Le chemin de Traverse, c'était le paradis du sorcier. Y'avait tout ce dont on pouvait avoir envie. D'ailleurs c'était pas pour rien que le vieux dicton disait "si un détraqueur fait un pique-nique sous vos fenêtres, il faut aller au Ministère; si vous êtes un détraqueur, et que vous voulez acheter de quoi faire un pique-nique, il faut aller sur le chemin de Traverse". Oui, c'était bien normal, imaginez : cents boutiques renommées, toutes à la suite les unes des autres, bordant un grand chemin en pierre qui n'en finissait jamais ! Et quelles boutiques ! Elles étaient là depuis des centaines d'années : Slug & Jigger's, Eeylop's, Flourish & Blott's, Weasley's, Madam Malkin's, Gambol & Jape's. Oh... et Gllükflüvk.
Gllükflüvk, c'était le petit dernier de la rue. Y'avait moins d'un an que ce magasin était là, et c'était pas vraiment possible de le rater : au milieu des belles boutiques en vieux bois, acacia, ébène ou acajou, y'avait un cube. Un gros cube bleu marine en ferraille qui dépassait les autres de deux bons étages. Un énorme cube trop bleu sur lequel était écrit en jaune pétant :
Gllükflüvk, c'était intriguant. Personne savait vraiment pourquoi ça s'appelait comme ça. Ni ce que ça pouvait bien vouloir dire. Pas même le gérant. C'était sans doute pour ça que dès le premier jour, toute la population de la rue avait fait le pied grue dehors et que le magasin ne désemplissait pas.
Mais voilà, y'avait un hic. Une rumeur de trois fois rien. Quand on entrait chez Gllükflüvk, on était jamais sûr d'en sortir... Mais ça, ça inquiétait pas vraiment Malicia : Gllükflüvk, c'était l'endroit idéal pour trouver sa déco d'anniversaire. Sa déco... et peut-être plus !
-Njüt njüt... njüt njüt... njüt njüt njüt NJÜT ! ♪ Njüt njüt... njüt njüt... njüt njüt njüt NJÜT ! ♫ faisait une petite musique d'ambiance sautillante.
La zeta, les yeux rieurs, lança :
-Oh regarde ! Un vase Åkerkullgüg à seulement 3 mornilles ! fit-elle en agitant sa baguette et en faisant venir à elle l'objet. Et là un... un...
Elle pencha la tête pour lire l'étiquette de la chose orange pétant qu'elle tenait dans les mains :
-Y'a pas de porte. Et pas de fenêtres, crénom d'un balai ! s'emballa Lulu.
Malicia regarda autour d'elle. Gllükflüvk était peut-être pas le plus joli des magasins, mais de là à dire qu'il était damné... Bon d'accord, c’était vrai qu' il y avait pas de portes. Ni de fenêtres. Y'avait des allées par contre. Des allées toutes biscornues et noires de monde. Avec des flèches qui flottaient au-dessus de leurs têtes et indiquaient des directions incompréhensibles et qui tournaient sur elles-mêmes. Des flèches partout, au dessus des trop nombreuses allées, qui partaient à gauche, à droite, rebroussaient chemin entre deux étagères dandinantes, repartaient à gauche, et à gauche... et encore... à gauche. L'espace d'un instant, Mali eut l'impression que les murs se rapprochaient. Mais ça devait être un effet d'optique.
Lucrécya hocha vivement la tête et Malicia la saisit par le bras pour la rassurer. Elles prirent le premier chemin qui indiquait un passage plus court. L'alpha avait l'air inquiète comme tout :
-Tu sais que l'autre jour, ils ont fermé le soir... Et y'avait encore trois personnes qui manquaient ? fit-elle d'une voix d'outre-tombe.
-Regarde Lulu, des rideaux Glaskullg avec des ronds partout ! la coupa Mali. C'est beau, non.. non ?
