Telle une massive citrouille d'Halloween, le Vénérable Potiron avait les yeux et la bouche illuminés de l'intérieur, dansant littéralement sur place. En son sein, la fraternité Gamma Phie Ortie s'était complètement lâchée : la fête battait son plein, la fumée émanant des dizaines de cigarettes bourrées d'herbe magique de l'oncle Bob, allumées, consumées puis rallumées à gros rendement, formait une épaisse brume qui flottait au-dessus de la mangrove de la fraternité, véritable forêt tropicale d'intérieur.

La musique sortait à plein tube des enceintes bariolées et accrochées par magie dans les branches des arbres, alors qu'au sol, les étudiants sorciers qui n'étaient pas vautrés comme des loques sur les poufs géants et sur les amas de mousse se trémoussaient plus ou moins en rythme en s'enquillant cannette sur cannette.

Affalé contre son arbre favori, l'œil morne et à l'écart de la population Gamma, Titus tranchait nettement dans l'ambiance générale. Sauf pour ce qui était de picoler, bien entendu. Certes, il avait été à l'origine du déclenchement de la fiesta. Il en avait rudement besoin d'ailleurs, après tout le boulot qu'il s'était farci depuis 10 jours : les nuits sans sommeil à établir des planques et des affuts pour surveiller, et éventuellement traquer la Grande Saloperie à Ecailles, comme il aimait l'appeler à défaut d'avoir trouver sa véritable appellation. En effet, il n'avait pour l'instant eu aucune nouvelle de Dragonneau concernant sa petite affaire, et à chaque fois qu'il essayait d'aborder le sujet avec lui en fin de cours, ce dernier faisait en sorte d'éluder la question de manière pressante. Donc pour l'instant, cette piste s'avérait être comme les autres, une impasse.

Si on ajoutait à ça les multiples mésaventures auxquelles ses compagnons d'infortune et lui-même avaient du faire face en un mois, le cowboy finissait par se demander à quoi pouvait bien ressembler une vraie nuit de sommeil. En tout cas, se beurrer la gueule avait sur le coup semblé une excellente idée.

Il finit sa deuxième bouteille de Whisky Pur Feu et la balança contre un tronc voisin contre laquelle elle se brisa en mille morceaux. Plusieurs de ses camarades de fraternité qui avaient remarqué le geste applaudirent à tout rompre en hurlant à la mort, comme seuls les étudiants bourrés savaient le faire.

-Vous m'faites chier... marmonna-t-il plus pour lui-même que pour les autres.

Il soupira : comme d'habitude, sa grande résistance aux effets néfastes de l'alcool magique allait nécessiter plusieurs autres bouteilles afin de plier. Mais bon, la fiesta ne faisait que commencer !

-ATTENTION A L'AVERSE LES GARS !!! hurla J.F en agitant sa baguette vers le plafond.

Une pluie de téquila pimentée s'abattit sur les Gammas et tous levèrent la tête la bouche ouverte pour l'accueillir, saisis de fous rire. Un peu plus loin, Screwface accompagnait au rythme de son djembé une colonne de bouteille d'Holly Grenade Rhum qui flottait par magie à deux mètres du sol, se dirigeant vers une grande cuve en bois dans laquelle les Gammas venant se servir avec de grandes coupes en bois. Consciencieusement, il les fit se déverser une à une dans le récipient géant en murmurant une formule étrange du style "wokety pokety wokety wok...", un sourire aux lèvres et le plus grand pétard que le ricain avait jamais vu coincé entre ses dents.

-Bon, fit le cowboy en plantant ses pieds devant la foule des étudiants-sorciers hilares. C'est pas qu'je m'ennuie mes petites cousines, mais va falloir que vous songiez à vous BOUGER UN PEU LES MICHES !!! VOUS APPELEZ CA UNE FIESTA ? REMUEZ-VOUS, BANDE DE LOQUES !!!

Alors qu'il hurlait la fin de sa phrase et que la foule hurlait son approbation en levant leurs verres et leurs cannettes, il attrapa au vol une des bouteilles de Screwface et la dévissa d'un coup de dents avant de boire directement au goulot.

Du coin de l'œil il aperçut alors le groupe qu'il avait laissé au McGo, mené par Ezzechiel McGuire qui pour le coup avait gardé ses vêtements de travail, y compris le ridicule "M" qu'il portait sur la tête. Il s'essuya la bouche d'un revers de manche et sortit sa baguette qu'il agita en direction des enceintes, qui se mirent à cracher leur musique de plus belle.

- Majestée ! Majestée !

Myosotis s'arrêta, Kimberlie en fit donc de même, la tête toujours penchée en arrière en prenant une longue gorgée d'alcool. Ezzechiel était déjà bien illuminé au naturel, mais habillé avec sa tenue de travail, c'était irréel tant qu'il semblait venir d'une autre planète. Même si Kim lui en avait voulu pour avoir envoyer un démon sur la WoW, elle commençait à calmer le jeu. Il ne fallait pas qu'elle mélange tout. Harry Potter, Ezzechiel, ils ne l'avait pas trahis de la même façon. Ezzechiel avait juste une case en moins. Potter, c'était délibéré. Elle bascula la bouteille davantage en se rappelant qu'elle avait été une de ses admiratrices de son courage et du Gryffondor qu'il était à Poudlard, et elle en avait particulièrement honte... C'était limite si elle avait plus honte de ça que d'adresser la parole à un mec comme...
Un blond platine passa la porte avec un air renfrogné sur le visage. Kimberlie haussa les épaule en se disant qu'elle aurait limite moins honte de devenir un jour amie avec cette fouine de Malefoy que cette honte d'avoir été amie avec Potter tout ce temps.

- Dansez avec moi ! Ça serait trop zion !
- Oh... je... Ezzechiel, je...

La pauvre Myo était victime de sa popularité avec les fumeurs avérés d'herbe magique. Kim passa son bras sur les épaules de Myo, qui était légèrement plus grande qu'elle en taille et bien plus élancée aussi.

- Désolé Ezzy ! Elle est déjà prise !

Elle attrapa le poignet de Myo et l'éloigna du McGuire, les yeux ronds laissant échappé un « Trop zion... ».

- Merci Kim ! Il est très gentil mais...

Elle eut le regard rêveur. Kim comprit de suite à qui elle pensait ; elle prenait toujours cette tête quand elle pensait à ce pervers de Magouille.

- Oh ça serait tellement beau une danse avec...
- Magouille, oui, oui, on le sait. finit Kim, toujours légèrement dégoutée de la lubie de son amie, même si elle ne pouvait que respecter son choix, justement en tant qu'amie.

Elle lui tendit sa bouteille :

- Tiens. Amusons nous.
- Tu as raison. lui sourit-elle en attrapant la bouteille.

Soudain, elles virent une flèche passer à quelques centimètres d'elles, slalomant entre les Gammas et les invités. Myo et Kim purent entendre un «MON GRAND POILU D'AMOUR !» avant de voir Titus s'écrouler en renversant quelques cadavres de bouteilles et quelques verres posés non loin lui, sous le poids de la Folle au Lethifold.
Alors que JF lui tendait une bouteille de bière Leprechaun Irlandaise, Kim fronça légèrement les sourcils. Quand elle croisa le regard de Myo, elle baragouina jusqu'à se qu'elle trouve quelque chose à dire :

- JF ! Viens danser avec nous ! s'écria-t-elle en attrapant le col du pauvre Gamma et en le tirant avec les autres qui dansait, suivit par Myo qui s'était servie un verre.
- Tu danses toi ? Tu tapes, tu tabasses, tu t'énerves, oui, mais danser... ?
- Oh tais toi ! GAMMA POWER !

Des exclamations de joie s'élevèrent et ce fut dans un sourire qu'elle remuait au milieu du monde qui dansaient autour d'elle.

A peine fut-elle entrée dans le QG orange et citrouillé des Gammas, Griselda poussa un hurlement hystérique :

-FIESTAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !

Son Lethi à la main, elle se jeta sur Titus, et se colla contre lui, se déhanchant d'une manière grotesque qu'elle devait prendre pour une danse sexy, mais qui ne l'était pas.

Vraiment pas.

-Bordel mais lâche-moi ! siffla le cowboy, une moue dégoûtée sur le visage.

-Nous danserons jusqu'au bout de la nuit mon Grand Poilu !

-LÂCHE-MOI !

Kim loucha sur sa coloc, puis préféra aller danser avec Myo et les autres.
Griselda, elle, ne pouvait pas s'arrêter de s'agiter autour de Titus :

-FIESTAAAAAAAAAAAAAAAA !!!

-Ouais ouais c'est ça c'est la fiesta, mais si tu pouvais me LÂCHER LA GRAPPE !

-Oui, tu as raison mon amour, il est temps d'aller boire !

Tirant sur le bras de son Grand Poilu, elle s'approcha d'un énorme bol de punch d'Holly Grenade Rhum, que quelqu'un avait posé sur un tronc d'arbre. Elle s'en servit une grosse louchée direct dans le gosier, avant de regarder les autres invités s'amuser.

