L'étrange Halloween

de Mr Malefoy
AVEC : Drago et Griselda
PRIVÉ / PUBLIC : Privé
DATE : 31 Octobre

Le soleil était levé depuis quelque temps mais Drago n'avait strictement aucune envie d'ouvrir les yeux et de se lever. C'était Halloween. Et il détestait cette fête. Il l'avait décrété depuis peu : il détestait tout ce qui se rapprochait de près ou de loin d'un rassemblement festif. Et Halloween était de loin l'un des pires puisque cette satanée journée demandait un investissement conséquent. Or il n'avait même pas une mornille en poche.

C'était donc décidé. Il ne quitterait pas son lit aujourd'hui. Il n'aurait déjà pas dû le quitter le jour d'avant...

***

Flashback

-Monsieur Malefoy ! s'écria l'infirmière en voyant Drago remonter le couloir de l'infirmerie, les yeux cernés.

L'alpha lui jeta une œillade morne :

-Je suppose que je n'ai toujours pas le droit de sortir ? avait-il demandé de sa voix trainante.

-Bien sûr que non ! Vous vous rappelez de votre dernière petite escapade ?

Le regard de Drago s'assombrit à la pensée de son différend nocturne avec Kapoor. Seigneur. Il n'y avait pas de mot pour exprimer à quel point il haïssait ce cancrelat.

-Vaguement. rétorqua-t-il.

L'infirmière mit ses poings sur ses hanches, grondeuse :

-Et bien, si vous voulez vous rétablir, je vous recommande de vous accorder une semaine de répit.

-Et moi je vous recommande de...

Drago fronça les sourcils :

-Pourquoi diable suis-je en train de perdre mon temps à vous parler ? Vous êtes ici parce que vous n'avez jamais réussi à finir votre diplôme de Médicomagie, alors cessez donc de m'importuner.

Le blondinet passa devant la femme qui le regarda sortir, outrée, et fit quelques pas au dehors. Il pleuvait. Drago grimaça : où allait-il aller par ce temps ? Et la nuit était bien avancée. Il ne savait même pas où il allait dormir ce soir.

Il se tourna vers l'infirmière :

-Finalement, il se pourrait que j'ai encore besoin de vos...

La porte du dispensaire se referma devant son nez et il leva les yeux au ciel.

-Oh, fichtre.

Drago se mit à marcher en quête d'un abri. Il fallait vraiment qu'il apprenne à ne plus être aussi désagréable envers autrui. Il n'avait plus les moyens d'être élitiste. Après tout, il était au plus bas. Mais arriver à passer outre l'habitude de mépriser les autres alors que c'était tout ce que ses parents lui avaient appris à faire s'avérait vraiment difficile. Enfin, maintenant que tous sauf Marcus avaient renoncé à lui adresser la parole cela serait peut-être plus simple.

Le blondinet grelotta sous les torrents d'eau que les nuages déversaient sur l'université, passant devant les maisons illuminées de Mysteria Lane, regardant avec une pointe d'envie les habitants qui vaquaient à leurs occupations, bien au chaud. Il se dirigea vers la résidence de son meilleur ami. Peut-être parviendrait-il à convaincre Lucrécya de le laisser entrer ?

Il arriva devant la maison des Flint et eut l'air déçu. La maison était visiblement vide. Ne restait qu'une solution.

Les cheveux et les habits ruisselants, Drago se mit en route vers les champs Z'Allons-y et parvint quelques instants plus tard à la porte du Scroutt et le Niffleur. Il s'y engouffra et trouvant une chaise près du bar, s'y installa. S'accoudant sur le comptoir, Drago enfoui sa tête dans ses bras, jusqu'à ce que seul le haut de sa tête en dépasse, l'air passablement démoralisé.

-Vous fermez à quelle heure ? demanda-t-il au gérant qui s'approchait de lui pour prendre commande.

-Jusqu'à ce que le dernier client tombe, m'gars. répartit Cormac McCormack en haussant les épaules.

