La ligue des étudiants

pas très ordinaires
AVEC : Titus, Kimberlie, Malicia, Griselda
PRIVÉ / PUBLIC : Privé
DATE : Lundi 16 Novembre

La Grande Bibliothèque de l'Université était encore plus bondée que d'habitude, ce lundi matin. Délaissant son habituel Bâtiment de cours, Titus avait ce jour-là élu domicile au milieu de ces vénérables étagères hautes de trente étages, les santiags posées sur sa table de travail. Mais ce n'était pas les recherches en Soins Avancés Aux Créatures Magiques, dont il était d'ailleurs en train de sécher les cours, qui accaparaient son attention...

Les deux dernières semaines n'avaient pas été riches en évènements en ce qui le concernait. Comment cela aurait-il pu être le cas ? Après l'infernal week-end d'Halloween qu'il avait passé à affronter des hordes de zombis attifé en pirate, et à affronter un monstre reptilien aux instincts maternels un peu trop poussés, même un stage de gardien de cellule à Azkaban lui aurait fait des vacances ! Non, il s'était remis au travail tant bien que mal, tant il en voulait à son cher professeur de les avoir, Myo et lui, laissés dans la panade quant à la traque de la Bête : Titus était persuadé que Dragonneau avait remisé les indices difficilement collectés par l'américain pour mener ses propres recherches sur l'identité de Krapull.

Qui aurait cru que les deux Gammas auraient battus de vitesse un vieux briscard comme le professeur de Magizoologie ? Peu importe si le vieux sorcier avait voulu faire cavalier seul pour éviter à son élève de courir des risques inutiles... Titus se sentait un peu trahi ! Et au final, en dehors de son arrachage de cheveux hebdomadaire, consistant à remettre plus ou moins sur pieds le pauvre hippogriffe de cette tarée de Lucrécya, deux choses désormais l'emmerdait profondément : le fait que la secrétaire change-forme et psychopathe du Doyen soit toujours en liberté, même si heureusement sa baguette avait été brisée, et le fait que son amie aux cheveux verts se soit à ce point entichée de cet escroc en haut-de-forme qu'elle veuille à présent atteindre la deuxième base avec lui !

Les gens étaient libres de faire leurs choix dans ces circonstances, et d'habitude il s'en foutait. Seulement voilà, Myo ne l'était pas, elle, libre dans ses choix ! Elle était sous l'effet d'un bon dieu de charme, et il commençait au fond à se demander si Magouille n'en était pas conscient lui-même... De toute façon, même s'il avait été sûr que le Doyen était courant pour le philtre, ça n'aurait rien changé : c'était pas ça qui allait arrêter ce vieux pervers au foie jaune, bien au contraire ! Une conquête facile de plus à son tableau de chasse ! Le cowboy en avait une nausée constante depuis deux semaines, et la gnôle n'y était pour rien ! Il ne participait plus beaucoup aux fêtes Gammas, ces temps-ci et n'avait pas adressé la parole à certains des membres de la Fraternité depuis des lustres, tant il s'était replié sur lui-même.

Sachant ce qu'il savait et que le temps était désormais compté, il s'était donc rué derechef sur les recherches qu'il menait depuis presque deux ans pour libérer la Gamma de son sortilège. Mais comme il fallait s'y attendre, ce n'est pas en deux semaines qu'il allait rattrapé le coup... Par conséquent, il commençait déjà à se mettre à rogne de bon matin, et la double-dose de café noir Armageddon du pub qu'il s'était enfilée avant de venir n'arrangeait rien.

La pile de bouquins devant lui atteignait déjà un mètre de hauteur, et bon dieu que ça lui vrillait les nerfs d'être assis pendant des heures pour rien ! Il balança un coup de pied rageur dans la pile en question qui s'écroula comme un château de cartes, à l'indignation des autres étudiants absorbés par leurs études. Il leur lançait déjà un regard de défi, du style "Qu'est-ce qui y a les filles ? On veut me mettre de travers, c'est ça ??", quand il entendit un feulement colérique qui lui fit dresser les poils sur la nuque : le bibliothécaire se tenait juste à trois mètres derrière lui juché sur une table, le dos rond et les oreilles en arrière, toutes griffes dehors. Ce matou de malheur prenait son boulot au sérieux et ne supportait pas les esclandres...