Il y avait beaucoup de Gammas, mais pas que. Étrangement, de plus en plus de monde arrivait, sans que personne ne les connaisse ; mais qu'importe, tant que la fête continuait !

Chlorofille, malgré ses cheveux verts, avait beaucoup de succès envers la gent masculine, et repoussait régulièrement quelques fêtards trop hardis. Peut-être que c'était parce que, contrairement à Ezzechiel, qui avait gardé sa magnifique tenue de travail, elle s'était changée avant de venir à la fête : elle était moulée dans une robe qui avait l'air neuve, qui plaisait beaucoup à Lethifold.

Kimikim aussi n'était pas en reste, et dansait magnifiquement bien avec un Gamma nabot plein de pellicules. Après avoir bu quelques louchées de rhum et attrapé une Guiness qui traînait par là, l'Irlandaise eut envie de les rejoindre, elle tira à nouveau l'américain sur le dancefloor, en hululant comme une folle. Elle gesticula comme un robot en train de bugger, au rythme d'une chanson particulièrement festive.


-C'est qui qui a mis cette musique de merde ? persifla Titus, que l'alcool (à moins que ce ne soit la présence de Gri?) ne rendait définitivement pas plus agréable.

JF fit son habituel sourire niais, avant de tirer sur une cigarette magique :

-C'est moi... Pourquoi, t'aimes pas ?

Titus lui lança un regard noir éloquent.

Après s'être déhanchée un bon long moment, Griselda stoppa net et un sourire effrayant naquit sur ses lèvres :

-NOM D'UN LETHIFOLD ! JE VEUX BOIRE ! JE VEUX FAIRE UN CONCOURS D'ALCOOL ! AVEC RINCEVENT !

Elle se mit à bondir, hurlant dans les oreilles de chaque invité qu'elle croisait :

-RINCEVENT ! RINCEVENT ! SORS DE TON TROU ! VIENS TE MESURER A MON IRLANDICITE !

-Arrête de beugler comme un niffleur que l'on égore, pesta Drago, qui, adossé contre un arbre, trempait ses lèvres dans un gobelet en plastique. Elle n'est pas là.

-Quoi ?! Mais c'est pas une vrai fiesta si j'peux pas m'engueuler avec elle ! geignit l'Irlandaise, penaude.

Elle sortit son miroir à double sens et récita :

-Lucrécyâââââ !

Un œil aviné, injecté de sang, apparut.

-Quwa ? Grommela la voix vaseuse de Lulu.

-C'est moâââ, ta meilleure amie chérie que tu aimes et que tu adores plus que tout au monde ! Qu'est-ce que tu fous Rincevent Rincevent Rincevent ?

-J'noie mon chagrin avec Mali. Fous moi la paix.

-On t'attends au Grand Potiron des Gammas ! C'EST LA FIESTAAAAA ! Tout le monde est invité !

Lulu sembla hésiter :

-... y'a de l'alcool ?

-Yep !

-Beaucoup d'alcool ?

-ET COMMENT !

-On arrive.

Griselda fit le signe de la victoire. Mais en attendant, pour arriver au niveau de sa rivale qui avait l'air d'avoir déjà commencé la soirée toute seule, Griselda fit venir à elle par accio une bouteille de whisky pur feu qu'elle but à même le goulot, avant de hurler :

-FIESTAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !

La fête battait son plein, et Myosotis était ravie.

C'était une réussite : tout le monde avait l'air de s'amuser, il y avait de plus en plus d'étudiants qui arrivait dans le Vénérable Potiron, l'alcool coulait à flot... et Myo venait de se rouler un énoooorme joint, qu'elle dégustait en souriant.

Elle se sentait détendue, heureuse. Elle aurait adoré que Magnus Magouille soit là ! Elle avait mis pour l'occasion la robe qu'elle avait acheté l'autre jour en compagnie de Kim : c'était un des avantages de vivre à l'endroit même où se déroulait la soirée. C'était la première fois qu'elle mettait cette jolie robe, et ça lui reboostait son amour propre de manière incroyable !... A moins que ce ne soit les effets du joint ?... en tout cas, elle n'arrêtait pas de glousser sans raison.

- Tu veux une taff ? proposa Myo à la poupée Bibi, installée sur son épaule.

- Non merci ! fit celle-ci de sa voix de crécelle. J'ai tout ce qu'il me faut !

Bibi se remit à boire à la paille le contenu d'une bouteille de bière, qu'elle tenait à bras le corps, et qui paraissait dimensionnée par rapport à sa petite taille.

Myo haussa les épaules et reprit une longue bouffée de son joint.

- Wouah sister, fais tourner ! lança la voix vaseuse de Shakulu. Le partage, c'est ça l'esprit Gamma Phi Orties !

Myo éclata de rire, et passa sa cigarette à son pote Gamma.

- Salut Shakulu ! Super fête, hein ?

- Tu l'as dit, sister...

Myo jeta un œil à Kimberlie, qui dansait avec JF et semblait énormément s'amuser. Une idée commença à germer dans l'esprit de la fille verte :

- Dis, Shak, je peux te poser une question indiscrète ?

- Ouais ? fit ce dernier, en refilant le joint à la fille-chlorophylle.

- Tu penses quoi de Kim ? demanda cette dernière. En tant que fille, je veux dire.

- Eh ben je...

En une demi-seconde, le Gamma narcoleptique s'écroula à terre, profondément endormi.

- Tant pis.

Myo haussa ses épaules, l'enjamba, et partit en quête d'un peu d'alcool, histoire d'abreuver sa gorge desséchée par la fumée d'herbe magique de l'oncle Bob.

Un Pi Omicron Pi torse nu passa en hurlant devant elle, l'aspergeant au passage de champagne frais. Myo pouffa de rire, puis sauta pour attraper l'une des centaines de bouteilles que les nombreux sorciers présents faisaient flotter dans les airs. Elle l'ouvrit et en but une bonne lampée :

- Mmh... Aquavit..

Elle finit la bouteille en quelques gorgées, et reprit son chemin entre les étudiants dansants, en finissant tranquillement sa cigarette magique. Mais une voix hélas trop connue s'éleva derrière elle :

- Majestéééé ! Atteeeends !

- Encore... soupira-t-elle.

Elle se retourna néanmoins en souriant :

- Oui Chef ?

Un joint presque éteint au coin des lèvres, le métis se tenait raide comme un piquet, les yeux globuleux, ses dreadlocks toutes emmêlées. Le M au dessus de sa tête oscillait de droite à gauche comme un diable à ressort.

- Tu aurais peut-être du aller te changer... suggéra Myo.

Mais Ezzechiel ne répondit rien. Il fixait devant lui, sans cligner des yeux, l'air absent.

- Ezzechiel ?

Elle passa sa main devant le regard du métis :

- Ezzechiel ?! Ouh ouh ?

- ...Quoi ?

- Ben... c'est toi qui est venu me voir...

- Oh, Majesté ! Ça va bien ? Chouette soirée, hein ?

Myo leva un sourcil :

- ...oui ?

- Je me disais... ça serait totalement zion si tu dansais avec moi !

Myo chercha des yeux Kimberlie, qui était la seule susceptible de la sauver. Ezzechiel était gentil -à sa façon-, mais il était trop... comment dire... bizarre, et elle sentait que comme Griselda, il avait la santé mentale un peu trop fragile. Et puis elle n'avait pas assez bu pour danser... même si l'alcool et la fumette commençaient doucement à embrumer son esprit, ce n'était pas encore assez pour qu'elle se lâche à fond.

- Eh bien... c'est à dire que... marmonna-t-elle, en quête d'une excuse valable.

Bibi lâcha sa bière vide, qui alla se briser à terre, et éructa bruyamment. Elle s'étira, et décréta :

- Moi je veux danser !

Elle sauta dans les mains aux paumes ouvertes d'Ezzy, et commença à danser un pas de disco endiablé. En face de la mini poupée, le métis oscilla de droite à gauche, les yeux écarquillés, sans respecter le rythme de la chanson qui passait à plein volume.

Myosotis éclata de rire, puis en profita pour s'éloigner, attrapant au passage une nouvelle bouteille flottante.

- Mmh... TGV...

Il y avait tellement de monde désormais qu'il était difficile de retrouver les gens dans la foule. Elle crut voir la mine éternellement renfrognée de Titus, et joua des coudes à travers les danseurs enivrés et autres couples enlacés pour tenter de le rejoindre, histoire de voir comment il s'en sortait.

Après avoir laissé Rufus au soin des infirmières du dispensaire en prétextant "une affaire familiale urgente", Lulu et Mali s'étaient acheminées tant bien que mal vers l'Impasse des Bizuts Pourfendus.

La Grande Citrouille des Gammas tressautait et se dandinait au rythme de la musique qu'on entendait à l'intérieur. Sa longue langue était déployée, histoire de laisser n'importe qui entrer et faire la fête.

Même devant le QG, de nombreux étudiants bondissaient et s'aspergeaient d'alcool, en hululant, ou s'embrassaient contre le mur orange dans la folie du moment.

