fois, puis son regard fut aimanté par une certaine partie de l'anatomie de l'étudiante. Ce qui rappela de manière brusque à celle-ci qu'elle était simplement vêtue d'une nuisette en dentelles qui ne laissait que peu de place à l'imagination : elle glapit, et cacha son décolleté en repliant ses bras sur son torse. - Bigre, Général, je ne vous ai pas présenté ma charmante épouse ! Magouille, que Myo n'avait pas remarqué jusque là, s'avança, et posa sa main sur l'avant-bras de la jeune femme. Cette dernière balbutia : - Je... Je vais m'habill... - Ma pouliche, la coupa le Doyen en la tirant en avant, voici le Général. Il est à la tête d'une grande entreprise alimentaire et souhaiterait faire des affaires des plus lucratives avec notre université ! Le ''Général'' réajusta ses petites lunettes, et se racla la gorge : - Tout à fait ! déclara-t-il d'une voix aux sonorités yankee, en bombant exagérément son vieux torse. Je suis le fondateur de la fameuse chaîne de restaurants américains : le KFD ! Myosotis leva un sourcil : le sigle lui disait vaguement quelque chose. - KFD ? répéta-t-elle. - Kentucky Fried Dragons ! expliqua le vieil homme, fier de lui. - Dragons ?! s'étonna Myosotis, en oubliant même momentanément sa tenue. Vous faites frire des dragons ?! C'est pas illégal ?! Magouille et le Général ricanèrent du même rire condescendant. - Voyons, ce n'est qu'un nom, Myosotis. - Tout à fait, jeune fille, renchérit l'américain, en laissant son regard traîner innocemment sur le décolleté de la dryade. De plus, nos délicieux nuggets ne contiennent pas plus de 10% de dragons ! Garantis déjà morts de vieillesse !... ou autres maladies, rajouta-t-il subrepticement. L'étudiante grimaça... puis ne put s'empêcher de demander : - Qu'est-ce qu'il y a dans les 90% restants ? - Oh, vous savez bien : du centaure, des véracrasses, du ragondin, beaucoup de saindoux et des os d'augureys broyés... Devant l'air soudain horrifié de Myo, Magnus se crut obligé de rajouter : - Excusez donc ma femme, Général : elle est française ! Elle ne connaît rien à la véritable gastronomie ! - Je comprends mieux ! répondit son interlocuteur amusé. Mais ne vous inquiétez pas, jeune fille : toute cette viande de premier choix est mixée à un mélange de 22 épices secrètes qui rend le tout su-ccu-lent ! La fille-chlorophylle fronça le nez et préféra se taire, tout en se disant intérieurement que le moustachu qui lui servait de mari avait décidément un talent pour dénicher des ''entrepreneurs'' avec une morale aussi douteuse que la sienne. Puis elle remarqua que ce vieux fossile sudiste aux relents de friture ne se gênait pas pour reluquer sa plastique, et elle en frissonna de dégoût. - Je ne voudrais pas vous emmouscailler, Général, reprit Magnus en se lissant le bout de la moustache, une lueur mal avisée dans le regard. Mais il est grand temps de passer à la caisse ! - Comment ? fit le vieil homme, en se détournant enfin de sa contemplation lubrique. Ah oui, ah oui, probablement. Il posa sur le bureau du Doyen une sacoche clinquante et bien rebondie, et le sourire mauvais de Magouille s'accentua. Les deux se serrèrent la main : - C'est un plaisir de faire affaire avec vous, Général ! - Moi de même, Docteur, moi de même ! Puis le fondateur du KFD quitta la pièce, l'air particulièrement ravi, non sans lancer un ultime regard appuyé à Myosotis. Cette dernière se retourna aussitôt vers l'escroc chapeauté : - Qu'est-ce que tu lui as vendu ? s'enquit-elle, suspicieuse. C'est quoi l'arnaque ? Le Doyen laissa échapper un petit rire louchissime : - Quelle arnaque ? C'est un simple parrainage entre une florissante université et une franchise internationale qui n'a guère plus besoin de faire ses preuves ! Le sourcil incrédule de Myo se leva, et Magnus reprit, résigné : - Soit, je le reconnais : un parrainage bancal entre une université de seconde zone sur le déclin, et une franchise internationale qui n'a guère plus besoin de faire ses preuves. La jeune femme hocha la tête : - Ok, c'est déjà plus plausible. Ça veut dire que la WoW est maintenant partenaire officielle avec cette saloperie frite ? - Tout à fait, ma pouliche, acquiesça le chapeauté. Et je te déconseille d'en manger. Mais ça va nous rendre riche ! - Si tu le dis, soupira la jeune femme. Le moustachu l'attira vivement à elle, et lui susurra : - Veux-tu faire l'amour sur les milliers de gallions que cet imbécile heureux m'a cédé en toute confiance ? La moue de Myosotis se mua instantanément en sourire radieux. Il était midi passé... et la place MMM était méconnaissable. Myosotis n'en croyait pas ses yeux. Sur les murs du bâtiment administratif, sur la fontaine, et même sur le sol dallé, d'immenses affiches rouges et blanches avaient été placardées. Elles étaient toutes d'une simplicité enfantine ; le visage dessiné et bienveillant d'un certain Général, au dessus de trois lettres écarlates, ensorcelées pour briller de mille feux : KFD. - Eh ben, ils y sont pas allé de main morte sur la pub, maugréa la dryade. Elle fit quelques pas vers la grande fontaine, et fut stoppée par un jeune homme, coincé dans un déguisement de dragon en carton pâte, qui lui criailla dans les oreilles : - DEGUSTATION GRATUITE ! DEGUSTATION GRATUITE ! Vous voulez goûter nos délicieux nuggets aux 22 épices secrètes, mademoiselle ? Il tendit un plateau recouvert de fritures sous le nez de la fille-chlorophylle. Celle-ci grimaça en songeant aux ingrédients mystères desdits nuggets, et secoua la tête : - Heu... Non merci. - Mais c'est succulent ! Surtout avec la toute nouvelle sauce cajun KFD ! insista le jeune homme. Et surtout, c'est gratuit ! - Sans façons, non. Le dragon en carton haussa les épaules, et se précipita sur un autre étudiant, un peu plus loin. Myo considéra la place : une demi-dizaine d'employés KFD proposaient leurs morceaux de viande panée douteuse à chaque passant. Et ça marchait du tonnerre : des étudiants affamés se pressaient autour d'eux, pour avoir droit à de la nourriture gratuite. La Gamma leva les yeux au ciel : si des gens étaient assez bêtes pour goûter à cette saleté simplement parce qu'elle leur était offerte, alors c'est qu'ils méritaient les désagréments que leurs estomacs ne manqueraient pas d'avoir par la suite. La semi-dryade descendit l'escalier qui menait au restaurant universitaire, ignora les clins d’œil que lui faisaient la tête dessinée du Général, collée un peu partout par dessus la jolie fresque, et rejoignit la table de ses amis Gamma. Elle les salua, s'assit... et réalisa avec horreur qu'ils étaient tous sans exception en train de grignoter des bouts de viande suspects, devant d'énormes bols de cartons estampillés KFD. Myosotis tordit la bouche : - Heu... les gars... vous devriez vraiment pas manger ça. Jean-François leva son menton maculé de sauce brune vers sa camarade, et lui lança un sourire crétin : - Tu préférerais qu'on aille au McGo, c'est ça ? Tu restes loyale à ton fast-food à toi ? se moqua-t-il. - Mais non, j'y travaille même plus, au McGo, soupira la jeune femme aux cheveux verts. Je dis juste que ça a l'air suspect ! Enfin, c'que j'en dis, moi... - T'as peut-être raison Myo, admit Kimberlie, installée en face d'elle. Mais moi je dis, quand on est pauvre, on chipote pas sur la bouffe gratis. - Amen, ma sœur ! lança Sylvius, avant de mordre dans un morceau dégoulinant de jus. Myosotis soupira. Elle aurait préféré que ses potes ne touchent pas à ça. Mais bon, que risquaient-ils, à part une bonne intoxication alimentaire ? Et puis, après tout, les Gammas étaient tous plus ou moins habitués à ingérer des substances chelous plus ou moins légales, alors ils n'étaient sans doute pas à ça près. - Pour une fois, Magouille a eu une super bonne idée avec ce sponsoring, lança JF, aux anges, avant de fourrer à nouveau sa tête dans son énorme bol. - Ouais, j'irais pas jusque là, grommela Titus. Mais bon, c'est pas comme si on avait le choix : y'a que ça au menu du Resto U aujourd'hui. Et puis par chez moi, y'a un KFD dans chaque rue, et personne n'a jamais cané à cause de ça, alors... Il prit un gros nugget en main, et mordit dedans à pleine dents, sous le regard peu rassuré de Myo. - Et... c'est bon ? s'enquit-elle, finalement. - Nah, répondit le cowboy. Mais c'est pas mauvais non plus. C'est... frit, quoi. - C'est bien meilleur avec la sauce cajun ! s'exclama Kim. Elle tendit à son parrain un pot de sauce, sur lequel était inscrit ''KFD : recette secrète !!!''