Perchée sur la chaise haute de sa cuisine, les yeux mi-clos, Malicia mordit dans un scone tout chaud, tartiné de confiture à la framboise. Rêveuse, elle balançait ses pieds nus en regardant sa fenêtre. Au dehors, la pluie de paillettes redoublait.

Son fléreur, bondit sur la table et considéra le spectacle.

-Mraow ? fit-il au bout d'un moment.

-Je sais, Schrödingus... fit la métisse en trempant son scone dans son thé. Ça va de mal en pis.

Une musique syncopée lui parvint aux oreilles : dans sa chambre, la potion ne cessait d'évoluer, et commençait à se faire vraiment bruyante.

-J'espère que l'antidote va fonctionner... On n'aura la réponse que demain. Et il vaut mieux qu'on ne se soit pas trompés.

-Mraow !

-Oui, j'ai revérifié la contre-formule que j'ai écrite. Elle est correcte.

Elle déglutit :

-Enfin, je pense...

-Mraow ?

-Non je...

Malicia ouvrit des yeux ronds :

-Ohmondieuohmondieuohmondieu, mais qu'est ce que je suis en train de faire ? Je parle à mon fléreur maintenant?

La métisse considéra son chat qui la fixait avec de grands yeux violets mécontents :

-Pourquoi tu me regardes comme ça ? C'est mon pyjama, c'est ça ? fit-elle en plissant les yeux. Puisque je te dis que je n'ai que celui-là ! Amalia ne m'a mit que des nuisettes en satin olé olé et je vois pas l'intérêt de porter ça, vu que je suis seule et pour longtemps !

Brusquement, elle rougit :

-AH, J'AI OUBLIE TON LAIT ! JE SUIS DÉSOLÉE ! s'écria-t-elle.

Elle bondit de sa chaise, prit une bouteille dans son frigo et se pencha pour en verser dans la gamelle de Schrödingus. Mais ce dernier ne semblait pas s'y intéresser et regardait au dehors en miaulant à tout va.

Malicia se releva pour repartir manger... et se cacha prestement sous sa table. Magouille et Myo venaient d'entrer dans son jardin !

Elle rampa hors de la cuisine et monta quatre à quatre les escaliers de sa maison. Elle referma derrière elle la porte de sa chambre.

-Ohmondieuohmondieuohmondieu... s'affola-t-elle.

Elle saisit sa baguette.

Quand elle avait appris que Myo était partie parler au doyen, Malicia avait pensé à deux hypothèses. Soit le doyen allait la rembarrer : appréhender Potter était loin d'être son problème vu que ce sale moustachu raciste voulait faire durer le sort le plus longtemps possible. Soit le doyen allait la convaincre de l'aider à repousser le sort au delà des 18 heures fatidiques du Dimanche prochain. Visiblement la deuxième hypothèse était en train de se réaliser.

Quelqu'un toqua à sa porte.

Malicia saisit une feuille de papier et écrivit à la va-vite :

"Magouille chez moi avec Myo. Viens vite. Au secours"

Elle se précipita sur sa chouette rose qui veillait sa potion et lui donna le message :

-Amène ça à Lulu. Vite vite vite !

La chouette s'envola par la fenêtre de la salle de bain.

Ses deux invités forcés toquèrent à nouveau.

Mali enfila vite fait un short et un T-Shirt qui traînaient et se précipita vers la porte.

-J'arrive ! cria-t-elle, toute rouge.

Elle se tourna vers la potion et la considéra d'un œil inquiet.

Quelques instants plus tard, elle ouvrit la porte d'entrée.

-Bonjour ! fit-elle avec un grand sourire nerveux. C'est pour quoi ?

Myo n'arrivait pas à croire en sa fortune.

Elle marchait en serrant le bras du docteur Magouille, et rien n'aurait pu l'en déloger, comme une tique sur un croup.

Elle sentait son cœur battre à toute vitesse, et ne pouvait s'empêcher d'admirer le doyen avec des yeux brillants.

Dieu qu'il était beau, et grand ! Et si élégant, avec son chapeau haut-de-forme et sa redingote colorée ! Et il sentait bon la menthe poivrée ! Et sa moustache, sa moustache ! Y avait-il quelque chose de plus sexy au monde ?!

La fille-chlorophylle sentait des papillons dans son ventre, et ses jambes étaient comme du coton... et pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de sourire, d'un sourire qu'elle savait horriblement niais.

Mais peut-être que c'était ça, le bonheur ?

Myosotis désigna la petite maison aux briques jaunes où habitait Malicia :

-C'est ici, Magnus...

Le doyen hocha la tête, et frappa trois petits coups sur la porte d'entrée.

Celle-ci s'ouvrit à toute volée, et le visage tout rouge de Mali apparut dans l'embrasure :

-Ouiiii c'est quiiii ? Fit-elle en rigolant nerveusement, un sourire figé aux lèvres.

-Salut Malicia ! s'exclama Myo. On voulait juste savoir si tu avais l'antidote au sortilège musical dont tu avais parlé !

Les yeux de la métisse s’agrandirent d'horreur :

-Non !

-Ah ! Bon, ben, au revoir, désolée pour le dérangement ! fit Myo de sa voix douce.

Le Docteur Magouille jeta un coup d'œil à la fois surpris et atterré vers Myo... mais se reprit vite :

-Nous avons tout de même d'autres questions à vous poser, jeune fille !

Il saisit la métisse par le bras, Myo derrière lui, et la força à s'asseoir dans son salon.

Alors que Myo s'installait sur le canapé, il se mit à marcher autour de Malicia, qui assise dans son fauteuil, les mains sur les genoux avait l'air très mal à l'aise.

-Pas d'antidote, hein ? fit-il.

Malicia déglutit :

-Non ! couina-t-elle.

Elle jeta un regard inquiet au moustachu, qui venait de s'accroupir à côté d'elle et la fixait de deux yeux incrédules.

-Me prenez vous pour un idiot, Miss McGuire ?

Malicia eut un petit rire nerveux avant de lâcher un faiblard :

-Non, M'sieur.

Le doyen plissa les yeux :

-Savez vous ce que l'on fait au traîtres, dans cette université, Miss McGuire ?

Il se pencha vers la malheureuse Zeta :

- On leur donne des amendes très salées. On écrit en rouge leurs méfaits dans leurs dossiers de façon à ce qu'ils n'aient plus qu'à pointer à l'AMPE* après leur renvoi. On les fait courir tout nus dans le campus en criant leurs fautes et si cela ne suffit pas...

Il tapa du poing :

-ON LES ECARTELE SUR LA PLACE PUBLIQUE !!! rugit-il.

Les lèvres de Malicia tremblèrent.

-Imaginez, Miss McGuire.... susurra le Doyen à son oreille. Quatre hippogriffes affamés qui tirent chacun de vos membres pendant que vos amis rient de vous et que vos parents souhaitent ne jamais vous avoir donné la vie. Imaginez, la douleur que ça peut être de se faire étirer les bras, le bruit des os qui craquent, les larmes salées sur vos joues noiraudes...

