-Rhôôôôôôôôô...

Gri remonta d'une main son pantalon en toile trop grand, sans quitter des yeux la boîte qu'elle tenait de l'autre. Le cadeau que venait de lui donner Om était sublime. Est-ce que ce présent donné en public signifiait qu'il était fou amoureux d'elle et qu'il voulait officialiser les choses avec elle ? Oui, probablement. Et elle devait donc rejoindre son tout nouveau petit-ami pour lui faire tout plein de bisous avec sa fausse moustache.

Mais avant, il y avait quelque chose qu'elle avait très envie de faire... ou plutôt, qu'il fallait qu'elle fasse, qu'elle le veuille ou non.

Gri se fit bousculer par Lucrécya et Malicia, qui couraient main dans la main, semblant fuir quelque chose. Et le regard de l'Irlandaise se durcit.

-Vêêêêêêtement.. gémit-elle à la façon d'un mort-vivant de picturine.

Elle se dirigea sur la batteuse Alpha, qui s'était arrêtée et s'était adossée contre un mur.

-Ouais, comme je te dis Mali ! faisait cette dernière.

Mali, courbée en deux, reprenait son souffle sans pouvoir répondre. Mais Lulu semblait satisfaite pour deux.

-Y'a du fric à se faire, et...

Se taisant d'un coup, elle tourna ses yeux vers la garçonne, et grimaça de dégoût.

-J't'ai sonné O'Neil ?

-Vêêêêêêtement...

-Y'a une liste d'invités pour cette conversation, ET T'ES PAS DESSUS ! ronchonna la brunette. CASSE-TOI !

-Vêêêêêêtement...

Mue par une force soudaine, Gri se jeta sur Lucrécya, qui glapit de surprise.
La cinglée tira sur la robe rose trop grande que sa victime portait, et lui enleva l'habit d'un seul mouvement brusque.

La batteuse se retrouva en sous-vêtement, et hurla en cachant sa minuscule poitrine de ses bras, tandis que l'irlandaise passait l'ample robe, qui, il fallait l'avouer, ne lui allait pas mieux.

-NON MAIS CA VA PAS BIEN ?! ragea Lucrécya.

La folle hocha la tête et sourit de toutes ses dents.

-Si, ça va beaucoup mieux merci !

Elle tendit le cadeau que lui avait offert Om à Malicia, et ricana sans vraiment avoir de raison.

-Hey hey hey devine quoiiiii ! Ce cadeau t'est destinéééééé ! chantonna-t-elle.

Puis, faisant valser sa toute nouvelle robe, elle partit courir vers son tout nouveau petit-ami Om, en sifflotant un petit air joyeux.

- Aow aow aow...

Assise à côté du buffet, sur une des chaises ordinairement destinées aux POP sans cavalière ayant peur d'aller danser, Myosotis porta à sa mâchoire endolorie un verre rempli de glaces. Elle esquissa aussitôt une grimace de douleur. Bordel que ça faisait mal ! Elle avait encore le tournis, et malgré le sort curatif que lui avait administré Kimberlie, sa lèvre fendue continuait à saigner. En un seul coup, Magnus lui avait fait bien plus mal que Malicia durant toute leur bagarre enragée, trois jours auparavant.

La jeune femme aux cheveux verts repoussa de sa main libre le chapeau haut-de-forme qu'elle portait sur le crâne, qui était trop lourd et lui tenait trop chaud. Puis elle soupira, ce qui la fit à nouveau grimacer de douleur. Elle pensait que le doyen l'aimait bien, mais à l'évidence, ce n'était pas le cas. Elle savait qu'elle aurait du s'en ficher, vu qu'elle-même ne ressentait aucun sentiment fort à son égard, mais c'était plus fort qu'elle, elle était... disons, pas triste, mais un peu déçue. Et c'était totalement ridicule.

Kim se pencha vers elle, inquiète :

- Ça va mieux ?

La semi-dryade haussa les épaules, avec lassitude.

- Un peu... fit-elle, plus pour rassurer son amie qu'autre chose.

- Je crois que tu devrais quand même aller au dispensaire, tu sais. J'ai pas l'impression que mon episkey ait bien marché.

Myo tenta de sourire à Kim, mais la douleur l'en empêcha.

- Ça va aller, ne t'inquiète pas, dit-elle, néanmoins. Mais oui, j'irai au dispensaire : il faut qu'ils me donnent du poussos pour ma dent. J'irai... dès qu'on pourra sortir d'ici.

La batteuse croisa les bras, sourcil relevé :

- Comment ça, dès qu'on pourra sortir ?

- Bah ouais, on est coincé dans le stade ! expliqua Bibi, sur l'épaule de sa maîtresse, en agitant ses petits bras. Personne ne peut sortir depuis qu'il y a ce foutu cadeau, et j'pense pas que c'est un hasard.

Myo hocha la tête pour acquiescer, son verre de glaçons toujours collée à la joue.

- Oh merde, commenta Kim, les yeux ronds.

- Tu l'as dit, répliqua la poupée.

La métisse poussa un bref soupir :

- En gros, pour t'emmener au dispensaire...

- ... faut trouver qui a lancé ce maléfice foireux, oui, conclut Myo.

Kim commença à s'agiter, comme elle le faisait d'habitude, lorsque l'action commençait à la titiller. Elle serra la mâchoire :

- J'avoue que j'ai très envie de trouver le coupable pour lui dire ma façon de penser ! siffla-t-elle en frappant son poing droit contre sa paume gauche.

- Et moi donc ! rétorqua Bibi.

- Le problème, reprit la batteuse, c'est que chuis plus douée pour cogner que pour réfléchir et enquêter...

Les yeux de la fille-chlorophylle se perdirent dans le vague :

- Chez les Gammas, d'habitude, le spécialiste des enquêtes de ce genre, c'est...

Elle se tut, ne parvenant même pas à prononcer le nom de son (ancien) meilleur ami.
Kim le fit pour elle :

- Ouaip, c'est vrai que c'est le truc de Titus... en temps normal. Mais là, vu son état, je sais pas trop...

Myo leva les yeux vers son amie, si jolie dans sa belle robe, avec ses cheveux lisses qui lui tombaient en cascade sur les épaules, et elle eut soudain l'envie idiote de lui demander à quel stade elle en était dans sa relation avec le cowboy. Mais ça lui paraissait tellement déplacé de lancer ça comme ça, sans rapport avec leur conversation, qu'elle préféra s'abstenir. Elle se contenta de baisser la tête, se mordant l’intérieur de la joue.

Kimberlie ne remarqua rien : elle tendit sa main à la sorcière à la chevelure verte, et l'aida à se lever :

- De toutes façons, on a pas le choix, on a besoin de lui ! Et s'il faut, je lui ferais avaler moi-même cinquante philtres de requinquance !

La semi-dryade acquiesça pour la forme, et suivit sans grande envie son amie, qui se dirigeait énergiquement vers son cavalier.

Aux abonnés absent depuis quelques minutes, Titus finit par se relever du tas de cadavres de bouteilles en verre étalé au sol et s'agrippa tant bien que mal au rebord du bar. Il leva une main hésitante, et appela le barman. Celui-ci soupira en levant les yeux au ciel :

-Oui ? Qu'est-ce que je te mets en triple et sans glace, cette fois-ci ?

-Je-Gnii...

-Mais encore ?

-Un wh...w-whys..

-UN WHISKY, MON GARÇON ! tonna la voix furieuse du Bon Docteur, alors que ce dernier s'asseyait au bar aux côtés du cowboy. ET QUE CE CA SAUTE !

-Tout de suite Monsieur ! lança le barman en s'exécutant.

Laissant retomber sa main, Le ricain coula un regard moribond vers le Doyen.

-Qu'est-ce qu-qye... que vous f-foutez là, salop-pard ? bredouilla le Gamma d'une voix avinée.

Magouille regarda l'étudiant yankee d'un œil amusé :

-Voyons mon fils. Je me sers une petite bouteille, n'est-ce pas évident ? Un remontant, pour être plus précis !

-Ah o-ouais ?

-Oh oui ! Vous allez sûrement croire que je suis fin saoul, Typhus, et vous auriez raison, mais je dois vous avouer qu'il se passe des évènements étranges...

-...

-Si je vous disais qu'une sorte de paquet cadeau ensorcelé circule de main en main depuis le début du Bal et oblige les personnes présentes à se comporter de la manière la plus outrancière qui soit ! Bien sûr, j'ai immédiatement ordonné qu'une enquête soit lancée pour retrouver le misérable jean-foutre qui veut gâcher mes festivités !

Titus ferma les yeux, de nouveau en proie à la colère, et fit un effort pour ne pas bégayer, pesant bien ses mots :

-Laissez-moi deviner : vous avez reçu le cadeau ensorcelé vous-même, et avez subi son maléfice ?

-Absolument ! tonna Magouille sans se démonter. C'est une véritable honte !

Le cowboy baissa la tête, blasé par l'attitude incorrigible de l'escroc en haut-de-forme. Au moins, ils allaient avoir un peu plus les coudées franches pour enquêter sur ce cadeau mystérieux. Si seulement son crâne pouvait cesser de vouloir enfler plus que de raison... Si seulement son équilibre était plus assuré ! Assez, bon dieu, se sermonna-t-il. Un peu d'action me fera du bien !

