Cela faisait de longues minutes que Lucrécya, Curie, Kimberlie et Griselda attendaient dans le froid, sous une bruine poisseuse de paillettes. Histoire que Potter ne les loupe pas, elles s'étaient placées au centre de l'estrade qui se dressait au milieu du terrain, habituellement destinée aux discours du doyen chapeauté.

Il y avait quelque chose de lugubre, dans cet immense stade aux gradins totalement vides, plongé dans la pénombre. Mais le pire, c'était la température.

Lulu, malgré sa robe épaisse à plusieurs couches, devaient se dandiner d'un pied sur l'autre pour tenter de se réchauffer. Son boursoufflet faisait de même, sur son épaule.
Elle jeta un regard plein d'envie à Griselda, qui s'était emmitouflée avec délices dans sa cape noire épaisse. La petite batteuse songea un moment à lui voler. Mais ça ferait des histoires et finirait inévitablement par une baston, et il valait mieux qu'elles passent toutes pour des greluches écervelées pour que la phase 1 du plan fonctionne.

Pour passer le temps, Lucrécya chercha des yeux Marcus, mais ce dernier s'était fondu dans les ténèbres, tout comme le cowboy grincheux.

-Il est pas très ponctuel ton Potter ! siffla-t-elle en se tournant vers Curie.

-J'espère qu'il va venir ! renchérit Kim, qui croisait les bras pour se réchauffer.

-Je suis sûre que oui. Il avait l'air très enthousiaste dans sa lettre, fit l'Insu. Et n'oubliez pas, rajouta-t-elle en fixant Lucrécya, aussi ignoble soit-il, on doit le faire parler avant de le castagner !

-Pourquoi j'me sens visée ? grommela Lulu.

-Regardez ! s'exclama soudain Griselda.

Elle désigna une silhouette qui s'approchait d'elles, en roulant des mécaniques.
C'était bel et bien Harry Potter. Il avait les cheveux gominés en arrière par une tonne de gel en une coupe qui se voulait, mais qui n'était pas rock'n roll. Il s'arrêta, redressa le col de sa veste en cuir, et sortit un petit spray mentholé de sa poche, dont il aspira quatre bouffées.

-Je suis là, mes belettes !

Il grimpa aussi aussi vite qu'il le put sur l'estrade, se coinça le pied dans une des marches et s'étala par terre. Il se redressa aussitôt, et s'avança vers les quatre jeunes filles en haussant abusivement les sourcils :

-Sââââââââââlut les filles ! Je vois que vous êtes toutes différentes ! Ca tombe bien, j'aime la diversité !

Il passa la main sur la joue de Kimberlie, qui se crispa, et tapota d'un air condescendant l'épaule de Lucrécya, qui prit énormément sur elle pour ne pas réagir violemment. Il s'avança vers les deux autres, et se figea :

-... mouais, p't'être pas à ce point.

Il sortit un petit peigne encore gluant de gomina de sa poche avant, et entreprit de se recoiffer, tout en se tournant à nouveau vers Lulu et Kim :

-Non, vous ne rêvez pas, c'est bien moi. Qui veut goûter en premier à la langue mentholée d'un Héros ?

Accroupis derrière les gradins du premier rang juste à côté de l'estrade et silencieux comme des chats, Marcus et Titus observaient la scène, les mâchoires crispées par la rage :

-Quand je pense que ce petit enfoiré nous a foutu dans la mouise pendant toute une semaine avec ce bon dieu de sortilège... J'vais le tuer.

-Ce rat à lunettes a osé toucher l'épaule de mon p'tit cognard... J'vais le déglinguer !!!

Levant sa baguette courbe, le cowboy se tourna alors vers son "frère d'armes", l'air entendu.

-Alors on est d'accord ? On se le fait... maintenant !!!

-Ce nabot va crever !!!!!

Tous deux se levèrent et sautèrent en silence par-dessus les gradins, dans le but de se jeter sur le binoclard.

Kim avança ses lèvres en tremblant de dégoût.

-Je vais te bécoter comme une mule qui lèche une pomme ! susurra Harry en se penchant.

Malheureusement pour lui, il n'eut pas le temps de mettre en œuvre ses dires : Titus et Marcus se jetèrent sur lui en hurlant.

-Enfin ! fit Kim avant de se lancer dans la mêlée.

Lulu, Curie et Griselda se regardèrent et bondirent à leur tour. S'ensuivit un long et pénible tabassage en règle.

-Pourquoi ?!...aïe! J'ai rien fait ! aïe ! C'est Ginny qui vous envoie, c'est ça ?! Ouille ! glapissait le balafré. Non pas là ! AOUCH !

La bande déchaînée ne laissa aucun répit au binoclard. Finalement, ce dernier finit par s'extirper du règlement de compte et recula en les pointant du doigt :

-Vous êtes malades ! Ça ne va pas en rester là, j'ai des amis très haut placés et... Aaaaaah !

Sous l'œil éberlué de ses assaillants, le malheureux binoclard se prit les pieds dans les longs escaliers de l'estrade, rebondit de marche en marche jusqu'en bas. Là, il glissa sur une flaque et partit se cogner tête en avant contre le mur en béton armé. Il retomba en arrière, droit sur un râteau particulièrement affuté que Mr Gazon avait oublié là.

Toute l'équipe se précipita sur lui, descendant les marches quatre à quatre.

Ils l'encerclèrent.

Titus retourna le corps de Potter d'un coup de santiag, et alors que tous grimaçaient devant son visage ensanglanté, il lui prit le pouls... Finalement, une goutte de sueur perla sur son front :

-Merde. On a tué Harry Potter.

Une seconde de silence suivit avant que tous réagissent.

-ON VA TOUS ALLER A AZKABAN ! hurla Kim.

Curie lui jeta un coup d'œil, et blêmit.

-On se connaît pas, on a jamais été ici ! fit Griselda en faisant mine de se carapater.

-Tu bouges pas. fit Marcus en l'attrapant par le col.

Lucrécya croisa les bras :

-Bon, ben... la seule chose à faire, c'est de faire disparaître le cadavre.

Kim versa une petite larme :

-Je sais qu'il était responsable de ce sortilège mais personne ne mérite de mourir comme ça...

Le silence retomba.

-Mais... il était pas vraiment responsable. fit Curie doucement. Il a juste lancé le sort, mais il savait pas que la formule était sabotée...

-Mais... alors pourquoi vous avez fait ça ?! s'écria Griselda avant de pointer du doigt ses camarades avec l'air horrifié. Vous êtes tous fous ! Fous à lier !

-L'important c'est que personne nous ai vu. fit Marcus.

A peine avait-il prononcé ces mots que les lumières du stade s'allumèrent brutalement. La petite troupe plissa les yeux, aveuglée. Des bruits de pas et un impressionnant brouhaha les entourèrent :

-C'est quoi ce boucan ?! fit Lucrécya. Ils sont combien ?!

-Il y avait quelque chose de prévu ce soir ? fit Kim.

-ON EST REPÉRÉ !!!! CHACUN POUR SOI ET LES LETHIFOLDS SERONT BIEN GARDES !!!

Marcus fit signe à Titus de l'aider et les deux soulevèrent le cadavre. Ils se précipitèrent vers un couloir vide, dans l'espoir de sortir au plus vite du stade.

Peine perdue. Une barrière magique entourait les lieux et les deux hommes ouvrirent les yeux, surpris : des centaines et des centaines d'étudiants affolés, en pyjama pour la plupart, se dirigeaient vers le stade tels des zombies.

-Les toilettes ! Vite ! souffla Curie derrière eux.

Toute la bande s'engouffra dans une petite pièce. De sa baguette, Lucrécya écrivit à la va-vite "Hors-Service" sur la porte avant de la refermer. L'endroit était mal éclairé, exigu et humide. Tous s'assirent par terre avec l'air grave et considérèrent le mort à leurs pieds.

Autour d'eux, les bruits de pas s'amplifièrent : le stade se remplissait de plus en plus.

-Qu'est-ce qu'on fait ? finit par dire Kim.

-On laisse le cadavre et on se barre. Fit Lucrécya, étrangement calme.

-Mais on l'a tabassé ! s'écria Griselda. On l'a tous touché ! Il est couvert de nos empreintes ! On est foutus !!!

Elle s'écroula par terre sur le cadavre d' Harry :

-Je ne veux pas retourner à l'asile d'aliénés ! hurla-t-elle en fondant en larmes.

Le silence retomba et tous se regardèrent, déconfits.

-Il faut effacer les traces. fit Titus.

-Comment on fait ?

Le silence se fit plus pesant encore.

-Le mieux, c'est qu'on reste là pour le moment. affirma Marcus. Quoiqu'il se passe dehors, ça finira bien par s'arrêter. Quand le stade sera vide, on agira. Faut qu'on soit patients.