-Ouais, ça va... grommela le cowboy en ramassant ses ouvrages, un peu honteux. Pardon...

Un ronronnement bienveillant lui répondit, signifiant par là que ça allait pour cette fois. Décidément le chapelier fou embauchait n'importe qui dans cette fac, mais après Krapull, plus rien ne l'étonnait. Titus se rassit et s'étira. La matinée risquait d'être longue...

Fermant la porte derrière elle en trombe, elle se posta dos contre l'immense double porte, la respiration haletante, les joues rouge et les gouttes de sueur froide glissant le long de ses tempes. Il était vrai que la jeune McCormick était une sportive accomplie ; le jogging tous les matins, de plus cette énergie nouvelle qui la rendait encore plus énervée que d'habitude... Malgré tout, si elle avait de l'énergie physique à revendre, dans sa tête, la fatigue lui prenait sous de douloureux maux de tête. L'étudiante en Sports et Loisirs Sorciers n'était pas habituée à réfléchir longuement, pourtant les récents évènement l'avait poussé à aller à l'encontre de ses habitudes.
Enfin, elle regarda autour d'elle, plissant ainsi les yeux. Des rayons entiers de livres, un silence de mort... il n'y avait pas de doute ; elle était en plein cauchemar. Etait-elle vraiment obligé de finir dans la bibliothèque de la WoW franchement ?! Depuis qu'elle avait été obligé de passer une semaine entière à la bibliothèque de Poudlard la semaine de révision avant les ASPICs, elle s'était promis à elle-même que plus jamais elle irait torturer son esprit dans cet endroit de malheur !
Pourtant, c'était bien les foudres des étudiants studieux qu'elle s'attirait en faisant un tel vacarme. Elle se contenta de lâcher la porte pour réajuster son large débardeur et son mini-short en sport. Entre ses mèches volumineuses, un petit rat blanc fit surface, reniflant cet environnement qui ne lui disait rien.

- Désolé Boby. On a pas l'choix. chuchota-t-elle en rougissant de plus belle.

Elle s'avança dans les lieux, ses énormes baskets résonnant, en jetant un coup d’œil à la vieille horloge qui surplombait les lieux.

Je n'arriverais jamais à l'heure en cours à ce train là... pensa-t-elle en essuyant son front ruisselant et en pensant à ce qui l'attendait dehors.

Flash Back.

Comme tous les matins, un certain POP surveillait la métisse entrain de faire son jogging. Ça, Kimberlie avait finit par y faire abstraction. Ça faisait déjà au moins un mois qu'elle l'avait définitivement envoyé baladé, alors il n'avait plus vraiment de raison de venir l'aborder sans arguments en bétons au préalable. Non... Ce n'était pas le problème. Maintenant, son véritablement problème, c'était elle-même qui l'avait donné naissance.

- Kim ! Kim ! Kim !