Malicia fut secouée par un rire nerveux :

-A... A l'aide ! glapit-elle.

-Mais pourquoi ? fit Myo avec des yeux ronds. Tu as peur du doyen ? Ne t'en fais pas, tu ne crains rien avec lui !

La main du Bon Docteur se resserra sur l'épaule de la métisse tel un étau :

-Non... vous ne craignez rien, vile petite mulâtresse. fit-il avec un ton qui laissait entendre le contraire.

*Agence Magique Pour l'Emploi

Sous les torrents de paillettes qui recouvraient le campus, deux étudiants tentaient de se frayer un chemin.

-Il faut faire vite ! fit Lucrécya qui courait à toute vitesse. Malicia ne tiendra jamais si le Doyen essaye de la faire parler !

-Vraiment ? fit Drago avec des yeux ronds en lui emboîtant le pas.

La batteuse ouvrit le portillon du jardin de son amie :

-Ouais. Elle peut rien garder pour elle ! Mais on va entrer là-dedans et foutre au doyen la pâtée du siècle !

Le blondinet lui jeta un regard blasé et considéra la porte d'entrée :

-Tout doux, Rincevent. Laisse parler les hommes.

Lucrécya se renfrogna.

Drago ouvrit la porte :

-Chérie, je suis rentré ! clama-t-il.

Il stoppa en considérant Magouille qui broyait l'épaule de Malicia, plus pâle que jamais. En face d'eux, Myo regardait le doyen avec des yeux brillants.

-Monsieur Magouille ! Mais quelle excellente surprise ! s'exclama-t-il. Que nous vaut cette visite impromptue ?

-Ouais. Que nous vaut votre... enfin bref. grogna Lucrécya.

Les deux firent quelques pas dans le salon. Myo se tourna vers eux :

-Nous voulions parler avec Malicia. fit-elle.

-Et à quel sujet ? s'enquit le blondinet.

Sa camarade croisa les bras :

-Ouais, à quel sujet ?

-Au sujet que ce ne sont pas vos affaires ! s'emporta le Doyen.

Sous les yeux de Malicia, Drago se rapprocha, l'air faussement affable :

-Vraiment ? Pourtant quiconque regarderait cette scène pourrait penser que vous menacez cette étudiante.

-Ouais. renchérit Rincevent. Et même que si vous touchez un cheveu de Mali, je vais vous enfoncer ma batte dans le...

Drago leva la main et la batteuse se tut, non sans maugréer. Le Doyen en profita pour lâcher l'épaule de Malicia :

-Je ne sais pas ce que vous insinuez, jeune homme, mais je vous assure que vous vous trompez ! répliqua-t-il vivement.

Le blondinet reprit sous l'œil agacé du moustachu :

-Fort bien ! Je suis rassuré ! Mais si vous ne la menacez pas que faites vous ? Vous n'essayeriez quand même pas de lui conter fleurette ? Vous qui avez par le passé eut tant de démêlés judiciaires ? Nous avons étudié l'un de vos procès en cours de Sciences Sociales.

Il secoua la tête, dépité :

-Une jeune fille de 15 ans, vraiment ?

-Il ne ferait jamais ça ! fit Myo en s'accrochant au bras du Doyen.

-Non. siffla le Docteur. Bien évidemment que non...

-C'est bien ce que je me disais. Vous n'avez donc plus rien à faire ici ?

Un silence pesant se fit dans la pièce.

-Non. Je n'ai plus rien à faire ici. admit Magouille de mauvaise grâce.

Drago ouvrit la porte :

-Parfait ! Je ne vous retiens donc pas.

Sous l'œil triomphal de Drago et Lucrécya, et celui surpris de Malicia, le doyen sortit, suivit de Myo.

Outré, le Doyen claqua la porte d'entrée de la maison de Malicia.

-Quel toupet ! s'exclama-t-il, furibond. Depuis quand les étudiants sont-ils aussi effrontés ?

Il donna un coup de pied au fléreur de Malicia qui faisait sa toilette sur le porche, et qui atterrit dans un parterre de jonquilles.

-Vous avez fait ce que vous avez pu ! Dommage qu'il n'aient eu aucun renseignement à propos de l'antidote. fit Myo en regardant autour d'elle avec l'air émerveillé. Je ne vois pas pourquoi il ne veulent pas nous aider à repousser l'échéance, ces paillettes sont si jolies !

-Votre optimisme et votre innocence vous honorent, chère enfant ! maugréa Magouille avec mauvaise humeur. Mais ils en savent plus que ce qu'ils veulent nous dire...

La jeune fille ouvrit des yeux ronds :

-Ah bon ?

-Et comment ! Nous devons mettre la main sur cet antidote. Absolument !

Le Bon Docteur leva un poing rageur vers le ciel :

-Nous avons joué toutes nos cartes ! Ils savent ce que nous voulons et ne nous le donnerons pas ! Les misérables !

Myo eut l'air peiné :

-Et... et si nous trouvions un autre moyen de les faire céder ?

Le doyen la saisit par les épaules :

-Mais comment ? COMMENT ?!

L'étudiante aux cheveux verts lui sourit :

-Je crois que j'ai une idée...

Elle prit le Docteur Magouille par le bras et l'entraîna vers l'Impasse des Bizuts Disparus.

:arrow: Direction : Les Fraternités.

Malicia se leva, toute secouée par ce qui s'était passé et regarda ses deux amis avec soulagement.

-Tu es arrivée à temps... bredouilla-t-elle.

Le cœur de Drago se mit à battre très fort. Il tendit instinctivement ses bras vers la métisse :

-Oui, je suis arriv...

-MERCI LULU !

Malicia se jeta dans les bras de sa meilleure amie.

-Arf ! Trop d'amour, Mali, trop d'amour ! fit cette dernière d'un petit cri étouffé.

Le blondinet considéra la scène, interloqué.

-Mais... elle n'a rien fait ! C'est moi qui t'ai sauvée !

Malicia préféra ne pas écouter les réclamations du garçon. Il était visiblement revenu avec la ferme intention de l'enquiquiner encore un peu avant son mariage. :

-Si tu n'avais pas été là, le doyen aurait probablement eu l'antidote ! fit-elle à l'intention de Lucrécya avec des yeux alarmés.

Elle découvrit son épaule sur lequel été apparu un gros bleu :

-Il m'a fait vraiment mal....

-Héhé, j'ai fait ce que j'avais à faire ! fit Lulu en se convainquant qu'elle avait tout fait. Et t'as vu ça, sans un coup de batte ! Je suis trop douée !

Attéré, Drago croisa les bras et s'assit sur le canapé :

-Oui, Rincevent, encore une fois, tu as sauvé Mali. Toute seule, comme une grande. ironisa-t-il.

