Kimberlie pinça son menton, réfléchie. Le connard d'hindou... En sachant comment avait réagi son parrain à ses fiançailles avec Om Kapoor, Kim n'hésita pas longtemps à définir le fameux connard de cette histoire.
- Ne cherchons pas du côté de l'hindou. Ce n'est pas un bonne piste.
- Ah ouais ?
- Il parlait de Om Kapoor. Titus ne l'aime pas beaucoup. Mais laissons tomber. Om n'a rien à voir là-dedans. J'vois pas comment.
Pour ce qui est des deux autres, la métisse dut y mettre un peu plus du sien... Chan Chouchis ?
- Ah ! finit-elle par lâcher après quelques secondes de réflexion. C'est San Sou Si ! pas Chan Chouchis, Sans Sou Si ! Il tient la petite épicerie du coin ! Ouais... mais on ne peut pas dire que je connaisse le lien que pouvaiT avoir Titus avec ce vieux chinois...
Replongée dans ses réflexions, elle se laissa tout de même tentée par le verre de bière qu'elle tenait à la main, comme dans un réflexe de Gamma. Le Chapeauté ? Qui pourrait être définit ainsi à la fac ? Quel gugusse pourrait mettre un tel chapeau qu'il...
Soudain, Kim blêmit. Kakyo le remarqua aussitôt, pas habitué à voir sa petite amie aussi blanche malgré son teint de noisette. Après tout, on ne pouvait pas dire qu'il connaissait tous les secrets de la jeune McCormick, plutôt réservée avec ses peurs et ses angoisses. Parce qu'elle avait peur, ça ne faisait aucun doute. Elle transpirait soudain la peur comme elle ne l'avait jamais transpiré face à Kakyo.
- On va voir San Sou Si !
- Mais Kim... Tu ne viens pas de dire... ?
- Je sais ce que j'ai dit, mais c'est justement pour ça qu'on doit aller vérifier ça !
- Tu es sûre que tu vas bien ?
Essayant de faire passer sa tronche de dix pieds de long, elle vida d'une traite sa choppe, prenant donc un certain temps pour répondre au japonais :
- Très bien ! Allons-y !
Le pauvre Kakyo ne put finir son verre que la métisse le tirait déjà dehors. Arrivés dehors, Kim n'arrivait pas à calmer son cœur battant à tout rompre. Kim avait longtemps eu peur de beaucoup de choses. Elle avait longtemps eu peur de sa féminité. Elle avait longtemps eu peur d'avoir des sentiments. Elle avait longtemps eu peur de souffrir ainsi que de finir seule à cause de toutes ces autres peurs. Elle avait peur de beaucoup d'autres choses, mais si un épouvantard se retrouvait devant elle savait qu'elle forme il prendrait...
La Chapeauté... ça ne pouvait qu'être le Docteur Magnus Maximus Magouille, le potentiel épouvantard de la métisse.
Elle déglutit, tirant toujours son petit ami par la main, ne se rendant compte de sa force :
- Dis, si tu veux arracher ma main, continue comme ça. Pas que je n'aime pas ce côté fougueux, mais je serais triste de perde ma main droite, si tu vois ce que je veux dire... souriait-il, essayant de détendre l'atmosphère.
- Euh...
Kim s'arrêta et lâcha la main de Kakyo, visiblement peinée :
- Excuse-moi... Je ne voulais pas... C'est juste que...
- Dis, Kimberlie. Quelque chose ne va pas ? Tu m'inquiètes, tu sais.
- Non... Je...
- Tu sais qui est le Chapeauté en question n'est-ce pas ?
- Il n'y a qu'un seul mec à chapeau qui pourrait mettre Titus dans cet état-là... et il n'est pas que chapeauté, il est aussi horriblement moustachu...
- Tu parles du Doyen c'est ça ?
Kim ne put répondre, comme on n'osait donner le nom du célèbre Mage Noir dont on ne prononçait pas le nom il n'y avait pas si longtemps que ça... Elle se contenta de hocher la tête frénétiquement.