Lucrécya soupira en fusillant du regard un couple d'amoureux :

-Je me demande où est Marcus... Si son camp militaire dans la forêt c'est du flan, il est où ? Et avec qui ?

-C'est pas la peine de te faire du mal... fit doucement Malicia, en posant la main sur l'épaule de sa meilleure amie. Allez, viens, on va s'amuser ! HIPS !

Les deux entrèrent dans le Potiron... et écarquillèrent les yeux, émerveillées.

Il fallait dire que les Gammas avaient mis le paquet, pour cette fête.

Dans la jungle qui servait de salon aux hippies, des centaines et des centaines d'étudiants éméchés ou sous l'emprise de l'herbe magique dansaient comme des damnés, sur une chanson qui ne manquait pas de rythme.

Tout le monde dansait, sans avoir peur de se montrer ni ressentir aucune honte. Même Ezzy se dandinait devant une minuscule poupée vaudou, qui bondissait sur le creux de sa main.

Au dessus de tous les fêtards, d'innombrables bouteilles flottaient, et il suffisait de sauter ou de tendre la main pour les attraper. Quelques fantômes volaient autour des bouteilles en criant de joie, les bousculant et versant des lichettes d'alcool sur les fêtards surexcités.

Malicia en était bouche bée :

-Wouah t'as vu ça Lustucru ?

Elle tourna la tête vers son amie... mais cette dernière avait disparu.

-Lustucru ?!

Tout en s'avançant comme elle le pouvait à travers la foule compacte, Mali cherchait Lulu du regard... Elle la trouva un peu plus loin, sur une table, en train de se trémousser, une bouteille à la main, et de hurler :

-WOOHOO !

Mali ne put s'empêcher de sourire.

Lucrécya soupira :

-Je me demande où est Marcus... Si son camp militaire dans la forêt c'est du flan, il est où ? Et avec qui ?

-C'est pas la peine de te faire du mal... fit Malicia, la main sur l'épaule de Lulu. Allez, viens, on va s'amuser ! HIPS !

Les deux filles entrèrent dans le Potiron, un peu tristes.

Quelques secondes à peine après, quelque chose bougea dans les fourrées devant la citrouille. Deux silhouette, l'une grande et musclée, l'autre petite et boulotte, en sortirent en faisant un roulé-boulé.

-GO GO GO !

-T'es sûr qu'on peut, Flint ?

-Mais oui !

Marcus, car c'était bien lui, se redressa et regarda furtivement autour de lui, l'air traqué. Il était recouvert de boue de la tête au pied, et, dans ses cheveux, étaient fixés des branchages feuillus.

Il se tourna vers NNC, qui l'accompagnait, et qui était dans le même état que lui, branchages compris.

-Ça fait trois jours entiers qu'on rampe dans la boue et qu'on fait des pompes dans des ruisseaux glacés ! On a bien gagné le droit de boire une binouze ou deux ! pesta-t-il.

-Si Schneider se rend compte qu'on a déserté l'escadron, ça va chauffer pour nos matricules ! rétorqua son ami obèse.

Flint esquissa un sourire mauvais :

-Alors faisons en sorte qu'il ne le sache pas ! Allez, NouNours en Chocolat, on entre, on boit une heure, et on retourne dard dard se les peler en forêt, promis !

-Ok...

-Tu voudrais pas qu'on soit les seuls couillons à rater la fête du siècle !

NNC fit un sourire niais :

-C'est vrai ! Et puis avec le monde qu'il y a dedans, combien de chances on a de tomber sur des gens qu'on connaît ?

-Avec ce super camouflage ?! s'exclama Marcus en montrant de ses pouces les peintures guerrières sur ses joues. Tu déconnes ?! Personne ne nous reconnaitra !!!

Fiers d'eux, les deux PAF se glissèrent dans le Potiron, où la fête battait son plein.



Les deux apprentis militaires couverts de boue repérèrent directement l'énorme barrique pleine de glace dans laquelle flottaient les bières. Marcus en décapsula une avec ses dents, et la but d'un trait, avant de roter.

-Aaaaah, rafraîchissant.

Quelqu'un le bouscula, et se retourna.

C'était Griselda O'Neil, qui lui fit un petit signe de la main :

-Salut salut salut Flint ! lança-t-elle en rigolant.

Marcus ouvrit des yeux ronds devant l'Irlandaise qui lui souriait poliment.

-Alerte rouge ! Alerte rouge ! Ceci n'est pas un exercice ! On est repéré !

-On se replie ! renchérit NNC, paniqué.

Les deux étudiants en Défense ramassèrent autant de bières qu'ils pouvaient en prendre dans leurs bras, et transplanèrent dans la précipitation, non sans perdre au passage quelques bouteilles de leur précieux butin.

Griselda cligna des yeux :

-Oh, Lethifold, je crois que je recommence à avoir des hallucinations... Il me faut boire plus de Guiness pour les faire partir !

Elle ramassa une bière par terre, et l'ouvrit en gloussant de rire.

Myosotis avait perdu toute notion du temps. Elle n'aurait pas pu dire combien d'heures, de minutes ou de secondes s'étaient écoulés depuis qu'elle avait tenté de rejoindre Titus. Par contre, elle savait avec exactitude combien ça faisait en consommations en tout genre. Deux bouteilles de gin, trois gorgées de vodka et quatre joints et demi, pour être exact. Et elle n'avait pas toujours réussi à arriver auprès du cowboy. D'ailleurs, elle commençait à se sentir... C'était quoi l'expression déjà ? Ah oui : plus ronde qu'une barrique à bièraubeurre.

C'était sûrement parce que dès qu'elle faisait un pas, la foule l'entraînait à l'exact opposé de là où elle voulait aller, et que du coup, elle devait se retaper le chemin avec une nouvelle bouteille à la main. Ou alors parce que chaque Gamma qui la croisait se sentait obligé d'aller la saluer en lui offrant un verre ou une latte d'herbe magique. Bref, quoiqu'il en soit, elle commençait à ne plus marcher très droit. Et à voir un peu double. Et à pouffer de rire absolument sans raison. Et pourquoi est-ce qu'elle ne voulait pas danser, plus tôt ? Impossible de s'en rappeler, tant l'idée lui paraissait plaisante à présent.

Néanmoins, elle parvint enfin à rejoindre son irascible ami, non sans trébucher à maintes reprises. Elle faillit tomber mais fut rattrapée au dernier moment par la branche d'un grand arbre, qui l'aida à se relever.

- Merci vieux frère, fit-elle à l'adresse de l'arbre. Wouahh ça tangue...

Titus but une gorgée de la bouteille qu'il était tranquillement en train de siroter, puis finit par demander :

- Ça va Myo ?

- Ouiiiii c'juste que... que... c'pas facile de t'trouver dans toute cette foule !

- Ouais, je compte un peu là-dessus pour échapper à la tarée de Dublin.

Myo gloussa, puis se hissa sur un énorme tronc, à côté de l'arbre sur lequel l'américain était adossé. Elle regarda la foule des danseurs et autres joyeux fêtards qui bougeaient devant eux.

- Wouahhh t'as vu tous ces gens ? Y'en a de plus en plus ! Ça c'est d'la fête ou j'm'y connais pas ! déglutit-elle d'une voix avinée, avant de pouffer de rire.

Elle pointa au hasard un mec qu'elle n'avait jamais vu de sa vie :

- Tu l'connais lui ?

- Nope.

- Et elle ?

- Nan.

- Et elle ?

- Nan.

- Et lui ?

- Myo, je vais te faire gagner du temps : j'connais pas un seul de ces gus, trancha le cowboy.

L'étudiante partit d'un petit rire aigu, comme si cette confession était la chose la plus drôle qu'on ne lui ait jamais dit.
Habitué aux états seconds des Gammas, Titus haussa les épaules, puis but à même le goulot une bonne bouteille de Holly Grenade Rhum.

- Dis, fit soudain Myo sans aucune transition. Ça t'dirait de sortir avec Kimberlie ?

Titus recracha aussi sec l'alcool qu'il était en train d'ingurgiter.

- Quoi ?!

- Ben... elle est jolie ! Et vous vous entendez bien ! Et puis vous avez à peu près le même caractère !

- T'as trop picolé Myo ! Ça t'a court-circuité les neurones !

- Ah ouais, complèt'ment ! Mais ça réponds pas à ma question.

Titus ne répondit rien, mais il avait l'air à présent beaucoup plus crispé qu'avant.
L'étudiante aux cheveux verts sortit d'on ne sait où une énième cigarette roulée fourrée à l'herbe magique de l'Oncle Bob, l'alluma à l'aide de sa baguette, et inspira une longue bouffée.

- La pauvre j'crois qu'elle voudrait juste être amoureuse, t'vois... Et moi j'ai réfléchi.. Et j'me suis dit : de qui elle pourrait tomber amoureuse ? Et j'ai réfléchi... réfléchi...

Elle dodelina de la tête :

- ...réfléchi... ré... fléchi... ré... flé... chi... ET PAF !