Son ex lui jeta un bref coup d’œil gêné. Lucrécya se posa à côté de lui et piocha dans le pot à cookies qui trônait sur la table basse du salon :

-Et ouais, Malefoy ! T'en a pris de la graine, j'espère.

Le blondinet la fusilla du regard et elle mordit dans le biscuit :

-Bon, elle en est où ta potion ?

Malicia s'assit en tailleur sur la table basse :

-Oh, et bien, elle n'arrête pas de changer de couleur, je crois pas qu'elle sera pas prête de sitôt.

-Et le doyen ne va certain... maugréa Drago, boudeur en regardant d'un air mauvais les cadres remis à leur place sur lesquels son image avait été ôtée.

-Je le sens, Magouille va pas lâcher l'affaire ! le coupa la batteuse l'air sombre.

Malicia hocha la tête :

-Tu as raison, Lustucru. Il faut qu'on y soit préparés.

Drago ouvrit des yeux scandalisés :

-Quoi ?! Mais c'est moi qui l'ai dit le premier !

-Malefoy, va vraiment falloir arrêter de prendre le mérite des autres... grogna Lucrécya. T'es vraiment gamin, par moment. Et puis oublie pas qu'après tout ce que t'as fait récemment, t'es toléré, ici, Toléré !

Le blondinet eut l'air outré et se mit à grommeler :

-Meugneumeugneu...insolence....meugneumeugneu...à quoi bon essayer d'aider les gens... meugneumeugneu...

Marcus courait comme un dératé à travers le campus, sous les éternelles paillettes, qui tombaient de plus en plus nombreuses du ciel.

Il avait songé un moment rentrer chez lui avertir sa femme, mais non. La vraie urgence, c'était de sauver Mali et la potion bizarre qu'elle avait préparé pour stopper le sortilège.

Il sauta par dessus le portail de la maisonnette jaune, et ouvrit la porte d'un coup de pied renversé :

-BOUFFTOUT CACHE LA POTION ! ILS ARRRIVENT !

Malicia, Lulu et Drago se retournèrent vers lui en sursautant. Marcus s'avança :

-Ah ben tiens, vous êtes tous là ? Vous êtes déjà au courant ?

Malefoy soupira, et posa une main condescendante sur l'épaule de son meilleur ami.

-Flint, mon ami, tu as encore un train de retard, comme d'habitude, soupira-t-il, un sourire satisfait aux lèvres. Sache que je les ai déjà fait fuir.

-Mais de quoi tu parles ? Je viens de les quitter ! Ils vont arriver ! Et ils sont surentraînés !

Le blondinet leva un sourcil :

-Mais de quoi parles-tu donc ?

-Et toi, de quoi tu parles ? rétorqua Flint.

-Et toi, de quoi parles-tu donc ?

-Et toi, de quoi tu parles ?

-Et de quoi parles-tu donc ?

-Et toi, de quoi tu parles ?

-Et de quoi parles-tu donc ?

-Et toi, de quoi tu parles ?

-STOP ! cria Lulu, excédée, en se mettant entre les deux. Malefoy, ferme-la !

-Marcus, explique-nous ! renchérit Malicia, qui n'avait pas l'air très rassurée.

Le PAF hocha la tête :

-La hippie aux cheveux verts est venu demander de l'aide aux PAF pour vous en faire baver ! ET ILS ONT ACCEPTÉ !

Les trois se regardèrent avec effroi.

-L'antidote ! souffla Lucrécya.

-Il faut que je le protège ! glapit Mali.

Elle courut à l'étage, sa baguette à la main, talonnée par Lulu.

Marcus se tourna vers Drago :

-Jetons des sortilèges de protection sur la porte et les fenêtres. Ça ne les retiendra pas longtemps, mais ça nous laissera au moins un peu de répit.

Malefoy hocha la tête, et sortit sa baguette :

-Bonne idée. Oh, comme tu es en cours de Défense, tu dois connaître des sorts qui nous seront utiles !

Flint se gratta la tête :

-Eh bien... Je n'ai pas été très assidu en cours... avoua-t-il. Mais je peut créer un petit bouclier de quelques dizaines de centimètres !... mais il tiendra pas au delà de dix minutes.

Drago lui jeta un regard dépité.

voir le texte de la vidéo:

-C'est la Guerre ! beugla Magouille en entrant précipitamment dans son bureau.

-Euh... la guerre ?! Mais... ce n'est pas ce que je leur ai demandé ! Je crois qu'ils vont juste essayer de les convaincre, fit de sa voix douce Myosotis, qui, comme à son habitude, le suivait de près.

Magouille baissa les yeux vers la jeune fille :

-Ne vous laissez pas abuser, très chère, ces mercenaires seront prêts à tout pour accomplir leur mission.

L'étudiante aux cheveux verts blêmit :

-Prêts... prêts à tout ?

-Pensez aux Insuffisants, Myosotis ! Nous sommes du bon côté ! C'est nous les gentils !

En prononçant cette dernière phrase, il avança vers un objet étrange recouvert d'un drap, posé sur un guéridon. Il tira sur le drap et découvrit une grande vasque sculptée de griffes de dragon, qui semblait avoir été taillée à même un os. Il agita sa baguette, et une épaisse fumée noire aux reflets vermillon apparut. Ses volutes glissaient du récipient en tournoyant sur elles-même.

Myo regarda avec un air peu rassuré une petite marque au bas du récipient qui indiquait : « en soldes, Barjow&Beurk ». Des images se formèrent sur la fumée, et la Maison Potiron des Gammas, ainsi que la maisonnette jaune de Malicia, apparurent dans la vasque.

-Mais que c'est que ça ?

-Ce n'est rien, badina le Bon Docteur, juste un palanbrume. Je l'ai acheté après que Monsieur Reynolds m'ait empêché de m'amuser dans mon joli costume d'orang outang, rajouta-t-il en marmonnant.

-Quoi ?

-Non rien.

Les deux se penchèrent et regardèrent avec intérêt les images défiler dans le récipient.
Des dizaines et des dizaines de PAFs encerclaient désormais les deux habitations, fébriles, baguettes à la main.

Magouille croisa les mains, satisfait.

-Excellent, ils sont déjà en place.

Il se lança à lui-même un sonorus, et se pencha davantage sur le palanbrume.

-Vous avez eu votre chance de vous rallier à moi, mais vous avez refusé de la saisir. Maintenant, mes chers étudiants, il est temps pour vous d'accepter la fatalité. Le spectacle doit continuer !

Il partit d'un rire machiavélique.

-Mais riez donc, Myosotis, c'était votre idée !

Myo lui lança un regard horrifiée :

-Mais... mais...


Au dessus de la petite maison jaune de Malicia, un épais nuage noir se forma, et prit peu à peu la forme de la tête chapeauté du doyen. Une voix d'outre tombe résonna à travers les murs :

-Vous avez eu votre chance de vous rallier à moi, mais vous avez refusé de la saisir. Maintenant, mes chers étudiants, il est temps pour vous d'accepter la fatalité. Le spectacle doit continuer !