. Titus renifla la sauce, et grimaça. - Bordel, y'a du cumin dans cette merde ! J'ai jamais pu blairer ça ! Nan, faudrait une putain de sauce épicée pour faire passer ces trucs frits. Il héla le premier elfe de maison qui trottina près de leur table, et lui lança : - Fais péter le tabasco, hombre ! - Désolé, monsieur, lui répondit la misérable créature. On a jeté toutes les sauces que nous avions en stock ! Nous avons le droit d'utiliser uniquement cette délicieuse sauce cajun du Général KFD ! Recette secrète ! Il désigna de son menton trop pointu un certain étudiant indien perclus de tics, qui, assis tout seul à une table, trempait un maigre bout de céleri fané dans un pot de la fameuse sauce. Titus pesta. Ce qui ne l'empêcha pas de se resservir un nouveau morceau de viande. Il réalisa soudain que Myosotis le regardait fixement, et il tendit son récipient en carton vers elle : - T'en veux un bout, ma grande ? - Heu... non merci, répondit la française, gênée. En fait, j'ai pas super faim, bizarrement. Je crois que je vais aller direct en cours. On se voit plus tard les gars ! Elle se leva précipitamment, et quitta les lieux, écœurée. - D'accow'. Qui sauwait me diwe qui est le démon wepwésenté suw un chawiot de feu ? De nombreuses mains fébriles se levèrent devant la professeur de Sciences Occultes, qui hocha sa tête d'un air satisfait, faisant danser ses épaisses dreadlocks derrière ses épaules. Elle pointa un ongle long et sale vers un Pi Alpha Fi, qui, tout content, déclama : - C'est Belial, M'dame Ogg ! - Oui, tout à fait ! Bwavo ! Mama Ogg agita sa baguette crasseuse, et un petit pot KFD s'éleva dans les airs, jusqu'à se poser devant le PAF bienheureux pour le récompenser. Ce dernier y piocha des nuggets aspergés de sauce, et les avala goulûment. Le tout sous les yeux effarés de Myosotis, assise juste à côté de lui. - Non mais je rêve... murmura-t-elle, interdite. - Comme tu dis, Myo, comme tu dis, acquiesça sa poupée vaudou, assise sur la table. Alors que la prof posait à nouveau une question d'une facilité débilitante, et la récompensait encore une fois par du Kentucky Fried Dragons, la semi-dryade se pencha vers Bibi : - Je commence à me dire que cette fois-ci, Magnus est allé trop loin cette fois-ci... chuchota-t-elle. Sa poupée la considéra, blasée : - Cette fois-ci seulement ? - Particulièrement cette fois-ci, reformula la française. J'espère que les cours vont pas rester éternellement comme ça : j'ai l'impression d'être en maternelle ! Comme pour confirmer ses dires, Mama Ogg s'exclama : - Oui, c'est ça, Maw'gawet ! Tu as lawgement gagné ta boîte de nuggets ! Et voilà pouw toi un joli autocollant KFD ! Myo plissa les yeux devant sa camarade de classe, qui poussa une clameur de joie devant ses cadeaux. - Ça devient n'importe quoi, grommela-t-elle. - Pas plus que la fois où Magouille a lancé un sort musical de masse pour toucher l'argent d'une assurance, fit Bibi. La dryade se mordit la lèvre inférieure à ce souvenir. - Oui, c'est vrai, admit-elle néanmoins. - Ou la fois où il a vendu les rêves des étudiants comme espaces publicitaires, renchérit la poupée de chiffons. - C'est pas faux. - Ou la fois où il a foutu de l'uranium dans la potion qu'il commercialise pour faire disparaître les déchets d'un pays peu scrupuleux, ou celle où il a dissous la fraternité des Gamma Phi Orties contre un gros pot de vin, ou bien encore le jour où il a décrété que les étudiants noirs devaient être rétrogradés dans une classe pour attardés, et y'a aussi cette fois où il a... - Oui, c'est bon, j'ai compris, soupira la française. Magnus est un escroc et un connard. Et il a fait pire. - Ouaip. Mais toi t'es du bon côté, alors réjouis-toi ! Myo lança un regard étonné à Bibi : - Tu crois ? murmura-t-elle. - Évidemment ! Pense à l'argent récolté par ton mec, et à ce que tu vas pouvoir en faire ! Myo esquissa un petit sourire, et sa poupée animée poursuivit : - En plus si t'en as vraiment marre des cours à la mode KFD, ben, arrête d'y aller ! C'est pas le Doyen qui va te renvoyer de la fac pour absentéisme ! Et quelque chose me dit que tu auras tes exams de fin d'année haut la main, quoiqu'il arrive. La semi-dryade hocha la tête, soudain rassurée. - T'as raison. Je vais arrêter de m'en faire à propos de ces nuggets de merde, et je vais essayer d'en profiter. - T'as tout compris ! lui lança Bibi en clignant son œil en bouton. Moi je te dis, ça a du bon d'être la femme du Dr Magouille ! Myosotis lui sourit. Elle savait que sa poupée avait on ne peut plus raison... mais elle ne pouvait pas s'empêcher d'avoir un drôle de sentiment à propos de toute cette histoire, sans savoir vraiment pourquoi. Et, pendant ce temps, Mama Ogg, imperturbable, continuait son improbable cours : - Et maintenant, voyons qui a assez envie d'un bon nugget aux 22 épices secwètes KFD pour wépondw' cowectement à mes questions. Qui est le Bawon Samedi ? Des bras surexcités se levèrent tout autour de l'étudiante à la chevelure verte, qui se frappa la paume de la main contre le front de dépit. La chose, titanesque, fit voler d'un mouvement de son pied mutant un arbre qui se trouvait sur son chemin, comme s'il s'agissait d'un fétu de paille. Myosotis, qui courait jusqu'à en perdre haleine, trébucha, et s'étala de tout son long sur le trottoir. Elle voulut se relever, mais ses membres, comme ankylosés, ne lui répondaient plus. Elle ne put que se retourner en tremblant, et croisa le regard de son poursuivant. Elle voulut hurler de terreur... mais aucun son ne sortit de sa gorge serrée. Des yeux rouges luisirent, et la masse fondit sur elle, dans un grondement. Ses bras, recouverts d'une croûte panée et huileuse, se tendirent inexorablement vers elle.... ...et la jeune femme paniquée se réveilla en sursaut. Pour réaliser aussitôt que ce qui la serrait dans ses bras jusqu'à l'étouffement n'était pas un nugget humanoïde géant et agressif, mais bel et bien Magnus, qui ronflait et bavait sur son épaule. La dryade soupira, et repoussa sans ménagement le Doyen. Ce dernier roula jusqu'à l'autre bout du lit, et se mit à ronfler de plus belle. La jeune femme passa ses mains sur son visage, fatiguée. Le petit miroir posé sur sa table de chevet s'éclaira soudain, et tintinnabula doucement. La sorcière le prit en mains, glissa hors des draps, et sortit à pas de loup de la chambre enténébrée, avant de décrocher. - Oui ? - Hey, salut Myo, lança Titus, qui venait d'apparaître à la place du reflet. J't'ai pas vu au Potiron ce matin. T'es où ?Le sourire que la jeune femme avait esquissé en voyant le visage familier de son meilleur ami se figea quelques secondes : - Heu... dans mon nouvel appart, tu sais, je t'en avais parlé, non ? lança-t-elle, les yeux fuyants. Puis, avant que le yankee n'eut le temps de poser la moindre question, elle rajouta, en espérant détourner la conversation : - Tu me cherchais ? - Ben, en fait, c'est pas vraiment toi que je cherchais... Dis, t'es pas avec Kim par hasard ?- Non, je viens à peine de me lever en fait. Le visage de Titus se rembrunit : - Ah merde.Myo sentit l'inquiétude dans la voix de son ami. Et instantanément, cette inquiétude-là la gagna : - Qu'est-ce qui se passe ? Y'a un problème avec Kim ? - Chais pas trop, admit l'américain, soucieux. On avait prévu de se faire une cession entraînement au Club de Duels, et je l'attends depuis plus d'une heure. Et elle réponds pas à son miroir. Et puis y'a un truc bizarre, par ici.- Comment ça, bizarre ? - Difficile à dire, fit Titus, les sourcils froncés. C'est juste... bizarre. Bon, j'me fais sans doute du mouron pour rien, mais tu veux pas m'aider à retrouver la bizut, juste histoire qu'on soit certains que tout va bien ?La réponse de Myosotis lui parut comme l'évidence même : -Bien sûr ! Je me prépare et j'arrive ! Il ne fallut pas bien longtemps pour que l'étudiante en Sciences Occultes comprenne ce que Titus avait voulu dire par ''bizarre''. Parce que ce qui s'étalait sous ses yeux l'était drôlement. La grande salle qui servait de dojo aux membres du Club de Duels était vide. Mais vide de chez vide. Ce qui, en soi, n'était pas si mystérieux que ça. Ce qui l'était, en revanche, c'était les affaires, que quelques personnes avaient laissées là, et qui jonchaient le sol. Des canettes de Wizz Cola qui avaient coulé jusqu'à se vider complètement, une ou deux capes épaisses, un vieux Lancechêne, et même, ici et là... quelques baguettes. Et ça, c'était franchement étrange. Ça conférait aux lieux une atmosphère oppressante, glauque. Comme si les personnes qui étaient là avaient du fuir. Très vite. Et sans se retourner. Myosotis déglutit : - Bordel, qu'est-ce qui s'est passé ici ?! - Aucune idée, répondit Titus. C'était comme ça quand chuis arrivé. Au début j'pensais juste que quelques coyotes sans fraternité avaient utilisé la salle pour faire une fiesta non autorisée. Sauf que... - Sauf que quoi ? Le cowboy sembla hésiter quelques secondes. Puis il pinça les lèvres : - Myo... t'as croisé beaucoup de gens en venant ici ? La française cligna des yeux, tandis que son sang se glaçait dans ses veines : maintenant que son pote lui mettait le doigt dessus, elle devait effectivement admettre qu'elle n'avait vu personne, sur son chemin. Elle avait simplement enjambé les plateaux désormais vides des employés KFD jetés à même le sol de la place MMM, et pesté contre les innombrables prospectus à l'effigie du Général qui crissaient sous les jolies bottes toutes neuves qu'elle s'était offert la veille. Pourtant, d'ordinaire, il y avait toujours du monde, dans cette partie du campus. Toujours. Entre ceux qui rôdaient autour du restaurant universitaire, ceux qui allaient au dispensaire pour trouver des excuses pour ne pas aller en cours, ceux qui allaient à la scolarité pour trouver des excuses pour ne pas payer les frais d'inscription supplémentaires, et les amoureux qui se bécotaient, assis sur le rebord de l'immense fontaine, il était impossible de ne pas croiser quelqu'un. Hormis aujourd'hui, apparemment. - Pas un foutu fléreur, finit-elle par dire d'une voix blanche. - Moi non plus. Y'a une couille dans le chaudron, Myo. Une putain de couille dans le foutu chaudron. La jeune femme hocha la tête, lentement. Peut-être que tout le monde avait attrapé une terrible intoxication alimentaire, après avoir becqueté toute la journée l'ignoble nourriture offerte par Kentucky Fried Dragons !... mais elle avait un mauvais pressentiment. Un terrible, épouvantable pressentiment. - Allons voir si Kimberlie est chez elle, proposa-t-elle, en tentant d'ignorer l'angoisse qui lui tordait l'estomac. Titus acquiesça. - Oh Seigneur, c'est du sang ?! glapit la fille-chlorophylle, en portant une main à ses lèvres. Elle désigna la gerbe, aux nuances acajou caractéristiques de l'hémoglobine séchée, qui maculait la porte d'entrée de l'appartement de Kim et Om, et lui donnait un aspect des plus macabres. Le cowboy glissa le doigt le long de la tâche, puis le porta à son nez, l'air soucieux. Mais très vite, ses traits s'adoucirent : - C'est de la sauce. - D... de la sauce ? répéta Myo, incrédule. - Je dirais même : la foutue sauce cajun secrète du KFD qu'ils ont essayé de nous refourguer hier. - Oh. La française, qui venait en une demi-seconde d'imaginer le pire à propos de sa