Elle se redressa d'un coup, les yeux grands ouverts :

- PAF ! J'AI PENSE A TOI !

Le visage de Titus prouvait qu'il aurait voulu être n'importe où, faire n'importe quoi, si ça avait pu lui épargner cette conversation.

- Moi ? Pourquoi moi ? grimaça-t-il. Demande à un de ces gnioufs en chaleur, c'est pas ça qui manque à la WoW !

Myo regarda autour d'elle, et, une fois assurée que personne ne l'écoutait, murmura sur le ton de la confidence d'une voix rendue vaseuse par l'alcool :

- Ben j'ai pensé à toi parce que... Te moque pas d'moi, hein !... mais l'an dernier, quand chuis dev'nue une Gamma Phi... Ben j'avais un gros faible pour toi en fait.

- QUOI ?! s'exclama Titus, les yeux ronds.

Myo leva ses mains en signe de défense :

- Non mais c'est pas grave pasque c'était y'a un siècle et c'était avant que j'tombe amoureuse du véritable homme de ma vie !

Myosotis poussa un long soupir d'aise, les yeux brillants par l'alcool et l'amour :

- Magnus Magouille ! fit-elle dans un soupir.

Elle tira à nouveau sur son joint, le regard perdu dans le vide.

- Heu bref, fit-elle, revenant à la réalité. Du coup... j'm'étais dit : si j'ai pu y songer un jour... pourquoi pas Kim ?

Malicia avait bu…elle ne savait pas exactement ce qu’elle avait bu ou combien d’alcool elle avait bu mais elle était presque sûre qu’il n’y avait pas de quoi en fouetter un fléreur. Pour preuve, elle était tout à fait capable de tenir une conversation de haut niveau intellectuel.

La métisse, engoncée dans une robe à paillettes rouge ultra-moulante, vida un shot de boisson rose fluo et posa le verre sur le comptoir du bar :

-Beaaaaaaaaaah…. Fit-elle en tirant la langue et en fermant les yeux.

Elle secoua la tête pour se remettre de ses émotions et repris la où elle s’en était arrêtée, un œil plus ouvert que l’autre :

-Ouais, genre, tu vois, ce gars, c’est comme…comme comme…

Elle leva le doigt subitement et manqua de tomber à la renverse :

-De l’anthrax ! Voilà, de l’anthrax ! clama-t-elle bien haut.

Amalia Jones tortilla sa mèche de cheveux en hochant la tête, comme sous le coup d’une illumination :

-Oh la la, Malicia… fit-elle de sa voix lente. Tu as tout à fait raison…

-Et comment que j’ai raison ! s’exclama Malicia en ouvrant bien trop grand les yeux. Il entre dans la vie des gens, genre, comme un fax, tu vois ? « Relax, chuis Drago Malefoy, blablabla, je suis tellement meilleur que vous, blablabla » et là…

-WOOHOO ! cria Lucrécya qui dansait non loin sur le bar, dans sa robe verte fétiche ultra-courte.

-WOOHOO ! cria la métisse en levant le bras.

Elle tangua légèrement en rigolant bêtement, le bras en l’air :

-Lalalala… chantonna-t-elle doucement.

Un nouveau shot glissa jusqu’à elle et elle l’engloutit.

-Et après, genre, tu te prends un gros coup de sax en plein thorax ! beugla-t-elle en mettant sa main sur le cœur.

-C’est carrément ça… opina Amalia.

-Hein ? Hein que j’ai trop raison ? s’emballa la métisse. J’vais te dire, j’en ai plus que marre de Drago Téléfax Malefoy ! J’ai passé un grand coup d’ajax dans ma vie et maintenant… Maintenant, je trace mon propre chemin !

Malicia balaya l’air doucement, en suivant des yeux la trajectoire qu’elle dessinait. Amalia écrasa une larme :

-Ah la la, Malicia, C’est juste trop beau ce que tu dis…

-Ouais… t’as trop raison. fit la métisse, le regard en l’air, en réfléchissant à ce qu’elle venait de dire. J’vois pas pourquoi les gens disant que je tiens pas l’alcool, j’suis quand même capable d’être vachement profonde quand j’veux…

-Carrément….renchérit Amalia.

-Carrément….répéta Malicia.

-Hey Mali !

Lucrécya tendit la main à son amie :

-Viens faire des « woohoo » avec moua !

La Zeta ouvrit des yeux ravis :

-Oh ouais ! C’est une super bonne idée, Lusrofuheropfhpierghpirhpirgcrucru…

Elle grimpa sur le comptoir et regarda autour d’elle : le potiron était rempli à ras-bord de monde. La foule tanguait dans tous les sens au rythme de la musique et des rires éclataient partout autour d’elle.

Malicia leva les deux bras, un large sourire aux lèvres :

-WOOOOOOOOHOOOOOOOOO !!!!!! hurla-t-elle.

Ava les avait suivit, en espérant pouvoir boire un bon coup. Ce qui avait évidemment été le cas. Elle en était à sa 2eme bouteille de Whisky Pur Feu (qu'elle avait "empruntée" à Titus ) et regardait partout autour d'elle. Ca, c'était de la fête. Pas comme à Beauxbâtons où chez ces coincés de francais. Elle aimait bien l'ambiance et riait en voyant Om un peu gêné au milieu de toute cette ambiance.

Elle était encore fraiche contrairement à certains et observait tout le monde, pour se faire une idée des personnalités de chacun. Déjà, la seule chose dont elle était sure c'est que l'Irlandaise en tenait une sacrée couche, alcool ou pas ! Le dénommé Titus semblait assez gêné quand elle se collait plus ou moins sensuellement contre lui, l'appelant "mon grand poilu". D'ailleurs, ce garçon n'était pas d'ici, il avait un léger accent étranger. Américain ou canadien surement. Mais elle n'en avait rien à faire, elle avait bien gardé son accent français elle.

En haussant les épaules, elle balayait la salle des yeux. Rincevent semblait proche de la déprime, ce qui la fit rire un peu plus. Elle n'avait décidemment rien pour elle cette fausse blonde ! Ava sentait qu'elle allait bien s'amuser ici au final.

Son amusement augmenta quand un garçon qui lui était totalement inconnu se mit debout sur une table et, se prenant pour Harry Potter, se mit à chanter, totalement faux, passant inaperçu au regard de ceux qui avait déjà consommé une grande dose de choses plus ou moins illicites.



Certains le regardaient avec de gros yeux, Ava elle, était juste en train de rire. Ridicule au possible ! Si seulement quelqu'un avait pu le filmer pour lui montrer le résultat de sa cuite !

D'ailleurs, en parlant d'alcool, elle se rendit compte que sa bouteille était vide. Dommage.. Elle du donc se bouger, à la recherche d'une nouvelle boisson. Toujours du whisky de préférence.

Elle remarqua la fille aux cheveux verts près de l'étranger. AVEC plein de bouteilles ! Elle sourit et se dirigea vers eux.

- Je peux vous en emprunter une ?

Elle désigna du doigt une des bouteilles pleines, avec un immense sourire charmeur. Par pour draguer non ! Juste pour avoir ce qui l'intéressait. Même si avec la quantité d'alcool qu'elle avait déjà ingurgitée, elle aurait parfaitement pu se jeter sur le garçon et dire qu'elle le trouvait plutôt pas mal. Mais non, elle voulait juste une bouteille. Elle n'était pas encore assez torchée pour ca.

-WOOOHOOOOO !

Toute la tristesse et la rancœur que ressentait Lucrécya avaient disparues alors pendant ses danses endiablées, sur le comptoir du bar des Gammas. Ou plutôt, elles avaient été enfouies, tout au fond d'elle, sous une tonne de « Woohoo » et d'alcool, et c'était tant mieux, parce qu'elle n'avait qu'une envie à présent : faire la fête !

Elle sauta à terre, et manqua de tomber, mais heureusement Mali était là pour la rattraper :

-Ouuuh la tu es bien trop carrément saoule Lusutucuru ! Tu ne tiens pas l'alcool ! Pas comme moi !

Malicia se mit à glousser, en oscillant de droite à gauche, les yeux écarquillés. Jamais elle n'avait autant ressemblé à son frère Ezzechiel.
Mais Lucrécya ne semblait pas s'en rendre compte :

-Ouah M... Mali tu tiens top bien l'alcool on dirait que t'as fait ça toute ta vie !

-F...fais quoi ?

-Ben... je... euh... je sais pas ?

Les deux se mirent à rire comme des dindes.

-On a bien f...fait de venir s'éclater ici ! fit la fausse blonde.

-Ouais ! fit Mali, le poing levé.

-De toutes f...façons on a pas besoin de mecs !

-Ouais !

-Des mecs on en t... trouve quand on veut !

-Ouais !

-D'ailleurs on v... va en trouver !

Lulu passa son bras au dessus de l'épaule de Malicia, et précisa :

-ON VA DRAGUER !

L'idée enthousiasma particulièrement la métisse, qui rigola en tapant dans ses mains :

-Oh oui quelle carrément bonne idée ! Mais... euh... comment qu'on fait ?!

