Inventaire : Essence de dictame (x2),
Chocolat Cépamoi,
Potion Miracle du Bon Docteur Magouille (x7),
Pommade Pommadante Grégoire,
Lait de poule Miracle du Bon Docteur Magouille (x7),
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Glace à l'ennemi.
Sujet: ♫ Le soleil a rendez-vous avec la lune ♫ Lun 3 Sep 2012 - 19:23
Drago descendit les marches de son loft dans son pyjama en soie bleu nuit et manqua de se prendre les pieds dans le ventre grassouillet de Crabbe qui dormait en bas de l'escalier, recroquevillé en boule, et semblait courir à quatre pattes dans son sommeil.
Il enjamba le benêt, jeta un regard circonspect à Goyle qui essayait de porter une pomme à sa bouche en vain, et finit par se laisser tomber sur une des chaises en velours molletonné de la salle à manger.
-Bonjour, Drago. fit une voix à l'autre bout de la table d'ébène extrêmement longue.
Drago constata que sa fiancée Mylénie prenait déjà son petit déjeuner. La jeune femme prit une gorgée de son thé, en lui jetant une œillade glacée depuis l'autre bout de la pièce.
-Bonjour, Vilé...Amour de ma vie. soupira-t-il en se versant une tasse d'eau bouillante et en y trempant une boule à thé argentée.
Le silence retomba, pesant lourdement sur le moral de Drago. Il était clair que les deux n'avaient déjà plus grand chose à se dire.
-Tu es rentré bien tard. finit par lâcher la blonde avec un ton mêlé d'agacement et de reproche.
-Mmh. maugréa son fiancé.
Mylénie posa sa tasse en porcelaine, le regard noir :
-Et comment s'est passée ta soirée ?
Drago réfléchit avant de répondre...
OoOoO Flash-Back OoOoO
La soirée s'était terminée bien mieux qu'elle n'avait commencé...
Après avoir été rudement rossé, Drago s'était réveillé au beau milieu de la nuit au dispensaire. Il ne se rappelait pas exactement comment il avait atterri là, mais les courbatures dont il souffrait ne lui laissait aucun doute sur l'issue du passage à tabac dont il avait été la victime. Dieu merci, les infirmières avaient fait leur office et les blessures et bosses avec lesquelles il avait sûrement dû arriver au dispensaire avaient déjà disparu. Le blondinet avait tourné la tête et avait sursauté à la vue de Marcus qui était à son chevet :
-Alors l'ami, comment tu te sens ? avait demandé ce dernier en souriant de toutes ses dents.
-Trahi... J'aurai dû me douter que te suivre chez les PAF n'était pas une bonne idée. avait répondu Drago en plissant les yeux.
-Allons, arrêtes les jérémiades ! lui avait intimé son ami. Est-ce que tu te sens pas ragaillardi ?
-Par quoi ? Les innombrables coups que tes brutes d'amis m'ont donné ou le fait que mon meilleur ami soit à l'origine de tout cela ?!
Marcus avait détourné la tête, boudeur :
-Tu n'as jamais su apprécier mes cadeaux.
Il avait marqué un temps et puis s'était retourné vers Drago qui essayait de se redresser en grimaçant :
-Mais je sais ce qui devrait te remettre d'aplomb ! s'était-il exclamé, pas peu fier de lui.
-Quoi donc ? avait soupiré Drago en remettant de l'ordre dans ses habits.
-Quatre mots : Lucrécya. Dort. Chez. Malicia !
Drago avait porté ses mains à son cœur, les yeux brillants :
-Oh Marcus, tu as toujours su comment me parler ! fit-il d'une petite voix.
Le Pi Alpha Fi avait alors bondi de sa chaise et avait tendu une main à son ami. Les deux compères avaient alors quitté l'infirmerie, sourire aux lèvres.
Et c'est ainsi qu'ils s'étaient retrouvés confortablement assis devant Magie, Gloire et Beauté, avec un délicieux sorbet abricot, à une heure indue de la nuit.
C'était le genre de moment que Drago chérissait, une sorte de rituel que lui et son meilleur ami avaient installé au fur et à mesure des années, quand, ils s'étaient découverts une passion commune, et honteuse, pour les séries à l'eau de rose. Au fur et à mesures de ces soirées confortables où personne ne pouvait les juger, Marcus et Drago avaient développé quelques manies bizarres.
Tout avait commencé par un masque parfumé à la mangue qu'une des exs de Marcus avait dû oublier dans sa chambre. Ce qui avait commencé comme une blague avait été une révélation : les masques, loin d'être, comme ils le croyaient alors, un poste de dépense futilement féminin, amélioraient vraiment la qualité de leur peau ! Une curiosité malsaine s'était alors emparée des deux hommes, et petit à petit, ils n'avaient plus pu se passer de cosmétiques. Ils avaient alors passé un pacte : ce qui se passait lors de leurs soirées "hommes" restaient dans leurs soirées "hommes".
Et c'est pourquoi, alors qu'il regardaient ensemble le 8952e épisode de Magie gloire et beauté, un turban chauffant sur les cheveux, et un masque rose sur le visage, il n'y avait pas de doute : la soirée s'était terminée bien mieux qu'elle n'avait commencé...
-Oh la la, je ne devrais pas manger ce sorbet, s'exclama soudain Marcus en regardant son bol vidé. J'ai un peu pris ces derniers temps...
Drago leva les yeux au ciel :
-Non, arrête, tu es superbe !
Du haut de ses 1m85, Marcus minauda :
-Rhooo, tu vas me faire rougir !
-Mais je ne mens pas ! s'écria son ami. Regarde-toi, un enfant à charge et tu rayonnes, alors que moi, ce mariage me rendra complètement fou ! J'ai le teint tellement brouillé que je ne peux même pas me regarder dans un miroir ! Et regarde moi ces cernes !
Marcus se rapprocha du visage de Drago et plissa les yeux en considérant le défaut que Drago lui désignait :
-Mmh. Tu sais quoi ? Lucrécya vient d'acheter un anticernes du tonnerre... Tu devrais peut-être le tester...
-Ca ne fonctionnera pas ! fit le blondinet sur un ton dramatique. J'ai tout essayé ! Et maintenant je sais.
-Qu'est-ce que tu sais ?
Drago détourna le visage :
-C'est l'âge, Marcus, rien n'y fera ! soupira-t-il. Je suis sur le déclin !