C'était bien la première fois que la sportive trouvait quelqu'un qui était capable de la suivre sur son jogging du matin de long en large et en travers de l'Impasse du Bizut pourfendu.
Par contre, la pauvre Kim n'était pas vraiment d'humeur à félicité quelqu'un aujourd'hui. Certes, depuis quelques temps elle semblait beaucoup plus en forme, et sa nouvelle capacité à créé elle-même des potions de Requinquance l'avait réellement aidé pour survivre aux multiples fêtes Gamma. Mais cela faisait une semaine qu'elle était obligée de se raser les jambes, les aisselles et même le dos ( quelle découverte horrible ! ) avec plus d'intensité que d'habitude pour une raison qu'il lui était inconnue. Bref...  Voir, Sylvius l'appeler ainsi n'arrangeait pas son état.
Elle accéléra le pas, les joues devenant de plus en plus chaude, de plus en plus brûlantes. C'était devenue insoutenable ! Depuis qu'elle avait fait l'erreur de se servir de lui pour mettre son père dans tous ces états, elle était incapable de le regard dans les yeux, et même de rester près de lui sans ressentir une honte démentielle !
Malgré son allure, il ne cessait de se rapprocher. D'ailleurs... Comment c'était possible ?!! Elle osa tourner la tête, mais non, ses sens ne lui jouaient pas des tours ; c'était bien la Loque des Gamma qui faisait de grandes enjambées !

- Ça fait deux semaines que je n'ai pas bu, ni fumé, tusaistusaistusais ! s'écria-t-il un peu trop fort, dans des paroles accélérées accompagnées par des tic de nervosité comme un hyperactif en plein pic d'énergie.
- Ça... ça se voit...
- J'suis content que ça te plaise teplaiseteplaise !
- Je... je n'ai rein dit de tel.

A vrai dire, elle ne serait dire si elle était fier de le voir aussi énergique ou si elle trouvait qu'il foutait les jetons.

Je suis comme ça dans mes mauvaise jours ? se demanda-t-elle un instant. Une question qui ne resta pas très longtemps dans son esprit. ( parce que tout simplement parce qu'elle n'avait pas vraiment envie de le savoir par mûre réflexion. )

- Kim ! Si je ne fume plus, c'est que j'veux comprendre ce qui c'est passé y'a deux s'maine ! L'truc avec tes parents et tout touttouttouttout !
- Y'a rien à comprendre, Sylvius. tu peux fumer comme d'habitude.
- Est-ce que tu m'aimes bien heinheinhein ?
- Arrêtes ! Ne dis pas de-de bêtises ! Comme...comme un... Bref ! Laisses moi tranquille ! Tu ne comprends pas !
- J'veux comprendre. Je ne me rappelle plus trop de ce qui c'est passé, mais assez pour me demander si tu vas bien.
- Mais laisses moi tranquilllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllle ! se mit-elle à couiner à la manière de Malicia dans les situations délicates tout en passant à la vitesse supérieure qui la poussa au loin de l'impasse le temps de le dire.

Fin du Flash Back.

Cela venait de se passer il y avait à peine quelques minutes, mais Kim avait tant couru pour fuir qu'elle n'avait plus la notion du temps. Mais maintenant ? Qu'avait-elle à faire ? Rester cacher le temps que ça se tasse ? Non... ça la ferait rester ici bien trop longtemps à son gout. Elle en avait déjà marre de ce silence sinistre ou seul les bruits de la tête d'un étudiant tapant sur l'une des tables se laissait entendre. Kim grimaça en voyant le pauvre saturer sûrement après une nuit entière à apprendre des listes et des listes de leçons...

- Ouais, ça va... entendit-elle derrière elle. Pardon...

Elle se retourna et soupira de soulagement. Son parrain ! Il était là ! Lui, il serait lui dire ce qu'elle avait à faire... ou il lui dirait tout simplement qu'il en avait rien à péter. Mais rien que de voir un visage familier la détendait et la fit trouver l'endroit un peu moins ennuyant. Elle fut sur le point de hausser la voix quand elle croisa le regard de ce matou qui jonchait sur la tête d'à côté. Elle grimaça pour ensuite poser sa main sur l'épaule de Titus.

- Hey, salut. chuchota-t-elle. Ça fait un baille qu'on te voit pas souvent au Potiron. Tu fais quoi ? Tu travailles ?