-Ben... tu cherches un gars, et après tu vas le voir...

-Un gars ?

Mali chercha autour d'elle : il y avait du monde partout, sur les tables, les chaises, les arbres. Il y avait tant de monde qu'on y voyait pas à un mètre. Finalement elle pointa du doigt un pauvre hère tellement déchiré qu'il était à deux doigts du coma ethylique.

-Un gars... comme lui ? demanda-t-elle innocemment.

Lulu plissa les yeux vers le mec que lui désignait son amie : c'était Willie Gazon, l'horrible homme à tout faire de l'université, qui était avachi dans un coin et se retenait de vomir.

-Mali, c'est le jardinier !

-Mais c'est pas un gars ?

Lulu ouvrit des yeux ronds :

-C... crénom d'un balai mais tu as raison ! Déglutit-elle.

Les deux se regardèrent dans le blanc des yeux pendant un long moment.

-...on parlait de quoi déjà ? demanda Lucrécya, un peu perdue.

La difficulté de la question fit loucher Malicia, qui répondit d'une toute petite voix :

-Je sais pas ?

-On fait quoi alors ?

-Que dirais-tu de boire un peu ? J'ai l'impression que ça f'affûte mes capacités coci...cognu... cogni... mes pensées !

-Bonne idée !

Lulu leva la tête, où d'innombrables bouteilles flottaient dans les airs. Elle sauta pour en attraper une, mais, voyant trouble, elle la rata de deux bons mètres. Elle répéta l'opération plusieurs fois, sous le regard éberlué de Mali, qui ne fit rien pour l'aider.

-Maliiii ! geignit la batteuse. Je crois que j'ai encore rapetissé !

-Oh, tu crois ?

Et alors qu'elle retentait une nouvelle fois son saut, une main passa au dessus d'elle et agrippa la bouteille tant désiré, avant de lui tendre.

Lulu fixa la main à la bouteille, puis releva la tête. Au bout de la main, il y avait un bras, et après le bras, la tête du chef des Alpha Alpha Alpha lui souriait.

Comment s'appelait-il déjà ? Architruc ? Archimachin ? Archichou ?

-Archichou ? tenta Lulu, pas sûre d'elle. Merci.

Elle arracha le bouchon de la bouteille avec les dents, et en but une bonne moitié, avant de la passer à Malicia qui pouffait de rire toute seule.

-Archichou ? Répéta Archiwald, l'air intéressé. C'est audacieux, j'aime assez.

Il jeta un coup d'oeil à la robe ultra-courte et ultra-moulante de la jeune fille, et se racla la gorge :

-Lucrécya, très chère, laisse-moi te dire que tu es très en beauté ce soi...

-Tu veux danser ? proposa Lulu, en le coupant.

L'Alpha hésita :

-Eh bien je ne saurais te dire. Je connais toutes mes danses de salon, évidemment, mais ce style musical m'est étranger.

-'core une b...bouse mise par un de ces Gammas, grimaça la batteuse.

Archi avait des étoiles dans les yeux :

-Lucrécya, t'avais-je déjà dit toute l'admiration que je porte à la façon si imagée que tu as de t'exprimer ? Si seulement ceux de notre fraternité osait en prendre de la gr...

-Archichou... le coupa Lulu.

-Oui ?

-Chuis bourrée. Abrège.

-Soit, fit l'aristocrate en souriant. J'étais venu te convier au carré VIP des Alpha Alpha Alpha.

Il désigna un coin qu'on avait entouré d'un ruban rouge soyeux, et où un Pi Alpha Fi particulièrement patibulaire était planté, vérifiant l'identité de tout ceux voulant entrer.

-Un carré VIP des Alpha ? S'étonna Malicia. Mais on est pas chez les Gammas ?

Elle regarda tout autour d'elle, les yeux écarquillés :

-Mais on est où ?!

-Même chez les Gammas, les Alpha Alpha Alpha ne sauraient se mêler à la foule, expliqua Archie.

-Ben moi je ne ''saurais'' m'faire chier avec les Alpha à une soirée comme ça. En plus j'veux rester 'vec Mali et c'est une Zeta. Et j'veux d...danser. Viens.

Elle agrippa un Archiwald ravi, et l'amena sur le dancefloor au milieu des autres danseurs.

-Je vois quelque chose de magnifique dans tes yeux… susurra Drago, qui avait passé ses habits normaux, en plongeant son regard dans celui d’une fille qui rougit.

Brusquement l’alpha eut l’air faussement surpris :

-Suis-je bête ! C’est moi-même !

Le blondinet se mit à rire alors que sa conquête, outrée, partait d’un pas rageur. Il se tourna, et s’adossa à côté d’Om qui avait regardé la scène, intrigué:

-Tu vois ? Tout est une question de nuances. Éconduire est un art. Il faut savoir allier douceur et fermeté. Expliqua-t-il sur un ton savant.

Om hocha la tête, pensif :

-Douceur et fermeté, je pense avoir parfaitement saisi tes dires…

Drago saisit une bouteille de vin qui flottait dans les airs et jaugea l’étiquette avec un œil connaisseur. Il grimaça :

-Seigneur. Ces gammas n’ont aucun goût.

Il se servit malgré tout un verre et entreprit de le siroter en considérant la foule de son air hautain habituel. Cette soirée, si médiocre soit-elle, avait au moins le mérite de lui changer les idées : il avait passé la fin de son service à ré-étiqueter des articles périmés dans la réserve du McGonagall’s, en se maudissant intérieurement d’être incapable d’être odieux avec son ex. Pourquoi diable ne pouvait-il pas lui rendre le mal qu’elle lui avait fait sans se sentir perclus de remords après ? Qu’importe, elle devait être quelque part à pleurnicher sur sa méchanceté et il pouvait s’adonner à son nouveau passe-temps favori : jeter la vertu des filles aux orties.

Ce plaisir aurait été le remède parfait à la mélancolie sourde qui l'habitait si Om ne s’était pas mis en tête de le suivre partout. Cela dit Drago devait bien admettre qu’il aimait bien partager sa science. Et puis, il était fort divertissant de ridiculiser ce pauvre hindou dont la naïveté était sans bornes.

-Drago, mon meilleur ami d’entre tous, j’aurai une question à te poser… commença d’ailleurs ce dernier.

-Oui ? fit le blondinet de sa voix traînante, exaspéré d’avance.

-Nous… enfin, tu as éconduit beaucoup de filles ce soir…

-Je te l’ai déjà dit, Kapoor. Le coupa l’alpha. Même si il est évident que je pourrais le faire, il n’est pas dans mon intention de briguer toutes les filles de la soirée. Il en faut bien pour les autres…

-Les autres ? demanda Om.

-Oui, les autres. Les gens laids, sans personnalité, qui vivent sans aucun espoir de frayer avec la gent féminine un jour. Expliqua Drago en regardant ailleurs. Les gens…comme toi.

L’hindou hocha la tête tristement et le blondinet ricana intérieurement : Dieu qu’il était jubilatoire d’insulter ce crétin non-violent.

-Je suis hélas bien conscient de mes tares. Fit Om avant de relever la tête. Mais je gage que, si Rama le veut et par la grâce de tes conseils avisés, je pourrai…

-Combien de fois te l’ai-je répété, Kapoor ? Il est inutile de rêver. Siffla l’alpha.

Le silence retomba et les deux jeunes hommes considérèrent la foule toujours plus compacte autour d’eux. Brusquement Drago leva un sourcil : non loin, Lucrécya moulée dans son ignoble et unique robe verdâtre dansait avec son pire ennemi, Archiwald de Winchester. Ce dernier dévorait la batteuse des yeux, dieu seul sait pourquoi. Le blondinet eut un petit sourire mesquin : voilà une nouvelle qui ne manquerait pas d’intéresser son ami Marcus. La danse n’était pas particulièrement langoureuse, mais le PAF n’avait pas besoin de connaître ce détail, non ?

-Pour en revenir à ma question… fit timidement Om.

-Encore une ?! pesta Drago.

-Mais je n’ai pas encore posé de question…se défendit le Pi Omicron Pi.

Le blondinet se servit un deuxième verre de vin en soupirant :

-Je t’écoute.

-Et bien… en dehors de quelques travaux pratiques….

-Auxquels tu as lamentablement échoué.

-Oui. Je disais donc, en dehors de cela, tu m’as surtout appris à éconduire. Cependant, je serai fort aise d’apprendre…et bien, le contraire.

Le regard bleu acier de Drago se posa sur Om et le toisa un moment :

-On veut brûler la chandelle par les deux bouts, hein, Kapoor ?

-Et bien, un misérable bout me suffirait mais…

-Fort bien.

Alors qu’une nouvelle musique insipide bourdonnait à leurs oreilles, le blondinet croisa les bras :

-Vois-tu, Kapoor, la séduction est plus qu’un art. C’est… une partie d’échec. Tu peux faire tout ce que tu souhaites, tu ne pourras arriver à tes fins qu’en cernant parfaitement ton adversaire. C’est un jeu cruel, brutal et sans aucun ménagement. Il s’agit de tuer ou d’être tué.