-Ok, par où on peut commenc-

Magouille s'était levé et avait embarqué sa bouteille avec lui, son regard attiré par un groupe d'étudiantes en robe courte.

-L'enfoiré.

-Tituuus !!! fit la voix de Kim à deux mètres derrière lui.

Se retournant, le ricain aperçut sa cavalière qui fonçait littéralement vers lui à grand spas, l'air très remonté :

-Kim ? Qu'est-ce que tu f-

-Ferme-la et lève-toi de ton tabouret, ivrogne ! Tu as assez glandé pour la soirée !

-Mais...

-De nouveaux indices ont été trouvés, et Magouille se décide enfin à bouger ses fesses ! On a besoin de toi, alors active !!!

-Je... ok.

Titus se leva péniblement et jeta un œil derrière sa bizut : le regard détourné, Myo se tenait là, gênée. Il prit une profonde inspiration et tenta de reprendre contenance. J'ai pas envie de m'énerver, songea-t-il, j'ai eu ma dose pour la soirée. Il regarda la sorcière aux cheveux verts d'un œil sévère :

-Il t'es arrivé quoi à la mâchoire ? Tu saignes.

-C'est-c'est rien. J'ai glissé.

-Mouais...

Titus secoua la tête et se tourna vers Kim :

-Bon, c'est quoi ces nouveaux indices ?

-Visiblement, Saussurus détient quelques poils verts qui pourraient appartenir au coup-

-Ça me va.

La migraine menaçant de lui exploser les tempes, le ricain garda la tête baissée tant elle lui faisait mal, et avança à grands pas vers le toutou de Magouille qui se tenait debout non-loin du bar. A peine, le professeur eut-il le temps d'apercevoir les étudiants que Titus l'attrapa par le col :

-Les poils verts que vous avez trouvé, vous les avez toujours ?

-Plait-il ?

-VOUS LES AVEZ OU PAS ??!

Titus attendit, furibard, que le professeur de Langues et Dialectes Magiques veuille lui délivrer le précieux indice...

Marcus et Drago n'eurent pas le temps de réagir au départ intempestif de Malicia et Lucrécya, que deux bras maigrichons leur enserrèrent les épaules. Une voix à fort accent irlandais s'éleva en hurlant entre les deux garçons.

-HOUGA BOUGA !

Malefoy poussa un long soupir agacé, tandis que son acolyte considérait sa cavalière avec lassitude.

-Alors, alors alors, on fait quoi ? Demanda Zelda, en souriant de toutes ses dents.

-Avec toi ? Absolument rien, persifla le blondinet.

La garçonne en tutu se gondola de rire, non sans faire des bruits de cochon disgracieux.

-Ahah, t'es drôle Dragochoupinet, mais je disais ça parce que je pense qu'on doit enquêter sur le colis du chaos, parce que j'ai vraiment besoin de gagner les cent gallions promis par Dr Moustachu, ça me permettra de rembourser ma colloc joufflue de ce que je lui ai volé sans avoir à casser la tirelire de Lethifold ! Alors, vous avez une idée de ce qu'il faut faire ?

-Nan, cracha Marcus. Va voir ailleurs si on y est pas.

Zelda esquissa une moue boudeuse.

-Mais pourquouâââ ?

-Parce que nous n'avons nullement l'intention de traiter avec une démente, siffla l'Alpha, en retirant le bras de la cinglée de ses épaules avec une moue dégoûtée sur le visage.

L'Irlandaise secoua la tête.

-Je ne suis pas démente ! Je suis juste...

Elle se tut subitement, et fixa un bout du plafond, les yeux plus exorbités que jamais.

-Wouah ! Jésus ? C'est toi ? Couina-t-elle.

Drago et Marcus jetèrent une oeillade suspicieuse au plafond, mais il n'y avait évidemment rien de particulier à voir. Le blondinet soupira à nouveau.

-Je n'ai aucune envie d'enquêter avec toi. Avec aucun de vous, ceci dit. Je n'ai besoin de personne pour coincer Monsieur X.

-Roh mais si, il faut qu'on enquête ensemble ! Après tout, on est amis ! LES MEILLEURS AMIS DU MONDE !

Zelda sautilla, les bras levés au plafond. Marcus fronça les sourcils :

-Amis ? Répéta-t-il.

-Dans quel monde sommes-nous amis, O'Neil ?

-Evidemment que nous sommes amis ! Et si nous ne le sommes pas, je devrais t'envoyer un petrificus totalis et un petit sortilège de glue perpétuelle, et tu orneras ma chambre pour toujours ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah...

Flint grimaça.

-Alors toi, t'es carrément siphonnée du ciboulot !

Zelda fronça les sourcils, étonnée. Elle n'avait pas l'impression d'être siphonnée du ciboulot, ou de quoique ce soit d'autre : son lethifold lui aurait déjà dit. Ou alors, elle avait recommencé à avoir des hallucinations et ne s'en était pas rendu compte ? Mmh, c'était possible. Comme cette fois où elle avait retrouvé la réincarnation en citrouille du Maître des Ténèbres mais en fait il s'était avéré que c'était juste une citrouille. Même les voix dans sa tête en étaient restées baba.

Pour être sûre, elle se pencha vers son cavalier à la dentition douteuse, et commença à lui pincer la joue, encore et encore, de plus en plus fort.

-AIEUH ! Mais qu'est-ce que tu fous ?!

Griselda leva vers lui un visage au sourire angélique :

-Tu vois, c'est la preuve que chuis pas folle folle folle ! Allez, c'est décidé : on enquête ensemble ! Ouais ! Chuis tellement contente que ce soit réglé !

Elle se jeta sur les deux malheureux, et les serra fort dans ses bras maigrelets d'Irlandaise.

Malicia regarda le paquet que l'irlandaise venait de déposer dans ses mains avec de grands yeux inquiets :

-Oooh...

Elle soupira, attendant que le cadeau décide de son sort...

La zeta ôta sa robe et la jeta dans la foule, avant de devenir pivoine en considérant ses dessous rouges à froufrous blancs de Noël. Elle saisit aussitôt un grand plateau de petits fours et le plaqua devant elle avec résignation. Elle se tourna vers Lucrécya :

-Je veux mourir. MOURIR. couina-t-elle.

-Bienvenue au club. rétorqua Lucrécya, qui grelottait dans ses sous-vêtements.

La métisse lui fit signe et avança dans la foule, droit vers Drago. Elle lui tapota l'épaule. Ce dernier, qui semblait en pleine planification avec Marcus se retourna :

-Ne peux-t-on donc pas enquêter sans être déran... ?

Il stoppa et désigna le plateau qui camouflait la métisse :

-Tu n'as plus de robe ? fit-il d'une voix étrange.

Il tenta de regarder au-dessus du plateau :

-Ce sont des petits pompons blancs... ?

Il fut aussitôt stoppé dans son élan:

-Ce cadeau t'es destiné. décréta Malicia.

Elle flanqua le cadeau dans les mains de son ex et fit signe à Lucrécya que sa livraison était finie.
Les deux déguerpirent :

-Faut qu'on stoppe ce cadeau avant qu'on finisse à poil ! cria Malicia, les sourcils froncés de colère.

-Au moins, on a plus nos affreuses robes... fit remarquer son amie.

-Faut qu'on stoppe ce cadeau, j'ai dit !!! s'écria la métisse.

Elle saisit une assiette dans les mains d'un étudiants et le plaqua sur ses fesses, en regardant autour d'elle comme une bête traquée.

La batteuse posa ses mains sur ses hanches :

-Ok. On commence par quoi ?

La zeta réfléchit :

-On devrait remonter la piste du cadeau. C'est le meilleur moyen de retrouver le coupable.

-Ca marche !

Lulu porta son doigt à ses lèvres :

-Voyons, voyons...T'as filé le cadeau à Malefoy, et avant c'est Gri qui te l'a filé. Et avant elle... ?

-On va le découvrir très vite. fit Mali.

Elle se mit à avancer dans la foule à la recherche de la folle, non sans essayer de cacher ses sous-vêtements ridicules.

Assez habitué à être secoué et humilié, Saussurus ne sembla pas prendre ombrage des manières plus que douteuses de Titus Reynolds. Aussi, après avoir épousseté ses habits de fête écornés, il prit la parole :

-J'ai trouvé ces étranges poils dans le courrier de menace qui m'a été adressé. annonça-t-il.

Il les donna au cowboy :

-J'ai déjà pris le temps de réfléchir à l'identité de leur propriétaire et j'ai réduit la liste des suspects à trois personnes...

Saussurus se pencha vers les trois amis :

-Si vous voulez mon avis... commença-t-il.

Il stoppa dans une pose dramatique... et se prit un coup sur le sommet du crâne :

-PARLE, DÉBILE ! hurla Titus.

-Et fissa ! renchérit Kim.

-Très bien, très bien... Ah l'impatience de la jeunesse... rigola le malheureux sous-fifre du doyen. Je vais tout vous dire.