Marcus gesticula :
-Mais non !
Drago gesticula de plus belle :
-Mais si !
-Mais non !
-Si !
-Non !
-Si !
-Euh...
Marcus et Drago sursautèrent. Lucrécya venait d'entrer dans le salon et les regardait avec des yeux ahuris :
-Mais qu'est-ce que... ?! s'écria-t-elle.
Les deux garçons poussèrent un cri et se cachèrent aussitôt derrière le canapé.
-Marcus ! cria Lulu.
Les yeux de son mari émergèrent du sofa :
-Euh...Salut mon p'tit cognard! Euh... C'est pas c'que tu crois ? fit-il, peu convaincu par ses propres dires.
Lucrécya se précipita sur la table du salon sur laquelle étaient étalés des dizaines de pots, flacons, lotions de couleurs diverses.
-Qu'est-ce que ?! répéta-t-elle.
Marcus remit de l'ordre dans son peignoir froufroutant et se précipita sur elle.
-Drago m'aidait à faire des tests ! Pour un cours !
Lulu lui jeta un regard rageur :
-Ah ouais ?! Quel cours ?! Défense contre les Points Noirs ?!
Marcus baissa la tête, sans savoir quoi répondre.
Le silence retomba.
-Euh... bien, je pense qu'il est l'heure que je regagne mes appartements. tenta Drago en esquissant quelques pas vers la sortie.
-TU RESTES ICI ! hurla Lucrécya.
-Oui. fit Drago d'une toute petite voix.
-ET MAINTENANT, VOUS DEUX ! ASSIS !
Marcus fit signe à son ami d'obtempérer et les deux partirent s'asseoir sur le sofa, penauds. Lucrécya quant à elle fulminait, rouge de colère. Elle saisit un pot de crème pour le visage :
-C'EST QUOI CA ?! s'écria-t-elle.
-Une crème pour peau normale ? se risqua Marcus après un instant d'hésitation.
-Et, si je peux me permettre, ce n'est pas si mal qu'on t'en débarrasse parce qu'elle n'est clairement pas adaptée à la peau toute grasse que tu as, Rincevent... fit Drago en levant l'index.
-LA FERME !
Il se reçut le pot en pleine face et tomba du canapé en gémissant.
-DEPUIS QUAND CA DURE ?! hurla à nouveau Lucrécya.
Il y eut un silence gêné. Finalement, alors que Marcus s'apprêtait à répondre, une musique venue de nulle part emplit la pièce... Drago se releva et entreprit de répondre en chantant.
En toute virilité Sur l'air de "Guy's love" de Scrubs
Drago C'est bon Rincevent, faut qu'on t'avoue Y'a quelque chose entre nous Si Marcus rentre tard toutes les nuits C'est qu'un lourd secret nous unit
Marcus Je pensais pourtant que tu t'en doutais: Des indices je t'en ai laissé ! Des rires, de la dentelle qui disparait Et ta lotion pour peau de bébé ? C'est juste...
Drago et Marcus Notre amitié C'est sacré Notre amitié C'est pas compliqué Il n'y a rien de bizarre à ce sujet...
Marcus S'il me murmure un secret
Drago Je sais qu'il va le gardeeeer !
Marcus Notre amitié
Drago et Marcus En toute virilité !
Marcus Tous les deux installés sur le canapé...
Drago On regarde Wizzip Girl, Magie, Gloire et beauté !
Marcus Devant un bon sorbet, on peut tout se confier...
Drago Et même les brutes ont le droit de se faire manu-cureeer !
Marcus Who, who, on avait dit que c'était top secret !
Drago Pas besoin de s'expliquer...
Marcus Ah non ?
Drago Si mes mollets sont maintenant tout doux, C'est qu'tu les as gommés comme un fou !
Marcus Oui, mais vraiment sans arrière-pensée !
Drago et Marcus Oui c'est... Notre amitié Pourquoi le cacher ? Il n'y a aucune honte à s'aimer ! Tu seras dans mon cœur à tout jamais !
Drago Veux-tu être mon témoin, ami ?
Marcus A toi je ne peux dire qu' OUIIIIII !!!
Drago et Marcus Notre amitié, En toute virilité !
Drago Et quand je dis "Marcus je t'aime" Les autres se méprennent !
Drago et Marcus Notre amitié, En toute virilité !
Drago lança un sourire à Lulu :
-Tu vois, il n'y a pas de quoi fouetter un fléreur, Rincevent !
Son interlocutrice ne lui répondit pas, mais saisit sa batte.
OoOoO Fin du Flash-Back OoOoO
Drago se frotta son épaule endolorie et marmonna à l'intention de sa fiancée :
-Ma soirée ? Rien de spécial.
Heureusement pour lui, Mylénie ne souhaita pas avoir plus de détails.
-J'espère que tu as apprécié ces quelques heures de liberté. fit-elle après avoir longuement beurré son toast. Parce que tu n'en auras pas de sitôt.
Drago regarda par la fenêtre le soleil baigner le campus. Brusquement, il fronça les sourcils. L'astre se déplaça à toute vitesse et finit par disparaître comme un voleur derrière un bâtiment, laissant les lieux dans le noir.
-Que s'est-il passé ? demanda Mylénie, ouvrant de grands yeux étonnés.
Goyle se mit à crier :
-Il fait tout noir ! Le croque-mitaine va me manger ! J'ai peur !
Drago fronça les sourcils, intrigué. Il alluma les lumières de la pièce et ouvrit la porte d'entrée. Sur le Perron, il put constater qu'il n'avait pas eu la berlue : la journée était passée en un rien de temps. A l'intérieur de sa maison, une horloge sonna : il était onze heures du soir.
Drago voulut faire quelque pas dehors, mais il manqua d'écraser un petit paquet posé sur le paillasson.
Il le ramassa et l'ouvrit. C'était un plat de cookies à l'aspect délicieux ornés d'un petit mot écrit à l'encre verte :
-"Cher Drago, Voici des cookies un peu spéciaux que je t'ai fait ! En espérant que ça te rendra le mo-ral... Myo." lut-il.
Après un instant de réflexion, Drago se souvint que celle qui portait ce nom était la pauvresse aux cheveux verts qu'il avait croisée deux fois aujourd'hui. Mais pour l'instant, il avait d'autres fléreurs à fouetter. Il regarda le campus enténébré : que diable avait-il pu se passer ?