Alors qu’Om buvait ses paroles, Drago reprit :

-Un jour, ce dont je doute fortement, tu n’auras même plus à essayer pathétiquement d’attirer les faveurs d’une femme. Un seul regard suffira.

-Un regard ? bredouilla Om, les yeux écarquillés. Mais comment ?

Drago se rendit compte de la totale ineptie de ses propos, mais garda la tête haute :

-C’est simple. Regarde cette fille.

Le blondinet désigna une fille aux cheveux bruns, qui rigolait avec ses amies.

-Oui ? fit l’hindou.

-Et bien, lance lui un regard ! ordonna Drago.

Om fixa la jeune femme avec insistance.

-Il s’agit d’attirer son attention, mais sans trop en faire. Soit mystérieux, mais subtil. Distant, mais intéressé.

Le Pi Omicron Pi plissa les yeux :

-Comme cela ?

Drago étouffa un petit rire :

-Tu es sur la bonne voie…

Le blondinet but une gorgée de son verre.

-Dis moi, mon ami…commença Om.

-Reste concentré, ne lâche pas ta proie. Le coupa l’alpha.

L’hindou plissa encore plus les yeux et la fille qu’il fixait lui lança un regard mêlé de surprise et d’effroi.

-Je disais… reprit Om. Tu as souligné fort à propos la difficulté et la partialité de la séduction.

-Oui ? fit le blondinet en essayant de ne pas rire. Continue de fixer.

-Je fixe. Confirma l’hindou. Une question me brule les lèvres : que se passerait-il si, hypothétiquement bien sûr, nous devions un jour convoiter la même personne ? Cela n’affecterait pas la pureté virginale de notre complicité ?

Drago grimaça : le phrasé précieux de cet hindou avait le don de l’exaspérer. Il haussa les épaules :

-Je ne vois pas de quoi tu parles. Saches que si un jour, nous devions tenter d’approcher la même personne, il n’y aurait pas d’amitié qui vaille. A la guerre, comme à la guerre.

Le blondinet remarqua quelque chose dans la foule et sourit :

-De toutes manières, tu perdrais. Fit-il, narquois.

La brunette qu’Om fixait depuis un bon moment se planta devant eux, mains sur les hanches :

-Dis, c’est quoi ton problème, espèce de gros malade ?! Pourquoi tu me fixes comme ça ?! s’écria-t-elle.

Le Pi Omicron pi rougit :

-Et bien… et bien…

Drago l’écarta d’un geste de la main :

-Veuillez excuser les manières outrageuses de ce garçon, je m’en occupe.

Le blondinet se tourna vers Om :

-Comment oses-tu te conduire de la sorte alors que tu viens à peine d’être jugé ? Ne sais-tu donc pas qu’il ne faut pas harceler les gens, comme tu les fais ?! Cette jeune fille passait une agréable soirée, laisse-la donc tranquille !

-Exactement ! fit la brunette.

Om baissa la tête, mort de honte. Drago se tourna vers l’étudiante :

-Je suis désolé. Fit-il sans avoir l’air d’y toucher. Il est indécrottable.

-C’est pas grave, merci. Lui répondit la fille.

-Puis-je vous proposer un verre pour m’excuser de son comportement ? demanda du tac au tac le blondinet.

-Euh…d’accord. Fit son interlocutrice.

Drago accompagna la fille d’un geste de la main. Il se tourna vers Om, qui était bouche bée :

-Tu vois ? Échec et mat.

Il s’éloigna avec sa nouvelle conquête.

D'un œil inquiet, triturant entre ses mains un grand verre d'eau qu'il avait du remplir d'un sort d'Aguamenti, ne parvenant pas à trouver la moindre goutte de liquide non-alcoolisé, Om Rajesh Kapoor observait la pauvre créature s'éloigner de Drago Malefoy d'un pas peu assuré en pleurant toutes les larmes de son corps. La troisième en moins de vingt minutes.

Bigre, par tous les dieux ! Mon sémillant ami et mentor n'y va pas avec le dos de la main morte ! Bien que son stratagème, consistant à attirer de jolies filles dans son giron grâce à ma maladresse et mon manque lénifiant de séduction semble plus que jamais porter ses fruits, aucune de ces pourtant forts charmantes demoiselles ne semble être à son goût...

Et pendant ce temps-là, mes capacités à discourir auprès de la gente féminine n'augmentent pas d'un pouce ! J'ai plutôt l'amère impression que je suis en train de ma bâtir une solide réputation de... deee... je n'ose point imaginer de quel genre d'épithètes moqueurs et disgracieux ces jolies sorcières m'ont affublé. Mais par tous les poils de barbe des brahmines, pourquoi mon ami n'en trouve-t-il aucune à son goût ? J'en perds mon sanskrit...

Vidant son verre d'eau d'un trait, Om se dirigea vers Drago qui, accoudé au bar, regardait le fond de son verre de vin, une lueur triste dans le regard.

-Et bien, mon flamboyant camarade de soirée, je n'ai point l'impression que tu t'amuse autant que tu l'espérais.

L'Alpha lança un regard noir à l'hindou qui l'observait, circonspect.

-Ta perspicacité me laisse sans voix... fit-il en reportant son attention sur le fond de son verre. Non, Kapoor. Je ne m'amuse pas beaucoup.

-Mais, j'avoue que je ne comprends pas ce qui nourrit ainsi ton amert...

-Enfin, mais observe-les donc, imbécile ! s'emporta Drago en désignant d'un geste exagérément théâtral ses ex-futures conquêtes qui s'étaient regroupées dans un coin du hall des Gammas, lui jetant des regards furieux. Qui donc voudrait de ces ribaudes de troquet, hein ? Personne, pas même un de ces pauvres minables de Pi Omicron Pi !

-Heu, mais je suis moi-même un de ces Pi Omicron Pi, mon ami !

-C'est bien ce que je dis, siffla Malefoy en lançant à l'hindou un regard torve.

Il but cul-sec le fond de son verre de vin et le posa sur le bar d'un geste dédaigneux avant de croiser les bras :

-Non, vraiment cette soirée en décevante. Je ne pense pas qu'une seule de ces bougresses mérite mes faveurs.

Om soupira, mal à l'aise. Si Drago n'était pas satisfait, il pouvait faire une croix sur son enseignement en matière de séduction. Pour ramener son humeur au beau-fixe, Om se mit en quête d'une nouvelle future conquête pour son ami, scrutant la foule estudiantine du regard. Apercevant un visage familier dans la cohue, il s'arrêta net. Tout son désir d'aider l'Alpha dans ses conquêtes d'un soir le quitta instantanément.

-Excuse-moi mon ami, fit-il d'un air absent. Je reviens promptement...

Peu attristé par la perspective du départ de l'indie, Drago haussa les épaules et agita sa baguette en l'air attirant à lui une nouvelle bouteille de vin, l'esprit ailleurs. Il n'accorda pas un regard à Om qui s'empressa de fendre la foule, le cœur battant à tout rompre.

Il finit par se planter, l'air penaud, devant la jeune fille qu'il avait repérée de loin, les bras ballants ne sachant que dire : le courage qu'il s'était trouvé pour arriver jusqu'ici semblait l'avoir quitté aussi vite qu'il lui était venu. Cependant, la sorcière complétement ivre lui épargna cette peine, car à peine s'était-elle aperçue de sa présence qu'elle se tournait vers lui, un sourire étincelant aux lèvres et titubant dangereusement :

-wOOOOhoo ! Z'est t... toi, Omy ? balbutia Malicia. Z.. z'est gentil de p...pass...er me voir ! Hips !

Alors que Om demeurait muet, beaucoup trop timoré pour réagir, Malicia s'approcha très près de son visage, le scrutant d'un air perplexe :

-T... tiens, c'est marrant... J'... j'av...vais jamais remarqué que t'avais l... les yeux b...bleus, Omy !

-C'est... sans doute parce qu'ils sont marrons, balbutia Om, retrouvant l'usage de la parole.

Malicia pouffa de rire à cette évocation et tendit à l'hindou une bierraubeurre si brusquement qu' elle faillit la lui briser sur la mâchoire :

-Tu... tu bois un coup avec m...moi, Omy ? Hips !

Om lorgna sur la bouteille remplie de liquide infâme, puis sur le visage rayonnant de la métisse, alors qu'une nouvelle musique aux doux accents de son pays s'élevait dans les airs, déversée par la sono du Grand Potiron :

Lucrécya dansait depuis un long moment avec le leader des Alpha Alpha Alpha, lorsqu'elle stoppa d'un coup, et regarda tout autour d'elle en fronçant les sourcils.
Cela n'échappa pas à Archiwald, qui lui demanda :

-Qu'y a-t-il très chère ?

-Bah...  Archichou, qu'où qu'elle est Mali ? déglutit Lulu, en se grattant la tête d'un geste peu élégant.

Archiwald fronça les sourcils :

-Cette ravissante Zeta qui t'accompagnait ? Je ne sais guère. Elle est partie depuis un temps certain.