-Vous m'en voyez ravi. marmonna le blondinet. Servez moi 50 verres de votre alcool le plus frelaté. Je ne veux plus savoir qui je suis d'ici cinq minutes.

Les verres apparurent devant lui et Drago en prit un, puis deux, puis trois...

...20 verres plus tard, ou trente il ne savait plus très bien, Drago ne savait effectivement plus qui il était. Ni où il était. Mais qu'importe !

-Et alors, je lui ai dit... commença-t-il d'une voix passablement avinée. Pourquoi m'accuser ? Si tu as perdu ta virginité, tu aurais peut-être dû faire attention à l'endroit où tu l'avais laissé parce que moi, je ne sais pas où elle est !

Drago abattit son verre sur le bar :

-Je vais te dire quel est notre problème. décréta-t-il. Les femmes.

-Man, les femmes sont le fléau de ce monde. fit Ezzechiel qui ruminait à côté de lui. Elles te brisent le cœur et après ton cœur fait plus boum mais boum boum badaboum boum badadadaboum boum badabadabada...

-Parfaitement ! brailla l'alpha, en coupant son acolyte. Regarde-moi, j'avais tout ! Tout ! Et regarde-moi maintenant !

Drago enfoui la tête dans ses mains :

-Tout ce que je veux, c'est Malicia. Et un câlin. geignit-il.

Ezzechiel prit la même posture affligée :

-Moi aussi Man. Bibi me manque tellement.

-On se pousse les losers ! fit une voix éraillée.

Le blondinet releva la tête :

-LUCRECYA ? beugla-t-il, étonné. TOI ICI ?!

La batteuse l'ignora et, se hissant sur le comptoir, se mit en quête du barman. Drago se rapprocha subrepticement d'elle et la fixa. Finalement son ennemie leva les yeux au ciel :

-Crénom d'un balai, quoi, Malefoy ?!

Le blondinet baissa le regard :

-Malicia m'a quitté. fit-il tristement.

Lucrécya ouvrit un œil suspicieux :

-Ouais... ?

-Et maintenant, elle est avec ce faquin de Kapoor.

Le visage de la brunette s'illumina :

-Ouais ! J'suis au courant ! Ça t'emmerde, hein ?

-Oui. Merci de ta compassion.

Contre toute attente, Drago ouvrit grand ses bras à Lucrécya qui ouvrit des yeux ronds :

-Qu'est-ce que tu fous, là ? J't'ai rien dit de gentil !

-Je sais. fit le blondinet avec un petit sourire étonnamment gentil. Mais tu es la seule amie qu'il me reste. Avec Marcus. Et j'ai grandement besoin de réconfort. J'ai besoin d'un câlin.

-HEIN ?!

Lucrécya recula mais Drago la suivit :

-On ne m'avait jamais câliné avant que je rencontre Malicia et j'y ai malheureusement pris goût. Fais-moi un câlin !

L'alpha tenta de prendre Lucrécya dans ses bras mais cette dernière l'esquiva :

-QUOI ?! MAIS NON ! DÉGAGE !

Les deux en vinrent aux mains :

-Fais-moi un câlin, te dis-je ! supplia Drago.

Il réussit à agripper Lucrécya et la serra très fort. Finalement, il baissa le regard vers sa prisonnière :

-Et bien voilà, ce n'était donc pas si difficile n'est-ce pas ?

Lucrécya, rouge de colère, leva un poing rageur...

Quelques secondes plus tard, Drago atterrit dehors, les quatre fers en l'air.

-ET SI TU RÉ-ESSAYES, JE TE TUE ! beugla la batteuse avant de refermer la porte du troquet derrière elle.

La tête de Drago se cogna contre le trottoir mouillé et il perdit aussitôt connaissance.

Fin du Flashback

***

Et c'est tout ce dont le malheureux se rappelait de ce vendredi catastrophique. Il valait mieux qu'il ne sorte plus de chez lui. Ni pour Halloween, ni jamais. Il resterait dans ce lit pour toujours et... mais au fait, où était-il ?