-Y'a sûrement un truc louche dans les parages, moi je te le dis. Comme un monstre ou un croque-mitaine... C'est peut-être lui qui s'appelle Gllükf...
-Oh, des bougies Hȫlleplergj parfumées à la mandragore ! lança la zeta en s'efforçant de ne pas penser à la rumeur qui circulait sur l'étrange boutique. Ça sent bon non ?
Lulu le saisit et le renifla :
-Nan. lâcha-t-elle.
-Bon, je prends datura alors ? répondit Malicia en ouvrant son sac de course sans fond et en fourrant quelques bougies à l'intérieur.
Tout en discutant, la métisse poursuivit son shopping et saisit une boîte bariolée, une seconde boîte plus grande à rayures, des draps-housses multicolores, des coussins avec des hippogriffes dessus et des mugs. Bon d'accord, ça allait absolument pas lui servir pour sa déco d'anniversaire. Mais c'était tellement joli et tellement pas cher ! Et puis, elle avait bien le droit de se faire plaisir pour son anniversaire, non ?
Tout d'un coup, Lulu s'arrêta.
-T'as entendu ?
-Non ! chantonna Malicia en continuant à fourrer des trucs dans sa besace. J'entends rien... et c'est normal parce que ce magasin est tout ce qu'il y a de plus normal !
Elle s'arrêta à son tour. C'est vrai qu'il y avait comme un détail qui allait pas, d'un coup.
-Toi aussi t'entends plus la musique ? souffla Lulu.
Les deux filles restèrent quelques secondes sans bouger. Elles étaient dans un rayon plein de grandes armoires à glace menaçantes dans lequel il n'y avait strictement personne à part elles, leurs reflets déformés... et un minuscule chimpanzé en bois qui tapait des cymbales en tournant sur lui-même. C'était le seul bruit aux environs.
-On est pas déjà passées par là ? demanda Lulu. Pourquoi c'est vide, tout d'un coup ?
-Je sais pas... couina Mali qui commençait un peu à s'affoler. Mais j'aime pas cette histoire !
-Y'a qu'un moyen de savoir !
Lulu saisit le sac sans fond de la métisse et regarda à l'intérieur :
-Cré... nom... d'un ... balai ! s'écria-t-elle brusquement.
Elle tira un lot de mugs identiques à ceux que Malicia tenaient déjà dans ses mains... puis un deuxième. Puis un troisième. Puis un dixième.
-Combien de fois on est passées par là ?! bredouilla la zeta.
Les deux filles se regardèrent avec appréhension :
-GLLÜKFLÜVK EST MAUDIT !!! hurlèrent-elle.
Elle se mirent à courir en bousculant tous les meubles qui se trouvaient sur leur passage.
Inventaire :
Potion Miracle du Bon Docteur Magouille (x3),
Horloge des Familles,
Pommade Pommadante Grégoire,
Lait de Poule du Bon Docteur Magouille (x2),
Tequila Magouillita (x4)
Potion de Requinquance (x2)
Sujet: Re: Njüt njüt... njüt njüt... njüt njüt njüt NJÜT ! Sam 24 Jan 2015 - 20:16
Comment Malicia n'avait-elle pas pu s'en rendre compte avant ?! Ces lieux étaient maudits ! COMPLÈTEMENT MAUDITS ! Elles allaient mourir aussi sûrement que si elles avaient profané une des pyramides multi-ensorcelées qui servaient de tombeaux aux antiques sorciers-rois pharaons !
Pourtant, quand on y regardait de plus près, c'était évident que quelque chose clochait, dans ce magasin de tarés !