-Ah...

Lucrécya parut déçue. Son cavalier tenta de lui remonter le moral :

-Que dirais-tu si j'allais nous chercher un rafraîchissement ?

-J'préférerai un... un verre d'alcool, grommela Lulu.

Archiwald sourit :

-Oui, c'est exactement ce que je voulais insinuer par rafraîchissement !

-B'alors pourquoi t...tu dis pas ''verre d'alcool'' ?! pesta Lucrécya. Comme ça tout le monde comprend et tu passes pas pour une tantine constipée !

Les yeux ronds, Archie se dirigea vers le bar.

-Seigneur ! Quelle femme ! Quel tempérament de feu ! laissa-t-il échapper, admiratif.

Restée seule, Lucrécya soupira, le cœur lourd. Elle avait trop chaud, elle avait bien trop bu, et ça commençait à tourner sévère dans sa tête. Et elle se sentait triste : Archichou (...c'était bien ça son prénom ? Elle n'en était plus très sûre...) était plutôt sympa, mais ses manières ressemblaient un peu trop à celles de cette lopette blonde de Malefoy. Et puis... c'était pas Marcus, quoi. Elle était en colère contre Marcus, mais étrangement, il lui manquait en même temps. Et elle avait envie de lui foutre un bon coup de poing en pleine trogne. Bref, fallait qu'elle boive encore, pour penser à autre chose. Et qu'elle retrouve Mali. Et qu'elle boive. Beaucoup. Et qu'elle reboive encore plus là-dessus.

-Lucrécya ? Tout va bien ? s'enquit Archiwald, en lui tendant une coupe remplie d'un liquide pétillant et coloré.

Les lèvres de la batteuse tremblèrent :

-...moui.... fit-elle, indiquant par là même tout le contraire.

Archiwald prit la jeune femme dans ses bras :

-Ma pauvre amie, laisse donc aller tes larmes si tu le souhaites !

Lulu se dégagea de son étreinte :

-Non mais t'as craqué ?! Tu crois que j'vais chialer ?! Tu m'as prise pour une mauviette ?!

Le jeune homme ouvrit de grands yeux :

-Grand Dieux non, loin de moi cette idée !

-C'pas parce que j'dois me fringuer comme une greluche endimanchée quand je vais à vos réunions de fraternité que ça veut dire que j'en suis une !

-Je n'ai nullement insinué que...

-Tu crois que j'vais chouiner sur... sur mes malheurs comme une... une...

De grosses larmes commencèrent à rouler sur ses joues :

-Comme une gonzeeeeeeeesse ! couina-t-elle finalement, en fondant en larmes.

Archiwald poussa un soupir, et entraîna la jeune femme contre lui, lui tapotant amicalement l'épaule.

-Allons, tout va bien se passer. Tu peux te confier à moi si cela te sied. Allons trouver un endroit plus approprié.

Il prit la main de la jeune femme, et l'entraîna dans un recoin de la jungle Gamma. Sans se rendre compte que, non loin, Malefoy les observait avec un plaisir malsain, jusqu'à ce qu'ils disparaissent à sa vue.

Lulu s'affala par terre, contre le mur, et but cul sec le cocktail que lui avait apporté Archiwald.
Ce dernier regarda le sol avec un froncement de nez de dégoût. Puis il sortit un mouchoir brodé de sa poche, le posa délicatement par terre, et s'assit dessus avec précaution.

-Ma vie est nuuuuuulle ! gémit la blonde platine.

-Est-ce grave à ce point ? s'enquit l'Alpha.

-Mon hippogriffe va creveeeer !

-Eh bien, je suppose qu'avec un bon vétérimage, nous pourrions...

-Mon prof me déteste paske j'ai pété mon balai et du coup j'en ai plus pour les cours ! renchérit Lucrécya, sans laisser son interlocuteur finir de parler.

L'aristocrate ne s'en émut pas :

-Si ce n'est que ça, il sera facile d'y remédier !

-Et mon mec me trooooooompe !

Sa voix éraillée se brisa en pleine phrase, et Lulu enfouit son visage dans ses mains.
Archiwald, lui, parut d'un coup très intéressé :

-Tiens donc...

-Il m'a dit qu'il d'vait faire un truc pour ses cours mais en fait il était avec une aut' meuf ! Une aut' meuf ! Tu te rends compte ?! J'te jure si j'sais qui c'est cette cageole elle va passer un sale quart d'heure ! Et lui, ce salaud, j'devais le pendre par les pieds et m'servir de lui comme putching ball ! Non mais sérieux ?! Me tromper ! Moi ?! Comment a-t-il osé ?!

-Cela veut simplement dire qu'il n'est pas fait pour toi, insinua le chef des Alpha.

-...tu crois ? fit tristement Lulu.

-Évidemment. Une jeune femme de ta qualité mérite quelqu'un qui sache la traiter comme une reine...

La batteuse hocha la tête :

-Ouais, c'est ÉVIDENT.

-...ou même quelqu'un qui puisse faire d'elle une reine, au sens propre comme au figuré. Au fait... T'avais-je déjà dit que je faisais partie de la famille royale ? rajouta-t-il d'un air innocent.

Mais Lucrécya ne l'écoutait plus vraiment.

-J'ai b'soin de plus de... de.... "rafraîchiss'ment", j'crois... renifla-t-elle au bout d'un moment.

Archiwald sortit sa baguette, et fit venir à lui, par accio, deux des bouteilles flottantes. Il en tendit une à sa compagne de beuverie, et garda la seconde pour lui.
Les deux Alpha burent leurs bouteilles respectives en silence tandis qu'une nouvelle chanson s'élevait dans les baffles.
Puis l'aristocrate se pencha vers elle, yeux clos, lèvres en avant. Lucrécya fronça les sourcils en reculant :

-T'fais quoi, là ?!

Archie rouvrit les yeux :

-Eh bien je pensais que...

-Écoute Archichou... déglutit la jeune fille d'une voix très embué par l'alcool. J'vais pas t'tabasser d... de suite paske t'as été sympa avec moi. Mais j'ai un mec et j'ai pas encore eu d'conversation avec lui à propos de l'aut' gonze alors pour l'instant j'ai toujours un mec même si c'est pas pour longtemps donc la p... prochaine fois qu't'essayes de m'emballer alors qu'j'ai un mec j'te défonce tell'ment la mouille que même ta mère reconnaîtra plus la plaie sanglante qui te servira d'face !

L'aristocrate resta bouche bée quelques secondes. Puis il murmura :

-Je crois que tu es la femme la plus admirable qui n'ait jamais foulé cette Terre.

-Je sais, répliqua Lulu du tac au tac.

Puis elle se leva aussi vite que ses jambes flageolantes par l'alcool le lui permettaient :

-Viens, faut qu'on danse. Et qu'on retrouve Mali. Et qu'on boive.

L'aristocrate se leva à son tour :

-A ta convenance, très chère, décréta-t-il en lui tendant une main amicale.

Archiwald et Lucrécya passèrent sans y jeter un œil devant un groupe de nerds de Pi Omicron Pi qui dansaient en cercle, en imitant le robot avec des pas d'un ringardisme achevé.


Quelques secondes à peine plus tard, deux voix chuchotèrent :

-Non mais sérieux, regarde ces têtes d'ampoule.... on dirait qu'ils le font exprès, ricana la première, qui ressemblait à s'y méprendre à celle de Marcus.

-Flint, on est pas revenus pour ça, rappela celle de NNC.

-Ouais mais avoue que c'est tentant... Alleeeeez, juste un petit tirage de slip ou deux !

-Non, Flint, notre escadron compte sur nous ! Aurais-tu oublié notre mission ?

-Bien sûr que non. Nous devons ramener à nos hommes des crackers pour aller avec les bières. Et nous allons mener à bien cette mission, quoiqu'il nous en coûte !

-Ne t'inquiète pas ! Cette fois, on a des camouflages qui déchirent tout ! Personne ne nous remarquera !

Deux buissons herbeux s'avancèrent laborieusement sur la piste de danse, fendant la foule des fêtards qui pestèrent bruyamment. L'un d'eux s'approcha d'une table. Un bras boueux sortit du fourré, et agrippa un énorme bol plein de chips.

-Mission accomplie, je répète, mission accomplie ! fit la voix de Marcus. Nous pouvons nous replier !

Les deux buissons firent demi-tour péniblement... mais hélas, le moins gros des deux heurta à quelqu'un.

-Oups.

Le quelqu'un en question n'était autre que Griselda O'Neil, qui se pencha en écarquillant ses énormes yeux globuleux :

-Rhooo Flint, salut salut salut ! Pourquoi tu te caches là-dedans ? Figure-toi que mon Lethifold eu une hallucination de toi tout à l'heure !

La voix horrifiée de Marcus se leva du premier fourré :

-Alerte rouge ! Alerte rouge ! Ceci n'est pas un exercice ! On est repéré !

-On se replie ! renchérit la voix paniquée de NNC, du deuxième.