A ce moment précis, la chanson qu'avait enregistrée les professeurs traversa les murs et se mit à passer en boucle, au grand dam de la bande :

Au bout de longues minutes de marche forcée, le Stade Swiffer 3000, le seul bâtiment illuminé dans l'université s'éleva devant les étudiants ensorcelés et ils s'engouffrèrent tous dedans. Une musique immonde les accueillit :

-♫ OOOOOoooooOOOOOOOoooooH La CATASTROOOOOPHE !!!! YEAH YEAAAAH !!! NOS ETUDIANTS ONT MAL AUX PIEDS !!!! ♪

A peine eurent-ils posé le pied dans les gradins que la force qui les retenaient disparut. Tous se regardèrent, surpris... avant de se ruer vers les sorties en piétinant les malheureux qui, bousculés, étaient tombés à terre. Des milliers de mains se cognèrent à une barrière magique.

Malicia regarda aussitôt en l'air et constata que la barrière formait une sorte de coupole au-dessus du Stade.

-On est enfermés... fit-elle.

Réalisant quelque chose, elle ouvrit des yeux affolés :

-Ohmondieuohmondieuohmondieu ! ON EST ENFERMES !!!! répéta-t-elle, paniquée.

-♪ Oooooh, notre fac, est bien en danger ! ♫ D-A-N-G-É, ouais danger ! ♪ lui répondit la musique.

Malicia se fraya un chemin à travers la foule et grimpa tout en haut des gradins. Elle plissa les yeux et devina à travers la nuit qui l'entourait l'Impasse des Bizuts Pourfendus et la Cabane des Insuffisants, à peine éclairée par le rayonnement du stade.

Elle porta la main à sa bouche :

-L'antidote... murmura-t-elle, morte d'inquiétude.

Il n'y avait pas de doute. Si ils étaient bloqués ici, c'étaient à l'évidence pour les empêcher d'agir et d'interférer avec les plans du Doyen. Elle devait trouver toute l'équipe pour qu'ils trouvent un moyen de briser cette barrière et d'aller chercher l'antidote.

Elle se retourna et considéra la foule. Ça allait prendre des heures. Et la potion qu'elle avait faite pouvait être prête à n'importe quel moment. Elle ouvrit des yeux terrifiés :

-Et elle ne sera active que dix minutes... couina-t-elle.

Elle regarda autour d'elle avec affolement. Elle n'avait pas le temps de chercher l'équipe. Il fallait qu'elle sorte d'ici au plus vite.

♫ OOOOOoooooOOOOOOOoooooH La CATASTROOOOOPHE !!!! YEAH YEAAAAH !!! NOS ETUDIANTS ONT MAL AUX PIEDS !!!! ♪ s'emballa la musique.

-Voyons... murmura la Zeta pour elle-même. C'est probablement un sort du bouclier. Protego totalum ou protego horribilis au pire.

Il fallait qu'elle trouve un endroit calme pour tester les contre-sorts possibles. Mais où ? Le Stade était totalement bondé à présent !

-Rha ! fit la métisse.

Elle s'accroupit et ferma les yeux concentrée.

-Manus Vista. fit-elle en agitant sa baguette.

Mentalement, elle parvint à visualiser brièvement autour d'elle son environnement. Mais cela ne lui apporta pas plus d’éléments : les lieux étaient remplis à rabord, et elle ne pouvait être discrète nulle part. Malicia eut une moue pensive. Derrière elle, des éclairs se mirent à fuser et les étudiants s'étaient mis à hurler, en proie à une forte colère :

-ON VEUT SORTIR D'ICI !

-♫ THE SOOOONG OF HOPE ! THE SONG OF HOPE ? ♪

-LAISSEZ-NOUS PARTIR !!! CETTE MUSIQUE EST INSUPPORTABLE !!!!

-♫ OOOOOoooooOOOOOOOoooooH La CATASTROOOOOPHE !!!! YEAH YEAAAAH !!! NOS ETUDIANTS ONT MAL AUX PIEDS !!!! ♪

-SI VOUS VOULEZ MON HUMBLE AVIS, C'EST PROBABLEMENT UN COUP DE CES ALCHIMISTES DE BAS ÉTAGE DE PI OMICRON PI ! s'écria un Alpha.

-TU CHAIS CH'QU'IL TE DIT LE PI OMICHRON PI ? lui répondit un binoclard chétif.

-HEY ! LES PI OMICRON PI ET LES ALPHA SONT EN TRAIN DE SE LIGUER CONTRE NOUS, LES GARS ! ALLONS LES BASTONNER !!!

Malicia ouvrit des yeux paniqués : l'ambiance était déjà en train de tourner à la guerre civile. Il fallait qu'elle sorte d'ici et vite.

Elle se précipita dans un couloir, baguette à la main.

Alors que Malicia fonçait dans un couloir, baguette à la main, deux imposants sbires lui barrèrent le chemin :

-Malicia McGuire ? demanda l'un d'eux d'une voix peu amicale.

-Je... Non ? tenta la métisse alors qu'on lui prenait sa baguette.

-Incarcerem.

La métisse se retrouva ligotée. Et une main se posa sur son épaule et lui intima de partir dans le sens opposé ou elle allait :

-Veuillez nous suivre.

Les deux hommes de mains escortèrent la métisse jusqu'au centre du stade, où une estrade était dressée. L'un d'eux agita sa baguette et une cage apparut :

-Entrez. ordonna-t-il.

-Mais qu'est-ce que j'ai fais ? fit Malicia.

-Le doyen vous fait dire qu'on ne se rebelle pas impunément contre lui.

Alors que les deux hommes lui tournaient le dos, la métisse soupira, énervée.

-Ooooh, la catastrophe! ♪

Lucrécya, assise aux côtés de Marcus, détailla ses camarades, avachis autour du corps.

Tous étaient livides, les traits tirés, les yeux ouverts fixés sur Potter.

-On a tué quelqu'un... couina Kim, les bras autour de ses jambes.

-Nos étudiants ont mal aux pied-eeeeeh... ♫

-Un gars super connu ! précisa inutilement Griselda. On va avoir droit à la peine de mort. DE MORT JE VOUS DIS !

Curie ouvrit des yeux ronds :

-A la peine de mort ?!

-Oooooh, notre fac, est bien en danger ! ♪

Marcus secoua la tête :

-Mais non, ça existe plus la peine de mort. Ils vont simplement nous enfermer pour le reste de notre vie et nous torturer de temps en temps avec des sortilèges d'endoloris histoire de nous faire avouer nos motivations.

-On peut pas s'empêcher d'chanter ! ♫

Tous commencèrent à faire travailler leur imagination.
Lucrécya brisa le silence :

-Quand j'étais à l'orphelinat, un gamin était mort de fatigue en travaillant dans la fabrique de souaffle illégale qu'on avait dans les caves. Et la directrice, Mamzelle Sacrin, avait utilisé un sort qui avait pulvérisé le cadavre en une demi seconde ! Pouf ! Plus de preuves ! s'exclama avec entrain l'Alpha.

Un silence circonspect suivit cette anecdote.

-Notre estimé doyen nous sauvera dès ce soir ! ♪

-C'était quel sort ? demanda Titus au bout d'un moment.

Kim releva des yeux plein d'effroi :

-Titus ? Tu comptes vraiment...

-Vu comment on est fourrés dans la merde, autant y aller franco, hein ! C'était quoi ton sort, Flint ?

-...la chanson de l'espoir ! Chanson d'lespouaaaaar ! ♫

Lulu fronça les sourcils....

-Ben... je....

Elle se renfrogna, maussade :

-C'était y'a trop longtemps, comment tu veux que je me rappelle !

-The song of hope ! The song of hope ! ♪

-Alors pourquoi tu nous racontes ça ?! grogna le cowboy, qui avait l'air encore plus en rogne que d'habitude.

-Pour faire la conversation ! pesta Lulu, avant de croiser les bras, boudeuse.

-Ooooh, la catastrophe! Yeah yeah yeah yeaaaah ! ♪

-En même temps, est-ce que l'un d'entre vous aurait osé... commença Curie, qui ne pouvait détacher ses yeux d'Harry.

Personne ne lui répondit.

-Nos étudiants ont mal aux pied-eeeeeh.. ♫

Le brouhaha au dehors s'amplifia, comme si toute une foule paniquait dans le stade.

-Mais combien de temps ça va durer, ce truc dehors ? soupira Marcus.

-Oooooh, notre fac, est bien en danger ! D-A-N-G-É, ouais danger ! ♪

Il se tourna vers sa femme... mais cette dernière s'était profondément endormie, la tête renversée contre le mur, de la bave au coin des lèvres.