meilleure amie métissée, reprit des couleurs. Elle s'avança, et frappa à la porte. Cette dernière s'ouvrit en grinçant sinistrement, et une silhouette qui tenait avec difficulté sur ses pieds se détacha de l'encadrement. Les deux Gammas levèrent un sourcil, en parfaite synchronisation : il s'agissait de Om Rajesh Kapoor, le colocataire de Kimberlie. Om était un Pi Omicron Pi que Myosotis ne connaissait pas vraiment, finalement, bien qu'il soit proche de Kimberlie. Mais... La semi-dryade se mordilla la lèvre, pas sûre d'elle. Il était bizarre, là, non ? Enfin... il lui avait TOUJOURS semblé plus ou moins étrange, alors, c'était difficile à dire. A vrai dire, il semblait plus fatigué qu'autre chose : il était courbé, et pâle comme la mort, pour ne pas dire grisâtre. Ses yeux, dont la jeune femme ne parvenait à discerner aucune pupille, étaient soulignés de cernes violettes. - Heu... salut... Om ? osa-t-elle. Un grondement rauque venu de la gorge de ce dernier lui répondit. Sans doute l'hindou avait-il pris froid. - On cherche Kim, trancha Titus, en croisant les bras. Elle est là ? La tête de l'indien s'affaissa soudain, et il se mit à grogner des mots que Myosotis ne saisit pas. Elle se tourna vers son ami Gamma, et croisa son regard débordant d'incompréhension, très semblable au sien. - Je vois, soupira le cowboy. - Mais sinon, elle est là ou pas ? insista la sorcière. La tête du POP dodelina lentement : - Ghnnnn.. grogna-t-il. - Okaaaay, soupira Titus, j'vais prendre ça pour un non. Il s'éloigna du perron, et referma la porte d'un coup de baguette, au nez de l'indien grognant. La semi-dryade se gratta la tête : - Dis, Titus, je le connais pas bien, ce gars... mais il est toujours chelou comme ça ? L'américain haussa les épaules : - Ouais, plus ou moins. Enfin, d'habitude il bave quand même moins, j'avoue. - Il a du avoir une mauvaise nuit. Les deux hochèrent la tête, puis changèrent de sujet : - Faut chercher Kimberlie ailleurs, affirma le yankee. Toi qui la connais bien, elle a l'habitude d'aller où ? Myo réfléchit quelques instants. - Je ne pense pas qu'elle irait au pub si tôt, alors... peut-être, au Stade Swiffer 3000 ? - Tu veux dire ''Stade Kentucky Fried Dragons'', la corrigea Titus. Il a été rebaptisé hier. Les deux amis avaient remonté tout Mysteria Lane, et marchaient à présent en direction du Stade, le long des trottoirs étrangement déserts des Champs Z'Allons-Y, jonchés de prospectus KFD. Myosotis, sombre, était perdue dans ses pensées. L'inquiétude qu'elle ressentait pour sa meilleure amie était en train de céder la place, doucement mais sûrement, à une angoisse plus générale... et plus insidieuse. Sans qu'elle ne puisse vraiment mettre le doigt sur ce qui n'allait pas. Elle avait l'impression dérangeante d'être passée à côté de quelque chose d'essentiel... - Heu... Myo ? lança Titus, au bout d'un long moment de silence. Toujours dans ses réflexions, la jeune femme lui répondit d'un laconique : - Mmh ? - Je sais pas si tu l'as remarqué, mais... on est suivis. - Quoi ? La dryade tourna la tête, et écarquilla les yeux : à une certaine distance, un petit groupe marchait vers eux, lentement. Elle ne connaissait aucun de ces étudiants débraillés ; tout au plus, elle avait croisé l'un d'eux quelques fois. Mais ils marchaient pourtant dans sa direction, indubitablement, dans un état d'ahurissement absolu, la bave aux lèvres. Ils avançaient d'un pas boiteux et morne, tendant parfois un bras avide, avant de trébucher sur les pavés du sol. - Mais qu'est-ce que... balbutia Myo, abasourdie. Effrayé par ces visages dénués de toute humanité, elle recula machinalement, jusqu'à ce que son dos ne bute contre le mur de l'une des boutiques de l'avenue. Elle réalisa avec effroi qu'un nouveau groupe arrivait de l'autre côté, en boitillant du même pas lent et inexorable, dans un râle étouffé sinistre. Puis d'autres encore, plus nombreux, de la ruelle d'en face. - Bordel, mais qu'est-ce qu'ils nous veulent, ces foies jaunes ?! siffla Titus en dégainant sa baguette. Il lança un Repulso sur une Zêta qui s'était jetée sur lui, et celle-ci perdit l'équilibre en arrière, faisant tomber avec elle quelques un de ses camarades hébétés. Myosotis tira Bibi de sa poche, et lui ficha dans la joue une aiguille d'une main tremblante ; et la joue du gars qui surplombait dangereusement la française s'ensanglanta aussitôt. Mais, à la grande horreur de cette dernière, ce fut comme s'il ne s'en rendit pas compte : il se pencha vers Myo et ouvrit grand sa mâchoire... qui claqua dans le vide. Grâce à Titus, qui avait tiré son amie vers lui au moment opportun. - Viens, on s'arrache ! intima-t-il. Le cowboy agrippa la main de la dryade, et la fit slalomer entre les petits groupes des cinglés. Ils s'engouffrèrent dans une petite ruelle, et la dévalèrent à toute allure. - Mais c'est quoi leur problème ?! s'exclama la fille-chlorophylle, sidérée. - Aucune idée ! Y'a un truc pas net ! - On aurait dit qu'ils étaient devenus... complètement crétins ! Ils ressentent même pas la douleur ! - Tu crois que quelqu'un les contrôle ? demanda le ricain, sombre. Myosotis se mordit la lèvre inférieure, stressée, et ne lui répondit pas. Parce qu'elle ne pensait pas qu'ils étaient contrôlés. Par contre, au vu de leurs yeux sans pupille et de leur teint blafard, elle avait plus l'impression qu'ils étaient... morts. Mort-vivants. Les Gammas venaient de déboucher sur une nouvelle avenue, bordée de magasin en tous genre... mais ils n'étaient pas les seuls. Une horde d'étudiants hagards étaient déjà là. Ils se tenaient debout, sans rien faire, à errer les uns autour des autres d'un pas incertain en gémissant. Et dès que les deux amis furent dans leur champs de vision, ils se ruèrent tous sans exception vers eux, de leur pas lent bancal . Myo déglutit : - Je déteste ça, mais on devrait transplaner ! - Et où ? répliqua Titus. Qui nous dit qu'on tombera pas sur pire ailleurs ? La française n'avait pas de réponse. Elle s'imagina quelques secondes transplaner, et tomber la tête la première dans un nid fourmillant de ses saloperies prêtes à les croquer.. Elle frissonna. Elle laissa Bibi grimper sur son épaule, et tira sa baguette. - Jambencoton ! Une fille fut touchée de plein fouet, et elle tomba en avant, les jambes paralysées. Ce qui ne l'empêcha guère de continuer à ramper sous le sol crasseux, à l'aide de ses seuls bras, au milieu de la cohue ambiante, tout en fixant ses cibles de ses yeux désormais vides. Myosotis déglutit sous la vision d'épouvante, mais poursuivit néanmoins son attaque envers la horde : - Incarcerem ! - Repulso ! cracha Titus. - Stupéfix ! - Petrificus Totalis ! Les sortilèges fusaient, et faisaient mouche ; mais les assaillants, bien que d'une lenteur claudicante, étaient bien trop nombreux pour les deux Gammas seuls. Les corps de ceux qui tombaient étaient bien vite submergés par les innombrables autres, qui poussaient de derrière. Et, soudain, le cœur de Myo manqua soudain un battement : dans la foule de plus en plus dense des hébétés baveurs, une silhouette terriblement familière s'avança. Des larmes montèrent aux yeux de la française. Elle couina d'une voix presque enfantine : - Kim ! Le cowboy à ses côtés suivit son regard, et, bouche bée, dévisagea sur la bizut qui clopinait vers eux. Elle était d'une pâleur cadavérique ; on aurait même pu douter qu'elle était métisse, s'il n'y avait eu ses cheveux crépus, plus ébouriffés que d'ordinaire. Deux cernes profondes se creusaient sous ses yeux révulsés, dont on ne voyait que du blanc. Elle boitait beaucoup, et se redressait à chacun de ses pas pour ne pas perdre l'équilibre. Elle ne portait à ses pieds qu'une basket sur deux, et, sa chaussette nue était imprégnée de sang et de terre. Ce qu'elle ne semblait pas réaliser, tout occupée qu'elle était à marcher droit devant elle, le visage déformé par une grimace ahurie. Parvenue à quelques mètres de ses amis tétanisés, elle poussa une sorte de plainte rauque, et tendit ses bras vers eux, les doigts crispés comme des serres. Titus fut le premier à réagir : - Petrificus Totalis ! - Titus, non ! C'est Kim ! répéta Myosotis, sous le choc. L'américain serra les mâchoires, visiblement perturbé. - Non. Je sais pas ce que c'est, mais ça, c'est pas Kim. - Mais... - C'est PLUS Kim ! Il voulut tirer son amie aux cheveux verts en arrière pour fuir, mais les plaintes rauques et sourdes, caractéristiques de ces étudiants sans âme, s'élevaient dans leur dos. Ils étaient encerclés, par un véritable troupeau. Ils étaient fait comme des rats. Il n'y avait plus d'issue possible, au milieu de ses milliers de bras qui se tendaient vers eux pour pouvoir les attraper, et les mordre... Un blatèrement bizarre s'éleva soudain, et une lueur argentée aveugla Myosotis. Elle plissa les yeux, et réalisa que la lumière vive et crue provenait d'un magnifique patronus, qui avait pris la forme d'un chameau. Ou d'un dromadaire. Dans la confusion de son esprit, à ce moment précis, elle ne parvenait plus à se souvenir de la différence entre ces deux animaux là. Quoiqu'il en soit, le halo argenté semblait tenir à distance les cinglés gémissants, qui grognaient en protégeant leurs yeux de leurs bras. Sans y réfléchir à deux fois, la semi-dryade agrippa la manche du cowboy, et se rua vers le chameau-dromadaire scintillant. Pour réaliser qu'Ezzechiel McGuire, dans sa sempiternelle tenue McGo jaune poussin ridicule, flattait l'encolure de la bête éthérée. - Ouais, Majesté, comme j'te dis, lui dit le rasta aux yeux rougis en guise de salut. C'est pas zion du tout, ça. Pas zion du tout. |
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DOSSIER ETUDIANT Filière :: Sciences Occultes Description :: Bons Points :: 219Myosotis Grandiflore Messages : 2144
Situation Amoureuse : Célibataire. Ex-chérie de Magnus Magouille, mais ne s'en rappelle pas.