Un rire machiavélique, qui glaça le sang des étudiants piégés, s’éleva.

-Mais riez donc, Myosotis, c'était votre idée ! Non ? Bon. MES CHERS PI ALPHA FI, NE FAITES PAS DE QUARTIER, METTEZ LES EN PIÈCE, ET NE VOUS ARRÊTEZ QU'UNE FOIS TOUS NOS ENNEMIS A TERRE !

Son rire sardonique résonna une fois de plus. alors que les PAFs tambourinaient sur les murs de la maison en hurlant.

-Ah attends, j’ai pigé ! s’écria Lucrécya. Si on suit cette flèche bleue et qu’on va sur les petites croix rouges alors on a gagné ?

-Mais non, mon petit cognard ! répondit son mari. Cette flèche en spirale rouge, c’est les sorts que les PAFS vont nous lancer ! Si on met 1, 2, 3, 4 croix ici, ici et ici et un scoubidou là, et qu’on déplace la maison là et là…

-Attends le poivrier et la salière, ils représentent quoi, déjà ?

Assis sur le tapis, sous les yeux effarés de leurs deux amis, Marcus et Lulu élaboraient, depuis quelques temps déjà, un plan de bataille pour le moins farfelu. Mais ils ne semblaient comprendre ni le sens des gribouillis qu’ils avaient fait partout sur les parchemins étalés à terre, ni celui des objets qu’ils avaient placés sur leur schéma.

Malicia, qui assise dos contre le mur du salon et baguette à la main, tapotait nerveusement du pied, sursauta à l’énième fracas qui venait de dehors. Les PAF s’acharnaient contre sa maison et elle n’allait pas tarder à être sans domicile fixe au rythme où ça allait.

Elle jeta un regard gêné vers Drago qui était adossé à l’autre bout de la pièce et rougit brusquement en remarquant que ce dernier la regardait avec la même inquiétude dans les yeux.

Après un moment d’hésitation, le blondinet finit par se rapprocher d’elle. Il se laissa glisser à côté d’elle :

-Je ne sais pas si laisser la primauté de notre stratégie d’attaque à Marcus et Rincevent est la meilleure des idées. Finit-il par chuchoter.

La Zeta baissa la tête.

-Je suis sûre qu’ils vont y arriver. Après tout, Marcus était Capitaine de son équipe de Quidditch, il a élaboré pas mal de tactiques…

-Et toutes consistaient en l’envoi pur et simple d’une bombabouse géante sur le terrain si la situation ne tournait pas à l’avantage de son équipe. Fit Drago, dépité.

-Ah mais voilà ! C’est toi qu’a tout confondu ! s’écria Lucrécya. Attends et si je mets ce fléreur là…

La batteuse saisit Schrödingus par la queue et posa le matou réticent sur la carte. Malicia ouvrit des yeux ronds.

-Je sais que tu ne me portes pas particulièrement dans ton cœur ces temps-ci, reprit le blondinet à voix basse, mais il me semblerait important, pour notre survie à tous, que l’on échafaude une meilleure stratégie, au cas où celle de nos deux camarades aurait… des ratés.

Malicia soupira. Elle devait bien admettre qu’il avait raison.

-L’antidote est-il en sûreté ? fit Drago en continuant à fixer Marcus et Lucrécya.

La métisse hocha la tête :

-Lulu et moi on s’en est occupées. Ils ne le trouveront pas.

-En es-tu certaine ?

Malicia jeta un regard courroucé à son ex :

-Je sais ce que je fais, Drago.

Les deux se considérèrent un moment. Finalement, l’Alpha détourna la tête :

-Très bien. Alors comment fait-on ?

La Zeta se redressa :

-Les sorts de protection que vous avez lancés ne vont plus tenir très longtemps. Et comme nous avons fermé tous les volets, je n’ai pas eu le temps de les compter.

-Je dirai qu’ils sont une bonne trentaine. Murmura Drago.

Malicia lui jeta un regard affolé et ce dernier soupira :

-Oui, nous allons être totalement dépassés par leur nombre. Et très vite. Après l'affront que toi et Rincevent m'avez fait tout à l'heure, j’ai bien pensé à transplaner mais à cause de ce maudit sort, cela pourrait bien être une très mauvaise idée. Imagine qu’on essaye de déplacer l’antidote…

Brusquement, Malicia ouvrit de grands yeux :

-Ohmondieuohmondieuohmondieu ! L’antidote !

-… Oui ? fit Drago avec un air suspicieux.

Sous le regard étonné de son ex, la métisse se mit à murmurer :

-Et si on… ou alors… mais comment… non il vaut mieux…

-Regarde, Marcus, Mali a une idée ! fit Lucrécya.

Les deux ex-serpentards se rapprochèrent et tous fixèrent la jeune fille. Finalement, la batteuse claqua des doigts devant les yeux de cette dernière qui sursauta :

-L’antidote ! fit-elle à nouveau. Il faut leur donner l’antidote !

-Oh seigneur. Il ne manquait plus que ça. La terreur la rendue folle. Fit Drago en balançant sa tête en arrière.

-La ferme, Malefoy ! s’exclama Marcus avant de s’adresser à la Zeta. Allez, Bouftout, si t’as quelque chose en tête dis-le nous. C’est pas pour dire, mais j’ai l’impression que mon plan a comme des failles.

Il tourna la tête vers le parchemin qui était illisible tellement il était plein de flèches et de ratures. Au milieu Schrödingus, toutes griffes dehors, roulait comme un diable, en bousculant tous les objets méticuleusement posés.

-Ce que Magouille veut c’est l’antidote. Fit Malicia. Il veut absolument s’en emparer pour nous empêcher d’arrêter le sort, c’est ça ?

Ses trois amis hochèrent la tête.

-Alors, faisons un double de l’antidote. Un faux ! Et cachons le, mais mal, pour que les PAF le trouvent. Comme ça, ils auront ce qu’ils veulent, et ils nous laisseront tranquilles… Enfin, je ne suis pas sûre de cette deuxième partie mais ça vaut toujours le coup d’essayer.

Drago se leva :

-Où sont tes chaudrons ? Je vais leur faire un double qu’ils ne sont pas près d’oublier…

Malicia désigna sa cuisine et le blondinet quitta la pièce.

-Faut pas qu’on les laisse gagner trop facilement, fit Lulu. Où ils vont avoir des doutes.

La métisse et son mari approuvèrent.

-Ils sont nombreux. Mais on peut en amocher salement quelques-uns. Fit Marcus avec un petit rire sadique.

Il prit sa femme par le bras :

-Viens Luluchou, peaufinons un peu notre stratégie… Héhé…

Malicia se releva, et regarda tout le petit monde s’affairer, inquiète. Elle monta jusqu’à sa salle de bain et fouilla à l’intérieur, sortant tous les remèdes qu’elle pouvait avoir. Elle les dupliqua, les saisit et se précipita à l’étage inférieur en distribuer à ses amis.