Ecrasé entre deux grands étudiants aux épaules larges, forcé d'être assis au milieu d'une cohue de jeunes sorciers pour la plupart en chemise de nuit et autre pyjamas, Om Rajesh Kapoor n'en menait pas large comme on dit. La mâchoire crispée, les lèvres pincées et le le teint livide, il était encore choqué par la manière horrifique digne d'une picturine de seconde zone, dont il avait été forcé de venir jusqu'au stade :

Mais pourquoi, pourquoi ai-je été suffisamment nigaud pour poser l'ouvrage renfermant le contre-sortilège salutaire, précisément au moment MEME où cette magie démoniaque m'a forcé à marcher sans répit jusqu'ici ??? J'ai été incapable de l'attraper avant d'être forcé de sortir de la Cabane !!! Et maintenant ce gros étudiant malodorant va m'étouffer avec les miasmes de ses fluides corporels ! Cela n'est pas une fin digne d'un Kapoor...

Se redressant dans un effort quasi surhumain afin de respirer un peu d'air pur, Om se pencha sur la balustrade devant son gradin, au huitième rang du stade , en hauteur. Soulagé, il en profita un peu pour observer la foule qui s'étendait autour de lui : Plusieurs éclairs de stupéfixion avaient commencé à fuser de toutes parts, et les sorciers en herbe se déchainaient littéralement, frustrés d'être bloqués dans ce lieu, alors que la pluie battait à tout rompre. Soudain, le regard morne de l'hindou se figea. Au centre du stade Swiffer 3000, su l'estrade se dressait à présent une cage exigue dans laquelle deux vigiles-sorciers imposants avaient enfermé une jeune fille en petite tenue.

Que Kali me foudroie ! Cette jeune fille en tenue affriolante... c'est cette pauvre Mali !!! Par tous les dieux, elle est vraiment d'une rare beauté ! Et cette courte chemise de nuit la met vraiment en valeur. Mais qu'est-ce que je raconte !!? Le temps de laisser vagabonder ses coupables pensées n'est pas venu, Om Rajesh Kapoor !!! Il faut la libérer à tout prix !!!

Il tenta vaillament d'enjamber la balustrade pour rejoindre l'infortunée captive... avant de tomber lamentablement et de dégringoler les gradins du stade, pour atterrir sur l'herbe mouillée, évanoui.

Il ne leur fallut pas longtemps avant de découvrir la pauvre métisse : cette dernière trônait dans une cage sous la pluie, habillée d'une nuisette à froufrou.

-Elle est là ! s'exclama Kimberly. Vite, allons la délivrer !

La main de Titus se referma sur son épaule, la retenant.

-Attends ! Regarde...

Tous deux observèrent l'estrade sur laquelle était juchée la cage : un projectile lancé depuis le "public" qui se déchainait de plus en plus manqua de heurter la petite prison de Mali, quand ce dernier rebondit sur une barrière invisible et atterrit quelques mètres plus loin.
Plusieurs minutes plus tard, les deux Gammas revinrent dans les toilettes où se planquait la bande d'enquêteurs.

-Alors ? s'enquit Marcus. Où se trouve Miss Boufftout ?

-Laisse tomber, grogna le cowboy, elle est enfermée dans une cage protégée par une barrière magique : c'est infranchissable.

-Quoi ?! aboya Lucrécya. Mais quel est l'abruti qui la faite prisonnière ?

-C'est sûrement Magouille, fit Curie, peinée, pour l'empêcher de lui mettre des bâtons dans les roues...

Le vacarme à l'extérieur augmentait de minute en minute. Il allait falloir agir vite avant que tout dégénère, encore !

Le PAF donna un coup de pied rageur dans une vieille brosse à récurer qui trainait par terre. Les autres enquêteurs restaient quant à eux murés dans le silence, contemplant la dépouille du pseudo-héros à lunettes. Titus réfléchissait à toute vitesse :

-Si j'ai bien tout pigé, cette barrière magique nous empêche de sortir d'ici et il y a fort à parier qu'elle englobe la totalité du stade...

-Bien trouvé, p'tit génie ! lança vertement Curie, encore sous le choc. Et en quoi ça nous avance ?

-Ouais, murmura Kim, maintenant qu'on est dans le caca jusqu'au cou et qu'on est forcés de rester ici, à quoi bon tergiverser....

Le cowboy se tourna vers ses "camarades" :

-On a plus le choix. Si au sol et dans les airs on est cloués ici, alors il faut passer sous terre !

-Tu veux dire creuser un tunnel comme les prisonniers en pyjama à rayures ? demanda Griseldu, soudain surexcitée. En se servant d'une brosse à dent et d'une petite cuillère ??

-Faut pas déconner non plus, pauvre tarée ! grogna Lulu. On est des sorciers, et la magie existe pour qu'on se casse pas la tête avec ce genre de truc !

D'un hochement de tête, les jeunes sorciers sortirent leurs baguettes et les pointèrent à l'unisson sur le sol des toilettes.

De longues heures passèrent et le soleil se leva, toujours sous une pluie battante. Il entama sa course dans le ciel et bientôt l'après-midi prit ses aises sur l'université. Finalement, le doyen fit son entrée dans le Stade sous les huées de ses étudiants et suivi d'une Myo très intimidée. Ils se placèrent sur deux confortables chaises installées sur l'estrade.

-Contemplez notre triomphe, Myosotis ! s'exclama le doyen.

-Ils ont passé la nuit dans le froid et sous la pluie... Ils doivent tous nous en vouloir, non ? bredouilla cette dernière.

-Nous en vouloir ?! Alors que nous agissons pour le bien de l'université ? Bien sûr que non ! s'exclama Magouille.

Il fit un signe de main aux professeurs qui, assis en bas de l'estrade, grelottaient sous la pluie et le fusillaient du regard :

-C'est un scandale, Magouille ! Qu'avez vous fait à ma nièce ?! s'insurgea le professeur de Botanique, Vertefeuille.

-Je ne sais pas si tout ce tapage est très protocolaire, Magnus ! fit Schneider en s'emmitouflant dans sa veste pour tenter de se réchauffer.

-Je vous maudis sur dix généwations ! Vous entendez, espèce d'escwoc ! Dix généwations ! beugla Mama Ogg, en levant un poing rageur vers le doyen.

Magouille se leva et agita sa baguette en prononçant le mot "sonorus" :

-Mes chers étudiants et professeurs ! clama-t-il.

Il eut pour toute réponse un tollé d'injures.

-Allons, allons, du calme ! fit le doyen avec un large sourire carnassier. Vous êtes tous courbatus et épuisés, mais il y a une raison parfaitement rationnelle à tout cela !

Il prit Myo par les épaules :

-Si Myosotis ici présente vous a tous enfermés ici, c'est pour votre bien à tous ! Comme vous le savez, le sortilège qui a été jeté sur notre belle université prend de l'ampleur ! C'est pour votre sécurité à tous que nous vous avons regroupés ici, afin de mettre la main sur le coupable. Et je peux maintenant vous annoncer, avec un grand plaisir, que ce coupable, nous le tenons enfin !

Il désigna une cage et Myosotis ouvrit des yeux surpris : à l'intérieur, Malicia McGuire frissonnait, recroquevillée dans un coin.

-Oui, une fois de plus, les étrangers ont frappé notre université en la personne de cette jeune fille de mauvaise vie ! Et j'ai la joie de vous annoncer qu' à 18h sonnantes, cette traîtresse sera pendue haut et court !

Un tumulte outré s'éleva et plusieurs bouteilles de potion Magouille fusèrent en direction de l'estrade :

-...c'était une blague ! grommela le doyen, avec un air qui voulait dire tout le contraire.

Titus assista à cette scène avec colère. Il se précipita dans le couloir désert qui menait aux toilettes hors-service où étaient cachés ses camarades, et claqua la porte avec rage. Il considéra ses amis, qui avaient les yeux cernés et la mine grise.

-J'ai faim, j'ai froid, je veux me tirer d'ici ! l'accueillit Kim, au bord du désespoir.

-Alors, alors ?! T'as trouvé de la nourriture ? demanda Lulu en levant des yeux plein d'espoir vers l'américain.

-Non. Et ce fennec de Magouille vient de faire son entrée, cracha le cowboy en serrant le poing. Je pense qu'il attend que 18h passent pour toucher l'argent de son foutu contrat d'assurance.

Il prit une inspiration, et se pencha vers le « trou » que lui et ses camarades avaient commencé à creuser.

-Alors, ça avance ?

Il tordit la bouche de déception devant la profondeur de deux centimètres, dans le sol carrelé des toilettes.

-Pas vraiment, maugréa Marcus, le front en sueur. C'est du béton armé. Les sorts les plus violents font voler des petits bouts coupants partout, et les sorts plus pacifiques n'enlèvent que trois millimètres. Je croyais que ça serait plus facile après avoir arraché le carrelage, mais non.

-D'ailleurs c'est débile, on devrait trouver un autre endroit pour enterrer Potter ! Fit remarquer Lucrécya, en jetant un énième sort dans le trou.