Filière : Sciences Occultes
Sorts Connus : Aguamenti,
Calmos Pacificatum,
Confundo,
Contusionus Encontusiono,
Diffindo,
Episkey,
Failamalle,
Furonculus,
Impervius,
Incarcerem / Lashlabask,
Incendio,
Inflamarae,
Jambencoton,
Nauseis,
Orchideus,
Oubliettes,
Pointe au Nord,
Portus
Protego,
Repello Moldum,
Spero Patronum,
Repulso,
Rictusempra,
Lumps / Nox
Duro,
Amplificatum,
Revigor
Inventaire : Véritasérum,
Amortentia,
Philtre de Requinquance,
Potion Contraceptive (x3)
Potion Miracle du Bon Docteur Magouille (x2),
Tequila Magouilita (x2),
Lait de poule Miracle du Bon Docteur Magouille (x2),
Scrutoscope
Poupée Vaudou
| Sujet: Re: WoW War Z {Concours Permanent !} Sam 11 Juil 2015 - 15:55 | |
| II. InvasionCela faisait plus d'une heure que Myosotis tentait de se calmer... mais rien à faire, ses mains tremblaient toujours autant. Elle ne parvenait même pas à saisir le grand gobelet de jus de citrouille, recouvert du M jaune caractéristique du McGonagall's, que lui avait gracieusement offert Ezzechiel. Elle ne pouvait s'empêcher de penser à Kimberlie, à son expression vide, à son teint morbide. Peut-être même qu'elle était définitivement partie. Peut-être même qu'elle était... … même dans sa tête, elle ne parvenait pas à formuler le mot. C'était trop. Des larmes lui montèrent aux yeux, et elle les essuya d'un revers de main. - Pas Zion, pas Zion, maugréa une nouvelle fois McGuire. Il aspira par la paille de son énorme soda une grosse gorgée, et ce fut comme s'il tentait de faire le plus de bruit possible. Le métis halluciné avait conduit les deux Gammas au fast-food où il travaillait, qu'il avait barricadé derrière lui. Et heureusement d'ailleurs : à travers les grandes vitres transparentes, on pouvait voir des dizaines et des dizaines d'étudiants hébétés se presser contre le bâtiment, et tourner en rond, l'air hagard, la bave aux lèvres. Titus, qui fumait nerveusement clope sur clope à côté de la française, finit par rompre le silence pesant : - McGuire ! Tu sais à quoi rime le bordel, dehors ? grommela-t-il, les yeux sombres. - Ah ça, maaan, c'est la loose ! Le bambambam de la concurrence a sonné hier ! Comment voulez vous que je rivalise avec des nuggets gratuits ? DES NUGGETS GRATUITS ?! AAH LES DIEUX DE L'OMBRE M'ONT MARQUE DU SEAU DE L'ECHEC FRIT ! C'EST PAS ZION ! J'AI PERDU TOUS MES CLIENTS ! TOUS ! Il leva les bras au ciel, puis rabattit dramatiquement ses mains sur son front en geignant. Myosotis arqua son sourcil devant la réaction du junkie : - Heu... ouais ? Je crois que Titus parlait plutôt des étudiants qui nous attaquaient dehors, fit-elle doucement. - Les zombies qui nous attaquaient dehors, corrigea le cowboy renfrogné. PARCE QUE CE SONT DES FOUTUS ZOMBIES ! Il ponctua sa phrase en frappant son poing sur la table, les yeux haineux. - Ouais, exactement ! s'exclama le métis, les yeux exorbités, continuant une conversation parallèle qu'il était visiblement le seul à suivre. Le coup des nuggets gratos, c'est de la concurrence déloyale, DELOYALE ! Ils m'ont piqué mes clients ! Mais je ne leur en veux pas, Majesté. Parce qu'ils m'ont envoyé des échantillons gratuits, qui vont boum badaboum boum boum dans mon estomac. Il agita sa baguette nonchalamment, et un bol estampillé Kentucky Fried Dragons atterrit face à lui. Il ouvrit le couvercle, et plongea son visage dedans avec voracité, éclaboussant de miettes de nuggets et de sauce cajun les deux Gammas qui lui faisaient face. Myosotis s'essuya la joue en grimaçant, puis se tourna vers un Titus particulièrement renfrogné. - Si ce sont des zombies... ça veut dire que Kim est... est... morte ? Sa voix se brisa, et le cowboy la scruta avec une tristesse mêlée de colère impuissante. - J'en sais foutrement rien ! Les mort-vivants et les trucs occultes, c'est plus ton domaine à toi, d'ordinaire. - J'y connais que d'alle en mort-vivants, avoua la jeune femme en baissant la tête. C'est pas au programme avant la troisième année. Et je suis pas certaine que ce qui touche la fac à un rapport avec les zombies-vaudou du Bayou. Elle se tourna néanmoins vers le manager McGo qui avait toujours sa tête fourrée dans son bol de nuggets, et lança : - Hey, Ezzy, toi aussi t'as fait des études en Sciences Occultes, non ? Le métis lança un grognement, qui résonna dans son bucket, et la française insista : - Qu'est-ce que tu sais à propos des zomb... Elle se tut soudain, et considéra, bouche bée, comme hypnotisée, le visage qu'Ezzechiel venait de relever brusquement. Son menton et sa bouche étaient maculés de sauce, qui gouttait sur sa chemisette jaune sans qu'il ne s'en soucie. Sa lèvre, pendante, lui donnait un air encore plus hébété qu'à son ordinaire. Ses yeux vitreux ne semblaient plus voir ce qu'ils avaient devant eux : néanmoins, ils restaient braqués en direction de la dryade avec une insistance menaçante. Mais, le plus impressionnant, était son teint : il était passé de caramel doré à gris cadavre, en moins de deux secondes. Le métis poussa une longue plainte rauque venue directement de sa gorge, et Titus réagit au quart de tour : - SPERO PATRONUM ! Une créature argentée, vaguement canine, se jeta sur Ezzechiel, qui tomba sur le sol en poussant un borborygme incompréhensible. Les deux Gammas en profitèrent pour se relever de la banquette qu'ils occupaient, et pour se carapater loin du rasta. Il grimpèrent quatre à quatre les marches de l'escalier du McGo, paniqués. Myo secoua la tête, abasourdie par ce qu'elle venait de voir : - C'est les nuggets ! glapit-elle, alors qu'elle se précipitait à l'autre bout de la salle de l'étage. Les nuggets KFD ! - Putain ! jura le cowboy. Je savais que ça puait, cette histoire de distribution gratuite de bouffe ! Il se tut quelques secondes, puis rajouta, un ton plus bas : - Myo... J'en ai mangé moi aussi. Les yeux déjà écarquillés de la française s'arrondirent encore davantage. - Bordel... - Sans doute moins que tous ces clampins zombifiés, c'est pour ça que je ressens pas encore d'effets chelous, mais y'a une chance que je devienne comme eux, souffla-t-il, le regard dans le vague. Alors sois sur tes gardes, ma grande. Et si ça m'arrive, n'hésite pas à me... - Je veux rien entendre ! s'exclama la sorcière, bouleversée. On va sortir de là ensemble, et on va trouver une solution ensemble ! Comme d'habitude ! - Myo... - NON ! s'énerva la semi-dryade, au bord des larmes. J'AI DEJA PERDU KIM, CA SUFFIT ! T'ES MON MEILLEUR AMI ET J'Y ARRIVERAI PAS SANS TOI ALORS IL VA RIEN T'ARRIVER ! TU M'ENTENDS ?! RIEN ! Titus la dévisagea avec peine. Il finit par soupirer, avec lassitude : - Ok. Il ouvrit la porte des toilettes, et sursauta : MacMalden, moulé dans une chemisette jaune McGo trop juste pour ses gros muscles de PAF, se tenait juste derrière, une serpillière à la main. Les yeux révulsés, et le menton baigné de sa propre salive, il vacillait d'avant en arrière, comme s’il était ivre. Il poussa un long gémissement inhumain... et Titus referma vivement la porte. - On va trouver un autre chemin, décréta-t-il. Attends-moi là dix secondes, j'vais zyeuter par la fenêtre... Il ouvrit une des grandes vitres de l'étage, et se pencha au dehors, à la recherche d'une issue. Myo s'éloigna de quelques mètres, et sortit discrètement de sa poche son miroir à double sens. Elle se sentait totalement désemparée, et ne savait pas quoi faire. Mais elle avait besoin de savoir que son homme allait bien. - Magnus Magouille... murmura-t-elle, face à la glace. Le reflet de son miroir scintilla, et bientôt, la tête peu amène du Doyen apparut, surmontée de son habituel haut-de-forme : - Quoi ? soupira le Docteur en guise de salut. - Oh Magnus ! C'est horrible ! fit la jeune femme, les lèvres tremblantes. Le KFD ! Il... il a transformé tout le monde en zombie ! Et l'épidémie semble s'étendre de plus en plus ! - Ah oui, je savais que cela risquait d'arriver, badina le moustachu sans s'en faire plus que ça. La française resta interdite une demi-seconde. - Qu... quoi ?! Tu savais ?! - Mais ne t'inquiète pas, ma pouliche, si tu n'en as pas mangé, tu ne risques absolument rien.- Là n'est pas la question ! Tu savais, et tu as laissé le Général transformer le campus en terrain de jeu pour mort-vivants ?! Ma meilleure amie a été touchée ! Le chapeauté grimaça : - La noiraude ? Franchement, Myosotis, est-ce vraiment une grande perte ?Devant l'expression de colère horrifiée de la jeune femme, Magouille leva les yeux au plafond avec condescendance, puis reprit : - Pour te consoler, rappelle-toi que nous avons été grassement payé pour...Il détourna soudain le regard, et considéra quelque chose qui se trouvait hors champ pour Myosotis. - Bigre, Saussurus ! Combien de fois devrais-je vous dire de ne pas faire irruption dans mon bureau sans frapper ! pesta-t-il, alors qu'un gémissement rauque étrange s'élevait soudain. Et pourriez-vous arrêter de baver partout sur la moquette de la sorte, espèce de... La connexion se coupa d'un coup, et la semi-dryade ouvrit des yeux paniqués. - M...Magnus ?!! Elle secoua l'objet, en répétant : - Magnus Magouille ! Magnus Magouille !!! Mais son miroir se contenta de lui renvoyer le reflet d'une fille aux cheveux verts, aux yeux bordés de larmes, cernés par l'effroi. Ses jambes se dérobèrent sous elle. Elle ferma ses paupières de désespoir, et se laissa glisser à terre, dos contre le mur. - Le McGo est encerclé de goules, annonça Titus, en revenant vers elle. Et il est trop dangereux de transplaner, vu qu'on ne sait pas jusqu'où s'étend cette foutue pandémie. Donc, à part pétrifier un à un tous les péquenots bouffeurs de nuggets de cette fac, je vois pas comment sortir d'ici. Il s'assit à ses côtés, et enserra sa tête de ses mains, perdu. Le silence retomba entre les deux amis ; on n'entendait que l'étrange musique des plaintes monocordes et éraillées