Sortant une vieille clé de sa poche de blouson d'une main tremblante, Om la rentra dans la serrure de son appartement et ouvrit la porte d'entrée. Titubant sur à peine deux mètres, il s'écroula comme une masse dans son canapé miteux en gémissant.

Beuuuuuh...
...
Je vais décéder, c'est un fait... Une nuit de garde complète ! Toute une nuit !!! Le docteur McGuire veut ma mort... Bon, certes j'ai manqué toute une journée de stage la semaine dernière à Ste Mangouste, mais par Shiva cela en valait la peine ! A la place, j'ai passé une journée idyllique avec Malicia ! Je ne pouvais quand même passer à côté d'une telle félicité ! Finalement les conseils de Drago se sont avérés de bonne augure : elle semble de plus en plus m'apprécier !
...
Même si je ne sais pas trop bien si c'est bien ma personne ou la présence de Drago derrière tout cela qu'elle apprécie... Qu'à cela ne tienne, je ne compte plus les fois où elle m'a gratifié de ses radieux sourires ! Je suis en net progrès ! Dix jours ont passé depuis ma victoire au Quidditch et la chance ne me quitte plus !

Souriant malgré la fatigue au souvenir de ces heures passées en compagnie de la métisse, Om regarda sa sablo-montre... et poussa un gémissement de désespoir.

-Par tous les enfers ! Il est déjà 9 heures et demi ?!! Je dois aller en cours de Sortilèges ! Je n'en puis plus !!!

Se levant de son sofa au rabais qui semblait à cet instant bien plus moelleux et confortable que d'ordinaire, l'infortuné étudiant se traina jusqu'à la porte de sa chambre dont il tourna la poignée au prix d'un effort surhumain.

-Il doit certainement me rester quelques frusques propres dans mon placard, sinon il faudra que je refasse une... OH SEIGNEUR DIEU !!!

L'hindou détourna brusquement le regard, au moment où une jeune fille ne portant pour tout vêtement qu'une culotte fort courte sortit en trombe de la minuscule chambre, en pleurant toutes les larmes de son corps. La porte d'entrée claqua.

Et voilà. Une de plus. Pauvre Drago. J'ai eu beau lui aménager l'appartement de manière à ce qu'il y soit comme chez lui, ça n'a pas l'air d'aller mieux...
...
En fait, il commence sérieusement à m'inquiéter. Je lui ai tout de même laissé ma propre chambre, mais tout ce qu'il trouve à en faire, c'est un piège à jeunes filles innocentes. Ses derniers ébats m'ont obligé à changer le papier peint trois fois de suite... Et je n'ose même pas repenser à l'usage qu'il a fait de mes ustensiles de cuisine !
...
Je ne souhaite pas passer pour un être bougon, mais je trouve qu'il exagère un peu !

Om soupira et reporta son regard sur le lit où Drago était étendu de tout son long, une cigarette à la main... et dans le plus simple appareil. Ses yeux étaient cernés et ses cheveux en bataille se dressaient en pointes sur sa tête. Il gratta sa barbe de trois jours savamment entretenue et jeta à l'hindou un regard blasé avant de le reporter sur le plafond :

-Oui ? En quoi puis-je t'aider, Kapoor ?

Alors que Drago faisait nonchalamment des ronds avec sa fumée de cigarette, Om détourna le regard :

-Ne voudrais-tu pas passer une tenue plus convenable, mon ami ?

-Et toi ne voudrais-tu pas cesser de faire irruption dans ma chambre quand bon te semble ? répartit aussitôt l'Alpha.

-Mais c'était ma chambre et...

Drago jeta un regard froid à son hôte qui s'interrompit aussitôt et finit par lever les yeux au ciel :

-Oh, fort bien. soupira-t-il.

Drago saisit sa baguette et fit venir à lui quelques vêtements.  Il enfila un jean et passa une chemise qu'il ne prit même pas la peine de boutonner. Puis il partit jusqu'à la fenêtre et entreprit de regarder les alentours, l'air sombre.

-Il fait beau. Encore. fit-il sur un ton macabre.

Depuis dix jours, le soleil n'avait pas quitté la WOW. Ce qui ne lui convenait pas du tout. Les gens étaient heureux, beaucoup trop heureux. Et il n'aimait pas les gens. Surtout quand ils étaient heureux.

-Non mais regarde-moi ces étudiants... Tous ces rires, ces bons sentiments... fit-il en ne quittant pas des yeux un  Gamma qui se roulait dans l'herbe, faisant crisser les feuilles mortes. Plus j'observe ces personnes, moins je les supporte...

Drago agita sa baguette et les feuilles formèrent deux mains qui s'empressèrent d'aller étrangler le malheureux. Le blondinet eut un sourire mauvais en le regardant se débattre :

-...si je pouvais en dire autant des femmes, tous mes problèmes seraient résolus. finit-il par dire.

Om, visiblement peu rassuré par la présence de l'alpha, profita du fait que ce dernier ait le dos tourné pour aller à pas de loup jusqu'à son armoire, fouiller comme il le pouvait. Il ne trouva pas ce qu'il voulait et décida de quitter subrepticement la pièce.

-Où vas-tu ? demanda Drago sans se tourner.

Om se figea :

-Je... et bien, j'ai cours et...

-C'est cela, abandonne-moi. le coupa le blondinet d'une voix monocorde. Comme tous les autres.

-Mais non, mon ami, je...

Drago regarda au dehors et serra les dents :

-Vous le regretterez tous un jour de toutes façons... Foi de... moi-même.

Le regard bleu acier de son camarade se posa sur Om qui s'assit sur un bout du lit, mal à l'aise.

-Et sinon as-tu passé... une bonne nuitée, mon... ami ? bredouilla l'hindou.

L'alpha se tourna vers lui, les yeux cernés :

-Non. Je ne trouve toujours pas le sommeil. Et rien ne trompe mon ennui.

-Peut-être que si tu allais en cours tu t'enn... commença Om.

Drago plissa les yeux :

-Mon monde est dévoré par l'ennui. Je marche seul dans la vallée des ténèbres et seul la mort pourra m'en délivrer.

Une lueur étrange passa dans ses yeux :

-Du moment que ce n'est pas la mienne... fit-il avec un sourire cruel.

Om déglutit:

-Je... Il se fait tard non?

-Non. répondit l'alpha en continuant à fixer Om.

Une goutte de sueur perla sur le front de l'hindou :

-Je dois vraiment y aller, mon ami...

Om se mit à farfouiller précipitamment sous son lit et aperçut un de ses pulls. Il le saisit, tira dessus et grimaça en voyant que quelque chose s'était accroché à son vêtement favori.

-Mais qu'est-ce donc que cela ? s'exclama-t-il en considérant avec des yeux ronds une paire de menottes et un bâillon.

Drago haussa les épaules :

-Je ne sais pas si tu as remarqué, enfin non, tu ne l'auras pas remarqué car ta vie sentimentale est aussi vide que ta réserve en alcool,  mais certaines de ces filles sont particulièrement irritantes et remuantes. Il fallait bien que je les empêche...eh bien...d'être irritantes et remuantes.

Il leva les yeux au ciel :

-Va savoir pourquoi, elles en redemandent.

Om tira une multitude d'objets de sous son lit en ouvrant des yeux affolés :

-Et cela, qu'est-ce donc ?

Drago s'alluma une cigarette :

-Crois-moi tu ne veux pas savoir.

-Mais pourquoi ? Pourquoi fais-tu cela ?!

Drago souffla sa fumée :

-La vraie question est : pourquoi pas ?

Le blondinet eut un petit rire machiavélique et Om secoua la tête :

-Je suis terriblement inquiet pour toi, mon ami. T'es-tu restauré récemment ?

-Bien sûr que oui, "Mère". lui répondit son invité d'une traînante. J'ai bu ça.

Drago désigna une petite bouteille qui trônait sur la table de nuit. Om s'en saisit avec des yeux affolés :

-Mais ceci est ma potion de désinfection des plaies !

Drago sembla se rappeler de quelque chose :

-Ah c'était donc cela. Je trouvais que pour de la liqueur de pomme ça n'avait pas vraiment un goût de pomme.  

L'alpha tendit la bouteille à son camarade :

-Une gorgée ?

