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 Days before you came

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Days before you came Admin1

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Malicia McGuire
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MessageSujet: Days before you came   Days before you came EmptyLun 6 Mar 2017 - 21:46


 
 
  Days before you came
Darius & Mali
Date : 28 Mars     |      RP : privé


C’était tellement beau, ici. Beaucoup trop beau pour elle. C’était évident que ça n'aurait jamais pu durer. C'était évident qu'elle ne collait pas au paysage.

Le soleil était sur le point de se lever. Sa dernière journée à la WoW. Elle le savait. Ses valises étaient prêtes. Elle avait tout préparé. Tout sauf elle-même. Elle n’arrivait pas à bouger. C’était tellement beau ce soleil, ce ciel orangé qui apparaissait derrière les maisons de Mysteria Lane. Le silence. Les rêves de toutes ces personnes qui dormaient. Ces personnes pour qui tout allait bien. Elle ne savait pas si elle aurait la force de s’en aller. Toute sa vie était là.

Et elle ne savait pas où elle allait. Elle savait juste pourquoi. Mais ses raisons étaient bonnes. Elle n’avait plus rien à faire là.

La magie l’avait quittée. L’espoir l’avait quittée. Elle avait passé une dernière journée avec Lulu, sa dernière soirée avec Darius et ça avait été fantastique. Elle avait même rigolé pour de vrai. Ca faisait longtemps qu’elle ne souriait plus que pour faire illusion. Mais aujourd’hui, c’était fini. Aujourd'hui, elle partait.

Mais où ?

Mali regarda une nouvelle fois la WoW qui s’étendait devant elle. Les toits de toutes les couleurs, le parc, la forêt. Les lumières des Champs qui scintillaient comme des lucioles fragiles. Elle, sa lumière l’avait quittée. Elle avait essayé de la réanimer, pourtant. Mais c’était fini. Elle n'avait plus la force. Elle ne brillait plus dans rien. Elle ne brillait plus pour personne.

Pour personne…

Un sentiment d’urgence la prit brusquement. Il fallait qu’elle fasse vite. Elle avait beaucoup trop tardé. Elle devait partir avant que le jour ne se lève. Avant qu'il...

Mais c’était tellement beau, ici. Elle avait tellement aimé vivre ici. Et elle ne savait pas ce qu’elle allait trouver dehors. Elle ne savait pas…

Mali grelotta et se recroquevilla dans sa veste en laine. Elle avait tellement froid.

Et si elle ne trouvait pas ce qu'elle cherchait ? Et si elle partait pour... rien ? Elle avait tellement peur de ne pas guérir. Tellement peur de finir comme ça. Tellement peur de ne plus jamais avoir le contrôle sur elle-même. Mais, elle savait qu'elle ne pouvait pas rester. Elle n'avait plus le droit d'être ici.

Mali avança d'un pas. Et d'un pas encore.  

Oui. Peut-être qu'elle n'avait pas à partir. Peut-être qu'elle pouvait tout arrêter maintenant. Elle n'avait pas à souffrir comme ça éternellement. Personne ne pouvait supporter ça. Si elle en avait la force, tout pourrait s'arrêter maintenant.

Si elle en avait la force...
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Days before you came Rangvide

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Darius Lestrange
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MessageSujet: Re: Days before you came   Days before you came EmptyJeu 9 Mar 2017 - 23:40

Un bruit sourd avait tiré Darius de son sommeil et l’Alpha avait entrouvert les yeux. Quelque chose n’allait pas. Il se sentait fiévreux, habité par une nausée lancinante, qui l’empêchait d’être en pleine possession de ses moyens. Ses membres étaient engourdis et il devait lutter pour ne pas sombrer à nouveau au creux de ses rêves. Se sentant étrangement tomber dans une mer de couvertures dans laquelle il avait l’impression de s’enfoncer, il sentait qu’il était impératif qu’il se lève.

Il s’assit sur le rebord du lit et passa la main sur son visage dans la chambre enténébrée. Le temps semblait s’égrener au ralenti. Seule la pâle lueur du soleil levant s’insinuant au travers des rideaux indiquait que la vie s’écoulait encore. Il regarda en arrière : Malicia avait déjà quitté la pièce. Après une hésitation, il se pencha et posa la main sur la place vide. Le manque l’assaillit comme à l’accoutumée, viscéral, douloureux, presque délicieux, à mesure que leur dernière soirée lui revenait en mémoire.  
 
Comme chaque jour, il était rentré tard de son travail, inquiet de l’état dans lequel il retrouverait Malicia. Chaque soir, il ne pouvait se débarrasser d’une appréhension tenace : celle de ne pas savoir dans quel nouvel accès de désespoir il allait la trouver plongée. Malgré tous les efforts qu’il déployait à la soutenir, il sentait que la métisse était sur une pente glissante et il détestait avoir à la laisser seule. Ses obligations ne lui en laissaient pourtant pas le choix. Mais ce soir-là, la métisse l’attendait assise en tailleur sur le canapé du salon. Elle souriait.

Il l’avait regardé venir à lui, hébété. Il avait devant lui le fantôme de la personne dont il était tombé amoureux des années auparavant. Une personnalité solaire… Elle lui avait proposé de sortir. Il avait hésité, avancé qu’il était épuisé. Mais devant l’évidente tristesse qui était passée dans son regard, il s’était ravisé. Le sourire était aussitôt revenu. Elle l’avait pris par la main et emmené au dehors.

La suite s’était révélée parfaite. La Zêta proposait, il obéissait. Il ne comprenait pas ce qu’il lui arrivait et s’en moquait. Il ne voulait pas risquer, ne serait-ce qu’une seconde, de voir ce sourire devenu si rare disparaître. Ils avaient partagé un repas, marché dans le parc désert, parlé et ri plus en quatre heures que ces quatre derniers mois réunis. Ils avaient lentement dansé sur les notes lointaines qui émanaient du pub. Ils s’étaient enlacés devant une picturine dont ils avaient à peine suivi l'histoire. Cela faisait des semaines qu’ils ne s’étaient pas touchés autrement que sous le coup de la colère.

Un dernier verre au goût capiteux et curieusement poivré avait parachevé le tout. La dernière goutte bue avait sonné le glas de la soirée. Le sommeil s’était abattu sur lui avec une rapidité étonnante et la métisse l’avait regardé sombrer lentement, allongée à côté de lui, le regard à nouveau mélancolique. Elle lui avait demandé s’il l’aimerait quoi qu’il arrive. Il n’avait pas eu le temps de répondre.

A présent, il promenait son regard sur leur chambre vide. La commode de bois clair aux tiroirs à peine entrouverts, les photos animées de famille et des remises de diplôme à Poudlard accrochées sur le mur d’un papier peint jaune clair. Tout ici était tellement éloigné de ce qu’il avait connu dans son existence que c’en était terriblement apaisant. Darius saisit l’oreiller de Malicia et y enfouit le visage, cherchant désespérément le parfum fruité de la métisse. Une feuille de parchemin se froissa sous ses doigts. Il fronça les sourcils et la parcourut. Son sang se figea dans ses veines.

Il sortit précipitamment de la chambre, dévala les escaliers, évitant les habits qu’ils avaient ôtés fiévreusement la veille et jaillit hors de la maison. Une valise était posée dans l’allée. Darius regarda de tous les côtés, le souffle coupé, les jambes vacillantes. Il se retourna et son regard fut attiré vers le toit de la maison. Surmontant son effroi, il transplana et saisit la main de Malicia :

-ES-TU DEVENUE COMPLÈTEMENT FOLLE ?! hurla-t-il.

La métisse qui fixait le vide à quelques millimètres à peine du rebord du toit leva vers lui un regard à la fois désarçonné et perdu :

-Je… je dois partir… bredouilla-t-elle.

-OÙ ?! OÙ VEUX-TU PARTIR ?! s’égosilla Darius, sous le coup du désespoir.

Malicia tremblait de tous ses membres.

-Je ne sais pas… Je dois le faire. Laisse-moi…

-NON ! NOUS ALLONS DESCENDRE D’ICI ! MAINTENANT !

-Non !

Darius essaya de la tirer en arrière, mais elle résista :

-Laisse-moi !

-C’EST HORS DE QUESTION !

-LAISSE-MOI !

-JE NE TE LAISSERAIS PAS MOURIR ! JE NE…

La Zêta tenta de retirer vivement sa main, mais il la serra de plus belle. Ils finirent par s’agripper l’un l’autre, sans remarquer que le rebord se rapprochait dangereusement. Une tuile se brisa.

Ils perdirent l’équilibre.
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MessageSujet: Re: Days before you came   Days before you came EmptyDim 26 Mar 2017 - 22:54

Mali avait pas encore ouvert les yeux. Mais elle savait très bien où elle était. Elle savait qu'elle avait tout sauf envie d'y être.

La première chose qu'elle sentit, c'était la douleur. La tête qui vrombissait. Des poignards plantés dans ses jambes. L'impression de peser une tonne. Ca sentait les plantes médicinales. Une odeur très clinique. Elle détestait ça. Ca lui rappelait quand elle était petite, et qu'elle attendait que son père finisse de voir ses patients. Ste Mangouste lui fichait la trouille. Tous ces couloirs. Tous ces gens malades. Toute cette souffrance. Beaucoup plus qu'elle ne l'imaginait. Beaucoup plus qu'elle ne pouvait supporter.

