Retrouvailles
AVEC : Lucrécya
PRIVÉ / PUBLIC : Privé
DATE : 3 avril


Le teint rosi par le froid d’avril, Manon avançait dans les Champs Allons-y d’un pas assuré. Sa veste cintré d’un ton bleu était à moitié ensevelie sous l’épaisse écharpe colorée qui retombait sur son jean.

Cette dernière regardait avec envie chacune des vitrines des boutiques elle était d’humeur joyeuse : Les examens qui approchaient, la rendait sereine, car tout rentrait dans l’ordre pour la petite expérimentaliste. Plus de zombies, plus d’êtres malfaisants, sa famille était devenue la famille soudée dont-elle rêvait, c’était d’ailleurs bientôt l’anniversaire de son frère, il fallait qu’elle trouve quelque chose. Et si possible quelque chose qui n’explosait pas comme l’année dernière ou quelque chose qui ne tenterait pas de le bouffer comme il y a deux ans. Bon elle trouverait bien, mais elle devait avant tout se concentrer sur les livres qu’elle devait acheter.

Elle entra dans sa boutique préférée et disparu entre les rayons, le mélange d’odeur de moisissure avait de quoi donner le tournis à n’importe qui, mais Manon sans le savoir pourquoi l’adorait. Elle s’éloigna d’un livre cracheur de feu qui brûlait son voisin, évitant la morsure des livres monstres qui ne l’intéressaient pas et entra plus profondément dans la boutique. Sur un présentoir en chêne la pile de livre l’attendait. La couleur étonnement blanche pour un vieux livre, le faisait sortir du lot. La volonté de son auteur sans aucun doute, Sigma Firmind avait toujours su se démarquer. Elle ouvrit une page au hasard et un air doux et fruité envahit ses narines.

- C’est ça qu’il me faut pour approfondir mes connaissances.

Murmura-t-elle dans un sourire joyeux.

- Ah oui et le carnet et la plume de Carrie Edm…

Avant même qu’elle termine de citer son nom, le dit carnet sauta dans sa main accompagné de sa plume, il y avait vraiment quelque chose de plaisant dans ce magasin.
Décidée, Elle sort ses galions et s’approcha de la caisse quand leurs regards se croisèrent.
Cette petite taille ne la faisait pas apparaître moins menaçante et ses sourcils froncés sous ses cheveux sombres.

*la fille violente au balai et à la batte de sang…, je ne dois pas rester là*

Manon fit volteface et accéléra le pas vers le fond du magasin ne voyant pas de sortie secondaire elle se concentra sur un rayon parlant des merveilles de la cuisine moldu.

- Tu tombes bien machin, je te cherchais.

La voix de Lucrécya sans aucun doute, Manon ne put s’empêcher de se retourner vers l’AAA le regard fuyant espérant toujours une porte de sortie.

- Euh…mais pourquoi ? Je t’ai dit que je ne voulais plus de cours non.

- C’n’est pas pour ça, maugréa la petite brune

-Ahah…bien sûr…c’est sûrement pour ce que j’ai fait à Marcus dans ce cas, mais si ça peut te rassurer, il n’est pas mon genre et je n’étais pas dans mon état normal ce jour-là alors…euh sans rancune ?

Manon tenta de sourire mais celui-ci s’effaça quand elle aperçut Séraphine à la ceinture. Le silence ce fit un instant rendant la tension palpable la plupart des livres de cuisine s’étaient d’ailleurs dispersés ailleurs ne laissant plus que les jeunes filles seules.

Quiconque connaissait Lucrécya pensait qu'elle n'avait rien à faire dans une librairie, et qu'elle n'y posait jamais les pieds de son plein gré. Eh ben, ce quiconque se trompait lourdement. La petite AAA allait souvent dans la librairie « Aux Milles Feuilles », de l'avenue commerçante les Champs Z'Allons-Y.

Bon, okaaay, la première fois qu'elle y était rentrée, c'est parce qu'elle avait envie de grailler, et, avec ce nom de merde, elle avait pris la boutique pour une pâtisserie. Autant dire qu'elle avait été très déçue, ce jour-là.

Mais toutes les fois d'après, elle avait fait exprès d'y aller. EH OUAIS ! Elle aussi elle pouvait être culturée (ou... cutivationnée? C'tait quoi l'mot déjà ?). Elle aussi elle pouvait aller dans des repaires à têtes d'ampoule ! Elle aussi elle avait des hobbys de gens malins du cerveau, comme la lecture !