Om Rajesh Kapoor se tordait les mains à l'extrême, ne sachant pas trop s'il avait déjà été aussi mal à l'aise qu'en cet instant. Sa nature tranquille, à la limite même de la couardise, le mettait en garde contre ce qu'il pourrait dire à Malefoy, la suite pouvant se révéler... désagréable.

Ce... ce n'est plus possible... Cela ne puit plus se poursuivre de la sorte. Les dieux m'ont doté d'une foi à toute épreuve, et j'ai eu longtemps foi en l'éventualité bienheureuse du rétablissement de mon compère.
...
Mais indubitablement ce rétablissement ne se fera pas à moins que je ne m'en mêle. Oserais-je seulement le lui dire ? La honte me monte au front, mais je dois le confesser : mon ami Drago me fait peur...
...
Non, il me faisait peur autrefois. A présent il me terrifie ! Allons ! Du courage, Kapoor !

S'éclaircissant la gorge, Om se résigna à parler :

-Drago, mon ami meilleur d'entre tous, il me vient à l'esprit une idée. Une idée que tu pourrais certes trouver rebutante de prime abor...

-Viens-en au fait Kapoor, par pitié, fit Drago en levant les yeux au ciel.

-Fort bien ! fit Om en se donnant une contenance. En plus de dix jours, tu n'es sorti de mon modeste appartement que pour aller travailler au Mc Gonagald's...

-...et si je n'étais pas contraint par un contrat de travail ensorcelé de me présenter dans ce gourbi tous les jours, crois-moi je m'en serais abstenu.

-...tu t'es mis à boire et à fumer plus que de raison, poursuivit l'hindou, alors que tu m'avais affirmé que tu détestais ça...

-...et c'est toujours le cas, le coupa de nouveau Malefoy, mais si cela me permet de mourir plus vite, c'est un petit sacrifice.

-...mais... mais, au nom de tous les dieux védiques, pourquoi fais-tu donc tout cela ?

Drago ouvrit de nouveau la bouche mais Om le coupa précipitamment :

-ET NE ME RÉPONDS PAS "POURQUOI PAS ?" !

L'Alpha fusilla l'étudiant en Médicomagie du regard.

-Enfin, sans vouloir te commander, mon luxuriant ami...

Les épaules d'Om s'affaissèrent, sentant qu'il ne parviendrait pas à enguirlander Drago comme il l'aurait voulu. Il se résigna à tenter de nouveau de le raisonner :

-Entends-moi bien, mon cher compère... Je réalise pleinement que tes parents t'ont renié et déshérité. Mais je me permettrai de te rappeler que cela est également mon cas, d'une certaine façon ! Tout du moins, si mon père ne m'a pas renié, il m'a assurément coupé toutes vivres...

Alors que le regard de Malefoy se durcissait, Om poursuivit :

-Ce que je souhaite te dire, c'est que... je suis pour ainsi dire dans le même désarroi que toi, mais contrairement à toi, mon ami, je ne me déchaine point tel Kali la Destructrice dans un tourbillon de débauche et d'avilissement d'autrui ! Entends mes paroles, Drago : tout cela va très, très mal se terminer pour toi, je le crains !

-Je n'ai à recevoir de leçons de personne, siffla Malefoy, et surtout pas d'un faible dans ton genre ! Si je dois être malheureux, je ne vois pas pourquoi les autres ne le seraient pas aussi !

-C'est donc pour cela que tu traites les jeunes filles de la sorte ? fit Om, en pleine détresse. Tu ne te soucies donc point de ce que la pauvre Malicia pourrait en penser ?? Elle t'a pourtant supplié d'arrêter...

-Supplié ? fit Drago, sincèrement interloqué. Quand cela ?

-Heu... et bien...

-Peu importe. Si tu savais à quel point je me fiche de cette pauvre fille ! Ce qu'elle peut bien penser de tout ça ne m'intéresse pas !

Om voulut rétorquer quelque chose, mais il ne trouva pas d'arguments suffisamment forts à opposer à l'obstination de Drago.

C'est totalement et tragiquement inutile... il n'écoute rien ni personne, et surtout pas moi... Mais dans quelle épopée infernale me suis-je donc embarqué malgré moi ? Mon mentor déchu ne va pas s'arrêter, il est plus que sérieux !
...
Par Ganesh, il a bien dit qu'il se fichait de Malicia ?? Alors cela veut dire que... qu'il me donne en quelque sorte sa "bénédiction" ? Peut-être devrais-je lui parler des sentiments que je nourris à son égard !
...
Non... plus tard, cela serait mieux. Je subodore quelque danger à lui révéler cela trop tôt...

Om Rajesh Kapoor, devant la mine prostrée de l'Alpha, décida de changer de tactique :

-Tu... tu n'as pas bougé d'ici depuis hier ! Que dirais-tu d'une petite promenade revigorante ? Cela te changerait sûrement les idées !

Drago descendait d'un pas lourd les marches grinçantes de l'immeuble dans lequel Om habitait. Dieu que cet endroit était laid avec ses murs barbouillés de couleurs criardes, et ses tableaux vantant les mérites de l'université du temps où le bon Docteur Magouille, qui n'avait de bon que le nom, n'était même pas né. Le blondinet passa d'un pas traînant dans le hall et ouvrit la porte. Aussitôt il plissa les yeux et grimaça. On aurait cru un vampire qui venait de se prendre le soleil en plein visage.

-Par tous les poils de barbe des Brahmanes ! s'écria Om derrière lui. Qu'est-ce à dire que ceci ?!

L'hindou lui agita une annonce sous les yeux, qu'il venait de détacher d'un panneau à l'entrée :

-Tu souhaites inviter dans mon appartement quatre filles libérées et créatives ?!

Drago fronça les sourcils : à vrai dire, il ne se rappelait même plus avoir écrit cette annonce.

-Je devais me sentir seul. fit-il en haussant les épaules.

Il partit en avant, Om tentant de suivre ses pas.

-Allons mon meilleur ami d'entre tous, cela ne te fait-il pas du bien de t'aérer ?

-Je ne suis pas un animal de compagnie, Kapoor. grinça Drago.

L'hindou ne se découragea pas pour autant :

-Cette matinée est un enchantement pour les sens ! Respire donc cet air pur et vivifiant !

Drago inhala et n'eut pas l'air convaincu. A vrai dire, depuis qu'il s'était mis à fumer, tout sentait la cendre.

-Et regarde autour de toi, comme la nature est belle ! fit Om en ouvrant grand les bras, comme pour communier avec ce qui l'entourait. Cet écosystème fragile qui nous porte tous en son sein ! En voyant tout cela, ne te sens-tu pas prêt à construire un monde meilleur ?

Le blondinet leva les yeux au ciel et tira sa baguette de sa poche. Sous l'œil interrogateur de son camarade, il visa le sol à côté de lui. Aussitôt un éclair en sortit et se mit brûler consciencieusement chaque touffe d'herbe qu'il croisait.

-Mais que fais-tu ? s'écria Om.

-Je détruis pour mieux construire après.

L'air sombre, l'alpha poursuivit sa route, l'hindou le considérant avec inquiétude. De temps à autre, les deux hommes croisaient des étudiants, et Drago ne manquait pas de leur lancer des maléfices de bloque-jambe et autre joyeusetés dès qu'il les avait dépassés.

A l'intérieur de lui-même, le blondinet ruminait. De quel droit Om se permettait-il de lui faire la leçon ? Il n'avait pas vécu la moitié de ce qu'il avait subi ces derniers mois. Et d'où avait-il sorti cette histoire comme quoi Malicia avait tenté de lui parler ?! Cela dit son esprit était si embrumé ces derniers jours qu'il ne se rappelait pas de grand chose des dernières semaines qu'il avait passées. Son esprit tout entier était comme consumé par une rage sourde tellement immense qu'il craignait d'en mesurer l'étendue. Et bien qu'il eut voulu tout garder à l'intérieur de lui, cela semblait sortir par tous ses pores. Que pouvait-il y faire ?

Si Marcus avait été là, il lui aurait probablement donné quelques coup de poings bien placés et lui aurait hurlé de se reprendre. Seulement voilà, après que tous ceux qu'il connaissait lui aient tourné le dos, Marcus lui aussi avait décidé qu'il n'était pas assez bien pour lui. Et son meilleur ami n'était plus là pour l'empêcher de faire exactement tout ce qu'il voulait. Et ce qu'il voulait, c'était que tout le monde sente la longue agonie dans laquelle ils l'avaient tous jeté. Rien de plus, rien de moins.