En guise de réponse, Kakyo ne put s'empêcher de sourire, ni même de rire, même s'il essayait de se retenir :
- Tu ne vas pas me dire qu'il te fous la froisse ?! Et moi qui croyais que la grande Kimberlie McCormick n'avait peur de rien !
- Eh bien... tu ne trompais ! s'énerva-t-elle presque.
- Eh... Je rigolais hein... Tu as vraiment peur de lui ? Franchement... je ne l'aurais jamais cru.
- Tu ne... Tu ne sais pas de quoi il est capable... C'est un monstre sans pitié et... Qu'importe ! Allons voir San Sou Si, ok ?!
- Kim... Tu sais que si cette piste ne donne rien, on sera bien obligé de creuser cette piste.
- Oui... autant s'assurer qu'il n'y a rien du côté de l'épicier. D'accord ?
Elle le suppliait presque du regard. Pour la première fois depuis le début de leur relation, Kim semblait enclin à accepter d'être protégée par son petit-ami. Elle qui semblait si indépendante, très loin de la Princesse en détresse que Kakyo voudrait plus voir en elle. A cet instant, c'était belle et bien un éclat de fragilité qui luisait dans le regard noisette de la métisse.
- Je te suis, Princesse. caressa-t-il avait douceur la joue de sa petite-amie.
Elle s'autorisa un sourire comblé et des rougeurs aux joues avant de reprendre les reines de sa personnalité. Elle saisit de nouveau la main de Kakyo, quoique moins brutale, prenant l'initiative de le diriger vers la petite boutique des Champs Z'Allons-Y.
Déterminée, Kim tendait la photo d'elle en compagnie de ses deux meilleurs amis sous les yeux du vieux asiatique, si près de son visage que ça serait un miracle qu'il reconnaisse les visages.
Kim adorait cette photo. C'était devenu presque rare qu'elle ait eu droit à une journée où elle était en compagnie de ses deux amis, et cela en même temps. Bien sûr avant qu'ils soient présumés morts... Elle aimait le sourire de Myosotis alors qu'elle serrait ses deux amis contre elle, presque joue contre joue.
- Si le perroquet ne formule aucun mot, jamais il ne sera parler. répondit le vieux homme de son accent typé.
- Euh... pardon ? osa demandé Kakyo, pas encore habitué aux habitudes langagières de l'épicier.
- J'te demande si tu les as vu !
- Est-ce que le panda se souvient de toutes les tiges de bambou ?
- J'ai pas l'temps pour tes énigmes à la mord-moi-l'balais mon vieux ! perdit-elle vite patience. Je sais que Titus Reynolds a eu une affaire à régler avec toi ! J'veux savoir ce que c'était, tout de suite !
- Tel la pie trop avare, Monsieur Reynolds dut rendre la pareille.
- Keuwa ?!
- Je crois que Titus devait de l'argent à Monsieur. traduisit Kakyo, choppant vite le coup de main.
- Ah ! pointa-t-elle son doigt sur San Sou Si, accusatrice. Voilà le fin mot de l'histoire ! Titus a simulé sa mort à cause de toi et de sa dette à la noix !
- Euh... Kim... Je ne suis pas sûr que...
Sauf que c'était trop tard, Kim saisissait déjà la col du vieux chinois le secouant dans tous les sens :
- DIS MOI OU EST MON AMI, VIEUX FOU !
- KIM ! se scandalisa Kakyo qui eut un mal fou à faire lâcher prise à sa petite-amie.
Il la tira un peu plus loin dans le boui-boui et la prit entre quatre yeux :
- Laisse-moi parler, OK ?
- Quoi ?! J'allais le faire parler !
- Écoute, d'accord, Titus devait de l'argent à c'mec, mais pourquoi Myosotis simulerait sa mort elle-aussi ? Ça n'a pas de sens. Demandons lui gentiment quand il a vu ton Parrain la dernière fois.
Les lèvres pincées, Kim le laissa faire à sa manière. Elle le suivit d'un pas morne, les bras croisés devant elle, boudeuse. De son côté, Kakyo afficha son sourire charmeur ce qui fit lever les yeux à la métisse, pourtant habitué à jouer les mecs bien sur tous rapports.