Et en l'occurrence, son hobby s'appelait Walking Undead, et c'était juste la meilleure putain de BD du monde sorcier ! Y'avait du zombie, du cul, des connards qui tentaient de survivre, et des morts violentes à chaque épisode ! Bref, Lulu était une grande fan. Et elle passait des aprems entiers à lire les derniers tomes, sans les payer, assise par terre dans un coin de la librairie, sans que les employés n'osent l'en déloger. C'est pour ça qu'elle préférait les petits commerces à la FNUC : aucun service de sécurité, et des vendeurs sans cojones !

Bref, lire cette bd c'était son p'tit rituel hebdomadaire. D'habitude, elle adorait ça. Mais le tome de WU cette semaine... nan mais nan, quoi. Déjà, on voyait pas assez de zombies à son goût : c'pas parce que des vrais de vrais avaient failli la boulotter quelques jours plus tôt qu'elle appréciait pas d'en voir se faire défracter le crâne sur le papier ! Mais non. Le héros avait arrêté ses tueries zombiesques habituelles, pour... pour... oh c'était tellement horrible... pour TAPER LA DISCUTE !

Ca faisait bien vingt pages que ça durait ! Pas d'action, que du blabla ! Et y'avait des trucs qui échappaient à la brunette. Et pas qu'un peu.

-Dichotomie ? C'est un mot qui n'existe, ça ? ronchonna la petite batteuse. Et.. ép... épiphanie ?  Ri... ri... risque d'a.. anémie ? Kékeuh...  RHAAA CA ME GONFLE !

Elle jeta violemment la bande dessinée par terre, dégaina sa batte, et frappa avec sur le papelard plusieurs fois, sous le regard effrayé de la libraire, qui préféra s'enfuir dans un autre rayon.

Lucrécya grogna, et enfonça ses mains dans son manteau . Dire qu'elle venait ici pour se détendre ! Histoire d'oublier qu'elle avait un devoir à rendre, pour son cours d'Equitation Sorcière ! Mais non seulement ce comics à la mords-moi la baguette ne l'avait pas détendu pour une noise, mais en plus, elle était encore plus en rogne qu'avant !

Elle remonta l'allée sous les bruissements des Bds et autres livres colorés.. et soudain, elle la vit. La plus tête d'ampoule de toutes les têtes d'ampoule qui peuplait le campus : Machin Léandre ! Et d'un coup, Lulu eut une illumination.

-Crénom d'un balai, mais c'est bien sûr ! croassa-t-elle de sa voix éraillée.

C'était un timing parfait, un putain de signe du destin ! Parce que ça collait parfaitement au plan improbable qu'elle s'était fait dans sa tête un peu plus tôt, sauf qu'avec bidule, ça devenait beaucoup moins improbable...

Elle esquissa un sourire en coin qui n'augurait rien de bon, et aborda Léandre :

-Tu tombes bien machin, je te cherchais.

Une ombre passa dans les yeux très bleus de la POP :

-Euh…mais pourquoi ? Je t’ai dit que je ne voulais plus de cours non.

-C’n’est pas pour ça !

La Pi Omicron perdit toute contenance :

-Ahah… bien sûr… c’est sûrement pour ce que j’ai fait à Marcus, balbutia-t-elle, dans ce cas, mais si ça peut te rassurer, il n’est pas mon genre et je n’étais pas dans mon état normal ce jour-là alors…euh sans rancune ?

Lucrécya cligna plusieurs fois des yeux :

-Que-quoi ? De quoi tu baves ?

-De la fois où j'ai embrassé Marcus et...

Manon pâlit à vue d'oeil, et se mit à bégayer :

-Je... euh... tu... tu... t'étais pas au courant ?

Le regard de l'Alpha se durcit, et elle siffla :

-Nan mais si mais nan j'm'en bats, Marcus et moi on est plus ensem...

-PITIE ME FRAPPE PAS !

La Pi Omicron accompagna son cri par un mouvement brusque de recul.

La batteuse leva les yeux au ciel :

-Mais j'vais pas te frapper, patate, j'ai besoin de toi !

-Ah ? lâcha Manon, soulagée.