Drago visa un énorme cadeau qu'un pi omicron pi tendait à sa chère et tendre :

-CRACBADABOUM ! siffla-t-il.

Une détonation se fit entendre. Alors que les deux personnes le considérait sans comprendre ce qui venait de leur arriver, l'alpha bascula sa tête en arrière, ricana.

-Cela suffit ! Je refuse d'en voir plus. fit Om.

Drago croisa les bras :

-Tu t'en vas déjà ? fit-il moqueur. On commençait à peine à s'amuser...

Le Pi Omicron Pi avait l'air énervé, fait exceptionnellement rare :

-Bien sûr que je m'en vais. Avec un karma comme le tien, tu vas finir réincarné en souris de magie expérimentale. Je suis sincèrement navré mon ami, mais à ce stade je ne peux plus rien pour toi. fit-il avant de baisser les bras. J'aurai essayé...

Il tourna les talons. Drago esquissa un geste pour le retenir et finit par baisser la tête :

-Bravo, Malefoy. Tu as réussi à faire fuir ce qui, ces derniers jours, se rapprochait le plus pour toi d'un ami, ironisa-t-il. Ta vie est incontestablement une réussite.

Plus résigné que jamais, l'alpha se mit à marcher lentement vers le McGonagald's.

:arrow: Malicia vient d'ICI !

Malicia rentrait chez elle, un petit sourire aux lèvres, et son sac de cours serré contre sa poitrine. Qu'est-ce que ça faisait du bien de se sentir à nouveau la tête légère ! Et dire qu'elle n'avait pas dormi ces dernières nuits à cause d'un petit écureuil en cavale !

C'était clair maintenant, les Zeta avaient bien mieux à faire de leurs journées que de la poursuivre. Et elle avait bien mieux à faire que d'essayer d'envisager de louer les services de gardes du corps pour se défendre contre elles... D'ailleurs à ce propos...

La métisse saisit son miroir de poche et le porta à son visage :

-Trolls Express !

Un visage cagoulé apparut sur la surface. Un de ses yeux était poché et une longue cicatrice déformait le peu de peau laiteuse et olivâtre qui dépassait du tissu :

-"TROLLS EXPRESS, ILS VOUS TERRIFIENT, ON LES HORRIFIE", BONJOUR ? fit-il d'une voix gutturale.

Malicia sourit :

-Bonjour, ici...

-MADEMOISELLE MCGUIRE, POUR LA CENTIEME FOIS, VOUS...

-En fait, c'est bon, annulez l'opération de ce soir, j'ai pu régler mon petit souci ! la coupa la métisse.

-MAIS IL N'Y AVAIT PAS D'O...

-Merci !

Malicia raccrocha et se remit à gambader. Ah, que ça faisait du bien de ne pas être traquée !

Elle remonta en chantonnant l'allée qui remontait jusqu'à sa maisonnette, et passa devant son fléreur qui tournait en rond sur le perron en miaulant comme un diable.

-Ben mon Schrödingussounet ? Faut pas te mettre dans cet état ! s'exclama la métisse avec un large sourire en tapotant la tête du chat qui s'était mis à feuler. C'est bon, on n'a plus de problème, les Zetas ne m'en voulaient pas, elles cherchaient l'écureuil de notre chef ! Drôle d'histoire, hein ?

Elle mit sa clef dans la serrure et ouvrit :

-Tu vas enfin pouvoir arrêter de me servir de pelu...

-Salut Mali.

Malicia poussa un petit cri et lâcha son sac, faisant s'échapper une dizaine de parchemins griffonnés. Euphemia Hastings l'attendait sur son canapé. Ses grands yeux bleus hallucinés semblaient luire dans le noir. La sorcière tapota la place à côté d'elle :

-Et si tu venais t'asseoir à côté de moi, ma belle ? fit-elle de sa voix vaporeuse et inquiétante. On a quelques mots à se dire...

Un caillou partit briser la vitre arrière d'un bâtiment dans un grand bruit strident. Drago poursuivit sa route, la tête baissée et les mains dans les poches. Il avait bien deux heures avant de devoir retourner dans le cloaque insipide dans lequel il travaillait. Qu'allait-il bien pouvoir faire de tout ce temps ?

Sa gorge se serra. Ces temps-ci, il ne supportait pas d'avoir du temps pour lui. Probablement parce que cela lui laissait un temps indéfiniment long pour ruminer ses innombrables mésaventures et échecs. Cela lui donnait généralement tout sauf envie de passer du temps seul avec lui même.

Ces dernières semaines, il n'avait cessé d'essayer d'échapper à sa vie. Et depuis quelques jours, il y arrivait enfin. Plus rien n'avait d'importance. Il était comme détaché de son propre corps. De la seconde où il ouvrait les yeux à celle où il les fermait, il regardait le monde défiler sans s'en soucier le moins du monde.

Peut-être était-ce ce que son Père ressentait, lui qui n'avait jamais eu de pitié pour personne et qui s'était débarrassé de lui sans hésiter ? Cela voulait-il dire qu'il devenait comme lui ? En tout cas, il était certainement en train d'en prendre le chemin.

Et quelle importance cela avait-il ? Personne ne se souciait de ce qu'il allait advenir de lui. Tout le monde souhaitait qu'il disparaisse. Ce qui allait probablement arriver. Drago n'en doutait pas. Et il faisait tout ce qu'il fallait pour que cela arrive le plus vite possible.

Brusquement, l'alpha stoppa.

-Je devrais peut-être vous prévenir. Je n'apprécie pas que l'on me suive. lâcha-t-il.

Il se tourna et considéra l'allée dérobée dans laquelle il évoluait depuis quelques minutes. Il croisa les bras et attendit patiemment :

-J'ai tout mon temps vous savez. Alors venez-en au fait.

Une ombre passa non loin de lui. Et finalement, une silhouette féminine apparut devant lui. Drago fronça les sourcils :

-Excuse-moi. Tu es... ?

-La chef des Zetas. cracha Perry Wigworthy en le toisant. Et on a à causer, toi et moi.

-On ne t'a pas vu beaucoup ces derniers temps... commença Euphemia sur un ton désapprobateur en regardant Malicia s'asseoir doucement à côté d'elle.

La métisse se tourna vers elle, gênée :

-Ben, tu sais ce que c'est... On commence à lire un code et après il faut tous les lire et après on...

Devant le regard incrédule de l'étudiante en Médicomagie, Malicia préféra détourner le sujet :

-Il fait beau hein ?

-Il pleut.

La métisse jeta un coup d'œil par la fenêtre : effectivement, une fine pluie commençait à taper contre sa fenêtre :

-Oh... moi qui espérait qu'il allait continuer à faire beau jusqu'à Halloween... fit-elle d'une petite voix avant de se tourner à nouveau vers sa camarade avec un large sourire. Oh ! Tu as décidé de te déguiser en quoi ?

-Pourquoi t'es pas venue nous voir Mali ?

La métisse rougit :

-Ben, je...

-Tu te rappelles que tu avais une mission ? la coupa Euphemia.

Malicia eut l'air surprise :

-Une mission... ?

-Oui. fit la zeta en gardant son air éthéré, qui semblait soudainement très faux. Nous débarrasser de ta saloperie d'ex. Tu sais, celui qui a décidé de faire du mal à toutes tes consœurs ?

Euphemia plissa les yeux :

-Tu aimes tes consœurs, hein, Malicia ?

-Hein ? Euh, oui bien sûr ! s'agita la métisse.

-Alors pourquoi tu n'as pas réglé son compte à ton ex, comme tu avais dit que tu le ferais ?

Malicia baissa tristement la tête sans trop savoir quoi répondre. Elle avait bien essayé de parler à Drago. Mais il l'avait chassée les deux fois et avait semblé totalement insensible à ce qu'elle lui disait. Et puis, elle avait décidé de se plonger dans ses livres, pour éviter de penser à lui et au fait que, bien qu'elle sache qu'elle n'aurait jamais pu faire autrement, elle se sentait coupable d'avoir été la cause de ses ennuis.

-J'avais énormément de travail.... commença-t-elle d'une voix peu assurée.

-Tu sais ce que ton ex a fait pendant que tu travaillais ?

