Lucrécya et Curie attendaient près de la barrière désertée et la considéraient avec inquiétude.

-Ce sort a l'air vraiment puissant... J'espère que Mama Ogg pourra nous aider... fit l'Insuffisante en contemplant les lieux.

-Mouais. Y'a plutôt intérêt, j'aime pas être enfermée trop longtemps. Ça me rappelle l'Orphelinat Ste Miquette.

Sa camarade Alpha donna un coup de batte rageur dans le sortilège qui absorba l'impact en silence.

Soudain les deux filles ouvrirent les yeux : en face d'elles, de l'autre côté de la barrière, Drago errait, le pas titubant. Elles se mirent à l'appeler et le blondinet, qui était tout débraillé, finit par tourner la tête, à l'évidence totalement ivre :

-Oh ! Rincevent et... un épouvantail, comment allez-vous ? déglutit-t-il.

Les cheveux de ladite Rincevent se mirent à crépiter de colère :

-Malefoy ! Qu'est-ce que tu fous là ?! Faut que tu nous aides ! Comment ça se fait que tu sois pas dans le stade ?! siffla-t-elle.

Drago tenta de faire un effort de réflexion :

-Voyons voir... fit-il d'une voix particulièrement avinée. J'ai marché pendant de longues heures parce que ta meilleure amie a piétiné mes avances et a brisé mon cœur en miettes... je ne sais pas trop comment j'ai atterri aux Vélanes Courtisanes où j'ai bu un peu plus que de raison et une chose en entraînant une autre... il se peut que j'ai commis certains actes particulièrement déplacés avec une... deux...

Il leva les yeux au ciel, comptant. Finalement, il agita son doigt et manqua de tomber :

-Trois. Oui, trois des personnes qui officiaient là-bas...

Il se mit à rigoler sans raison apparente :

-Autant dire que je vais probablement mourir d'une maladie honteuse dans les heures qui suivent et je ne souhaite pas passer ces derniers moments avec toi, Rincevent...

Il fit volte-face et tenta de s'en aller.

-ATTENDS ! lança Lucrécya. Faut que tu nous aides ! On est coincés ici, et on doit absolument mettre la main sur notre antidote ! Il est quelque part dans la cahutte des Insus, je sais plus où il est, mais bon tu vas trouver, c'est un bouquin, doit pas y en avoir des masses là-bas... Qu'est-ce que t'attends ?! Fonce !

-Oui ! Renchérit Curie, c'est vraiment très important !

Drago les regarda parler, ne comprenant clairement rien. Finalement, il leva le doigt et les deux filles s'interrompirent :

-Veuillez m'excuser un instant.

Le blondinet pencha la tête et vomit, avant de se redresser prestement :

-...Vous disiez ?

Sous les injures de Lulu, Curie reprit la parole :

-Toute l'université est coincée dans le stade parce que notre "cher" doyen veut absolument que le sort dégénère au delà de 18 heures! Si on ne fait rien, Magouille empochera des millions ! Bref, va chercher le Grimoire nommé "Antidotes plein de Paradoxes pour Sorts peu Orthodoxes" dans la cabane des Insuffisants pendant que Mama Ogg trouve un moyen de briser cette barrière !

Drago eut un petit rire :

-Moi ? Dans la Cabane des Insuffisants ?! Je ne pense pas non.

Il s'avança en zigzaguant :

-Et de toute manière, de quelle barrière parlez-vous donc ? Il n'y a pas de barrière ic... AAAH !

Drago se fit aspirer à l'intérieur. Il tapota sur le sortilège, étonné. Finalement, il se tourna vers sa consoeur Alpha et lui fit un petit sourire moqueur.

-Oh Rincevent, Rincevent, Rincevent...tu es dans un sale pétrin.

Brusquement, il devint très pâle et s'empressa de quitter les lieux :

-Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, j'ai besoin de trouver au plus vite les commodités...

Myosotis ne se sentait pas très à l'aise. Elle avait beau tenter de se cacher derrière la grande silhouette émaciée du docteur Magouille, elle avait néanmoins l'impression que les regards haineux de toute la foule se concentraient sur elle. Et elle sentait sa timidité maladive reprendre le dessus, et son visage devenir rouge tomate sous ses cheveux brocoli.

Mais pourquoi fallait-il toujours que les bonnes actions soit mal comprises par la population ? Oui, bon, comme disait le proverbe, nul sorcier n'est Merlin en son pays, mais tout de même ! Magnus et elle se faisaient huer et conspuer par l'intégralité de la fac. Même son oncle la regardait bizarrement, l'air choqué. Myo aurait tout donné pour être animagus souris et s'enfuir par un petit trou.

Étrangement, Magouille avait l'air de vivre beaucoup mieux qu'elle la situation. Il venait de s'allumer un cigare, et le fumait tranquillement, un sourire satisfait aux lèvres. Il remarqua la nervosité de sa complice, et lui lança un clin d’œil :

-Détendez-vous, mon petit, savourez notre victoire ! Dans une heure exactement, je serai riche !

-Oui, admit l'étudiante, et ensuite nous pourrons aider les Insus.

Le doyen lui jeta un regard incrédule :

-...oui, les insus, c'est ça...

Myosotis soupira. Elle avait beau savoir que leur but était noble, ce n'était pas facile pour autant d'être ainsi à la vue de tous. Elle se tourna vers la cage, à l'autre bout de l'estrade, et vit Malicia, dans une nuisette horriblement courte, trembler contre les barreaux qui la retenait prisonnière. La jeune fille fronça les sourcils :

-Vous savez, Magnus, contrairement à ce que vous avez dit à la foule, Malicia n'a rien à voir avec ce sortilège ! Vous m'aviez dit que c'était Harry Potter, non ?

-J'avais dit ça ? Je n'en ai pas le moindre souvenir, affirma avec aplomb le doyen, en tirant sur son cigare.

-... vraiment ? Mais je suis pourtant sûre que...

Le docteur lui lança un sourire qu'il jugeait charmeur :

-Me faites-vous confiance, Myosotis ?

-Évidemment, mais... bredouilla cette dernière.

-Donc il faut me croire si je vous dis que cette négr... étudiante est la cause de tous nos maux.

-D... D'accord...

-Et bien voilà, n'en parlons plus !

Le doyen se tourna, torse bombé, vers le professeur Saussurus, qui montait l'escalier de l'estrade pour féliciter chaudement son ami de sa réussite.

Myosotis n'était pas convaincue pour autant. Malicia n'était pour rien dans le sortilège. C'était ridicule ! Elle était l'une de celles qui l'avaient combattu avec le plus d'ardeur ! Magnus se trompait sur la jolie métisse. Même si cette hypothèse paraissait vraiment extravagante, mais... après tout, c'était lui aussi un être humain avec ses failles et ses faiblesses, non ?

Pour le moment, il était occupé à écouter les compliments dithyrambiques du professeur de Langues et de son perroquet. Myo en profita pour se rapprocher en catimini de la cage, où la Zeta était enfermée.

-Pssst ! Malicia !

La pauvre métisse, transie de froid, posa ses yeux sur la française, mais ne daigna pas lui répondre.

Myo ôta sa cape, et la tendit à la prisonnière, à travers les barreaux.

-Je t'en prie, ne m'en veux pas ! Je veux juste t'aider ! chuchota-t-elle.

Lucrécya et Curie regardèrent partir le blondinet aviné avec circonspection.

-Le jour où il nous servira à quelque chose, c'ui-là, pesta la batteuse en plissant les yeux.

-Tant pis. J'espère que Madame Ogg elle pourra nous aider, renchérit à voix basse son amie ébouriffée. D'ailleurs, je me demande où elle est...

-Je suis là, wegaw'dez !

Les deux jeunes filles haussèrent les sourcils. Elles balayèrent les alentours du regard, mais nulle trace de la volcanique professeur de Sciences Occultes.

-Mais... mais.... balbutia Curie.

-On a rêvé ou quoi ?! s'exclama l'Alpha Alpha Alpha.

-Mais non ! Wegawdez plus bas !

Les deux amies baissèrent la tête, et clignèrent les yeux. A leurs pieds, une petite poupée vaudou, faite de tissu et de paille, les fixait avec intensité. Elle avait en guise de cheveux de longues dreads en laine, et deux boutons dépareillés lui servaient d'yeux.

Curie s'accroupit, ébahie :

-Mama Ogg ?

-Oui, c'est moi ! affirma la poupée. Enfin... c'est ma poupée vaudou, un peu de ventwiloquie et du vaudou de base. J'ai dû wuser un peu, les gowilles de cet escwoc de Magouille ne me lâchent pas d'une semelle !

L'Insuffisante prit la petite marionnette en main, et se redressa.

-Mama Ogg, grâce à vos livres, on a réussi à faire un antidote au sort musical ! Mais le docteur Magouille se doute de quelque chose, et a enfermé toute l'université ici pour nous empêcher d'agir !

-Cet idiot n'auwait jamais wéussi un sowtilège de cet ampleuw tout seul ! grogna la poupée, en tapant de son pied minuscule sur la paume de Curie. Il a manipulé la meilleuwe de mes élèves. Elle est douée, mais Seigneuw... qu'elle est naïve...

La mini Mama secoua la tête, comme dépitée.

-Et son sowt vaudou est d'autant plus puissant qu'elle y a mis tout son amouw...

-Mais vous pouvez l'annuler ? demanda Lucrécya, impatiente.

-Je pouwais, mais le doyen sauwait que c'est moi, et je pewdwai ma place dans la seconde. Paw contw, je peux essayer de vous faiw sowtiw.

-Génial ! s'exclama Curie avec enthousiasme.

-C'est juste ce dont on a besoin !

-Chut, pas si fowt ! souffla la poupée. Ici, les muws ont des oweilles !

Les deux amies acquiescèrent.

-Je peux vous faiw sowtiw, mais juste vous deux. Plus, ça fewait vwaiment louche. Je vous wappelle que je wisque mon boulot !

-Oui, merci beaucoup Mama Ogg.

La poupée hocha la tête. Elle frappa dans ses petites mains de tissus, et, dans un éclair aveuglant, deux pendentifs apparurent.