Déjà, y'avait les étagères. Elles étaient trop hautes. BIEN trop hautes. Ouais, bon, ok, dans la plupart des boutiques, les étagères étaient trop hautes pour Lucrécya : mais là, elles étaient trop hautes pour n'importe quel être humain ! Elles auraient pu toucher les nuages, si jamais la vieille tôle rouillée digne du pire des hangars qui faisait office de plafond avait été ouvert sur l'extérieur. Ils avaient perchés des literies piaillantes, des miroirs se gondolant de rire et des commodes aux allures peu commode à plus de dix mètres de hauteur ! Personne n'aurait pu aller chercher ces trucs sans hippogriffe ou sans balai ! Sauf que, et c'était ça qui avait commencé à insinuer le doute en Lulu.... Y'AVAIT PAS DE BALAI A DISPOSITION ! NI DE FOUTU HIPPO !
-AAAAAAH ! s'époumona-t-elle, encore plus fort qu'avant, en accélérant le pas.
-DIS LUSTUCRUUUU ! s'écria la métisse, déjà à bout de souffle, à ses côtés.
-KEWOUAAAAAH !
-POURQUOI ON S'ENFUIT COMME CA ?!
-BEN PARCE QUE... t'avais plein de trucs... dans ton sac... et la musique s'était... arrêté...
Lucrécya stoppa net, en fronçant les sourcils. Malicia voulut faire de même, mais, prise dans son élan, elle finit sa course dans un fauteuil Årvikyrǿsnörk rose fushia. Le coussin ringard en forme de cœur Hjǿrtuflürkj, posé dessus, l'enserra aussitôt dans un câlin moelleux, dans ses deux long bras grotesques.
-Hiiii lâche-moi !
-La musique a repris... murmura Lulu d'une voix rauque, une ombre sur le visage, les yeux écarquillés d'effroi.
Malicia se redressa tant bien que mal, repoussa avec difficulté l'assaut un peu trop amical du coussin-coeur, et remit de l'ordre dans ses vêtements.
-Ça veut dire que tout est rentré dans l'ordre, non ?... non ?
La métisse jeta un coup d'oeil au coussin moelleux... et d'un geste rapide le fourra dans sa besace, sans que Lucrécya ne le remarque, toute occupée qu'elle était à scruter les lieux autour d'elle.
-Non... IL se joue de nous...
-''Il'' ? Qui ça, ''il'' ?
-Tu sais bien... lança la batteuse. Gllükflüvk...
-Ah ah, lui répondit la métisse, peu convaincue.
-Il attends son heure, et il nous surveille... D'en haut...
-Ah ah.
-Et il s'amuse à nous regarder tourner en rond dans ces allées sans fenêtre ni porte qui se ressemblent toutes jusqu'à l'épuisement et l’asphyxie, et là il rira, rira, et nous, on mourrira, ON MOURRIRA !
-Ah ah, on mourrira, oui oui oui, répéta la métisse dubitative. Mais, dis-moi une chose, Lustucru...
-Quoi ?
-Tu as passé du temps avec Griselda O'Neil, dernièrement ?
Le regard inquiet de Lulu s'assombrit, alors que la Zeta insistait :
-Tu sais bien qu'il ne faut pas croire tout ce qu'elle dit. Ou refuser tout ce qu'elle t'offre à boire ou à manger. Enfin, moi, je dis ça...
-CA N'A RIEN A VOIR AVEC O'NEIL ! J'TE DIS JUSTE QU'ON POURRA JAMAIS SORTIR D'ICI ! Tu ne comprends donc rien ?! Tu m'as fait pénétrer dans l'antre du Démon ! Et moi je t'ai suivi ! On va mourir asphixiées ! ASPHIXIEES ! Ohmondieuohmondieuohmon...
L'air commençait à se raréfier pour la liliputienne. Elle regarda autour d'elle, et paniqua encore davantage : l'allée dans laquelle elles avaient atterri était en tout point semblable aux autres ! Comment s'en sortir ?! Il y avait bien des flèches colorées au sol, qui se trémoussaient et désignaient des chemins... mais nulle part il n'y avait de légendes pour expliquer à quoi correspondaient ces foutues flèches, ou bien leurs couleurs bariolées ! Enfin si, il lui semblait en avoir apperçu une à l'entrée du magasin... mais d'une, c'était impossible de s'en souvenir, et de deux : elle était écrite en FOUTU SUEDOIS !