Titus fronça les sourcils :

-Mais c'est pas pour enterrer Potter, triple buse ! C'est pour s'évader !

-S'évader en creusant à travers une dalle de béton qui fait p't'être plusieurs kilomètres ?! s'insurgea la petite batteuse. C'est toi la triple buse !

-Moi aussi j'ai bien travaillé ! s'écria Griselda, à qui personne n'avait rien demandé. J'ai nettoyé chaque partie de Potter Potter Potter !

-Il est propre comme un sou neuf ! acquiesça Curie. Avec tous les sortilèges de récur'vite qu'on lui a lancé, on trouvera pas une seule de nos empreintes sur lui. C'est déjà ça...

Marcus retroussa ses manches :

-Bon ben, reste plus qu'à le découper...

-Non mais ça va pas ?! hurla Kim.

-T'as une meilleure idée, peut-être ?! siffla le PAF.

-Non mais pitié, arrêtez de vous chamailler ! fit Curie, dont les nerfs avaient été mis à rude épreuve durant leur captivité. On est dans la même mouise, essayons de coopérer !

Un gémissement coupa la discussion. Et tous se tournèrent vers Harry Potter. Ce dernier se frotta les yeux :

-Ma tête... geignit-il.

Il se releva et constata qu'il était tout nu. Aussitôt il releva la tête avec des yeux affolés. A la vue de Kimberlie, Titus, Gri, Lulu, Curie et Marcus qui le fixaient avec l'air de ne pas en croire leurs yeux, il fronça les sourcils :

-Encore vous ! s'écria-t-il. Vous m'avez fait quoi ?!

-On t'a nettoyé tout partout ! fit Griselda avec un sourire étrange.

-Mais tu n'es pas mort ?! demanda Kim, la bouche arrondie, partagée entre la surprise et l'incrédulité..

-Tu crois quoi, poupée ? fit Harry en bombant le torse. J'suis pas le garçon qui a survécu pour rien !

Alors que le balafré se mettait à rire, tout gonflé de son importance, tous se tournèrent vers Titus :

-Tu nous avait certifié qu'il était mort ! pesta Lucrécya.

-Ben quoi ? Je suis pas médicomage, moi !

Sur ce, le cowboy croisa les bras et partit bouder dans un coin. C'est le moment que choisit Marcus, à bout de nerfs, pour hurler, les yeux rougis par la fatigue :

-Il est pas mort ! Tuons-le !

Coincés dans cette pièce exiguë depuis déjà des heures et des heures, tout ce beau monde était en train de fatiguer, et, forcément, de s'énerver. Et la nouvelle que Potter était finalement bel et bien vivant n'arrangea pas l'ambiance, au contraire.

Alors que le ton montait entre les membres de l'équipe, et que Potter demandait des éclaircissements que personne ne daignait lui donner, Lucrécya se leva et frappa du pied sur le sol.

-Assez ! J'en ai assez ! Ça sert à rien de parler, moi j'vais sauver Mali !

Elle sortit en trombe de la pièce, et se dirigea d'un pas alerte vers le centre du stade, en relevant de ses mains son jupon bouffant histoire d'aller plus vite.

-Attends ! fit une voix derrière elle.

Lulu se retourna, et vit Curie qui s'avançait vers elle.

-Tu n'arriveras pas à me faire changer d'avis, affirma l'Alpha en levant la tête vers la grande Insuffisante.

-Ce n'est pas mon but ! Je veux t'aider. Magouille a du attraper Malicia à cause de l'antisort. Et je suis aussi responsable qu'elle dans cette histoire !

Lulu considéra la chose quelques secondes :

-Ok. Deux valent mieux qu'une.

Les deux rejoignirent le cœur du stade, et écarquillèrent les yeux : l'endroit était archi-bondé. Les gradins étaient noirs de monde, sous les paillettes colorées qui tombaient du ciel. La plupart des étudiants étaient pieds nus, vêtus de pyjamas. Les plus chanceux tentaient de se tenir au chaud sous des peignoirs. Tous posaient leurs mains sur leurs oreilles pour tenter de ne plus entendre l'horrible chanson des profs qui tournait en boucle depuis des dizaines d'heures à présent.

A intervalle régulier, un pauvre hère se levait et chantait une chanson malgré lui, sous les huées de ses camarades exténués.

Autour de la scène, les professeurs tempêtaient et invectivaient Magouille, qui, sur l'estrade, donnait des instructions à ses hommes de mains. Derrière le doyen, la jeune Myosotis se tordait les mains, très mal à l'aise.

-J'te jure, cette Gamma aux cheveux verts, un jour, j'lui ferai payer, cracha Lucrécya, entre ses dents.

-Elle a pourtant pas l'air bien méchante, comme ça, fit remarquer Curie.

-Faut jamais se fier aux apparences !

Morgoth, le boursoufflet de Lulu, couina quelque chose à son oreille, lui désignant quelque chose en bondissant sur son épaule. La batteuse tourna alors les yeux, et aperçut, à l'autre bout de l'estrade, dans une grande cage, la pauvre Malicia qui grelottait, assise dans un coin.

-MALI !

-Allons-y ! s'exclama Curie.

Elles s'élancèrent vers l'estrade en jouant des coudes dans la foule, baguettes pointées vers la cage.

-Mali ! Recule-toi ! On va péter les barreaux ! s'exclama Lulu une fois qu'elles furent assez proches.

Malicia entendit la voix éraillée de sa meilleure amie, et se rapprocha des barreaux, du côté du bord, étonnée.

-Lustucru ? Riry ?! Non, attendez ! souffla-t-elle.

Elle jeta un coup d’œil craintif au docteur Magouille. Mais, heureusement, ce dernier était en pleine conversation avec l'un des gorilles qui lui servait de gardes du corps, et ne regardait pas vers elle.

-Tu ne veux pas qu'on te fasse sortir ? S'étonna l'Insuffisante ébouriffée, en contrebas.

-Si, bien sûr que si, mais... y'a un bouclier autour de l'estrade ! Et le doyen est juste à côté, vous imaginez les représailles ?

Les deux sauveteuses en herbe regardèrent leur amie métisse, penaudes.

-Qu'est-ce qu'on peut faire alors ? grogna Lulu.

Mali qui fixait le bon docteur du coin de l’œil, soupira.

-L'important, c'est d'aller chercher le... tu sais quoi, qui est caché... tu sais où, chuchota-t-elle à Curie. C'est très urgent ! Il est bientôt prêt et ne pourra être utilisable que dix minutes !

-Mais de quoi tu parles ? ronchonna Lulu.

Curie, elle, acquiesça :

-Ok, on va trouver un moyen. Courage ! On reviendra te sauver après !

Malicia eut un petit sourire triste, et repartit s'affaler à l'autre bout de sa cage, tandis que les deux étudiantes s'éloignaient, non sans un pincement au cœur. Elles s’assirent sur la pelouse du terrain, dans un coin relativement isolé de la foule.

-Tu peux m'expliquer ? demanda Lucrécya, qui n'aimait pas ne pas comprendre.

-L'antidote au sortilège. Je sais où il est caché, mais... il va falloir sortir du stade.

Les deux filles réfléchirent en silence. Lucrécya le brisa finalement :

-Y'a un sortilège de protection tout autour du stade ? Parce que si c'est ça, Marcus m'a raconté qu'il avait appris des sorts brise-bouclier en cours !

-Non, je ne pense pas que ce soit si facile que ça, soupira Curie. Si un étudiant de premier cycle avait pu le briser ce serait déjà fait, tu ne penses pas ?

-Mouais...

Lulu fronça les sourcils, en pleine cogitation.

-Titus nous a dit que le sortilège d'enfermement était l’œuvre de Myosotis, fit Curie. C'est ça ?

-Ouip. Elle fait du vaudou, en cours, non ? Elle a toujours cette stupide poupée pleine d'épingles autour du cou.

-Oui, c'est vrai ! Elle nous avait dit qu'elle était en Sciences Occultes et que son prof était Mama Ogg !

-Oui, acquiesça Lulu.

-Je mettrai ma baguette au feu que le sort qui nous enferme ici est du au vaudou !

-Et donc il faudrait du vaudou pour l'annuler !

-Exactement ! S'enthousiasma l'Insu rebelle.

-Oui, c'est bien beau, mais j'y connais rien en vaudou, moi. Et toi ?

-Non plus, mais je sais qui pourrait nous aider ! Mama Ogg ! Elle m'a dit qu'on pouvait compter sur elle si on avait besoin d'elle !

Curie se releva, et regarda au loin Démentiella Ogg, qui, en bas de l'estrade, fusillait Magouille du regard.

Le plus dur restait de l'approcher sans attirer l'attention du doyen...