Il désigna quelqu'un dans la foule :

-J'ai remarqué qu'Arthur Beauregard avait une fois de plus porté pour le bal son affreux pullover vert en poil de fléreur angora, tricoté par sa mère.... fit-il sur un ton suspicieux.

Les trois étudiants considérèrent le professeur d'Arts Divinatoires qui regardait de tous les côtés avec un air traqué. Il portait effectivement un affreux haut poilu sur lequel était dessiné un renne au nez clignotant.

-Mais ce n'est pas tout... reprit Saussurus.

Il désigna une seconde personne :

-Le professeur Vertefeuille a toujours détesté Noël... Peut-être parce qu'il n'a jamais été officiellement invité aux Bals...  Cela dit, cela ne l'a jamais empêché de venir quand même.

Il jeta une œillade mauvaise au professeur de Botanique qui, posté à côté du Sapin de Noël, fourrait sans aucun ménagement les cadeaux du doyen dans un grand sac de jute. Il ricanait d'un air mauvais.

-Et le troisième ? demanda Kim.

Le professeur de Langues eut l'air ravi qu'elle pose cette question :

-Mon troisième n'est pas des moindres, Mademoiselle !

Il désigna Myosotis d'un doigt boudiné et accusateur :

-C'EST ELLE !!! s'écria-t-il.

L'heure était avancée et le Bal continuait d'aller à volo. Des bagarres avaient explosé ça et là au sujet d'insultes gratinées ou de vol de vêtement. Même l'arbre de Noël qui trônait au milieu de la salle s'était renfrogné et faisait valser ses branches autour de lui avec mauvaise humeur, brisant à terre les boules de verre qui le décoraient.

Drago, quant à lui, croisait les bras en considérant ses deux acolytes forcés :

-Je le dis et je le répète : poursuivre ce cadeau ne nous amènera rien de bon. maugréa-t-il.

-Peut-être mais t'as embrassé ton chef. ricana Marcus.

Le blondinet lui jeta une œillade mauvaise :

-Et le faire exploser non plus.

-Peut-être mais t'as toujours embrassé ton chef. rajouta le PAF.

-Écoutez !  Le Très Haut me parle ! s'écria brusquement Zelda avec de grands yeux illuminés.

Drago mit son visage dans ses mains :

-Je suis entouré d'imbéciles... rumina-t-il.

Quelqu'un lui tapa sur l'épaule et il se retourna : Malicia se tenait devant lui. A moitié dévêtue. Mais Drago n'eut pas le loisir de profiter de cette vue car la métisse lui plaqua un cadeau dans les mains. Le blondinet leva aussitôt les yeux au ciel :

-Oh fichtre.

Sans aucun ménagement, Drago saisit Zelda et lui retira son tutu avant de l'enfiler. Puis il tendit le cadeau à Marcus :

-Ce cadeau t'es destiné.

-T'as embrassé ton chef. Répéta le PAF.

Le blondinet lui envoya un regard mauvais :

-Oui, Flint. J'ai embrassé mon chef.

-Et t'es en tutu ! éclata de rire son ami.

Zelda se rapprocha de lui et lui fit un large sourire charmeur :

-Tu sais, Dragochouchoupinou, si tu voulais voir ma culotte, il fallait juste demander !

L'alpha soupira d'exaspération.

-Examinons ce message de menace. Et vite.

Il tira le parchemin de sa poche et le regarda avec concentration alors que ses deux camarades pouffaient devant sa tenue improvisée.

Malicia avait piqué une assiette qu'elle avait plaquée contre son popotin, et tenait devant elle un plateau à petits fours plein de miettes, avec lequel elle cachait le devant de sa petite culotte. Et c'est ainsi qu'elle se dandinait au milieu des danseurs, à la recherche du tout premier donneur de cadeau.

Lucrécya, les poings sur les hanches, lorgna sur le joli soutien-gorge rouge et blanc de son amie avec irritation. Puis elle regarda sa propre poitrine, et grogna.

-Tes sous-vêtements sont assortis... grommela-t-elle.

Les joues de Malicia rougirent :

-Oui, c'est mon ensemble spécial Noël... mais personne était censé le voir à part moi !

-Mouais... Moi j'assortis pas mes sous-vêtements...

La Zeta stoppa, et jeta une œillade à la batteuse renfrognée.

-Je sais pas quoi te dire, là.

-J'aimerai bien avoir des sous-vêtements assortis, poursuivit la brunette, en croisant les bras.

La métisse secoua la tête.

-Oui, t'as qu'à commencer à partir de demain. Bon, sinon, pour en revenir au cadeau ensorcelé : Marcus l'a eu, et c'est moi qui lui ai donné.

-Oui mais là je l'ai pas fait. Assortir les sous-vêtements, je veux dire, insista cette dernière.

-Et avant moi, c'était Gri... ou Zelda ? La ballerine, je crois...

Elle tira la langue à un POP qui bavait sur son décolleté, et, rouge de honte, s'enfonça encore plus dans la foule.
L'Alpha Alpha Alpha accéléra pour la suivre :

-En plus j'ai mis mon slip panthère. Il est délavé et tout pourri, mais je le met parce qu'il est confortable. Mais il est moche moche moche !

-Et avant Griselda ballerine... oh, je sais plus, je crois que c'était un Gamma... poursuivait Mali.

Lucrécya haussa les épaules :

-Et du coup j'ai l'air débile avec mon soutien-gorge et ma culotte dépareillés, à côté de toi.

La Zeta la regarda, courroucée :

-Concentre-toi, Lulu ! Avant le Gamma, c'était qui ?

-En plus tu as des nénés, toi. Moi je fais du A.

-Lustucru ! L'enquête ! La recherche du donneur de cadeau originel ! C'est plus important !

-Et encore, quand je dis que je fais du A, c'est juste parce que y'a pas de taille en dessous de A.

-LUSTUCRU CONCENTRE TOI J'EN AI ASSEZ D’ÊTRE A POIL !

Quelques étudiants jetèrent un regard surpris à Malicia, qui rougit encore davantage et se cacha tant qu'elle le put derrière son assiette et son plateau. Lucrécya, elle, souffla avec force :

-Ouais, ouais, c'est bon, c'est pas la peine de s'énerver. Prend exemple sur moi : je m'énerve JAMAIS, moi !

Malicia eut l'air tout à la fois blasée et pas vraiment convaincue, aussi Lulu ne préféra pas insister. Elle tourna la tête, et désigna d'un mouvement de menton Archiwald de Winchester, qui, toujours revêtu d'une robe, discutait comme si de rien était au sein de son cercle habituel d'AAA hypocrites.

-C'est lui qui m'a filé le cadeau en premier, affirma Lulu.

-Ah oui, c'est juste, acquiesça la Zeta. Allons le voir.

La petite brune s'avança à grandes enjambées vers l'AAA, et lui tapota l'épaule.
Archiwald se retourna en grommelant :

-Diantre, quoi encore ?!

Il baissa la tête... et demeura bouche bée. Ses yeux restèrent fixés sur la brassière pourtant bien peu remplie de la jeune femme, et ses pommettes rosirent.

-Lu... Lu... Lucré....  bégaya-t-il.

-Ouais, je sais, chuis à poil à cause du cadeau, grogna la batteuse. Tu te rappelles ? Le cadeau que tu m'as foutu entre les mains ?

Archie sembla gêné :

-Je suis désolé, crois-le bien ! Mais une force inconnue jouait contre ma volonté, car sois assurée que je ne te souhaite pas le moindre mal...

-Ouais, ouais, blah-blah, on s'en fout, Archichou. Dis-moi juste qui t'a refilé cette saloperie, histoire que je retrouve le coupable et qu'je lui marave sa race !

-C'est MacMalden !

Lucrécya et Malicia s'échangèrent un regard. Elles hochèrent la tête, et, sans un mot de plus, partirent à la recherche du PAF, sous le regard troublé d'Archiwald.

Les deux amies en petite tenue s'approchèrent d'Angus MacMalden. Ce dernier montrait ses biceps à une Omega aux traits ahuris, qui le fixait bouche bée et en louchant.

-Hey ! MacMachin ! lança Lucrécya.

Le PAF se retourna vivement.

-QUOI ?! Chuis occupé, là !

Son regard noir s'adoucit lorsqu'il aperçut la lingerie de Noël de Malicia, et il hocha la tête d'un air ravi. La métisse, mal à l'aise, demanda :

-Qui t'a donné le cadeau ensorcelé ?

Un voile de panique passa dans les yeux du PAF :

-Qui vous a parlé du cadeau ? J'ai jamais eu aucun cadeau ! Y'a pas de cadeau ici ! Pas un qui m'a forcé à galocher de Winchester en tout cas !

-T'as galoché Archichou ? ricana Lucrécya.

Les poings du Pi Alpha Fi se serrèrent :

-TU PEUX PAS LE PROUVER !

-Nous on s'en fiche de ce que tu as fait ! On veut juste savoir qui t'a donné le cadeau.

-Ah ouais, ça... c'était une de ces têtes d'ampoule de Pi Omicron Pi. Lui là bas...