L'alpha ouvrit doucement les yeux... et se figea, horrifié : deux grands yeux hallucinés le fixaient. Ces yeux, c'était ceux de Griselda O'Neil. L'irlandaise, juchée sur lui, était totalement nue et câlinait son torse du bout du doigt :

-Salut mon petit gominé... Bien dormi ?

Drago hurla.

Drago ne pouvait pas s'arrêter de hurler, et avait reculé dans le lit jusqu'à se cogner le dos contre le mur, tout en cachant sa nudité derrière le drap qu'il agrippait comme un damné.

Griselda le fixait de ses grands yeux de cinglée. Une lueur d'inquiétude passa un moment à travers l'illumination de folie :

-Oh, t'as pas bien dormi mon petit gominé ! C'est pas grave, arrête de hurler, il suffit de faire une petite sieste !

Malefoy, paniqué comme jamais, regarda sans y croire l'Irlandaise :

-C'est un rêve, c'est un mauvais rêve, je vais me réveiller d'ici peu, c'est un mauvais rêve... se répéta-t-il inlassablement.

Sans aucune raison particulière, Griselda tendit un horrible chiffon souillé et malodorant à son ''invité'' :

-Fais son bisou de bonjour à mon Lethifold ! rigola-t-elle. Sinon il est ronchon pour toute la journée !

Drago, l'estomac au bord des lèvres, glapit de dégoût, et jeta le torchon sur le sol. Puis il releva les yeux sur Griselda, qui, toujours nue, lui souriait étrangement.

-Que m'as-tu fais, espèce de malade ?! finit-il par articuler.

Tout en gardant son grand sourire carnassier, Gri s'avança vers le blondinet :

-Mais de quoi tu parles ? ronronna-t-elle.

-Que m'as-tu fait ?! Que fais-je donc ici ?!

-Tu m'as demandé que je te fasse un câlin, hier soir, à la taverne... et tu l'as eu ! Tu as même eu beaucoup plus, petit chanceux !

Griselda gloussa, et les yeux de Drago s’agrandirent d'horreur :

-As-tu glissé une potion quelconque dans mon verre pour abuser de moi ?!

-Ahah très drôle, mon petit gominé ! Comme si j'aurais eu besoin de te droguer vu ton état d'hier soir ! Toujours le mot pour rire !

Pour ponctuer ses dires, la garçonne fut prise d'un fou rire et bascula en arrière en se tenant les côtes.

Drago en profita pour se lever, et attraper ses vêtements qui gisaient sur le sol :

-Fichtre je dois quitter au plus vite ce lieu de perdition...

Mais, avec la grâce et la rapidité d'un chat, l'Irlandaise siphonnée bondit hors du lit, et barra le passage du blondinet. Ce dernier grimaça devant le corps de la jeune fille, si maigrichon qu'on lui voyait les côtes. Il finit par se plaquer les mains sur les yeux :

-Oh Seigneur O'Neil, mets donc quelque chose sur le dos avant que je ne me mette à vomir !

-Tu veux te déguiser en quoi pour Halloween ? demanda Gri, sans s'en faire. Maintenant qu'on est amoureux il faut qu'on y aille ensemble, tu ne crois pas ?

-O'Neil, tu es démente !

-Il y a plusieurs écoles, mais dans l'absolu... oui ! Tu veux à nouveau un câlin ?

La jeune fille ouvrit ses petits bras maigrelets et s'avança vers Malefoy, la bouche en cul de poule.

Drago grimaça, sourcils froncés, en toisant son aventure d'un soir. Lui ? Vouloir un quelconque contact physique avec ce sac d'os affligé de démence ?! Il détourna le regard :

-Certainement pas.