-Enfin... j'vais pas te frapper pour le moment. Ça dépend. Si tu coopères ou pas.

Soudain, Lulu prit le bras de la jeune femme avec une poigne de fer, et la tira hors de la librairie. Elle fit de grandes enjambées jusqu'à une ruelle derrière les boutiques, et y lâcha l'expérimentaliste.

-Lucrécya, j'ai pas payé mes achats... fit doucement cette dernière.

-Ben, tant mieux pour toi, cracha la brunette.

Elle croisa les bras, et toisa son interlocutrice, qui faisait pourtant une bonne tête de plus qu'elle.

-Euuuh... tu veux de l'aide, donc ?

-Ouais.

-Pourquoi ?

Lulu tergiversa quelques secondes, en dansant d'un pied sur l'autre. Finalement, elle sortit un parchemin froissé qu'elle jeta à sa comparse. Cette dernière l'attrapa de justesse, et le déplia consciencieusement.

Puis elle le lut, et son sourcil s'arqua :

-C'est...

-Mon devoir d'Equitation, expliqua Lucrécya. J'dois le rendre lundi. Mais... comme qui dirait, je sèche.

Manon relit une nouvelle fois l’œuvre.

Sous l'intitulé « Que pensez-vous de la nouvelle vague de dressage des sombrals d'équitation ? », une écriture de cochon, raturée de partout, avait écrit d'un trait malhabile : "NAH MÉ KESKE SA PEU TE FOUTR' SE KE J'PENSE ???"

-Ton approche est... intéressante, dit diplomatiquement la sorcière aux yeux bleus, en pinçant les lèvres.

-NAN ! tempêta l'autre. C'EST TOUT MOISI DU DERCHE ET JE SAIS !

-Oui, oui ça l'est, admit finalement l'intello. Et donc, tu veux que je te fasse ton essai, c'est ça ? soupira-t-elle, habituée qu'elle était à se faire racketter des devoirs.

-Nan ! s'offusqua Lulu. Enfin, normal'ment ouais j'aurais fait ça, mais là mon prof il m'a genre trop à l’œil, parce que j'ai séché à donf et tout, et il se rendra compte si c'est pas moi qui le fais !

-Alors, qu'est-ce que tu attends de moi ?

Les sourcils de la petite batteuse se froncèrent, sérieuse :

-J'veux que tu m'rendes finaude.

La jeune fille triturait ses mains essayant de comprendre où l’AAA voulait en venir.

- Finaude ?

- Oui Finaude, ce n’est pas compliqué non le truc qui te fait avoir réponse à tout, l’inininintelligence c’est ça tu va me faire une potion d’inininintelligence.

- Euh Lucrécya tu ne veux pas parler d’intelligence.

- On s’en fou de ça, rend moi finaude, c’est tout ce que je te demande.

La jeune sorcière baissa la tête s’attendant à un coup qui ne vient pas, les seconde passèrent l’une après l’autre, toujours aucun coup… car la jeune fille ne cherchait pas forcément un moyen de s’en sortir non, ni comment se lancer dans une potion d’intelligence quasi impossible à réaliser. Elle se demandait plutôt comment soigner son corps une fois que Lucrécya s’occuperais d’elle.

- ALORS, on ne va pas y passer la journée… c’est que j’ai mon devoir à rendre moi.

- Mais…

- QUOI ?

- Mais Lucrécya… Tu…

- Bon sang parles je comprend rien, à ce que tu me dis :

Manon pris une grande inspiration.

- On ne devient pas intelligent grâce à une potion.

- Tu dis quoi :

- On ne devient pas intelligent grâce à une potion.

- Machin parle plus fort je comprend rien.

Manon pris son courage à deux mains et leva… enfin baissa les yeux sur l’AAA :

- ON NE DEVIENT PAS INTELLIGENT AVEC UNE POTION.

Le visage fermé de l’AAA, se plissa et ça bouche s’ouvrit avant d’éclater d’un rire raillard. Manon regarda autour d’elle sans comprendre ce qui la faisait rire.

- T’es vraiment drôle pour une POP.

- Hein ?!

- Tu es en train de me dire que ton inininintelligence n’est pas du à une potion ?

- Euh nonnnn effectivement

- et que la taille de ton cerveaux n’est pas du au temps que tu passe chez les POP, à boire des potions pour augmenter ton inininintelligence.