ET BORDEL DE CHIOTTES, A QUOI SERVAIT CES FOUTUS VASES FLOTTANTS REMPLIS DE FOUTUS MICROSCOPIQUES CRAYONS A PAPIER ?!! ILS ÉTAIENT LA POUR LA NARGUER ! LUCRÉCYA EN ÉTAIT CERTAINE !
Étrangement, en face d'elle, Malicia paraissait incroyablement maîtresse d'elle-même.
-Lustucru... Tu fais une crise de claustrophobie, expliqua cette dernière.
-N'importe quoi ! Ça n'a rien à voir ! pesta Lulu, pliée en deux sous l'effet du manque d'air. Je me sens exactement comme quand miss Sacrin, la directrice de l'orphelinat, me punissait en m'enfermant des jours durant, dans le puits sans fond, froid et sans lumière qu'il y avait dans son bureau ! C'est pas de la cocofobie !
L'ex-Gryffondor haussa les épaules, avant d'agripper un encensoir Rǣstenstǿrkjɇn en forme d'étoile, et de le fourrer dans son sac à provision.
-Ben... si.
-Je te dis qu'non !
-Ben... si.
-J'TE DIS QU'NON !
-Ben... si. Et ça explique pourquoi t'as l'air aussi tarée que Griselda O'Neil, lança tranquillement la jeune femme aux cheveux dorés.
Ce qui eut l'effet d'une bombabouse sur la brunette, qui se redressa aussitôt, outrée :
-QUOI ?! AUSSI TARÉE QU'O'NEIL ?!
-Ben... ouais. Et en plus, t'es pas aussi classe que tu le penses en plus. Avec ton boursouflet sur l'épaule, tu fais troooop saison dernière, c'est complètement has been.
-HEIN ?! QU'EST-CE T'AS DIS LA ?!
-Et tu sais quoi ? Même avec tes talons... t'es petite.
Ce mot fut la goutte d'eau qui fit déborder la furie du vase de la batteuse : elle agrippa Séraphine, et hurla, la mâchoire crispée de colère.
-MAIS P'TAIN T'ES MA MEILLEURE POTE NORMALEMENT, POURQUOI QU'TU FAIS LA TEUPU COMME CA BORDEL ?!!
Le sourire moqueur de la sorcière à la peau caramel s'élargit :
-Ben... j'essaye de t'énerver assez pour que ta colère te submerge tellement que t'oublie que t'as peur, badina Mali, en lorgnant sur une théière Uglükøgstorn en forme d'oliphant barrissant. Ça marche ?
Lulu considéra les choses... puis hocha la tête :
-OUAIS CA MARCHE SUPER BIEN ! dit-elle, hurlant toujours. MERCI BEAUCOUP MALICIA !
-De rien.
-ON PEUT DIRE QUE TU M'CONNAIS SUPER BIEN !
-Ouais, hein ?
-OUAIS CARRÉMENT ! T'ES PAS MA MEILLEURE AMIE POUR RIEN !
La Zeta lâcha le lot d'assiettes Ölaføverlägjsen qu'elle était en train de contempler, et acquiesça avec force :
-Et ouais, c'est exactement ce que j'allais dire, dingue, non ? On dirait presque qu'on fait de la transmission de pens... AH MAIS LUSTUCRU QU'EST-CE QUE TU FAIS ?!
Lulu, qui venait d'asséner un violent coup de batte sur un meuble, leva la tête :
-ÇA A SUPER BIEN MARCHÉ TON TRUC MAIS LA FAUT QUE J'ÉVACUE ! RHAAAA !
Et elle brisa en deux un malheureux secrétaire Upplůgltäckjă qui n'avait rien demandé à personne. Elle poussa un soupir satisfait :
-Ah, ça va mieux.