La métisse releva la tête, ses grands yeux remplis de crainte.

Une fine pluie d'automne commençait à recouvrir les allées de la WOW, formant sur les trottoirs délavés de vastes flaques brillantes. Drago plongea son regard bleu acier dans celui de Perry.

-Que me veux-tu ? siffla-t-il.

La punkette s'avança et annonça, très sûre d'elle-même :

-Oh, y'a plein de choses que je souhaite. Redorer le blason de ma sororité. Briser chacun de tes doigts pour que plus jamais tu ne les poses sur une Zeta. Te faire cracher des excuses pour ce que tu leur as fait.

Elle stoppa pile en face de lui :

-Éradiquer ta sale face de la surface de la planète.

Le silence retomba alors que les deux opposants se fixaient avec froideur dans la ruelle aux couleurs délavées. Finalement, Drago eut un petit sourire amer :

-Rien que ça ? fit-il.

Il secoua la tête :

-Pardonne-moi mais j'ai du mal à avoir la moindre peine pour tes consœurs. Je ne les ai pas forcées à se jeter dans mes bras.

Alors que Perry serrait les dents, il haussa les épaules :

-Je savais déjà que tes amies n'avaient aucune dignité, mais là...

Perry le saisit par le col :

-T'as dit quoi ?!

-Je dis que tes amies sont bien assez grandes pour se défendre seules. rétorqua Drago, méprisant. Si elles ont quelque chose à me dire, qu'elles ne m'envoient pas leur chien de garde.

Il se détacha de l'emprise de la Zeta et entreprit de quitter les lieux. Un éclair lui barra la route et il se retourna : la punkette, furieuse, venait de le viser. Le regard de Drago se noircit :

-Tu veux vraiment en arriver là ?

Il prit prestement sa baguette :

-Et bien, vas-y je t'en prie. Voyons ce qu'une seule Zeta peut faire contre moi.

Perry eut un petit rire mauvais :

-Ouais. Voyons ce qu'on peut faire contre toi.

Drago se raidit :

-On ?

Il ouvrit des yeux inquiets : tout autour de lui, l'ensemble de la sororité Zeta venaient d'apparaitre, baguette à la main.

-ARRÊTE ! cria Malicia.

La métisse recroquevillée sur elle se bouchait les oreilles. Quand elle le voulait, Euphemia était vraiment une fille atroce. A croire qu'elle appréciait la torturer avec tous les détails qu'elle pouvait avoir sous la main.

-Ah ? fit cette dernière en posant son coude sur le haut du canapé où elle était assise. Tu veux plus entendre parler de ton ex ?

La métisse leva un regard implorant :

-NON !

Elle secoua la tête et ferma les yeux. De grosses larmes roulèrent sur ses joues. Drago avait vraiment dépassé toutes les bornes possibles. Et elle n'avait rien fait pour l'en empêcher.

-Je ne veux plus entendre parler de lui. fit-elle en hoquetant.

- Alors pourquoi tu ne t'es pas occupée de son cas ? siffla Euphemia en la fusillant de ses grands yeux bleus lunaires.

Son interlocutrice se tourna vers elle, désemparée :

-Je savais pas qu'il avait fait tout ça ! s'écria-t-elle. Je le reconnais pas ! Ca lui ressemble pas ! Il a jamais été comme ça !

-Visiblement si. articula Euphemia en la regardant froidement. Mais tu étais peut-être juste trop amourachée pour t'en rendre compte ?

-Je ne suis pas amourachée ! s'exclama Malicia. Je ne l'aime plus depuis longtemps !

Elle renifla en silence.

-Donc tu n'en as rien à faire de lui ? finit par demander l'étudiante en Médicomagie assise près d'elle.

La métisse secoua la tête :

-Non. fit-elle d'une voix faible.

Elle regarda Euphemia droit dans les yeux :

-Je n'en ai rien à faire de Drago Malefoy. Je me fiche bien de ce qui pourrait lui arriver. Il pourrait bien mourir que je n'en aurait toujours rien à faire. Je veux juste qu'il paye pour tout ce qu'il a fait, et je suis désolée si j'ai pas été capable de me venger moi-même.

Le silence retomba.

Finalement, Euphemia se leva doucement :

-Parfait.

Malicia leva la tête :

-Quoi ? fit-elle d'une petite voix.

-C'est bien que tu ressentes tout ça. Parce que figure-toi que Drago n'est plus un problème depuis...

Elle regarda l'horloge qui trônait sur la cheminée de Malicia.

-Quelques minutes au moins.

La métisse la regarda effarée :

-Qu'est-ce que vous avez fait ?

-Ce que tu n'as pas été capable de faire, Mali.

Euphemia lui sourit :

-Je dois te laisser. Ce genre de choses, ça se fête.

La zeta lui tourna le dos et referma la porte derrière elle.

Malicia marchait sous la pluie, complètement désorientée. Où était Drago ? Où les Zetas l'avaient-elles attaqué ? Dans quel état était-il ? Elle regarda autour d'elle, complètement perdue. Avec cette averse soudaine, tout le monde s'était réfugié chez soi et elle était quasi-seule à errer sur le campus.
Il pouvait être n'importe où.

La métisse sentit les larmes remonter jusqu'à ses yeux et se remit à marcher :

-Il faut que je le trouve. Il doit être là, quelque part... fit-elle, agitée.

Brusquement, elle stoppa. Alors que la pluie s'abattait sur ses épaules, elle resta quelques secondes sans pouvoir bouger.

Qu'est-ce qu'elle était en train de faire ? Chercher Drago ? Et pourquoi ? Pour l'aider ? Après tout ce qu'il lui avait fait ? Après tout ce qu'il avait fait à tout le monde ?

Malicia baissa la tête :

-Il l'a mérité. Tout ce qui lui arrive, il l'a mérité. chuchota-elle doucement. Je peux rien faire.

La métisse comprit soudain que non seulement elle ne pouvait rien faire, mais qu'il valait mieux qu'elle ne fasse rien. Drago avait mal agi. Il n'écoutait plus personne. Si elle faisait quelque chose, elle ne l'aiderait pas. Il méritait ce qui venait d'arriver. S'il fallait ça pour qu'il comprenne le mal qu'il avait fait, pourquoi l'aider ?

Malicia fit marche arrière, et entreprit de rentrer lentement chez elle, ses larmes continuant de couler toutes seules. Elle finit par arriver jusqu'à sa maison et se laissa tomber sur son canapé.
Tout ça, ça ne la concernait plus. Ca ne devait plus la concerner. Elle ne devait plus se laisser entraîner. Elle avait besoin d'avancer. De changer. Tout changer.

Le miroir de la métisse se mit à scintiller sur sa table de salon. La métisse essuya ses yeux :

-Oui ? fit-elle.

-Bonjour, Malicia, ma douce amie, fit Om, apparaissant sur la surface brillante du miroir. Je souhaitais m'enquérir de tes nouvelles ! Comment vas-tu depuis notre dernière entrevue ?

Malicia fondit en larmes.

Littéralement mortifié, Om Rajesh Kapoor écoutait sans mot dire les sanglots frénétiques de Malicia. La pauvre Zeta semblait sur le point de déverser une somme d'angoisses et de souffrances qu'elle semblait avoir retenues depuis longtemps, sans toutefois parvenir à prononcer un seul mot. Elle était noyée de chagrin.

-Je... c'est un cauchemar ! parvint-elle à articuler entre deux respirations saccadées.

-Par tous les dieux, mais que t'es-t-il donc arrivé ? s'exclama-t-il, la panique menaçant de le consumer. Quelque gredin t'aurait maltraitée ??

-Non ! Non, non, c'est pas ça ! C'est...

La voix de la métisse se brisa, et ses pleurs redoublèrent.

Om tenta d'adopter un ton apaisant :

-Ne t'inquiète donc point, Malicia. Je te rejoins directement en ta demeure. Dès maintenant. Tu pourras tout me narrer devant une bonne tasse de thé.

Décidément, les dieux se jouent de moi en ce jour ! Tout d'abord ce pauvre Drago qui dépasse les dernières limites de ma patience, ensuite toute une demi-journée de cours éludés, et maintenant, cela ? Je n'arrive même plus à me lever le matin sans me demander quel évènement ou plutôt quelle catastrophe va arriver...