A peine avait-elle donné le dernier flacon que son miroir se mit à scintiller. C’était peut-être de l’aide ! Elle saisit son miroir et bredouilla :

-Qui... qui c'est ?

-Salut Mali ! C'est Griseldââââ ! L'Irlandaise aux yeux de braise ! Tu te souviens de moi ? Tu es l'une de mes meilleures meilleures meilleures amies et il faut qu'on se fasse une pyjama party un de ces quatre !

La métisse eut l'air blasé. Évidemment. Au moment où ils avaient le plus besoin d’aide, le Dieu des Ennuis leur envoyait Grigri.

-Oui Gri, je me souviens de toi, on te connaît depuis longtemps ! Mais là c'est pas vraiment le moment, et...

-Eh bien je suis chez les Gammas, la coupa Griselda. On est attaqué par des Pi Alpha Fi sous les ordres du Maître Moustachu de l'Université, et en plus, si je puis dire, on est dans le caca jusqu'au cou, eheheheh !

Elle se mit à rigoler pendant de longues minutes.

-Bref, un peu d'aide ne nous ferait pas de mal !

Elle se remit à rire, dieu sait pourquoi. Malicia en profita pour mettre sa main sur son miroir et crier à l’intention de ses amis :

-Les Gammas et Griselda sont dans le même pétrin que nous ! Les PAF assiègent aussi le Potiron ! Elle demande de l’aide !

-Dis-lui qu’on a d’autres choses à faire pour le moment ! cracha la voix de Marcus.

Malicia releva son miroir :

-Oui, mais nous aussi on est...

Les murs de sa maison tremblèrent. Les protections venaient de céder. La métisse ouvrit des yeux affolés :

-OH MON DIEU LES VOILA ! cria-t-elle.

Cela faisait une bonne heure que Lucrécya et Marcus tentaient de repousser les Pi Alpha Fi, devant la petite maison de Malicia.

Drago et Mali étaient restés à l'intérieur de la maisonnette jaune pour tenter un plan que Lulu n'avait écouté que d'une oreille distraite : en fait, il lui tardait de participer à une bonne baston générale ! Elle adorait ça. La dernière remontait à Poudlard, dans les dortoirs des Serpentards... autant dire une éternité.

Si elle avait su !

Maintenant qu'elle était dans la mêlée, Lucrécya commençait à fatiguer : sa robe était déchirée de partout, son bras qui tenait Séraphine était courbaturé, et sa tête tournait horriblement. Sans parler des bleus et bosses, qu'elle n'avait pas eu le loisir de compter.

En fait, sans le bouclier-express que Marcus avait appris en cours, qu'il envoyait de temps en temps pour la protéger, elle aurait sans doute perdu connaissance depuis longtemps.

Les PAFs étaient nombreux, grands, et musclés. Le plus mince d'entre eux devait peser deux fois son poids. Et elle était encerclée. Elle ne distinguait rien dans le brouhaha de la bataille et les explosions de sorts, que ces abrutis décérébrés au service de Magouille jetaient sur la maison de Mali. Elle n'arrivait pas à voir si les dernières défenses avaient tenues. Ni si sa meilleure amie était en sécurité. En même temps, elle était si petite qu'elle ne voyait rien, à part un cercle de combattants prêts à en découdre avec elle.

Mais elle ne s'avouait pas vaincue pour autant.

Elle balança son pied, chaussé de lourdes rangers à clou, sur une des brutes, qui tomba à terre, entraînant dans sa chute plusieurs assaillants. Lucrécya sourit, fière d'elle... et se prit un poing d'acier en pleine poire.

Elle vacilla un peu sous le choc, puis releva la tête, le nez ensanglanté, les dents serrées, comme enragée.

D'un coup de batte, elle envoya valser le gus qui avait osé la frapper, un PAF qui faisait deux fois sa taille. Puis, dans la lancée, elle jeta un coup de genou bien placé dans l'entrejambe d'un autre, qui visait son mari avec sa baguette.

Un éclair brûlant fusa et la frôla, laissant une trace rouge sur sa joue.

Avec les réflexes d'un félin, Lucrécya tira sa baguette, et la pointa sur le PAF qui venait de l'attaquer :

-CONTUSIONUS ENCONTUSIONO !

Lucrécya Rincevent a effectué 1 lancé(s) d'un (Dé de duel.) :

9

Le PAF grogna avant de viser Lucrécya et de hurler :

-OPPUGNO !

Le Narrateur a effectué 1 lancé(s) d'un (Dé de duel.) :

2

Drago regarda à travers les volets Lucrécya donner un violent coup de pied à un PAF tout en muscles et Marcus lancer l’un de leurs ennemis sur cinq hommes qui tombèrent à la renverse. Cela faisait bien deux ou trois heures que les PAFs les assiégeaient. Malgré tous leurs efforts, ses amis n’allaient pas pouvoir tenir bien longtemps à cette cadence. Lui et Malicia avaient tout intérêt à se dépêcher.

-Il faut faire vite ! fit-il.

-J’y suis presque ! lui répondit cette dernière, qui s’affairait autour d’une dizaine de chaudrons.

Elle versa dans des flacons le liquide rouge d’un des chaudrons. Drago s’en saisit, ouvrit légèrement la fenêtre, et agita sa baguette :

-Wingardium Leviosa ! fit- il.

Aussitôt les petites fioles s’élancèrent dans les airs au-dessus des combattants. Le blondinet abattit sa baguette et elles partirent s’écraser sur la tête de quelques alphas qui se mirent à hurler en criant « Ah ça brûle ! ».

Drago sourit à la vue de ce spectacle. Lui et Malicia faisait décidément une bonne équipe. Il referma la fenêtre :

-Ne pourrais-tu pas faire quelque chose de plus… explosif ? Voire même… léthal ?

La métisse secoua la tête :

-Pour la dixième fois, NON, je ne ferai pas des potions pour tuer des gens !

-Mais ils sont trop nombreux ! On n’en viendra jamais à bout avec tes idéaux de d’ex-gryffondor ! Et ils n’hésiteraient pas, eux, crois-moi.

Drago regarda à nouveau le champ de bataille :

-Nous n’allons pas attendre que Marcus et Rincevent se fassent blesser, ou pire ! Certes, cela nous débarrasserait de Rincevent, mais Marcus ne mérite sûrement pas un tel traitement !

-C’est bon j’ai fini !

Malicia tira d’un de ses chaudrons une potion multicolore et la tendit à Drago :

-Alors ? fit-elle fièrement.

Le blondinet eut un petit sourire sadique.

-Cela fera amplement l’affaire.

Les deux remplirent un grand sac de toutes les potions que Malicia avait préparées.

-Bien. Maintenant, où est ton balai ?

Malicia ouvrit des grands yeux gênés.

-Ne me dis pas que tu n’as pas de balai ! s’écria Drago .