La première chose à laquelle elle pensa, c'était Darius. La peur dans ses yeux. Sa main sur son bras qui la tirait vers la vie. Elle avait pas envie de vivre. Elle avait pensé qu'à elle. Elle l'avait tiré vers le bas. Vers le sol. Ca lui revenait maintenant. Le toit. Le soleil qui se levait. L'absence de conscience. L'envie de s'en aller, là, maintenant, tout de suite, plus forte que tout, plus forte que son fichu vertige. La peur dans les yeux de Darius.

Elle avait jamais voulu l'abandonner. Mais elle l'avait fait. Et il l'avait suivie. Dans le vide.

Malicia se redressa d'un coup dans son lit. Ses mains agrippaient les draps.

-Darius !

Elle balaya la pièce. Des murs blancs, déprimants. Des stores en fer. Très peu de lumière au dehors. Des ballons d'encouragement accrochés à son lit. Des peluches colorées au bout de ses pieds. Une étagère bourrée de potions de guérison. Un deuxième lit. Darius. Mali put à nouveau respirer.

Elle se tourna vers lui, en grimaçant de douleur. Elle tendit la main vers son bras bandé. Elle le toucha, du bout du doigt.

-Je suis désolée.

Darius ouvrit lentement les yeux. Il regarda les bleus sur son torse. Le bandage à son bras. Il n'avait pas l'air surpris. Juste vidé. Son regard glissa vers elle. Comme à chaque fois, elle frissonna. Mon dieu, qu'est-ce qu'elle aimait ces yeux.

-Comment vas-tu ? demanda-t-il en articulant, comme si chaque mot lui faisait mal.

Mali sentit une boule se former dans sa gorge. Elle avait tellement honte.

-Ca va.

-Quel jour sommes-nous ?

-Je sais pas.

Ils ne dirent rien pendant quelques minutes. Mali pouvait sentir l'activité dans toute l'aile du dispensaire. Les chariots. Les autres malades. La fatigue des infirmières. Sa honte.

-Comment est-ce qu'on en est arrivés là ? demanda-t-elle.
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Darius Lestrange
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MessageSujet: Re: Days before you came   Days before you came EmptyDim 9 Avr 2017 - 23:03

Poudlard, quelques années plus tôt...


Darius errait dans les thermes réservés aux élèves de sa catégorie. Le bain bouillant dans lequel il s'était attardé avait empli la salle de bains des préfets d'une brume opaque et il évoluait dans le brouillard, sans aucun autre point de repère que la lumière de la lune. La longueur remarquable de ces lieux déserts lui donnait l'impression de tourner en rond dans une autre dimension, une dimension étrangère à tout ce qu'il vivait, où personne d'autre que lui ne se trouvait. Son attention fut captée par un reflet et cela le ramena brutalement à la réalité. Après une hésitation, il saisit sa baguette qui gisait sur le rebord de l'évier et sa voix rauque brisa le silence ambiant :

-Evanesco.

La vapeur d'eau s'envola, balayée par un coup de vent et la figure blême de Darius apparut dans le miroir.


-La fille de Penny Walters a découvert ses premiers dons de sorcière.

Le temps suspendit brusquement son cours dans l'imposante salle à manger des Lestrange.

-J'aurais du les empoisonner, elle et sa progéniture bâtarde, quand elles étaient encore au Ministère.

Claudius Lestrange posa son couteau d'un geste sec et le bruit de vaisselle strident fit sursauter Darius à l'autre bout de la longue table.  

-Et pendant ce temps, ton fils, qui est de cinq ans son ainé, n'est toujours pas digne d'approcher une baguette.

Il jeta un regard pénétrant à son épouse et la main d'Héra Lestrange trembla imperceptiblement. Cependant, elle soutint le regard de son mari avant de répliquer froidement :

-C'est également ton fils.

La réponse, acide, ne tarda pas :

-Si c'était le cas, ses pouvoirs se seraient révélés il y a bien longtemps.

Objet de la conversation mais non de l'attention, Darius espérait disparaitre, ce qu'il aurait fait sans tarder s'il avait eu le moindre pouvoir magique. Il parcourut du regard la vaste salle de banquet dans laquelle ses parents et lui se trouvaient : une boiserie sombre et sans le moindre défaut, des ramures antiques alignées comme autant de bourreaux prêts à faire leur office, des lustres opulents et dont les bougies brillaient d'une lueur verdâtre, et des dizaines de mètres de tapisserie plus sombres encore. Rien qui n'aurait pu offrir le moindre réconfort ou la moindre cachette. En désespoir de cause, il devait se résoudre à voir l'échange se poursuivre, sachant pertinemment quelle en serait l'issue.

-Avec qui diable as-tu bien pu forniquer pour engendrer cette personnification de l'échec ? continua Claudius sur sa lancée.

-Il est ton portrait craché.

Darius voulut crier à l'adresse de sa Mère. Comment pouvait-elle s'exprimer ainsi devant Père ? N'avait-elle pas conscience du danger qu'elle encourrait ? Comme en réponse à ses craintes, la lueur, celle qu'il ne connaissait que trop, s'alluma au fond des yeux de son géniteur :

-Je n'ai rien en commun avec lui.

-Non, rétorqua Héra, amère, en se servant un nouveau verre de vin, c'est moi qui n'ai rien en commun avec vous deux.

La lueur irradia au fond des yeux de Claudius Lestrange.

-Endoloris.

Le verre explosa en heurtant le sol et la nappe de la table fut maculée de vin mêlé de sang. Le hurlement de la mère de Darius résonna dans le grand Hall, strident, tandis que tous, domestiques comme elfes de maison, se figeaient devant la scène.

Sous les yeux horrifiés de Darius, Héra se tordit de douleur, parcourue de spasmes si violents qu'ils l'empêchaient de reprendre son souffle. La baguette levée, Claudius contourna la table et avança lentement vers elle :

-Entend bien ceci. Je ne t'ai épousée que pour deux choses : ton sang et ton ventre. Tu devais me donner un héritier que je pourrais façonner à mon image. Un premier né de sang pur qui devait achever ce que j'ai commencé. Tu as échoué.

La baguette se tendit et le supplice s'amplifia. Un froid incomparable s'empara de Darius. Il était incapable de réagir, de tenter quoi que ce soit. Il se haïssait pour cela.

-J'avais des projets pour ce garçon. poursuivait son Père, la lueur fanatique toujours dans les yeux. Des projets qui me dépassent, qui nous dépassent tous autour de cette table. Une mission sacrée, capitale. Comment puis-je achever cette mission si ta création est dénuée de pouvoirs ?!

Inspirant avec difficulté, sa mère parvint à articuler :

-Ta... création ne se...rait pas dénuée de pouvoirs si tu... si tu ne la privais pas continuellement de... loisirs et... de sommeil... Ta création ne serait pas ainsi... si elle n'avait pas été... l'oeuvre du diable !

Claudius fit un geste menaçant :

-Tu ne m'est plus d'aucune utilité. siffla-t-il.

Le bras d'Héra se disloqua dans un craquement sinistre.

Le sang battit aux tempes de Darius, une fois. Il s'était levé sans même s'en rendre compte. Le battement repris, plus rapide, plus douloureux, à mesure que la colère obscurcissait son esprit. Dans les mains d'un domestique, un plateau portant une carafe se mit à vibrer. Puis un verre, suivi de tous ceux de la pièce. Le bruit sourd du battement devint insoutenable.

Il hurla.

Les vitres de la salle à manger se fendirent avant d'exploser en éclats. Les morceaux fusèrent dans la pièce dans un fracas immense, comme autant de projectiles dirigés contre son Père. Ce dernier tendit sa baguette alors que les domestiques se jetaient à terre.

En fin de compte, le silence reprit ses droits sur la pièce et Darius, à bout de souffle, tomba à terre, les genoux contre le parquet. Il considéra sans y croire le spectacle autour de lui. A quelques mètres à peine, un domestique tremblait, portant la main à son ventre ensanglanté. Sous le regard soulagé et craintif de sa Mère, son Père s'approcha du malheureux :

-Nous n'aurons plus besoin de vos services. fit-il.

Il enfonça un peu plus l'éclat dans son estomac. L'homme s'effondra.

Les pas de Claudius s'approchèrent de son fils, et il posa la main sur son épaule tremblante.

-Une première manifestation digne d'un Lestrange, Darius. Tu n'es peut-être pas si différent de moi, après tout...



Le jeune Serpentard observait dans le miroir le reflet de l'adolescent qu'il était devenu. Huit ans avaient passés depuis ce jour là mais il se sentait toujours aussi frêle que le garçon qu'il avait été. Il n'en était pourtant rien, du moins en apparence. Sa mère n'avait pas menti : au fil des ans, il avait pris un à un les moindres traits de son Père : de la plus admirable de ses qualités physiques, grand, pâle, le regard bleu acier, à la plus inquiétante de ses expressions, comme cette manière pénétrante qu'il avait de fixer son regard glaçant. Il en était horrifié. Cependant, malgré son dégoût, il lui était difficile de ne pas admirer avec amertume la combinaison des fruits de son labeur et de sa génétique.

Le souvenir qu'il ressassait sans cesse était le seul moment où son Père  avait exprimé de la fierté à son égard. Galvanisé par son premier "succès", il s'était appliqué à lui rendre la vie plus infernale encore, augmentant ses exigences à l'extrême, ne lui pardonnant rien. Il n'avait que seize ans, mais sa vie lui semblait être une suite de coups et de vexations. Il était aujourd'hui prématurément broyé par le poids de ce fardeau insoupçonnable. Le fardeau de son propre sang.