Malicia renifla bruyamment et plongea ses yeux rougis dans ceux de Om qui se reflétaient dans le miroir magique :

-Tu... tu veux bien ?

Dans une tentative de la réconforter, l'hindou la gratifia d'un sourire éclatant :

-Mais bien entendu, très chère Mali !

Sans attendre une seconde de plus, l'hindou mit fin à la communication et se concentra, fermant les yeux très fort. Les rouvrant l'instant suivant, il constata avec satisfaction qu'il avait transplané avec succès dans le salon de la métisse.

Cette dernière avait levé les yeux sur lui, un soulagement sincère se lisant dans son regard. A présent qu'il se trouvait en sa présence, comme à chaque fois, il sentit sa timidité dévorante prendre peu à peu le dessus sur lui.

Refusant cependant de se laisser aller, Om Rajesh Kapoor se redressa, l'air sérieux. Il s'assit aux côtés de la pauvre Malicia qui s'était remise à pleurer toutes les larmes de son corps, et croisa les mains devant lui.

-Allons, allons. Je t'écoute, mon amie. Que t'ait-il donc arrivé d'aussi déchirant ?

La métisse plongea son regard désespéré dans celui de l'Omicron.

-C...ça t'es déjà arrivé de te rendre compte que tu avais fais du mal, beaucoup de mal autour de toi sans même t'en rendre compte ?

Quelque peu désarçonné par la question, Om prit un instant pour peser ses mots :

-Ma foi, c'est... tout à fait possible...mais si tel est le cas, les personnes qui en ont souffert ne me l'ont pas fait savoir. Pas encore. Pourquoi ce questionnement, mon amie ?

-Mon... mon ex petit-ami, Drago m'a traitée comme une vulgaire véracrasse... répondit-elle en baissant la tête, je veux dire, il a dépassé toutes les bornes. Il a... il a fait des choses innommables, des choses que je ne l'aurais jamais cru capable de faire... Tu l'as déjà rencontré, non ?

-J'ai... je veux dire, oui. Nous nous sommes déjà rencontrés.

-Alors tu dois comprendre ce que je veux dire. Tu as vu sa façon d'agir, surtout avec les filles...

-Jee... bredouilla l'hindou en levant une main hésitante en direction de l'épaule de la métisse.

-Ma fraternité m'a demandée de le convaincre d'arrêter... Mais, j'ai pas réussi. Ou plutôt, je n'ai rien voulu faire, et les choses ont dégénéré. Tout est de ma faute...

-Grands dieux, non ! s'insurgea Om. Je t'interdis de penser cela ! Cela n'est tout de même pas de ta faute si ton ancien compagnon de vie est à présent à une expérience de magie expérimentale de devenir le nouveau Maitre des Ténèbres !

La Zeta en pleurs leva ses yeux baignés de larmes sur Om, une expression pleine de détresse sur le visage :

-Si, c'est ma faute... j'ai pas vu à quel point il avait souffert... et j'ai pas su être assez ferme pour le dissuader de faire... ce qu'il a fait. Et maintenant ma fraternité toute entière a du mettre un terme à ses frasques.

-Je ne suis point sûr de comprendre ce que tu insinues, mon amie.

-Les Zeta l'ont... l'ont...

Sa voix se brisa de nouveau, et elle demeura muette de douleur. Comprenant ce que Malicia insinuait, Om baissa la tête, mortifié.

Je le savais... je savais qu'il arriverait malheur à ce pauvre Drago. Il souhaitait ardemment mettre un terme à son existence, on peut dire qu'il a presque réussi.
...
Om Rajesh Kapoor, il te faut du tact à présent ! La douce Malicia est venue à toi en quête de réconfort, tu dois te montrer à la hauteur, pour une fois !

L'étudiant en Médicomagie s'éclaircit la gorge, et tenta de choisir ses mots :

-Tu as eu une histoire avec ce Drago. Comment aurais-tu pu agir autrement envers lui ? Il est odieux au dernier point, je le concède. Mais les dieux savent à quel point il est difficile de réprimander les personnes que l'on aime et de leur en vouloir.

Rassemblant son courage, il posa une main compatissante sur l'épaule de la Zeta.

-Certaines personnes refusent tout simplement la main qu'on leur tend, et on ne peut les forcer à la prendre. Mais ça n'est en rien de ta faute, ma douce amie.

Malicia tourna lentement la tête et, le nez rougi par toutes les larmes qu'elle avait versées, considéra la main qui était posée sur son épaule avec de grands yeux surpris. Depuis des mois qu'elle se débattait avec cette histoire, elle avait l'impression d'être un de ces mannequins de chiffon sur lequel sa classe et elle s'étaient acharnés des heures et des heures en Défense contre les Forces du Mal.

Elle ne savait même plus ce que c'était, le calme. Et voilà qu'en quelques phrases à peine, Om avait réussi tout apaiser dans sa tête.

-Merci, bredouilla-t-elle.

L'hindou sourit :

-Mais c'est bien normal, ma chère Malicia. Il ne sera pas dit que je laisserai une amie seule face à l'adversité. Il y a un vieux dicton dans mon pays qui...

Malicia prit Om dans ses bras et le serra aussi fort qu'elle pouvait et le Pi Omicron Pi demeura le doigt suspendu en l'air, coupé dans son discours.

-Je... commença-t-il.

-Tu es un gars bien, Om. fit la métisse.

-Je...

-Tu es toujours adorable avec tout le monde, tu ne fais jamais de mal à personne.

L'hindou rougit, comme si il n'avait pas l'habitude d'avoir une fille si près de lui :

-Je... Il y a...

Avant qu'il ne puisse dire autre chose, Malicia, poussée par une lubie soudaine, lui plaqua un baiser sur les lèvres. Finalement, elle releva maladroitement la tête : que venait-elle de faire ? Quelque chose en elle avait l'espace d'un instant pensé qu'elle méritait quelqu'un de mieux. Mais maintenant, elle sentait le rouge monter à ses joues :

-Euh... je suis désolée... je...tu voulais peut-être pas que...

-Je...

Malicia grimaça :

-Tu voulais ?

-Je...

La métisse baissa la tête, confuse : qu'est-ce qu'Om devait penser d'elle ?! Comment allait-elle se tirer de là ?

-C'est que, je sais pas si je suis prête à avoir un petit ami après tout ce qui s'est passé...

-Il y a...

-Oh et puis, tu sais quoi ? D'accord ! Soyons ensemble ! finit par s'exclamer Malicia.

Elle passa maladroitement ses bras autour du cou d'Om et l'embrassa à nouveau pendant une longue minute.

Alors qu'ils s'embrassaient, une étrange odeur de bois brûlé emplit la pièce...

-Dis, ça sent pas la fumée ? demanda-t-elle, un brin d'inquiétude dans la voix. Comme si quelque chose brûlait, pas loin ?

Alors que la métisse allait voir à sa fenêtre, Om, qui avait toujours le doigt levé, avait des yeux ronds :

-Il y a un dic... un ticiticiticton... un dicton chez moi qui... finit-il pas balbutier.

Immobile au milieu du salon, Om Rajesh Kapoor tenait toujours son doigt en l'air la bouche toujours entrouverte.

-Iiiil...i..il... yyy...y a .... parvenait-il à peine à balbutier.

Son bafouillage ininterrompu finit par se tarir dans sa glotte, et il demeura muet, bougeant enfin son doigt levé pour le poser sur ses lèvres, là où la métisse l'avait embrassé.

Je dois être en train de rêver... Oui, c'est cela, je rêve forcément... Je me disais aussi que le début de cette cataclysmique journée était beaucoup trop surréaliste pour réellement se dérouler sous mes yeux...
...
Mais... si ça n'est pas réel, Malicia ne m'a pas... Oooh non !!!

Pris d'un mouvement de panique, Om se pinça le bras de toutes ses forces. Une larme qui n'était en rien due à la joie coula le long de sa joue.

Bien, me revoilà rassuré...
...
VICTOIIIIIIIIIIIRE !!!! MALICIA M'A EMBRASSE !!! ELLE DÉSIRE QUE NOS DESTINÉES S'UNISSENT SOUS LES HOSPICES DE GANESHA !!! NON, OM RAJESH KAPOOR, AUJOURD'HUI TU EN AS LA PREUVE : TU N'ES PAS UN ÉCHEC !!!