Elle jeta un coup d’œil à la pile de livre à ses côtés. Elle plissa les yeux pour lire quand peu à peu ils s'écarquillaient. Ses joues déjà en feu se mirent de nouveau à rougir comme une braise sous un souffle au fur à mesure de ce qu'elle lisait : Les plus grands maléfices amoureux du monde magique par Margarette Lovisemagic ; Cette sorcière ne m'aime pas, que faire ? par Celestin Ringard ; L'histoire de ma vie par Arthur Beauregard ... et tant d'autre livres de ce genre qui rendait Kimberlie nerveuse.
Elle ne se rendit pas compte qu'au même moment, son rat albinos avait sauté de son épaule pour fuir l'excès de rage animal du bibliothécaire félin.

- Mais qu'est-ce que tu fais ?!!

Une nouvelle fois, la bibliothèque entière se tourna vers elle d'un seul coup avec dureté. Heureusement pour elle, le chat à la mine affreuse était trop occupé à poursuivre ce pauvre Boby...

-Mais qu'est-ce que tu fais ?!! s'écria Kim, éberluée.

Griselda surgit de nulle part, le doigt en l'air, semblant presque jaillir de dessous la table.

-Moi je sais !

Titus et Kimberlie sursautèrent de surprise, et le cow-boy manqua presque de tomber de sa chaise. Il se redressa presque aussitôt, et loucha sur l'Irlandaise, visiblement énervé :

-Mais qu'est-ce que tu fous là, toi ?!

La Pi Omicron Pi sautilla sur place, toute fière d'elle :

-Je sais tout ! Je sais tout !

-Tu sais quoi, Gri ? soupira la métisse hyperactive, en se demandant ce que sa colocataire dédoublée allait encore inventer pour lui pourrir la vie.

La garçonne tordit la bouche :

-Mais non, pas Gri, moi c'est Zelda ! Regarde, avec Gri on s'est fait chacune un T-shirt pour qu'on arrête de nous confondre !

Elle tira sur le T-shirt informe qu'elle portait. Outre une photo en gros plan de la tête mal détourée de la folle au Lethifold, on pouvait effectivement voir un message. La batteuse fronça les sourcils, et le lut à voix haute :

-''Salut, je m'appelle Gri et je suis très jolie !''...

Elle releva les yeux vers sa coloc en secouant la tête, désolée pour elle.
La fofolle soupira :

-Oooh non, on a du se les échanger sans faire exprès ce matin... Ça n'arriverait pas si mon autre moi rangeait mieux ses affaires ! Ah je vous jure, c'est pas facile tous les jours de vivre avec soi-même ! Bon, peu importe, moi c'est bel et bien Zelda. Gri est en cours. On y va un jour sur deux, chacune notre tour ! Et comme ça on a plus de temps libre !

Kimberlie resta quelques secondes circonspecte, puis préféra tourner la tête vers Titus, ignorant superbement l'Irlandaise :

-Bon, et toi, dis-moi ce qui se passe ! Me dis pas que tu comptes lancer un sort...

Elle rougit :

-Un sort d'amou...

-Chuis en train de bosser, là, grommela Titus en la coupant, bougon.

Il se replongea avec une mauvaise humeur visible dans un énorme bouquin aux pages roses et pailletées.

Zelda s'approcha à pas de loup de sa coloc, et lui hurla à l'oreille :

-MOI JE SAIS CE QU'IL FAIT !

Kim fusilla la garçonne du regard :

-Arrête de dire des bêtises !

-J'dis pas de bêtises, même pas vrai d'abord ! se défendit Zelda sur un ton enfantin. Je sais tout ! Parce que je fais de la légilimancie !

Titus releva les yeux de son livre et esquissa une grimace mêlant colère et horreur :

-T'as lu dans mes pensées ?!

-Bah oui ! répliqua la demi-Griselda, comme si c'était la chose la plus évidente au monde. Je sais ce que tu veux faire et franchement, ça va être coton ! T'as besoin de mon aide, vu que je suis un génie. Mais mon seul cerveau de surdoué ne nous suffira pas pour cette mission !