A cette pensée, le jeune homme se massa compulsivement l'avant-bras dont la peau n'était pourtant pas marquée par la moindre cicatrice. Ce sang lui battait dans les tempes, comme le jour où il avait manifesté ses premiers pouvoirs. Et au souvenir des multiples sévices qu'il avait subi depuis, sa peau lui fit mal. La vue de ses veines lui était insupportable. Il avait l'impression de les sentir frémir, bouillir sous son épiderme. Ça le reprenait. Il n'y avait qu'une seule chose à faire.

D'un geste précis il saisit sa baguette et la passa le long de son bras. Lentement, l'eau de la vasque au-dessus de laquelle il se tenait se teinta d'un rouge carmin. Darius leva la tête en direction du miroir et y croisa comme à chaque fois le regard glacé de son Père. Il observa sa peau à mesure qu'elle se meurtrissait sous ses doigts. Quelle importance ? Tout cela aurait disparu le lendemain.

Comme toutes les autres fois.
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MessageSujet: Re: Days before you came   Days before you came EmptyJeu 11 Mai 2017 - 0:05

C'était quelque chose, Poudlard.
285,3 hectares.
34 tourelles.
854 fenêtres.
1345 bouteilles de jus de citrouille, 128 périmées.
661 portraits pas droits. 1 qui chante faux.
93 fautes d'orthographe dans les panneaux d'indication.
56 planques à bombabouses.
22 points perdus par maison en moyenne par jour mais 13 donnés sans raison aux gryffondors.
8 bloquejambes lancés chaque heure.
19346 bisous baveux échangés depuis la rentrée. Beurk.
976 élèves. 1 sans aucun ami... Mais ça allait changer !

Oui, ça allait changer ! Déjà, parce que maman l'avait dit et que franchement, elle se trompait quasiment jamais. Ensuite parce qu'aujourd'hui, elle avait mis sa tenue porte-bonheur - un grand t-shirt avec un fléreur pendu à une branche qui lui miaulait de s'accrocher et un mini short en jeans avec un soleil sur la fesse gauche - et que sa tenue porte-bonheur lui portait quasiment toujours bonheur. Quasiment, mais bon ça apportait rien de bon d'être pessimiste. Et puis, surtout, SURTOUT, parce qu'elle avait une idée. Une idée tellement géniale que tout le monde allait l'adorer. L'idée, pas elle ; enfin si, elle, mais l'idée d'abord. Parce qu'elle était géniale ! ... l'idée, pas elle.

-Club de poésie arithmancique ! Poésie arithmancique !

Placée devant l'entrée de la bibliothèque avec son plus grand sourire, Malicia tendit un prospectus à deux poufsouffles de sixième année :

-Salut, ça vous dirait de venir dans un club super cool qui combinerait les deux trucs les plus cool du monde : la littérature sorcière du XVIe siècle et les équations à trois inconnues ?

Les deux garçons l'ignorèrent et elle haussa les épaules. Ils avaient peut-être pas entendu. De toute façon, rien ne pouvait la démotiver aujourd'hui. Il fallait qu'elle persévère, elle le sentait, aujourd'hui, quelqu'un allait lui parler ! Elle leva bien haut le parchemin qu'elle avait imprimé :

-Qui veut connaître la racine carrée d'une métaphore ?

-Chut ! lui siffla la bibliothécaire.

Mali se tassa, un peu gênée de déranger, et repéra un groupe de filles plutôt branchées qui gloussaient à côté de la section Histoire de la Magie.

-Salut les filles ! lança-t-elle, en essayant de ne pas perdre tous ses moyens.

Le groupe la regarda de haut en bas en grimaçant.

-Tu vois pas que tu nous déranges ? fit l'une d'elles, une serdaigle un peu pète-sec.

-Pourquoi, vous faites quoi ? demanda la métisse en regardant par-dessus leurs épaules, sur la pointe des pieds.

Elle remarqua un garçon aux cheveux blond pâle et aux lèvres pincées qui lisait à l'autre bout de la rangée.

-C'est qui ?

-Sans déconner, tu sais même pas qui c'est ? renifla une petite pouffsoufle aux cheveux tout emmêlés.

-Il vous intéresse ce gars ? Parce que j'ai un super truc pour qu'il vous remarque si vous voulez ! proposa-t-elle, tout sourire.

-Ah ouais, quoi ? fit une troisième fille, une gryffondor qu'elle avait déjà vue plusieurs fois dans sa salle commune.

Mali lui colla son prospectus à 2 cm du visage :

-La poésie arithmancique !

Les élèves grimacèrent encore plus que tout à l'heure :

-La... quoi ?

-La poésie arithmancique ! Je monte un club d'ailleurs ! On écrit des poèmes mais sous forme de formules arithmanciques ! C'est encore nouveau, mais...

La métisse se pencha comme pour dire un secret :

-J'ai entendu dire que ça va cartonner !

Comme le groupe ne lui répondait pas et la dévisageait, Mali se dit qu'il fallait qu'elle soit plus explicite :

-Tu prends un axiome, tu dérives ta conjoncture en allitérations et tu simplifie ta rime jusqu'à avoir une scholie ! Giga cool, non ?

Il y eut un grand silence.

-Oh la la, j'ai mal à la tête... se plaignit brusquement une serpentard métissée qui s'enroulait perpétuellement une mèche de cheveux autour du doigt.

Les autres filles se regardèrent avec un sourire un peu maléfique. Enfin, même beaucoup maléfique.

-Tu sais quoi ? fit la serpentard pète-sec. On veux bien entrer dans ton club si tu convaincs ce garçon d'y entrer.

-Vrai de vrai ? s'emballa Malicia en serrant ses parchemins contre sa poitrine.

-Vrai de vrai.

La métisse se tourna vers le blond et prit une grande inspiration. Elle fit un pas en avant, puis un autre, et s'approcha lentement de lui. Ok, il fallait pas qu'elle se loupe. Il fallait qu'elle trouve une phrase d'accroche parfaite. Sympa, mais convaincante. Elle hésita. En fait, ce gars lui disait pas grand chose qui vaille. Il avait l'air méchant. Et pas vraiment très ouvert d'esprit. Il allait sûrement mettre une ambiance toute pourrite dans son club. Mais bon, si elle réussissait, elle aurait quatre nouvelles amies super branchées.

-Euh... commença-t-elle.

-Quoi ?! cracha l'individu en la fusillant du regard.

Elle sursauta, fit tomber la plupart de ses parchemins, mais décida de faire comme si elle avait rien vu. Elle serra la main du gars :

-Salut, j'suis Malicia McGuire. Et toi ?

Le serpentard lui répondit pas, mais plissa les yeux.

-Tu es en quelle année ? finit-elle par demander en inclinant la tête, les cheveux sur le côté.

-Ce ne sont pas tes affaires. cracha le garçon.

Malicia fut un peu décontenancée. Elle commençait à se demander si ça valait le coup de se faire quatre amies comme ça.

-Je suis gryffondor ! tenta-t-elle.

-Et j'en suis désolé pour toi. siffla-t-il, en la méprisant ouvertement.

-Ok... couina-t-elle en lui tendant un prospectus. Ca te dirait d'entrer dans un club super select ? On fait de la poésie arithmancique, c'est comme de la poésie dodécasyllabique mais avec des équations à triple inconnue et...

Le parchemin roulé en boule lui frappa le front. Et le groupe de filles se mit à ricaner derrière elle.

-Passe ton chemin. Ou je vais le dire à Père.

Malicia essaya d'ignorer les larmes qui lui montaient aux yeux et poursuivit son chemin le long de l'allée, la tête baissée. Alors qu'elle allait quitter la section, une voix l'interpella :

-Ce nouveau "concept" n'a aucune chance de fonctionner.

La métisse releva la tête : un peu en retrait, un garçon lui tournait le dos, plongé dans un livre.

-Pourquoi ? renifla-t-elle tristement.

-Parce que c'est une aberration. On ne met pas la beauté au service de la logique. Bien au contraire.

Après un silence, l'élève reprit :

-Cependant, je peux comprendre pourquoi l'idée a pu te sembler tentante...

-Mais... bafouilla Mali en se rapprochant. Ca peut marcher ! J'ai réussi à faire des rimes extras tout en formules mathématiques ! C'était parfait !

-Mais cela n'avait rien de beau. Me trompe-je ? insinua l'élève.

La métisse eut une moue pensive :

-Ca dépend pour qui, non ?

-Non. Visiblement, il n'y que toi. C'est ta croix. Les visionnaires ont la vie dure. ironisa l'élève.

Mali eut comme envie de rigoler :

-Tu penses pas vraiment que je suis une visionnaire, c'est ça ?

La voix traînante lui répondit, clairement amusée :

-Absolument pas.

Elle devint beaucoup plus sérieuse :

-Les mots ont bien plus de pouvoir que les mathématiques. Jamais une formule arithmancique, aussi bien tournée soit-elle, ne pourra avoir un impact aussi viscéral. Un beau poème est brutal, il est sans appel. Il doit te faire ressentir avant tout quelque chose, pas réfléchir. Pense et ton objectif est perdu.

-C'est faux ! s'insurgea Malicia en serrant les poings. On peut faire quelque chose de beau avec une formule, par exemple, je te parie que ça prend aux tripes si je multiplie les nombres correspond aux lettres du mot "aimer", ça donne : 1 x 9 x 13 x...