Un sourire incontrôlable s'épanouit sur son visage qui se fendit jusqu'aux oreilles. Sautant de joie, à une hauteur qu'il aurait été d'ordinaire bien en peine d'atteindre, l'hindou, radieux se mit à danser sur place frénétiquement dans le plus pur style bollywoodien :

-DHOOM MACHALEEEEE !!! DHOOM MACHALE DHOOM !!! chanta-t-il à tue-tête.

Tournant sur lui-même avec grâce et candeur, il se figea tout à coup, terrifié.

Par tous les dieux, qu'ai-je fait ?? Je me donne ainsi en spectacle, hurlant comme un damné devant ma compagne de vie ? Que va penser Malicia de mes manières barbaresques ?

Se tournant immédiatement en direction de la fenêtre où la métisse était postée, il s'inclina les mains jointes, honteux :

-Mille milliards de pieuses excuses, ma douce amie ! Tu dois t'imaginer que je suis tombé sur la...

Risquant un regard vers la métisse, Om constata qu'elle n'était plus là. Se redressant d'un coup, terrifié à l'idée de l'avoir déjà faite fuir, il se précipita à la fenêtre : la Zeta courrait dans l'allée des saules charmeurs en direction d'une lueur orangée émanant de l'allée des savoirs interdits, d'où s'élevait une inquiétante colonne de fumée.

Transporté par la joie d'avoir conquis le cœur de celle qu'il désirait depuis de longs mois, Om sauta prestement par la petite fenêtre, geste qui ne lui serait jamais venu à l'esprit quelques jours plus tôt, et atterrit sur le parterre de fleurs. Il se lança à la poursuite de la jeune sorcière :

-Maliciaaaaaa !!! Attends moi, douce amie !!!

Il ne serait pas dit qu'un futur médicomage tel que lui puisse fuir en abandonnant d'innocentes victimes dans la fournaise d'un incendie ! Et encore moins sous les yeux de celle qu'il avait désormais à cœur d'impressionner par ses prouesses...

:arrow: Malicia et Om se précipitent AUX ÉCURIES !

-Drago ? Drago ?

Le blondinet tourna lentement la tête vers cette voix qu'il n'avait pas entendue depuis longtemps. Une main se posa doucement sur son épaule et il sentit la chaleur d'un visage contre le sien. Il adorait cette chaleur-là. Elle lui était incroyablement familière.

Il ouvrit doucement un œil. Mon dieu, comme cela était douloureux. Et il n'y avait pas que ses yeux qui lui faisaient mal. Tout son corps semblait avoir été mis en miettes et ses membres le brûlaient affreusement.

-Drago ? répéta la voix.

L'alpha tenta de distinguer le visage qui se tenait près du sien. Les rayons de soleil qui baignaient la pièce, une petite chambre du dispensaire, étaient tout bonnement aveuglants bien qu'étrangement agréables. Drago cligna des yeux et à mesure qu'il reprenait conscience, la personne qui lui tenait la main lui apparut plus clairement. Elle avait de longs cheveux dorés, de grands yeux rieurs et un sourire contagieux.

-Malicia ? articula-t-il avec difficulté sans trop comprendre ce qui était en train de se passer.

La métisse eut l'air soulagé :

-Oh, Dragounet, tu es réveillé !

Elle serra bien fort l'alpha dans ses bras et couvrit ses lèvres et son visage de baisers :

-Lulu et Minus n'y croyaient plus mais je savais que t'allais revenir ! Je le savais !

Elle fit un large sourire à Drago qui la regardait comme s'il avait vu un fantôme :

-Mais que fais-tu là ? fit-il en tâtant le minois qu'il avait devant lui, un peu troublé par ce qu'il arrivait. Que s'est-il passé ?

Malicia ouvrit des yeux étonnés :

-Y'a eu une bagarre entre fraternités, c'était affreux ! Tu te rappelles pas ?

Elle agita sa main devant les yeux de l'alpha :

-Tu vois combien de doigts, dis ?

Drago se redressa et grimaça sous la douleur :

-Mais... tu n'es plus fâchée ?

-Fâchée ? Mais pourquoi ? s'exclama la zeta, interdite.

Drago se mit à bredouiller :

-Mais... Mylénie... ce que j'ai fais, et mes parents... et...

Au fur et à mesure qu'il narrait les derniers mois infernaux qu'ils avaient passés, la métisse le regardait avec une inquiétude grandissante. Finalement, elle eut un petit sourire :

-Bien, bien, bien. Y'a quelqu'un qui a encore bien besoin de se reposer, je crois... On va appeler l'infirmière, hein ?

Malicia se leva, mais l'alpha lui saisit la main :

-Non ! Ne pars pas. Ne me quitte pas.

La métisse, étonnée, se rassit à côté de lui :

-Mais, je pars pas Drago...

Elle lui fit un grand sourire et lui caressa les cheveux, les mettant en bataille :

-Je te quitterai jamais, tu sais bien !

-Mr Malefoy ? fit une voix à côté de lui, comme venue de nulle part. Mr Malefoy !

Drago tourna la tête vers l'infirmière qui se tenait à côté de lui :

-Laissez-nous tranquilles ! Vous ne voyez donc pas que vous nous dérangez ?

En fronçant les sourcils, la femme regarda ce que le blondinet désignait : un coin de son lit totalement vide.

Drago cligna des yeux : Malicia avait disparu. Et les lieux semblaient nettement moins ensoleillés qu'il y a quelques secondes. En fait, la nuit était tombée et la petite chambre à la propreté clinique où il était allongé faisait froid dans le dos. De son hallucination, seule la douleur lancinante de ses membres étaient restée. Il secoua la tête, perturbé et se mit à considérer l'étendue des dégâts. Il était couvert d'ecchymoses et de bandages.

-Je vois. fit l'infirmière, à côté de lui. Je vais chercher de quoi vous soulager.

Elle lui tourna le dos.

-Attendez ! cria Drago.

La femme se retourna.

-Quelqu'un est-il venu me voir ? Une métisse ? Des cheveux longs et ondulés ? Un grand sourire lumineux ?

La femme le considéra en silence. Finalement, elle prit la parole :

-Vous devriez vous reposer. Il est bientôt minuit. fit-elle en se remettant à marcher.

-Même pas un grand Pi Alpha Fi à l'air bougon avec un enfant en bas-âge dans les bras ? cria Drago.

L'infirmière l'ignora superbement et quitta la pièce. Drago resta quelques secondes sans bouger et finit par se rallonger. C'était donc cela ne compter pour personne. Comment avait-il fait pour perdre tout ce qui comptait pour lui, une chose après l'autre ? Pourquoi avait-il laissé tout cela arriver ?

Il ferma les yeux.

Malicia lui manquait. Marcus lui manquait... Fichtre, même ses ignobles parents lui manquaient.

Il détestait ce qu'il était devenu. Etait-il trop tard pour sauver le peu qu'il lui restait ? Le voulait-il vraiment ?

De longues minutes s'écoulèrent pendant lesquelles Drago considéra ses draps d'un regard vide. Finalement, il se leva et saisit dans ses affaires soigneusement pliées son miroir à moitié fêlé. Il se laissa glisser par terre, s'assit sur le sol froid et murmura :

-Marcus Flint.

La surface scintilla doucement. Longtemps. Enfin le visage de Marcus apparut :

-Quoi ? grommela-t-il.

-Je suis désolé. fit Drago tristement. J'ai été odieux et je n'aurai jamais du faire ce que j'ai fais.

-Hein ?

Marcus le dévisagea en fronçant les sourcils :

-Depuis quand tu t'excuses, toi ?! finit-il par dire.

-Je suis désolé. répéta Drago.

-Oula, ça va, pas la peine de le dire deux fois. Une fois, ça foutait déjà assez les jetons ! T'es où ?

-Au dispensaire.

Marcus soupira :

-Qui t'as encore tabassé ?

-Les Zetas.

-Tu t'es fais tabasser par des gonzesses ?!

-A ma décharge, elles étaient innombrables.

Le silence retomba :

-Tu t'es fais tabasser par des gonzesses ?! répéta Marcus rigolard.

Drago soupira :

-Oui, Flint, je me suis fait tabasser par des femmes. Et Malicia n'a visiblement rien fait pour les empêcher. Et qui l'en blâmerait ? Après tout ce que je lui ai fait subir à elle, et aux autres.