Manon secoua la tête pour confirmer la blague.

- Et que le temps qu tu passe dans la bibliothèque c’est vraiment pour lire tout ces livres pompeux sans images ?

- Oui, dis faiblement la POP, il n’y a pas de solution de fac…

- Impossible ? Il y un truc et tu sais quoi ? Je sais ce que c’est :

La jeune fille recula sentant le mur frais d’une boutique contre elle.

- Vos lunettes… c’est ça hein ? Des lunettes de myope développe l’ininininteligence… ça t’en bouche un coin hein ? Pas besoin d’être finaude pour deviner ça.

Lucrécya la secoua comme un prunier, l’empêchant de dire qu’elle n’avait jamais porté de lunettes…. Sa tête cogna finalement le mur et sa vue se troubla.

- Allez tu me rend finaude et ni vu ni connu tes copains les POP ne sauront pas que tu as vendu la mèche… On fait comme ça ?

Le sourire de Lucrecya n’était pas communicatif, ça non, mais la POP se sentit forcée de sourire Lucrécya la rencognerait contre le mur si elle disait non. Aspirant une grande bouffée d’air elle répondit espérant que ça mettrait un terme à son calvaire…

- Euh d’accord !

Lucrécya faisait le pied de grue devant la librairie « Aux Mille-Feuilles ». Et elle commençait sérieusement à se demander si la Pi Omicron Pi aux yeux turquoises ne s'était pas carapaté par une porte arrière de la boutique. Ou si elle avait pas transplané. Ou un truc sournois de tête d'ampoule du genre.

D'ailleurs, c'était rudement louche qu'elle ait voulu retourner dans cette vieille librairie poussiéreuse. Lulu voyait pas l'rapport avec sa potion d'inininintelligence, et elle commençait à se sentir flouée. Et quand on la flouait, elle avait tendance à s'énerver. Et quand elle s'énervait, elle brisait des clavicules avec sa batte Séraphine.

Mais heureusement pour elle et pour ses os, Manon finit par en ressortir. L'Alpha aux cheveux noirs s'exclama d'une voix croassante :

-Ah ben j'ai failli attendre !

-Désolée, répondit l'expérimentaliste. J'en ai profité pour régler mes achats de tout à l'heure.

Lulu ne put s'empêcher de grimacer de dégoût.

-N'importe quoi. Moi j'veux juste la malignitude des POP hein, t'as pas intérêt de me rendre aussi désmalhonnête qu'eux.

-Désmalhonnête ?

-Yep.

-Tu veux dire... honnête ?

-Tu m'as très bien compris, persifla Lulu. Alors arrête de faire la finaude, Machin !

Y'avait pas à dire, Manon n'en menait pas large, devant l’œil noir assassin de la batteuse, pourtant bien plus petite qu'elle. En tremblant légèrement, elle lui tendit un sac en plastique, au nom de la librairie :

-Tiens, je... j'ai acheté ça pour toi.

L’œil soudain brillant, Lulu ouvrit fébrilement le sac, comme un enfant devant un cadeau de Noël... mais sa déception était évidente :

-Une plume ? Pour écrire ?

Manon hocha la tête :

-Oui c'est une plume enchantée pour...

-Une plume enchantée pour donner les bonnes réponses aux putain de tests ??? s'enthousiasma de sa voix éraillée la brunette. C'est ça vot' secret Pi Omicron Pi ?!

La jeune femme aux yeux bleus rougit, gênée :

-Non, non, pas du tout ! Elle empêche juste de faire des fautes d'orthographe ! C'est le modèle qu'utilisent les journalistes et les écrivains !

-Hmpf. Si tu le dis.

L'Alpha fourra la plume dans la poche ; ça pourrait éventuellement servir, sait-on jamais. Et, les sourcils froncés, elle jeta un nouveau coup d’œil dans le sac en plastique :

-Et c'est quoi ce gros livre ? C'est le grimoire où y'a la recette pour la potion pour m'rendre comme qui dirait finaude ?

Manon pinça les lèvres :

-Je t'ai déjà dit, une telle potion n'existe pas.

-Alors c'est quoi ça ?

-Ben...

La lilliputienne prit l'épais bouquin en mains, et lut le titre en plissant les yeux :

-Dictionnaire ? Tu m'as offert un foutu dictionnaire ?! TU TE FOUS DE MA RACE ?!