-Powtez ces deux amulettes. Ce sont de twès puissante pwotection au vaudou. Ca devwait vous suffiw' pouw sowtiw d'ici. Bonne chance !

Elle sauta à terre, et s'enfuit aussi vite que ses petites jambes lui permettait.

Curie tendit un des colliers à Lulu, puis enfila l'autre.

La petite batteuse regarda le pendentif avec dégoût. C'était une lanière de cuir grossièrement tressée, au bout de laquelle pendouillait une tête réduite aux yeux crevés, figée dans un rictus de douleur extrême.

-Mais quelle horreur !

-C'est pour la bonne cause ! fit doucement l'Insu rebelle.

-Qu'est-ce qu'on ferait pas pour sauver tout le monde, soupira Lulu.

Elle mit le collier autour de son cou, non sans grimacer.

-Est-ce que ça marche ? Tu sens un pouvoir particulier ? demanda Curie.

-Ben non. Et toi ?

-Non.

Lucrécya s'approcha de la barrière magique irradiante, qui les empêchait de sortir. Elle tendit son bras, et à sa grande surprise, sa main passa à travers le bouclier.

-Ça marche !

Elle s'élança à travers le champs de force, suivie de près par son amie.

Alors que Lulu et Curie prenaient la poudre d'escampette grâce à la complicité de la prof de sciences occultes, la dispute reprenait de plus belle dans les toilettes désaffectées du stade, entre les McCormick et le Capitaine Flint, et menaçait à tout moment de tourner au pugilat.

-J'vais t'apprendre à filer des coups de boule à mon frangin, fumier de PAF ! tempêta Kim. Ta femme va même pas te reconnaitre après ça !

-C'est là que tu te gourres, ma vieille, siffla Marcus, un sourire mauvais aux lèvres, j'ai vu comment tu maniais ta batte : on t'aurais même pas prise comme remplaçante chez les Pouffsouffles ! Alors pour c'qui est de me taper avec, tu penses !

-Mais arrêtez enfin ! s'exclama Andrew, en pleine panique, pour la énième fois la violence n'est pas une solution !

-Ben... Bien sûr que si ! fit Marcus en le regardant bizarrement sans trop comprendre.

-Ouaaaaais ! s'extasia Gri en sautillant, du sang, du sang du sang !!!!

Le son d'une porte qui s'ouvrait à la volée domina soudain la cacophonie générale, et tous se tournèrent, la baguette à la main de peur d'avoir été découverts : c'était Titus qui se tenait sur le pas de la porte qu'il venait d'ouvrir, avec la ferme intention de sortir de la pièce.

-Où tu vas comme ça mon gaillard ? demanda Flint, perplexe.

Le cowboy les regardait les sourcils froncés et l'air déterminé.

-J'en ai ras le derche de vos crêpages de chignon, les enfants, grogna-t-il, donc puisque vous êtes décidés à vous engueulez et à perdre du temps, moi je vais tenter la dernière chose à faire.

-C'est-à-dire ? fit Kim les bras croisés.

-Convaincre Myo d'arrêter le massacre. Vu la tournure des évènements, une petite partie d'elle-même doit se douter qu'il faut mettre un terme à tout ça. Bref j'vais tenter ma chance.

-Alors je viens avec toi ! clama la Gamma.

-Non. Toi, ton frère et l'autre tarée, vous devez surveiller ce crotale de Potter. Seul, je serai plus discret, et perso je vois pas qui à part moi pourrait raisonner Myo.

-Si tu crois que je vais te laisser prendre ton pied tout seul à défoncer les gardes du Doyen, tu te plantes, yankee ! fit Marcus en riant, les poings sur les hanches. D'toute façon, t'as aucune chance de les passer à toi seul !

Titus jeta un œil au PAF renégat : il n'aimait pas s'encombrer d'un coéquipier, mais il fallait avouer que Flint était une vraie machine de guerre ! Un atout précieux pour une attaque commando express sur l'estrade !

-OK, l'ami. Amène-toi, on va faire sauter quelques dents.

Le cowboy sortit en trombe, un Marcus aux anges sur les talons.

-Fais attention mon Grand Poilu ! lança Griselda, avant que la porte ne se referme sur Titus et Marcus. J'attendrais ton retour jour et nuit !

Kimberlie avait l'air un peu soulagée de voir que le PAF s'éloignait de son frère, et ce dernier pas fâché que toute la tension retombe d'un coup.

-Et bien tu as des fréquentations... intéressantes, finit par dire Andrew.

-C'était par la force des choses, grommela sa sœur.

Elle se passa les mains sur le visage, lasse :

-Titus a raison, le mieux c'est qu'on garde un œil sur Harry le temps que toute cette histoire soit finie, histoire qu'il ne raconte pas à la volée qu'on a essayé de l'assassiner ou je ne sais quoi...

-De l'assassiner ? fit Andrew en ouvrant des yeux comme des soucoupes. Kim, je crois qu'il faut vraiment que tu me racontes ce qui s'est passé.

Kim soupira :

-Oui, je suppose que ça n'a pas l'air très clair, vu comme ça... Eh bien, en fait, on enquêtait tous sur le sortilège musicale qui nous casse les bonbons depuis une semaine. Et tout a commencé quand on a appris que Harry, ici présent...

Elle accompagna ses paroles d'un geste du bras... puis se figea.

Là où se tenait Potter quelques instants plus tôt, il n'y avait que la folle irlandaise qui berçait son bout de chiffon dans ses bras en lui murmurant des mots doux, et en posant son pouce sur ce qu'elle croyait être la tête de son lethifold.

Kimberlie tourna la tête dans tous les sens :

-Ben, il est où ?

-Qui ça ? s'enquit Gri, en gloussant de rire, Dieu seul savait pourquoi.

-Harry !

-Harry qui ?

-HARRY POTTER, BÉCASSE ! Qui d'autre ?! cria Kim, dont la patience avec l'Irlandaise avait atteint ses dernières limites.

-Aaaaaah lui !

Gri haussa les épaules, puis reprit :

-L'est parti.

Kim fusilla du regard sa coloc, comme si elle voulait l'étrangler sur place.

-Parti ?!

-Vouip ! Il a dit qu'il en avait marre et il s'est barré. Il a même pas dit au revoir ! Pas très poli, comme garçon, on trouve, Lethi et moi.

-Mais pourquoi tu l'as laissé partir, espèce de folle furieuse ?!

-Mais c'était l'heure du bibi de Lethi ! répartit Griselda, les yeux ronds.

Kim se plaqua la paume

-Oh bordel...

-C'est très grave ? s'enquit son frangin.

-Disons qu'il n'est pas totalement innocent dans le sortilège musical, et nous on est pas totalement innocents dans notre comportement à son égard...

-Alors allons-le retrouver ! Je vais t'y aider !

Kimberlie parut plus lasse encore.

-C'est pas comme si on avait le choix...

Le frère et la sœur sortirent de la petite pièce.

-CHOUETTE ! Encore une quête ! s'exclama Griselda, bienheureuse. Je viens avec vous !

-Comme si t'en avais pas assez fait ! soupira sa coloc.

Mais la folle les suivit néanmoins, et s'insinua entre les deux, passant chacun de ses bras autour de l'épaule de l'un des McCormick.

La fine équipe arriva devant un étudiant fumait une cigarette d'un air nerveux, adossé au mur.

-Dis, mon brave, tu n'aurais pas vu Harry ? demanda pompeusement la POP dérangée.

Le gars la regarda bizarrement.

-Harry qui ?

-HARRY POTTER, BÉCASSE ! Qui d'autre ?! rétorqua Gri.

Les deux McCormick se lancèrent un regard blasé. Mais, étonnamment, l'étudiant ne s'offusqua pas, et désigna une direction :

-Le binoclard balafré ? Ouais, je l'ai vu passer par là.

Les trois tournèrent la tête, et déchantèrent : une foule grouillante et compacte de plusieurs milliers d'étudiants s'étendait devant eux.

-Comment on va le retrouver là-dedans ?!

Un coup de vent glacé passa dans les cheveux de Malicia. La métisse poussa un couinement tout en se recroquevillant sur elle-même :

-Gniiiih.... j'ai froid, j'ai froid, j'ai froid, j'ai froid ! :(

Tout en espérant très fort que Lulu et Curie reviennent au plus vite, Malicia maudit Amalia et ses goût vestimentaires douteux. Si elle avait eu son pyjama en pilou décoré de licornes et ses grosses chaussettes en laine multicolores, elle n'en aurait probablement pas été là. Enfin si. Mais au moins, elle aurait eu chaud et elle n'aurait pas eu à subir les commentaires douteux de quelques étudiants qui, pour passer le temps, prenaient des paris sur elle :

-Hey, les gars ! 2 gallions que le vent lui soulève la nuisette dans moins de 2 minutes !

-Ah ça vous ferait plaisir, hein... maugréa la métisse, l'air sombre.

-Hey ma jolie, tu veux pas danser pour nous distraire ?

C'en fut trop pour Malicia qui se leva et fusilla les sorciers du regard :

-Vous savez quoi ?! DU BALAI !!! Vous les mecs, vous avez vraiment des idées mal placées ! cria-t-elle. Oui, je suis à moitié nue, oui je suis en cage, mais est-ce qu'il faut forcément en conclure que je suis une traînée ? Je ne pense paaaaaaah !!!

Un coup de vent souleva sa nuisette dévoilant sa petite culotte à cœurs. Les garçons regardèrent la scène avec des yeux pleins d'intérêt. Finalement, l'un d'eux brisa le silence :

-2 gallions que la prochaine fois, on voit ses roploplos !

-3 gallions !

-10 !

Malicia serra ses petits poings, rouge de honte :

-Rhaaaa ! M'énervent, m'énervent, m'énervent !

Elle se rassit, tirant sur son négligé avec mauvaise humeur, en maugréant milles et unes malédictions. C'est le moment que choisit Myo pour s'approcher d'elle.

-Pssst ! Malicia !

Les yeux de la Zeta se posèrent sur la fille aux cheveux chlorophylle. Que pouvait-elle bien lui vouloir ?