Curie attrapa dans sa besace le même plan qu’elle avait employé la veille lors de l’élaboration de leur guet-apens sur la personne de Potter. Le stade y était soigneusement détaillé, chaque gradin, chaque morceau de charpente, chaque mètre carré y figurait. Un crayon à papier mal taillé dans la main, l'Insu, assise sur l'herbe, traçait l'itinéraire qui lui semblait le moins risqué pour atteindre Mama Ogg. Lucréya, penchée sur le dessin, l'aidait en repérant les lieux où les gorilles de Magouille étaient postés ! Au bout de quelques minutes, la grande asperge et son amie lilipucienne achevèrent leur ouvrage.

« Donc, l'idéal serait de se fondre à travers la foule dans un premier temps. De cette façon, on pourrait facilement atteindre ce poteau-là, qui se trouve à une trentaine de mètres de Mama Ogg, sans se faire voir. Je me plierai pour ne pas dépasser les têtes des autres élèves, et on se dirigera le plus rapidement possible derrière ce gradin, pour éviter de se faire voir par le gorille posté devant l'estrade. Ensuite, il ne restera qu'à franchir les quelques mètres qui nous séparent du bas de l'estrade..

- ..et à attirer Mama Ogg un peu plus loin pour lui demander son aide. C'est parfait ! On y va ?

-Tu as ta batte sur toi ? On ne sait jamais..

-Toujours !

-Alors on y va ! » acquiesça Curie.

Les deux amies quittèrent leur coin de pelouse, sans marcher trop vite, pour ne pas attirer l'attention. La jupon de Lucréya, très épais, semblait peser une tonne, et Curie plaignit son amie de devoir supporter de tels atours uniquement pour satisfaire sa fraternité. Elle allait proposer à Lulu de lancer un sort à sa robe pour la désépaissir, mais l'océan d'étudiants dans lequel elles tentaient toutes deux de maintenir leur cap l'en empêcha. Courbée en deux pour ne pas attirer l'attention sur sa chevelure débraillée, Curie suffoquait. Comment les autres faisaient-ils pour supporter d'être ainsi opprimés ? L'Insu et l'Alpha arrivèrent néanmoins à destination, et se glissèrent derrière le gradin convoité. Elles attendirent là, en silence, pour vérifier que personne ne les avait surprises, puis échangèrent un regard entendu et, Lucréya en tête, prête à dégainer sa batte, elles allèrent se plaquer à toute allure contre l'estrade, suffisamment haute pour les cacher toutes deux des yeux du doyen. Mama Ogg, visiblement entrée dans une colère noire à l'égard du doyen, ne le lâchait pas des yeux. Elle se tenait un peu à l'écart des autres professeurs, occupés à déverser leur salive sur ce pestiféré de doyen.

« Va lui parler, elle ne me connait pas, moi.. je te couvre. »

L'Insu inspira un grand coup et pas à pas, elle glissa vers la spécialiste des Sciences Occultes. Lorsqu'elle estima que tous les regards s'étaient détournés de Démentiella, elle appela tout doucement la prof. Celle-ci réagit instantanément, comme si elle avait senti la présence des deux étudiantes. Elle ne se tourna pas vers elles, mais s'adressa aux jeunes filles assez distinctement pour qu'elles captent ses propos :

« Attendez-moi dewière l'estwade, je vais faiwe vite ! »

Curie hocha la tête, persuadée que Mama Ogg pouvait voir, ou au moins sentir ce geste. En douceur, elle revint à sa place initiale, aux côtés de Lucréya.

« On va l'attendre derrière l'estrade, elle va venir rapidement. »

Lucréya et Curie vinrent se poster derrière l'estrade, près de la barrière magique invisible. L'Insu s'inquiéta :

« Et si un sbire de Magouille se pointe ?

Lucréya joua de sa batte.

-T'en fais pas, il trouvera à qui parler ! »

Lucrécya et Curie attendaient près de la barrière désertée et la considéraient avec inquiétude.

-Ce sort a l'air vraiment puissant... J'espère que Mama Ogg pourra nous aider... fit l'Insuffisante en contemplant les lieux.

-Mouais. Y'a plutôt intérêt, j'aime pas être enfermée trop longtemps. Ça me rappelle l'Orphelinat Ste Miquette.

Sa camarade Alpha donna un coup de batte rageur dans le sortilège qui absorba l'impact en silence.

Soudain les deux filles ouvrirent les yeux : en face d'elles, de l'autre côté de la barrière, Drago errait, le pas titubant. Elles se mirent à l'appeler et le blondinet, qui était tout débraillé, finit par tourner la tête, à l'évidence totalement ivre :

-Oh ! Rincevent et... un épouvantail, comment allez-vous ? déglutit-t-il.

Les cheveux de ladite Rincevent se mirent à crépiter de colère :

-Malefoy ! Qu'est-ce que tu fous là ?! Faut que tu nous aides ! Comment ça se fait que tu sois pas dans le stade ?! siffla-t-elle.

Drago tenta de faire un effort de réflexion :

-Voyons voir... fit-il d'une voix particulièrement avinée. J'ai marché pendant de longues heures parce que ta meilleure amie a piétiné mes avances et a brisé mon cœur en miettes... je ne sais pas trop comment j'ai atterri aux Vélanes Courtisanes où j'ai bu un peu plus que de raison et une chose en entraînant une autre... il se peut que j'ai commis certains actes particulièrement déplacés avec une... deux...

Il leva les yeux au ciel, comptant. Finalement, il agita son doigt et manqua de tomber :

-Trois. Oui, trois des personnes qui officiaient là-bas...

Il se mit à rigoler sans raison apparente :

-Autant dire que je vais probablement mourir d'une maladie honteuse dans les heures qui suivent et je ne souhaite pas passer ces derniers moments avec toi, Rincevent...

Il fit volte-face et tenta de s'en aller.

-ATTENDS ! lança Lucrécya. Faut que tu nous aides ! On est coincés ici, et on doit absolument mettre la main sur notre antidote ! Il est quelque part dans la cahutte des Insus, je sais plus où il est, mais bon tu vas trouver, c'est un bouquin, doit pas y en avoir des masses là-bas... Qu'est-ce que t'attends ?! Fonce !

-Oui ! Renchérit Curie, c'est vraiment très important !

Drago les regarda parler, ne comprenant clairement rien. Finalement, il leva le doigt et les deux filles s'interrompirent :

-Veuillez m'excuser un instant.

Le blondinet pencha la tête et vomit, avant de se redresser prestement :

-...Vous disiez ?

Sous les injures de Lulu, Curie reprit la parole :

-Toute l'université est coincée dans le stade parce que notre "cher" doyen veut absolument que le sort dégénère au delà de 18 heures! Si on ne fait rien, Magouille empochera des millions ! Bref, va chercher le Grimoire nommé "Antidotes plein de Paradoxes pour Sorts peu Orthodoxes" dans la cabane des Insuffisants pendant que Mama Ogg trouve un moyen de briser cette barrière !

Drago eut un petit rire :

-Moi ? Dans la Cabane des Insuffisants ?! Je ne pense pas non.

Il s'avança en zigzaguant :

-Et de toute manière, de quelle barrière parlez-vous donc ? Il n'y a pas de barrière ic... AAAH !

Drago se fit aspirer à l'intérieur. Il tapota sur le sortilège, étonné. Finalement, il se tourna vers sa consoeur Alpha et lui fit un petit sourire moqueur.

-Oh Rincevent, Rincevent, Rincevent...tu es dans un sale pétrin.

Brusquement, il devint très pâle et s'empressa de quitter les lieux :

-Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, j'ai besoin de trouver au plus vite les commodités...

Myosotis ne se sentait pas très à l'aise. Elle avait beau tenter de se cacher derrière la grande silhouette émaciée du docteur Magouille, elle avait néanmoins l'impression que les regards haineux de toute la foule se concentraient sur elle. Et elle sentait sa timidité maladive reprendre le dessus, et son visage devenir rouge tomate sous ses cheveux brocoli.

Mais pourquoi fallait-il toujours que les bonnes actions soit mal comprises par la population ? Oui, bon, comme disait le proverbe, nul sorcier n'est Merlin en son pays, mais tout de même ! Magnus et elle se faisaient huer et conspuer par l'intégralité de la fac. Même son oncle la regardait bizarrement, l'air choqué. Myo aurait tout donné pour être animagus souris et s'enfuir par un petit trou.

Étrangement, Magouille avait l'air de vivre beaucoup mieux qu'elle la situation. Il venait de s'allumer un cigare, et le fumait tranquillement, un sourire satisfait aux lèvres. Il remarqua la nervosité de sa complice, et lui lança un clin d’œil :

-Détendez-vous, mon petit, savourez notre victoire ! Dans une heure exactement, je serai riche !

-Oui, admit l'étudiante, et ensuite nous pourrons aider les Insus.

Le doyen lui jeta un regard incrédule :

-...oui, les insus, c'est ça...