Le garçon se retourna, planta ses grands yeux bleus dans les siens et récita rapidement :

-Baise moi encore, rebaise-moi et baise, donne m’en un de tes plus savoureux, donne m’en un de tes plus amoureux : je t’en rendrai quatre plus chauds que braise.

Le souffle coupé, elle le regarda se pencher en avant et continuer :

-Las ! te plains-tu ? Çà, que ce mal j’apaise, en t’en donnant dix autres doucereux. Ainsi, mêlant nos baisers tant heureux, jouissons-nous l’un de l’autre à notre aise.

Mais Malicia n'entendait plus rien. C'était comme si elle était en état de choc. Comme si la bibliothèque venait de disparaître sous ses pieds. Comme si un bout d'elle-même venait de se jeter les bras en avant vers ce gars qu'elle n'avait jamais vu. Comme si elle avait envie de le serrer fort contre elle et de ne jamais le lâcher. Le garçon lui parlait, elle le voyait bien, mais au ralenti. Son visage était en train de se graver dans sa tête. La peau toute pâle, les yeux tristes et cernés, la belle mâchoire serrée. Elle entendait plus rien. Tous les bruits avaient été remplacés par un sifflement venu de nulle part.

Quelque chose de rouge attira ses yeux et elle sortit de son simili-coma:

-Tu... tu saignes ?! bafouilla-t-elle en pointant le poignet de l'élève du doigt.

Le garçon s'arrêta de parler et considéra son bras, et les gouttes qui tombaient sur le plancher :

-Ce n'est rien. trancha-t-il.

-Non, tu saignes ! Paniqua Malicia. Ta manche est toute rouge ! Faut qu'on t'amènes à l'infirmerie !

L'idée n'eut pas l'air de plaire à l'élève qui la remit à sa place :

-J'ai dit que ce n'était rien. Laisse-moi tranquille.

-Mais...

-LAISSE-MOI TRANQUILLE !

Le garçon la fusilla du regard. Puis, il hoqueta. Et tomba par terre, à ses pieds. Mali eut envie de crier.

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MessageSujet: Re: Days before you came   Days before you came EmptyDim 11 Juin 2017 - 15:55

La brume de nouveau. Des volutes rouge carmin passaient derrière ses paupières et éclairaient les ténèbres dans lesquelles il avait plongé. Darius ouvrit les yeux, lentement, et l’obscurité en demi-teinte l’apaisa. Il n'aurait pas supporté la meurtrissure de la lumière sur sa cornée. Il fronça les sourcils, et passa machinalement la main sur son poignet. Ses blessures avaient été guéries, comme toujours.

Un sentiment d’exaspération l’emplit : les draps rêches sur sa peau, les craquelures de l’antique plafond au-dessus de lui, jusqu’aux paravents usés qui entouraient son lit, tout amplifiait son mal-être. Cet endroit ne pouvait être que l’infirmerie de l’école. Dans la lumière blafarde des candélabres au lustre passé, les ombres des occupants, malades et visiteurs, dansaient comme devant un feu de joie. Ces mouvements hypnotiques calmèrent un peu le Serpentard, qui prêta mieux attention à son environnement.

Une ombre, plus grande que les autres, se dessinait dans un recoin de sa chambre improvisée. Alors que Darius tentait de se redresser pour mieux la discerner, une voix glaciale s’en éleva :

-Anapneo.

L’air fut immédiatement chassé des poumons du jeune homme, et une poigne d’acier invisible enserra immédiatement sa pomme d’adam. Il porta aussitôt les deux mains à sa gorge. Des picotements assaillirent ses rétines. Malgré sa piètre condition physique, une pensée claire s’imprima dans son esprit : si son père apercevait la moindre étincelle de faiblesse en lui, c’en était fini. Il savait que personne ne viendrait à son secours, quoi qu’il arrive. Il était seul.

Son père demeurait mutique à l’affut de la moindre de ses réactions. Darius savait qu’il ne devait pas répliquer, ne rien dire. Il devait accepter la punition qu’il lui infligeait, accepter ce regard scrutateur et dépourvu de conscience. Il s’agissait d’un test, rien de plus. Un flirt de plus avec la mort. Il se savait bien trop précieux pour mourir ainsi. Il avait souvent souhaité de toute son âme que ce ne soit pas le cas. Le regard qu’il planta dans celui de son père n’en laissa pourtant rien paraître et il écouta les battements de son cœur ralentir dangereusement.

En fin de compte, son père poussa un grognement méprisant et relâcha son emprise.

-Je te veux sur pied dans la demi-heure. siffla-t-il, acide. Debout.

Darius inspira une profonde goulée d’air.

-J’ai dit : « debout » !

Son père le saisit par la cheville et le précipita sur le sol glacé de l’infirmerie. Le Serpentard posa les paumes à terre et se releva avec difficulté. Il lui fit finalement face, le regard éteint. Ils avaient la même taille désormais, et la proximité de son géniteur en était d’autant plus oppressante :

-Tu auras sali mon nom une fois de trop. cracha ce dernier.

-Cela n’avait rien à voir avec toi.

-Tout ce qui te concerne à à voir avec moi. En particulier, quand tu joues avec ta vie.

L’esquisse d’un sourire frondeur passa sur le visage du Serpentard :

-Je pensais pourtant faire honneur à notre devise familiale. « La Mort est Tout », n’est-ce pas ?

La gifle fusa dans les airs comme un couperet.

-Tu ne saisis pas le sens de de ce précepte ! Tu en es indigne !

Le regard de Claudius se fit plus dur encore :

-Je ne suis qu’à quelques mois d’accomplir l’œuvre de ma vie. Rien ne se mettra en travers de mon chemin. N’oublie jamais que ton libre-arbitre n’est dû qu’à mon bon vouloir. Obéis ou…

Il pointa sa baguette sur la glotte de son fils :

-Je m’assurerais que tu obéisses.

Darius soutint quelques secondes encore le regard de son géniteur avant de capituler. La porte s’ouvrit derrière eux.

-Par tous les diables, que faites-vous debout ?

L’infirmière lui saisit le poignet et le tira vers le lit. Il refusa de se laisser guider :

-Je vais mieux. Je vais partir.  

Il n’eut pour toute réponse qu’une exclamation ironique.

-Mieux ? Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre, ma parole !

La garde-malade se tourna vers son père :

-Votre fils a voulu mettre fin à ses jours. On l’a retrouvé exsangue à la bibliothèque. Sa place est à Ste Mangouste auprès des meilleurs spécialistes.

-Mon fils n’a jamais voulu mettre fin à ses jours. Il aura probablement été la victime d’une farce d’écolier. Inutile de se complaire en extrapolations.

La soignante manqua de s’étouffer :

-Extrapolations ? N’avez vous pas vu l’état de ses bras avant que je le soigne ? Il a eu beau essayer d'en effacer les traces, je sais qu'il  n’en était pas à sa première tentative !

Claudius la toisa de sa présence écrasante et elle en fut réduite à reculer jusqu’au mur :

-Je n’ai absolument rien vu de la sorte. répliqua avec fermeté son père. J’apprécierais que vous ne fassiez pas plus étalage de ces rumeurs très dommageables pour l’avenir de mon fils. J’ai d’ailleurs fait part au Directeur de mes craintes quant à la divulgation de cet… incident. Nous avons d’ores et déjà convenu de ne rien dire. Darius reprendra les cours dès demain et passera ses examens comme les autres dans un mois.

-Si vous ne faites rien, dans un mois, votre fils sera mort !

Les yeux de l’infirmière lançaient des éclairs :

-Si vous n’avez aucune pitié pour votre enfant, moi, j’en aurais ! Darius ne quittera pas cette chambre tant que je ne l’en aurais pas autorisé. Si vous le renvoyez à son quotidien, dieu sait comment il finira.

Darius considéra l’expression haineuse qui parcourait le visage de son géniteur et se surprit à faire quelques pas en sa direction. Ce dernier tenait toujours sa baguette dans son poing, prêt à frapper la soignante :

-Nous ne perdrons pas une année par votre faute. siffla-t-il. Il est impératif, je dis bien impératif que Darius passe ses examens.

L’infirmière ne flancha pas :

-Alors il étudiera ici, sous ma surveillance. Menacez-moi autant que vous le voulez, mais votre fils ne bougera pas de ce lit.

-Vous vous chargerez de son éducation. posa Claudius. Personne d’autre ne doit savoir, pas même les professeurs.

-Je n’en ai pas le temps. Cependant, vous avez de la chance : la jeune fille qui a découvert Darius donne souvent des cours de rattrapage aux blessés de l’infirmerie. Je pense qu’elle pourra aider votre fils.

Les traits de Claudius Lestrange se crispèrent de colère et sous l'emprise d'un autre sentiment que Darius finit par identifier comme étant, à sa grande surprise, de la panique.

-Avez-vous perdu la raison ?

L'infirmière soutint du mieux qu'elle put le regard du sorcier :

-Vous avez visiblement le droit de soustraire votre fils à un traitement médical digne de ce nom, mais puisque vous refusez de le conduire à Ste Mangouste, vous ne pourrez le soustraire à ma responsabilité. Et croyez-moi, tant que ce sera le cas, je veillerai à ce qu'il puisse étudier dans les meilleures conditions possibles.

L’infirmière réussit à se soustraire à l’emprise de son père et quitta la pièce. Quelques instants plus tard, elle revint en tenant par la main une jeune métisse qu’elle poussa face à Darius. Derrière ses cheveux dorés et dépeignés, elle semblait apeurée. Cela ne le surprenait pas outre mesure. Voir un camarade s'effondrer devant soi n'avait rien d'agréable.