Une ombre la submergea d'un coup. Surprise, elle leva ses yeux apaisés, et réalisa qu'en face d'elle, Malicia venait de perdre toutes ses couleurs.
-Bah quoi ? demanda la vandale en herbe.
-Njüt ? fit une voix étrange derrière elle.
L'AAA se retourna... et se retrouva nez à nez avec une armoire à glace. Pas une véritable armoire à glace, comme celles qui s'élevaient quasiment jusqu'à l'infini sur les étagères qui les entouraient, mais un grand, beau et musculeux suedois, au visage aussi carré que son torse, et au cheveux plus blonds encore que ceux de Malefoy. Il portait une chemisette bleu agrémentée de jaune, qui moulait parfaitement ses pectoraux, et où l'on pouvait lire, sur une petite étiquette, son nom. A savoir « Sven Svenhǻnslindjberğtrømlundbergştrömsson. »
-B... bonjour, monsieur S... Svenhanshijli...euh.... monsieur Sven ? balbutia la Zeta.
-NJÜT !
Le suédois désigna le secrétaire brisé, l'air revêche.
-C'était comme ça quand on est arrivé ! lâcha Lulu, sans s'en faire.
-NJÜT...
-Rien qu'un bon Reparo ne puisse arranger, en tout cas, ahahah... rigola nerveusement la métisse, tout en considérant les bris irréparables du meuble.
Inventaire : Chocolats Cépamoi (x5)
Essence de dictame (x5),
Lait de poule Miracle du Bon Docteur Magouille (x2),
Philtre de Requinquance (x5),
Potion Miracle du Bon Docteur Magouille (x2),
Potion Tue-loup,
Rapeltout,
Tequila Magouillita,
Potion contraceptive
Sujet: Re: Njüt njüt... njüt njüt... njüt njüt njüt NJÜT ! Ven 30 Jan 2015 - 15:27
Quelque part dans Gllükflüvk, une porte s'ouvrit. C'était une grande porte jaune, avec une poignée jaune, et un écriteau bleu sur lequel était écrit en jaune : "Sven Svendidrikernstsixtuåkerridénljungströmelofedwardsson". Sven Svendidrikernstsixtuåkerridénljungströmelofedwardsson était le patron de Sven Svenhǻnslindjberğtrømlundbergştrömsson mais ce n'était pas le patron de Gllükflüvk.
Non, non, non : Sven Svendidrikernstsixtuåkerridénljungströmelofedwardsson avait pour patron Sven Svenalbinomsandbernstrudgerdblagkregussson, qui lui même avait pour patron Sven Svenludwigsalanderbergalhakarfredsson, qui lui même avait pour patron un certain Mr Olaf. Malicia le savait parce qu'elle avait passé une bonne heure dans le bureau de Sven Svendidrikernstsixtuåkerridénljungströmelofedwardsson à regarder l'organigramme de Gllükflüvk, tout en se faisant disputer en suédois. C’était joli le suédois, ça c’est sûr. Un petit peu moins quand c’était crié.
Mali, donc, ouvrit la porte de Sven Svendidrikernstsixtuåkerridénljungströmelofedwardsson et sortit du bureau. Elle posa son sac à emplettes en soupirant :
-Bon, ben… adieu déco d’anniv. Bonjour grosse armoire cassée qui ira nulle part chez moi.
Elle se tourna vers sa meilleure amie, qui sifflotait, les mains dans les poches :
-Pourquoi c’était à moi de payer déjà ?
Lulu haussa les épaules :
-Parce que c’est toi qui m’a énervée.
-Mais j’ai fait ça pour que tu penses pas à ta claustrophobie ! se défendit la métisse, en assemblant ses cheveux dans une queue de cheval.
-J’suis pas cocophobe.
