-« Faites en sorte que le dîner soit prêt au retour du travail de votre époux. C’est une façon de lui faire savoir que vous avez pensé à lui et vous souciez de ses besoins. Veillez à son confort vous procurera une immense satisfaction personnelle. »

- Heuuu... Je ne vois pas le rapport ?

- Attends, il doit y avoir quelque chose de plus en lien avec ce qui nous intéresse dans ce livre... Je sais qu'il y a tout un chapitre sur comment trouver l'amour...

Kim jetait un œil impatient à Myosotis, plongée dans un vieux livre à la couverture fanée, plus par curiosité qu'autre chose, à vrai dire.

Après leur séance shopping, elles étaient retournées dans la Grande Citrouille, et s'étaient installées sur une table isolée, dans le grand séjour toujours bondé et toujours enfumé d'émanations d'herbes magiques. Jusqu'à présent, tout le monde les laissait tranquille. Probablement parce qu'ils étaient tous complètement défoncés. Heureusement, d'ailleurs, parce que Myo avait décidé de trouver un prétendant à son amie, ce qui semblait pas enchanter cette dernière, qui se triturait les mains, mal à l'aise.

- Au risque de me répéter, je n'ai pas le caractère qui convient à une histoire d'amour, soupira finalement la métisse.

Myo leva les yeux de son livre :

- Bon, je sais que, pour une raison qui m'échappe, tu te trouves mentalement horrible et indigne d'être aimée, je n'arriverais pas à te faire changer d'avis... Mais trouver l'âme sœur, ça n'a rien à voir avec un mauvais caractère ! Regarde Lucrécya ! Elle est heureuse en ménage !

Kim grogna à l'évocation de sa rivale batteuse.

- Ça veut dire que même moi je pourrais trouver l'amour ? demanda innocemment la poupée vaudou, de sa voix de crécelle.

- Mais bien sûr, Bibi ! répliqua Myo, un sourire aux lèvres. Je te présenterai aux poupées de mes camarades de classe, si tu veux !

Madame Zombie parut satisfaite. Ce qui était loin d'être le cas de Kimberlie :

- A part ça tu trouves quelque chose dans ton livre ?

Myo tordit sa bouche, peu convaincue :

- Heu... j'ai ça : « Lorsque vous rencontrez un homme avec lequel vous souhaitez vous marier, écoutez-le. Il se peut que vous ayez une douzaine de choses importantes à lui dire lors de vos rendez-vous : mais laissez-le parler d’abord, souvenez-vous que ses sujets de conversation sont plus importants que les vôtres. Si vous avez des petits passe-temps, faites en sorte de ne pas l’ennuyer en lui en parlant, car les centres d’intérêt des femmes sont souvent assez insignifiants comparés à ceux des hommes. Parlez d’une voix douce, apaisante et plaisante. Ne lui posez pas de questions sur ce qu’il a fait et ne remettez jamais en cause son jugement ou son intégrité. Souvenez-vous qu’il est le maître. »

Kimberlie grimaça :

- Mais c'est moi ou c'est à la fois hyper vieillot et terriblement sexiste ?!

La fille-chlorophylle ouvrit des yeux soulagés :

-Ah ! Toi aussi tu trouves ? J'avais des doutes, je me disais que j'étais en train de virer Zeta, mais si je ne suis pas la seule, c'est que ça ne vient pas de moi !

La métisse lorgna sur le titre de l'ouvrage :

-Le Guide de la Parfaite Sorcière d'Intérieur des années 1950 ?! Mais qu'est-ce que tu fiches avec ce bouquin pourri ?

-C'est ma mère qui me l'avait offert pour mes douze ans. Je m'en étais pas vraiment servi jusque là, mais ces derniers temps je m'étais dit qu'il pourrait m'être utile pour mon histoire avec le doyen... Mais je vais plutôt le jeter au feu je crois !

-Et avec raison !

Kimberlie fit mine de se lever :

-Bon, ben, merci, l'important c'est d'avoir essayé !

L'étudiante aux cheveux verts lui jeta un regard surpris :

-Mais attends, c'est pas fini !

-Quoi ?

-Le bouquin c'était une mauvaise idée, ok. Mais prends déjà le temps de réfléchir un peu à la liste que je t'ai faite ! Bon, je ne te dis pas d'aller aborder les garçons comme ça, de prime abord... mais qu'est-ce que tu penses, en toute sincérité, de...

Elle consulta les noms qu'elle avait griffonné peu de temps avant sur un bout de parchemin :

- ...Ezzechiel McGuire ?

- Il a invoqué un démon qui a failli tuer nos parents ! siffla la métisse, les yeux étincelants de colère. J'ai qu'une envie, lui botter les fesses !

Myo hocha la tête :

-Oui... ça c'est à mettre dans les contres... mais dis-toi que ça ne manquerait pas de mettre du piment dans vos relations !

Elle croisa le regard noir de son amie, et poursuivit :

-. .. ou pas. Oh, et puis il est vraiment trop bizarre. Sans compter qu'il n'a pas de style. Il pourrait porter des fringues plus seyantes. Je ne sais pas moi, un haut-de-forme. Et se laisser pousser la moustache...

- La moustache ? fit Kim en fronçant le nez de dégoût.

Mais Myo était déjà repartie dans ses rêveries, les yeux dans le vague. Après de longues secondes de silence gêné, Bibi, sur son épaule, lui pinça la joue, et elle sembla comme se réveiller.

- Heu... bon, pas Ezzechiel McGuire, alors.

Elle le raya, et passa au suivant.

- Shakulu ! T'en penses quoi de Shakulu ?

- En tant que petit-ami ? Honnêtement, pas grand chose.

- Oui, je vois le problème : il est petit. Je le dépasse de deux bonnes têtes. Si seulement il était grand. Très grand, et très mince... Et moustachu... Avec de jolis yeux vairons et de beaux hauts-de-forme sur ses bouclettes...

Elle soupira, les yeux dans le vague. Bibi lui pinça à nouveau la joue, et elle se redressa :

- Et Jean-François ! glapit-elle, électrisée. Il est gentil, JF ! Non ?

Un voile d'horreur passa sur le visage de Kimberlie.

- Là n'est pas le problème, couina-t-elle.

Myo souffla, et considéra à nouveau la liste. Au bout d'un long moment de réflexion, elle reprit la parole.

- Bon, je crois qu'on ne prend pas le problème du bon côté. Au lieu de te faire juger tous les mecs qui passent, on va t'en trouver un qui correspond à tout ce que tu aimes ! Alors, qu'est-ce qui te plaît chez un garçon ?

ON RETROUVE :
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:arrow: Myo ici !