des zombies au dehors. Au bout d'un moment qui sembla une éternité à la jeune femme perturbée, une petite mélodie guillerette tintinnabula dans sa main. Elle baissa les yeux, et regarda presque sans le voir le miroir scintillant qu'elle avait gardé en main. Et aussitôt, son cœur bondit dans sa poitrine : Magnus la rappelait pour lui dire qu'il allait bien ! Elle décrocha... et l'espoir qu'elle avait ressenti s'évanouit aussi vite qu'il était arrivé. Dans le reflet, elle ne vit pas son mari, mais le visage scarifié du bien nommé Screwface. - Wooooh, sister, je commençais à croire qu'il ne restait plus un seul Gamma sain d'esprit, lâcha ce dernier. - Oh, Screw, murmura-t-elle, sans parvenir à dissimuler totalement sa déception. Ça va ? - Vu le foutoir actuel sur le campus, ouais, j'm'en sors pas mal.Titus se pencha sur le miroir de son amie : - T'es en sécurité ? - Yep. Chuis dans mon labo personnel, au bâtiment de Magie Expérimentale, répondit le Gamma à la voix de stentor. J'ai fait des découvertes très intéressantes. Vous devriez venir voir.Après s'être assurés, avec insistance, qu'ils seraient en sécurité dans le laboratoire de Screwface, les deux Gammas s'y étaient précipité en transplanant. L'endroit était bordélique, et sombre : nulle fenêtre ne laissait passer le moindre rayon de lumière. Une odeur de renfermé mêlée de vagues relents de brûlé flottait dans les airs. Et, au milieu de ce cabinet sans dessus dessous, se tenait leur pote de fraternité, vêtu d'une grande blouse blanche recouverte de diverses tâches peu ragoûtantes, et de grosses lunettes d'expérimentaliste en plastique qui lui faisaient des yeux de mouche et le rendait encore plus laid que d'habitude. Mais malgré l'accoutrement grotesque du Gamma scientifique, Titus et Myosotis étaient bien plus interpellés par ce qu'il y avait sur le plan de travail de son labo. - Mais qu'est-ce c'est que ce merdier ? lâcha l'américain. - Ça, beanie, ce sont mes expérimentations, fit Screwface de sa voix de stentor. Myo fit glisser son regard sur la longue table, recouverte de bric à brac. Au milieu des parchemins froissés, des bouquins ouverts recouverts de ratures et autres fioles au contenu bouillonnant, étaient disposées des petites cages. Elles contenaient toutes des petites créatures semblables à des fées, aux ailes mordorées et bruissantes. Mais ces fées-là étaient bien trop pourvues en dents et en membres ; elles piaillaient dans une langue inconnue et grimaçaient en serrant les barreaux dans leurs griffes. - Des doxys ? s'étonna la sorcière. - Ouaip, sister. J'avais une invasion dans mon labo, peut-être parce que j'ai oublié de faire le ménage depuis quelques mois. Ou quelques années, je sais plus. Alors j'en ai profité pour m'en servir de cobayes. Et vous savez ce que j'ai découvert ? - Laisse-moi deviner, soupira le cowboy, avec lassitude. Les nuggets Kentucky Fried Dragons sont toxiques. - Pas les nuggets, beanie. La sauce ! L'expérimentaliste enfila des gants épais, réajusta ses lunettes, puis dégaina sa baguette. Il fit voler un gros pot estampillé « KFD : sauce secrète !!! », et en versa une dose généreuse dans la première cage. L'une des deux petites fées qui s'y trouvaient se rua directement sur la nourriture. Et il ne lui fallut pas longtemps pour que sa peau devienne grise, et qu'elle tourne en sur elle-même en boitillant, de la bave coulant de sa minuscule bouche pleine de dents. D'un pas hésitant, et semblant même oublier qu'elle possédait une paire d'ailes scintillantes qui lui aurait permis de se mouvoir plus vite, elle se dirigea vers la deuxième doxy. Et, elle finit par la mordre sauvagement à la gorge en grognant. La dryade déglutit, impressionnée : - Oh bordel, cette doxy est enragée ! Screw acquiesça : - Comme qui dirait, ouais. - C'est la rage du zombie, un truc du genre ? grommela Titus, soucieux. - La rage... du zombie ?! Screwface regarda son pote quelques instants... puis éclata d'un rire franc et sonore. Il se plia en deux en se tenant les côtes, alors que l'américain croisait ses bras, renfrogné. - T'as fini de te foutre de moi ?! Myosotis cligna des yeux, devant le spectacle de la doxy mordue par sa congénère, devenue elle-même grisâtre, baveuse et hébétée. Puis elle considéra son camarade de fraternité mort de rire : - C'est... c'est pas des zombies, alors ? Le grand Gamma noir essuya une larme d'hilarité : - Oh les gars, le prenez pas mal, mais vous regardez trop de picturines de série z ! La réponse ne sembla pas satisfaisante pour Titus, qui s'énerva, les poings serrés. - Alors qu'est-ce qu'il se passe avec les gus, dehors ?! s'emporta-t-il. Malgré la mauvaise humeur manifeste de son pote, Screwface garda son calme et hocha lentement la tête. - Ah ça ! Ils sont... comment dire ? Il se frotta le menton, puis lâcha un unique mot : - ...cons. Le yankee fronça ses sourcils d'incompréhension : - Heu... hein ? L'étudiant en Magie Expérimentale ouvrit la cage, et prit l'une des doxys grisâtres dans son épais gant de sécurité. Il la brandit devant ses potes : - Ils sont cons ! insista-t-il. Complètement stupides. Idiots. Couillons. Y'a quelque chose dans la sauce cajun KFD qui les a fait régresser jusqu'à un état de débilité profonde qui ferait passer cet abruti de Willie Gazon pour un génie digne d'Albus Dumbledore. - Ils sont cons... répéta Titus, incrédule. - Comme des meules, précisa Screwface, en acquiesçant. Myo dévisagea ce dernier, un peu perdue : - Mais si c'est pas des zombies, pourquoi ils veulent absolument nous mordre ? s'étonna-t-elle. - C'est instinctif : c'est le virus qui veut se transmettre. Alors ils mordent comme des zombies. Mais c'est pas des zombies. Tout au plus, c'est des... zimbéciles. Le grand Gamma se marra tout seul devant son jeu de mot bidon. Mais c'était bien le seul : Titus, énervé, étrécit ses yeux étincelants de colère : - Et comment t'explique qu'ils sont tous devenus aussi gris que des foutus cadavres ?! - Dépigmentation chronique standard, mon pote. Myo se mordilla la lèvre inférieure : elle ne savait pas quoi penser de l'annonce de Screw. De prime abord, c'était une bonne nouvelle que tous ces pauvres gens, et particulièrement Kimberlie et Magnus, ne soient pas morts. Mais... s'ils étaient tous les deux coincés dans un état de débilité profonde où ils ne savaient rien faire d'autre que baver et gémir, elle n'était pas sûre qu'elle y gagnait au change. Tout en tordant ses mains nerveusement, elle se racla la gorge : - Et... c'est définitif ? osa-t-elle demander, craignant la réponse. Mais à son grand soulagement, le rasta scientifique lui lança un sourire sincère qui ne le rendit pas plus beau, loin de là : - Pas d'inquiétude pour ça sister ! J'ai beau être le tout dernier expérimentaliste de toute la fac encore en pleine possession de mes capacités cognitives, faut pas s'en faire parce que j'ai trouvé un antidote ! Et sérieux, vous devinerez jamais : c'est.... AAAAAARGH !!! Sous les yeux impuissants des deux Gammas, la doxy infestée était parvenue à se dégager de la poigne de l'expérimentaliste, et avait sauté jusqu'à son cou, où elle avait planté toutes ses petites dents pointues. Myosotis dégaina sa baguette, et fit lâcher la fée enragée d'un Repulso bien placé ; mais hélas, le mal était fait. En quelques secondes à peine, le malheureux Screwface se mit à baver abondamment, le regard éteint, les épaules tombantes, le teint cireux. Il poussa un gémissement terriblement grave. Ni une ni deux, les deux amis se précipitèrent hors du laboratoire, en claquant la porte derrière eux. Ils se retrouvèrent dans un couloir enténébré, uniquement éclairé par une ampoule grésillante en fin de vie. Le cowboy, la face rouge de rage, donna un violent coup de pied dans le mur, creusant une fissure dans le lambris de mauvaise qualité. Mais ça n'eut pas l'air de le calmer le moins du monde : - PUTAIN DE BORDEL DE POMPE A MERDE, POURQUOI FAUT TOUJOURS QUE LES FOIES JAUNES QUI SAVENT DES TRUCS TERGIVERSENT MILLE ANS ET CANENT AVANT DE NOUS DONNER LA PUTAIN DE SOLUTION ?!! - Screwface est pas mort ! s'insurgea Myosotis, encore un peu choquée par ce qu'elle venait de voir. - AH OUAIS ? ET SI ON TROUVE PAS COMMENT LE FAIRE REVENIR A LA NORMALE, CA CHANGERA QUOI, HEIN ?! SANS CE PUTAIN D'ANTIDOTE, C'EST PAREIL, CANÉ OU ZOMBIE ! - Zimbécile, corrigea la dryade. Et tu devrais peut-être pas crier comme ça. Ça pourrait les attirer... Un gémissement rauque de mauvais augure résonna dans l'angle du couloir, et les deux déglutirent. - On... on va plutôt passer par là, hein ? suggéra l'américain en baissant d'un ton, désignant le côté opposé. - Ouais, ça m'a l'air d'une bonne idée, chuchota la dryade. - BORDEL Y'EN A TROP ! C'EST INUTILE !!! Titus poussait de toutes ses forces sur une porte, sans réussir à la fermer, à cause des nombreux bras pâles qui s'engouffraient dans l'interstice. Il fit un pas en arrière, puis rejoignit en un bond le bureau professoral sur lequel s'était déjà réfugiée Myosotis. Cette dernière frissonna : dans un râle rauque, les étudiants hébétés entrèrent d'un pas traînant dans la salle de cours où les deux Gammas venaient d'entrer. Ils les encerclèrent avec une lenteur inexorable, qui ne rendait l'invasion que plus terrifiante. La sorcière aux cheveux verts serra sa baguette, tremblante de tous ses membres. Sa poupée Bibi se serrait contre son cou, en couinant de peur. Comment Titus et elle en étaient-ils arrivés là ?! Comment avaient-ils pu croire qu'ils pourraient s'échapper de ce bâtiment expérimental labyrinthique ?! La semi-dryade sentait que la fin était proche. Il ne faudrait pas bien longtemps pour qu'elle devienne elle aussi une pauvre crétine hébétée incapable de garder sa salive dans sa cavité buccale. Mais elle n'allait pas se rendre sans se battre. Et elle n'avait même