-Je t'en prie, ne m'en veux pas ! Je veux juste t'aider ! chuchota-t-elle en lui tendant sa cape.

Mali voulut se jeter sur le vêtement. Mais elle n'en fit rien.

Cette Myo était étrange.

La première fois qu'elle l'avait vue, au resto U, elle avait bien remarqué que dès que l'on parlait du doyen, cette fille perdait toute sa tête. Quelque chose en elle s'était même dit qu'il n'était pas très naturel d'être à ce point aveuglée par ses sentiments. Elle même avait défendu Drago à bien des reprises, mais quand il allait trop loin, elle n'avait jamais hésité à lui faire savoir. Mais Myo... c'était différent. Comment avait-elle bien pu les trahir tous, et se liguer avec ce mufle à moustache ? En écoutant les conversations de Magouille et de cette dernière, elle avait remarqué que les Insuffisants semblaient revenir souvent sur le tapis. Myo n'était tout de même pas assez bête pour croire que le doyen se souciait d'eux ? Non, elle n'était pas naïve à ce point. Mais alors... ? Rien à faire, quelque chose clochait.

-Tu as l'air frigorifiée... insista la Gamma. Je t'en prie, accepte ma cape !

-Pourquoi tu veux m'aider ? demanda Malicia, suspicieuse.

-Parce que je pense que le Doyen se trompe... bredouilla Myo, l'air en proie à une lutte intérieure. Je crois que tu n'es absolument pour rien au sujet du sort qui est tombé sur la fac.

-Bien sûr que non, j'y suis pour rien ! glapit Malicia en agitant les bras. J'ai passé ma semaine à essayer de trouver qui en était l'auteur avec les autres ! Tu étais avec nous !

Un coup de vent manqua de faire voler ses habits et elle tressaillit. Finalement, elle se recroquevilla à nouveau :

-Je veux un chocolat chaud ! couina-t-elle, à bout de nerfs, le nez rougi par le froid. Même sans marshmallows fondus dedans... Même sans chocolat !

-Tu... tu préfèrerais pas sortir d'ici ? demanda Myo.

Malicia cessa de s'agiter :

-Hein ?

La Gamma se rapprocha encore un peu et murmura :

-Magnus est en grande conversation avec son ami Saussurus. C'est l'occasion où jamais de te faire sortir d'ici !

La métisse la considéra, interloquée. Finalement elle prit la parole :

-C'est un piège, c'est ça ? Tu veux que je m'en ailles pour que les sbires me rattrapent et que Magouille ait une bonne raison de m'accabler ?

Elle s'emballa :

-Et après, ils vont dresser une potence, me raser les cheveux et me balancer au bout d'une corde et tout le monde rigolera et je vais mourir et ohmondieuohmondieuohmondieu.... Je veux pas mourir ! Pas dans cette nuisette !

Elle enfouit son visage dans ses mains. Myo eut l'air peinée :

-Euh... non, non ! C'est pas un piège, je veux vraiment t'aider !

Elle baissa la tête :

-J'ai suivi mes convictions jusqu'au bout et je ne regrette pas d'avoir soutenu Magnus face à l'adversité ! Même si je perds tous mes amis, les derniers jours que j'ai passés ont été les plus beaux de ma vie... Mais je sais de source sûre que tu n'es pour rien dans cette affaire. De toute manière, vous êtes tous enfermés ici et rien ne pourra empêcher Magnus de réaliser son plan. Je te jure que c'est pour une bonne cause...

Malicia lui jeta un regard dépité mais son interlocutrice poursuivit :

-Je trouve injuste que tu sois enfermée ici, et je peux t'aider à sortir de cette cage... Si tu veux.

Les deux filles se considérèrent un moment. La Zeta pesa le pour et le contre. Même si Myo s'avérait indigne de confiance et que tout ceci était un piège, les quelques minutes de liberté gagnées lui donneraient l'occasion de changer la donne. Et vu que Curie et Lulu n'étaient pas encore là... il valait mieux tenter le tout pour le tout.

-D'accord. finit-elle par lâcher. Fais-moi sortir.

Myo hocha la tête. Elle se sentait un peu mal. Quelque part, c'était de sa faute, si tout partait à vau-l'eau ! Elle n'était définitivement pas douée pour aider les gens.

-Fais-moi confiance ! Je ne souhaite du mal à personne, crois-moi ! Un simple alohomora devrait suffire. Mais il ne faut pas que Magnus me voit faire...

Elle tourna la tête vers le doyen, et ses pupilles se dilatèrent, tandis qu'un sourire énamouré naissait sur son visage.

-Quoique... Je ne peux pas faire une chose pareille... Ça lui ferait tellement de peine...

Malicia assista à la scène, bouche bée. Il y avait décidément quelque chose qui clochait entre la fille chlorophylle et le doyen. Quelque chose de pas naturel du tout. Elle frappa contre les barreaux, histoire de réveiller son interlocutrice :

-Nan mais oh, tu plaisantes ?! Il a pas fait long feu, le « fais-moi confiance » !

Myo sursauta, et se tourna à nouveau vers la métisse.

-Oh, oui, pardon, pardon !

-Et si tu pouvais me rendre la baguette que les amis du doyen m'ont volé, ça m'arrangerait, fit-elle en s'emmitouflant dans la cape que lui avait passé la jeune fille.

Myo hocha la tête, sa baguette en main. Elle vit venir à elle la baguette toute rose de Mali d'un simple accio, puis regarda la silhouette de son bien-aimé du coin de l’œil.

Chance pour faire l'Alohomora sans que Magouille ne s'en rende compte :

Myosotis Grandiflore a effectué 1 lancé(s) d'un (CARTE CHANCE.) :

6

-Vous ne pensiez pas qu'un tel sort était faisable, hein, Saussurus ? Ça vous coupe la chique, n'est-ce pas ! se vantait Magnus Magouille à quelques enjambées de la cage. Et j'ai fait ça tout seul, et sans Moustache !

-Magnus, votre humilité vous honore ! répartit Saussurus. Vous êtes assurément la Magie incarnée. Et vous êtes très séduisant, ce qui ne gâche rien !

-Je sais !

Les deux éclatèrent d'un rire satisfait. Profitant de leur inattention, Myo agita sa baguette et la porte de la cage s'ouvrit. Malicia posa un pas craintif hors de sa prison.

-Tu es libre ! fit Myo en souriant.

-Merci beaucoup ! fit la métisse.

-Tu ne feras rien pour nous empêcher de prolonger le sort, hein ? fit la Gamma naïvement.

Mais Malicia avait déjà disparu, grimpant quatre à quatre les escaliers du Stade et se fondant dans la foule. Elle s'assit sur un banc :

-D'ici, je devrai voir arriver Lustucru et Curie... fit-elle.

Brusquement, un groupe d'étudiants se mit à s'insulter. Il ne fallut pas attendre longtemps avant que la dispute ne tourne en pugilat. Sans le vouloir, la métisse fut happée dans le groupe et entraînée malgré elle très loin de sa place initiale.

Marcus et Titus s'étaient tapis dans l'angle d'un mur, juste à côté de l'escalier qui menait à l'estrade du stade.

Deux mastodontes particulièrement musclés, en costume-cravate noirs, lunettes noires visées sur le nez, se tenaient, bras croisés sur le ventre, en bas de l'escalier. Leurs deux clones attendaient en haut. Deux autres patrouillait autour de la scène en se donnant des airs de shérif. Les deux derniers se tenaient, droit comme des piquets, juste derrière le doyen, qui plaisantait en compagnie de son ami Saussurus.

Myosotis, elle, s'était assise un peu en retrait sur le bord de l'estrade, et fixait amoureusement le doyen, tout en faisant barrière à la cage désormais vide à l'autre bout de la scène.

-Bon, faut qu'on s'organise, décréta Flint.

Il s'accroupit, et dessina un vague plan sur le sol terreux, à l'aide de sa baguette.

-On est là. Les gros bras sont les petits cailloux, là , le doyen, c'est la p'tite racine, et ta copine c'est le grand brin d'herbe. Ok ?

-...mouais, si tu le dis, fit d'une voix peu convaincue Titus, qui se demandait où son coéquipier voulait bien en venir.

-Alors ce que je te propose, c'est qu'on fasse des roulé-boulés là, on atterrit là, on lance un sort de brouillard et pif paf pouf on fait un triple salto qui nous amène là, hop bam boum deux coups de pieds reversés combo coups de boule, on saute jusque là, et on bondit, on rebondit on rebondit on rebondit, on se plaque là, et on commence à ramper, sur exactement 217 mètres. Et à ce moment là, techniquement, on devrait se retrouver juste en dessous de ta copine, il nous suffira de se frayer un passage à travers le bois de l'estrade. Je préconise un sortilège de feu.

Marcus se redressa, pas peu fier de lui, les poings sur les hanches.

Mais la réaction de Reynolds ne fut pas celle escomptée.

-Mouuuuuais, grommela-t-il de mauvaise grâce. Ou alors, on fonce dans le tas, on chope Myo et on repart.

-Ah ouais, c'est pas mal aussi. T'es pas la moitié d'un idiot, mon gaillard ! lança Flint, impressionné.

Le duo PAF / Gamma hocha la tête de concert, puis se mit à courir, en hurlant un cri de guerre d'une voix tonitruante.

De son côté, sur l'estrade, le doyen ricanait en lissant machinalement la moustache qu'il n'avait plus.

-Comme je vous le dis, Saussurus ! affirma-t-il à voix basse, sur le ton de la confidence. La nièce de Vertefeuille me mange dans la main !

-Ah oui ? répliqua ce dernier, particulièrement intéressé.

-Elle n'est pas très finaude, mais avouez qu'elle est agréable à l’œil !

-Je l'avoue, Magnus, je l'avoue ! Et... elle et vous... vous avez déjà... vous voyez ?

-Ça ne saurait tarder, Saussurus ! Cette fille est folle de moi ! C'est mon inégalable charisme, que voulez-vous !

-Vous êtes vraiment le meill...

Mais le professeur de Langues n'eut pas le temps de finir sa phrase : un hurlement rageur se fit entendre :

-PINAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAGE !

Il y eut des bruits sourds de coups et des grognements, bientôt suivis de gémissements de douleur. Deux des mastodontes firent un vol plané, et retombèrent lourdement au bas de l'estrade.

-PINAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAGE !

En alerte, les gardes du corps se précipitèrent vers l'escalier. Le doyen et le professeur ouvrirent eux des yeux ronds.

-Mais qu'est-ce que c'est que ça ?!

Le coéquipier PAF de Titus en avait dans le calbute, ça il devait bien l'avouer : deux des vigiles avaient déjà volé par-dessus l'estrade, et Marcus était déjà quasiment au contact avec les suivants.
Le cowboy "expulsa" d'un coup de baguette son adversaire direct qui partit s'écraser dans la foule sans un cri, une expression de surprise sur le visage, et s'apprêta à rejoindre Myo lorsqu'il aperçut une vieille connaissance se précipiter sur lui avec un rictus de rage :

-Salut coyote ! l'invectiva Titus, ta mâchoire, ça se remet ?

Et sans attendre la réplique du gorille, le ricain brandit sa baguette et s'écria :

-STUPEFIX !!!

Titus Reynolds a effectué 1 lancé(s) d'un (Dé de duel.) :

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Le visage du gorille se crispa dans une expression de haine. Il pointa sa baguette :

-PETRIFICUS TOTALIS !

Le Narrateur a effectué 1 lancé(s) d'un (Dé de duel.) :

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Le gorille fut projeté à terre, inerte. Titus enjamba son corps sans tarder alors que Flint, armé de sa baguette et d'un grand bouclier magique, produit de son entraînement en Défense Gouvernementale, se battait contre trois autres sbires. Le cowboy aperçut son amie aux cheveux verts qui observait éberluée la tournure des évènements et tenta d'attirer son attention :

-MYO !!!

Cette dernière tourna vivement la tête dans sa direction, mais avant que le ricain n'ait pu esquisser un geste, un des gardes du corps du Doyen débarqua sur sa gauche sans crier gare, le poing levé. Prestement, Titus se baissa et laissa l'individu lui foncer dessus emporté par son élan : il se releva d'un coup, alors que son adversaire était juste au-dessus de lui, et le fit basculer, l'envoyant à terre.
Contre toute attente, ce dernier se remit debout, souple comme un félin, la baguette à la main. Surpris, le cowboy n'eut que le temps de le braquer et de crier :

-IMPEDIMENTA !!!

Titus Reynolds a effectué 1 lancé(s) d'un (Dé de duel.) :

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Alors que le doyen insultait ses assaillants, sous l’œil admiratif de Saussurus et de Myo, le sbire que visait Titus rugit :

-INCARCEREM !

Le Narrateur a effectué 1 lancé(s) d'un (Dé de duel.) :

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-Gardons espoir, ce n'est pas trop tard ! Woh, oh, ooooooooooh! ♪Notre estimé doyen nous sauvera dès ce soir ! Woh, oh, oh, oh ! Oooooooooooooooooh ! ♫

-CHANTONS DONC LA CHANSON DE L'ESPOIR ! ♪chanta à tue-tête Drago.

Allongé sur le sol carrelé des seules toilettes qu'il ait pu trouver à sa portée, Drago, la chemise déboutonnée, eut un petit rire en entendant des Professeurs de la WOW brailler leur rengaine infernale. Il considéra le plafond qui tournait autour de lui. Visiblement, et à son grand regret, ses tentatives pour se saouler à mort et oublier ses peines avaient lamentablement échouées.

Cette capacité devait lui venir de son alcoolique de mère et il devait se résigner à finir comme elle, et à noyer continuellement son malheur dans la boisson sans jamais espérer que ses tourments s'achèvent. Afin d'accélérer son trépas, il devrait trouver quelque chose de plus létal. Tiens, pourquoi ne se mettrait-il pas à fumer ?

-THE SONG OF HOPE ! THE SONG OF HOPE ! ♫ meugla la voix de Miss Krapull à ses oreilles.

Le blondinet se releva, tenta un instant de trouver son équilibre et sortit des lieux en titubant et en pouffant. C'était, il devait bien le dire, assez comique. A défaut d'oublier l'humiliation qu'il avait subie, le fait de lutter pour ne pas tomber était fort divertissant. Et puis, il voyait la vie sous un angle différent. Un angle un peu flouté, virevoltant et bizarrement coloré. Peut-être n'aurait-il pas du prendre les étranges pilules chamarrées qu'on lui avait proposées dans le troquet où il avait passé la journée. Oh, au diable les convenances, c'était si amusant !

Il avança vers le terrain de Quidditch et remonta le long d'un couloir, zigzaguant de mur en mur, hilare.

Brusquement, il se figea et ouvrit des yeux hallucinés. Le terrain était immense. Et il tournait dans tous les sens. Des milliers de personnes l'entouraient et sur l'estrade, Magouille et ses sbires semblaient en proie à la panique. Brusquement, un éclair fusa à côté de l'oreille de Drago, qui se plaqua contre le mur des gradins, l'air affolé. Soudain, quelque chose le frappa, comme une révélation :

-La mort est partout. murmura-t-il.

Il se mit à frôler les murs, terrifié.

Brusquement, il buta contre quelque chose et trébucha : Om qui gisait à ses pieds ouvrit les yeux.

-Où... où suis-je ? fit ce dernier.

Il regarda autour de lui, considéra avec des yeux étonnés la bataille qui avait lieu non loin et saisit le bas du pantalon de Drago :

-Par Kali ! Tu m'as sauvé !

Il se releva et le blondinet le dévisagea : ce visage... cette façon de parler... il reconnaissait tout cela !

-Oui, Marcus, je t'ai sauvé ! Sauvé de toi-même ! cria Drago avec un large sourire.

Il saisit l'indien surpris par le col et regarda autour de lui comme une bête traquée :

-Ils sont partout. fit-il avec une voix d'outre-tombe. Ils attendent le moindre de nos faux pas pour nous tuer comme de vulgaires véracrasses !

-Vr... vraiment ? bredouilla son interlocuteur, en regardant autour de lui, inquiet.

Le blondinet le secoua avec des yeux exorbités et cria :

-PUISQUE JE TE LE DIS, SOMBRE IMBÉCILE ! ILS VEULENT NOTRE MORT !

Il lâcha Om et se mit à avancer :

-Maintenant, suis-moi et soyons prudents ! Ils ne nous auront pas aussi facilement !

Il éclata d'un rire maniaque, esquivant les sorts perdus du combat avec une fascinante dextérité.
Finalement, les deux garçons se mirent à courir.

En voyant les premiers gardes du corps tomber, le doyen se cacha derrière le professeur Sausurrus, qui faisait pourtant trente bons centimètres de moins que lui.

-Ah comment osent-ils ?! A trente minutes de mon triomphe ! s'exclama-t-il.

Toujours en utilisant le professeur de Langues comme bouclier, il s'approcha du bord de la scène, et baissa la tête vers les professeurs, assis en contrebas :

-Qu'attendez-vous pour protéger votre doyen, bande de jean-foutre ? les houspilla-t-il.

Les professeurs se regardèrent, et se mirent à ricaner en pointant le chapeauté du doigt.

-Alors Magnus, on est en fâcheuse posture ? railla Sancœur.

-Je vous aiderai quand vous cesserez de passer cette horrible chanson en boucle, cracha Schneider.

Le doyen serra les poings, et les noya sous un flot d'insultes :

-Ânes bâtés ! Faquins ! Emmanchés ! Coquins ! Fripouilles ! Canailles ! Gibiers de potence ! Je me vengerai sur vos salaires, vieilles carnes ! Ça n'en restera pas là !

Myo, qui avait assisté à la scène, ouvrit des yeux ronds :

-Quelle fougue ! J'aime les hommes de caractère ! soupira-t-elle, bienheureuse.

Une voix qu'elle connaissait bien la fit sursauter : c'était Titus, qui venait de bondir sur l'estrade en l'appelant.

-Titus ? articula la jeune fille verte, interdite.

C'était donc lui qui attaquait ainsi le doyen ? Mais pourquoi ? Pour la chercher, elle ?

Étrangement, cette idée la réconforta. Les Gammas lui avaient quand même manqué ces deux derniers jours, et elle avait eu peur que Titus, qu'elle considérait comme son meilleur ami, ne veuille plus jamais lui adresser la parole.

Elle allait s'avancer vers lui, lorsqu'elle le vit lancer un sort sur un des hommes de Magouille.
Ce dernier répliqua, et le cowboy se fit avoir et retomba lourdement sur le bois de l'estrade, saucissonné comme un veau après un rodéo.

-TITUS !

Myosotis sentit son cœur manquer un battement.

Sans qu'elle n'eut le temps de réfléchir à ce qu'elle faisait, son instinct la fit bondir et dégainer sa baguette sur le garde du corps musculeux qui ricanait devant le cowboy ligoté.

-STUPEFIX !

Myosotis Grandiflore a effectué 1 lancé(s) d'un (Dé de duel.) :

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Le sbire se retourna et visa Myo :

-JAMBENCOTON!

Le Narrateur a effectué 1 lancé(s) d'un (Dé de duel.) :

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-PINAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAGE !

Torse nu, couvert de sang frais, un large sourire carnassier aux lèvres, Marcus atterrit sur l'estrade, dans une roulade parfaitement maîtrisée.

Il se releva, fit craquer ses phalanges, fit craquer son cou, et jeta un regard expert autour de lui.

-Mais qui diable êtes-vous ? cracha Saussurus, derrière qui se cachait toujours ce pleutre de doyen.

-Qui êtes-vous ? Qui êtes-vous ? répéta le piaf multicolore sur l'épaule du prof, en secouant ses ailes.

Le PAF ignora les questions, et se mit à sprinter en direction du dernier garde du corps encore debout. Ce dernier, un peu décontenancé, écarquilla les yeux et pointa sa baguette vers son adversaire.

Mais il n'eut pas assez de temps pour réagir.

Avec la dextérité d'un félin, Marcus se pencha pour ramasser le cowboy saucissonné, et du même geste, envoya le sbire au sol , d'un coup de pied savamment placé.

