Drago soupira d'aise.

Qu'il était bon de se reposer un peu après cette semaine horrible et ce Vendredi démoniaque... Sa fin de journée avait été particulièrement désagréable. Il s'était fait enlever par deux hommes affreux qui l'avaient trainé jusqu'à chez lui, et l'avaient assis d'autorité sur une chaise de son propre salon. Sa fiancée était derrière tout cela, comme d'habitude. Cette furie l'avait regardé de ses deux yeux de vipère :

-Quand comptais-tu revenir chez nous ? avait-elle sifflé.

Alors que les deux sbires le maintenaient assis, Drago l'avait fusillée du regard :

-Jusqu'à nouvel ordre, je suis un homme libre et je fais ce que je veux de mes journées. avait-il répondu.

-Jusqu'à nouvel ordre, tu es fiancé à moi. Ce qui veut dire que tu m'appartiens !

Drago avait eut un petit sourire ironique.

-Je ne crois pas, non.

Mylénie l'avait giflé.

-Je t'ai fait suivre. Et je ne crois pas que tu avais quelque chose à faire chez cette traînée de Malicia.

Elle avait renversé une de ses poupées qui avait marché jusqu'à elle, et, de rage, lui avait fait un trou dans la joue avec son talon. La pauvre chose avait émit un gémissement et la blonde avait croisé les bras, boudeuse :

-J'ai donc du agir.

Drago avait ouvert des yeux horrifiés :

-Qu'as-tu fait ? avait-il bredouillé.

Mylénie avait souri :

-Un peu de ménage. Et j'aurai laissé ta conquête pour morte, si le monstre qui lui sert d'amie ne s'était pas interposé et ne m'avait pas défiguré... avait-elle sifflé avant de s'écrier. A un jour de mon mariage ! Tu m'avais pourtant promis de ne plus lui parler ! Tu m'avais promis de n'être qu'à moi !

Elle passa ses bras autour du cou de Drago et le serra fort :

-Tu es à moi... fit-elle.

Drago avait détourné le regard, dégouté. Et Mylénie l'avait remarqué. Ils s'étaient disputés l'après midi entier. Et elle avait passé des heures entières à l'injurier et à le menacer d'horribles choses tout en cassant tout ce qu'elle trouvait sur son passage. Épuisés, ils avaient fini par faire une trêve. Et sa fiancée s'était radoucie d'un coup et avait décidé de lui pardonner. Il avait dû pour cela faire des promesses qu'il n'avait aucune intention de tenir. Mais qu'importe, le principal était que son mariage était toujours d'actualité et que tout le monde serait content.

Hormis lui, bien évidemment.

Hors de lui, il avait fini par prendre une potion de sommeil afin que cette journée se termine au plus vite.
Il ne pensait pas que cette potion ferait effet. Mais à la deuxième gorgée, il était tombé sur la table du petit salon, les yeux clos et la bouche ouverte.

Un rayon de soleil matinal le réveilla.

Drago se frotta les yeux et se remémora la veille avec mauvaise humeur. Brusquement, il bondit sur ses pieds, les yeux affolés.

-Dieu que je peux être bête ! s'écria-t-il.

Il saisit un annuaire, le feuilleta à toute vitesse, trouva une adresse, saisit sa veste et sortit précipitamment de chez lui, sans remarquer que sa fiancée, qui venait elle aussi de se lever, le regardait partir avec un air étrange...

Quelqu'un tambourina à la porte de l'appartement miteux de Titus qui grogna et se leva de mauvaise grâce.

Il se gratta sa barbe naissante dans sa grenouillère rouge en tissu râpeux, se prit les pieds dans ses santiags qui traînaient par terre, maugréa quelque chose et partit ouvrit :

-Mouais ? fit-il les yeux mi-clos.

Drago Malefoy se tenait devant lui, les cheveux ébouriffés et les habits en désordre :

-Bien le Bonjour. fit-il en considérant sa tenue d'un air méprisant. Belle matinée pour enquêter !