Tout à ses supputations, Drago prit un cookie et mordit dedans.
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Sujet: Re: ♫ Le soleil a rendez-vous avec la lune ♫ Lun 3 Sep 2012 - 20:51
A peu près au même moment, quelques ruelles plus loin...
Une jolie maisonnette aux murs en briques jaunes se dressait au milieu de beaux arbres bien taillés qui bordaient l'artère centrale de Mysteria Lane. Là vivait une jolie métisse aux cheveux autrefois dorés, et à présent tristement sombres, qui répondait au doux nom de Malicia.
Une petite silhouette galopa jusque là, comme si elle avait le diable à ses trousses. Elle s'arrêta devant la porte ronde de l'habitation, et y frappa trois petits coups.
Allongée sur le sofa de son living, enroulée sous une couette couverte de tâches de confiture, Malicia tressaillit en entendant lesdits coups.
Elle baissa les yeux et considéra son état. Elle décida de ne pas bouger.
Mais, malheureusement pour elle, les coups redoublèrent.
Malicia soupira, résignée. Elle rajusta son pyjama en pilou, et traîna ses guêtres jusqu'à l'entrée.
-Beuaaah, déglutit-elle en ouvrant.
Lucrécya se tenait sur le pas de la porte, furibonde.
-Je vais les tuer ! criailla-t-elle de sa voix éraillée.
-Profites-en pour m'achever aussi, marmonna Mali d'une voix on ne peut plus morne.
-Qui, tu me demandes qui ? Mon idiot de mari et ton abruti d'ex ! Évidemment, je devrais dire, qui d'autre ?! Non mais j'te jure ! Je rentre après toute une journée de dur labeur... enfin... après une journée, et qu'est-ce que je trouve, qu'est-ce que je trouve ? Je te le demande ? Tu ne devineras jamais ! DEUX GONZESSES ! Ces deux crétins étaient sur le canapé, à parler chiffon et à vider mes pots de crèmes ! Un masque au concombre et au bubobulb sur la tronche ! Et apparemment ça dure depuis des années ! Des rendez-vous secrets pour s'exfolier mutuellement le postérieur ! '"Des soirées viriles entre mecs pour parler Quidditch", qu'il me disait ! Je t'en foutrais des soirées viriles ! Tu sais ce qu'ils étaient en train de regarder ? Magie Gloire & Beauté ! Une dinde, j'ai épousé une dinde ! Je me demandais, aussi, pourquoi mes produits de beauté me duraient moins longtemps depuis mon mariage ! Je pensais que c'était la vieillesse ! Mais non, c'est pour ces satanés « soirées mecs », qu'ils passent sur le canapé à...
Lucrécya s'interrompit soudain, et regarda par dessus son épaule. Le soleil s'était déjà couché, et une lune immense éclairait les habitations de Mysteria Lane, projetant des ombres dansantes et fantômatiques.
-Déjà la nuit ? Oh, désolée, je ne pensais pas avoir parlé aussi longtemps, s'excusa-t-elle.
-Pas grave. Je retourner pleurer sous ma couette, gémit la métisse.
Lulu fronça les sourcils, et considéra son amie des pieds à la tête : la malheureuse, dans une informe grenouillère à la couleur passée, défraîchie et boulochée, serrait dans ses bras un petit fléreur aux yeux violets. Ses cheveux étaient emmêlés, ses yeux rougis par le chagrin, et des miettes de donuts constellaient sa joue.
La batteuse grimaça.
-Non mais qu'est-ce qui t'arrive ?!
Malicia hoqueta, et serra plus fort encore son animal de compagnie à la fourrure noire. Le malheureux tenta de se débattre, puis, comprenant qu'il n'y réchapperait pas, il se résigna.
-Je vais finir seule dévorée par mes fléreurs, gémit la Zeta d'une voix tremblante.
-Mais hier ça allait mieux ! Tu avais repris du poil de la bête !
-Oui mais je suis rentrée chez moi et j'étais seule et j'ai vu des photos de Drago et moi alors je me suis dit que c'était fini et j'étais désespérée et jamais je ne trouverais quelqu'un parce que je suis moche et que j'ai fini toute la boîte de patachaudrons et le pire c'est...
Le reste de la tirade se perdit dans un long borborygme hystérique et suraiguë. Lucrécya écouta patiemment, puis se concentra, affina son oreille et parvint à déchiffrer les dernières syllabes :
-...et maintenant je suis toute seule et je veux mourir...
Lulu prit une longue inspiration.
-Ah ouais, quand même, fit-elle en regardant Malicia qui se mouchait dans la manche de sa grenouillère. Bon, écoute, il est temps de faire quelque chose. Viens avec moi.
Elle voulut lui agripper la manche, puis grimaça et se contenta de faire signe à son amie.
-On va où ? couina Mali entre deux reniflements.
-Chez des spécialistes. C'est un cas de force majeure...
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Sujet: Re: ♫ Le soleil a rendez-vous avec la lune ♫ Ven 7 Sep 2012 - 21:29
L'horloge du salon sonna six heures du matin.
Six coups métalliques qui résonnèrent un à un dans la tête de Drago de la façon la plus désagréable qui soit, et lui donnèrent l'impression que son cerveau s'était mis à saigner et à vrombir en même temps.
L'alpha ouvrit un œil douloureux et aperçut, après un moment de flou, sa fiancée assise dans un coin du lit, qui le regardait avec dégoût. Il plissa les yeux, marmonna quelque chose de peu aimable à son encontre, lui tourna le dos... pour tomber face à face avec son Père, un grand homme au regard bleu glacier et aux long cheveux blancs, habillé richement. Comme à son habitude, ce dernier lui lançait un regard désapprobateur tout en tapotant sa canne montée d'une tête de serpent en argent.
Drago leva les yeux au ciel et s'enfonça sous ses couvertures, en poussant un gémissement. Il ne savait pas ce qu'il avait fait, mais il était fait comme un rat.
-Au cas où tu penserais que je suis une hallucination due à la quantité phénoménale de psychotropes que tu as avalé la nuit dernière, je me permets de te préciser que je suis bien présent, Drago. fit sèchement Lucius Malefoy, qui n'avait visiblement pas apprécié la réaction de son fils.
Drago soupira et se redressa prestement.