Il baissa la tête :

-J'ai détesté chaque minute de ce dernier mois. fit-il, amèrement. Tu avais raison, ce n'est pas un mode de vie qui me convient.

-Ah ça, j't'avais dit que tu t'en lasserais vite ! répondit Marcus.

Drago hocha la tête et le silence retomba. Finalement, il bascula sa tête en arrière et ferma les yeux :

-Malicia me manque. finit-il par dire.

Sa voix résonna dans la pièce vide.

-Malicia me manque...

Drago poussa un long soupir mélancolique, et baissa ses yeux vers son miroir à double face.
Mais le seul reflet que ce dernier réfléchit fut le sien : Marcus venait de raccrocher, sans même l'en avertir.

De colère, Malefoy ne put s'empêcher de pester :

-Ah ! Bravo ! Ça se dit être mon meilleur ami, et ça me raccroche au visage alors que je suis non seulement à l'agonie, mais de plus en pleine introspection dépressive ! Au moment où je fais des efforts, au moment où j'ai le plus besoin d'un soutien amical ! Non mais sérieusement, ce Flint, quelle raclur.. .AAAAAAAAH !

Le blondinet sursauta en croisant soudain le regard noir de Marcus, qui était penché sur lui.

-Qu'est-ce que tu disais ? siffla le PAF.

Malefoy manqua de s'étrangler :

-Flint ?! Mais comment diable es-tu venu aussi rapidement ?

-J'ai transplané, triple buse ! Je m'inquiétais pour toi ! Si tu t'excuses, c'est que ça va vraiment pas !

Marcus donna une tape derrière la tête de Drago, qui grimaça de douleur :

-AOUCH !

-Ah, ben t'as l'air d'aller mieux, ça me rassure.

Le PAF s'assit dans un fauteuil, juste à côté du blessé qui frottait l'arrière de sa tête en maugréant. Puis il allongea ses jambes sur le lit de ce dernier.

-Je t'en prie, fais comme chez toi, ironisa Drago.

-Ouaip ! C'est exactement ce que je comptais faire !

Flint s'étira longuement, puis tourna un visage au sourire moqueur vers son ami :

-Alors comme ça tu t'es fait tabasser par une bande de gonzesses hystériques ? fit-il en pouffant de rire.

-Oui, Flint, nous avons déjà abordé ce sujet...

-Admets quand même que c'est hyper drôle !

Drago soupira à nouveau :

-Je ne vois pas en quoi.

-Ben, une bande de meufs, mon gaillard ! DES MEUFS ! Hystériques ! Contre toi tout seul !

Il éclata d'un rire gras, avant de taper une grande claque sur sa cuisse. Puis, il croisa le regard noir du blondinet, et se calma un peu.

-Trop tôt pour en rire ? Dommage. T'aurais besoin d'une bonne tranche de rigolade, si tu veux mon avis. Surtout avec ce que je dois t'annoncer.

Drago leva un sourcil interrogateur devant la mine soudain sérieuse de Marcus, et se redressa dans son lit :

-Que se passe-t-il ? Quelqu'un est-il mort ?

-Non. PIRE.

-Wizzip Girls a été annulé ?!

-Un peu moins pire que ça. Mais quand même.

Le blondinet croisa les bras, agacé par tant de suspense :

-Que diable, Flint, cesse donc ces mystères !

Marcus se gratta la tête, gêné :

-Bon, j'espère que t'es bien assis...

-Je suis installé dans un médiocre lit d'infirmerie incroyablement dur. Je ne peux pas être plus assis que ça, Flint. Viens en au but !

-Ok, décréta l'étudiant en Défense en haussant les épaules. Lulu m'a miroiré tout à l'heure pour me raconter que Malicia avait trouvé un nouveau mec. C'est l'indien bizarre, là, l'étudiant en médicomagie qui parle en chochotte comme toi, tu vois qui c'est ?

Drago écarquilla les yeux, puis se figea, le regard perdu droit devant lui.

Au bout de quelques minutes, Marcus passa une main devant la figure de l'Alpha, histoire de lui faire avoir une réaction quelconque :

-Youhou ? Malefoy ? Ça va ?

La main de Marcus passa une nouvelle fois devant les yeux de Drago alors qu'un silence de mort s'abattait sur les lieux.

-Malefoy ? répéta le capitaine. T'as vraiment l'air zarbi, ça va aller ?

Sa voix résonna, comme lointaine, aux oreilles du blondinet, qui pencha lentement de côté son visage devenu livide, fixant avec le regard d'un aliéné un ennemi invisible qui semblait le toiser. Drago ne bougeait pas. Son corps tout entier semblait s'être vidé de son sang et dans la pièce enténébrée, il n'entendait plus qu'une chose : les pulsations de son cœur qui battaient dans sa poitrine un air menaçant.

-J'aurai p'têtre dû attendre que tu ailles mieux avant de te mettre au courant. commença Marcus. Allez, parle mon gars, ça te fera du bien.

Il plaqua sa main sur l'épaule de son ami. Le regard glacé de ce dernier se posa sur lui et il la retira aussitôt.

La bouche de Drago esquissa une fugace grimace de colère alors qu'aux battements qui résonnaient dans son crâne succédaient une cohorte de souvenirs désagréables. Alors comme ça, Om Kapoor s'était joué de lui. Son soi-disant intérêt pour ses propos n'avait été qu'un biais pour parvenir à Malicia. Cet insipide cancrelat s'était servi de lui alors qu'il était au plus mal pour lui voler ce qu'il avait de plus précieux. Et désormais, il allait devoir endurer la vision de ce parasite convolant avec SA petite-amie.

La main de l'alpha se crispa sur sa baguette, qui était posée sur la table de chevet et la serra si fort qu'un mince filet de sang se mit à gouter sur les draps.

Malicia était à lui. Non à cet arriéré insipide.

Drago se leva doucement, fixant toujours droit devant lui.

-Tu vas faire ce que je pense ? demanda Marcus.

Le blondinet ne répondit pas et sortit de sa chambre d'un pas lent.

-Mr Malefoy ?! Vous croyez partir où comme ça ? s'écria son infirmière en lui barrant la route.

Drago ne stoppa pas pour autant, et devant son air plus que sinistre, la femme s'écarta de son chemin pour le regarder passer avec inquiétude. Marcus la dépassa en courant :

-Il a juste une course à faire, vous savez c'que c'est ! lança-t-il à la volée. Je vous le ramène dès qu'il a fini !

Les deux hommes quittèrent le dispensaire et s'avancèrent dans Mysteria Lane, Marcus prenant garde à laisser quelques pas entre lui et son ami. Drago ne pensa même pas à le dissuader de venir. Il n'en avait rien à faire. Il ne voulait qu'une chose : clouer la tête d'Om Kapoor sur le mur de sa résidence. Il avança dans le quartier désert, sa baguette serrée dans son poing.

Finalement, il stoppa devant un immeuble décrépi et leva les yeux au ciel, comme possédé.

-C'est là qu'il vit ? demanda Marcus.

Le PAF avait stoppé derrière lui et croisait les bras. Clairement, il n'avait pas la moindre intention de le stopper.

-Alors on fait quoi ? On monte et on lui met la tête au carré ? demanda-t-il gravement.

Drago leva sa baguette et visa un appartement à l'étage.

-Cracbadaboum. articula-t-il d'une voix venue d'outre-tombe.

La fenêtre de l'appartement vola en éclats. Une voix familière poussa un cri et quelques secondes plus tard, la tête d'Om émergea.

-Par Ganesh ! Mais qu'est-ce que... ?! s'écria ce dernier.

L'alpha agita sa baguette et l'hindou bascula en avant, droit dans le vide. Heureusement pour lui, les branches de l'arbre qui jouxtait l'immeuble amortirent sa chute et le pauvre Om dégringola de branche en branche avant d'atterrir sur le sol.

-Ok. Je vois que t'as pas besoin de moi. Je vais me mettre plus loin. fit le capitaine.

Alors que Marcus s'éloignait, un peu déçu de ne pas pouvoir participer, Om aperçut Drago qui avançait lentement vers lui et ouvrit des yeux affolés :

-Dr... Drago ?! Mon ami... euh... enfin... que fais-tu là ?!

L'alpha stoppa juste devant lui. Il tendit sa baguette et la pointa sur le front du Pi Omicron Pi.