La métisse eut l’air hésitante et fonça dans sa cuisine. Elle remonta et lui tendit l’objet qu’elle était allée chercher, penaude. Le blondinet regarda la chose, un vieux balai qui perdait sa paille par paquets, incrédule :

-Qu’est-ce donc que cela ?!

-C’est un balai. Baffouilla Malicia.

-Mais que veux-tu que l’on fasse avec ça ?! On ne fera pas deux mètres !

-Je… Mais un balai ou un autre, ça n’est pas exactement la même chose ? Ca vole beaucoup trop haut et beaucoup trop vite !

Drago la saisit par les épaules :

-Ces PAF armés jusqu’aux dents ne vont faire qu’une bouchée de nous ! Tu oses me dire que tu as été ma petite-amie pendant une année entière et que je t’ai laissée voler là-dessus ?

Brusquement la métisse ouvrit des yeux ronds comme si elle se rappelait de quelque chose. Elle se précipita sur sa poubelle pleine de mouchoirs et en sortit un petit paquet cadeau. Elle agita sa baguette et le paquet prit sa véritable taille. Elle le tendit à son ex qui regarda la petite carte qui avait été attachée dessus :

-« Pour ma Mali, en espérant qu’avec ce Swiffer 3000, tu puisses surmonter ton vertige et cesser de porter l’opprobre sur ton petit-ami parfait en tous points. » lut-il.

Il lança un regard dépité à la métisse :

-Donc je t’offre un balai dernier cri et tu ne l’ouvres même pas. Pire tu le jettes à la poubelle ?

-Il me rappelait trop de mauvais souvenirs. Lui rétorqua Malicia en plissant les yeux.

Drago la fusilla du regard, ouvrit le paquet, et soupesa le balai :

-Voilà qui est quand même mieux.

Il l’enfourcha et se tourna vers son ex, et lui fit signe de monter. Cette dernière hésita :

-Et si je restais ici ?

Le blondinet leva les yeux au ciel :

-Malicia McGuire, tu causeras ma perte ! s’écria-t-il. Pour la dernière fois, je ne te laisserai pas toute seule dans cette maison assiégée. Veux-tu bien monter sur ce balai, je te prie ?

La métisse s’exécuta et passa ses bras autour de Drago qui ne put s’empêcher d’apprécier.

-Bien. Fit ce dernier. Les potions brûlantes ?

-J‘ai.

-Les potions urticantes ?

-J‘ai

-L’antidote ?

-En sûreté.

-Le faux antidote ?

-Je l’ai. Tu as bien mis Schrödingus et Chouquette en sécurité ? Tu as pris les cookies ?

-Bien que ça soit parfaitement inutile quand une horde de voyous sanguinaires s’en prennent à ta maison et tes amis, oui c’est fait.

La Zeta baissa la tête.

-Merci, Drago…

Ce dernier soupira :

-Ma bonté me perdra. Bien nous sommes prêts. Ouvre la fenêtre.

Malicia agita sa baguette et les volets s’ouvrirent d’un coup.

Le blondinet décolla. Derrière lui, Malicia s’agrippa comme une forcenée en hurlant :

-OHMONDIEUOHMONDIEUOHMONDIEU, ON VA MOURIIIIIR !!!!

Le balai tournoya autour des PAF et s’arrêta au-dessus d’eux. Les ennemis levèrent la tête, surpris. Drago saisit le faux antidote et l’agita sous leurs yeux :

-Hey ! Bande de chiffes-molles ! C’est cela que vous voulez ?

-Il a l’antidote ! fit un gros PAF au teint sombre en le pointant du doigt.

-L’ANTIDOTE ! fit le nuage qui avait pris la forme du doyen. JE SAVAIS QU’ILS FINIRAIENT PAR FAIRE UNE ERREUR ET PAR NOUS LE MONTRER ! ATTRAPEZ CES DEUX LA ! ET VITE !

Drago sourit :

-C’est parti, fit-il.

Il accéléra.

Les PAF se mirent à courir comme des dératés derrière lui, en lui envoyant sort sur sort.

Drago évita un éclair, et cria à l’intention de la métisse qui s’accrochait en hurlant et en secouant la tête frénétiquement, yeux fermés :

-Malicia, si tu pouvais cesser de me crier dans les oreilles et leur envoyer quelques unes de potions de ta confection, tu serais fort urbaine !

Il continua sa course slalomant entre les éclairs que lui envoyaient ses adversaires.

Le Swiffer 3000 fusa à travers les allées de Mysteria Lane, et, sous l’œil étonné de quelques étudiants, zigzagua entre les arbres touffus.

-Drago. Drago ! Attention ! Attention, j’ai diiiiiih !!!

Manquant de se prendre une branche, Malicia ouvrit des yeux ronds et pencha la tête.
Les cheveux tout emmêlés par le vent et pleins de paillettes, elle jeta un bref coup d’œil à la cohorte de PAF qui les suivaient de près.

Derrière, Lucrécya et Marcus couraient aussi vite qu’ils le pouvaient et profitaient du fait que les brutes étaient trop occupées à les suivre pour en désarçonner quelques uns. La Zeta piocha dans son sac et leur lança une poignée de potions.

Deux d’entre eux tombèrent à terre en se grattant frénétiquement.

-Désolée ! fit-elle, honteuse.

-Malicia, il est inutile de t’excuser auprès des gens que tu viens de blesser volontairement… fit remarquer Drago de sa voix traînante.

-Je sais ! Je… fit son interlocutrice avant d’essayer de paraître plus féroce. Haha ! Dans les dents, sales méchants !

Il y eut un silence. Finalement, l’Alpha prit la parole :

-Il faudrait vraiment que je te donne des cours de répartie.

Malicia rougit. Elle n’était vraiment pas à sa place dans une bataille. Enfin, pour l’instant, leur plan fonctionnait à peu près. Il fallait qu’ils tiennent bon ! Mais les sorts et la pluie de paillettes ne rendaient pas leur vol facile.

Les PAF n’y étaient pas allés de main morte : leurs habits étaient roussis par endroit, et ils avaient perdu l’un de leurs sacs de potions à cause d’un sort qui avait bien failli faire exploser la main de Malicia. Malgré tout, Drago, en bon attrapeur, parvenait, dieu sait comment, à garder le cap.

-Combien sont-ils ? demanda ce dernier.

-Euh quinze, peut-être plus ! Enfin j’espère ! répondit Malicia en évitant de trop s’attarder sur le fait que ses pieds étaient dans le vide et que sa tête tournait plus vite qu’une spirale infernale.

En voyant l‘université défiler sous elle, elle prit une profonde inspiration. Elle aurait tout donné pour regagner la terre ferme. Mais elle était bien plus utile perchée là-haut, il fallait bien le dire.

-Est-ce qu’on est loin du parc ? Bredouilla-t-elle.

Un éclair la frôla de près et elle poussa un petit cri.

Elle se rendit compte qu’un petit bout de la veste de Drago avait pris feu, et avec des yeux affolés agita sa baguette en disant « Aguamenti ». Elle soupira, soulagée. Mieux valait ne pas dire au blondinet ce qui venait de se passer. Elle paniquait bien assez pour deux !