Myosotis soupira. Elle avait beau savoir que leur but était noble, ce n'était pas facile pour autant d'être ainsi à la vue de tous. Elle se tourna vers la cage, à l'autre bout de l'estrade, et vit Malicia, dans une nuisette horriblement courte, trembler contre les barreaux qui la retenait prisonnière. La jeune fille fronça les sourcils :

-Vous savez, Magnus, contrairement à ce que vous avez dit à la foule, Malicia n'a rien à voir avec ce sortilège ! Vous m'aviez dit que c'était Harry Potter, non ?

-J'avais dit ça ? Je n'en ai pas le moindre souvenir, affirma avec aplomb le doyen, en tirant sur son cigare.

-... vraiment ? Mais je suis pourtant sûre que...

Le docteur lui lança un sourire qu'il jugeait charmeur :

-Me faites-vous confiance, Myosotis ?

-Évidemment, mais... bredouilla cette dernière.

-Donc il faut me croire si je vous dis que cette négr... étudiante est la cause de tous nos maux.

-D... D'accord...

-Et bien voilà, n'en parlons plus !

Le doyen se tourna, torse bombé, vers le professeur Saussurus, qui montait l'escalier de l'estrade pour féliciter chaudement son ami de sa réussite.

Myosotis n'était pas convaincue pour autant. Malicia n'était pour rien dans le sortilège. C'était ridicule ! Elle était l'une de celles qui l'avaient combattu avec le plus d'ardeur ! Magnus se trompait sur la jolie métisse. Même si cette hypothèse paraissait vraiment extravagante, mais... après tout, c'était lui aussi un être humain avec ses failles et ses faiblesses, non ?

Pour le moment, il était occupé à écouter les compliments dithyrambiques du professeur de Langues et de son perroquet. Myo en profita pour se rapprocher en catimini de la cage, où la Zeta était enfermée.

-Pssst ! Malicia !

La pauvre métisse, transie de froid, posa ses yeux sur la française, mais ne daigna pas lui répondre.

Myo ôta sa cape, et la tendit à la prisonnière, à travers les barreaux.

-Je t'en prie, ne m'en veux pas ! Je veux juste t'aider ! chuchota-t-elle.

Lucrécya et Curie regardèrent partir le blondinet aviné avec circonspection.

-Le jour où il nous servira à quelque chose, c'ui-là, pesta la batteuse en plissant les yeux.

-Tant pis. J'espère que Madame Ogg elle pourra nous aider, renchérit à voix basse son amie ébouriffée. D'ailleurs, je me demande où elle est...

-Je suis là, wegaw'dez !

Les deux jeunes filles haussèrent les sourcils. Elles balayèrent les alentours du regard, mais nulle trace de la volcanique professeur de Sciences Occultes.

-Mais... mais.... balbutia Curie.

-On a rêvé ou quoi ?! s'exclama l'Alpha Alpha Alpha.

-Mais non ! Wegawdez plus bas !

Les deux amies baissèrent la tête, et clignèrent les yeux. A leurs pieds, une petite poupée vaudou, faite de tissu et de paille, les fixait avec intensité. Elle avait en guise de cheveux de longues dreads en laine, et deux boutons dépareillés lui servaient d'yeux.

Curie s'accroupit, ébahie :

-Mama Ogg ?

-Oui, c'est moi ! affirma la poupée. Enfin... c'est ma poupée vaudou, un peu de ventwiloquie et du vaudou de base. J'ai dû wuser un peu, les gowilles de cet escwoc de Magouille ne me lâchent pas d'une semelle !

L'Insuffisante prit la petite marionnette en main, et se redressa.

-Mama Ogg, grâce à vos livres, on a réussi à faire un antidote au sort musical ! Mais le docteur Magouille se doute de quelque chose, et a enfermé toute l'université ici pour nous empêcher d'agir !

-Cet idiot n'auwait jamais wéussi un sowtilège de cet ampleuw tout seul ! grogna la poupée, en tapant de son pied minuscule sur la paume de Curie. Il a manipulé la meilleuwe de mes élèves. Elle est douée, mais Seigneuw... qu'elle est naïve...

La mini Mama secoua la tête, comme dépitée.

-Et son sowt vaudou est d'autant plus puissant qu'elle y a mis tout son amouw...

-Mais vous pouvez l'annuler ? demanda Lucrécya, impatiente.

-Je pouwais, mais le doyen sauwait que c'est moi, et je pewdwai ma place dans la seconde. Paw contw, je peux essayer de vous faiw sowtiw.

-Génial ! s'exclama Curie avec enthousiasme.

-C'est juste ce dont on a besoin !

-Chut, pas si fowt ! souffla la poupée. Ici, les muws ont des oweilles !

Les deux amies acquiescèrent.

-Je peux vous faiw sowtiw, mais juste vous deux. Plus, ça fewait vwaiment louche. Je vous wappelle que je wisque mon boulot !

-Oui, merci beaucoup Mama Ogg.

La poupée hocha la tête. Elle frappa dans ses petites mains de tissus, et, dans un éclair aveuglant, deux pendentifs apparurent.

-Powtez ces deux amulettes. Ce sont de twès puissante pwotection au vaudou. Ca devwait vous suffiw' pouw sowtiw d'ici. Bonne chance !

Elle sauta à terre, et s'enfuit aussi vite que ses petites jambes lui permettait.

Curie tendit un des colliers à Lulu, puis enfila l'autre.

La petite batteuse regarda le pendentif avec dégoût. C'était une lanière de cuir grossièrement tressée, au bout de laquelle pendouillait une tête réduite aux yeux crevés, figée dans un rictus de douleur extrême.

-Mais quelle horreur !

-C'est pour la bonne cause ! fit doucement l'Insu rebelle.

-Qu'est-ce qu'on ferait pas pour sauver tout le monde, soupira Lulu.

Elle mit le collier autour de son cou, non sans grimacer.

-Est-ce que ça marche ? Tu sens un pouvoir particulier ? demanda Curie.

-Ben non. Et toi ?

-Non.

Lucrécya s'approcha de la barrière magique irradiante, qui les empêchait de sortir. Elle tendit son bras, et à sa grande surprise, sa main passa à travers le bouclier.

-Ça marche !

Elle s'élança à travers le champs de force, suivie de près par son amie.

Alors que Lulu et Curie prenaient la poudre d'escampette grâce à la complicité de la prof de sciences occultes, la dispute reprenait de plus belle dans les toilettes désaffectées du stade, entre les McCormick et le Capitaine Flint, et menaçait à tout moment de tourner au pugilat.

-J'vais t'apprendre à filer des coups de boule à mon frangin, fumier de PAF ! tempêta Kim. Ta femme va même pas te reconnaitre après ça !

-C'est là que tu te gourres, ma vieille, siffla Marcus, un sourire mauvais aux lèvres, j'ai vu comment tu maniais ta batte : on t'aurais même pas prise comme remplaçante chez les Pouffsouffles ! Alors pour c'qui est de me taper avec, tu penses !

-Mais arrêtez enfin ! s'exclama Andrew, en pleine panique, pour la énième fois la violence n'est pas une solution !

-Ben... Bien sûr que si ! fit Marcus en le regardant bizarrement sans trop comprendre.

-Ouaaaaais ! s'extasia Gri en sautillant, du sang, du sang du sang !!!!

Le son d'une porte qui s'ouvrait à la volée domina soudain la cacophonie générale, et tous se tournèrent, la baguette à la main de peur d'avoir été découverts : c'était Titus qui se tenait sur le pas de la porte qu'il venait d'ouvrir, avec la ferme intention de sortir de la pièce.

-Où tu vas comme ça mon gaillard ? demanda Flint, perplexe.

Le cowboy les regardait les sourcils froncés et l'air déterminé.

-J'en ai ras le derche de vos crêpages de chignon, les enfants, grogna-t-il, donc puisque vous êtes décidés à vous engueulez et à perdre du temps, moi je vais tenter la dernière chose à faire.

-C'est-à-dire ? fit Kim les bras croisés.

-Convaincre Myo d'arrêter le massacre. Vu la tournure des évènements, une petite partie d'elle-même doit se douter qu'il faut mettre un terme à tout ça. Bref j'vais tenter ma chance.

-Alors je viens avec toi ! clama la Gamma.

-Non. Toi, ton frère et l'autre tarée, vous devez surveiller ce crotale de Potter. Seul, je serai plus discret, et perso je vois pas qui à part moi pourrait raisonner Myo.

-Si tu crois que je vais te laisser prendre ton pied tout seul à défoncer les gardes du Doyen, tu te plantes, yankee ! fit Marcus en riant, les poings sur les hanches. D'toute façon, t'as aucune chance de les passer à toi seul !

Titus jeta un œil au PAF renégat : il n'aimait pas s'encombrer d'un coéquipier, mais il fallait avouer que Flint était une vraie machine de guerre ! Un atout précieux pour une attaque commando express sur l'estrade !