Zelda regarda autour d'elle, et s'illumina soudain. Elle fondit sur Malicia McGuire, qui marchait d'un pas pressé entre deux rayons de livres, et lui agrippa le bras avec un cri de joie. Elle la traîna jusqu'à la table du Gamma, et décréta enfin :

-Voilà ! Elle aussi c'est un génie ! Elle va nous aider !

Titus et Kim fixèrent avec surprise la Zeta, la plus étonnée de tous, qui n'avait rien demandé à personne.

-Hein ? Quoi ? fit-elle.

-Mais oui, on va mener la mission ensemble ! s'exclama la legilimen.

-Mais quelle mission ? demanda Mali, en regardant avec effroi les yeux de fou de l'Irlandaise.

-Mais oui ! répliqua Zelda, n'expliquant rien du tout. Ca va être marrant ! Ca nous rappellera les folles enquêtes qu'on faisait ensemble à Poudlard !

-Mais quelles folles enquêtes ? On a jamais enquêté ensemble à Poudlard ! Pas une seule fois !

-Mais siii ! insista la garçonne. Tu ne te souviens vraiment pas ? On a sauvé le château plusieurs fois avec notre ami roux un peu laid ! Toi tu avais une cicatrice en forme d'éclair sur le front !

-Ca, c'est Harry Potter.

-Ah bon ?

Zelda réfléchit un moment, tant que des rides horizontales apparurent sur son front :

-Mmmmmmmh...

Les rides s'accentuèrent :

-MmmmMMMMMMMMMMMMMMH...

Et finalement :

-MMMnmmais oui ! Tu as raison : j'ai confondu ! Nous, on était une bande de Serpentards inséparables ! Y'avait moi, Marcus Flynn, Darius Lestrange, et toi la seule Gryffondor de l'équipe ! Ahah, qu'est-ce qu'on a pu se marrer à Poudlard !

-Ca, c'était avec Lucrécya.

-Ah bon ? Mais non, je suis sûre que c'était moi ! Réfléchis bien !

Malicia ouvrit des yeux ronds, et chercha une aide muette auprès de l'autre métisse, Kim.
Cette dernière, qui avait plus l'habitude de gérer sa colloc, soupira :

-Griselda, arrête de l'embêter ! Elle a d'autres choses à faire que t'écouter raconter n'importe quoi !

Les lèvres de Zelda tremblèrent :

-Mais on a besoin de la combinaison de nos cerveaux géniaux pour aider le Grand Poilu de Gri !

-Mais pour quoi faire à la fin ?! s'énerva Kim.

La POP désigna Titus :

-Le Grand Poilu de Gri veut sauver Chlorofille qui a décidé de donner son corps au vieux moustachu chapeauté et du coup il cherche un antidote à un philtre d'amour dont il ne connaît même pas la composition, et qui a été actif pendant plus d'une année ! Ça va pas être coton, ça ?

Alors que tous jetaient à Zelda des regards surpris, se demandant comment l'irlandaise avait bien pu découvrir autant de choses en si peu de temps, Malicia regardait nerveusement de tous côtés, gênée. C'était quoi cette histoire de philtre ? Et depuis quand Myo était ensorcelée ? ...Maintenant qu'elle y pensait, Mali avait toujours trouvé ça bizarre, cette propension a trouver Magnus Magouille beau...

La métisse grimaça. Oui, c'était vraiment bizarre. D'abord le doyen était vieux, genre, vraiment vraiment vraiment décrépi. Ensuite, il avait toujours du gras plein les cheveux, et pi des poils dans les oreilles et des miettes dans sa moustache. Et il y avait dans ses yeux un je-ne-sais-quoi de méchant et de lubrique qui donnait envie de contourner le bâtiment administratif et de ne jamais y mettre les pieds. Et puis, il sentait l'alcool. Et pas qu'un peu. Et il avait l'air d'avoir été abandonné par un cirque, ce qui était probablement le cas. Ça expliquait au moins ses habits. Il fallait bien un philtre d'amour pour rendre tout ça beau. Quelque chose en Malicia était quelque part presque rassuré que Myo ait été ensorcelée...