-On sera arrivés bientôt ! lui répondit l’Alpha. Où en sont Flint et Rincevent ?

Malicia se retourna :

-Je ne les vois plus ! fit-elle.

Brusquement, elle ouvrit des yeux paniqués : un éclair fusait droit vers eux.

-Euh… Drago ?

-Oui ?

-Eclair à tribord ! Euh à Babord ! Enfin : éclair !!!!

Chances que Malicia et Drago parviennent à éviter le sort :

Malicia McGuire a effectué 1 lancé(s) d'un (CARTE CHANCE.) :

4

Drago redressa le manche du balai qui vira vers le haut et fit un looping dans les airs. Têtes vers le bas, les deux sorciers virent passer l’éclair à seulement quelques centimètres de leurs visages. L’engin se stabilisa et ils reprirent leur route de plus belle. Drago accéléra : la situation devenait bien trop épineuse et ils devaient arriver au plus vite. Ces PAF étaient de vrais acharnés. Il aurait dû s’en douter : Marcus en faisait partie. Drago accéléra encore afin que ces hommes des cavernes puissent les suivre de loin sans être capables de leur envoyer plus de sort.

Contre toute attente, Malicia qui avait été étrangement silencieuse durant la manœuvre se mit à lui tambouriner l’épaule, morte de peur :

-Aaah ! Mais pourquoi t’as fait ça ?!

-Puisque tu étais incapable de me dire si je devais aller à gauche ou à droite, je me suis permis d’improviser ! décréta l’Alpha.

Sa passagère reprit son souffle.

-Merci, finit-elle par dire de sa petite voix aigüe.

Elle resserra ses bras autour de lui.

Drago repéra enfin le petit parc qui longeait la rivière et y posa le Swiffer 3000. Malicia bondit hors du balai, très heureuse de retrouver la terre ferme, et il posa leur véhicule à terre. Il regarda autour de lui. L’emplacement était parfait : c’était une sorte de cuvette qui permettrait au PAF de penser qu’ils étaient en position forte.

-Ils ne vont pas tarder à arriver ! fit-il.

Il se tourna vers Malicia :

-Va-t-en !

La métisse ouvrit des yeux surpris :

-Quoi ?!

-Si tu pars, maintenant, tu auras tout le temps de te mettre en sécurité ! Je leur donnerai l’antidote et j’essuierai leurs sorts !

Malicia le regarda avec des yeux ronds :

-C’est… c’est adorable mais c’est hors de question ! s’écria-t-elle. Je reste avec toi !

Drago eut brusquement l’air soulagé :

-Ah, tu me rassures ! Je n’aurai jamais réussi à les contenir seul !

Son interlocutrice était sidérée :

-Euh… tu préfères peut-être te cacher, toi, et que je leur serve d’appât en espérant que Lulu et Marcus viennent rapidement ?

Drago fusilla son ex du regard :

-Mais pour quel sorte de lâche me prends-tu ? Un Malefoy a son honneur, tout de même !

Il détourna le regard fièrement. Brusquement, il se retourna :

-Je n’en reviens pas que tu me dises des choses comme cela ! s’écria-t-il. Comment oses-tu ?

Malicia s’énerva, visiblement aussi terrifiée que lui :

-J’en sais rien ! Tu avais l’air d’avoir peur, j’ai voulu t’aider !

Le blondinet s’avança :

-Oh, excuse-moi de ne pas être un de ces molosses sans âme qui ne pensent qu’à piller, violer et saccager tout ce qui leur passe devant les yeux ! ironisa-t-il. Je te plairai mieux ainsi sans doute ?!

-Mais je ne te demande rien du tout ! S’écria la métisse hors d’elle en lui tenant tête.

-Tant mieux, puisque de toute façon tu ne m’intéresses plus du tout ! Mentit effrontément son interlocuteur.

Les deux étudiants se fusillèrent du regard et se tournèrent le dos. Brusquement, quelque chose craqua non loin et ils tressaillirent :

-Ohmondieuohmondieuohmondieu on va mourir ! Mourir ! Hurla la Zeta.

-J’ai menti ! Je t’aime ! S’écria Drago, paniqué.

Il saisit Malicia et l’embrassa.

-Mais c’était quoi ça ?! cria cette dernière qui ne s’attendait visiblement pas du tout à sa réaction.

Le blondinet rougit :

-Je…

Un éclair rouge l’interrompit en les séparant.

-On dérange peut-être ? fit une voix inconnue.

Drago et Malicia ouvrirent des yeux horrifiés : devant eux, une bonne dizaine de PAF les regardaient avec un air peu engageant en les visant de leurs baguettes. Le plus musculeux s’avança vers eux :

-L’antidote. Intima-t-il. Ou on vous marave vos tronches.

Drago jeta un coup d’œil à Malicia qui sortit d’une main tremblante la fiole multicolore et la tendit à l’homme.

-Vous nous laissez partir si je vous la donne ? demanda-t-elle.

Le PAF saisit le flacon et le tendit à un de ses congénères :

-Amène ça à Magouille.

Son interlocuteur s’exécuta et quitta les lieux à la course.

Finalement, il se tourna vers ses deux otages :

-Vous avez pas l’air de connaître la politique des PAF. fit-il avant de s’adresser à ses pairs. C’est quoi la politique de la maison, les gars ?

-PAS DE QUARTIER ! lui répondirent en chœur ses amis.

L’homme eut un sourire cruel :

-Exactement ! fit-il en pointant ses deux futures victimes de sa baguette.

Marcus, dans le feu de l'action, n'avait pas réfléchi, distribuant des gnons et des coups de boule à ses potes de fraternité, sans aucun remords, ni sentiment. Potes ou pas, une bagarre, c'était une bagarre ! Après tout, ça ne changeait pas des entraînements des Pi Alpha Fi, dans leur blockhaus, qui consistait à se bastonner à qui mieux mieux, puis à boire des shoots d'alcool en ricanant grassement.

Quoiqu'il devait admettre que celle bagarre-ci était gratinée. Le sang, la sueur et les paillettes se collaient contre la peau de Marcus dans un mélange scintillant et, il fallait l'avouer, peu ragoûtant.

Derrière lui, Lucrécya n'était pas en reste, et malgré son air frêle, dézinguait encore plus de molosses surmusclés que lui. Flint en ressentit une légitime fierté. Il ne connaissait pas beaucoup de filles qui se seraient jetées en robe légère et bottes à talons dans le combat, et qui, même ensanglantées et couvertes de bleus, auraient continuée à se bastonner en rigolant.

Il la regarda se battre comme une dragonne défendant ses œufs, un sourire rêveur aux lèvres. Cet instant d'inattention ne manqua pas à un de ses camarades de fraternité, qui pointa sa baguette sur lui.

