Drago ouvrit la porte de son splendide loft dont la porte en acajou sculpté était aux armoiries de sa glorieuse famille. Il considéra les lieux avec un sourire satisfait. Tout était comme l’elfe de maison personnel de Père l’avait décrit : les murs en pierre blanche d’écosse, les grandes baies vitrées donnant sur le Parc du Campus, qui s’emplissait peu à peu de nouveaux étudiants, le sol en bois vernis qui avait vu défiler des générations et des générations de Malefoy, les longs canapés de cuir moelleux…
Rien à voir avec le taudis où il avait croupi pendant ces sept longues années à Poudlard, cette chambre miteuse qu’il avait partagée avec les deux abrutis qu’il payait grassement pour leur exécrable compagnie. D’ailleurs où diable étaient ces deux gorets ? Probablement à se goinfrer dans leur chambre de bonne minuscule, huit étages au dessus, au lieu de porter ses valises.
Mécontent, il agita sa baguette et deux grandes malles firent leur entrée dans la pièce. Elles se posèrent à ses pieds. Drago soupira et s’assit dans un fauteuil. Il n’y avait rien à faire. Même devant le spectacle de sa toute nouvelle liberté, sa mauvaise humeur ne voulait pas le quitter. Il devrait passer aux choses sérieuses, et aller maltraiter un ou deux Insuffisants poussifs. Quelques sorts bien placés assortis d’un lot d’insultes narquoises dont il avait le secret lui redonneraient sûrement le sourire…
Au moins, après ces vacances désastreuses, il était enfin seul.
-Drago ? fit une voix perlée.
-Mylénie ?
Drago se retourna : une jeune fille de son âge se tenait devant lui. Ses cheveux longs et soyeux étaient aussi blonds que les siens, et elle avait d’immenses yeux bleus, presque globuleux, dont on ne pouvait détacher le regard une fois qu’ils vous fixaient. Elle était richement vêtue, et portait une magnifique robe en soie sauvage bleu nuit et un collier de perles noires. Elle arborait une moue boudeuse. Une véritable poupée de porcelaine, qui aurait pu être belle, si elle avait pu effacer de ses traits un je-ne-sais-quoi de cruel et de méprisant.
-Tu n’es pas content de me voir ? fit-elle d’un ton innocent.
Drago lui adressa un petit sourire :
-Bien sûr que si, Amour de ma vie.
Il prit la jeune femme dans ses bras et l’embrassa. Cette dernière lui sourit :
-J’aime mieux, cela.
Elle fit quelques pas dans la pièce, la détaillant avec une moue de dégoût :
-C’est modeste. Mais il faudra nous en contenter.
-Nous ? s’étonna Drago alors que deux autres malles faisaient leur apparition dans la pièce. Mais tu n’as pas un précepteur ?
Mylénie se rapprocha de lui un sourire sinueux aux lèvres :
-J’ai pensé que ce serait une idée merveilleuse d’habiter ensemble. Après tout, nous nous marions bientôt. Alors, au diable les convenances !
Elle partit d’un rire mauvais. Drago grimaça et elle posa un doigt sur ses lèvres :
-Je serai avec toi toute l’année, à chaque heure du jour et de la nuit… N’est-ce pas ce que tu souhaitais ?
Elle se jeta dans ses bras :
-Je suis si heureuse ! Tout est enfin rentré dans l’ordre : ta petite incartade de l’année dernière est oubliée, nous sommes enfin réunis, et le mariage que nos Familles souhaitaient tant approche à grands pas ! Dis-moi que tu es aussi heureux que moi !
Drago pinça les lèvres. Il avait effectivement tout pour être heureux : des gallions à ne plus savoir qu’en faire, des appartements magnifiques, et une fiancée belle, de haute lignée, qui ne le déshonorerait pas à la moindre occasion.
-Bien entendu, Amour de ma vie, lâcha-t-il pourtant sans grande conviction.
La réponse sembla néanmoins convenir à Mylénie, qui gloussa et se mit à agiter sa baguette dans tous les sens :
-Parfait ! Eh bien, il est temps de changer cette décoration rustique !
Drago voulut sourire mais s'en trouva incapable. C’était bien ça le bonheur, n’est-ce pas ?
:arrow: Direction :
Chez Marcus !