Il pointa du doigt Jasper J. Johnson, qui faisait la danse du robot au milieu d'un groupe d'étudiants qui le pointaient du doigt en se moquant de lui.

-Allons le voir ! s'exclama Lucrécya en serrant les dents.

-...ou lui ? rajouta MacMalden, en se grattant le crâne, désignant Andrew McCormick.

Mali se figea.

-Quoi ? Mais ils se ressemblent pas du tout ! Comment tu peux les confondre ?

-Ou alors c'est elle, termina le PAF, vraiment pas sûr de lui.

Il pointa Wendy la bimbo, qui éclatait d'un rire cristallin en agitant sa crinière blonde devant un parterre de soupirants.

La Zeta se pinça l'arrête du nez.

-Tu ne te souviens pas si c'est une fille ou un garçon qui t'a donné le cadeau ?

-T'es complètement crétin en fait, fit la batteuse.

-Bah ouais, pourquoi, ça te pose un problème ? gronda le PAF en gonflant son torse, menaçant.

Drago sortit de sa poche la fameuse lettre, envoyée le matin même par hibou à tous les étudiants.

-Mmh. Voyons voir. Il y a sans doute quelque chose qui nous échappe là-dedans.

Il relut l'intégralité de la menace, le sourcil relevé. Marcus se pencha vers lui, et écarquilla les yeux :

-Dingue ! J'ai reçu la même lettre ce matin ! s'exclama-t-il, ébahi.

L'Alpha lui lança un regard désolé, et Zelda en profita pour agripper le bout de parchemin. Elle le contempla dans tous les sens.

-Oh, vous avez vu ? Y'a des trucs qui apparaissent quand on bouge vite !

Elle agita la lettre devant les yeux de ses compères. Drago fronça les sourcils, prêt à envoyer une pique à l'irlandaise, lorsqu'il réalisa quelque chose.

-Mais... tu as raison : quelque chose semble écrit en filigrane !

-En filiquoi ? grogna le PAF en se frottant la nuque.

Le blondinet leva les yeux au ciel, et plissa les yeux pour tenter de lire les mots en caractères minuscules.

-Wizardry... and Occult... Witchcraft... University... FICHTRE ! Comprenez-vous ce que cela signifie ?!

-Euh... non... admit Marcus.

-Ca veut dire que tu veux un bisou de ton irlandaise préférée ? proposa Griselda en cillant à outrance.

Malefoy grimaça, puis reprit :

-C'est un papier à lettre officiel de l'université ! Cela signifie que Monsieur X fait partie de l'administration de la WoW !

-Tu veux dire un prof ? s'étonna le PAF.

-Oui, ou un employé ! renchérit Drago. Et il est sans doute ici en ce moment même, pour se gausser de nous et admirer son œuvre satanique !

Flint croisa les bras, et se frotta le menton :

-Y'a qui comme employés de la fac, ici ?

Zelda leva le bras en trépignant, comme si on l'interrogeait en cours :

-Oh oh oh je sais je sais je sais ! Déjà y'a le bon docteur Magouille et sa moumoumoustache ! Je le sais parce que je lui ai parlé... ou alors j'ai halluciné ?

Marcus hocha la tête :

-Ouaip, il est là. Y'a sa secrétaire zarbi Krapull, aussi... Jolie minijupe d'ailleurs...

Il coula son regard sur l'arrière-train de la blonde glaciale, et ne put s'empêcher de sourire bêtement.

-Il me semble reconnaître cet impayable Arthur Beauregard dans un abominable pull vert et poilu... poursuivit Drago, en fusillant du regard le professeur suant de stress.

-Y'a le monstre humanoïde bizarre qui enseigne la botanique, Vertefeuille... sussura Zelda sur un ton de confidence. Je mettrai mon Lethifold au feu à couper qu'il fait partie d'une toute nouvelle race mutante de reptilien ! Sinon, pourquoi serait-il en train d'essayer de voler tous ces cadeaux ?

-Y'a la folle du vaudou, Mama Ogg, qui cuisine un truc bizarre du côté du buffet... Et le prof de Luluchou, Omer Sheraff.

Marcus désigna le barbu, qui scrutait la foule des danseurs d'un air renfrogné.

-Aucun autre ? demanda Zelda.

Drago balaya la salle du regard :

-Non, il ne me semble pas en avoir vu davantage. Les autres n'ont pas du daigner venir.

Myosotis resta stupéfaite quelques secondes, et loucha sur le doigt boudiné que le professeur Saussurus pointait sous son nez.

- Qu... quoi ? finit-elle par articuler. Vous me soupçonnez, moi ?

- Évidemment ! siffla le sous-fifre du doyen, en la fixant avec suspicion. Vous versez dans l'occulte, à ce que l'on dit ! Et ces poils verts sont étrangement de la même teinte que ce qui vous tient de tignasse !

Stupéfaite, la fille-chlorophylle passa sur l'insulte, et resta bouche bée quelques secondes. Puis elle cligna des yeux, et remit en place l'immense chapeau qui glissait sur son crâne.

- Mais... Mais c'est débile ! lâcha-t-elle. Pourquoi j'aurais lancé ce maléfice en prenant le risque d'en être victime ?

- Ah ça, c'est à vous de me le dire, jeune fille.

Le professeur tourna les talons, et s'éloigna en maugréant, laissant les trois enquêteurs interdits.

La semi-dryade secoua la tête, puis considéra ses amis, les yeux ronds :

- Je vous jure, c'est pas moi !

- On s'en doute, trancha sèchement Titus.

- C'est crétin de penser que t'es coupable, la rassura Kimberlie. Maintenant, reste plus qu'à savoir qui est le plus susceptible à avoir fait ça entre Vertefeuille et Beauregard...

Les Gammas considérèrent les deux professeurs, l'un après l'autre.

L'un était en train de se frotter les mains, sardonique, avant de soulever un lourd sac de toile rempli de cadeaux dérobés à la table des présents au Doyen. L'autre, transpirant à outrance, considérait les lieux alentours comme un animal traqué. Il ne fallait pas beaucoup d'imagination pour penser qu'il avait peut-être quelque chose à se reprocher.

Le regard de l'américain s'assombrit :

- C'est moi ou aucun de ces foies jaunes ne transpire l'honnêteté ?

Myosotis tordit sa bouche :

- Mon oncle a beau être de ma famille... je crois qu'il a le potentiel pour être un génie du Mal. Un génie du Mal à l'hygiène personnelle douteuse qui plus est. J'espère pas, mais... c'est peut-être lui.

La métisse haussa les épaules :

- J'ai entendu parler de Beauregard et il paraît que c'est un bon sociopathe, prêt à tout pour arriver à ses fins. Ça peut tout aussi bien être lui.

Le silence retomba entre nos amis, et Myo grimaça. Elle ne se sentait pas à l'aise dans cette situation. Sa mâchoire la lançait terriblement, Titus était d'une humeur massacrante, Kimberlie n'avait pas l'air mieux, et le coupable de toute cette merde de cadeau foireux était peut-être bien quelqu'un de son sang, ce qui ne ferait sans doute pas remonter son cas dans l'estime des gens. Bref, la semi-dryade avait besoin d'un gros pétard pour faire passer tout ça. Mais évidemment, elle n'avait rien à fumer, et tentait de passer outre cette envie tiraillante.

- Bon, on fait quoi ? dit la batteuse en agitant ses bras, en proie à un trop plein d'énergie. On fait une enquête préliminaire ? On tire à pile ou face ?

- On s'en branle, on va au hasard ! s'impatienta le cowboy, dents serrées. Et si le coyote qu'on recherche c'est pas le premier, c'est que c'est le second !

Il dégaina sa baguette et se dirigea d'un pas ferme (mais néanmoins rendu oscillant par l'alcool) vers le professeur d'Arts Divinatoires, Arthur Beauregard.

Titus pointa vigoureusement sa baguette vers le professeur Arthur Beauregard, qui, suintant dans son pull vert et poilu, s'apprêtait à mordre dans un petit four.
Ce dernier réalisa que quelqu'un le tenait en joue, et releva les yeux sur les trois Gammas.

-Plaît-il ?

-LE CADEAU ! hurla le yankee débraillé.

-Dites-nous tout ce que vous savez sur ce cadeau, suggéra Myosotis en tentant de tempérer la hargne du cowboy.

Le professeur eut l'air mal à l'aise. Il tira sur le col de son affreux pull de Noël :

-Le cadeau ? Vous voulez dire ce cadeau ensorcelé qui se trimbale d'étudiants en étudiants en forçant les innocentes victimes de son maléfice à faire des actes répréhensibles et honteux en public ?

Kim hocha la tête :

-Exactement !

Le professeur haussa les épaules :

-Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.

Titus bondit littéralement :

-NON MAIS IL SE FOUT DE NOUS ?!

Myo tendit un des poils verts emprunté à Saussurus :

-On a retrouvé ça sur une des lettres de menace envoyé par un certain Mr X. Ça pourrait venir de votre pull !

Arthur Beauregard se frotta son menton poilu un long moment, puis plissa les yeux vers les enquêteurs en herbe.

-Ca, ça veut rien dire, ça peut venir de n'importe qui !