Pourtant. Pourtant une lueur particulière, une clairvoyance à fleur de peau, de la folie douce peut-être, animait les grands yeux noirs de la fille, comme lorsqu'il les avait croisés la première fois. Quelque chose de terriblement atypique qui avait réussit ce qu'il croyait impossible : réveiller sa curiosité.

-Comme tu le sais Malicia, Darius a quelques problèmes de santé.

Ladite Malicia le fixait comme si elle confrontait le monstre sous son lit. Ses yeux passèrent de son visage à son avant-bras, analysant avec une rapidité extrême ce qui se passait, échafaudant un millier d'hypothèses. En fin de compte, elle bredouilla :

-Quelques ?

Ses yeux se posèrent sur son géniteur qui scrutait de haut en bas sa tenue pour le moins grotesque. A la vue de ce front plissé, signe d'une intense réflexion sous-jacente, Darius put saisir avec la plus grande clarté les calculs qui défilaient dans l'esprit de son géniteur. Il avait surement dû penser qu'un bon sortilège d'oubliettes général aurait réglé tous les problèmes. Mais ç'aurait été aller trop loin et il le savait. Aussi maintenant jaugeait-il la jeune élève pour voir s'il devait vraiment s'inquiéter de la laisser approcher son fils.

-Est-ce que tu aurais le temps de lui donner quelques cours afin qu’il puisse passer ses examens sans encombre ? poursuivit l’infirmière.

Malicia se tourna précipitamment vers elle :

-Qu…quoi ? Il va pas à Ste Mangouste ?

-Non. fit Darius et le son de sa voix fit tressauter la Gryffondor.

Ils se dévisagèrent. Le Serpentard pouvait presque entendre les interrogations de la jeune fille et y répondait en silence. Voulait-il, lui, aller à Ste Mangouste ? Il se fichait éperdument de son propre sort. Avait-il conscience de la gravité de ses actes ? Probablement. Avait-il envie de se faire donner la leçon par cette créature embarquée de force dans son chaos personnel, cette fille étrange au raisonnement absurde et à la coiffure désordonnée ? Mmh...

-Mais… finit-elle par demander, d'une voix timide, tu devrais pas dormir ou faire du yoga ou lire des livres d'épanouissement personnel ou… ?

-Non.

Surpris, tous se tournèrent vers Claudius qui s'avança vers la Gryffondor. D'autorité, il enserra son minois entre son pouce et son index et la détailla avec dédain :

-Elle fera l'affaire.

Il rabattit sa cape sur ses épaules, et leur tourna le dos, s'apprêtant à quitter la pièce :

-J'espère que cela en vaudra la peine, maugréa-t-il.

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MessageSujet: Re: Days before you came   Days before you came EmptyLun 26 Juin 2017 - 22:23

-Te voilà enfin !

Mali venait à peine d'entrer dans l'infirmerie que la patronne des lieux lui bondissait déjà dessus. Elle était vraiment, vraiment pas commode, celle-là et la lumière des bougies améliorait ni l'expression sur sa tête ni son ombre, qui avait l'air deux fois plus grande que la sienne :

-Tu penses que tu peux venir ici quand ça te chante ? J'ai un planning à respecter, moi ! Tu as vu l'heure ?

Mali regarda autour d'elle et repéra une horloge. Elle indiquait qu'elle avait à peine cinq minutes de retard.

-C'est que... je... commença Mali en serrant un peu plus fort les livres qu'elle tenait contre sa poitrine. C'était soirée Tout Chocolat à la Grande Salle et...

Devant la tête de l'infirmière, elle préféra se tasser :

-Pardon ? fit-elle d'une petite voix.

La bonne femme leva les yeux au ciel et lui fit signe de poursuivre sa route. Mali hésita un peu. Elle finit par inspirer un grand coup pour se donner du courage et avança. Elle tira doucement les rideaux et fit quelques pas pas très sûrs dans la chambre improvisée, toute petite.

Il était là, dans la même position où elle l'avait laissé hier. Allongé sur le côté, à fixer le mur, le miroir... ou quelque chose qu'elle pouvait pas voir. L'air complètement vide. Ca lui faisait mal au coeur. Elle aurait aimé qu'il lui dise pourquoi il se sentait aussi mal.

Mais il parlait pas. Ca faisait une semaine qu'elle venait ici tous les jours et tous les jours, c'était la même chose. Il fixait le mur, le miroir... ou cette chose bizarre qu'elle pouvait pas voir et lui tournait le dos. Il l'écoutait juste lire sans dire un mot. Puis elle s'en allait. Et se demandait si elle aurait le courage de revenir. Elle revenait pourtant, chaque jour. Et chaque jour elle se demandait pourquoi.


Elle prit une chaise en bois et la fit glisser sur le sol en pierre. Elle ouvrit le premier livre qu'elle avait amené et jeta un coup d'oeil anxieux au garçon avant de s'y plonger. Elle savait bien que ces cours lui étaient pas vraiment utiles. Darius Lestrange avait besoin de tout, sauf de suivre des cours en ce moment. Elle se racla la gorge, ouvrit la bouche pour commencer à lire.

-Tu es en retard.

Mali sursauta comme si un fantôme venait de lui bondir dessus.

-Euh... Oui, c'était soirée Tout Chocolat et...

Elle se rendit compte d'à quel point ça pouvait être égoïste de parler de nourriture à un gars qui avait pas l'air d'avoir mangé depuis des jours et des jours et se reprit à toute vitesse :

-Mais franchement, t'as rien raté, vraiment ! C'était complètement dégueu ! D'ailleurs, tu peux voir par toi même, je t'en ai pris un. Goûte !

Elle trifouilla dans ses poches et finit par poser sur les draps un carré enrubanné. Le garçon bougea pas d'un poil et elle bafouilla :

-T'as raison, autant pas t'empoisonner avec ce truc dégueu ! Tu sais quoi ? J't'en débarrasse !

Mali se mit à mâchouiller nerveusement le "cadeau" en regardant la chambre. Le soleil se couchait. Il faisait de plus en plus sombre, et Darius manifestait aucune envie d'allumer la lumière.

-Il fait sombre, non ? Et froid, hein ? lança-t-elle encore. Ca fait un peu penser à... à une crypte, ici... Une crypte pleine de vampires assoiffés de...

Elle alluma une bougie et rouvrit son livre précipitamment :

-Mais on va pas se laisser abattre, hein ! Enfin, battre, enfin on va pas se laisser mourir... ON VA ETUDIER, VOILA ! On commence par Enchantements, ça te va ?

-Et ton club de poésie ?

Mali leva les yeux vers Darius. Il avait toujours pas bougé. Elle hésita :

-Ca marche du tonnerre ? tenta-t-elle.

Il répondit rien et elle finit par soupirer :

-Ca a foiré.

-Je te l'avais bien dit. Cela n'avait aucune chance de fonctionner.

La métisse se redressa sur sa chaise, un peu vexée. Elle était pas du genre pourtant, à se vexer, mais il y avait quelque chose chez ce serpentard qui la faisait réagir au quart de tour :

-Tu rigoles ? C'était une super idée !

-C'était une idée épouvantable, et je te l'ai prouvé.

-Y'a au moins deux personnes qui avaient l'air intéressées ! se défendit Mali.

-Oh, vraiment ?

-Oui !

-Cite-les moi.

La gryffondor fit la moue. Elle allait pas mentir, quand même ?

-Ok, personne n'était intéressé, finit-elle par admettre en maugréant, mais c'est pas pour ça que...

-Tu sais, bien sûr, que tu n'as aucune chance de te faire des amis ainsi, n'est ce pas ?

-Dixit Môssieur le psychopathe suicidaire !

Malicia ouvrit des yeux affolés et se plaqua la main sur la bouche. Comment elle avait-pu dire ça ?! Quelle genre de monstre elle était ?!

-Pardon ! Je suis désolée !

Le garçon lui répondit pas et elle osa pas dire un mot de plus. Elle savait plus quoi faire. Elle avait jamais insulté personne, avant.

Au bout de quelques secondes, elle remarqua qu'un soubresaut secouait les épaules du garçon. Elle se sentit encore plus mal : elle faisait pleurer les gens maintenant ?!

Elle tendit la main vers lui :

-Ohmondieumondieumondieu, je suis désolée, je suis tellement...

Elle remarqua quelque chose et elle eut une envie soudaine de taper le malade avec le troisième tome d'histoire de la Magie qu'elle avait. Celui qui pesait 10 livres :

-T'es... T'es en train de rigoler ?!

Le serpentard se tourna lentement vers elle, la tête sur l'oreiller :

-Oui.

-Mais pourquoi ?!

Le garçon se mit à regarder le plafond :

-Parce que je ne suis pas un psychopathe. articula-t-il. Je suis un sociopathe à haut potentiel. De même que je ne suis pas suicidaire : je me fais du mal parce que j'aime ça.

Dégoutée, Malicia bondit sur ses jambes :

-Oh mon dieu ! cria-t-elle en plaquant ses mains sur ses yeux. Je le savais ! Je le savais que t'étais complètement malade ! J'aurais du écouter maman ! Et me l'avait bien dit, maman, de pas te donner de cours ! Et moi comme une nouille je lui ai dit quoi "Mais t'en fais pas maman, je serai prudente, maman, je me laisserais pas entraîner dans une histoire bizarre, c'est pas mon genre !" Alors que si, c'est juste complètement mon genre !