Il plaça son ami Gamma sur son épaule droite, puis plissa les yeux, histoire d'analyser la situation. Il courut comme un dératé vers Myosotis, qui gémissait sur le sol, les jambes comme paralysées. Il la souleva comme un sac à patates, et la positionna sur son épaule gauche.

Ensuite, il se rapprocha du bord en deux bondissements agiles.
Dos au vide, il sauta en arrière, en hurlant une dernière fois son cri de guerre.

En une demi-seconde, il disparut du champs de vision de Saussurus et Magouille, qui n'en croyaient toujours pas leurs yeux.

Sans cesser de hurler, Om et Drago zigzaguaient comme ils pouvaient entre les jets de sorts qui fort heureusement commençaient à se raréfier.

Nous allons mourir dans d'atroces souffrances !!! NOOOOOON !!! Je refuse de me trouver mêlé à une rixe sorcière, je n'ai jamais donné mon accord pour ce genre d'horreur ! Tout ce que je voulais, c'était participer à cette enquête truculente, c'est tout ! Je... Tiens, nos camarades étudiants ont cessé les hostilités ?

En effet, autour des deux jeunes sorciers, les sortilèges avaient quasiment stoppé, à mesure qu'ils s'étaient éloignés du terrain où se trouvaient le Docteur Magouille et sa clique, pour s'enfoncer dans la foule d'étudiants. Hors de danger, Drago exultait.

-HA ! Ces imbéciles ne savent décidément pas viser ! Un Malefoy ne se laisse pas prendre aussi facilement !

Esquissant un pas triomphant, le dandy encore sous l'influence de la boisson manqua de perdre l'équilibre.

-Ooooh... un de leurs sorts de Confusion m'a touché ! Il faut que je m'allonge.

-Nooon mon ami ! Il ne faut surtout pas s'arrêter ! s'écria Om en pleine panique. Ils n'attendent que ça pour nous occire !!!

Drago regarda l'hindou sans comprendre :

-Mais de qui diable parles-tu donc ?

-Mais... n'avais-tu point affirmé que les séides de notre Doyen étaient à notre poursuite ?!

-LES SBIRES DU DOYEN NOUS POURSUIVENT ? MAIS QU'ATTEND-TU SOMBRE CRÉTIN ? COURRONS !!!

Sans laisser à Om le temps de répliquer, le jeune Malefoy prit ses jambes à son cou, ne laissant d'autre choix à l'indien que de le suivre. Drago n'eut toutefois pas le temps d'aller très loin, car il percuta de plein fouet une silhouette imposante et se retrouva à terre. Secouant la tête, il leva les yeux et découvrit, stupéfait, son meilleur ami Marcus Flint qui transportait Titus et Myo sur ses épaules.

-Ben alors Malefoy ? Kes'tu fous là par terre ?

-Mar... Marcus ? Mais alors, qui me suit depuis le début ?

Marcus considéra Drago en plissant les yeux.

-Ma parole, mais t'es complètement défoncé ! T'es parti à une sauterie sans moi ! Pourquoi tu m'as pas appelé, faux frère !

Drago sembla se rappeler de quelque chose, et ses épaules se courbèrent comme sous un lourd fardeau.

-Oh c'est vrai. Mali ne veut plus de moi et ma vie est fichue, marmonna-t-il avant de se murer dans le désespoir, ses yeux dans le vague.

Om Rajesh Kapoor considéra son compagnon d'infortune d'un œil admiratif.

Par tous les dieux, même dans la tragédie il reste digne. Ce Drago était en concubinage avec la sublime Malicia ? Je comprend mieux pourquoi il est si triste. Il n'empêche, quel séducteur !

Marcus leva les yeux au ciel :

-Mais bien sûr qu'elle veut plus t'revoir ! Tu l'as traitée comme une raclure de scroutt !

Drago baissa tristement la tête :

-Oui, mais c'était MA raclure de scroutt...

-D'ailleurs, fit Flint sans tenir compte de ses propos, j'crois bien qu'elle t'as remplacé ! Et par un rude gaillard, hein ! Trente-cinq ans, deux mètres cinquante, tu lui arrives pas à la cheville !

A ce moment, la voix de Titus se fit entendre :

-Dites les filles, ça vous dérange pas d'échanger vos potins ailleurs ?

-J'AI MAL AUX JAAAAAAAMBES ! gémit Myo.

-Yep les gars ! s'exclama le PAF. On va se mettre à couvert !

Il partit au trot se fondre dans la foule, suivi de près par Drago et Om.

Lucrécya et Curie étaient parvenues à leur but plutôt facilement. Maintenant, il ne leur restait plus qu'à trouver Malicia, puis attendre que la potion fasse effet.

Lulu était confiante. Le plus dur était derrière elles ! En plus, elle avait l'impression qu'elle commençait à s'habituer au poids de sa robe : elle marchait beaucoup plus facilement à présent.

-Au fait, merci de ne pas t'être moquée, fit Curie, en lui souriant.

La batteuse leva un sourcil :

-Me moquer ? Mais de quoi ?

-De la cabane des Insus. Je sais qu'elle ne paye pas de mine, mais c'est tout ce qu'on a.. c'est notre maison, quoi.

Lucrécya cligna des yeux.

-Tu n'as pas vu le bouge immonde dans lequel j'ai grandi, soupira-t-elle. J'étais à l'Orphelinat Ste Miquette, c'était... juste horrible. Et votre maison, c'est le grand luxe, à côté.

Elle soupira et décréta :

-Cessons de ressasser le passé ! Allons sauver Mali !

-Oui ! Bien parlé ! acquiesça Curie. Oh, mais avant, cachons les amulettes : il ne faudrait pas qu'on cause du tort à Mama Ogg !

-Tu as raison.

Lulu cacha le pendentif sous sa robe, tandis que Curie faisait glisser le sien sous son T-shirt. Subitement, l'Alpha Alpha Alpha se figea :

-Attends un peu !

Elle fronça les sourcils, en proie à une grande réflexion.

-C'est blindé de monde là-dedans. Comme pendant le discours du doyen, le jour de la rentrée !

-Effectivement, admit Curie.

-Pendant le discours, j'avais voulu rejoindre Malicia, mais j'avais eu beaucoup de mal à me frayer un passage dans la foule. Je sais pas si tu as remarqué, mais je ne suis pas très grande.

Curie regarda de toute sa hauteur la lilliputienne, et sourit.

-En effet, maintenant que tu le dis... dit-elle, diplomatiquement.

-Alors, attends juste deux secondes !

Lucrécya sortit sa baguette et l'agita dans les airs :

-Accio Cumulonimbus !

Il ne fallut pas attendre bien longtemps avant de voir un éclair vert étincelant fuser dans le ciel. C'était un beau balai flambant neuf, couvert d'autocollants du groupe de magimétal Les Dragons Rouges de la Haine. Il s'arrêta devant la petite batteuse, qui le prit en mains.

-Maintenant, on peut y aller.

-Ok.

Les deux franchirent avec prudence la barrière magique qui scintillait autour du stade.

-Effectivement, c'est beaucoup plus facile d'entrer que de sortir ! affirma Curie.

Elles s'avancèrent dans l'entrée du bâtiment. Deux grands escaliers, de part et d'autre des jeunes filles, s'envolaient vers les gradins, d'où on entendait un brouhaha de tous les diables. Lulu et Curie préférèrent rejoindre directement le centre du terrain, au milieu duquel leur amie était gardée prisonnière.

Mais lorsqu'elles atteignirent à la pelouse, les deux amies écarquillèrent les yeux : une foule compacte s'étendait de devant elle et montait sans discontinuité jusqu'au plus haut des gradins. Les gens qui la composaient hurlaient tous, sur les nerfs. La grande majorité en était venu aux mains. Des étudiants de tout âge, toutes fraternités confondues, se rouaient de coups, se mordaient à qui mieux mieux, et agitaient leurs baguettes dans tous les sens.

Un éclair grésillant fusa et manqua de toucher Curie, qui pesta :

-Mais ils sont devenus fous ?

Lucrécya enfourcha son balai, ce qui ne fut pas une mince affaire, avec son jupon bouffant :

-Grimpe derrière moi !

L'ébouriffée acquiesça en s'exécutant, et le duo prit de la hauteur, avec grâce. Mais, vu du ciel, la situation paraissait encore pire. Curie mit sa main sur sa bouche :

-Oh mon Dieu, mais c'est une vraie guerre !

En effet, où qu'elles posaient les yeux, elles ne voyait que des étudiants en train de se chahuter. Sans doute un effet secondaire de l'enfermement. Cette abominaffreuse chanson qui passait en boucle ne devait pas aider à l'apaisement non plus.

Ladite chanson qui était à un volume encore plus fort en altitude, comme put s'en rendre compte nos deux amies.

-N'oublions pas notre but ! Sauvons Mali ! fit Lucrécya, qui devait hausser la voix pour se faire entendre.

Elle fit virevolter son balai jusqu'au dessus de l'estrade, et fronça les sourcils. La cage était vide. La traîtresse aux cheveux verts était introuvable. Et ce n'était pas Marcus qui venait de sauter du bord de la scène ?!

-Où est-elle ? demanda Curie, en regardant par dessus bord.

-Elle a du trouver un moyen de s'échapper !

-Tu veux dire qu'elle est dans la foule ?!

Un bref silence passa entre les deux jeune filles.

-On ne la retrouvera jamais ! gémit l'Alpha.

-Mais si ! Rappelle-toi : elle était habillée d'une nuisette pleine de froufrou ! Il ne doit pas y en avoir beaucoup comme ça !

Lulu acquiesça :

-Tu as raison ! Regarde bien à ta gauche, moi je me focalise sur la droite !

Elle donna un coup d'accélération à son Cumulonimbus, et fit plusieurs aller-retours au dessus de la population en furie.

-Là ! Elle est là-bas ! finit par dire Curie, exaltée.

Lulu plissa les yeux, et finit par reconnaître le froufrou de la fameuse nuisette, sur une peau foncée. La pauvre jeune fille qui en était vêtue se cachait tant bien que mal, accroupie derrière une colonne.

-Oui, on dirait bien que c'est elle !