-C'est pas n'importe quel dictionnaire ! se défendit la POP. C'est un dictionnaire-babilleur ! J'ai pensé que tu pourrais l'ouvrir sur ta table de chevet la nuit, et enrichir ton vocabulaire de manière subliminale, en dormant ! Ca marche, tu sais !

-Heing ?

-Ouvre-le ! Tu verras !

Lulu ouvrit une page au hasard ; aussitôt, une voix pincée et haut perchée, digne de la plus revêche et vieille fille des institutrices, s'éleva en récitant :

« BABOUCHE ! Nom féminin, du turc papuş, chaussure. Pantoufle sans quartier et sans talon, portée dans les pays musulmans. BABOUCHKA ! Nom féminin, du russe babouchka, grand-mère. Vieille femme russe. BABOUIN ! Nom masculin. Singe cercopithèque d'Afrique et d'Arabie caractérisé par son museau allongé. »

Lucrécya referma d'un coup le livre, et fusilla du regard son interlocutrice.
Cette dernière arborait un sourire horriblement figé, dégoulinant de crainte et d'appréhension. Et vu la tronche de sa camarade, elle avait raison de craindre et d'appréhender.

-Tu t'fiches de moi ? siffla Lulu.

-Pas du tout !

-Je veux pas de tes cadeaux pourraves ! JE VEUX DEVENIR FINAUDE !

-Mais si tu écoutes ce livre pendant quelques semaines, je suis certaine que...

-CRENOM D'UN BALAI, JE VEUX DEVENIR FINAUDE, GENRE, MAINTENANT ! ALORS TROUVE QUEQU'CHOSE DE RAPIDOS OU J'VAIS AVOIR LES GLANDES !

Lucrécya plongea ses yeux brillants de colère dans ceux effrayés de l'intello. Cette dernière jeta un brève œillade à la batte que son interlocutrice serrait dans son poing. Elle déglutit, soudain bien pâle.

Manon plongea ses grands yeux effrayés dans ceux vert de l’AAA, comment allait-elle se sortir de ce guêpier, Lucrecya demanda l’impossible à la POP qu’elle était, et si la jeune POP n’avait pas aussi peur elle serait surement agacée de ne pas pouvoir créer une telle potion, mais là il s’agissait d’un tout autre problème.

Devant l’attente surement trop longue de sa réponse, Manon vit avec horreur que sa camarade ressaierait sa main autour de sa batte.

*Je ne veux pas mourir maintenant et encore moins sous la batte de quelqu’un… hurla-t-elle intérieurement*

S’en suivit une étrange discussion intérieure :

* Eh bien fait quelque chose non? tu avais bien plus de courage en Grèce…
- Mais je n’étais pas seule…
- Et à côté des caves du bâtiment expérimental ? C’est rien ça !
- Ne me parle pas de ça !!
-alors trouve une solution.
- Mais une potion d’intelligence ça n’existe pas, c’est physiquement impossible.
- Mais tout ce qu’elle veut c’est une potion !!!
- QUOI ?
- Donne lui une potion n’importe laquelle et après, quitte l’université ce n’est pas plus simple que ça…
- Parle pour toi…*

Soudain un hurlement retentit dans ses oreilles, Manon s’écarta en se les bouchant et jeta un regard affolé à l’AAA retenant quelque peu la remarque acerbe, qui n’arrangera surement pas son cas.

- Réveillée ? Parce que t’avait vraiment une tête chelou il y a quelque seconde encore.

- Euh oui ça va…

- Ok super par ce qu’il te reste 1 minute pour me rendre super méga ininintelligente….

*Donne lui une potion… potion…potion*

- Allez je suis sûr que tu gardes ça dans ton sac, surement de la poudre, en plus des lunettes de myope, ou alors une potion.

*Potion, potion, potion....*

Sa migraine ajoutée à son état de stress n’arrangeant rien. Elle souffla bruyamment en fouillant dans ses affaires.

- Ok, ok j’ai ce qu’il te faut.

Le visage menaçant de Lucrécya s’adoucit, elle se permettait même un petit sourire satisfait que Manon ignora trop occupée à prendre une potion qui ne présentait aucun risque immédiat pour sa consœur.

- Tu en mets du temps elle où ta foutu potion laisse-moi t’aider.