Lulu jeta un coup d’œil à la nuée de sorciers toujours plus nombreux qui peuplaient le magasin et la saisit par la manche, en fronçant les sourcils :
-Dis t’as pas l’impression que tous ces gens-là, c’est des fourmis ? Genre comme dans une maison de fourmis ?
Malicia qui soupesait une boîte en fer la corrigea :
-On dit une fourmilière, Lustucru.
-Ouais. C’est c’que je dis. Lâcha sa meilleure amie, qui écarquillait les yeux de plus en plus devant l’affluence. De grosses fourmis bouffeuses de chair qui grouillent de partout avec leurs grosses antennes poilues et qui vont se jeter sur nous pour nous ensevelir et après on pourra plus respirer, on sera submergifiées et on…
La zeta posa sa boîte, décidée :
-Et si on allait acheter mon gâteau d’anniversaire ?
Elle prit son amie par le bras. Il valait mieux pas traîner ici, ou Lucrécya allait encore démolir quelque chose. Déjà que toutes ses économies étaient passées dans une armoire beige… Mali accéléra le pas, en zigzaguant entre les articles, évitant de justesse des flèches fofolles qui semblaient s’entraîner à piquer les gens, et essayant de faire le moins attention possible aux étiquettes alléchantes du magasin. Le souci avec des endroits comme ça, c’est qu’elle avait toujours envie d’acheter quelque chose. Elle pouvait pas s’en empêcher, elle adorait acheter des… ben des choses. C’était sûrement pour ça qu’elle était toujours plus ou moins fauchée. Mais bon, quand elle serait une grande journaliste et qu’elle aurait un salaire à 4 zéros, ça serait sûrement moins un problème. Enfin, elle espérait.
En attendant, elle allait se consoler d’avoir acheté une grosse armoire beige toute cassée avec un gâteau de folie. Bon d’accord, elle avait plus le budget pour un gâteau de folie. Mais, en choisissant bien ses ingrédients, elle arriverait sûrement à faire quelque chose de sympa pour sa fête…
Alors qu’elle pensait ça, Mali eut un petit pincement au cœur. Elle était vraiment triste d’avoir dû bannir Drago de la soirée. Elle avait vraiment honte de lui avoir interdit de venir. Mais c’était mieux comme ça : si il venait, alors tout le monde saurait, et ce qu’elle avait vécu cette semaine serait réel. Et si ça devenait réel, alors ça voulait dire qu’une chose : elle, Mali McGuire, était amoureuse. Et si elle était amoureuse, alors elle aurait le cœur brisé en mille morceaux un jour. Comme la dernière fois, comme…
La zeta porta la main à sa gorge, incapable de respirer.
-Ca va, Mali ? demanda Lulu.
-Ca va ! couina la métisse avec un semblant de sourire, qui devait plus ressembler à une grosse grimace.
Lulu lui fit un clin d’œil complice :
-Oh toi, je sais ce que t’as…
Mali ouvrit des yeux horrifiés.
-…T’es cocophobe ! lâcha Lulu en lui donnant une tape dans le dos.
Elle éclata de rire. Mali rit jaune.
-En fait c’est pour ça que tu veux qu’on sorte d’ici ! continua la batteuse. T’as honte de l’avouer, mais c’est toi qui souffres de cocophobie ! Tu peux rien me cacher : j’te connais comme si je t’avais faite !
-C’est vrai Lulu, acquiesça la zeta, soulagée que sa copine ne se doute de rien. J’avoue : je suis une grosse cocophobe…
La brunette lui mit son bras autour de ses épaules :
-T’inquiète, poulette, on va partir bientôt. Tu vas pas souffrir longtemps…
-Merci Lustucru… bredouilla la métisse.
-De rien. J’suis pas cocophobe, moi, mais j’ai vachement d’empathétie quand même… répondit son amie en bombant le torse.
-Vachement ! confirma Mali en hochant la tête.
-Ouais… vachement… fit Lulu, rêveuse avant de taper dans ses mains. Allez, on va se les chercher ces ingrédients pour gâteaux ?