Ce qu'il voulait faire paraître comme méprisant, sonna un tantinet faux tant la panique de l'alpha était tangible. Qu'avait-il fait ? Comment cela était-il arrivé ?! Il n'avait jamais nourri ne serait-ce qu'un seul désir envers cette irlandaise. Drago essaya de se rappeler de sa fin de soirée, mais en lieu et place de ses souvenirs un épais nuage noir cryptait ses pensées. La faute sans doute à la quantité astronomique de verres qu'il avait ingurgités. Le vieux McCormack ne s'était pas moqué de lui en lui servant sa détestable piquette. Grand mal lui avait pris de vouloir noyer son malheur dans la boisson.

En enfilant ses habits, Drago se fit le serment de ne plus jamais boire une goutte d'alcool. Ce n'était décidément pas fait pour lui.

-Alors ? demanda à nouveau Griselda.

-Alors quoi ? siffla l'alpha.

La folle sourit :

-A quelle heure on se retrouve pour le bal ?

Drago eut l'air outré :

-Je te demande pardon ?!

-Il faut que j'aille acheter un costume pour moi et mon lethifold, tu comptes te déguiser en quoi, mon petit gominé ?

Les yeux bleus acier du blondinet se fixèrent sur l'irlandaise :

-Je. ne. suis. pas. ton. petit. gominé. articula-t-il.

-Depuis qu'on a passé la nuit à se faire des câlins, oui. clama Griselda.

Elle se jeta sur Drago pour l'enlacer mais ce dernier se déroba et la jeune fille embrassa le mur.

L'alpha poussa un gémissement d'exaspération : la seule pensée de ses ébats nocturnes lui donnaient la nausée. Il était sans doute également temps de renoncer à ce genre de choses. Ce qui serait plus difficile que d'abandonner l'alcool. Beaucoup plus difficile. Cela dit, il n'avait qu'une envie : s'enfermer dans une pièce et ne plus en sortir. Cela lui éviterait probablement les tentations.

-Et si on se déguisait en Roméo et Juliette ? demanda Griselda.

-Je ne crois pas, non. grinça le blondinet en sortant de la chambre.

L'irlandaise le suivit :

-En Mangemort et Mangemorette ?

Drago leva les yeux au ciel : en plus d'être folle, elle était donc niaiseuse ?

-Tu n'es pas sérieuse. siffla-t-il.

-En poison et bézoard ?

-Ecoute-moi bien, O'Neil.

L'alpha avait stoppé net devant la porte de sortie :

-Il n'y a pas de "nous" qui tienne. Je n'en ai rien à faire de toi. A la seconde où je quitterai cette pièce, j'oublierai le souvenir de cette nuit funeste qui ne m'a apporté qu'un profond dégoût de moi-même, ce dont je n'avais certainement pas besoin. A mes yeux, tu n'existes plus et j'attends de toi que tu fasses de même. Ai-je été assez clair ?

Griselda le considéra un instant. Soudain ses yeux se désaxèrent :

-Oh, en concierge et femme du concierge ? demanda-t-elle.

Drago leva les yeux au ciel et lui claqua la porte au nez, avant de s'en aller d'un pas rageur.

Griselda regarda partir Drago, en secouant le bras avec énergie :

-Ok, on se retrouve plus tard mon Petit Gominé !

Elle se laissa retomber sur son lit aux draps défaits, et ramassa son Lethifold avec son pied droit, en le coinçant entre deux orteils :

-T'as vu ça Lethinou ? J'ai un nouvel amoureux ! s'exclama-t-elle en faisant bouger son pied de haut en bas.

Puis, elle se raidit d'un coup, et une ombre passa sur son visage :

-Mais il avait l'air pressé de partir, et il ne m'a même pas dit quel costume il compte porter pour le bal ! On va pas pouvoir être assortis ! C'est une catastrophe ! On va pas être assortis ! Pourquoi est-il parti aussi vite ?!

Puis, ses pupilles s'étrécirent, et elle fronça les sourcils, l'air passablement perturbée :

-Oh mais j'y pense ! Il a du se sentir mal à l'aise à cause des sentiments que j'éprouve encore pour Grand Poilu !