Comme il n'y avait plus de bruit, elle se risqua à enlever une de ses mains... et à ouvrir un oeil. Le serpentard était toujours là :

-Cela fait beaucoup de mentions de ta Mère en si peu de phrases. lui fit-il remarquer.

-Oui et alors ? bougonna Mali.

-Cela doit être agréable.

-Quoi ?

-D'avoir des parents.

La gryffondor laissa retomber ses mains doucement.

-Mais... tu as des parents. fit-elle remarquer avec gentillesse.

Le serpentard ne répondit pas tout de suite. Malicia essaya tant bien que mal de cerner l'expression de son visage. Il avait un visage tout en angles, ce garçon. Et de grands yeux très clairs, indéchiffrables.

-Je suis fatigué. fit-il. Va-t-en.

-Mais... Et les cours ?

-Je m'en moque. Comme je me moque d'avoir mes examens. Je dirais à l'infirmière que je n'ai plus besoin de cours.

Malicia baissa la tête et regarda quelques secondes ses baskets. Elle avait encore fait n'importe quoi. Dit n'importe quoi. Pour qui elle se prenait ? C'était évident que ce gars là avait une tonne de problèmes. Elle n'avait vraiment pas à en rajouter. Il avait raison. Il valait mieux qu'elle s'en aille.

Elle fit quelques pas vers les grands rideaux blancs. Et s'arrêta. Elle ne savait pas pourquoi, mais il fallait qu'elle reste. Quelque chose lui disait de ne surtout pas partir maintenant. Elle fit lentement demi-tour et avança vers le serpentard, en hésitant :

-Tu... Tu vas me prendre pour une dingue mais... est-ce que je peux rester ?

Les yeux du garçon fixaient toujours le plafond :

-Pourquoi ? répondit-il de sa voix froide.

-Quelque chose me dit que je dois rester là.

Mali se rapprochait au fur et à mesure qu'elle parlait. Elle s'était rarement sentie aussi gênée :

-J'suis pas médium, hein. Je crois d'ailleurs pas beaucoup à tout ce qui est divination mais... j'ai eu cette même impression bizarre quand je t'ai vu, l'autre jour, à la bibliothèque. L'impression qu'il fallait que je soit là, que je reste avec toi. Que je t'aide.

Pour la première fois, le regard bleu du serpentard glissa jusqu'à elle.

-Je sais pas ce que c'est. Je sais que c'est bizarre. Mais, s'il-te-plaît, il faut que je reste. Je te dérangerais pas, je ferais mes devoirs... ou je lirais.

Darius la jaugea quelques secondes. Il avait pas l'air en colère, étrangement. Enfin, pour l'instant... Qu'est-ce qu'il était pâle...

-Très bien. finit-il par dire en saisissant un livre.

Elle s'assit, soulagée et lui sourit. Il la regarda sans moufter et se replongea dans son volume.

-Tu sais... commença Mali, qui s'était mise à tapoter nerveusement du pied.

Comme s'il avait toujours su qu'elle allait se remettre à parler, le serpentard leva les yeux vers elle :

-Oui ?

-Je suis peut-être pas très douée pour parler... Je sais bien que j'ai tendance à trop parler, surtout quand je suis en face de personnes que je connais pas, je parle, parle, parle sans jamais... Enfin, tu sais quoi.

Elle eut l'impression de voir un peu d'amusement dans les yeux cernés du garçon, qui lui répondit simplement :

-Oui ?

-Mais par contre, je suis très douée pour écouter ! lança Malicia en plaquant ses mains sur ses genoux. Et je me dis, peut-être que, si tu veux, au lieu de te donner des cours, je pourrais... juste... écouter ?

-Ecouter... quoi ?

-Ce que tu as à dire. Pourquoi tu te sens pas bien. Pourquoi tu dis que tu aimes te faire du mal. C'est dur pour moi, de te comprendre. Mais, si tu as envie de m'en parler, j'ai vraiment envie... enfin... de t'entendre.

Alors que le serpentard continuait à la fixer, intrigué, elle lui fit un petit sourire encourageant. Finalement, il referma lentement le livre :

-Que veux-tu savoir ?
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MessageSujet: Re: Days before you came   Days before you came EmptyLun 3 Juil 2017 - 23:15

Le souaffle rouge vif vola à travers la pièce et le frappa en plein front.

-T’es bouché au fondant d’chaudron mon gaillard ? J’veux savoir ce que tu penses du nouveau plan ben classe de ton capitaine !

-Que… pardon ? fit Darius de mauvaise humeur en se massant le crâne, tiré brutalement de sa rêverie.

Marcus Flynn, son colocataire de longue date et ami, assis sur un banc à l’autre bout du vestiaire secoua la tête d’un air paternaliste :

-Tss tss Lestrange, tu files un mauvais coton. T’es pas à ce que tu fais. Tu fais plus gaffe à ce que je te dis. T’es sur la mauvaise pente, mon gaillard.

Il bondit sur ses jambes et s’avança à grands pas. Mais alors que Darius s’était imaginé que son ami allait le frapper sur le sommet du crâne, ce dernier n’en fit rien et se contenta de ramasser le souaffle dans un soupir avant de jouer avec en marchant de long en large. Le jeune homme, voyant que Flynn tenait à le laisser tranquille un moment, avança vers le terrain de Quidditch, plongé de nouveau dans ses souvenirs. Ceux qu’il chérissait était rares.


Si d’aventure on lui avait dit qu’il chérirait le souvenir de son séjour à l’infirmerie, il se serait esclaffé. Ou probablement pas. Probablement aurait-il endolori celui qui aurait proféré des sottises pareilles. Pourtant, alors qu’en cette froide matinée de septembre il se perdait dans les méandres de sa mémoire, ce souvenir était tout ce qui comptait pour lui. Bien plus que ses séances de sport, le seul loisir qu’il savait pourtant encore apprécier.

Malicia McGuire avait un talent certain pour vriller les nerfs. Sa façon de penser était déconcertante, et frisait le ridicule, sa voix était bien trop haut-perchée, le flux de ses pensées, bien trop rapide. Pourtant, plutôt que de l’énerver, comme elle avait sans doute dû le faire avec le commun des mortels, elle l’avait… désarmé. Oui, c’était le mot, il s’était révélé incapable de contenir son intérêt pour cette fille, et ce dès l’instant où il l’avait entendue proférer des sottises à la bibliothèque. L’idée était absurde, mais son principe était redoutablement intelligent. La façon dont elle était énoncée frisait le désespoir, une notion qui ne lui était pas étrangère, loin s’en fallait. Lui qui d’ordinaire n’adressait la parole qu’à ses proches, s’était senti comme forcé d’intervenir. Quelqu’un d’aussi affuté intellectuellement ne pouvait décemment pas penser se trouver des amis de cette façon. Non, tout ce cirque était un appel au secours. Une façon unique de crier « je suis là ! ». L’écho qu’il avait senti résonner en lui avait été trop fort. Ne pas lui adresser la parole était inconcevable.

Le terrain de Quidditch s’étendait désormais à perte de vue sous ses pieds. L’herbe bruissait à mesure qu’il la foulait, et seul ce son parvenait jusqu’à l’orée de sa conscience. Les conversations de son équipe, évoquant les vacances de chacun, les déboires de la rentrée et les nouveaux professeurs, ne l’intéressaient pas. Tout cela se fondait dans un murmure opaque, celui-là même dans lequel il était plongé depuis des mois… Darius accéléra à s’en faire mal aux membres, jusqu’à ce que l’air lui batte les tempes et qu’il n’entende plus rien. Il savait que c’était en vain : il fuyait la seule chose à laquelle il ne pouvait échapper. Comme pour lui rappeler ce fait indiscutable, ses pensées l’assaillirent de nouveau.

Tout avait été une succession d’évènements qu'il n’avait su prédire. Il n’aurait jamais imaginé par exemple qu’elle puisse revenir le voir à l’infirmerie, encore moins qu’elle accepte de rester à son chevet. Il l’avait à peine regardée lorsqu’elle s’était assise à côté de son lit. Il n’avait aucune envie d’entamer une conversation avec elle. Alors que la voix fluette lui dictait ses cours, son regard désabusé s’était promené sur la pièce dans laquelle il était enfermé. Un imposant miroir été posé sur la commode blanche à côté de son lit. Dans ce dernier, le profil de sa tutrice se reflétait. Petit à petit, certains détails lui avaient sauté aux yeux. La petitesse du nez, la finesse des traits. Le sourire toujours prêt à éclore. Les longs cheveux couleur or. Il n’avait compris que trop tard ce qu’il lui arrivait.

Il se rappelait avoir cédé à l’envie curieuse qu’elle reste auprès de lui. Envers et contre tout, et en toutes circonstances, leurs pensées semblaient concorder et il s’était étonné de la faculté de cette fille à apparaître dans sa vie aux moments où il en avait le plus besoin. Se rapprochait-il du gouffre que cette dernière lui tendait la main et le tirait en arrière, invariablement, inexorablement. Lui-même s’était surpris à anticiper avec facilité et amusement les manifestations hystériques de sa personnalité, et être le seul à pouvoir suivre son mode de pensée. Ils s‘apaisaient l’un l’autre.
Tout cela l’avait effrayé, de part le seul intérêt croissant qu’elle avait éveillé chez lui, lui qui avait pris le parti de se moquer de tout.