Par un réflexe de survie quasi-miraculeux, Om se baissa juste à temps en poussant un petit cri aigu, avant que de la baguette de Drago ne jaillisse un puissant sortilège. Ce dernier partit telle une fusée meurtrière et éclata l'arbre qui se trouvait derrière lui

L’hindou se tourna pour constater les dégâts, les yeux exorbités, avant de se retourner vers l’Alpha juste à temps pour le voir lever de nouveau sa baguette. Poussant derechef un cri de terreur, Om s’élança vers les fourrés environnants et y plongea. Un nouvel éclair calcina le parterre d’herbe où il se trouvait l’instant d’avant.

-Dr… Drago, mo… mon a…mi meilleur d’en.. d’en… d’entre tous ! bafouilla l’Omicron en proie à la panique. Tout ce déchai…nement de violence est inutile ! Je… je suis sûr que…

Un sortilège fusa dans sa direction, et Om Rajesh Kapoor courut à quatre pattes à l’extrémité des fourrés sans cesser de hurler, tandis que le sort enflammé carbonisait le terrain derrière lui. Finalement l’étudiant en Médicomagie trouva un abri provisoire derrière le tronc d’un gros arbre qu’il rejoignit en un bond maladroit.

-Loin… lointaine était de moi l’idée de te… peiner, mon… mon ami ! gémit Om, sa voix se brisant sous le coup d’une peur abjecte.

QUE SHIVA GANESHA ET RAMA ME PROTÈGENT !!! IL EST DEVENU FOU !!! AAAAAAAAAAAAH !!!
MAIS… POURQUOI NE DAIGNE-T-IL MÊME PAS M’ÉCOUTER ?!! IL NE PARLE MÊME PAS ! IL NE FAIT QUE LANCER DES SORTS !
…
JE NE SAIS PAS LANCER DE SORTILÈGES D’ATTAQUE !! JE VAIS MOURIR !!!

Le visage baigné de sueur, alors que Drago martelait l’épais tronc d’arbre qui servait d’abri à Om d’éclairs en tout genre qui rongeaient peu à peu l’écorce, l’hindou tenta une nouvelle fois de raisonner l’Alpha :

-Tout… tout ceci n’a aucun sens, Dra… Drago ! Ne peut-on tout simplement pas en discuter calmement au… autour d’une bonne tasse de…

Un dernier éclair surpuissant fit voler le tronc en éclats. Om poussa un cri suraigu et fut projeté à deux mètres de là où il se trouvait, roulant dans l’herbe du parc. Se relevant comme il le pouvait, il dégaina sa propre baguette sans même s’en rendre compte.

Les deux sorciers se tenaient à présent face-à-face, sans aucun obstacle les séparant. Alors que Om tenait maladroitement sa baguette devant lui comme un bouclier de fortune, Drago braquait la sienne sur l’hindou, le visage de marbre. Son expression ne reflétait ni colère ni tristesse. Juste une froide détermination. L’Omicron sentit ses entrailles se liquéfier.

Un vent glacial se leva, ébouriffant leurs cheveux et balayant les débris calcinés par les sortilèges de l’Alpha.

Om regarda le bout de boit ensorcelé qu’il tenait serré dans ses phalanges, les lèvres tordues en un rictus de terreur. Il leva un regard implorant sur son ancien ami :

-P…pouce ?

Drago leva de nouveau sa baguette, prêt à frapper.

Drago ne sourit même pas en voyant son adversaire implorer une pause. Il était comme mû par une force irrésistible qui ne pouvait être apaisée et obscurcissait totalement le peu de conscience qu'il lui restait. Aussi quand Om couina un "Pouce" pathétique , il leva sa baguette :

-Diffindo.

Darius Lestrange a effectué 1 lancé(s) d'un (Dé de duel.) :

7

Cela ne peut être en train d'arriver... Je suis endormi après un lassi de trop et je fais un cauchemar...
Mais comment a-t-il pu savoir aussi vite, pour ma douce Malicia et moi-même ?

Om vit Drago abattre sa baguette et lancer un nouveau sortilège. Cette fois-ci, il n'avait plus le choix !

Il glapit en se cachant derrière sa baguette :

-PROTEGO !

Om Rajesh Kapoor a effectué 1 lancé(s) d'un (Dé de duel.) :

9

Drago bascula en arrière sous l'effet de son propre sort renvoyé et tomba à terre, le corps couvert de coupures brûlantes. Il geignit sous la douleur. Alors comme ça, cette vermine était trop lâche pour se battre ? Les yeux de l'alpha se noircirent de rage. Il allait donc lui renvoyer tous ses sorts jusqu'à ce qu'il tombe comme un chien ?

Drago tenta péniblement de se relever, en vain. Il hoqueta, cracha du sang, en proie à une vive souffrance, et retomba sur le sol. Il ferma doucement les yeux et se figea.

Le silence retomba. Finalement, la voix brisée d'Om s'éleva :

-Qu... qu'ai-je fait ?!

L'hindou se précipita sur l'alpha et posa une main sur son torse. Il écarquilla les yeux :

-Oh non !

Saisissant sa baguette, le futur médicomage entrepris de soigner son adversaire, totalement affolé.

Drago ouvrit brusquement les yeux :

-Wingardium Leviosa. prononça-t-il en soulevant une branche qui partit cogner son ennemi de plein fouet.

Om tomba à la renverse.

En voyant ce pauvre Drago prendre de plein fouet son propre sortilège, renvoyé par le bouclier magique qu'il venait d'ériger, Om se plaqua une main sur la bouche, les yeux affolés.

Par tous les dieux ! Je suis un assassin

-Qu'ai-je fait ! gémit-il à voix haute, avant de se précipiter vers l'Alpha blessé.

Mais alors qu'il tendait sa baguette pour le soigner, Drago fit soudainement léviter une branche qui fonça sur l'hindou et le heurta violemment.

CHANCE POUR QUE OM NE LÂCHE PAS SA BAGUETTE :

Om Rajesh Kapoor a effectué 1 lancé(s) d'un (CARTE CHANCE.) :

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Om Rajesh Kapoor se releva péniblement, étreignant sa baguette qu'il avait réussi à conserver. Du coin de l’œil, il vit que Drago était déjà debout, une main crispée sur sa blessure. Un rictus de rage se voyait sur son visage, à présent.

Refusant de lui faire du mal, Om réfléchit à toute vitesse, tentant de se rappeler la formule du sortilège de désarmement. Sous le coup de la panique, elle lui revint soudain en tête :

-Expelliarmus !

Om Rajesh Kapoor a effectué 1 lancé(s) d'un (Dé de duel.) :

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Drago visa Om de sa baguette :

-Chauve-Furie !

Darius Lestrange a effectué 1 lancé(s) d'un (Dé de duel.) :

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La baguette de Drago échappa brusquement des mains ensanglantées de son propriétaire, qui ne chercha pas à la retrouver. Il n'avait même pas été capable de vaincre Om. Il n'avait certainement pas besoin de se donner plus en spectacle. Il était déjà l'ombre de lui-même.

Les deux hommes se regardèrent un instant dans le silence nocturne alors que quelques curieux regardaient par les fenêtres des immeubles, en quête d'un duel à commenter.

-Bravo Om. Tu m'as pris tout ce qu'il me restait. fit l'alpha d'une voix blanche. J'espère que tu es content.

Le blondinet baissa la tête, une grande tristesse se lisant dans son regard. Il se sentait vide. Tellement vide. Et son corps le faisait affreusement souffrir.

-Je suis désolé, mon ami, je... commença Om au bout d'un moment.

-Ne le sois pas. le coupa Drago. J'ai parfaitement mérité ce qu'il m'arrive.

Il releva les yeux :

-Occupe-toi bien d'elle. Et ne t'avises surtout pas de lui faire du mal.

Devant l'air éberlué de son interlocuteur, l'alpha reprit en articulant chacun de ses mots, afin de ne laisser aucun doute à l'hindou :

-Je t'assure que si tu la rends malheureuse ne serait-ce qu'une seconde, je te rendrai le mal que tu lui as fait au centuple.

Drago tourna les talons et partit lentement rejoindre Marcus qui l'attendait plus loin, chacun de ses pas lui faisant un mal abominable. Mais cela n'était rien en comparaison de la douleur qu'il ressentait tout au fond de lui-même.