pas besoin de regarder Titus pour savoir qu'il pensait la même chose. - Repulso ! siffla-t-elle. - Petrificus Totalis ! Et, alors que le cercle des pseudo-zombies réduisait encore la distance entre eux et la horde, la française rugit, avec la force du désespoir : - Inflammarae ! De grandes flammes les encerclèrent, et une chaleur étouffante monta jusqu'aux deux Gammas. Mais au moins, le bouclier naturel du feu empêcherait les zombies de trop s'approcher. Enfin, du moins, c'est ce qu'elle pensait ; car, avec un frisson d'épouvante, elle réalisa que son sortilège ne servait à rien. Apparemment inconscients du danger et de la douleur, quelque uns des idiots-vivants traversèrent le mur de flammes, et poursuivirent leur chemin en clopinant, leurs vêtements embrasés. - Non mais je rêve ?! s'exclama le yankee, abasourdi. Ça les ralentit même pas ?! Il tendit sa baguette vers un des zimbéciles plus grands que les autres, mais l'hébété enflammé tira en gémissant sur l'arme, avec une force qu'on aurait pu soupçonner chez une loque baveuse pareille. Myo glapit d'effroi. Elle voulut aider son ami, mais n'en eut pas le temps : des assaillants se rapprochaient d'elle en tendant des mains crispés, couleur ivoire. Elle pétrifia la première ligne d'un mouvement de baguette, mais n'en fut même pas soulagée : ce n'était qu'une question de temps avant qu'une de ces créatures décérébrés ne parviennent à la mordre. Elle en était pleinement consciente. Le cœur et la gorge serrés, elle déglutit : - Je suis désolée, Titus ! Le cowboy, qui donnait des petits coups de pied en pleine tronche au non-zombie qui avait osé lui voler sa baguette, grogna : - Qu'est-ce que tu racontes ? T'y es pour rien si cette foutue sauce est toxique ! - Je ne parlais pas de ça ! s'exclama la fille-chlorophylle. Elle prit une longue inspiration, et lâcha d'un coup : - Je suis désolée parce que t'es mon meilleur ami, et j'ai pas toujours été honnête avec toi ! J'aurais du te faire plus confiance parfois, plutôt que te mentir et te cacher des trucs ! - On s'en fout de ça ! rétorqua le Gamma, en décochant un ultime coup de pied qui fit basculer l'ahuri en arrière. - Et chuis désolée que ça ait pas marché entre nous ! - Bordel, c'est oublié ! Tais-toi et concentre-toi sur ces goules ! Il se pencha vers les nombreuses fioles probablement expérimentales, posées sur la table qui leur servait de perchoir. Et, au hasard, il en jeta quelques unes sur leurs assaillants. La plupart n'eut pas le moindre effet. Une d'elle explosa dans une poudre bleue qui aveugla momentanément le zombie de tête, qui recula en geignant, les mains sur ses yeux. - Et même si on était pas faits l'un pour l'autre je veux que tu saches que je tenais vachement à toi quand même et ça a été un plaisir de te connaître... murmura la dryade, en jetant ci et là quelques petrificus totalis et autres protegos. C'en fut trop pour Titus, qui explosa littéralement et hurla : - PUTAIN MYO TAIS-TOI ! ÇA RESSEMBLE A DES FOUTUS ADIEUX ! - MAIS C'EST DES ADIEUX TITUS ! TU NE VOIS PAS CE QUI NOUS ATTENDS ?! Le yankee tourna la tête, et considéra le visage désespéré, baigné de larmes de la fille-chlorophylle. Il serra la mâchoires, plus résolu que jamais. - Non ! décréta-t-il. Tout en reniflant, Myo se mordit la lèvre inférieure. Elle pensait sincèrement ce qu'elle avait dit. Elle aurait aimé être une meilleure amie pour Titus. Elle aurait aimé ne pas lui cacher sa liaison avec Magnus. Ou le fait qu'elle avait aidé ce dernier à sortir de prison. Ou leur mariage précipité. D'autant plus qu'elle n'avait rien fait de mal, au fond. Mais maintenant que le cowboy et elle étaient littéralement au pied du mur, ce secret, aussi pesant qu'il était, n'avait plus raison d'être. Quelle importance ? La fin était proche. - Eh ben je suis désolée, répéta Myo, d'une voix plus douce que jamais. Mais j'ai besoin de te dire au revoir. J'aurais jamais du avoir de secrets envers toi, et je refuse de partir sans t'avoir dit la vérité ! Alors qu'il venait de jeter sur un de ses adversaires le contenu d'un tube à essai qui n'avait rien fait de plus que de colorer en rouge les cheveux de ce dernier, l'américain fronça les sourcils et jeta une œillade à sa camarade : - La vérité ? Qu'est- ce que tu... Mais un bras un peu trop hardi se tendit, manquant de peu de lui attraper le pied. En jurant, le yankee fit un petit saut en arrière, et attrapa la toute dernière bouteille à sa disposition. Il la décapsula avec les dents, et en aspergea le contenu sur la jeune fille grisâtre devant lui. Et, à son incommensurable surprise, celle-ci se redressa, puis cligna des yeux, étonnée. Elle essuya machinalement son menton maculé de bave d'un bras redevenu rose, et leva son regard bleu turquoise vers les deux Gammas : - Mais qu'est-ce qui s'est passé ? fit-elle. Qu'est-ce que je fais ici ? Titus la fixa, sans y croire : - Manon ?! Tu te sens bien ?! Mais la POP n'eurent pas le temps de lui répondre : dans un cri, elle fut agrippée par les bras gris et avides de la horde derrière elle ; et, quelques morsures plus tard, elle se remit à gémir, les yeux révulsés. Devant l'incroyable scène, Myo resta interdite quelques instants, bouche bée. Puis elle réalisa soudain : - Nom de Dieu c'est l'antidote ! Un sourire mal assuré naquit sur ses lèvres tremblantes, et elle répéta, incrédule : - NOM DE DIEU C'EST L'ANTIDOTE ! T'as trouvé l'antidote Titus ! Qu'est-ce que c'est, bordel ?! Le cowboy, tout aussi pantois, leva la bouteille qu'il avait encore en main devant ses yeux. Qui s'étrécirent aussitôt, sous le coup d'une soudaine colère sourde. Écœuré, il la tendit à la dryade, qui hoqueta de surprise. Sur l'étiquette un peu jaunie de la fiole, une tête chapeautée, terriblement familière, faisait mille clins d’œil roublards, un sourire sournois s'étirant sous son épaisse moustache. En arc, au dessus de cette photo, on pouvait lire, dans un vieux lettrage un peu ringard : « Potion Miracle du Bon Docteur Magouille ! » Et en dessous, l'éternel slogan de ladite mixture, qui aujourd'hui, résonnait tout autrement dans l'esprit de la française : « Guérit de tout, même de la bêtise !!! » |
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DOSSIER ETUDIANT Filière :: Sciences Occultes Description :: Bons Points :: 219Myosotis Grandiflore Messages : 2144
Situation Amoureuse : Célibataire. Ex-chérie de Magnus Magouille, mais ne s'en rappelle pas.
Filière : Sciences Occultes
Sorts Connus : Aguamenti,
Calmos Pacificatum,
Confundo,
Contusionus Encontusiono,
Diffindo,
Episkey,
Failamalle,
Furonculus,
Impervius,
Incarcerem / Lashlabask,
Incendio,
Inflamarae,
Jambencoton,
Nauseis,
Orchideus,
Oubliettes,
Pointe au Nord,
Portus
Protego,
Repello Moldum,
Spero Patronum,
Repulso,
Rictusempra,
Lumps / Nox
Duro,
Amplificatum,
Revigor
Inventaire : Véritasérum,
Amortentia,
Philtre de Requinquance,
Potion Contraceptive (x3)
Potion Miracle du Bon Docteur Magouille (x2),
Tequila Magouilita (x2),
Lait de poule Miracle du Bon Docteur Magouille (x2),
Scrutoscope
Poupée Vaudou
| Sujet: Re: WoW War Z {Concours Permanent !} Sam 11 Juil 2015 - 15:57 | |
| III. ÉradicationLa Potion Miracle du Bon Docteur Magouille ! Myo était d'autant plus surprise que Magnus était le premier à reconnaître que son philtre n’était qu'une cochonnerie radioactive qui ne soignait pas grand chose. Hormis lorsqu'on en prenait en grande quantité : là, ça vous guérissait à coup sur de votre bonne vieille habitude de respirer. Après être restée interdite quelques secondes, la française se mit à réfléchir à toute vitesse, le cerveau en soudaine ébullition. Cet antidote existait bel et bien ! Un antidote que, par ailleurs, on trouvait en quantités faramineuses sur le campus ! Et ça, ça changeait tout ! Il était hors de question qu'elle se laisse mordre maintenant, s'il y avait un espoir d'endiguer la pandémie. Parce qu'à présent, elle avait un but : sauver celui qu'elle aimait. Et elle savait comment atteindre ce but... du moins, l'espérait-elle. Elle prit le flacon des mains du cowboy. Avec le peu qu'il contenait encore, elle aspergea le premier rang des zimbéciles se pressant contre la table qui lui servait de refuge. Et, avec soulagement, elle les vit se métamorphoser, jusqu'à redevenir des êtres humains dignes de ce nom. Puis, sans une once de pitié, elle pointa sa baguette vers les étudiants désorientés, redevenus eux-même, et rugit : - Repulso ! Les quelques malheureux, sans comprendre ce qui leur arrivaient, furent repoussés en arrière avec brutalité, et retombèrent lourdement sur le sol, au milieu de la horde des idiots baveux. Ces derniers, sans doute attirés par la chair fraîche et les neurones retrouvés de leurs potes guéris, se tournèrent vers eux, bras en avant. Et se ruèrent dessus, comme une meute de chiens affamés tombés sur un os appétissant.... en se désintéressant momentanément des deux Gammas. Profitant de cette diversion, la française prit la main de Titus, et l'entraîna à travers la fenêtre de la pièce, qu'elle venait de briser d'un coup de baguette. Mais, une fois sur la maigre corniche qui servait de rebord à la fenêtre, et sur laquelle il y avait même pas assez de place pour les pieds des deux amis, Myo déglutit. Elle sentit sa tête tourner, et elle se força à détourner les yeux, frissonnante d'effroi. Car le sol, en contrebas, lui paraissait terriblement lointain. - Bordel c'est haut, grommela le yankee à ses côtés. Myosotis acquiesça, la gorge serrée. Elle bougea imperceptiblement son pied, et un microscopique caillou entama une interminable chute dans le vide. - Très haut même, asséna à nouveau le Gamma. Elle hocha à nouveau la tête. Un gémissement rauque s'éleva derrière eux, et Myo pointa sa baguette dans sa direction : - Reparo ! La vitre qu'elle avait brisé quelques instants plus tôt se