-Kékétuveux ? déglutit Titus.

-J'ai oublié de vous communiquer une information de dernière minute que vous pourriez trouver... intéressante. Malheureusement, j'ai été un peu pris, d'où mon retard.

-C'est quoi ?

Drago réfléchit un instant :

-Oh trois fois rien. Myo a été enlevée par le Docteur Magouille hier matin !

Le blondinet eut un petit sourire :

-Sur ce, je te laisse ! Je ne peux pas vous aider, toi et tes mendiants d'amis, j'ai bien trop à faire, je dois me marier ce soir ! Bonne journée !

Il transplana.

-Myo a été quoi ?! fit Titus.

:arrow: Titus va à la place Magnus Magouille !

-Mais allez quoi, essaye au moins de tenir debout !

Lucrécya regarda son hippogriffe qui s'était mollement étalé à l'entrée de sa maison avec mauvaise humeur.

Elle soupira et retroussa ses manches :

-Bon tu l'auras voulu.

Elle se mit à pousser la bête, tentant vainement de la déplacer vers son jardin :

-Tu vas bouger, espèce de... râla-t-elle.

-Un coup de main, Rincevent ?

Lucrécya s'essuya son front transpirant et jeta un coup d'œil dépité à Drago qui se tenait devant elle, un petit sourire moqueur aux lèvres.

-Nan. fit-elle.

Drago visa la pauvre bestiole de sa baguette et fit :

-Levicorpus.

Saleté de Bourrique fut soulevé de terre et s'écrasa sur un parterre de jonquilles et, harassé par ce non-effort, s'endormit la tête la première dans les fleurs en ronflant et en bavant. Lucrécya croisa les bras :

-Ah, ouais, je le savais.

Elle tourna les talons :

-Bon ben, a plus. lâcha-t-elle.

-Attends !

La batteuse se retourna en levant les yeux au ciel.

-Qu'est-ce que tu veux, Malefoy ? pesta-t-elle. Tu devais pas te marier et genre disparaître de la surface de la planète ?

-Mon mariage n'est que ce soir à 18h, j'ai largement le temps de rendre une petite visite de courtoisie à mon meilleur ami, Marcus. répondit Drago.

-L'est pas là. souffla Lucrécya. Il est parti à une réunion chez les PAF.

Son interlocuteur sembla déçu :

-Oh. Voilà qui est fâcheux.

Il releva la tête :

-Bon. Je supposes qu'il ne verra pas de mal à ce que j'utilises sa douche et à ce que je reste chez lui pour passer le temps.

-HEY !

Sous les yeux interloqués de la batteuse, il s'engouffra dans la maison des Flint.

-Non mais je rêve ?! manqua de s'étrangler Lucrécya, lorsqu'elle vit le blondinet entrer chez elle comme s'il était propriétaire, et se diriger vers la salle de bains.

Elle fut sûre qu'elle était bien réveillée, pourtant, malgré l'heure matinale, lorsqu'elle entendit l'eau couler et un sifflement guilleret s'élever. Elle prit sa baguette en mains, plissa les yeux, et avança d'un pas affirmé vers la salle de la douche. Non mais pour qui se prenait-il, ce rat aux cheveux jaunes ? Elle allait lui montrer qui était la maîtresse de maison !

Elle posa sa main sur la poignée de la porte, réfléchit un moment, puis eut un frisson de dégoût.
Elle tourna les talons, s'assit sur un des fauteuils du salon et croisa ses jambes avec mauvaise humeur.
Elle allait lui montrer, une fois qu'il ne serait plus tout nu, qui était la maîtresse de maison !

Mais le problème, c'est qu'il était près de sept heures. Bien trop tôt pour Lucrécya, qui avait une fâcheuse tendance à dormir dix heures par nuit, plus deux à trois heures de plus pendant les cours. Bercée par le clapotis régulier de l'eau, la batteuse renversa sa tête et s'endormit aussitôt en ronflant, alors que de la bave coulait au coin de ses lèvres.