-N'importe qui ? s'étonna Kim.

-Oui.

-Avec des poils verts ?

-Oui ! Fléreurs teinturés, boursoufs irlandais, hygiène corporelle douteuse... les explications peuvent être nombreuses !

Nos trois amis grimacèrent, tandis que le prof se penchait vers eux, non sans regarder tout autour de lui d'un air traqué.

-Ecoutez, vous m'êtes sympathiques, fit-il sur un ton de confidence. Alors je suis prêt à faire une exception pour vous.

La métisse leva un sourcil incompréhensif :

-Une exception à quoi ?!

-Mon troisième œil se doute fortement de qui est le coupable, annonça Beauregard en hochant la tête d'un air entendu. Je parie que c'est Radagast Vertefeuille. Ou Mama Ogg. Qui veut parier avec moi ? Je pars sur soixante-quinze gallions !

Titus fusilla le prof d'Arts Divinatoires du regard :

-Pourquoi eux ? Vous avez des preuves de ce que vous avancez, foie jaune ?!

Beauregard se lissa la pointe de sa barbe :

-Je savais que vous alliez me poser cette question, jeune homme ! Je sais des choses en avance ! Le troisième œil, tout ça...

-Oui, et alors... ?! s'impatienta Kim.

-Alors... J'ai pas de preuves. Mais ils sont tous les deux venus rôder du côté du bureau de Magouille tout à l'heure, à tour de rôle. Je les ai bien vu, et ils avaient l'air drôlement louches, si vous voyez ce que je veux dire...

Il hocha la tête, se tapotant le bout du nez en souriant, l'air plus louche que jamais.

-M'étonnerait pas que l'un d'entre eux ait voulu lancer ce sort pour mettre le barouf dans le Grand Bal du doyen, reprit-il. En plus, niveau poils verts, les deux sont naturellement bien fournis, à ce qu'il paraît.

Myo fronça les sourcils, et croisa les bras :

-Et vous, qu'est-ce que vous faisiez du côté du bureau de Magnus ?

-Ah ! Euh... J'étais... disons, venu demander une avance sur salaire. J'ai quelques minuscules et insignifiantes dettes. Mais ça n'a pas fonctionné : Magouille et son larbin m'ont ri au nez, sans aucun respect de l'esprit des fêtes de Noël ! A ce propos, z'auriez pas un gallion ou deux pour un pauvre professeur universitaire dans le besoin ? Je vous rembourserai ! Non, mieux : je vous parie que je vous rembourserai ! Mon troisième oeil ne me fait jamais défaut !

Les Gammas ne lui répondirent rien, et se retournèrent pour faire le point.

-Tu crois qu'on peut lui faire confiance ? chuchota Kimberlie.

Titus se frotta les tempes, en grimaçant douloureusement.

-J'en sais foutrement rien. Mais on a aucune autre piste, alors...

MacMalden était devenu rouge tomate. Le genre de rouge qu'il valait mieux éviter le plus vite possible. Aussi Malicia saisit Lucrécya par l'épaule et fit un grand sourire radieux au PAF pas content :

-Haha ! C'était bien sympa, hein, mais on va y aller ! clama-t-elle avant de tirer son amie dans la foule.

L'assiette qui cachait ses fesses tomba à terre et son sourire se figea :

-Oups !

Elle se mit à claudiquer de façon ridicule et saisissant le plat au vol, entreprit de mettre autant de mètres que possible entre Lulu, elle et MacMalden. Finalement, elle soupira, soulagée :

-Pfiou ! Il était moins une ! Vraiment, dans les PAFs, y'a que Minus de recommandable !

Elle se mit à scruter la foule :

-Bien, bien, bien... alors qui on devrait aller voir ? Pourquoi pas Jasper J.Johnson ? Lui au moins, il voudra pas nous mettre la tête au carré !

Elle avança vers le Pi Omicron Pi qui, après sa danse frénétique, reprenait des forces tout près du bar avec un jus d'orange :

-Salut Jasper ! fit-elle.

L'étudiant les considéra son amie et elle et manqua de s'étouffer avec sa boisson. Il essuya maladroitement ses habits tachés :

-Bonsoir...euh... Mesdemoiselles ! chuinta-t-il avant de tenter de prendre un ton plus assuré. Pourquoi cet honneur ?

-MacMalden nous a dit que tu lui avait donné un cadeau... commença à expliquer la métisse.

-Un cadeau ? répéta le Pi Omicron Pi.

-Ouais. Et après il a voulu nous tabasser. Si j'avais eu des sous-vêtements assortis, ça serait pas arrivé. bougonna Lucrécya.

Mali se tourna vers elle :

-Rho, Lustucru, arrête de ramener tout à ça ! MacMalden t'aurait tabassée avec ou sans sous-vêtements assortis !

Jasper eut l'air aussi surpris qu'intéressé par la question :

-Des...des sous-vêtements assortis ?

Malicia se tourna vers lui :

-Lustucru est persuadée que les sous-vêtements assortis auraient tout changé, alors qu'à l'évidence MacMalden nous aurait tapées quand même. expliqua-t-elle en levant les yeux au ciel.

-Pas si j'avais fait du B ! riposta la batteuse. Comme toi !

-Du C, tu veux dire ? corrigea la métisse machinalement.

La nouvelle sembla alarmer encore plus l'alpha alpha alpha :

-TU FAIS DU C ?! brailla-t-elle.

Alors que quelques regards intrigués, dont celui de Johnson, se portaient sur elle, Mali serra son plateau contre sa poitrine, rouge pivoine :

-J'ai dit C ? Je voulais dire B !... un petit B de rien du tout hein ! bafouilla-t-elle avant de prendre à parti le Pi Omicron Pi. Y'a rien à voir ! On pourrait presque croire que c'est du A !

Lucrécya la contourna subrepticement et saisit une étiquette qui dépassait de son soutien-gorge :

-90C !!! Je rêve !!! hurla-t-elle comme si la métisse l'avait trahi. Et depuis quand ?

Les lèvres de Malicia tremblèrent :

-Ben... euh... depuis le mois dernier ? couina-t-elle sans savoir où se mettre.

Alors que son amie ouvrait la bouche outrée, la zeta se justifia toute stressée :

-J'y suis pour rien ! Ils étaient pas là l'année dernière et puis ils ont poussé d'un coup pendant l'été et depuis ils veulent plus s'arrêter ! Si ça continue, ils seront beaucoup trop gros !

Jasper porta d'une main tremblante son jus de fruit à ses lèvres, mais se le versa une fois de plus sur la chemise. Mali quant à elle se mit à crier et à pleurer de sa voix suraigüe à grands renforts de moulinets de bras :

-Et je peux plus porter mes brassières avec des petits cœurs, j'ai du toutes les jeter et j'ai aussi du jeter toutes les culottes qui étaient assorties et maintenant j'ai plus que ces horribles sous-vêtements à froufrous et à dentelle qui me font passer pour une grosse teupu et je peux plus mettre de chemise parce que je fais sauter tous mes boutons et même quand je mets un t-shirt c'est toujours moulant et ça déforme tous les dessins qu'y'a dessus et depuis ma vie est TOUTE POURRITE !!! TOUTE POURRIIIITE !!!

Elle fondit en larmes, droite comme un piquet au milieu de la foule. Après avoir regardé de côté, blasée, Lulu finit par lui tendre un plateau plein de petits fours. La zeta en saisit un et mordit dedans en reniflant :

-Scrounch... Merchi...

La batteuse se tourna vers Jasper qui avait l'air plus halluciné que jamais :

-Bon, à part ça, qui c'est qui t'a filé le cadeau ? demanda-t-elle.

Tandis que les autres étudiants de la WoW faisaient des pieds et des mains pour retrouver le mystérieux Mr X, Kim Myo et Titus se trituraient les méninges de leur côté... pour retrouver Mr X.

-Et merde, grommelait Kim en lissant machinalement le bas de sa robe, si un des profs a fait ça pour s'en prendre à Magouille, alors...

-Ils pourraient tous être coupable, grogna Titus de mauvaise humeur en se massant vigoureusement les tempes.

-Je suis navré de ne pas pouvoir vous aider plus, fit Beauregard d'un air tout sauf navré, mais si l'idée du pari vous intéresse toujours, je pourrais vous révéler d'autres-

-Barrez-vous.

Le prof de divination ne se fit pas prier et déguerpit à l'autre bout de la Salle de Bal. Myo se tourna vers Kim et Titus, les lèvres pincées :

-Bon on fait quoi du coup maintenant ?

Bibi, juché sur son épaule haussa les siennes, minuscules :

-Chais pas... on va prendre un verre ?

Titus siffla bruyamment à ces mots :

-Me parle pas de verres, gnôle, bar ou quoi que ce soit en rapport avec la binouze avant au moins deux jours !!!

-Si tu veux cowboy, mais ça nous avance pas plus...

Kim donna un coup de talon aiguille rageur dans une table grand luxe en s'écriant :

-J'EN AI MAAAAAARRE DE CES VIEUX INDICES MOISIS ET DE CETTE FAC DE M-

-Baisse d'un ton, bizut tu veux ? gémit le ricain, les mains plaquées sur ses oreilles. J'ai l'impression que mon cerveau va me sortir par le pif !!!