Lucrécya ouvrit des yeux ronds, bondit sur l'agresseur en devenir, et lui donna un coup de genou dantesque dans les roubignoles. Puis elle lança un sourire étincelant à son mari.

-Merci mon p'tit Cognard ! fit ce dernier, reconnaissant.

Lulu n'eut pas le temps de répondre quoique ce soit qu'elle se prit un coup de poing en pleine poire.
Quasi simultanément, deux bizuts PAFs se jetèrent sur Flint, qui éclata de rire et les repoussa d'une prise de catch.

Soudain, un balai frôla les têtes de tous les combattants (exceptée Lucrécya, plus basse que tous les autres de plusieurs dizaines de centimètres), et un hurlement que Marcus aurait pu reconnaître entre mille s'éleva.

-OHMONDIEUOHMONDIEUOHMONDIEU, ON VA MOURIIIIIR !!!!

-Miss Bouftout ?

Le PAF rebelle leva la tête, et vit un magnifique Swiffer 3000 flambant neuf s'arrêter au dessus de la mêlée. A l'avant, Drago, très sûr de lui, se tenait droit et hautain. Derrière lui, Malicia, pâle et nauséeuse, l'agrippait en tremblant de tous ses membres.

-Hey ! Bande de chiffes-molles ! lança le blondinet. C’est cela que vous voulez ?

-Il a l’antidote ! fit un gros PAF au teint sombre en le pointant du doigt.

-L’ANTIDOTE ! fit le nuage qui avait pris la forme du doyen, qui les fixait depuis le début. JE SAVAIS QU’ILS FINIRAIENT PAR FAIRE UNE ERREUR ET PAR NOUS LE MONTRER ! ATTRAPEZ CES DEUX LA ! ET VITE !

Tous les Pi Alpha Fi se désintéressèrent d'un coup de Marcus et Lucrécya, et coururent comme un seul homme à la poursuite du balai étincelant. Le couple se jeta un regard entendu :

-On y va aussi ? demanda Flint.

-Et comment ! s'exclama sa femme, enjouée.

Ils s'élancèrent à leur poursuite, tout en gardant une certaine distance entre eux et le petit groupe.

-Cette bande d'idiots nous tourne le dos ! fit remarquer Marcus, alors qu'ils descendaient l'artère principale. Profitons-en !

Lulu hocha la tête, et pointa sa baguette :

-Petrificus totalis !

Marcus brandit la sienne également :

-Stupéfix !

-Colloshoo !

-Cracbadaboum !

-Batrasortia !

A chaque sort qui faisait mouche, un PAF tombait. Mais ça n'empêchait pas la bande des musclés de continuer à suivre Drago et Malicia, qui faisaient mille cascades dans les airs.

Au bout d'une heure de course-poursuite effrénée à travers le campus, sans doute dans le but de fatiguer les PAFs, le couple perdit tous les autres de vue, au beau milieu du parc qui jouxtait Mysteria Lane.. En s'avançant un peu, les deux réalisèrent que c'est parce qu'ils se trouvaient en haut d'une sorte de colline, et tous les autres se trouvaient en contrebas, dans un terrain qui ressemblait à une cuvette naturelle.

Drago et Malicia avaient mis pied à terre, et, peu rassurés, se tenaient devant toute la horde des PAFS, qui pointaient leurs baguettes sur eux, menaçants. Bien que leur nombre avait bien diminué depuis le début de l'attaque, le blondinet et la métisse n'avaient aucune chance.

C'était sans compter sans le duo de choc, Lucrécya et Marcus, qui, du haut de leur perchoir, lancèrent d'une même voix :

-CONTUSIONUS ENCONTUSIONO !

Le sort conjoint de Lucrécya et Marcus atteignit deux PAFs, qui tombèrent à terre, à quelques mètres de là où ils se tenaient à l'origine.

Mali et Drago ouvrirent des yeux ronds. Les Pi Alpha Fi encore présents se retournèrent, surpris.

Ce qu'ils virent les troubla.

Un gars au torse nu, suturé et couverts de bleus violacé, se tenait droit devant le soleil, éblouissant quiconque levait les yeux vers lui. Il avait les cheveux on ne peut plus ébouriffés, et arborait des traces noires guerrières sur les joues. Il grogna, serra le bandeau qu'il avait autour de la tête et montra ses dents, ce qui fit frémir le plus dur des Pi Alpha Fi.

Mais le plus flippant, c'était encore la fille toute petite à ses côtés, vêtue d'un lambeau qui avait du être une robe d'été. Elle avait de grands yeux verts étincelants de haine... enfin, UN grand œil vert étincelant de haine : le deuxième, violet et bouffi, n'était plus qu'une fente douloureuse. Le teint pâle de son visage était entaché ça et là de gerbes de sang, surtout autour de son nez. Ses lèvres fendues, presque striées, lui faisaient un sourire d'outre tombe.
Elle élargit son sourire d'un air machiavélique, découvrant ses dents baignée d'hémoglobine.

-TAÏAAAAAAUT !

D'un même mouvement, le couple dévala la colline en hurlant.

-Y'en a plus que huit ! s'enthousiasma Flint.

Lucrécya leva un bras dégoulinant de sang :

-BASTONNONS-LES !

Alors qu'elle levait une énième fois Séraphine au dessus de sa tête, une musique entraînante s'éleva et suivit le rythme des coups qu'elle donnait à ses adversaires.


La chanson s'acheva alors que la jeune fille claquait le dernier PAF avec Séraphine.

-Eh ben voilà ! clama-t-elle, fière d'elle, en raccrochant sa batte à sa ceinture.

Elle chancela un peu : elle avait mis tout ce qui lui restait dans cet assaut final.

Malicia lui sauta au cou en glapissant :

-Bravo Lustucru ! Tu as été géniale !

-Et moi alors ? fit Marcus, vexé.

-Mais oui, toi aussi Capitaine Minus ! lança la métisse, heureuse que ce cauchemar soit enfin fini.

-J'ai fait une bonne partie du travail, moi-même, tenta Drago.

La Zeta regarda le blondinet. Mais, décontenancée par ce qui s'était passé plus tôt, elle ne préféra pas répondre.

-Bon, maintenant, on va pouvoir enfin se reposer, soupira Lucrécya, en se frottant une tempe douloureuse, où elle s'était pris un coup plus tôt.

Mali ouvrit des yeux ronds :

-LES GAMMAS !

-Hein ? fit Marcus, en donnant un coup de pied à un PAF inconscient qui venait d'être secoué d'un soubresaut.

-Il faut sauver les Gammas ! Griselda m'a dit qu'eux aussi étaient attaqué par l'armée PAF de Magouille !

-Ou alors on va faire un tour au pub, et... commença Lucrécya.

Elle croisa le regard déterminé de son amie, et soupira :

-Ok, ok, on va aider les Gammas, grommela-t-elle.

Les quatre se mirent en route vers l'Impasse du Bizut Pourfendu, avec le peu de forces qu'il leur restait encore.


--> :arrow: direction le Grand Potiron