Au bout d'un long moment, elle se réveilla en sursaut : son boursoufflet s'amusait à lui lécher le bout du nez de son étrange langue de caméléon.

-Mais qu'est-ce que quoi... ? baragouina-t-elle.

Elle prit la petite boule de poils entre ses mains :

-Beurk, Morgoth, c'est dégueu...

Le boursoufflet sauta sur son épaule, et se pelotonna contre son cou en couinant de joie.

Lulu soupira, et remarqua que la petite pendule du salon marquait neuf heures. Elle essuya la bave de sa bouche d'un revers de bras.

-Punaise j'ai dormi combien de temps ?

-Deux bonnes heures, soupira une voix traînante qu'elle ne connaissait que trop.

Lulu se redressa :

-Malefoy ?!

Devant elle, Drago, installé à la table du living room, prenait tranquillement son petit déjeuner.

-Malefoy, mais qu'est-ce que tu fous là ?!

-Le petit déjeuner est le repas le plus important de la journée, badina l'héritier.

-Tu te fiches de moi ?!

Plongé dans un exemplaire de la Gazette du Sorcier, il trempa ses lèvres dans un mug où l'on pouvait lire « Best Quidditch Captain », et fronça le nez, écœuré :

-Rincevent, ton thé est infect. Rien à voir avec le Ceylan directement importé d'Orient que Mère me fait parvenir chaque semaine. Et je ne parle même pas de tes muffins. Dieu qu'ils sont secs ! Tu devrais changer de pâtissorcier ! Et ce lait ! Ce n'est pas du lait de dragonne, ça a un arrière goût... comment dire ? Un arrière goût si commun !

-C'est du lait de vache, pesta Lulu en se postant devant le blondinet, menaçante.

Drago ouvrit des yeux ronds :

-De vache ?! C'est dégoûtant ! Quel traiteur ose te vendre une chose pareille ?

-Ben j'l'achète à l'épicerie San Sou Si, au Champs Allons-y !

Malefoy se pinça les lèvres :

-Évidemment. A l'épicerie. Excuse-moi, Rincevent, comme tu es comme moi une Alpha Alpha Alpha et que tu es mariée à mon meilleur ami nanti, parfois, j'oublie que tu n'es qu'une pauvresse parvenue sans aucune manière.

Le sang de Lulu ne fit qu'un tour :

-Rha, ça suffit, sale fouine ! Sors de chez moi ! Va prendre ta tisane d'Orient avec ta Vilénie !

Drago ouvrit des yeux outrés :

-C'est comme ça que tu oses traiter un camarade de fraternité ? fit-il d'une voix empreinte de mauvaise foi.

Lucrécya agrippa la batte qui pendait à sa ceinture, et la leva au dessus de sa tête.

-Je vais te montrer comment j'traite mes camarades de fraternité !

Mais avant qu'elle ne puisse l'abattre sur la tête du blondinet, une grosse chouette rose s'engouffra par la porte restée ouverte, et se posa sur la table.

-Chouquette ! s'exclama Lulu.

Drago leva un sourcil :

-Chouquette ? fit-il, dédaigneux. Chouquette la Chouette ? Qui oserait appeler une chouette Chouquette ? Une chouette rose obèse, qui plus est ?

-C'est la chouette de Mali, siffla l'étudiante.

-Oh, Chouquette, comme c'est mignon ! s'exclama-t-il, du tac au tac.

Lucrécya lança un regard suspicieux au blond, puis prit la lettre attachée à la patte de l'oiseau dodue.



-Rha, merde ! Ça sent pas bon ! Pas bon du tout !

Elle se précipita au dehors, Séraphine toujours à la main.

Drago lut le message que la jeune fille avait laissé sur la table.

-Seigneur Dieu... Rincevent ! Attends-moi !

Il courut à la suite de la batteuse.


:arrow: direction : chez Mali !