La batteuse croisa les bras, boudeuse :

-Ce Bal est un putain de fiasco de toute façon... Je me suis cassé la tête à me sortir une robe pour une fois un peu classe, et qu'est-ce qui me tombe dessus, hein ?

Myo sourit de manière triste :

-Un énième taré qui essaie de mettre le boxon dans la WoW ?

Kim coula alors un regard mauvais vers Titus :

-Mouais, et un cavalier alcoolique et débraillé qui est pas foutu d'aligner trois phrases, encore moins trois pas de danse...

Titus, qui se frottait les yeux afin de s'éclaircir les idées leva la tête lentement :

-Excuse-moi, j'étais loin d'ici. Tu parlais de moi ?

-Peu importe, asséna la métisse. T'as une idée de qui est notre coupable ?

Le yankee la regarda de travers :

-Moi ? Et pourquoi spécialement moi ? T'en as pas une idée, toi ?

-J'arrive pas à me décider !

Le Gamma se tourna alors vers Myosotis en fronçant les sourcils :

-Et toi ? Tu sais quelque chose sur ton oncle qui nous aiguillerait, ou pas ?

Myo réfléchit longuement :

-Je sais des tas de choses bien flippantes sur mon oncle, mais là il est pas plus suspect qu'un autre...

-Bon Ok...

Le cowboy ferma un moment les yeux : derrière ses paupières des petites mouches lumineuses dansaient, et une cloche de cathédrale continuait de carillonner dans sa boite crânienne.

-Moi je dis que Vertefeuille pue le coupable... Vous en pensez quoi ?

-Je suis assez d'accord, clama Kim, résolue.

-Ça me plait pas de le dire, mais je peux pas dire le contraire, fit Myo dépitée.

Sans ajouter un mot, Titus avança à grandes enjambées vers le Professeur de Botanique, sa nausée revenant dare-dare lorsqu'il huma malgré lui les premiers relents de son odeur de poulailler.

Jasper J Johnson resta là, bouche béante, les joues rouge vif, déglutissant sans cesse, fixant les deux soutien-gorges devant lui. Son nez se mit à saigner abondamment, et il plaqua vivement sa main dessus, en balbutiant :

-Euh... je... euh... ben ?

-C'est toi qu'a donné le cadeau à MacMalden ? interrogea Mali.

-Jeeeeeeuh...

-T'as eu le cadeau à un moment, au moins ? siffla Lulu.

-Vouuuuui je... euh....

Lucrécya plissa les yeux et considéra l'intello qui restait figé dans une grimace étrange devant elles.

-Il est crétin ou quoi ?

-Ben je sais pas... C'est pas censé être intelligent un Pi Omicron Pi ? demanda Mali.

-Là on dirait plutôt un Omega... ou un poülhõpô qui a trouvé une baguette magique...

-Mmh... C'est pas faux...

Les deux amies se penchèrent sur le binoclard. La métisse passa une main devant les hublots qui servaient de lunette au malheureux, et qui étaient étrangement embuées :

-Oh hé ! Jasper ! Qui t'a donné le cadeau ?

-REPONDS OU JE T'ASSOMME ! rugit la brunette en posant une main sur sa batte.

-Euuuh... je... sais pas ! parvint à déglutir le malheureux d'une voix particulièrement aigue.

-Comment ça tu sais pas ? s'étonna Malicia en levant un sourcil.

-Je sais plus... ? Je me sens... perturbé...

Il essuya d'une main tremblante la bave au bord de ses lèvres :

-C'était une Zeta... me semble-t-il ?

-Tu es sûr ?

-Je crois... Une de celles-là...

Il désigna Pansy et Amalia qui, moulées dans des robes magnifiques, discutaient vivement. Non loin, la chef de la sororité, Perry, sirotait un cocktail multicolore en regardant les gens s'amuser sur la piste de danse.

La batteuse fronça les sourcils :

-Qui ça ? Pansy ? Amalia ? Ou Perry ?

-Je... je connais pas son nom... bredouilla Jasper, mal à l'aise.

-Mais elle ressemblait à quoi ? insista Malicia.

-Elle... elle... elle avait... DES SEINS ! AAAAH !

Le POP s'enfuit en hurlant comme une fillette, les bras levés au ciel.

-Quel garçon étrange... grommela Lulu en croisant les bras.

Malicia acquiesça.

Titus, Kimberlie et Myosotis s'avancèrent vers l'humanoïde vert, poilu à outrance et aux allures simiesques qu'était le professeur Vertefeuille.

Ce dernier maugréait et pestait dans la barbe qui n'avait pas, tout en fourrant les paquets de la table des cadeaux pour le doyen dans son sac. Puis, se sentant d'un coup observé, il se redressa vivement, et se retourna vers les Gammas, qui grimaçaient tous de dégoût devant son odeur sauvage.

-GRUMPF. Vous voulez quoi ?! grinça-t-il, renfrogné.

Il détailla les trois enquêteurs en herbe, et ses yeux jaunes et étranges s'étrécirent sous la colère lorsqu'il aperçut Myosotis.

-Oh, mais c'est la catin du doyen ! s'exclama-t-il en postillonnant en abondance, d'une voix rauque et agressive. Qu'est-ce que tu m'veux ?!

Myo leva les yeux au ciel :

-Bonjour, tonton.. soupira-t-elle. On voulait juste te demander... euh... comment dire ça...

-C'est vous qui avait lancé ce foutu cadeau ensorcelé dans le bal ? demanda Kimberlie, tout de go.

Titus, lui, serra les dents et grogna :

-Vous en voulez à cet enfoiré chapeauté de Magouille et du coup vous nous faites tous trinquer à sa place ! Espèce de barjot puant !

Le professeur de botanique croisa ses longs bras touffus, et considéra avec méchanceté ses interlocuteurs.

-Humpfff ! Évidemment que j'en veux à Magouille ! cracha-t-il, comme si c'était une évidence.

-Ah ah ! Vous avouez ! s'exclama Bibi, sur l'épaule de sa maîtresse.

Le prof secoua sa grosse tête de singe :

-J'ai rien à avouer ! J'ai absolument rien à voir avec ce satané cadeau magique ! Grumpff !

Myo tordit sa bouche :

-Tu es sûr ? insista-t-elle de sa voix douce.

-EVIDEMMENT QUE JE SUIS SÛR ! cria le dryade, en levant ses mains poilues au plafond. Je voulais me venger de Magouille, qui chaque année fait exprès de ne pas officiellement m'inviter au bal de Noël, soi-disant à cause de mon odeur qui incommoderait les convives !

Les trois se jetèrent un regard entendu.

-J'ai beau ne pas particulièrement apprécier Magouille, je suis peut-être d'accord pour ce coup là... marmonna la métisse.

-...et c'est pour ça que je suis venu quand même en entrant par la fenêtre des toilettes ! poursuivit l'humanoïde, en ricanant, dévoilant des dents pointues et noiraudes. Et je vais voler tous les cadeaux de Noël que cet escroc a fait acheter aux étudiants ! C'est un plan machiavélique et génial ! MACHIAVELIQUE ET GENIAL !

Titus plissa les yeux :

-J'arrive pas à être convaincu, là.

-Et le poil ? fit d'un coup Myo. On a trouvé ça sur une preuve !

Elle tendit l'étrange poil vert à son oncle, qui croisa les bras et ne daigna même pas y jeter un œil.

-S'pa à moi, décréta-t-il.

-Mais tonton... reprit la jeune femme.

-S'PAS A MOI ! GRUMPF !

Kimberlie, qui refléchissait depuis un instant, demanda soudain :

-Si vous comptiez juste voler des cadeaux, qu'est-ce que vous foutiez à rôder autour du bureau du Dr Magouille ?

Vertefeuille fusilla la malheureuse du regard :

-Parce que je voulais réclamer mes deux derniers chèques de salaire, que je n'ai jamais eu ! Et je ne les ai toujours pas : ce gougnafier de Saussurus les aurait soi-disant égarés ! EGARES ! MES CHEQUES DE SALAIRE ! VOUS VOUS RENDEZ COMPTE ?!

Il fronça ses sourcils épais, se frotta un moment le menton, puis pointa un doigt accusateur sur Kim :

-VOUS LA ! Comment vous saviez que j'étais là-bas ?! Vous m'espionnez ?!

-Non, c'est Beauregard qui vous a vu, expliqua la métisse en se pinçant le nez.

-Arthur Beauregard ?! Quel comble ! s'exclama le professeur de botanique, outré. Alors que c'est certainement lui le coupable !

-Sérieux ?! lâcha Myo.

-Oui ! Il a plus de raison d'en vouloir à Magouille que moi ! Il lui doit de l'argent, énormément d'argent ! Et tout le monde sait quel sort cet escroc réserve à ceux qui ne lui payent pas leurs dettes à temps... Mais c'est bien sûr : Arthur m'aura dénoncé à sa place, histoire de paraître plus innocent !

-Et peut-être que vous faites exactement la même chose, persifla le cowboy.