Elle se plaqua les mains sur les joues, abattue :

-C'est évident ! Il a du se sentir en concurrence avec mon adorable Grand P...

Elle se releva d'un coup, et cria :

-OH MON DIEU GRAND POILU ! Je l'avais presque oublié ! Je suis un monstre ! J'ai trompé Grand Poilu avec Petit Gominé ! Mais je les aime tous les deux et ils m'aiment tous les deux ! C'est pour ça que c'est si douloureux de choisir !

L'Irlandaise se rassit doucement, et prit sa tête entre ses mains, torturée :

-Comment faire comment faire comment faire ? Nom d'un farfadet mal fagoté ! Je suis une Pi Omicron Pi, je devrais trouver une solution sans grand problème !

Après une longue période de réflexion, la garçonne releva la tête, un petit sourire aux lèvres :

….Rhooo mais c'est bien sûr ! J'ai une idée géniale, mon Lethifold ! Après tout, il n'y a rien que je ne puisse arranger avec la magie...

Elle partit d'un rire mauvais qui résonna un moment dans sa chambre.



:arrow: Gri va au bal !

-Cette fois-ci, ça y est Suzie ! Avec ce déguisement, à nous l'entrée au Bal et le banquet gratuit !

Dans sa vieille chambre décrépie, le vieux Stan regardait la création qu'il avait cousue de ses mains avec des yeux pétillants et se tourna vers la chaussette qui recouvrait sa main gauche :

-Alors qu'en dis-tu ?

Le vieillard fixa sa "compagne" qui resta muette, et pour cause. Pourtant cela ne sembla pas du tout déranger Stan qui éclata de rire :

-On croirait un vrai ? Tu dis ça pour me faire plaisir... Mais merci, vilaine flatteuse !

Alors que Stan tendait ses lèvres en direction de sa chaussette, quelqu'un toqua à sa porte, l'interrompant dans ses affaires. Le vieil homme eut l'air soucieux :

-De la visite pour le vieux Stany à cette heure-ci ? J'espère que ce n'est pas les représentantes de ce satané club de la Mode auquel j'ai volé le tissu de mon costume...

Il se leva et partit ouvrir en claudiquant, sa baguette cachée derrière son dos, au cas où. A peine eut-il entrouvert la porte qu'il leva les bras au ciel :

-Drago ! Quel bon vent t'amène ?

L'alpha se tenait dans l'embrasure, l'air plus blasé que jamais. Malgré ses habits débraillés, et ses cheveux en désordre, le jeune homme tentait malgré tout de conserver une attitude respectable.

-J'ai besoin d'une douche. Je me sens souillé. fit-il.

-Mais certainement, mon garçon ! s'enthousiasma Stan.

Il tendit à son visiteur un seau d'eau et une éponge au bout d'un bâton, que Drago lorgna avec un regard mêlé de dégout et d'effroi.

-Sinon, il y a les douches communes. proposa le vieillard.

Drago frissonna à cette seule pensée mais finit par se résigner :

-Au point où j'en suis. fit-il en soupirant.

Il tourna les talons et se traîna vers les douches. Là, il passa ce qui devait bien être une bonne heure à désincruster la moindre parcelle de son corps du souvenir de sa dernière soirée. Ces derniers évènements l'avait secoué, il fallait bien le dire. Il n'avait pas coutume de se reprocher quoi que ce soit, mais cette fois, il était allé beaucoup trop loin, foi de Male.. de lui-même. C'en était trop.

Quelques instants plus tard, il revint dans la chambre de son ex-colocataire.

-Revigoré ? demanda ce dernier.

-Vous n'avez pas idée. répondit Drago.

-Alors ça y est ? Tu reviens vivre avec Suzie et le vieux Stany ? s'enthousiasma le vieil homme. On te manquait ?

-Affreusement. ironisa l'alpha.

-Ah la bonne heure ! s'exclama Stanislas. Je savais que tu reviendrais ! C'est pour ça que je n'ai pas vendu ton lit, même quand ce Gamma narcoleptique m'en a supplié !