Lulu accéléra encore davantage, et atterrit avec souplesse juste devant la colonne. Suivie de près de Curie, elle bondit à terre et courut vers Malicia, qui tremblait, recroquevillée sur elle-même.

-Enfin, on t'a trouvé ! soupira-t-elle, soulagée

Curie aida la jeune fille à se relever, et Lucrécya fronça les sourcils en voyant le visage de cette dernière :

-Amalia ?!

Amalia Jones, car c'était bien elle, se jeta dans les bras de l'Insu, qui ouvrit des yeux ronds.

Oh lala c'est terrible, terrible ! fit-elle d'une voix traînante et monocorde. Tout le monde se bagarre et moi je veux pas, je viens tout juste de me faire ma manucure ! C'est terrible !

-Mais... tu portes la nuisette de Mali, non ? demanda Curie, un peu stupéfaite, en se dégageant de l'étreinte de la co-présidente du Club de la Mode.

-Oui, j'ai refait toute la garde-robe de Malicia, elle en avait bien besoin, la pauvre ! Je lui ai acheté exactement les mêmes vêtements que moi ! Comme ça elle est sûre d'avoir bon goût ! En plus j'ai vu des vingtaines de filles qui avaient la même nuisette aujourd'hui ! C'est la nuisette à la mode !

A peine eut-elle finit sa phrase qu'elle se fit harponner par deux sorciers qui s'invectivait, et se noya dans la foule en hurlant :

-Naaoooon je me suis cassé un ongle !

D'autres étudiants en pleine rixe se jetèrent les uns sur les autres, et entourèrent de toutes parts les deux sorcières. Lucrécya sortit sa batte et en repoussa quelques uns, mais il en venait toujours plus.

Curie eut le réflexe de grimper sur le balai avant que la foule se referme sur elle, et fit monter Lulu à l'aide d'un sort de lévitation.

Cette dernière la remercia, s'installa à l'avant du Cumulonimbus tant bien que mal, et le fit fuser le plus haut qu'elle put, juste sous la barrière magique.

-Rhaaa  ! Et comment on va la retrouver, maintenant ?!

Comment avait-elle pu croire que le plus dur était derrière elle ?!

Mettre la main sur Malicia dans ce stade surbondé, sans miroir à double sens ni hibou, serait aussi facile que trouver une minuscule aiguille dans une gigantesque botte de foin.

Andrew reluqua en coin Malicia et cette dernière referma prestement sa cape en rougissant, gênée. Décidément, les mecs lourdingues s’étaient infiltrés dans toutes les fraternités. Les Zeta avaient raison. Si seulement elle avait eu son pyjama en pilou… Elle soupira en essuyant discrètement sa main.

-Bon, allons-y ! fit Kim.

-Allons par là ! proposa Griselda.

Les quatre étudiants tentèrent de fendre la foule. Ils coururent pendant de longues minutes, se frayant un chemin parmi des milliers d’étudiants énervés d’être là. De temps à autre quelqu’un poussait la chansonnette et entraînait les gens autour de lui dans une danse effrénée. A d’autres moments, les sorts fusaient au-dessus de leurs têtes. Au-dessus de tout ce ramdam, l’immonde chanson du soi-disant espoir mettait les nerfs de tous à rude épreuve. Nos camarades finirent par s’arrêter.

-Il y a trop de monde ! fit Malicia. Essayons de l’autre côté.

Les quatre sorciers repartirent au pas de course. Finalement, ils stoppèrent à nouveau :

-Je crois que j’ai déjà vu ces deux Insuffisants… fit remarquer Andrew.

Crabbe et Goyle leur sourirent en se curant mutuellement le nez.

-Oui, moi aussi je me rappelle de ça… confirma Kim en grimaçant.

-On est revenu à notre point de départ ! s’écria Griselda. Ou à notre point d’arrivée, je ne sais plus trop bien…

-Bon, on fait quoi ? demanda Kim.

Le groupe soupira de concert. Brusquement, Griselda pointa quelqu’un du doigt :

-LA-BAS ! HARRY POTTER ! JE LE VOIS !

Kim fendit la foule, suivie de ses amis, en direction de la personne que désignait la folle aux lethifolds. Quelques enjambées plus tard, elle se figea :

-T’es sûre que c’est Potter ? demanda-t-elle.

-Aussi sûre que mon lethifold est un lethifold ! affirma Griselda.

-C’est pas un lethifold… marmonna Andrew. C’est un chiffon sale. Et quand bien même ça serait un lethifold, il faudrait l’appeler par son vrai nom, à savoir moremplis !

-T’aurais pas dû dire ça… chantonna Malicia en regardant ailleurs.

L’irlandaise plissa les yeux jusqu’à ce qu’ils ne soient plus que des fentes noires :

-Tu as beau être le chef des Pi Omicron Pi, je n’hésiterai pas à te couper la tête pendant ton sommeil si tu répètes ça.

Le garçon ouvrit des yeux ronds :

-Euh…

-Ca suffit Griselda, laisses tranquille mon frère !

Kim approcha Harry Potter et lui colla sa baguette contre le dos.

-Si tu bouges, je te stupéfixe. Siffla-t-elle menaçante.

-Le Dragon de Jade a beau souffler sur le roseau, il ne pourra pas le faire plier en vain. Répartit tranquillement « Harry » avec un accent asiatique prononcé.

Il ne se retourna pas.

-Euh… Kim ? fit Malicia.

La batteuse ne lui prêta pas attention :

-Alors on a essayé de nous échapper ? Mais même avec un déguisement, tu ne t’en sortiras pas comme ça !

-Que voulez-vous dire ? demanda son interlocuteur d’une voix chevrotante. Le soleil de ma compréhension s’est glissé sous les nuages obscurs de vos pensées.

-Ouais, pas la peine de faire le malin. On sait tous ici ce que t’as fait ! s’écria Kim.

-Kim ? Retenta à nouveau Malicia de sa voix aigüe.

« Harry Potter » reprit la parole :

-Le Tigre et la Panthère ont beau être similaires, aux yeux du sage vénérable, ils sont aussi différents que le Ciel et la Terre.

Kim ouvrit des yeux ronds :

-Hein ?! fit-elle.

L’homme se retourna :

-Il semblerait que vous vous soyez trompée de personne, honorable mademoiselle.

Kim considéra avec surprise le vieillard chinois qui se tenait devant elle. C’est le moment que choisit Griselda pour s’écrier :

-Harry Potter ! C’est bien lui ! Je vous l’avais bien dit !

Malicia s’approcha :

-Mr San Sou Si ! fit-elle, penaude. Je suis désolée, mon amie vous a pris pour quelqu’un d’autre !

Le tenancier de l’épicerie se courba :

-Ce n’est pas grave, petit scarabée. Sur le chemin de la sagesse, la vile pierre peut être prise pour l’éclatant lotus.

Il se rassit.

Kim se retourna vers ses camarades :

-Pourquoi vous m’avez pas avertie plus tôt ?

Malicia baissa la tête, penaude :

-Ben j’ai essayé mais tu m’as pas écoutée…

-En même temps, comment tu peux croire tout ce que dit ta coloc ? Elle a pas toute sa tête… fit Andrew.

-Il a raison ! Il a toujours raison, notre chef ! C’est le plus POP de tous les chefs ! s’écria Griselda sous l’œil médusé de ses compagnons.

Malicia lui sourit :

-Et tu es la plus folle de toutes les irlandaises !

Griselda lui saisit les mains :

-C’est la plus belle chose qu’on m’ait dite de ma vie !

-Bon, allez on s’arrache, fit Kim. Faut qu’on trouve ce Potter.

Griselda s'avança à grandes enjambées vers Potter, suivant sa coloc déguisée en prostituée de bas étage, le Maître des POP en pyjama, et la métisse Zeta entourée d'une cape trop longue mais trop étroite.

-Encore vous ! siffla le binoclard en pointant sa baguette sur eux. Vous voulez finir le boulot, c'est ça ?

Sa fan couina de peur, et se cacha derrière son héros balafré. Ce dernier bomba le torse :

-Ah ah, je suis sûr que vous n'oserez pas me frapper en publi...

*PAF*

Le poing de Kim heurta avec violence le menton de l'ex-Gryffondor, qui retomba en arrière et, sous les yeux effarés de ses groupies -les vraies, cette fois-, commença à pleurnicher.

-Aïeuuuuh mais-euuuuh pourquoi t'as fait ça-euh !

En voyant leur idole renifler et gémir comme un enfant de quatre ans, les jolies filles qui l'entouraient se dispersèrent, déçues.

Cela n'échappa pas à Harry, qui essuya ses larmes d'un revers de manche, et pointa Kimberlie du doigt :

-Tu vas me le payer ! Toi et tes amis ! Je vais vous dénoncer ! Je vais porter plainte contre vous et vous allez finir vos jours à Azkaban pour avoir voulu tuer le Héros National que je s...

-OUBLIETTES !

Un grand flash blanc éclata.

Mali, Kim et Andrew, surpris, se tournèrent vers Griselda, dont la baguette se tendait vers Potter. Puis les trois regardèrent à nouveau vers le balafré, qui fixait le vide avec les yeux ronds.

Le chef des Pi Omicron Pi soupira, et l'aida à se relever :

-Ca va ?

-Oui, mais... euh... comment je suis arrivé là ?

-Tu es tombé, grogna Kim, en se frottant le poing.

Harry sourit à Malicia et Kimberlie, et se passa la main dans les cheveux pour les peigner :

-Bonjour mes beautés à la peau caramel, je ne pense pas que nous ayons déjà été présenté. Qui êtes-vous ?

-Personne ! s'empressa de crier Malicia. Et on doit y aller !

Suivie par ses amis, elle s'échappa et se fondit dans la foule.
Après s'être suffisamment éloigné pour perdre Potter le dragueur , le petit groupe s'arrêta, sur un escalier où la foule était un peu moins dense, pour faire le point.

-Bon, au moins, Harry Potter n'est plus un problème, soupira Kim.

-Je te sens frustrée, se moqua son frère. Tu aurais voulu le cogner plus ?

La batteuse ne daigna pas répondre. Griselda haussa les épaules :

-Bon on fait quoi maintenant ? T'as une idée Mali ?