-Peut-être, mais je préfère voler des cadeaux que de m'embêter à lancer un maléfice de cet ampleur. C'est plus gratifiant, et je pourrais les revendre à prix coûtant à l'épicerie San Sou Si !

Myosotis se tourna vers le prof d'Arts Divinatoires, qui continuait à fixer la foule avec suspicion, des gouttes de sueur perlant sur le front.

-Donc, selon toi, le coupable, c'est Arthur Beauregard ? récapitula la fille-chlorophylle.

-Ouais. Lui, ou miss Krapull.

-Miss Krapull ? La secrétaire ?

-Ouais, renifla Vertefeuille, dédaigneux. Elle en veut assez au doyen pour faire une saloperie pareille à sa soirée de prédilection.

-Pourquoi elle en voudrait à Magouille ? s'étonna Titus. Cette vieille carne l'a même pas viré quand il a appris qu'elle était une putain de reptilienne change-forme bouffeuse d'étudiants !

-Mais voyons ! Tout le monde le sait ! s'exaspéra le dryade, en agitant ses bras. Tous les profs ne parlent que de ça ! Elle en veut à mort à Magouille parce qu'elle était sa maîtresse, avec tous les avantages que ça impliquait, et qu'il l'a remplacée par une plus jeune, encore plus stupide, et qui, hélas, est de ma propre famille !

Myosotis rougit violemment, tandis que son oncle faisait volte-face en maugréant :

-Maintenant, laissez moi tranquille, bande de petits imbéciles ! J'ai à faire !

Et il continua à fourrer la multitude de paquets-cadeaux dans son sac en toile, tout en pestant dans sa barbe.

Marcus tentait de réfléchir plus qu'il n'avait l'habitude de le faire. Ça turbinait sec, dans son crâne ; mais le problème c'est que ça ne suffisait pas. Il arrivait à rien. Rien de rien. Il voyait aucun lien entre les profs, le message de Mr il ne savait plus quelle lettre, et le cadeau ensorcelé.
A l'évidence, ses coéquipiers d'enquête, Zelda et Malefoy, étaient bien plus malins que lui ne l'était. Mais il ne voulait pas que cela se voit. Alors, il plissa les yeux d'un air qu'il pensait malin, et chantonna à mi-voix.

-Voyons voyons...

-Euh... Flint ? fit la voix traînante de Drago.

Marcus l'ignora :

-Tut-tut-tut... Quel prof pourrait être le coupable...

-Flint ?

-Mmh... voyons voyons...

-Flint ?

-Quel indice se cache sous notre nez sans qu'on le sache ?

-Flint.

-Flint Flint Flint ! rigola l'irlandaise cinglée, imitant Drago.

-Voyons voyons... poursuivait le PAF en se frottant le crâne.

-Flint...

-Voyons voy...

-FLINT !

Marcus finit par baisser les yeux vers son meilleur ami :

-Quoi, à la fin ? T'as pas remarqué que chuis en plein réfléchissement intense avec toute mon intelligence, là ?

L'AAA grimaça :

-Réfléchissement ?

-Bah quoi ? On dit réfléxionnage, c'est ça ?

Le blondinet préféra passer outre :

-Et toi ? As-tu remarqué que tu avais le cadeau maudit entre les mains ? soupira-t-il, d'un air navré.

Le PAF baissa les yeux et réalisa qu'il était, en effet, en possession du paquet scintillant. Il pesta :

-Oh merde.

Aussitôt, ses pupilles se dilatèrent.

En transe, le PAF fit glisser le pantalon qu'il avait gardé un bon moment chevillé aux pieds, et qu'il venait à peine de remonter et reboutonner. Il enleva le vêtement en bataillant grave, tirant comme un malade lorsqu'il passa sur ses chaussures. Puis, il l'envoya dans la foule sans même regarder ou il atterrirait.

Drago baissa les yeux sur les vieilles chaussettes trouées et dépareillées de son ami, qui dépassaient de ses chaussures.

-Jolies chaussettes.

-Merci.

-Joli caleçoooon, renchérit Zelda en gloussant.

-Je sais.

Flint soupira :

-Bon, je crois qu'il est temps d'aller enquêter. On a qu'à aller voir un prof au hasard. Lui, là, il a l'air chelou.

Il désigna Omer Sheraff, qui croisait les bras dans un coin de la salle en toisant avec mépris les autres personnes présentes.

-Pourquoi pas, soupira Drago de sa voix traînante.

-Je suis certaine que Lethifold serait d'accord ! rigola l'irlandaise dérangée.

Les trois se dirigèrent vers le professeur de Sports. Puis, Flint se figea :

-Oh, attendez une seconde.

Faisant brusquement demi-tour, il approcha en grandes enjambées de Myo, Kim et Titus, qui venaient de parler au professeur vert et poilu. Le PAF fourra sans ménagement le cadeau dans les mains de la métisse :

-Ce cadeau t'est destiné, tout ça...

Puis il partit rejoindre ses amis d'enquête.

- Bon... vous préférez quoi ? demanda Myo après que le petit groupe ait quitté son oncle.
- Entre aller revoir l'autre bizarre et le monstre... franchement, j'sais pas quoi choisir. avoua Titus avec cynisme.
- Et toi ? Qu'est-ce que tu en penses Kim ?

Entre ses deux amis Gammas, Kimberlie semblait être sous le choc. Ils ne comprirent pas ce qu'elle avait, mais ses yeux étaient exorbités et elle avait une tête qu'on imaginerait à quelqu'un qui fumerait par les oreilles.

- Bizut ? Tu as l'air d'avoir trop bu. dit alors son Parrain pas mécontent de lui dire ça après le speech qu'elle lui avait fait plus tôt.

Celle-ci, comme si c'était une réponse, poussa un cri tout en prenant sa tête dans ses mains.

- Ça ne veut rien dire tout ça ! Un dit que c'est l'autre et vis versa !! J'comprend rien !!! se retrouva-t-elle les fesses par terre en prenant soin de cacher le fait qu'elle ne portait plus de sous-vêtement. Puis j'ai mal aux pieds dans ces chaussures à la con ! ajouta-t-elle en ôtant ses hauts talons
- Ce n'est rien Kim ! Je ne te prend pas la tête. Ce n'était qu'une question comme ça... Tiens, allons voir Krapull plutôt, on aura peut-être enfin ce qu'on cherche avec elle. Ne t'en fais pas. la rassura gentiment Myosotis.

Mais ce qui avançait vers eux n'annonçait rien de rassurant, surtout pour la pauvre garçon manquée. Les trois Gamma virent de cette façon, Marcus Flint foncer vers eux avec le cadeau maudit dans les mains.

- Ah non mec ! Casses toi avec ça ! grogna Titus.

Mais c'était trop tard, malgré ses « non,non,non,non » répétés en voyant le cadeau arriver dangereusement vers elle, il lui fourra cette saleté dans les mains et sans beaucoup de regret, il se barra.
Grimaçante, Kimberlie jeta un œil au paquet qui la dernière fois avait failli la tuer...

La conscience de son corps perdit pied. Pourtant au fond de son esprit, Kimberlie discernait encore ce qu'elle faisait, ce que le cadeau voulait. Elle fut prise de panique en voyant ses ordres, mais cela ne discernait que par cette sueur froide qui collait le long de son dos.
Son corps de leva et le reste de conscience qui lui restait vénérait l'idée d'avoir une robe longue parce que le cadeau en avait strictement rien à faire qu'elle n'ait pas envie que tout le monde voit par dessous...
Si elle avait été capable de parler, elle hurlerait au paquet cadeau qu'elle n'était pas amoureuse, de personne et qu'elle n'était pas fait pour tomber amoureuse. Tout le monde rirait si on affirmait qu'elle pouvait tomber amoureuse. D'un fille peut-être vu ses allures, mais d'un garçon... personne n'y croirait ! D'ailleurs, elle-même ni croyait pas ! Alors imaginer ça réaction intérieure en se voyant attraper le col de son parrain tout en levant le poing. Celui-ci écarquilla les yeux puis grimaça, sûrement en sachant qu'il ne fallait pas sous estimer la force physique de sa bizut. Il ferma les yeux... mais rien. Le corps de Kimberlie le lâcha et s'éloigna d'un pas décidé.

- Kimberlie ! s'écria Myosotis tout en la suivant de près.

Titus, lui, resta choqué, incapable de cerné ce qui venait de se passer.
Pendant ce temps, le corps de Kim était toujours manipulé par le cadeau maudit, fendant la foule prise par le chaos à cause des ravages du paquet de Noël. Jusqu'au moment où elle se retrouva face à la plus grosse Loque de Gamma Phi Orties.
Sylvius Abraxas avait une mine déplorable. Si Titus était dans un mauvais état, lui c'était bien pire. Il jonchait sur le sol, pataugeant dans de l'alcool renversée, les cadavres de bouteilles plus ou moins cassées, et les mégots de cigarettes magiques. Il avait un mal fou à articuler lorsqu'il entrouvrit les yeux tombant sur Kimberlie. Il avait l'air au bout du rouleau et quelque chose en Kim la pinça au cœur. Elle avait envie de l'aider, de... à vrai dire à part ça elle ne savait pas ce qu'elle avait envie de faire et à vrai dire ce n'était pas important, vu que son corps n'avait d'une seule directive ; lui foutre le plus gros poing que sa tronche n'avait jamais subi.
Elle se pencha, le saisit par le col de sa chemise déboutonnée et arma son poing.