Le blondinet s'assit sur la couchette délabrée que lui désignait Stan et soupira, non parce que les racontars du vieil homme l'ennuyait, mais parce qu'il se sentait las terriblement las.

-Dis-moi, mon garçon, tu n'as pas l'air d'être au mieux de ta forme.

Drago secoua la tête.

-Je sais exactement ce qui te remettra du baume au cœur ! Une bonne part de tarte à la citrouille, un costume et des musiciens mauvais à te glacer le sang !

Le blondinet considéra Stan. Ce dernier lâcha, souriant :

-Le Bal d'Halloween !

Drago s'adossa au mur et bascula sa tête en arrière :

-Je vous remercie, mais non. Sans façon.

-Allons, mon garçon, insista le vieil homme, Pourquoi être triste? Bon, d'accord, tu es la honte de ta famille, tu n'as plus un sou vaillant en poche, tes amis se méfient de toi, la moitié de l'université veut ta peau et la fille que tu aimes t'as remplacé en moins de temps qu'il faut pour dire "Quidditch", mais à part ça tout va bien !

Drago considéra son interlocuteur :

-Comment diable savez-vous pour Malicia et le reste ?

Stan haussa les épaules :

-Tu ne peux pas imaginer tout ce que l'on entend au McGo... enfin tu le pourrais, si tu venais plus souvent.

-J'étais souffrant. se défendit l'alpha.

-Oui, et maintenant, il est grand temps de guérir ! Un peu de joie te ferai du bien, mon garçon ! Et ne me dis pas que tu ne veux pas aller à ce Bal et lancer quelques citrouilletafors bien sentis au vermisseau qui t'a volé ta copine !

Drago s'apprêtait à réfuter les dires de Stan, mais la fin de sa phrase lui fit lever un sourcil intéressé :

-Mmmh. Vous pourriez bien avoir raison. Changer la tête de Kapoor en citrouille me serait effectivement d'un grand réconfort.

L'alpha bondit sur ses pieds :

-Et bien qu'attendons-nous ? Allons donc au Bal !

Stan lui barra la route :

-Oh là ! Tu veux y aller comme ça ?

-Comment donc ?

-Tu ne te déguises pas ?

Drago eut l'air déçu. Il ne se l'avouait pas, mais il était très féru de fêtes costumées. Malgré ce qu'en disait les mauvaises langues, son costume de trouvère vert de l'année précédente avait fait sensation. Cette année serait hélas la première où il dérogerait à la règle. Il croisa les bras et détourna le regard d'un air faussement méprisant :

-Me déguiser, moi ? Comme un vulgaire roturier ? Ja...

-J'ai un costume pour toi.

Le blondinet ne put s'empêcher de sourire :

-Oh grands dieux, mer...

Il se reprit :

-Hmm. Je voulais bien sûr dire : plutôt mourir.

Stan tira de sous son lit un tas d'habits :

-J'avais gardé ça pour te l'offrir à Noël, mais il me semble que tu en as bien besoin aujourd'hui.

L'alpha considéra ce que lui tendait le vieillard avec des yeux surpris :

-Mais... c'est mon costume trois-pièces ! fit-il. Celui que je portais quand...

-Oui ! s'exclama Stan. T'avais l'air tellement peiné quand je l'ai vendu que je suis reparti le voler à l'acquéreur. Toi qui est pauvre, te voilà maintenant déguisé en riche !

Le blondinet leva des yeux émus vers son camarade, incapable de prononcer le moindre mot. Pouvoir porter ne serait-ce que pour un jour les habits de sa gloire d'antan. C'était sans doute le meilleur cadeau qu'on lui ait jamais fait. Il enfila le costume et soupira d'aise. Dieu qu'il était bon de sentir autre chose sur soi que ces infâmes tissus communs dont aimait se vêtir la populace...

-Et regarde, avec tous ces faux billets de Gogopoly dans les poches, tu seras un milliardaire ! rajouta Stan en s'affairant.