-Oui ! s’exclama Mali. Regarde là-bas, y’a marqué Olufberggut ! Ca veut peut-être dire pâtisserie ?
-Peut-être… admit la batteuse en plaçant un index sur ses lèvres.
Inventaire :
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Pommade Pommadante Grégoire,
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Sujet: Re: Njüt njüt... njüt njüt... njüt njüt njüt NJÜT ! Sam 31 Jan 2015 - 19:34
Les filles avaient acheté un florilège d'ingrédients... ou du moins, ce qu'elles espéraient être des ingrédients, dans ce qu'elles espéraient être une épicerie alimentaire suédoise. En tout cas, ça avait l'air... comestible, à défaut d'appétissant. Ouais, comestible. Ou pas. En même temps, les emballages bleu et jaune, estampillés ''majsmjöl'' ou ''bakpulver'', n'avaient pas vraiment aidé l'Alpha à se faire une opinion sur le sujet.
De toutes façons, Lucrécya s'en fichait : Malicia, en bonne accro au sucre, avait un don pour transformer n'importe quel ingrédient chelou en dessert plutôt bectables, ma foi.
Et puis, le plus important la dedans, c'était qu'elles étaient enfin sorties du cube métallique et surchauffé à l'évidence bâti sur la bouche de l'Enfer de Gllükflüvk ! LULU ETAIT LIBRE ! LIIIBRE ! Aussi libre qu'un Elfe enchaussetté !
Et, après avoir couru en ricanant comme une idiote sous une pluie battante pour fêter ça, c'était donc mouillée comme jamais, mais la tête haute, le torse bombé et le boursouflet sur l'épaule que la batteuse était entrée dans la plus prestigieuse des boutiques de fringues du Chemin de Traverse. A savoir Tissard & Brodette, le magasin de luxe, où la moindre frusque valait plus que la vie de ses employés.
Là, suivie par sa meilleure amie, elle avait foncé droit sur la vendeuse, une vielle aux cheveux roux si bien taillés en carré, qu'on aurait su dire s'il s'agissait de ses vrais cheveux, d'une perruque, ou bien d'un casque. L'AAA lui avait alors demandé ce qu'elle voulait précisément, et pour appuyer ses dires, avait hoché la tête vigoureusement, en croisant les bras, sûre d'elle.
Mais elle ne s'était pas attendu à ce que la dame, hautaine la regarde des pieds à la tête en fronçant imperceptiblement le nez, et en lançant d'une voix dégoulinante de snobisme :
-Plaît-il ?
Le sourire de Lulu s'amenuisa.
-Bah qu'est-ce que t'as pas capté ? s'étonna-t-elle. Ma bestah et moi on veut chacune une sape bien moulante qui nous fasse paraître comme la plus teupu des teupus tout en restant assez swag pour pas passer pour une cagole !
Le boursouflet de Lulu, trempé d'eau de pluie, s'ébroua, et la vendeuse rousse lui lança un regard empli de dégoût. Puis, elle passa à nouveau à la contemplation de l'Alpha, sans se défaire de sa moue écoeurée.
-Je n'entends guère vos souhaits, finit-elle par admettre.
Lucrécya leva un sourcil, boudeuse. Cette vioque se foutait d'elle ou quoi ?
-T'endends pas ? T'es sourdingue ou bien ? T'as b'soin d'un sonotone ? J'veux une SAPE ! lâcha-t-elle en criant plus fort que jamais, et en articulant exagérément. De teupu ! Mais pas de cagole ! Et qu'à l'air cher, hein ! C'est pas tous les jours l'anniversaire de ma BFF !
Devant l'air d'horreur absolu mêlé d'incompréhension totale de l'employée de la boutique, Malicia préféra s'interposer, non sans lancer un petit rire nerveux :
-Ah-ah, elle veut juste savoir où sont vos robes de soirée !