Elle se tourna vers la jeune fille en nuisette à froufrou, qui se gratta la tête d'un air hébété.

-Alala non moi j'ai pas d'idées hein !

-Euh, je suis là Griselda.

Gri tourna la tête, et se trouva nez à nez avec Malicia.
L'Irlandaise fronça les sourcils, et se tourna à nouveau vers la jeune fille noire, à sa gauche. Puis vers Malicia, dans la même nuisette, à sa droite. Puis vers la fille en nuisette. Puis vers Mali en nuisette.

-LETHIFOLD JE VOIS DOUBLE JE SUIS EN TRAIN DE DEVENIR FOLLE ! cria-t-elle, les mains sur le visage.

Andrew la regarda avec dépit.

-T'es idiote ou quoi ? soupira sa colocataire en secouant la tête.

-Voyons, Griselda ! C'est Amalia Jones ! expliqua Malicia. Elle était chez les Serpentards l'an dernier, comme toi !

-Oui c'est moi, répliqua l'ex-Serpentard en question, la bouche bée.

-Mais alors c'est qui la vraie Mali ? gémit Griselda, complètement larguée.

-C'est moi ! firent Malicia et Amalia.

-Oh, toi aussi on te surnomme Mali ?

-Alala toi aussi ? Mais quel hasard ! C'est comme si on était sœurs !

Kim leva la main pour faire taire les deux Zeta :

-Oui c'est très intéressant, mais on devrait en revenir à notre enquête, non ?

-Oui, c'est vrai, soupira Mali. Je ne sais même pas si Lulu et Curie ont réussi de leur côté. Et elles vont avoir besoin de moi pour lancer l'antidote.

-Quand tu dis Lulu, tu parles de Rincevent ? fit Amalia, la bouche toujours entrouverte.

-Oui !

-Oui, je crois qu'elle te cherchait, elle était avec une grande maigre toute ébouriffée !

Malicia sourit :

-Ah, Curie ! Ça veut sûrement dire qu'elles ont le livre ! Si au moins on pouvait les contacter d'une manière ou d'une autre...

-Tu peux donner un message à mon Lethifold, et il ira leur apporter ! proposa l'Irlandaise, son chiffon sale autour du cou.

-Euh, non, merci, ça ira...

-Tu peux utiliser mon Miroir à Double-face, sinon !

La folle sortit son petit miroir de poche et le tendit à la Zeta :

-Hiii Grigri, c'est une super idée !

-Je sais. Je suis un génie.

-Ça dépend pour quoi, ne put s'empêcher de lâcher Kim, qui, en manque d'action, commençait à s'ennuyer.

Malicia plaça la petite glace devant son visage :

-Lucrécya Flint !

Le petit miroir scintilla un moment... puis rien. La métisse eut l'air très déçue :

-Elle ne doit pas avoir son miroir sur elle...

-Bon, on fait quoi alors ? demanda Kimberlie en croisant les bras.

-On devrait réunir toute notre équipe, on va avoir besoin du plus de monde possible pour lancer le sort qui va avec l'antidote, expliqua Mali. En espérant qu'on puisse mettre la main sur la potion à temps...

Griselda reprit son miroir, et récita en s'esclaffant :

-Mon Grand Poiluuuuuu Titus Reynolds !

Au bout de quelques secondes, le visage peu amène du cowboy apparut :

-Quoi encore ?!

-Sâââââââlut mon amoureux !

-Oh bordel, manquait plus qu'elle.

-Ça va ? La forme ? Quoi de neuf ? Et la famille ? Et la santé ? Et... ARF !

Kim lui arracha le miroir des mains, et soupira :

-Salut, parrain. On s'est... disons... occupé du cas Potter. Et vous ?

-On a récupéré Myo. Et aussi l'hindou et l'autre lopette blonde au passage.

-On devrait se rejoindre ! Vous êtes où ?

-Juste devant l'entrée nord, en bas des gradins. On bouge pas, mais tardez pas trop, y'a des pampins qui n'attendent que de se foutre sur la gueule, j'sais pas si je vais tenir longtemps avant d'en étrangler un ou deux.

Kim raccrocha, et se tourna vers sa petite troupe :

-Allons-y !

-Ouiiiii ! s'enthousiasma Griselda, toujours heureuse de retrouver son chéri.

-Diffindo... murmura Marcus avec concentration, en passant précautionneusement sa baguette le long des cordes emprisonnant Titus.

Les liens qui saucissonnaient le cowboy se tranchèrent net un à un, et ce dernier se releva prestement en massant ses jointures endolories.

-Merci l'ami.

-Pas de quoi mon gars ! répondit fièrement Flint. C'est beaucoup d'entrainement ! En cours on se fait la main sur des cadavres de gnomes, alors tu penses bien-

-Ok, ok. Je crois que j'ai saisi.

Sans se formaliser, Marcus lui tendit sa baguette avant de se tourner vers son copain Malefoy qui était toujours muré dans le silence, assis aux côtés de Om. Le ricain se tourna alors vers sa consœur Gamma qu'il n'avait pas vue depuis deux jours, et qui se tordait au sol où le PAF l'avait posée sans ménagement, les jambes toujours collées.

-Finite Incantatem.

Les genoux de la jeune fille se décollèrent et Myo poussa un soupir de soulagement. Titus s'accroupit à côté d'elle et cette dernière baissa la tête, n'osant pas croiser son regard.

-Désolée de pas avoir pu t'aider toute à l'heure. Mais tu vois, j'ai pas trop l'habitude de me battre pour secourir des gens.

Titus garda le silence.

-Re-remarque, ça aurait pu être pire, j'aurai pu te stupéfixer toi, à la place du type !

Myo rit nerveusement en tordant ses mains, baissant de nouveau les yeux, visiblement mal à l'aise. Le cowboy ne disait toujours rien, se contentant de la fixer avec une expression indéchiffrable dans les yeux.

-Titus ? fit la jeune sorcière chlorophylle d'une petite voix. Tu voudrais pas genre... parler ? Dire quelque chose ? N'importe quoi ?

Sans dire un mot, le sorcier jeta un regard circulaire vers le ciel de pluie au-dessus du stade. Myo se força à lever les yeux vers lui :

-Cowboy ? Qu'est-ce qui t'arrive ? T'es à ce point en pétard contre moi ? Je le savais... je-

-C'est vraiment un sortilège démentiel que tu as lancé...

-Heing ?

Titus se tourna alors vers son amie, un léger sourire aux lèvres.

-Honnêtement, je savais que t'en resterais pas là après que les PAF aient pris leur raclée, mais CA, c'est bluffant ! Tu m'as scié, ma grande !

-T'es sérieux là ? balbutia Myo, les yeux ronds.

La voix scandalisée de Drago Malefoy se fit entendre :

"COMMENT CA UN GRAND TYPE DE DEUX MÈTRES CINQUANTE ??"

-Depuis le temps, tu devrais savoir que je déconne rarement, répondit le yankee sans prêter attention aux vociférations de l'Alpha.

-Ben, je heu... mer-merci... rougit-elle, décontenancée par la tournure de la conversation. Tu sais, j'ai vraiment aucun mérite.

-Ah non ?

-Non ! clama fièrement la sorcière aux cheveux verts, tout ça c'est grâce à Magnus ! C'est lui qui m'a inspirée, qui m'as donnée la force de me surpasser !

-Aaah ouais, bien sûr... "Magnus". J'l'avais presque oublié celui-là...

Titus, à ces mots s'était rembruni, la légère rancœur qu'il gardait envers son amie revenant à la mention du nom du Doyen Magouille. Il observait Myo avec sévérité à présent, ne sachant trop s'il devait se mettre en colère. Visiblement, la jeune sorcière n'en menait pas large non plus. S'étant aperçue du changement d'humeur du cowboy, elle avait de nouveau baissé le regard.

"PEU IMPORTE FLINT !!! ELLE OUBLIERA VITE CE DEMEURE AUX MUSCLES PROÉMINENTS !!! TU VERRAS, ELLE ME REVIENDRA !!! OUIIII, JE L'AFFIRME, ELLE ME REVIENDRA !!!"

-Myo...

-Ou-oui ?

-Regarde-moi.

La Gamma leva les yeux sur son ami dont le visage ne reflétait pas de colère, à son soulagement.

-Tu comprends bien que tout est allé trop loin, non ?

-Je... je...

-Tu as enfermé des milliers, je dis bien DES MILLIERS étudiants et leurs profs dans ce stade, contre leur gré. Cette bande d'abrutis a déjà commencé à se mettre sur la gueule, bientôt il y aura des blessés graves, si c'est pas pire.

"ELLE REVIENDRA... N'EST-CE PAS ?!"

Myosotis demeura interdite, les yeux tristes. Ils furent bousculés à ce moment précis par un duo d'étudiants aux vêtements déchirés, la baguette au poing qui semblaient fuir quelque chose, une expression de terreur sur leurs visages. Titus sortit de sa morgue et se leva en rugissant après eux :

-BARREZ-VOUS !!! LA PLACE EST PRISE, TROUVEZ-VOUS UN AUTRE REFUGE, LES NAZES !!!

Esquissant un geste rapide vers sa propre baguette, il effraya les deux sorciers qui n'osèrent pas répliquer et s'enfuirent vers un autre coin du stade. Expirant profondément par ses narines dilatées, Titus se tourna vers Myo :

-Tu vois de quoi je parle ? Ça a déjà commencé ! Sans oublier le fait que notre fraternité a frôlé l'annihilation totale hier, et qu'un sacré paquet de nos frères Gammas se sont retrouvés au dispensaire et sont du coup blessés et coincés ici à l'heure qu'il est !

Myo était devenue blanche comme un linge, et promenait à présent son regard sur le cowboy, se rappelant soudain ce qui s'était passé. Même si le jeune Kapoor avait fait merveille, les stigmates de la bataille contre les PAF étaient encore visibles sur le corps du ricain : coupures, bandages de fortune et sang séché...

"JE ME CONTREFICHE DE CE QUE VOUS POUVEZ DIRE, TAS D'IGNORANTS !! MALI ET MOI NOUS SOMMES LIES !! VOUS ENTENDEZ ?! LIES !!!"