Poussé par l'envie de comprendre d’où venait cette bienveillance, cette capacité à lui sourire envers et contre tout, il s'était mis lui aussi à poser des questions. Sa curiosité s’était peu à peu changée en soif. Il s’était mis à attendre avec impatience l’heure à laquelle elle viendrait. Sans s’en rendre compte, il s’était petit à petit extirpé du marasme de sa dépression, du moins jusqu’à ce que leur dernière heure ensemble ne vienne.

Il ne l’avait plus revue.

Ce n’est qu’en arrivant chez ses parents, une fois ses examens passés, qu’il avait commencé à appréhender l’ampleur du désastre. Tout l’indifférait. Les piques assassines de sa génitrice glissaient sur lui comme de l’eau. Les coups de son géniteur lui semblaient si lointains qu’ils semblaient infligés à un autre. Il ne leur adressait qu’à peine la parole et avait préféré passer l’été seul dans sa chambre, enfermé dans ses pensées. Il était comme emmuré dans la mémoire de ces quelques jours passés à l’infirmerie. Il s’était mis à remâcher miette par miette chacun des souvenirs qu’il avait. Il revoyait la gestuelle de cette Gryffondor, entendait sa voix, le bruit des pas. Il ne les entendrait probablement plus. Cette seule pensée l’étouffait.

Une tape sur le bras le tira momentanément de son calvaire.

-Bah alors, mon gaillard ? On tente le grand chelem tout seul ?

Flynn venait de le rejoindre, un sourire tout en dents tordues aux lèvres :

-C’est pas ton fort l’esprit d’équipe, hein, Lestrange ? lança-t-il en désignant le reste de l’équipe de Quidditch des Serpentards qui ahanait à l’autre bout du terrain. Tu me diras, j’suis pas surpris, depuis le temps que j’te connais, mais là, en début de saison, faudrait quand même un minimum suivre les ordres du Capitaine.

-Je n’ai pas besoin de suivre tes ordres, Flynn. Ma famille finance intégralement les nouveaux balais de cette équipe. Sans moi, vous essayeriez encore de faire voler les serpillères des elfes du Réfectoire.

Il se reçut un violent coup sur le crâne :

-Comment que tu causes de mon équipe, toi ?! Attention, tu files un mauvais coton, mon gaillard ! J’t’ai à l’oeil…

Bonne pâte, Flynn retrouva cependant rapidement sa bonne humeur :

-Mais j’te pardonne pour cette fois, si tu me rends un service…

Darius leva les yeux au ciel. Flynn avait toujours besoin qu’on lui rende service. Etrangement, depuis sept années qu’il en était le camarade de chambrée, il était bien souvent le seul disposé à l’aider et ce dernier n’était pas avare quand il s’agissait de contreparties : il avait après tout eu sa place d’attrapeur comme cela. Avec les ans, cette échange de bons procédés avait fini par se muer peu ou proue en une amitié solide, dont il était le premier surpris.

Sans attendre son approbation, Flynn poursuivit sa phrase, tout en adaptant sans le moindre effort sa foulée à la sienne :

-J’ai comme qui dirait une nana dans le collimateur, annonça-t-il.

-Que Dieu nous vienne en aide… commenta Darius.

-Cette fois, c’est du sérieux.

-Que Dieu nous vienne en aide…

Flynn lança un sortilège de promtpatte à un co-équipier qui lambinait sur le côté du terrain, bien trop occupé à nouer ses lacets pour s’entrainer.

-C’est la petite nouvelle, qui vient de Beaux-Bâtons. Un beau brin de fille tout ce qu’il y a de plus classe.

Le regard de Darius glissa vers son Capitaine :

-Rincevent ? Es-tu sûr qu’il s’agisse bien d’une femme ? Elle ne cesse de jurer comme un pirate et je suis pratiquement certain de l’avoir entendue dire que sa petite taille était due au scorbut.

-Ouais… Un beau brin de donzelle, hein ? s’enthousiasma l’athlète, rêveur.

-Absolument pas.

-J’ai déjà tenté une approche et je suis quasiment sûr de conclure, mais voilà. Y’a un blême.

-Je te l’ai déjà dit : un orthodontiste réglerait la majorité de tes ennuis.

-Elle a une amie. poursuivit Flynn, habitué de longue date aux sarcasmes de Darius. Le genre collant et qui parle que de bouffe. Elles se connaissent depuis pas deux semaines mais elles sont toujours plus ou moins fourrées ensemble. C’est là que t’entres en scène. Si j’invite Lucrécya, y’a de fortes chances que Miss Bouftout rapplique aussi. Si t’étais là, tu pourrais, comme qui dirait, faire diversion ?

-Et bien entendu, tu n’as trouvé personne pour s’occuper de cette sale besogne.

-Si, mais t’es de loin le plus convaincant. Quand tu parles pas, t’es tout ce qu’il y a de plus correct. Tout ce que t’as à faire, mon gaillard, c’est de te pointer et d’occuper Bouftout.

-Il ne t’es pas venu à l’esprit que j’avais mieux à faire ?

-Quoi donc ? Qu’est-ce que t’as prévu de faire à part te terrer dans notre piaule et déprimer nos coussins avec ta face d’asperge ? C’est l’occasion de sortir un peu, d’oublier qu’on a encore un an à tirer ici, mon gaillard !

-Quand bien même, je n’aurais rien de prévu, répliqua le Serpentard sur un ton cinglant, je ne perdrai pas mon temps à courtiser une fille nommée Miss Bouftout pour t’aider à accoster un pirate.

Flynn soupira :

-Tu m’déçois, Lestrange, tu m’déçois…

-Tu m’en vois désolé. répartit Darius, en ne pensant vraisemblablement pas ce qu’il disait.

-Tu veux pas au moins m’aider à trouver quelqu’un pour la divertir, cette Malicia ?

Darius stoppa brusquement sa course et se tourna vers son ami dans le besoin.
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Malicia McGuire
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MessageSujet: Re: Days before you came   Days before you came EmptyVen 7 Juil 2017 - 13:27

-Maman, pourquoi je peux pas aller à l’école ?

Son toast encore plongé dans son bol de lait chaud, les jambes se balançant sous sa chaise, Mali observait ses parents, Wilhelmina et Achab McGuire. Ils faisaient encore leur tête bizarre. Celle où ils se regardaient en coin en se demandant lequel des deux aller parler en premier. Ezzechiel, lui sans fichait, et continuait à faire du tam tam sur son bol renversé, ses écouteurs sur la tête. Sa maman respira bien fort et lui fit un grand sourire :

-Mais c’est bien d’être à la maison, non, ma chérie ?

Mali piqua un peu du nez, intimidée : elle savait bien qu’elle devait pas poser plus de questions. Maman et Papa étaient tellement gentils avec elle. Elle avait pas le droit de les mettre dans l’embarras. Elle avait pas le droit d’être aussi méchante.

-Mais je veux aller à l’école avec les autres enfants… Je m’amusais bien, là-bas. dit-elle aussi gentiment qu’elle pouvait.

Elle releva timidement les yeux. A nouveau, la tête bizarre. Sa maman lança un regard désapprobateur à son frère qui continuait à tambouriner dans son coin, se leva et s’agenouilla à côté d’elle. Elle lui caressa la joue :

-Mali… Maman est tellement contente que tu restes avec elle. On s’amuse bien toutes les deux. On va apprendre tout plein de choses ensemble. L’école, ce n’est pas aussi bien que tu penses. Et puis, on te l’a expliqué, c’est beaucoup plus simple pour toi. Tu seras beaucoup plus heureuse ici.

Mali sentait que de grosses larmes montait dans ses yeux :

-Mais, je veux voir les autres enfants… supplia-t-elle d’une petite voix.

-Ca suffit, Malicia !

Son papa venait de poser sa tasse un peu fort :

-Tu sais que si tu ne vas pas voir les autres enfants, c’est pour ton bien. L’école n’est pas un endroit pour toi. Les autres enfants ne te comprennent pas. Ici, tu peux lire autant que tu veux, faire du sport autant que tu veux. Ici, tu es en sécurité et… EZZECHIEL CESSE CE RAFFUT IMMEDIATEMENT !

Ezzechiel resta la main levée au-dessus de son bol et regarda Achab, étonné. Papa ne criait jamais, d’habitude. Mali, elle, se mit à hoqueter en silence, les joues mouillées de larmes toutes chaudes.


oOoOoOo

Mali glissa de son lit et tomba par terre en poussant un petit cri. Elle se mit à genoux, se frotta les yeux. Il faisait encore nuit noire. Quelle heure il pouvait être ? Elle remonta dans son lit, fit remonter la couverture sur ses jambes. Ses copines de chambre étaient là. Elles avaient l’air sympa, endormies. Elles l’étaient moins, réveillées. Enfin, moins… c’était une façon de parler : on peut pas vraiment juger si une personne est sympa, si cette personne vous parle pas, non ?

C’était pas grave.

Elle avait l’habitude.

L’essentiel, c’est qu’elle était à Poudlard, et plus chez elle. Ses parents lui manquaient, ils lui manquaient même beaucoup. Mais pas sa chambre. Elle supportait plus sa chambre. Elle était vraiment contente d’être ici, avec les autres. Même s’ils lui parlaient pas.

Elle avait eu tellement peur de devoir rester encore dans sa chambre. Elle avait bien cru que sa mère allait l’enlever de Poudlard, cette année. Elle avait tellement paniqué quand elle avait parlé de Darius. Malicia avait vite compris qu’il fallait qu’elle garde ça pour elle.