-OK, l'ami. Amène-toi, on va faire sauter quelques dents.

Le cowboy sortit en trombe, un Marcus aux anges sur les talons.

-Fais attention mon Grand Poilu ! lança Griselda, avant que la porte ne se referme sur Titus et Marcus. J'attendrais ton retour jour et nuit !

Kimberlie avait l'air un peu soulagée de voir que le PAF s'éloignait de son frère, et ce dernier pas fâché que toute la tension retombe d'un coup.

-Et bien tu as des fréquentations... intéressantes, finit par dire Andrew.

-C'était par la force des choses, grommela sa sœur.

Elle se passa les mains sur le visage, lasse :

-Titus a raison, le mieux c'est qu'on garde un œil sur Harry le temps que toute cette histoire soit finie, histoire qu'il ne raconte pas à la volée qu'on a essayé de l'assassiner ou je ne sais quoi...

-De l'assassiner ? fit Andrew en ouvrant des yeux comme des soucoupes. Kim, je crois qu'il faut vraiment que tu me racontes ce qui s'est passé.

Kim soupira :

-Oui, je suppose que ça n'a pas l'air très clair, vu comme ça... Eh bien, en fait, on enquêtait tous sur le sortilège musicale qui nous casse les bonbons depuis une semaine. Et tout a commencé quand on a appris que Harry, ici présent...

Elle accompagna ses paroles d'un geste du bras... puis se figea.

Là où se tenait Potter quelques instants plus tôt, il n'y avait que la folle irlandaise qui berçait son bout de chiffon dans ses bras en lui murmurant des mots doux, et en posant son pouce sur ce qu'elle croyait être la tête de son lethifold.

Kimberlie tourna la tête dans tous les sens :

-Ben, il est où ?

-Qui ça ? s'enquit Gri, en gloussant de rire, Dieu seul savait pourquoi.

-Harry !

-Harry qui ?

-HARRY POTTER, BÉCASSE ! Qui d'autre ?! cria Kim, dont la patience avec l'Irlandaise avait atteint ses dernières limites.

-Aaaaaah lui !

Gri haussa les épaules, puis reprit :

-L'est parti.

Kim fusilla du regard sa coloc, comme si elle voulait l'étrangler sur place.

-Parti ?!

-Vouip ! Il a dit qu'il en avait marre et il s'est barré. Il a même pas dit au revoir ! Pas très poli, comme garçon, on trouve, Lethi et moi.

-Mais pourquoi tu l'as laissé partir, espèce de folle furieuse ?!

-Mais c'était l'heure du bibi de Lethi ! répartit Griselda, les yeux ronds.

Kim se plaqua la paume

-Oh bordel...

-C'est très grave ? s'enquit son frangin.

-Disons qu'il n'est pas totalement innocent dans le sortilège musical, et nous on est pas totalement innocents dans notre comportement à son égard...

-Alors allons-le retrouver ! Je vais t'y aider !

Kimberlie parut plus lasse encore.

-C'est pas comme si on avait le choix...

Le frère et la sœur sortirent de la petite pièce.

-CHOUETTE ! Encore une quête ! s'exclama Griselda, bienheureuse. Je viens avec vous !

-Comme si t'en avais pas assez fait ! soupira sa coloc.

Mais la folle les suivit néanmoins, et s'insinua entre les deux, passant chacun de ses bras autour de l'épaule de l'un des McCormick.

La fine équipe arriva devant un étudiant fumait une cigarette d'un air nerveux, adossé au mur.

-Dis, mon brave, tu n'aurais pas vu Harry ? demanda pompeusement la POP dérangée.

Le gars la regarda bizarrement.

-Harry qui ?

-HARRY POTTER, BÉCASSE ! Qui d'autre ?! rétorqua Gri.

Les deux McCormick se lancèrent un regard blasé. Mais, étonnamment, l'étudiant ne s'offusqua pas, et désigna une direction :

-Le binoclard balafré ? Ouais, je l'ai vu passer par là.

Les trois tournèrent la tête, et déchantèrent : une foule grouillante et compacte de plusieurs milliers d'étudiants s'étendait devant eux.

-Comment on va le retrouver là-dedans ?!

Un coup de vent glacé passa dans les cheveux de Malicia. La métisse poussa un couinement tout en se recroquevillant sur elle-même :

-Gniiiih.... j'ai froid, j'ai froid, j'ai froid, j'ai froid ! :(

Tout en espérant très fort que Lulu et Curie reviennent au plus vite, Malicia maudit Amalia et ses goût vestimentaires douteux. Si elle avait eu son pyjama en pilou décoré de licornes et ses grosses chaussettes en laine multicolores, elle n'en aurait probablement pas été là. Enfin si. Mais au moins, elle aurait eu chaud et elle n'aurait pas eu à subir les commentaires douteux de quelques étudiants qui, pour passer le temps, prenaient des paris sur elle :

-Hey, les gars ! 2 gallions que le vent lui soulève la nuisette dans moins de 2 minutes !

-Ah ça vous ferait plaisir, hein... maugréa la métisse, l'air sombre.

-Hey ma jolie, tu veux pas danser pour nous distraire ?

C'en fut trop pour Malicia qui se leva et fusilla les sorciers du regard :

-Vous savez quoi ?! DU BALAI !!! Vous les mecs, vous avez vraiment des idées mal placées ! cria-t-elle. Oui, je suis à moitié nue, oui je suis en cage, mais est-ce qu'il faut forcément en conclure que je suis une traînée ? Je ne pense paaaaaaah !!!

Un coup de vent souleva sa nuisette dévoilant sa petite culotte à cœurs. Les garçons regardèrent la scène avec des yeux pleins d'intérêt. Finalement, l'un d'eux brisa le silence :

-2 gallions que la prochaine fois, on voit ses roploplos !

-3 gallions !

-10 !

Malicia serra ses petits poings, rouge de honte :

-Rhaaaa ! M'énervent, m'énervent, m'énervent !

Elle se rassit, tirant sur son négligé avec mauvaise humeur, en maugréant milles et unes malédictions. C'est le moment que choisit Myo pour s'approcher d'elle.

-Pssst ! Malicia !

Les yeux de la Zeta se posèrent sur la fille aux cheveux chlorophylle. Que pouvait-elle bien lui vouloir ?

-Je t'en prie, ne m'en veux pas ! Je veux juste t'aider ! chuchota-t-elle en lui tendant sa cape.

Mali voulut se jeter sur le vêtement. Mais elle n'en fit rien.

Cette Myo était étrange.

La première fois qu'elle l'avait vue, au resto U, elle avait bien remarqué que dès que l'on parlait du doyen, cette fille perdait toute sa tête. Quelque chose en elle s'était même dit qu'il n'était pas très naturel d'être à ce point aveuglée par ses sentiments. Elle même avait défendu Drago à bien des reprises, mais quand il allait trop loin, elle n'avait jamais hésité à lui faire savoir. Mais Myo... c'était différent. Comment avait-elle bien pu les trahir tous, et se liguer avec ce mufle à moustache ? En écoutant les conversations de Magouille et de cette dernière, elle avait remarqué que les Insuffisants semblaient revenir souvent sur le tapis. Myo n'était tout de même pas assez bête pour croire que le doyen se souciait d'eux ? Non, elle n'était pas naïve à ce point. Mais alors... ? Rien à faire, quelque chose clochait.

-Tu as l'air frigorifiée... insista la Gamma. Je t'en prie, accepte ma cape !

-Pourquoi tu veux m'aider ? demanda Malicia, suspicieuse.

-Parce que je pense que le Doyen se trompe... bredouilla Myo, l'air en proie à une lutte intérieure. Je crois que tu n'es absolument pour rien au sujet du sort qui est tombé sur la fac.

-Bien sûr que non, j'y suis pour rien ! glapit Malicia en agitant les bras. J'ai passé ma semaine à essayer de trouver qui en était l'auteur avec les autres ! Tu étais avec nous !

Un coup de vent manqua de faire voler ses habits et elle tressaillit. Finalement, elle se recroquevilla à nouveau :

-Je veux un chocolat chaud ! couina-t-elle, à bout de nerfs, le nez rougi par le froid. Même sans marshmallows fondus dedans... Même sans chocolat !

-Tu... tu préfèrerais pas sortir d'ici ? demanda Myo.

Malicia cessa de s'agiter :

-Hein ?

La Gamma se rapprocha encore un peu et murmura :

-Magnus est en grande conversation avec son ami Saussurus. C'est l'occasion où jamais de te faire sortir d'ici !

La métisse la considéra, interloquée. Finalement elle prit la parole :

-C'est un piège, c'est ça ? Tu veux que je m'en ailles pour que les sbires me rattrapent et que Magouille ait une bonne raison de m'accabler ?