Cela dit, Griselda n'avait pas tort. La fille aux cheveux verts avait l'air sacrément atteinte. Et si ce sort durait depuis un an, elle l'était d'autant plus. Ça n'allait pas être facile de s'en débarrasser. Et Malicia avait déjà bien assez de problèmes comme ça...

Le regard de la métisse se perdit dans le vide...




Titus et Kim discutaient à haute voix dans la bibliothèque silencieuse. Non loin des deux Gammas, assis à l'une des immenses tables rondes en noyer qui remplissaient la bibliothèque, une congrégation d'élèves d'Excellence, lunettes vissées sur le front, jeta un regard torve à ces deux nouveaux venus bruyants. Voyant que leurs perturbateurs ne semblaient pas vraiment très soucieux de préserver le silence de l'étude, ils se remirent à leurs livres en pestant.

En dessous de la table, entourée d'une bonne dizaine de livres, Malicia soupira de soulagement.

Elle avait bien cru, en entendant le feulement du bibliothécaire, que le fichu Golem qui était à ses trousses depuis deux semaines l'avait retrouvée. La jeune métisse s'affala dans ses bouquins et regarda l'heure... Seulement 10 heures du matin ! Elle allait devoir rester dans cette bibliothèque jusqu'à minuit au moins, en espérant que Om se soit endormi quand elle arriverait.

Les yeux ronds, la métisse tapota sa plume sur un petit carnet qu'elle avait ouvert à la date du jour. Finalement, elle écrivit quelques mots :


Malicia tapa rageusement du poing sur le sol et se tassa aussitôt derrière ses livres en espérant que personne n'avait remarqué le bruit. Elle reprit son écriture :


Malicia considéra les pages du carnet, pensive. Elle aimait bien son journal. C'était peut-être gamin, mais ça lui faisait du bien. Et puis, ça lui permettait d'y voir plus clair dans sa vie. Par exemple, ça lui permettait de faire le point sur ces deux dernières semaines, et même si la métisse essayait de se convaincre du contraire, tout était loin d'être parfaitement rose dans son couple. Très loin. Malicia feuilleta machinalement quelques pages...



















 
Malicia enfouit la tête dans ses mains. Elle en avait marre, mais marre !

Heureusement, elle savait ce qui allait lui remonter le moral. Elle se tassa un peu plus derrière ses bouquins, regarda de tous les côtés avec l'air louche...et tira de sa poche un ourson en guimauve recouvert de chocolat. Elle le considéra en souriant...

Mais son bonheur fut de courte durée : le bibliothécaire passa en trombe et, toutes griffes dehors, lui arracha sa gourmandise des doigts. La jeune fille plongea pour le rattraper :

-Nooon !

Malicia resta quelques secondes stupéfaite. Son œil se mit à tiquer :

-Veux mon chocolat.

Elle se lança à la poursuite du chapardeur...



-Je veux pas paraître un peu sec mais le dernier qu'a essayé de trifouiller dans ma cervelle, j'l'ai déglingué sur place. grinça Titus.

-Laisse béton, Parrain. Elle a sûrement pas fait exprès. lança Kimberlie.

-Ah mais si ! opina Griselda.

Le cowboy secoua la tête, blasé :

-De toute façon, mêlez-vous de vos miches, les bleues. Je me démerde très bien tout seul.

Sa camarade Pi Omicron Pi secoua l'index, narquoise :

-C'est pas beau de mentir, Grand Poilu de Gri ! Tu sais bien que ça fait un an que tu galères. T'as rien trouvé ! Rien ! Nada ! Rien de rien, R.I.E...

-Oh ça va, hein ! l'interrompirent les deux Gammas.

Le silence retomba. Titus finit par reprendre la parole :

-Bon maintenant vous allez vous barrer et me laisser gérer tout ça seul comme un grand. Rentrez chez vous !