-Bonjour, Père ! Comment allez-vous ? fit en souriant. Veuillez pardonner l'état de ma chambre, j'ai été... souffrant... dernièrement...
Drago venait de remarquer que sa chambre avait été totalement ravagée pendant la nuit : les murs semblaient avoir été griffés par un monstre d'au moins trois mètres de haut, quelqu'un avait découpé des formes obscènes dans les rideaux, une bonne cinquantaine de tessons de bouteilles et de mégots jonchaient le sol, et un vieillard, qu'il reconnut comme étant le vieux Stanislas, dormait au plafond, ronflant comme un diable, suspendu au lustre.
-Et tu n'as pas vu le reste de l'appartement. fit remarquer Mylénie en se regardant les ongles.
Drago regarda ce spectacle affligeant avec des yeux ronds avant de placer une main sur sa joue étonnamment douloureuse. Il constata avec horreur qu'il lui manquait une canine. Que diable avait-il fait cette nuit ? Il ne se rappelait d'absolument rien.
-Je ne doute pas que tu aies été...souffrant, pour faire tout ce que tu as fait cette nuit. reprit son Père. Mylénie a eu la bonté de nous prévenir, ta Mère et moi. Dieu merci, la Gazette du Sorcier t'a retrouvé à 4 heures du matin aux prises avec un Kelpy avide de chair humaine que tu avais déniché dans la rivière du campus. Ils t'ont sauvé in extremis...
Il tendit à Drago la Une du journal sur lequel on pouvait voir le blondinet totalement nu être secoué de tous les côtés par un monstrueux cheval à la peau écailleuse et à la crinière tout en joncs. Drago se fit la réflexion que cela expliquait probablement sa dent en moins.
-Et Dieu merci, j'ai pu éviter que leur infâme article paraisse. siffla Lucius. La somme indécente que j'ai dû donner à ces bonimenteurs, ainsi qu'à ton administration pour le couvre-feu que toi et tes "amis" avez brisé, sera ôtée de ton héritage.
Il croisa les bras, méprisant :
-J'attends bien évidemment des explications pour ton comportement abject.
-Je... j'ai... bredouilla Drago, rouge de honte. ...mangé un cookie... et...
Devant l'air plus que suspicieux de son Père, dont les yeux lançaient à présent des éclairs, Drago baissa la tête et aperçut la boîte que Myo lui avait apportée :
-...des cookies un peu spéciaux, hein ?! siffla-t-il à voix basse, furieux.
Lucius Malefoy soupira de mécontentement :
-Drago, ta fiancée m'a appelé car elle a l'impression que tu as du mal à gérer les changements qu'il y a dans ta vie et que tu perds pied.
-Mais je ne perds absolument pas pied, Père ! s'écria Drago.
C'est le moment que choisit Marcus pour ouvrir la porte de la Salle de Bain d'où un grognement lugubre et inhumain surgit :
-Hey, l'ami, y'a comme qui dirait un blême dans ta baignoire...fit-il.
Il aperçut le Père de Drago et Mylénie :
-...et t'inquiète pas, chuis dessus ! Et vous en faites pas pour moi, je sortirai par la fenêtre, héhé ! Super fête, à plus ! corrigea-t-il avant de faire un signe de tête à ces deux derniers. M'sieur Malefoy, Vilé...Mylénie !
Il referma la porte et on entendit des bruits de lutte et de bris de verre. Drago mit sa tête entre ses mains, mortifié. Lucius reprit :
-Nous avons l'impression que ton comportement peut venir du fait que tu n'arrives pas à tirer un trait sur... tes erreurs passées. fit d'un ton tout sauf compatissant.
Drago secoua la tête :
-Père, je peux vous assurer que cette histoire avec Malicia McGuire est totalement terminée ! se défendit-il. Je n'ai plus aucun problème avec cela !
Son Père jeta un coup d'œil méprisant derrière lui et en se retournant Drago constata, gêné, que quelqu'un avait écris "Malicia, je t'aime" au dessus de la tête de lit en grosses lettres rouges.
-Mylénie, veux-tu bien nous laisser un instant ? demanda Lucius.
Mylénie hocha la tête :
-Mais bien évidemment... fit-elle en sortant, un sourire hypocrite aux lèvres.
La porte se referma derrière elle.
-Père, je vous jure que... commença Drago.
-Assez ! intima Lucius en frappant sa canne au sol.
Il se pencha vers son fils, menaçant :
- Dois-je te rappeler les conséquences désastreuses que peuvent avoir ce genre d'actions impardonnables sur notre Famille ? siffla-t-il.
Drago baissa la tête :
-Non, Père.
-Je t'ai déjà expliqué, et ce de façon répétée, que la dot considérable des Fier-Castels nous sauverait ta Mère et moi d'un avenir... regrettable. Le comprends-tu ?
-Oui.
Lucius eut un petit sourire cruel :
-Bien. J'espère que tu vas reprendre tes esprits au plus vite. Tu ne voudrais pas que je me mette en colère ? Ce serait...fâcheux.
Il se leva :
-Je te laisse donc. Nous nous reverrons au mariage. Tâchons que tout se passe idéalement.
Il sortit de la pièce et Drago, soulagé de le voir partir, prit une profonde inspiration.
La porte s'ouvrit et sa fiancée entra. Elle se posa sur un coin du lit, l'air très satisfaite :
-Comment vas-tu, Drago ?
Ce dernier la fusilla du regard :
-Que veux-tu ?
Mylénie sourit :
-Te dire que je suis de ton côté. Tu aimes cette fille et tu en souffres. Je comprends cela. Je ne suis pas aussi insensible que tu crois.
Drago lui jeta un regard suspicieux :
-Merci de ta compréhension. fit-il, après une hésitation.
Mylénie s'approcha de lui, confiante :
-Tu dois savoir que tout cela ne m'inquiète pas du tout. J'ai tellement plus à offrir que cette fille. Et je suis sûr qu'avec le temps, tu le comprendras. Je suis prête à attendre que tu m'aimes et je vais même t'aider. -Comment ? demanda Drago, toujours sur ses gardes.
Le sourire factice que sa fiancée arborait disparut aussi vite qu'il était venu :
-Je refuse d'être avec une personne qui pense à quelqu'un d'autre qu'à moi. Ce mariage te tient-il à cœur ? Es-tu déterminé à passer ta vie avec moi ?