Elle s'emballa :

-Et après, ils vont dresser une potence, me raser les cheveux et me balancer au bout d'une corde et tout le monde rigolera et je vais mourir et ohmondieuohmondieuohmondieu.... Je veux pas mourir ! Pas dans cette nuisette !

Elle enfouit son visage dans ses mains. Myo eut l'air peinée :

-Euh... non, non ! C'est pas un piège, je veux vraiment t'aider !

Elle baissa la tête :

-J'ai suivi mes convictions jusqu'au bout et je ne regrette pas d'avoir soutenu Magnus face à l'adversité ! Même si je perds tous mes amis, les derniers jours que j'ai passés ont été les plus beaux de ma vie... Mais je sais de source sûre que tu n'es pour rien dans cette affaire. De toute manière, vous êtes tous enfermés ici et rien ne pourra empêcher Magnus de réaliser son plan. Je te jure que c'est pour une bonne cause...

Malicia lui jeta un regard dépité mais son interlocutrice poursuivit :

-Je trouve injuste que tu sois enfermée ici, et je peux t'aider à sortir de cette cage... Si tu veux.

Les deux filles se considérèrent un moment. La Zeta pesa le pour et le contre. Même si Myo s'avérait indigne de confiance et que tout ceci était un piège, les quelques minutes de liberté gagnées lui donneraient l'occasion de changer la donne. Et vu que Curie et Lulu n'étaient pas encore là... il valait mieux tenter le tout pour le tout.

-D'accord. finit-elle par lâcher. Fais-moi sortir.

Myo hocha la tête. Elle se sentait un peu mal. Quelque part, c'était de sa faute, si tout partait à vau-l'eau ! Elle n'était définitivement pas douée pour aider les gens.

-Fais-moi confiance ! Je ne souhaite du mal à personne, crois-moi ! Un simple alohomora devrait suffire. Mais il ne faut pas que Magnus me voit faire...

Elle tourna la tête vers le doyen, et ses pupilles se dilatèrent, tandis qu'un sourire énamouré naissait sur son visage.

-Quoique... Je ne peux pas faire une chose pareille... Ça lui ferait tellement de peine...

Malicia assista à la scène, bouche bée. Il y avait décidément quelque chose qui clochait entre la fille chlorophylle et le doyen. Quelque chose de pas naturel du tout. Elle frappa contre les barreaux, histoire de réveiller son interlocutrice :

-Nan mais oh, tu plaisantes ?! Il a pas fait long feu, le « fais-moi confiance » !

Myo sursauta, et se tourna à nouveau vers la métisse.

-Oh, oui, pardon, pardon !

-Et si tu pouvais me rendre la baguette que les amis du doyen m'ont volé, ça m'arrangerait, fit-elle en s'emmitouflant dans la cape que lui avait passé la jeune fille.

Myo hocha la tête, sa baguette en main. Elle vit venir à elle la baguette toute rose de Mali d'un simple accio, puis regarda la silhouette de son bien-aimé du coin de l’œil.

Chance pour faire l'Alohomora sans que Magouille ne s'en rende compte :

Myosotis Grandiflore a effectué 1 lancé(s) d'un (CARTE CHANCE.) :

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-Vous ne pensiez pas qu'un tel sort était faisable, hein, Saussurus ? Ça vous coupe la chique, n'est-ce pas ! se vantait Magnus Magouille à quelques enjambées de la cage. Et j'ai fait ça tout seul, et sans Moustache !

-Magnus, votre humilité vous honore ! répartit Saussurus. Vous êtes assurément la Magie incarnée. Et vous êtes très séduisant, ce qui ne gâche rien !

-Je sais !

Les deux éclatèrent d'un rire satisfait. Profitant de leur inattention, Myo agita sa baguette et la porte de la cage s'ouvrit. Malicia posa un pas craintif hors de sa prison.

-Tu es libre ! fit Myo en souriant.

-Merci beaucoup ! fit la métisse.

-Tu ne feras rien pour nous empêcher de prolonger le sort, hein ? fit la Gamma naïvement.

Mais Malicia avait déjà disparu, grimpant quatre à quatre les escaliers du Stade et se fondant dans la foule. Elle s'assit sur un banc :

-D'ici, je devrai voir arriver Lustucru et Curie... fit-elle.

Brusquement, un groupe d'étudiants se mit à s'insulter. Il ne fallut pas attendre longtemps avant que la dispute ne tourne en pugilat. Sans le vouloir, la métisse fut happée dans le groupe et entraînée malgré elle très loin de sa place initiale.

Marcus et Titus s'étaient tapis dans l'angle d'un mur, juste à côté de l'escalier qui menait à l'estrade du stade.

Deux mastodontes particulièrement musclés, en costume-cravate noirs, lunettes noires visées sur le nez, se tenaient, bras croisés sur le ventre, en bas de l'escalier. Leurs deux clones attendaient en haut. Deux autres patrouillait autour de la scène en se donnant des airs de shérif. Les deux derniers se tenaient, droit comme des piquets, juste derrière le doyen, qui plaisantait en compagnie de son ami Saussurus.

Myosotis, elle, s'était assise un peu en retrait sur le bord de l'estrade, et fixait amoureusement le doyen, tout en faisant barrière à la cage désormais vide à l'autre bout de la scène.

-Bon, faut qu'on s'organise, décréta Flint.

Il s'accroupit, et dessina un vague plan sur le sol terreux, à l'aide de sa baguette.

-On est là. Les gros bras sont les petits cailloux, là , le doyen, c'est la p'tite racine, et ta copine c'est le grand brin d'herbe. Ok ?

-...mouais, si tu le dis, fit d'une voix peu convaincue Titus, qui se demandait où son coéquipier voulait bien en venir.

-Alors ce que je te propose, c'est qu'on fasse des roulé-boulés là, on atterrit là, on lance un sort de brouillard et pif paf pouf on fait un triple salto qui nous amène là, hop bam boum deux coups de pieds reversés combo coups de boule, on saute jusque là, et on bondit, on rebondit on rebondit on rebondit, on se plaque là, et on commence à ramper, sur exactement 217 mètres. Et à ce moment là, techniquement, on devrait se retrouver juste en dessous de ta copine, il nous suffira de se frayer un passage à travers le bois de l'estrade. Je préconise un sortilège de feu.

Marcus se redressa, pas peu fier de lui, les poings sur les hanches.

Mais la réaction de Reynolds ne fut pas celle escomptée.

-Mouuuuuais, grommela-t-il de mauvaise grâce. Ou alors, on fonce dans le tas, on chope Myo et on repart.

-Ah ouais, c'est pas mal aussi. T'es pas la moitié d'un idiot, mon gaillard ! lança Flint, impressionné.

Le duo PAF / Gamma hocha la tête de concert, puis se mit à courir, en hurlant un cri de guerre d'une voix tonitruante.

De son côté, sur l'estrade, le doyen ricanait en lissant machinalement la moustache qu'il n'avait plus.

-Comme je vous le dis, Saussurus ! affirma-t-il à voix basse, sur le ton de la confidence. La nièce de Vertefeuille me mange dans la main !

-Ah oui ? répliqua ce dernier, particulièrement intéressé.

-Elle n'est pas très finaude, mais avouez qu'elle est agréable à l’œil !

-Je l'avoue, Magnus, je l'avoue ! Et... elle et vous... vous avez déjà... vous voyez ?

-Ça ne saurait tarder, Saussurus ! Cette fille est folle de moi ! C'est mon inégalable charisme, que voulez-vous !

-Vous êtes vraiment le meill...

Mais le professeur de Langues n'eut pas le temps de finir sa phrase : un hurlement rageur se fit entendre :

-PINAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAGE !

Il y eut des bruits sourds de coups et des grognements, bientôt suivis de gémissements de douleur. Deux des mastodontes firent un vol plané, et retombèrent lourdement au bas de l'estrade.

-PINAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAGE !

En alerte, les gardes du corps se précipitèrent vers l'escalier. Le doyen et le professeur ouvrirent eux des yeux ronds.

-Mais qu'est-ce que c'est que ça ?!

Le coéquipier PAF de Titus en avait dans le calbute, ça il devait bien l'avouer : deux des vigiles avaient déjà volé par-dessus l'estrade, et Marcus était déjà quasiment au contact avec les suivants.
Le cowboy "expulsa" d'un coup de baguette son adversaire direct qui partit s'écraser dans la foule sans un cri, une expression de surprise sur le visage, et s'apprêta à rejoindre Myo lorsqu'il aperçut une vieille connaissance se précipiter sur lui avec un rictus de rage :

-Salut coyote ! l'invectiva Titus, ta mâchoire, ça se remet ?

Et sans attendre la réplique du gorille, le ricain brandit sa baguette et s'écria :

-STUPEFIX !!!

Titus Reynolds a effectué 1 lancé(s) d'un (Dé de duel.) :

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