Assise devant un on chocolat chaud, Malicia soupira.
Il était 19H45 et il n'y avait toujours aucune trace de Capitaine Minus à l'horizon. Elle avait hâte de rentrer chez elle, dans son joli appartement où elle n'avait pas encore pu poser les pieds, et de se faire couler un bon bain chaud.
Enfin, elle espérait qu'elle le pourrait et que le message alarmiste de Marcus n'était qu'une fausse alerte. Sinon...
Elle soupira.
Après avoir perdu sa place à Hazarvard, le garçon qu'elle aimait, l'estime de son père, elle ne voyait tout simplement pas comment trouver la force d'endurer la perte de Lustucru.
Elle croqua dans un ourson en chocolat.
Enfin, la seule chose qu'elle ne perdrait définitivement pas, c'était ses grosses fesses, pensa-t-elle en regardant la confiserie.
Elle regarda autour d'elle.
Toujours pas de trace de ce satané Minus.
Malicia se mit à taper du pied et considéra une de ses mèches de cheveux passer doucement du doré au noir de jais:
-Vous devez forcer la joie et la beauté, Partout vous pourrez en trouver...Passer votre temps à ruminer Ne pourra en rien vous aider !chantonna-t-elle pour se donner du courage.
Elle ne remarqua pas deux silhouettes qui l'observaient depuis une table proche.

Les yeux embués de larmes, Malicia était perdue dans ses pensées. Elle fixait sans ciller une mèche de ses cheveux désormais aussi noire que la chevelure de Lucrécya. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle ne pouvait s'empêcher de s'en vouloir à propos de la disparition de cette dernière. Peut-être parce qu'elle était la dernière à l'avoir vue…
Son cœur se serra encore davantage.

Un bruit en face d'elle la fit sursauter : c'était Marcus, qui venait de poser un grand couffin sur la table devant elle, faisant tomber par la même occasion sa tasse de chocolat par terre.

-Parfait Bouftout ! lâcha le gaillard, un sourire angélique très suspect aux lèvres.

Il fourra un Rufus gazouillant dans les bras de la métisse, qui restait muette sous la surprise.

-Là tu as son doudou vif d'or, ses biberons, ses joujoux pour le bain, et toutes les formules dont tu pourrais avoir besoin pour le changer ou le faire taire ! continua le papa, en mettant de nombreux objets en une pile branlante, à côté du couffin.

-M…mais… finit par articuler la jeune fille, les yeux ronds.

-Tu auras aussi besoin de ses pyjamas de rechange, de ses tétines, de son hochet-baguette, et de son hippogriffe en peluche. N'oublie pas de le laisser à côté de lui, sinon il devient fou et essaye de le faire voler jusqu'à lui. Sauf que comme il maîtrise pas la magie ça fait du dégât !

-M…mais…!

-Et voilà sa bassine, sa couverture d'été, sa couverture d'hiver, et son bonnet tricoté par ma maman ! Et tu étais douée en Métamorphoses, non ? Alors tu devrais pas avoir de mal à transformer le couffin en landau ou en berceau ! C'est un modèle spécialement fait pour !

-M…mais… ?! s'étrangla Mali, en louchant sur la montagne d'accessoires pour bébé qui oscillait sur sa table.

-Je te le laisse jusqu'à ce que Lucrécya refasse surface ! Salut !

Marcus fit demi-tour aussi vite qu'il était venu, et se rua vers la sortie, tel un gros oiseau de dessin animé poursuivi par un coyote affamé et malchanceux.

Il ne fallut qu'une demi-seconde pour la jeune fille pour se rendre compte qu'elle venait de se faire avoir. Outrée, elle fronça les sourcils, et se leva, le bébé bavant sur son bras :

-Espèce de Minus ! cria-t-elle, énervée, le poing en l'air. C'était ça, ton urgence ?! Tu m'avais dit que c'était une question de vie ou de mort !

-Exactement ! Et tu m'sauves la vie, hein ! répliqua Marcus, à l'autre bout de la pièce, la main sur la porte de sortie.