- NON c’est bon j’ai trouvé.

Répondit Manon à bout de souffle. Elle tendit enfin la fiole à l’étudiante qui l’étudiant avec grande attention et surtout un peu de méfiance en effet cette potion était dans une fiole normal, de taille normal avec un bouchon en liège normal mais l’intérieur pouvait paraitre bizarre, il était…

- c’est quoi ce truc rose licorne, ne cherche pas à m’empoisonner.

- Euhh non évidement que non pourquoi je te ferais ça… et c’est sur rose nacré mais bon la couleur représente… euh l’intelligence concentrée et prouve la qualité… tu vois la potion de la bêtise ? Elle est complétement kaki eh bien là c’est totalement l’inverse tu peux la boire sans danger je te dis, personnellement j’en bois tous les matins et quelque goutte dans le jus de tricouille effet bonne mine garantie.

-mais c’est rose licorne…

- Lucrécya tous les POP s’arrache cette potion, donc si tu ne la veux pas... Euh je peux la récupérer ?

L’AAA la fixa avec un air de défi et déboucha la fiole elle en bu une bonne rasade devant l’air affolé de l’expérimentaliste.

*fuis*

- Bon je pense que tu n’as plus besoin de moi… maintenant que tu es super intelligente, et puis j’ai beaucoup de travail tu sais, améliorer des potions à la bibliothèque, fuir les PAF se planquer à la bibliothèque des choses de POP quoi.

Manon n’avait aucune envie de voir sa potion de beauté expérimentale faire des ravages elle tourna les talons et commença à s’éloigner discrètement.

Une main à la poigne de fer s'abattit sur l'épaule de la Pi Omicron Pi, et la serra comme un étau.

-Hep hep hep, attends un peu Machin, pas si vite ! siffla la voix éraillée de Lucrécya.

Manon se retourna craintivement, tout en grimaçant de peur (et un poil de douleur).

-Ou... Oui ? T... T'as encore besoin de moi ? balbutia-t-elle, une goutte de sueur perlant sur son front. Parce que j'ai des devoirs à faire ! Beaucoup de devoirs !

-Nah mais tu crois quoi ? cracha Lulu. Que j'vais te laisser filer avant d'être sûre que ton truc rose licorne chelou a marché ?

-Je... commença Manon.

L'Alpha lâcha sa camarade, et leva un sourcil surpris :

-Nah mais attends voir... C'est vachtement finaud comme idée que j'viens d'avoir là !

-Quelle idée ? osa demander l'expérimentaliste d'une toute petite voix.

-Ben ça ! Pas te laisser partir, tout ça ! C'est une vachte bonne idée, ça me ressemble pas ! P'têt' ben que ça veut dire...

La sorcière à la voix rocailleuse écarquilla soudain les yeux, et cria presque :

-P't'êt' ben que ça veut dire que ta potion de malignitude a marché !  Mais ouais ! Ma caboche turbine à plein gaz !

Sentant que c'était là sa chance, Manon hocha vigoureusement la tête :

-Oui ! Oui ! Exactement ! Ça a marché, j'en suis sûre ! Mais là je dois vraiment aller faire mes dev...

Et, alors qu'elle fixait la petite batteuse,  elle s'interrompit et pâlit brusquement, les yeux arrondis :

-Oooh...

-Quoi ?

-Non, je... Rien, ahah...

Lulu fronça les sourcils : la jolie châtain, qui jusque là la fixait avec peur et déférence, avait soudain les yeux fuyants, et gloussait d'un rire nerveux. C'était chelou chelou chelou. Ou comme disait Mali, y'avait ''mornille sous roche''. Lucrécya ne put s'empêcher de s'esclaffer : dingue ça, maintenant qu'elle était desinintélligente, elle se mettait à penser avec les expressions à la mord-la-baguette de sa tête d'ampoule de bestah ! Si ça c'était pas genre la preuve qu'elle était devenue grave plus finaude ! ROH ! Si ça se trouve maintenant elle était ENCORE plus intello que la métisse ! Comment Mali allait être fière d'elle !

Mais, elle devait se concentrer, et en revenir à ses dragons. (Rhrh encore une expression d'intello... enfin bref.) Ou plutôt, en revenir à ce qu'elle réflexionnait juste avant. C'est-à-dire... Euh... Qu'est-ce qu'elle réflexionnait, juste avant, déjà ?