Malgré ses réticences, Drago avait encore bien en tête les menaces de son Père. Aussi acquiesça-t-il.
Comme si elle avait prévu cela depuis fort longtemps, Mylénie tira de sa table de chevet une petite coupe nacrée aux bordures argentées et la posa sur les genoux de Drago, qui frissonna, comprenant avec horreur ce que voulait cette dernière.
-Alors, c'est décidé. annonça-t-elle. Il faut que tu te débarrasses de cette fille et des souvenirs qui te lient à elle. Tu vas mettre tout cela dans cette pensine, devant moi, comme gage de ta loyauté envers moi.
Son fiancé lui jeta un regard effrayé. Il était hors de question qu'il fasse cela. Devinant ce qu'il s'apprêtait à dire, sa fiancée partit d'un petit rire ironique :
-Allons, mon amour, je suis compréhensive mais pas idiote. As-tu idée d'à quel point ces dernières semaines m'ont humiliée ? Ce que je demande n'est pas grand chose comparé à ce que tu m'as fait subir.
Elle tendit à Drago sa baguette :
-Tes parents sont totalement d'accord avec moi : cette histoire a assez duré. siffla-t-elle, menaçante. Et ça vaut mieux pour tout le monde, n'est-ce pas ?
Drago fixa la pensine, ne sachant que faire.
Il ne pouvait pas faire machine arrière, ses parents ne lui pardonneraient jamais. Et dans sa logique biaisée, Mylénie avait raison sur au moins une chose : il ne souffrirait que plus en gardant ses souvenirs.
Il saisit sa baguette et la posa lentement contre sa tempe.
Un petit sourire cruel se dessina sur le visage de porcelaine de sa fiancée.
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Sujet: Re: ♫ Le soleil a rendez-vous avec la lune ♫ Ven 7 Sep 2012 - 21:34
Drago soupira tout en regardant glisser dans la pensine l'un de ses souvenirs les plus chers.
La bibliothèque de Poudlard était pleine à craquer en cette veille d'examens blancs. Dans une des allées remplies à ras-bord d'ouvrages anciens, Drago feuilletait avec mauvaise humeur un précis d'arithmancie. Soudain, il se figea. Il avait l'impression d'être épié. Il regarda autour de lui mais ne remarqua personne. L'allée était parfaitement vide. Il se replongea dans sa lecture. Quelques secondes plus tard, il sentit à nouveau une présence et se raidit, sans toutefois tourner la tête. Une personne s'était arrêtée à quelque pas de lui et se rapprochait,petit à petit. Il attendit patiemment. Et, brusquement, il se retourna :
-QUOI? s'écria-t-il.
Alors que Mme Pince, la bibliothécaire, le gratifiait d'un "Silence !" désagréable, un soupçon de surprise passa dans les yeux de Drago : l'importune était une métisse, plus jeune que lui, avec des cheveux dorés comme des milliers de gallions. Elle tenait un livre fermement serré contre elle et le regardait avec de grands yeux noirs. Son sang ne fit qu'un tour. Brusquement, la jeune fille lui tendit la main :
-Salut ! Je suis Malicia ! fit-elle avec un très joli sourire. Enchantée !
Ni une ni deux, et sous le regard outré de Drago, elle empoigna sa main et la secoua d'une façon aussi maladroite que formelle. Il était évident qu'elle était totalement paniquée.
-Silence ! répéta Mme Pince et la métisse murmura un "Oups !" gêné.
Drago la regardait comme une bête curieuse :
-Mais qu'est-ce que... ? commença-t-il.
-Tu es en quelle année ? finit-elle par demander en inclinant la tête, les cheveux sur le côté.
Le serpentard avait du mal à en détacher les yeux. Il se força malgré tout à détourner la tête :
-Ce ne sont pas tes affaires. rétorqua-t-il.
La métisse eut l'air peiné :
-Oh ?
Elle réfléchit à toute vitesse, visiblement gênée :
-Bien bien bien...
Elle releva la tête :
-Je suis chez gryffondor ! lança-t-elle.
-Silence ! rouspéta à nouveau Mme Pince.
Le blondinet considéra avec mépris le blason de Godric Gryffondor qui ornait la poitrine de son interlocutrice.
-Et j'en suis désolé pour toi. Au revoir. siffla-t-il.
Il détourna le visage et attendit qu'elle parte. Mais la gryffondor ne bougea pas. Intrigué, il lui jeta un regard en coin. La jeune fille le considérait avec de grands yeux tristes. Une grosse larme roula sur sa joue :
-C'était très méchant. lâcha-t-elle, peinée.
Étrangement le cœur du blondinet se pinça, et il ne sut quoi faire. Il voulut prendre la parole, mais elle serra les poings et fronça les sourcils, des larmes coulant sur ses joues :
-Tu dois vraiment avoir eu une vie horrible pour être comme ça avec les autres. fit-elle sur un ton mêlé de tristesse et de colère.
-Je te demande pardon ? siffla-t-il.
La métisse poursuivit, en larmes :
-Je ne sais pas pourquoi tu te te sens aussi mal mais tu devrais pas rendre la pareille aux autres ! Je ne t'ai rien fait, je voulais juste te parler, ça m'a pris des jours de me décider à le faire ! Ça t'écorcherai la bouche de dire quelque chose de gentil, comme "Bonjour, je suis Drago Malefoy, je suis serpentard et je suis en sixième année" ?
-SILENCE ! brailla Mme Pince en tapant sur son bureau.
Drago considérait son interlocutrice avec étonnement. Il ne savait pas pourquoi mais il avait envie que ces larmes stoppent sur le champ. Il se sentait tout à coup honteux, ce qui était une première. Il se reprit malgré tout et répliqua froidement :
-Si tu savais déjà tout cela, pourquoi me parler ?
Malicia se figea et s'empourpra. Finalement, elle reprit la parole :
Drago la trouva adorable dans son embarras. Elle lui fit un petit sourire et essuya ses larmes d'un revers de main :
-Sinon, tu fais quoi ? T'as besoin d'aide ? demanda-t-elle avec douceur.
Elle jeta un coup d’œil au livre que tenait Drago. Malheureusement, ce dernier, qui n'était absolument pas habitué à être traité avec gentillesse, la fusilla du regard :
-Je n'ai certainement pas besoin de l'aide d'une gryffondor pour réviser les nombres d'expression fractallaires à 3 inconnues !