-Ah non ! Pas ça !

Malicia semblait enfin décidée à se joindre à la conversation. Alors que tous se tournaient vers elle pour la dévisager, la jeune fille se reprit :

-Euh... je voulais bien sûr dire : on va pas te laisser comme ça, hein ? Héhéhé...

La métisse sourit de toutes ses dents. En fait, résoudre ce mystère serait sûrement l'occasion idéale pour penser à autre chose que ses problèmes et pour ne pas rentrer chez elle. Elle n'avait pas du tout envie de rentrer chez elle. Vraiment pas.

-Et pourquoi ? demanda le cowboy.

La métisse émit un petit rire, embarrassée :

-Euh, et bien... tu sais, l'amitié entre fraternités, la solidarité, ensemble on est plus forts, plus soudés, tout ça, tout ça...

Le silence devint plus pesant encore alors que Malicia levait ses deux petits poings :

-GO NOUS ! s'écria-t-elle avant de sourire de plus belle : Hein ? Hein ?

Kim se tourna vers Titus :

-T'as quoi, au juste ?

-Quelqu'un n'a pas écouté ce que je disais... chantonna Zelda, moqueuse.

Les épaules du cowboy s'affaissèrent :

-L'autre tarée a raison : j'ai que dalle. C'est foutu. On a plus qu'à regagner nos piaules et faire comme si de rien n'était.

-Mais non ! le coupa à nouveau Malicia avec des yeux affolés. On va pas rentrer chez nous comme ça !

Elle rigola à nouveau de façon désespérée et se jeta sur le cowboy. Elle le saisit par les épaules :

-Dis-nous tout ce que tu sais sur le sort ! Tu dois bien te rappeler de quelque chose d'utile ! L'heure à laquelle tout a commencé ! Un truc louche qu'est arrivé ce jour là ! Un homme bossu et masqué qui la suivait en claudiquant ! Une fille qui s'est écroulée dans le Potiron et dont les derniers mots étaient "Rosebud" ! N'importe quoi ! Parle !

-Mais je m'rappelle plus de rien, j'te dis ! s'écria Titus. J'étais pas là ! Y'avait que...

-Y'avait que quoi ? demanda Kim.

-Le suspense est  insoutenable, Lethifold est au comble de l'angoisse ! s'écria Zelda, sans prêter attention aux feulements intempestifs du bibliothécaire.

-Y'avait que... reprit le cowboy. Shakulu, Screwface et Jean-François. Mais les trois gonzes se rappellent de rien. Y'a rien d'intéressant à en tirer.

-Pour toi ! fit Malicia en le pointant du doigt. Mais nous, en tant que personnes extérieures, on remarquera peut-être des choses intéressantes !

-Elle a pas tort. fit remarquer Kim. T'as peut-être trop le nez dedans.

-Mon grand-père Philibert avait un nez. Il est mort. nota Griselda.

Tous préfèrent ignorer sa remarque. Malicia eut soudain l'air très heureuse :

-Ce mystère va nous durer au moins toute la journée, hein ? fit-elle en joignant ses mains, des étoiles dans les yeux. Et peut-être bien aussi la nuit, et peut-être même tout le mois !

Elle saisit Kim et Griselda par la manche et les tira hors de la bibliothèque :

-Alors qu'est-ce qu'on attends ?  s'exclama-t-elle, décidément ravie d'avoir trouvé une occupation. Hop hop hop ! C'est parti ! Allons leur parler ! Mais avant passons par un distributeur pour prendre des réserves. C'est fou ce que j'ai faim ! Je vous avais raconté la fois où j'ai été enfermée à Poudlard pendant une semaine et que j'avais rien à manger ? Mon ventre arrêtait pas de gargouiller et pi, j'ai bien failli manger les sbires de mon ex...ahlala, ça c'est du souvenir... et je vous avais raconté que...

:arrow: La bande va au Potiron !

  Le groupe va au Potiron : ICI