Il sourit à son ami qui considérait son déguisement avec émotion :

-Et bien qu'est-ce que tu attends ? Vas donc au bal, jeune blanc-bec !

Drago hocha la tête et s'avança vers la porte. Il se retourna :

-Vous ne venez pas ?

-Je te rejoins ! répondit Stan. Je dois enfiler mon costume et aider Suzie à enfiler le sien ! File donc, on se retrouve là-bas.

L'alpha acquiesça et descendit les marches de l'immeuble, redressant fièrement la tête. Il se sentait tout à coup léger comme un nuage.

-A nous deux, Bal d'Halloween... susurra-t-il.

:arrow: Drago va au Stade.

Après s'être contorsionné dans tous les sens, Stan leva les deux bras et se tourna vers sa chaussette :

-Alors comment tu me trouves, Suzie ?

Le vieil homme sourit à sa dulcinée :

-Plutôt pas mal, pour un vieux schnock qui n'entrave plus rien à la couture, hein ?

Il tendit l'oreille :

-Que dis-tu ma beauté ?

Il s'assit sur son lit qui l'accueillit en grinçant et écouta son vêtement avec attention :

-Comment ? Tu as de la peine pour Drago ?

Il secoua la tête :

-Ah, ma Suzie, on est vraiment sur la même longueur d'onde... Moi aussi, il m'attriste ce pauvre garçon... Ce n'est pas un mauvais bougre, mais il a le don de s'attirer tous les ennuis de la planète.

Soudain, le vieillard ouvrit de grands yeux :

-Oh, mais c'est bien sûr !

Il bondit sur ses pieds :

-Et pourquoi on ne ferait pas un p'tit quelque chose pour lui filer un coup de pouce, à ce jeunot ?

Stanislas jeta un regard de connivence à sa chaussette :

-Tu penses comme moi ?

Le vieil homme rouspéta :

-Je sais que c'est risqué, mais c'est pour notre ami Drago, Suzie ! Il nous a sauvé de notre prison en Transylvanie, je te rappelle ! Sans lui, on passait encore cinquante ans dans ce cachot de malheur !

Il tira sa baguette de sa poche :

-Il mérite bien qu'on l'aide à notre tour...

Stan plongea sous son lit et en tira un épais grimoire. Il mouilla son index et se mit à feuilleter les pages avec attention. Soudain il pointa une formule :

-Ah ah ! Voici le sort qu'il nous faut ! Nous allons faire de Drago un homme riche, au moins pour aujourd'hui ! Voyons voir si le vieux Stany sait encore lancer des sorts...

Le vieil homme saisit les habits que Drago avait laissé dans sa chambre et les étala devant lui jusqu'à recréer un semblant de forme humaine. Il ferma les yeux, concentré :

- D’aujourd’hui jusqu’à demain, du début jusqu’à la fin, que l'irréel devienne réel, que les mythes deviennent vérité, du début jusqu’à demain, d’aujourd’hui jusqu’à la fin, que ce que tu portes devienne ta réalité. articula-t-il.

Stanislas attendit patiemment qu'il se passe quelque chose. Il grimaça :

-Peut-être qu'il faut que je répète encore, qu'en dis-tu Suzie ?

Il attendit quelques secondes :

-Mais non ça ne relancera pas le sort, tu vois bien qu'il n'a pas marché. Et quand bien même ça aurait fonctionné, ça ne fera que rendre Drago milliardaire pour un jour de plus. Je ne crois pas qu'il nous en voudra. Allez, on se concentre encore...

Le vieillard ferma à nouveau les yeux et répéta sa psalmodie pendant de longues minutes.

Il ouvrit un œil :

-J'ai rien senti de particulier, et toi Suzie ?

Renonçant à son projet, le vieil homme se leva :

-Le vieux Stany doit être rouillé... Dommage...

Il tapa dans ses mains :

-Bon, allons à la fête, on a pris du retard pour rien !

Stanislas quitta sa chambre, penaud, la queue de son costume traînant lourdement derrière lui.