reconstruisit en un clin d’œil ; et plusieurs mains grisâtres s'y plaquèrent aussitôt, avidement. La semi-dryade souffla : - De ce côté là, on a plus rien à craindre... - Et de ce côté ci ? grogna Titus, l’œil posé sur les baveux errants en bas du bâtiment, qui, de là où ils se trouvaient, ressemblaient presque à des fourmis. La jeune femme se mordit la lèvre inférieure. Elle se pencha en avant... et sentit à nouveau son sang se glacer devant la hauteur. Elle releva la tête, blême, et s'efforça de ne pas penser à ce qui l'attendait au bout de ses pieds. - Désolée, j’espérais qu'il y aurait un arbre auquel j'aurais pu demander de nous retenir, un truc comme ça. Et puis je pensais pas qu'on serait au 15e étage... Son ami soupira : - Il nous aurait fallu un balai... Le visage morose de Myo s'éclaira d'un coup : - Mais oui c'est ça ! T'es un génie ! Elle tendit sa baguette : - Accio balai ! Au bout d'une ou deux minutes à peine, le balai sans marque et un peu daté que la jeune femme utilisait pour jouer au Quidditch fusa vers elle, et stationna à ses pieds. La dryade bondit dessus, un peu maladroitement ; puis elle le rapprocha au maximum de la fenêtre, afin que Titus s'installe à l'arrière. Elle s'éloigna alors à toute vitesse, rassurée de fuir enfin. Le cowboy fronça les sourcils devant l'épaisse fumée noir, qui parvenait à s'infiltrer sous la vitre de la corniche qu'il venaient de quitter. - Bordel, on aurait du éteindre les flammes avant de se barrer... Les cheveux aux vent, la dryade haussa les épaules, et rétorqua : - Quelle importance ? On ne connaissait aucun de ces gus. Myosotis ne vit pas le regard étonné que Titus que lui lança, suite à cette remarque sans cœur. Les mains crispées sur le manche de son balai, elle observa, d'en haut, les troupes lentes et claudicantes des victimes de la sauce KFD errer sans but dans les rues de l'université. Il y en avait beaucoup. Vraiment, vraiment beaucoup. Y aurait-il assez de Potion Miracle du Bon Docteur Magouille pour tous les sauver ? - Dis Myo... fit soudain le yankee. - Oui ? - Tout a l'heure t'avais l'air de vouloir me dire quelque chose... genre un secret. Le sang de la dryade se figea, mais elle feignit la surprise : - Ah bon ? - Bah ouais, t'as parlé d'enfin dire la vérité. Myosotis émit un petit rire nerveux : - Non mais je croyais qu'on allait y passer alors j'ai paniqué, et je me suis pas super bien exprimée ! Je voulais dire que la vérité c'était tout ce que j'avais dit avant ! Que j'avais été contente de te connaître, tout ça... - Mmh, lâcha Titus, pas convaincu. Mais il n'insista pas, et Myo en profita pour changer de sujet : - La bonne nouvelle, c'est que maintenant qu'on connaît l'antidote, on peut endiguer l'épidémie, et sauver nos amis. - Yep, acquiesça l'américain. Reste à savoir ou on peut trouver cette merde liquide en grande quantité. Peut-être directement dans le bureau de l'autre fils de pute à moustaches ? La française se crispa, et stoppa le balai, le laissant flotter dans les airs, plusieurs mètres au dessus de la place MMM. D'après ce qu'elle en savait, Magnus devait lui aussi être devenu une sorte d'horrible zombie, tournant probablement en rond dans son bureau. Ou bien marchant sans but, la jambe traînante, dans les couloirs du bâtiment administratif, en poussant ces plaintes gémissantes insupportables. Quoiqu'il en soit, la française n’était pas prête a voir celui qu'elle aimait dans un état pareil. Pas sans avoir de quoi le guérir en tout cas. Elle releva la jambe et s'installa en amazone sur son balai, histoire de faire face à son ami. Puis elle secoua vivement la tête : - Non. J'pense pas que ce soit une bonne idée, fit-elle en tentant de paraître le plus détaché possible. Mais ça devrait pas être un problème de trouver de la Potion Miracle: y'a des distributeurs automatiques Magouille partout ! Titus baissa la tête, et observa les étudiants décérébrés qui occupaient la grande place, au dessous. - C'est même pas la peine d'essayer celui du resto u : y'a trop de foutus zombies là dessous. Les autres distributeurs sont où ? Myo réfléchit, la mine sérieuse, et se mit à compter sur ses doigts : - Heu voyons... y'en a plusieurs dans les gradins du stade... - Ouais, pourquoi pas... enfin, si c'est pas déjà envahi, soupira le Gamma. - Y'en a dans chaque bâtiment de cours... - Trop de risques, y'a toujours plein d’étudiants là bas. - A la FNUC y'en a un aussi ! s'exclama son amie verte. Et dans d'autres boutiques des Champs ! Titus tordit la bouche : - C'est là-bas qu'on s'est fait attaqué tout à l'heure. Nan, faut qu'on trouve un de ces distributeurs à purin, mais dans un endroit plus calme. Si y'a deux trois-tartignoles baveux ça passe. C'est au delà que ça devient dangereux. La sorcière soupira : - Donc, faut qu'on trouve un endroit public, mais où les étudiants ne vont pas beaucoup ? - Ouaip. Un lieu ringard... - ...chiantissime... - ...boudé par la plupart des gens... Les deux Gammas plissèrent les yeux, en pleine réflexion... puis relevèrent la tête, d'un même mouvement : - LA BIBLIOTHÈQUE ! firent-ils en chœur. Titus ouvrit les portes battantes de la bibliothèque qui grincèrent ; le bruit résonna un moment dans la grande salle déserte qui s'offrait à sa vue. Myo tendit le cou, et put se rendre compte, soulagée, qu'ils avaient eu raison : il n'y avait jamais foule, entre ses grandes étagères brinquebalantes, surchargées de livres anciens et autres grimoires. Clairement, à la WoW University, les étudiants préféraient le pub. Les professeurs aussi, d'ailleurs. Alors que les deux Gammas remontaient l'allée centrale à grands pas, un chat au poil râpé galopa vers eux, en grondant. Ni une ni deux, le cowboy lui envoya un coup de pied bien senti qui envoya le malheureux félin au loin, dans un long miaulement rauque. - C'était un zombie ? s'étonna Myo. - Ah non. Enfin j'en sais rien. J'ai juste jamais pu blairer ce bibliothécaire miteux. La jeune femme hocha la tête : en tant que dryade, elle préférait largement les plantes aux animaux. Donc elle n'allait pas faire grand cas de ce sac à puces qui lui miaulait dessus dès qu'elle faisait trop de bruit à son goût. Les deux se dirigèrent droit sur le fond de la pièce, prudemment. Myosotis avait l'impression qu'ils n'étaient pas seuls ici, mais comment en être sûrs, entre les livres qui bruissaient, ceux qui gloussaient de rire, et même ceux qui ne cessaient de tousser dans l'allée Médicomagie ? Elle se promit de garder l’œil ouvert. Et fit face au distributeur clinquant, contre le mur. A côté d'elle, Titus croisa les bras, et renifla son dédain devant la gigantesque face rigolarde du Dr Magouille, peinte sur le ventre de la gigantesque machine. - Qui aurait cru qu'un jour la Potion Miracle guérirait vraiment quelque chose ? lança-t-elle. - Certainement pas ce vieil enfoiré de fils de pute, cracha presque le cowboy. Myo prit sur elle pour ne rien rétorquer de cinglant, mais elle commençait à ne plus supporter les insultes de son ami envers Magnus. Visiblement vexée, elle se renfrogna, ce que le jeune homme ne manqua pas de remarquer. Sans doute la raison pour laquelle, les dents serrées, il donna un grand coup de pied en plein dans la représentation du Doyen, qui résonna sur le métal de la machine. Puis un autre. Et encore un autre. Le tout, sous les yeux ronds de sa comparse aux cheveux verts : - Mais qu'est-ce que tu fais ?! - J'compte pas payer pour cette saloperie ! rétorqua le yankee. Et puis si on arrive à l'ouvrir on aura plus d'antidotes à disposition. La française se mordilla la lèvre : - Mmh. Tu dois avoir rais... AH ATTENTION ! Elle dégaina sa baguette, et pétrifia l'étudiant hébété qui s'était glissé derrière le Gamma. Ce dernier se tourna et soupira : - Oh putain. Merci. La fille-chlorophylle considéra, sans grande émotion, l'idiot-vivant, qui était à présent figé dans une stature grotesque, grimaçant à outrance. Elle le connaissait un peu : il s'agissait de Neville Londubat, un Pi Omicron Pi avec qui elle aimait bien parler de botanique. Elle aurait du se douter qu'il se trouvait là : le peu de fois où elle avait été à la bibliothèque, elle l'y avait croisé. Apparemment, il passait sa vie à étudier pour prouver quelque chose à sa fraternité, ou quelque chose comme ça. - Tu crois qu'il y en a d'autres ? demanda-t-elle. Titus hocha la tête : - Peut-être une ou deux autres têtes d'ampoule de POP, ouais. Faut qu'on fasse gaffe. - Ouais. Essayons d'accélérer le processus. Elle pointa sa baguette sur le distributeur à Potions Miracle, et prononça : - Diffindo ! Mais à sa grande surprise, son sortilège ricocha sur la machine. Aussitôt, une mélodie bien trop guillerette s'éleva comme de nulle part, et la voix faussement enjouée du Doyen clama : « Ahah, bande de chenapans, je sais que vous adorez la Potion Miracle du Bon Docteur Magouille, et c'est normal ! Car la Potion Miracle du Bon Docteur Magouille guérit de tout : même de la bêtise ! Mais un bienfait pareil n'est pas gratuit : chacune de mes délicieuses potions coûte la modique somme d'un gallion ! Mais qu'est-ce qu'un misérable gallion, pour un philtre qui va changer votre vie à tout jamais ? Car la toute nouvelle recette de la Potion Miracle du Bon Docteur Magouille est ENRICHIE EN MIRACLES ! Vous êtes gros et adipeux ? Vous n'avez pas d'amis ? Des boutons purulents couvrent votre disgracieuse face ? C'est votre jour de chance, car vous êtes à un gallion seulement de la solution à tous vos problème ! Je dirais même plus : vous êtes à un gallion du début de votre nouvelle vie !... » Une veine se mit à palpiter sur le front de Titus, alors que la voix de Magouille continuait à énumérer la liste des pseudo-bienfaits de sa potion éponyme. - Oh bordel, mais il peut pas se taire ?! s'écria le Gamma. - Non, soupira Myo. C'est un