Malicia hocha la tête :
-C'est sûr, puisque les nombres d'expressions fractallairesà 3 inconnues n'existent pas. fit-elle avant de rajouter, pensive. Quoique, Gottfried Schrödingus avait admit la possibilité qu'il en existe, mais à seulement une inconnue.
Alors que Drago la dévisageait à son tour, la métisse rougit :
-Mais tu dois probablement le savoir ! fit-elle, embarrassée. C'était pour me tester...c'est ça ?
-...Oui. finit-il par répondre, un certain malaise dans la voix.
Malicia lui sourit, admirative :
-J'ai passé le test alors ?
-Oui... ?
-Génial ! s'enthousiasma la gryffondor. Bon, et bien, bonne journée, Drago !
Sous le regard interdit du blondinet, la jeune fille poursuivit son chemin et disparut au bout de l'allée. Drago reprit sa lecture, un peu secoué. Quelques secondes plus tard, la présence se fit à nouveau sentir et il devina que Malicia l'épiait à nouveau, cachée derrière une étagère. Sans trop savoir pourquoi, il eut un petit sourire.
Le souvenir se brouilla dans la pensine et Drago hésita quelques secondes avant de poser à nouveau sa baguette contre sa tempe.
Il retira de sa mémoire bien d'autres petites réminiscences, sans grande importance : des brèves rencontres en étude, des après-midis à se croiser dans les couloirs en allant au cours, des soirées où il avait cherché la jeune fille des yeux à la table des Gryffondors sans vraiment comprendre pourquoi il tenait tant à repérer sa place habituelle.
Et puis un souvenir plus important était revenu à la surface :
-Marcus ?
-Mouais ?
Alors que son ami dessinait en tirant la langue un nouveau plan de quidditch dans sa chambre, Drago s'était frayé un chemin parmi le fatras d'affaires éparpillées partout au sol, avait posé un mouchoir brodé sur une pile de linge sale et s'était assit.
-Il semble qu'il y ait quelqu'un que je déteste plus que ce monticule de médiocrité qu'est Harry Potter. fit-il, soucieux.
Marcus leva les yeux :
-Sérieux ? C'est possible, ça ? Et c'est qui ?
-Malicia McGuire.
Marcus lui jeta un regard circonspect :
-C'est qui ?
-Une gryffondor de quatrième année.
-Et... elle est pire que Potter ? fit Marcus, étonné.
-Absolument. fit Drago avec mauvaise humeur. Tu devrais la voir avec sa peau chocolat et ses longs cheveux soyeux... Et son sourire. On devrait enfermer les gens qui sourient trop, ils ont manifestement des problèmes mentaux. Quand elle rigole, on dirait des petits grelots qui tintinnabulent. Et elle a un parfum de fraise entêtant. Cela donne envie de...
-De la manger ? proposa Marcus, rigolard.
-Oui. fit Drago avant d'ouvrir des yeux horrifiés. NON ! Mais m'as-tu seulement écouté ? Cette fille, c'est un cauchemar ambulant. Ne comprends-tu pas que je la déteste ?
Marcus le considéra avec des yeux ronds. Finalement, il éclata de rire :
-Ah ça, mon gaillard, y'a pas de doute !
Drago croisa les bras:
-Clairement. fit-il avec une moue de dégoût. Aucun doute.
Et puis Drago se rappela que l'été était passé.
Et que son cerveau s'était petit à petit emballé. Un beau matin, il s'était réveillé en nage, avec une certitude absolue : il était hors de question qu'il tombe amoureux d'une gryffondor. Son honneur était en jeu. Aussi avait-il agi dès le jour de la rentrée :
Malicia marchait dans un des nombreux couloirs du château de Poudlard, en quête d'une salle de cours. Brusquement, Drago la plaqua contre un mur :
-Toi !
La métisse sourit :
-Oh, bonjour Drago ! Tu as passé de bonnes vacances ?
-Ecoute-moi bien : je sais ce que tu essayes de faire avec tes petits sourires et tes jupes d'écolières, et laisse-moi te dire que ça ne marche pas.
Alors que Malicia le regardait, incrédule, il reprit :
-Toi, moi, cela n'arrivera jamais. Jamais, tu m'entends ? Alors inutile de continuer ton manège.
-Mais quel manège ? bredouilla la gryffondor.
-Cela suffit ! s'énerva le blondinet. Rien de ce que tu pourras dire ou faire ne pourra me faire changer d'avis. Tu es transparente. Tu pourrais me suivre en agitant des pompons que je ne te verrai toujours pas. Tu es une gryffondor; autant dire la lie de cette école, et tu n'es qu'une gêne pour moi !
Malicia plissa les yeux, visiblement vexée :
-Ah oui ?
-Exactement. Adieu !
Drago entreprit de quitter les lieux. Brusquement il stoppa : derrière lui, Malicia avait fait apparaître des pompons et s'était mise à les agiter en hurlant à qui voulait bien l'entendre:
-DONNEZ MOI UN D! UN R! UN A ! UN G ! UN O ! DRAGO DRAGO DRAGO T'ES LE PLUS BEAU !
Drago sourit brièvement, flatté. Finalement, il se reprit et partit en maudissant de toutes ses forces la gryffondor.
Mylénie grimaça :
-Seigneur, quelle impudence ! Cette fille est d'un ridicule.
Drago lui jeta un regard mauvais alors que le souvenir s'effaçait lentement de sa mémoire. Finalement, sa fiancée lui fit signe de continuer. Drago soupira.
Il se remémora alors que, sans savoir pourquoi, il s'était mis à rechercher de plus en plus la présence de la gryffondor. Il avait fini par se rendre compte que cette dernière n'hésitait pas à venir lui rendre visite quand il était souffrant à l'infirmerie.
La solution avait donc été logique :
-Frappe-moi ! s'écria Drago.
Lucrécya le dévisagea:
-Quoi ?!
-Je dois retourner à l’infirmerie ! Frappe-moi !
-Et pourquoi je ferais ça ?
-Par amitié ! fit Drago avec un sourire hypocrite qui s’effaça aussitôt devant la mine peu réjouie de Lucrécya. Ou alors par gentillesse?… non, oublie. Par pitié ? Tu connais ça, la pitié ? fit-il, les yeux humides. Non ?