La sorcière pinça ses fines lèvres, et déclara :
-Elles sont là-bas. Et si vous avez besoin de moi... abstenez-vous.
Elle s'éloigna à petits pas, le nez en l'air. Lucrécya, quant à elle, serra les poings, agacée :
-Pourquoi elle t'a répondu à toi et pas à moi ? J'ai dit exactement la même chose !
La Zeta rougit légèrement, hésitante.
-Je sais pas. Peut-être qu'elle est... euh... raciste anti brune ?
Le regard de Lucrécya s'assombrit :
-Roh oui, c'est forcément ça...
Elle fusilla du regard la rouquine, puis partit du côté du rayon Robe. Elle se plongea littéralement entre les tissus étincelants et colorés, et disparut dans un cliquetis de cintres, sous le regard circonspect de Malicia.
-Tu sais, Lulu, après mes achats au Gllükflüvk... commença cette dernière, peu assurée.
-Oh pinaise ! Y'en a avec de ces décolletés de fifou ! lança la voix éraillée et un peu étouffée de la petite brune.
-Et après avoir du payer l'armoire que tu as cassé et qu'ils vont bientôt me livrer et que je sais pas où je vais mettre...
-Doré, c'est ben classe mais chuis pas sûre que ça aille avec mon teint. T'en penses quoi ?
-Sans compter les ingrédients du gâteau... enfin, j'espère que c'est des ingrédients...
-Vaut mieux un décolleté ou un jupon court ? Roh, les deux, allez...
-Tout ça pour dire : j'ai pas les moyens d'acheter des vêtements ici, Lustucru !
La batteuse sortit sa tête de l'alignement de fringues, la moue boudeuse, la lèvre inférieure exagérément ressortie.
-Mais je nous ai trouvé la robe parfaite ! A chacune ! Et pi t'avais dit budget illimité !
Elle tendit à son amie un vêtement en soie sauvage, d'un bleu céruléum magnifique.
Malicia le saisit d'une main tremblante : la soie était si douce et si agréable au toucher qu'on aurait dit qu'elle glissait entre les doigts comme la plus veloutée des eaux. Elle jeta un œil à l'étiquette :
-Éblouissement Azur... C'est vrai que c'est joli, admit la métisse, les yeux brillants. Mais le prix est vraiment trop...
-Ah nan, au temps pour moi, Éblouissement Azur, c'est la mienne ! Pour toi, c'est celle-là : BOUYAAA ! DÉLECTATION ÉBÈNE !
Tout en faisant danser ses sourcils, Lucrécya agita devant Malicia une robe cocktail. C'était une splendeur en satin noir, au dos nu et au décolleté audacieux. Le tissu irisé chatoyait, et semblait murmurer : ''je suis prêt à épouser parfaitement vos formes, et à les mettre en valeur comme jamais, parce que je vous aime''. Les yeux de la métisse se remplirent d'étoiles, et elle se mit à sautiller sur place :
-Hiiii on dirait qu'elle a été faite pour moi !!!
-N'est-ce pas ?
-Mais...
Malicia sortit sa bourse de sa poche, et l'ouvrit : un petit moustique en sortit en zigzaguant.
-J'ai plus une mornille... soupira-t-elle, les épaules avachies.
Lulu leva les yeux au plafond :
-Bon, ok. J't'avais déjà prévu un cadeau super classe pour ton annif, mais comme je suis la meilleure bestah de l'univers, j't'achète en plus Déléctation Ebène !
L'ex-Gryffondor sourit de toutes ses dents :
-Ah ben ça c'est super gentil !
La batteuse croisa les bras, fière d'elle.
-N'est-ce pas ? Mais c'est surtout parce que j'ai piqué le portefeuille de Marcus ce matin. Merci à lui, hein !
Et la batteuse partit en sifflotant vers les caisses, sous le regard interdit de son amie métisse. Puis finalement, celle-ci haussa les épaules en souriant, et rejoignit son amie.