-Mais bon dieu, grogna Titus en se tournant vers Malefoy, il va finir par la fermer sa-

Une vibration désagréable se fit ressentir à l'intérieur du manteau du cowboy, et ce dernier en sortit son miroir magique avec mauvaise humeur :

-Quoi encore ?! grogna-t-il en fixant la glace à double-sens.

Le visage aux yeux exorbités de Griselda apparut à son grand désarroi.

-Sâââââââlut mon amoureux !

-Oh bordel, manquait plus qu'elle.

-Ça va ? La forme ? Quoi de neuf ? Et la famille ? Et la santé ? Et... ARF !

L'image gigota l'espace de quelques secondes et le visage de Kim apparut à la place de la folle irlandaise :

-Salut, parrain. On s'est... disons... occupé du cas Potter. Et vous ?

-On a récupéré Myo. Et aussi l'hindou et l'autre lopette blonde au passage, marmonna-t-il en jetant un regard exaspéré au jeune Drago qui vociférait avec de grands gestes devant Om et Flint.

-On devrait se rejoindre ! Vous êtes où ?

-Juste devant l'entrée nord, en bas des gradins, répondit le cowboy en jetant un coup d'œil aux inscriptions au-dessus de la porte devant laquelle ils se trouvaient. On bouge pas, mais tardez pas trop, y'a des pampins qui n'attendent que de se foutre sur la gueule, j'sais pas si je vais tenir longtemps avant d'en étrangler un ou deux.

Sur ce, il coupa la communication et rangea son miroir. Se tournant vers Myo, il s'aperçut que des larmes avaient commencé à couler le long de ses joues.

-J'suis désolée !! Je voulais pas qu'il vous arrive quoi que ce soit !!! sanglota-t-elle.

-Myo...

-Mais tu comprends, fit-elle en tentant de se ressaisir, tout ce que j'ai fait je l'ai fait pour les Insuffisants ! Pour qu'ils aient enfin de meilleures conditions de vie !

Titus leva les yeux au ciel :

-Ma grande, cet escroc de Doyen ne rénovera JAMAIS la Cabane des Omega. Que tu te sois entichée de lui à ce point ne devrait pas te rendre complètement aveugle. Mais admettons que tu aies raison. T'as quand même oublié un élément important.

-Hein ?

Le ricain fit un large geste en direction du stade qui raisonnait à présent du vacarme des sortilèges et des bagarres :

-Tes Insuffisants se trouvent AUSSI dans le stade ! Tu les a amenés ici comme les autres ! A ton avis, tu crois que quand les émeutes vont s'amplifier, ils sauront se défendre contre les étudiants devenus complètement fous ? Pour quelqu'un qui souhaite les aider, je trouve au contraire que tu les a mis dans un sacré merdier...

Sans laisser à son amie le temps de répliquer, il se pencha vers elle, la forçant à le regarder :

-Il reste plus qu'une chose à faire maintenant : arrêter le massacre. Lever ce bon dieu de bouclier que tu as érigé autour du stade !

Myosotis baissa les yeux, désemparée.

-De toute façon qu'est-ce qui m'attends maintenant ? C'est fini, après ce que j'ai fait, les Gammas ne voudront plus jamais de moi...

Titus s'autorisa à sourire :

-Ne t'en fais pas pour ça. En ce qui me concerne, ta place est là-bas.

-C'est vrai ? demanda Myo avec espoir. Tu... tu me pardonnes ?

-Je t'en ai jamais vraiment voulu, répliqua le ricain en sortant une cigarette écrasée de son manteau, se l'allumant du bout de sa baguette. Quant aux autres, crois-moi, ils comprennent ce qui t'arrive, mieux que tu ne le pense.

La jeune sorcière sourit pour la première fois. Titus exhala sa fumée et enchaina :

-De toute façon, si j'ai décidé que tu revenais, ce s'ra comme ça, point barre : n'importe qui peut décréter des trucs chez nous, pourvu qu'il gueule un peu fort.

Cette fois, Myo rit de bon cœur, soulagée. Titus espéra que sa sœur Gamma avait changé d'avis concernant son sortilège vaudou. De toute façon ils ne pouvaient rien faire pour l'instant, à part attendre les autres pour mettre un terme à tout ça.

Les étudiants impatients d'être libérés étaient devenus totalement déchaînés. La foule scandait des slogans contre Magouille, lançait des sorts à qui mieux mieux, et envahissait chaque recoin du stade. Aussi, quand Malicia et ses camarades parvinrent tant bien que mal à l'entrée Nord des gradins, ils étaient débraillés et décoiffés, à force d'avoir joué des coudes et évité d'innombrables sortilèges.
Ils reprirent leur souffle, appuyant leurs mains sur leurs genoux.

Finalement, Malicia releva la tête :

-Salut tout le monde ! clama-t-elle avec un large sourire. Tout va comme vous voulez ?

Elle remarqua que Drago était là et pinça les lèvres. Ce dernier détourna le regard en croisant les bras, visiblement furieux. Elle décida de l'ignorer superbement. Marcus prit la parole :

-Ben j'ai mis la pâtée à l'équipe de Magouille. A part ça, rien.

Il mis ses mains sur ses hanches et éclata de rire.

-ON leur a mis la pâtée. corrigea Titus, en s'allumant une cigarette. Et à part ça, la barrière est toujours là et on est pas dans le pâté.

-Et on a tué Harry Potter ! s'exclama Griselda.

Un long silence suivit cette remarque.

-Griselda, tu viens juste de le passer au sortilège d'oubliettes. Il est plus mort ! fit Kim.

-RHA PAR ST CANACLAUQ, JE ME SUIS TROMPEE DE SORTILEGE ! s'énerva brusquement l'Irlandaise. LE MAÎTRE VA ETRE FURIEUX !

-Bien bien bien bien... fit Malicia d'une petite voix aigüe. On va passer à autre chose, d'accord ? On a plus beaucoup de temps, il faut qu'on trouve un endroit calme pour essayer de lancer l'antidote mais d'abord...Où sont Lulu et Curie ?

Ses interlocuteurs se regardèrent les uns les autres.

-J'ai malheureusement été dans les bras de Shiva pendant un certain temps... fit Om. Et je n'ai donc pu croiser ni ma jeune amie au bâton virevoltant ni la grande Omega aux cheveux dépeignés.

-Je ne les ai pas vues non plus... commença Myo. Mais j'étais très occupée, parce que Magnus...

Devant le regard peu sympathique de l'assemblée, elle se tut.

-Et d'abord pourquoi elle est là ? demanda Kim. Je croyais qu'elle nous avait trahis ?

-C'est vrai ! Elle nous a fait du mal ! Cassons-lui les doigts et coupons lui les jambes ! s'écria Griselda.

Alors qu'elle se lançait sur la fille aux cheveux chlorophylle, Titus lui mit la main sur le visage bloquant l'irlandaise qui se mit à courir sur place en maugréant des injures étouffées :

-Elle est revenue. On en parle plus. la coupa le cowboy.

Kim haussa les épaules, non sans lancer à Myo un regard méfiant. Griselda quant à elle s'était mise à frotter son visage contre la main de Titus, en ronronnant tel un chat de gouttière enamouré.

-Il se pourrait que je les aies croisées. Finit par dire Drago.

Il sembla réfléchir :

-Oui, c'est bien ça, je les ai vues.

-Mais où donc ?! fit Om.

Le blondinet grimaça :

-C'est ma foi, assez flou. A bien y réfléchir, je ne sais même plus où et quand... ça aurait pu être la semaine dernière.

Titus lui mit une claque derrière la tête :

-Réfléchis plus vite !

Drago le fusilla du regard :

-Ca me revient... fit-il. Il y a une trentaine de minutes, elles étaient à côté de la barrière et elles attendaient une certaine Mama Ogg pour les aider à traverser. Elles voulaient que j'aille chercher un livre, mais j'ai refusé, j'avais des choses plus importantes à faire.

-Des choses plus importantes à faire ?! s'exclama Malicia.

Elle s'avança vers lui prête à l'étrangler :

-Des choses plus importantes à faire que de trouver le livre qui contient l'antidote au sort musical ?

Elle se planta devant lui et il ouvrit des yeux ronds:

-J'étais... hum...souffrant. bredouilla le blondinet.

Il leva les yeux au ciel, et sourit :

-Mais ça n'a plus d'importance puisque...

Il désigna quelque chose au-dessus de leurs têtes :

-Elles sont là-haut...

Tous se retournèrent : effectivement, Lucrécya et Curie volaient au dessus du stade.

-Elles doivent être à notre recherche ! fit Kim. Faisons leur signe !

Tous se mirent à faire de grandes gestes et à appeler leurs camarades. Sans succès.

-Et en envoyant des sorts ? fit Titus.

-Avec tous ces abrutis qui se battent partout ?! fit Marcus. C'est raté d'avance !

Malicia se mordit les lèvres. Finalement, elle fit quelques pas en avant et leva sa baguette en l'air :

-SCINTILLE LUCIS ! cria-t-elle.

Aussitôt un faisceau d'étincelles rougeoyantes jaillit dans les airs. Mais le balai ne stoppa pas.

-Je te suggère de l'approcher plus près, chère Malicia... fit Om.

La métisse hocha la tête et s'exécuta. Brusquement, la main de Griselda se posa sur la sienne :

-Et si on leur mettait directement sur la tête ? fit-elle en forçant la Zeta qui poussa un petit cri de surprise.

Le faisceau atteignit de plein fouet Lucrécya. Le balai se mit aussitôt à faire des embardées dans les airs et finit, sous le regard paniqué de l'équipe par piquer vers le sol à toute vitesse et par se crasher non loin dans les gradins.

-CRENOM D'UN BALAI !!!! entendit-on vociférer.

Quelques minutes plus tard, Lucrécya folle de rage s'avança vers eux, suivit d'une Curie un peu secouée :

-QUI EST LA SALETE DE SCROUTT AVARIE DE MES DEUX QUI A FAIT CA ?! hurla-t-elle.

Sous l'oeil affolé de tous, Griselda pointa du doigt Malicia, en sifflotant.