C’était pas grave.

Elle avait l’habitude.

Et puis maintenant, elle avait Lulu. Lulu était son amie. Lulu était géniale. Quand elle lui avait demandé son chemin à la rentrée, Mali avait su tout de suite : tant que Lulu serait là, elle serait plus jamais seule. Ca faisait tellement de bien de savoir ça…

Elle lui avait pas encore parlé de Darius.

Elle savait pas par où commencer.

Peut-être qu’elle devait simplement lui dire la vérité. Même si ça lui donnait l’impression de réciter les paroles d’une de ces chansons à la mode complètement idiote.

Elle avait tellement envie de lui dire.

Qu’elle avait jamais senti ça avant. Qu’elle avait le coeur qui s’arrêtait à chaque fois qu’elle le voyait. Qu’au départ, elle avait juste eu envie de l’aider. Qu’il avait l’air perdu, aussi perdu qu’elle. Qu’ils avaient parlé, beaucoup, de tout, de rien. Qu’ils s’étaient compris, tout de suite. Qu’il était pas taré, comme il en était persuadé.

Non. C’était le garçon le plus intelligent qu’elle connaissait. Elle aimait sa façon de voir les choses. C’était différent. C’était acide comme un de ces bonbons dont on peut plus se passer parce que les autres ont l’air fades après l’avoir gouté. Elle aimait sa façon de sourire sans rire. Il avait bon fond, mais il le savait pas. Il était drôle, mais il le savait pas. Et maintenant, elle avait juste envie qu’il la prenne dans ses bras, qu’il lui parle tout bas et qu’elle voit la vie en… Lalalala.

Oui, si on oubliait la dernière phrase, c’était exactement ça qu’elle voulait dire à Lulu. En fait, c’était même ça qu’elle aurait dû dire à Darius.

Si elle était pas une gamine de cinquième année un peu siphonnée.

Elle faisait des choses bizarres. Son cerveau lui faisait faire des choses bizarres.

Par exemple, en cours de potions, elle confondait tous les substantifs en -us avec « Darius ». Elle avait même eu un A- à cause de ça…

Et si c’était que ça…

…elle avait piqué un album d’une classe où elle avait jamais posé les pieds pour découper une photo de Darius dedans. Elle l’avait mise sous son oreiller. C’était complètement pathétique, elle le savait bien ! Et puis, elle regardait beaucoup trop cette photo, elle savait bien qu’elle l’a regardait beaucoup beaucoup trop… Elle avait même pas besoin de la regarder, d’ailleurs cette foutue photo.

Elle avait son visage gravé dans la tête.

…Et puis elle était complètement nulle, cette photo, elle était prise de beaucoup trop loin. Ca lui rendait pas justice. Elle montrait pas les petites tâches de rousseur justes parfaites qu’il avait au-dessus du nez. On voyait pas bien non plus le bleu juste parfait de ses yeux, ni sa bouche… juste parfaite. Ni ses grandes épaules juste parfaites. Ou la façon juste parfaite qu’il avait de s’adosser.

Mon dieu, qu’est-ce qu’il s’adossait bien, Darius… Darius, Darius…

Da…

-Mali !

Malicia manqua de crier. Quelqu’un venait de poser la main sur son bras. Elle se pencha :

-Lulu ?! chuchota-t-elle.

-Mets ça !

Sa meilleure amie lui jeta un truc à la figure. Mali l’ôta de sa tête et le regarda :

-Pourquoi tu me donnes une robe à paillettes ?

-Parce qu’on sors !

Mali ouvrit des yeux ronds :

-Comment ça, on sors ?

-J’texpliquerais. Viens. Met la robe. Et j’t’ai amené des talons, ça fait plus maturitaire.

Les deux filles sortirent à pas de loup du dortoir endormi. Mali enfilait sa robe en se tortillant et en sautillant sur ses talons :

-Pourquoi j’ai besoin d’avoir l’air plus mûre ? souffla-t-elle.

Lulu regarda à gauche et à droite avec l’air prudent. Finalement, elle fit disparaître son pyjama d’un coup de baguette, dévoilant une robe verte beaucoup trop courte et des talons beaucoup trop hauts :

-On est invitées. Les septièmes années font une fête secrète dans la salle sur demande.

Un grand sourire apparut sur le visage de Mali :

-Génial !

Sa bestah hocha la tête tout en remettant en place la demi-tonne de mouchoirs qu’elle avait stockée dans son soutien-gorge. Elle vérifia que tout tenait bien et hocha la tête, satisfaite. Puis elle se tourna vers elle et lui sourit exagérément :

-J’ai pas de rouge sur les dents ?

-Euh… non !

-Alors on y va !

Comme une tornade, Lulu partit bille en tête. Mali en profita pour allonger un peu sa robe d’un coup de baguette discret, avant de la rattraper en courant. Elles sautèrent sur les marches d’un escalier un peu pressé qui les amena en zigzaguant jusqu’au septième étage. Elles marchèrent encore un peu avant de trouver le tableau qu’elles cherchaient. Celui d’un sorcier zinzin qui gigotait en tutu devant une bande de trolls qui le regardaient en se grattant le crâne. Si on faisait bien attention, on pouvait se rendre compte que le cadre du tableau battait régulièrement. Comme si les basses d’une musique endiablée résonnaient non loin.

Les filles se retournèrent pour faire face à un mur vide devant lequel elles entreprirent de passer trois fois en pensant très fort à la fête qui les attendait :

-J’y crois pas ! Je vais à une fête ! demanda Mali qui tenait plus en place. On commence par quoi ? Notre super danse de l’amitié qu’on a mise au point hier ? Ou on pille le buffet et on se boit un tas de cocktails sans alcool ? Oh mon dieu, je sais ! On pourrait boire des cocktails… avec alcool !

Lulu grimaça :

-Naaah, j’vais pas pouvoir.

Mali ouvrit à nouveau des yeux ronds :

-Hein ? Mais pourquoi ?

Lulu se tourna vers elle, en souriant fièrement :

-J’t’ai pas dit ? J’ai un rencard !

Elle la poussa du coude :

-Et toi aussi !

Mali eut l’impression qu’on lui coupait la tête :

-Hein ? glapit-elle.

Lulu haussa les épaules :

-Ouais, le gars qui me branche est super, mais il a un ami chelou qu’il traîne comme une vieille casserole. grimaça sa meilleure amie. Un albinos dépressif, super prétentionneux. Zarbi, qu’il s’appelle, ou quéquechose dans l’genre.

-Hein ? répéta Mali, encore plus paniquée.

-C’est trop cool que tu sois là parce que tu vas pouvoir occuper Zarbi pour qu’il nous pourrisse pas trop la soirée.

Lulu applaudit, motivée :

-Tu vas voir, ça va être l’éclate !

Les murs de la salle sur demande s’écartèrent devant elles, dévoilant une salle noire de monde qui bondissait sur une musique assourdissante sous des lumières à vous rendre épileptique. Lulu sourit à quelqu’un tout en faisant un grand signe de la main. Elle se précipita vers un grand costaud qui l’accueillit les bras ouvert.

Mali resta quelques secondes clouée là où elle était, sans trop savoir s’il valait pas mieux qu’elle retourne se coucher. Elle avait beaucoup, beaucoup moins envie de faire la fête, tout à coup.



Elle rejoignit malgré tout Lulu, qui avait déjà le bras de son cavalier autour du cou.

-Ah ben, te v’là ! T’étais où ?

Mali avait l’air toute secouée :

-Ben je… bredouilla-t-elle.

Lulu balaya l’air d’un geste de la main :

-C’pas grave ! Faut que j’te présente !

Elle désigna le grand costaud comme si elle présentait à Mali un article de luxe dans un grand magasin :

-Lui c’est Marcus Flynn, il est capitaine de son équipe de quidditch…

Elle fit un geste négligent de la main et marmonna :

-Et ça, c’est Zarbi. Mali, Zarbi ! Zarbi, Mali !

Mali rougit comme une pivoine. Il était à dix centimètres d’elle. Darius Lestrange était à dix centimètres d’elle. Avec sa bouche parfaite, ses yeux clairs parfaits et ses épaules parfaites.

Le cavalier de Lulu s’interposa entre eux avec un grand sourire et les prit tous les deux par les épaules :

-Alors, c’est une bien belle soirée, ou c’est pas une bien belle soirée ? Dis bonjour, Lestrange !

Le message mit visiblement quelques secondes à monter au cerveau du serpentard. Il ouvrit la bouche, s’apprêta à dire quelque chose. Mais rien. Il réessaya une deuxième fois. Mais rien. Finalement, il détourna le visage, l’air complètement atterré.

Les regards de Lulu et de son copain allaient et venaient entre eux deux. Finalement, Lulu prit Marcus par le bras et chuchota assez fort pour que tout le monde entende :

-Dis… Tu m’avais pas dit qu’il était débile…

Marcus Flynn fit comme s’il avait rien entendu et tapa dans ses mains :

-Ca sent la super soirée, tout ça, mes gaillards ! s’exclama-t-il avant de lever les bras. Allez, c’est pas tout ça, mais on vous laisse, mes jolis ! Eclatez-vous ! PUMP IT UP !

Il saisit Lulu par la taille pour la traîner droit vers le bar. Mali les regarda s’en aller lentement, avant de se tourner vers Darius. Elle sourit nerveusement, ouvrit la bouche…

Mais rien.
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