Puis il s'enfuit au plus vite vers sa fraternité, où ses tout nouveaux camarades l'attendaient.

Mali tapa du pied par terre :

-Dire que j'ai raté la fin d'un cours super important pour faire du babysitting gratuit, siffla-t-elle. Rhaaa, je hais les mecs !

Elle baissa les yeux vers Rufus, qui la fixait de ses grands yeux noirs.

-Bwawawah ! s'exclama-t-il, bienheureux, avant d'agripper une touffe de cheveux encore dorée de la métisse et de la porter à sa bouche.

-Tss tss tss... fit une voix derrière Malicia, alors que cette dernière reprenait tant bien que mal possession de sa mèche de cheveux couverte de bave et installait le bébé dans son couffin.
L’ex-gryffondor se retourna et lança avec mauvaise humeur :
-Quoi ?
Deux filles étaient postées devant elle : la première avait une cape et des bottes en cuir, des cheveux courts et roses et un anneau dans le nez, la deuxième avait de grands yeux bleus hallucinés et une petite robe vaporeuse qui ne laissait pas beaucoup de place à l’imagination.
-Qu’est-ce que vous voulez ? demanda Malicia, un peu fatiguée de la journée.
Les deux ne répondirent pas et les considérèrent en silence, Rufus et elle. Malicia leva les eux au ciel :
-Oui, je sais, c’est un bébé ! Et non, c’est pas le mien ! Et oui, je sais, je suis trop gentille mais de toute façon…
Sa voix partit dans les aigus alors que de grosses larmes montaient à ses yeux :
-De toute façon, rien ne va ! Et vous voulez savoir pourquoi ? L’homme de ma vie m’a jetée comme une bombabouse, ma meilleure amie a sûrement été écorchée vive par des mangemorts, ma mère boit trop de biéraubeurres, mon frère est en prison, mon père me déteste parce que j’ai choisi cette université de seconde zone où tout le monde me déteste et où je vais être obligée de côtoyer la fille belle, riche et intelligente qui m’a volé mon homme et moi tout ce que je voulais…
Malicia s’effondra en sanglots sur la table sous l’œil intrigué des étudiants présents dans le restaurant:
-Tout ce que je veux, c’est une douche !
Ses deux auditrices se jetèrent un regard entendu.
-Tu permets ? fit la première en s’asseyant à côté de Malicia.
-Nan ! couina cette dernière.
-Merci bien ! fit la deuxième en s’asseyant de l’autre côté et en repoussant d’un geste dédaigneux les innombrables affaires que Marcus avaient entassées sur la table.
Elle servit un verre de jus de trissouille à Malicia et cette dernière, les yeux et le nez rougis chouina un remerciement et but le verre cul sec :
-Qui êtes vous ? fit-elle d’une petite voix.
-Le remède a tes ennuis. Fit la punkette.
-Et on arrive au bon moment je vois, fit l’autre en émettant un petit rire gracieux.
Elle tapota l’épaule de Malicia avec un air amusé.
-Moi, c’est Euphemia. Euphemia Hastings. Et elle, c’est Perry Wigworthy.
Perry tendit à Malicia un mouchoir et se leva :
-Allez, quittons ce rade. On va t’amener dans un endroit bien mieux.
Elle fit signe à son amie et cette dernière tira sa baguette :
-Reducto !
Le fatras amoncelé aux pieds de Malicia se réduit et Euphemia ramassa les affaires et les mis dans un petit sachet qu’elle tendit à la gryffondor en souriant.
Malicia, intriguée, saisit le couffin où Rufus gazouillait avec bonne humeur :
-Euh, c’est très gentil de votre part, mais je ne vous connais pas et j’ai un bébé dont je dois m’occuper. Ca sera pour une prochaine fois ?
Perry lui mit une main ferme sur l’épaule et pointa sa baguette sous le menton de Malicia :
-Je ne crois pas, non.
Mali déglutit.

Direction : les fraternités