message préenregistré. - Foutue protection anti-hooligans, grommela le cowboy, tandis que la voix du Docteur poursuivait inlassablement son laïus. Il farfouilla dans ses poches, les palpa, les retourna… et en sortit une unique pièce : - Bordel, j'ai que ça. Et toi ? - J'ai rien du tout sur moi, avoua la jeune femme, penaude. - On va dire que c'est mieux que rien. Titus glissa son gallion dans la fente du distributeur, qui l'avala goulûment dans un horrible bruit de succion. Puis une petite bouteille apparut dans le bras articulé de la machine, qui se tendit vers les deux. - Quand même, il en faudrait plus, dit Myo en s'emparant de la potion. - Ouais mais on a pas de thunes ! Comment tu veux qu'on fasse ? La française se frotta le menton. Elle tourna lentement la tête, et ses yeux tombèrent sur Neville. Aussitôt, un sourire malhonnête s'étira sur ses lèvres... - On lui rendra ses gallions un jour, affirma Titus. - Mais oui, bien sur, lança Myo d'un ton qui sous-entendait clairement le contraire. - Et faudra penser à le dé-pétrifier aussi. - Mais oui. Bien sûr. Les deux Gammas, qui fusaient dans les airs sur le balai de Myosotis, survolèrent la grande avenue des Champs Z'Allons-y, à quelques dizaines de mètres du sol. Ils débouchèrent toutes les bouteilles qu'ils avaient pu acheter avec l'argent trouvé en faisant les poches de Londubat, et en aspergèrent les zimbéciles errants. Et très vite, ils purent constater que cette pluie de Potion Miracle faisait son office : peu à peu, les étudiants grisâtres reprirent des couleurs, et leurs yeux révulsés se mirent à cligner à nouveau. Soudain, le cœur de la dryade bondit dans sa poitrine, et elle sauta à terre en glapissant : - Hiiiiii Kim ! Elle fendit la foule décontenancée, et courut droit dans les bras de la métisse éberluée. - Heu... Myo ? fit cette dernière. Mais qu'est-ce qui s'est passé ? Et qu'est-ce que je fais là ? Et c'est qui tous ces gens ? Sans se soucier des larmes de joie qu'elle n'avait pu retenir et qui coulaient sur ses joues, la fille-chlorophylle serra son amie contre elle, trop émue pour lui répondre. Heureusement, la batteuse eut vite droit à des explications : au milieu des murmures surpris des étudiants guéris, la voix autoritaire de Titus s'éleva. - LES GARS ! ÉCOUTEZ MOI ! Comme un seul homme, l'assemblée des anciens hébétés se tourna vers le Gamma. Ce dernier, resté sur le balai histoire de se faire voir de tous, levait ses mains, paumes en avant, pour demander le silence. - ON VIENT DE VOUS SAUVER, ET MAINTENANT ON A BESOIN DE VOTRE AIDE ! clama-t-il. JE SAIS QUE VOUS ÊTES DÉSTABILISÉS ET TOUT, ET C'EST NORMAL : À CAUSE DE CETTE SALOPERIE DE BOUFFE GRATUITE DU KFD, VOUS AVEZ TOUS ÉTÉ TRANSFORMÉS EN PUTAIN DE ZOMBIES !... enfin, plus ou moins zombies, disons... - Ça explique beaucoup de choses, admit Kimberlie, que Myo n'avait toujours pas lâché. - MAIS ON A TROUVÉ L'ANTIDOTE ! poursuivit le Gamma, juché sur son balai. ET MAINTENANT VOUS DEVEZ NOUS AIDER À SAUVER LES AUTRES CLAMPINS QUI ERRENT SUR LE CAMPUS ! - C'est quoi l'antidote ? demanda une sorcière plus alerte que les autres. Le regard du cowboy s'obscurcit brusquement : - Oh bordel j'arrive pas à croire que je vais dire ça... bougonna-t-il pour lui même. Avant de crier avec une mauvaise humeur manifeste : - C'EST LA FOUTUE POTION MIRACLE DE CE FOUTU DR MAGOUILLE ! ACHETEZ TOUS LE PLUS DE POTION MAGOUILLE QUE VOUS POUVEZ, ET DÈS QUE VOUS CROISEZ UN ZOMBIE, ASPERGEZ LE AVEC ! SEULE LA POTION MAGOUILLE PEUT VOUS SAUVER ! ET DES QUE VOUS SOIGNEZ UN GUS, DITES LUI ! FAITES PASSER L'INFO, QU'ON EN FINISSE AVEC CETTE ÉPIDÉMIE DE MERDE ! Myosotis considéra la foule autour d'elle, et fut surprise de voir que nombreux étaient les étudiants qui hochaient la tête avec ferveur, qui laissaient échapper un "ouais, normal" ou "ça n'a rien d'étonnant !", ou même, qui sortaient de leurs sacs des petites fioles de ladite Potion Miracle. Un murmure d'approbation parcourut l'assemblée, tandis que l'américain s'époumonait, tel un prédicateur un peu fou : - SEULE LA POTION MIRACLE MAGOUILLE PEUT SAUVER LA WOW !!! Éreintée par sa journée mouvementée, Myosotis s'assit sur le rebord de l'immense fontaine de la place MMM. Elle leva la tête et regarda les nombreux balais qui fusaient au dessus de sa tête, pour finir le travail que Titus et elle avaient débuté. Maintenant que d'autres avaient pris le relais, elle avait bien mérité un peu de repos. Même s'il lui restait encore quelqu'un à guérir... Une ombre la surplomba d'un coup, et une voix grave lança avec bonne humeur : - Voilà qui est parfait ! La dryade releva des yeux surpris : devant elle, le Docteur Magouille, haut de forme vissé sur le crâne, scrutait le ciel avec satisfaction. - Magnus ?! Se relevant d'un bond, elle sauta au cou du moustachu et l'embrassa à pleine bouche, se fichant bien des éventuels regards choqués des étudiants alentour. Puis, lorsqu'elle lâcha enfin son époux, ce fut pour le considérer avec surprise. - Ça va ?! Je te croyais atteint ! Ou alors quelqu'un t'a donné de l'antidote ? Je comptais y aller justement ! Mais rien que l'idée de te voir en zombie m'était insupportable ! Les sourcils de Magouille se froncèrent. - Que racontes-tu ? Je n'ai jamais été touché par cet ignoble virus ! Un voile d'incompréhension passa sur le regard de la française. - Ah bon ? Mais quand je t'ai appelé tout à l'heure, j'ai cru que Saussurus avait été zombifié, et... - Oui, lui oui, la coupa le Doyen. Mais il m'a suffi d'un litron de ma fameuse Potion Miracle pour le rendre aussi normal qu'un imbécile comme lui puisse l'être. Il a également gagné un mois au cachot, au pain sec et à l'eau croupie, pour lui apprendre à baver sur mon tapis. - Ah, fit la dryade. Bon. Tant mieux, si tu vas bien. J'ai du me méprendre, comme mon miroir a coupé notre conversation juste à ce moment là... Le Bon Docteur regarda sa femme comme si elle était idiote. Puis il finit par soupirer : - Si ton miroir a coupé, c'est peut-être parce que j'avais raccroché. - Tu avais raccroché ?! s'étonna son interlocutrice. - Notre conversation était terminée. - Tu plaisantes ?! manqua de s'étrangler l'étudiante aux cheveux verts. Mais j'ai essayé de te rappeler, et tu répondais pas ! J'étais hyper inquiète, et j'ai imaginé le pire ! Le Doyen haussa les épaules, nonchalamment. - Je suis un homme fort occupé. Myosotis soupira, blasée. Mais elle commençait à bien connaître Magnus : il n'était ni honnête, ni prévenant, ni même un tant soit peu gentil. Elle avait appris à s'y faire. Et puis, après tout, l'important c'était qu'il aille bien, et qu'importe si elle s'était fait du mouron pour rien. Soudain elle réalisa ce que venait de dire Magnus, et tiqua. - Attends voir... tu savais que ta potion était l'antidote ?! Le chapeauté n'essaya même pas de démentir : il se contenta de se lisser le bout de sa moustache, particulièrement fier de lui. - Bien évidemment ! Dire que je pensais faire publiquement l'annonce de l'antidote, par moi-même ! Mais c'était bien vu d'en faire faire la trouvaille par des étudiants, Myosotis ! C'est encore plus crédible ainsi ! Les épaules de la française s'avachirent. - Oh putain, c'était toi, grommela-t-elle, les yeux mi-clos. T'avais tout prémédité depuis le début. J'aurais du le deviner, pourtant... Le moustachu toisa la dryade, une lueur amusée dans son regard vairon. - Bigre, Myosotis, crois-tu que je sois machiavélique au point de te payer une nuisette transparente et particulièrement aguichante, de te la faire porter puis de te faire boire afin que le lendemain tu te lèves après moi, pour te faire inopinément tomber sur ce vieux libidineux notoire de Général du KFD ? Afin que, troublé par ton opulente poitrine dévoilée, il en oublie de vérifier si j'ai bien signé notre contrat, et qu'il me paye néanmoins grassement ? Me penses-tu machiavélique au point d'avoir manigancé tout cela dans l'unique but de pouvoir porter plainte contre lui et toucher le gros lot, lorsque sa sauce, modifiée par mes soins en secret, métamorphoseraient nos braves étudiants en crétins notoires ? Son sourire mauvais s'élargit : - Oh, oui, c'est vrai : je le suis. Myo poussa un profond soupir. A vrai dire elle n'était même pas étonnée qu'il soit coupable. Ni étonnée, ni même déçue. Elle se sentait juste excessivement lasse. Le Docteur la dévisagea un moment : - Pourquoi fais-tu donc cette tête ? se plaignit-t-il. - Je suis ta femme : t'aurais pu me prévenir, maugréa-t-elle. - Je t'ai prévenu, rétorqua le Doyen. Ne t'avais-je pas dit de ne pas manger de Kentucky Fried Dragons ? Myo se mordilla la lèvre inférieure : même si elle avait du mal à l'admettre, c'était là le maximum d'attention envers un autre être humain dont Magnus était capable. Elle devait déjà s'estimer heureuse d'être la seule au monde à en bénéficier. - T'as gagné beaucoup, au moins? demanda-t-elle, résignée. - Tu plaisantes : selon mes premières estimations, les ventes de ma potion ont plus que triplé dans l'université ! s'exclama-t-il, bienheureux. Et avec les articles couvrant l’événement que m'ont promis les principaux journaux sorciers, je gage qu'elles tripleront très vite dans tout le pays ! Et cela sans parler de ce que je compte soutirer à ce paltoquet de Général : il sera bientôt ruiné ! Et nous allons devenir riche, ma pouliche ! Enfin... encore plus riche ! Il baissa à nouveau les yeux sur la jeune femme et la considéra avec concupiscence : - Veux-tu faire l'amour sur des montagnes de gallions pour célébrer tout cela ? proposa-t-il. Myosotis ne put s'empêcher de sourire. Elle connaissait bien Magnus : il n'était ni honnête, ni prévenant, ni même un tant soit peu gentil. Mais elle devait admettre qu'elle ne s'ennuyait jamais avec lui. Pas une seconde. |
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