Elle leva le regard vers Manon, et réalisa que celle-ci la dévisageait, horrifiée.

-Bah quoi ? grommela-t-elle. J'ai un truc sur ma face ?

La Pi Omicron aux yeux bleus sursauta, devant l'air bougon de l'AAA à la batte :

-Euuuh oui, enfin, non, enfin... c'est pas ça, mais... bafouilla-t-elle. Nooon, c'est pas ce que je voulais dire, mais... euuuh...

-Hein ? Qu'est-ce que tu baves ?

-Mmh... rappelle-toi que c'est une potion expérimentale, okay ?

Manon avait la voix tremblotante, les pupilles dilatées, et transpirait la nervosité. Et la regardait genre chelou. OKAY, fallait pas être un génie, ce qu'elle était A L'EVIDENCE devenue, pour comprendre qu'un truc était parti en cahouètes quelque part sur son sublime visage. Genre acné de POP, ou truc du genre.

Suspicieuse, la batteuse sortit de son miroir à double sens, et se le planta devant la face.

Durant quelques secondes, elle se demanda pourquoi cette cagole aux yeux plissés, dans le reflet de la glace, la fixait d'un air aussi intense.

Puis, enfin, elle comprit.

-Crénom d'un balai ! Mais c'est quoi ça ?

Lulu était devenue... orange. Il n'y avait pas d'autre mot pour le faux bronzage qui était désormais étalé sur son front et ses joues. Ouaip, orange. Et ce n'était pas le pire : ses jolis yeux verts étaient rehaussés de faux cils bien trop exagérés, couverts de paillettes. Et, comme si ça ne suffisait pas, au dessus, ses paupières étaient tartinées de poudre colorée, d'une nuance de rose à gerber.
La même nuance rose-gerbe que le gloss irisé qui dégoulinait de ses lèvres horriblement gonflées, qui la faisait ressembler, au mieux à une vieille peau accro au botox, au pire, à une poupée gonflable.
Tout ça se cachait sous l'ombre d'un gigantesque brushing bouffant façon casque en acier moumoutante, que n'aurait pas renié les mauvaises actrices de picturines bluettes des années 80.

-Beeeen... commença Manon, en se mordant les lèvres sous le stress.

-C'EST QUOI CA ?! répéta l'AAA, entre ses lèvres surgonflées.

La POP se fit toute petite :

-Je dirais que c'est... un effet secondaire indésirable ? improvisa-t-elle. Mais t'inquiète pas, je sais que c'est temporaire !

-TU SAVAIS QUE CA ARRIVERAIT ??? gronda Lucrécya.

-C'est pas si terrible, mentit l'expérimentaliste d'une toute petite voix. Je veux dire, c'est très... très... classieux ! Non ? On dirait juste que tu as subi de subtiles retouches de chirurgie esthétique !

Le regard de Lulu s'assombrit, et sa batte se leva dangereusement :

-J'T'EN FOUTRAI DU SUBTIL, MACHIN ! JE VAIS T'EXPLOSER LES ROTUL... oh !

Manon, qui avait fermé les yeux en couinant, osa finalement les rouvrir. Et fut étonnée de se trouver face à une Lucrécya, qui se palpait les deux gigantesques ballons qui lui servait désormais de torse, avec intérêt.

-ROH j'ai des gros roberts, t'as vu, t'as vu ! croassa la petite brute relookée, bienheureuse.

-Oui, je...

-J'en ai jamais vu des comme ça ! Sont encore plus maousses que ceux de Grandipouffe ! Et bien plus gros que les tiens, Machin ! T'es jalouse, hein ?

-Je...

-Bon, allez, viens, on a du pain sur la flanche, décréta soudain Lucrécya.

Manon, toute à sa surprise, ne releva même pas l'inexactitude de l'expression :

-Y aller où ?

-Bah, profiter de ma nouvelle intélligitude pour faire mon devoir sur les sombrals ! Tu suis pas la conversation ou quoi ?! Roh la la, chuis devenue tellement plus malinitée que toi que t'arrives même pas à suivre ma pensée ! ricana la batteuse.

-Mais... et les ''effets secondaires'' ?

-On s'en bats, j'ai des roberts ! Allez, viens !

Lucrécya agrippa avec force la malheureuse POP, et la força à la suivre.