La jeune fille croisa les bras, l’air revêche.
Drago soupira. Puis, résigné, il lâcha :
-Bon, vas-y Rincevent. Ton prix sera le mien.
Il avait passé plus d'un mois à subir les soins douteux de l'infirmière Pomfresh, plus intéressée par son Mensuel de l'infirmière Névrosée que par ses blessures graves. Mais très vite, les brèves visites qu'il avait de Malicia ne lui avaient plus suffi.
Il avait donc trouvé un autre biais...
-T’as compris maintenant ?
-Nan. grogna Drago.
-Ça fait DEUX HEURES qu’on est sur le même exercice ! s’exaspérait Mali.
-Et alors ? Tu n'as qu’à expliquer mieux ! pesta le Serpentard en la fusillant du regard. C’est TA faute si je ne comprends pas. Mais qui m’a infligé une professeur pareille ? Je n'ai même pas demandé à avoir cours et…
-Mais c’est Mme Pomfresh qui m’a dit que tu insistais pour…
-N’IMPORTE QUOI ! Mais qui m'a infligé une infirmière pareille ? Elle devait être Gryffondor, elle aussi !
Malefoy croisa les bras et fit mine de regarder ailleurs.
-J’étais à Serdaigle, fit la voix blasée et monotone de Pomfresh, qui, assise en face d'eux, ne daigna même pas lever le nez de son magazine.
-Bon, je pars ! J’en ai ma claque ! annonça Malicia.
Drago eut l'air paniqué: sa voix changea du tout au tout.
-Non, ne pars pas… Enfin… je veux dire… je crois que j’ai compris.
Malicia soupira, et se rassit pesamment. Elle rouvrit son cahier et demanda, exaspérée:
-Bon, alors, c’est quoi la cosmitangente de l’étoile Z856 ?
-C’est 7893x78²/779, ce qui nous fait qu’elle est placée exactement à côté d’Antarès!…
Drago sourit, satisfait.
-Et Antarès, c’est… ? fit Mali d’un air sévère.
-L’étoile terminale de la constellation du scorpion ! Ce qui fait qu’il va donc pleuvoir cette semaine ! Je dirais… jeudi, vers 15h, 15h15 ?
Malicia regarda d’un air soupçonneux Drago qui lui souriait.
-Et comment ça se fait que tu le saches comme ça d’un coup, alors que ça fait deux heures qu’on bataille, et que tu ne savais même pas me donner la définition du mot "constellation" ? siffla-t-elle.
Drago eut l’air gêné…
En voyant glisser un autre souvenir au bout de ses doigts sous le regard critique de Mylénie, Drago se fit la réflexion qu'il aurait sans doute dû être plus discret à l'époque :
Drago vint se planter devant Malicia:
-Que fais-tu là ? C’est MON fauteuil !
-Si tu veux je peux partir, commença Mali.
-Eh bien tant pis. Je resterais là quand même ! fit Drago en croisant les bras.
Il s’assit juste à côté de Malicia, alors qu'il n'y avait à l'évidence pas assez de place pour deux. Serré contre la jeune fille, il sembla soudain très satisfait de lui-même.
La situation aurait pu durer très longtemps.
Mais cette calamité de Lucrécya Rincevent s'en était mêlée.
Dans la pensine, le décor familier des Trois-Balais se dessinait peu à peu et Madame Rosmerta apportait à une tablée de bonnes bièraubeurres.
Drago regarda une minuscule Lucrécya vider du véritasérum dans son verre et une miniature de lui-même le vider d'un trait... C'était le jour où, au grand dam de ses parents, il était sorti avec une gryffondor.
-Malefoy, mon ami, fit Lucrécya, puisque t'as envie de parler aujourd’hui, explique-moi : pourquoi tu m’as envoyé un message secret l’autre jour ?
Drago rougit violemment :
-Non, mais Rincevent, pour qui me prends-tu ? Crois-tu vraiment que je vais avouer qu’il me fallait un prétexte pour me rendre à l’infirmerie ? Non pas que j’aime Pomfresh : les lits sont trop durs, on est mal servi, et il y a cette perpétuelle odeur de formol… Et cette infirmière vicieuse nous force tous à rester en pyjamas ! Porter toute la sainte journée ce ridicule pyjama noir que Mère m’a fait faire sur mesure, quelle injure à ma personne ! Et puis ce n'est guère drôle de se faire casser le nez, la clavicule, le genou, les deux bras, les deux jambes, et un nombre incalculable de côtes. Mais il fallait bien que j’aille à l’infirmerie pour pouvoir voir Mal…
Il se mit la main sur la bouche, et gémit.
-Mal… qui ? demanda Lucrécya, l'air angélique.
-MALICIA McGUIRE ! Rincevent, espèce d’ahurie, ne fais pas semblant de ne pas comprendre ! Tu étais au courant !
Malicia était interloquée. Avait-elle bien compris ?! Bouche bée, elle fixa le blondinet.
-Au courant de quoi, Malefoy ? Dis-le nous, nous avons mal entendu ! le tortura Lucrécya.
-Au courant que je l’aime ! pesta Drago, plus rouge que jamais, en tentant de serrer sa mâchoire.
-Mais que tu aimes qui ? poursuivit la Serpentard, un sourire vicieux aux lèvres.
-J’AIME MALICIA McGUIRE ! hurla Drago en se levant.
Tous les regards de la salle convergèrent vers Malefoy. Ce dernier ouvrit des yeux horrifiés, et se mit à courir vers la sortie, en trébuchant.
Malgré les réticences de ses Parents, Drago n'avait jamais regretté une seconde son choix. Même si, pour les apparences, il avait clamé à qui voulait bien l'entendre qu'il avait été forcé. A part cela, il avait été un petit-ami en tout point parfait :
-Mali, cela te plairait-il que je te chante un lai ? proposa-t-il en lui tendant un objet.
La Gryffondor leva un sourcil :
-Qu'est-ce que c'est que ça ?
-Une mandoline du 12e siècle. Je l'ai repeinte moi-même en vert fluo.
Malicia le regarda comme s'il était dément :
-Tu as... repeint en vert fluo... une relique du XIIe siècle ?
-Oui ! s'enthousiasma Drago. Laisse-moi donc te chanter un lai !