- Kim ! Arrêtes ! lui ordonna Myo derrière elle.

Elle aurait voulu l'écouter, mais c'était impossible. Son poing la démangeait comme jamais, et c'était la première fois que ça arrivait avec quelqu'un qu'elle n'avait pas du tout, mais alors là, pas du tout, envie de frapper.
Mais ce fut de toutes les forces qu'elle lui assiégea un puissant poing dans la mâchoire. Ses articulations rougirent au choc et les lèvres de Sylvius s'ouvrirent. Son menton se teinta direct-chef d'une ecchymose par jolie à voir. Puis, il cracha du sang qui tacha le poing de Kim et sa robe.
Le corps de Kim se rendait à elle peu à peu, ce qui lui permit de regarder Sylvius allongée sur le sol, inconscient, tout en tremblant de tous ses membres. Ce n'était pas réellement le fait qu'elle lui ait donné un coup de poing du diable qui la rendait, mais plutôt ce que cela impliquait. Le cadeau du chaos avait fait surgir un sentiment qu'elle s'était donnée un mal fou à dissimuler à elle-même.
Myosotis arriva près d'elle, mais elle n'eut le temps de lui dire quoi que ce soit que la métisse attrapa le cadeau sur le sol et se dirigea vers le petit groupe Marcus, Drago et GriouZelda. Le PAF devint presque blême en la voyant arriver mais ce n'était pas à lui qu'était destiné ce cadeau. Elle le fourra dans les mains de Zelda :

- Ce cadeau t'es destiné.

Ce fut ainsi qu'elle reprit totalement conscience d'elle-même, sentant le poing de son acte lui peser définitivement sur les épaules ( pour ne pas parler de coeur... ). Elle croisa le regard de Marcus et durcit ses traits.

- Merci ! Merci à toi, idiot !

Elle le bouscula de l'épaule et pressa le pas, comme pour fuir. Ce fut ainsi que Myosotis la rattrapa et posa sa main sur son épaule.

- Ne t'inquiètes pas. Je viens d'administrer les premiers soins à Sylvius. Il n'a rien. Il va décuver tranquillement jusqu'à la fin de la soirée.
- Génial. Absolument génial.
- Kim... Qu'est-ce que c'était... ton gage ?

La batteuse croisa le regard de son amie. Un instant on pourrait croire à de la colère, mais Myo réfuta cela lorsqu'elle vit les yeux humides de Kimberlie. Celle-ci détourna le regard et essuya délicatement ses yeux :

- Allons retrouver Titus. Je vais aller parler à Krapull. Je suis... plutôt en bon terme avec elle dernièrement. Autant que ça nous soit utile.

Puis elle commença à marcher sans un mot de plus, laissant Myosotis inquiète tout en lui fermant le pas.

Miss Krapull regarda Kim s'approcher d'elle, et la pupille serpentine de ses yeux se rétrécit :

-Oui ? siffla-t-elle.

Elle porta à sa bouche une crevette et lui arracha la tête avec les dents avant de la recracher d'un geste leste dans une assiette et de gober le reste.

-Chouette soirée ? hasarda Kim.

La secrétaire jeta un coup d'oeil à Myo qu'elle n'avait visiblement pas cessé de fixer de la soirée. Elle saisit une deuxième crevette et répéta son rituel sans la quitter des yeux. Kim déglutit : Krapull n'avait pas l'air très disposée à discuter avec elle. Probablement parce qu'elle était clairement amie avec la chlorofille.

-Que voulez-vous ? reprit sèchement la grande blonde.

Kim ne se fit pas prier :

-J'enquête sur ces trois poils verts qui pourraient être liés au cadeau maléfique qui gâche ce bal et j'ai un témoignage contre vous.

Krapull se hissa prestement sur sa chaise haute et la toisa :

-Ah oui ? persiffla-t-elle.

Elle tendit son cou sans cesser de regarder la Gamma :

-Et quel est le rapport avec ma personne ? articula-t-elle.

Kimberlie ne sut quoi dire : c'était vrai que ces trois poils verts n'avaient de prime abord aucun lien apparent avec la femme serpent.

-Vous en voulez au doyen, non ?

La secrétaire ne répondit pas tout de suite. Finalement, elle détourna le regard :

-Peut-être. Mais je suis loin d'être la seule et je ne suis certainement pas la pire.

Elle eut un sourire mystérieux :

-Loin de là... laissa-t-elle échapper.

Elle pointa de son doigt aux ongles longs et pointus quelqu'un dans la foule :

-Arthur Beauregard des problèmes de dettes. De gros problèmes. Et il ferai n'importe quoi pour se venger de Magnus Magouille et de ses menaces de recouvrement. Plus tôt dans la journée, je l'ai aperçu dans le bâtiment administratif à vociférer contre notre doyen et son fidèle sous-fifre. Mais ce n'est pas le seul ennemi de notre "Bon Docteur"...

Son regard perçant fendit la foule :

-Omer Sheraff me paraît tout désigné pour faire un excellent suspect... Lui aussi s'est disputé avec Magouille, aujourd’hui. Et il a juré qu'il n'en resterait pas là...

Sur ce, la secrétaire fit signe à Kim de cesser de l'importuner.

-Non mais regardez moi tous ces danseurs du dimanche... Et vas-y que je tortille du derrière et vas-y que je bois comme un trou... J'te jure, ce pays, il a aucune dignité.

Omer Sheraff maugréait en considérant les étudiants qui peuplaient le bal. Clairement, il n'était pas d'humeur à rigoler. Et ça n'allait pas s'améliorer...

Une main poilue saisit le professeur par son col :

-C'EST TOI ?! HEIN CHAROGNE !!! PARLE, AVOUE OU J'TE DEFONCE !!! hurla Marcus.

-QU'EST-CE QUE... ?! s'indigna le professeur.

Drago s'interposa calmement :

-Flint, je pense qu'un simple "bonsoir" aurait pu suffire.

Sheraff jeta un coup d'oeil surpris à ses interlocuteurs alors que le PAF relâchait son étreinte. Le premier était musculeux, mais n'avait pas de pantalon. Le deuxième aurait pu être digne, s'il ne portait pas un tutu rose bonbon par dessus son costume et la troisième était en sous-vêtements.

-Salut salut salut suspect numéro 1 !

-Que signifie cette intrusion ?! rouspéta le professeur.

-Nous avons des raisons de penser que vous pourriez être mêlé à un lâche attentat, perpétué ici même par le biais d'un cadeau ensorcelé.

Sheraff se fit très louche :

-Un... attentat ?! Pour qui me prenez-vous ? Je suis un respectable professeur et non un mage noir infiltré depuis des années qui attend son heure pour faire exploser le ministère de la Magie et tous ces chiens d'infidèles qui le peuplent !

Un silence circonspect suivi cette remarque et le professeur se rembrunit :

-Je suis innocent. lâcha-t-il avec le plus grand sérieux.

-Pourtant, on a un mot d'un certain Monsieur X et il vient clairement du bâtiment administratif ! Le coupable est forcément un professeur ou un employé ! fit Zelda.

Ses yeux s'ouvrirent tout grand :

-A moins que ce ne soit un complot des reptiliens pour enlever le Docteur Froud et nous marier devant la fraternité des Mangemorts Anonymes !

Elle se mit à sautiller sur place :

-Il faut que je trouve une voilette pour Lethi !!!

-L'écoutez pas, elle est barge. s'interposa Marcus. Faisons plutôt place à un raisonnement logistique.

-Logique ? corrigea le professeur.

-Essaye pas de m'embrouiller mon gars ! s'énerva le PAF.

Il tendit la lettre de menace :

-J'suis pas né de la dernière pluie, mon gaillard ! Dans Monsieur X, y'a un X et comme par hasard, tu t'appelles Sheraff !

Le silence retomba.

-Je vais reprendre l'interrogatoire, si vous le voulez bien. soupira Drago avec dépit.

Il se plaça devant le professeur :

-Si ce n'est pas vous qui avez créé ce cadeau, qui parmi les employés ici présents pourraient vouloir gâcher les festivités ?

Sheraff déglutit en pleine réflexion. Finalement, il prit la parole :

-Je sais peut-être quelque chose qui pourrait vous intéresser...

Il se pencha et ses trois interlocuteurs tendirent l'oreille :

-Je suis passé aujourd'hui au bâtiment administratif pour... affaires. Et j'ai vu Mama Ogg rôder autour du bureau du Doyen... Mais ce n'est pas tout : ce fenec malodorant de Vertefeuille était là lui aussi. A essayer de profiter de l'inattention du larbin de Magouille pour entrer dans son bureau. Et il avait l'air fâché comme pas deux...

Après ces révélations, l'équipe prit ses distances :

-Bon qu'est-ce qu'on fait ? demanda le PAF.