Et il se mit à chanter d'une voix suraiguë, en jouant un air improvisé sur sa mandoline désaccordée :
-♪ Ma dame, m'amie, m'amor, Mon cuer, ma druerie, M'esperance et tout quanques j'aiiime, Sachiez que j'ai eü grant faim, D'estre o vous si comme ore i sui, Trestoz jours puis que n'i fui ♪...
Mylénie poussa un soupir d'exaspération, un peu piquée de n'avoir jamais eu droit à ce genre de traitement.
- Une sérénade. Je vois. siffla-t-elle.
-Si cela peut te rassurer, je n'ai pas toujours été irréprochable. fit Drago.
Il extirpa de sa tête un souvenir bleuté...
A une table des Trois Balais, Drago ouvrit un écrin et tendit à Mali une très jolie bague. La Gryffondor resta bouche bée devant l'or fin et les diamants scintillants.
Malgré elle, elle sentit son cœur s'emballer dans sa poitrine.
Drago se pencha vers elle, sérieux :
-Malicia, voudrais-tu...
-Moui?... fit-elle d'une petite voix, pleine d'espoir, au bord des larmes.
Drago sourit, prit son inspiration comme pour se donner du courage, et récita d'un seul trait:
-Laver mon linge, repriser mes chaussettes, préparer les repas, et me border le soir? Et la vaisselle, aussi. Vois-tu, c'est ma mère qui s'occupait de tout cela, du moins elle en donnait l'ordre, et avec elle partie en vacances avec Père je ne sais où, je ne sais comment faire! Je ne sais même pas retrouver mon manoir. Je n'ai jamais pris la peine de m'informer de là où il était, car, vois-tu, j'étais toujours transporté! Alors à quoi bon, tu feras attention à tout cela à ma place, et cette bague sera le gage non seulement notre amour mais aussi et surtout de ton asservissement total à ma cause. Après tout, c'est tout à fait naturel: tu es une femme, et je suis un homme.
Il y eut un long silence. Au loin on entendit la voix de Potter qui vociférait:
-Et là, j'ai dit à Lucius Malefoy: "si tu veux ta chaussette, t'as qu'à venir la chercher!" Et il s'est mit à pleurer, pleurer, et Dobby riait, riait!
Drago remarqua avec étonnement qu'avec le recul, il aurait pu se comporter mieux avec Malicia. Il avait été d'une jalousie maladive, et souvent d'une lâcheté sans limites...
Alors que tous essayaient d'atteindre la sortie le plus vite possible, les détraqueurs se mirent en mouvement et foncèrent droit sur Lucrécya, Marcus, Malicia et Drago, leurs mains en putréfaction tendues droit devant eux.
-Ils m'en veulent à moi ! paniqua Drago. Ils en veulent à la lignée des Malefoy ! C'est évident !
Il se tourna vers les détraqueurs, bras en croix:
-Prenez-moi ! Mais laissez Malicia en vie !... Mais… qu'est-ce que je raconte ?
Il glapit, et se glissa sous une table.
Drago rougit devant tant de couardise.
Cependant, pour sa défense, Malicia n'était pas parfaite non plus. Et malgré tous ses efforts pour la rendre acceptable aux yeux de ses parents, il n'avait jamais réussi....
-Exactement ! Un badge du S.A.L.E ! fit Malicia. Et ça veut dire qu'il est hors de question que je maltraite cet elfe de maison ! Ils sont bien assez opprimés comme ça !
Lucrécya se tourna vers Drago, désespérée :
-Pourquoi tu lui as offert un elfe ? Elle n'est pas capable de l'apprécier à sa juste valeur !
-Je pensais qu'un elfe de maison lui durcirait un peu le caractère ! répliqua Malefoy. Je voulais la rendre un peu plus "serpentaresque" pour que Père et Mère finissent par l'accepter... mais il n'y a rien à faire : elle n'a aucun potentiel ! Elle va avoir besoin de beaucoup d'entraînement...
D'autres souvenirs défilèrent dans la pensine. Certains étaient tristes, d'autres joyeux, d'autres complètement ridicules. Mais tous montraient à quel point il avait été heureux.
A mesure qu'ils quittaient son esprit, et que le visage de Malicia devenait de plus en plus flou, Drago sentit un grand vide se creuser en lui.
Finalement, le nom même de la jeune fille disparut.
Drago regarda devant lui, hébété. Il se sentait triste, mais ne parvenait plus à savoir pourquoi. Il ferma les yeux afin de se reprendre. Il tenta de fouiller sa mémoire. Mais il n'y avait plus rien.
Mylénie se saisit de la pensine, se leva et ouvrit la porte de la chambre. Elle tendit la vasque à un domestique.
-Débarrasse-nous de ça.
L'homme hocha la tête et partit.
Mylénie referma la porte et se tourna vers son fiancé qui regardait dans le vide. Elle s'assit près de lui et lui posa la main sur l'épaule, souriante :
-Ne te sens-tu pas plus léger ?
Drago ne répondit pas.
-Ne t'en fais pas, tu iras mieux très vite. Je suis ravie que tout ceci soit enfin derrière nous !
Elle le serra dans ses bras :
-Oh, mon Amour, imagines la vie merveilleuse que nous allons mener ! Tout le petit peuple à nos pieds, des réceptions magnifiques, un château entier pour nous...
Drago hocha la tête :
-Oui, c'est merveilleux. fit-il lentement, sonné.
Il se leva et fit quelques pas dans sa chambre et regarda par la fenêtre le soleil commencer à illuminer le campus. Mylénie le suivit :
-D'ailleurs, maintenant que tu as la tête totalement libre, nous allons pouvoir penser à ce petit projet qui tiens tant à cœur à nos familles...
Elle se lova contre Drago :
-Nos héritiers ! s'exclama-t-elle, joyeuse.
Son fiancé fronça les sourcils :
-Et qu'ai-je à faire là-dedans ?
Mylénie lui jeta un regard étonné et Drago leva les yeux au ciel :
-Oh, bien, puisque tu le souhaites, je ferai appel à la Cigogne Gigogne un de ces jours...
Mylénie le dévisagea, incrédule avant de se résoudre à penser que ce dernier plaisantait. Elle éclata de rire.
-Oh Drago, c'est la première boutade que tu me fais ? C'est charmant !
Elle sortit de la pièce.
Drago la regarda partir, intrigué. Finalement, il lâcha :
-..boutade ?
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