Les deux buissons disparurent d'un coup, comme s'ils avaient transplané, laissant derrière eux quelques miettes de chips.

Griselda cligna des yeux :

-Oh, non, pas encore ! gémit-elle.

Ne voyant pas Lulu revenir, Malicia avait tiré Om sur la piste de danse et se trémoussait en rigolant, en essayant de suivre le rythme de la chanson, qui n'était pourtant pas bien rapide. Il fallait finalement croire qu'elle avait peut-être un peu trop bu... tant pis ! Elle s'amusait comme une folle ! Et tous ses soucis semblaient s'être envolés ! D'ailleurs, elle ne se rappelait même plus pourquoi elle se sentait si triste tout à l'heure. Om semblait beaucoup s'amuser aussi :

-Waw ! Je savais pas que les hips omicron hips savaient danser autre chose que la danse du robot ! blagua Mali en applaudissant Om.

-Ces sautillants pas me viennent de mon pays natal ! répondit son interlocuteur. Maître Shatria Ramjit Sadadi Bhramane m'a transmis l'art de...

-J'ai rien comprhips ! Mais c'est marrant !

La métisse tournoya sur elle-même dans un grand éclat de rire. De l'air dans les cheveux, qu'est-ce que ça faisait du bien ! Trop occupée à profiter de cette sensation, elle perdit l'équilibre et se rattrapa à Om :

-Oups ! gloussa-t-elle.

-Je crains que les voluptés de cette fête tribale n'aient un peu embrouillé ton esprit avec ses effluves d'alccol démoniaques ! fit l'hindou avec un sourire bienveillant.

Malicia considéra Om avec de grands yeux intrigués :

-Et moi, je...hips... crains d'avoir trop...hips... pour comprendre un seul truc de ce que tu ...hips ! fit-elle, rigolarde.

-Sans doute devrais-tu incessamment cesser de te saoûler ainsi....

La métisse le regarda avec un petit air de défi :

-...naaaaaan !

Elle saisit un verre qui flottait au-dessus de sa tête et le but cul sec :

-Un verre de plus, un verre de moins, je vois pas ce que ça... Oooh...

Les cheveux de Malicia firent un rideau devant son visage. Une nouvelle chanson sonna à leurs oreilles.


-Qu'y a-t-il, ma pétulante amie ?

La zeta leva des grands yeux humides :

-Tu voulais m'aider... et moi je t'écoute même pas...hips !

Elle se jeta au cou de l'hindou surpris et explosa en larmes :

-T'es un gars bien, Om !

Ce dernier ouvrit des yeux ronds en se demandant d'où pouvait venir ce brusque changement d'humeur :

-Je... oui ?

-Oui ! Les mecs sont tous hips mais pas toi ! Toi, t'es toujours hips avec tout le monde ! Pourquoi je tombe jamais sur des gens comme hips ?

Elle baissa la tête... et la releva aussitôt :

-T'es un gars bien ! Les mecs sont tous hips mais pas toi ! Pourquoi je tombe jamais sur des gens comme hips ? Toi, t'es un gars bien ! Mais pas les autres !

-Il me semble que tu as déjà dit cela, chère Malicia, fit remarquer Om.

La zêta fondit en larmes et le pointa du doigt :

- Les mecs sont tous hips mais pas toi ! Pourquoi je...

Elle partit en courant en fendant la foule.

Griselda était complètement perdue. Et pourtant, elle n'avait pas bu assez de bières pour être pompette, et avait poliment refusé toutes les cigarettes roulées qu'on lui avait proposé (à grand coup de chiffon sale sur la tête du Gamma qui lui avait osé lui proposer).

Mais n'empêche, elle était quand même perdue.

Déjà, parce que les paroles plates et insipides de la chanson qui passait la laissait perplexe.


Ensuite, parce qu'elle ne savait pas ce qu'elle avait fait de Kimikim : impossible de remettre la main sur sa coloc adorée. Mais du coup, elle avait un gros doute : est-ce qu'elle avait vraiment vu Kimikim ? Ou est-ce que comme avec l'Homme-Castor que l'on nommait Flint, elle avait tout imaginé ?!

Elle marcha dans la foule, en espérant apercevoir un visage familier. N'importe qui : même Rincevent ou la dernière venue à l'université, Ava... Mais non, elle ne connaissait personne parmi les danseurs. Et en entendant des bribes de conversation par ci par là, elle avait la nette impression qu'une grande partie d'entre eux n'étaient même pas étudiants à la WoW.

Puis, s'avançant vers le bar improvisé, elle vit ENFIN Kimikim !... sauf que cette dernière était en pleine conversation avec Drago Malefoy.

-Rôôôôôôh, t'as vu ça Lethi ?

Le Lethifold hocha la tête.

-Joufflue a un nouveau chéri ! J'aurais pas besoin de lui en trouver un finalement !

Gri porta le chiffon à son oreille, et sa bouche s'arrondit :

-Rôôôôôh tu crois ? Ben ça alors ! Lethi, tu connais vraiment tous les potins de la fac !

Griselda se fondit à nouveau dans la foule, et entama quelques pas de la fameuse danse du robot.
Soudain, elle fronça les sourcils et fixa le chiffon sale qu'elle portait toujours à la main :

-Qu'est-ce que tu dis Lethi ? McGuire a un nouveau chéri ?

Elle tourna la tête, et vit effectivement la métisse, à l'évidence bien bourrée, s'agiter en face de ce coincé de Om. Mais au final, Malicia fondit en larmes, et s'enfuit loin de lui.

-Il a du lui marcher sur les pieds, soupira Griselda. Ça pardonne pas, ça.

Elle se remit en route, et après quelques minutes, tomba nez à nez avec la petite Rincevent.
Cette dernière, visiblement éméchée, tenait la main à un jeune homme séduisant, à la mèche châtain impeccable et aux fringues venus d'un autre siècle.

-T'as un nouveau chéri ? s'étonna l'Irlandaise.

-Occupe-toi de tes fesses, pesta la fausse blonde en tanguant. T'as pas vu Mali passer par hasard ?

-Je sais pas. P't'être ben qu'oui, p'têtre ben qu'non. 

-Tu l'as vu ou pas ?!

-Je sais pas, fit sincèrement Griselda. Je l'ai vu mais j'ai peut-être halluciné, qui sait ?

-Halluciné ? s'étonna le cavalier de Rincevent, d'une voix aux accents aristocratiques.

-T'inquiète, c'est normal avec elle, soupira Lucrécya.

-Oui, mon Lethifold et moi on a des hallus en ce moment ! Par exemple, j'ai vu plusieurs fois ton ancien chéri !

Lulu fixa Gri avec des yeux vides :

-Mon ancien chéri ? Mais qu'est-ce que tu...

Soudain, elle réalisa :

-Marcus ? Tu as vu Marcus ici ?!

-Ouaip !

-Il était... avec quelqu'un ? couina Lucrécya d'une toute petite voix qui ne lui ressemblait pas.

Griselda réfléchit. A chaque fois qu'elle avait vu... ou rêvé de Flint, il était avec ce black obèse avec qui il était en cours.

-Ouaip, répondit-elle. Il était avec quelqu'un.

Rincevent, qui était pourtant déjà bien pâle au naturel, blêmit encore, et ses jambes flageolèrent. Le beau garçon qui l'accompagnait lui passa son bras derrière

-Viens, très chère, je vais t'offrir un autre verre.

Griselda ne sembla même pas remarquer le trouble de la blonde, et agita sa main en criant :

-Salut Rincevent, à la prochaine !

Elle se fraya à nouveau un passage dans la foule, et vit Malicia, qui s'essuyait les yeux, un peu perturbée.

-Salut salut salut McGuire ! Belle fête hein ?

-Oh... Salut... hips ! Griselda... T'aurais pas vu Lucrécya... hips !... par hasard ?

-Je sais pas. P't'être ben qu'oui, p'têtre ben qu'non. 

-Tu... hips... sais pas ?

-Je l'ai vu mais j'ai peut-être halluciné, qui sait ? En tout cas elle était avec son nouveau chéri.

-Son... hips... nouveau chéri ?

-Oui ! C'est incroyable ! Tout le monde a un nouveau chéri ! Même Kimikim a un nouveau chéri ! Elle sort avec Drago Malefoy ! Dingue non ? Il doit aimer les métisses ! rigola l'Irlandaise.

-HEIN ?

-Comme j'te le dis !

Malicia resta bouche bée un instant, puis partit en titubant, l'air horrifié, dans une direction au hasard.

-Salut McGuire à la prochaine !

Griselda se remit à danser, avec des mouvements saccadés.
Soudain, elle fronça les sourcils et fixa le chiffon sale qu'elle portait toujours à la main :

-Qu'est-ce que tu dis Lethi ? Qu'est-ce qui est bizarre ?

Elle tourna la tête, et vit Ezzechiel McGuire et Bibi, la poupée vaudou qui était debout dans les mains du métis, s'embrasser à pleine bouche. La garçonne hocha la tête :

-T'as raison, ça c'est bizarre ! La poupée de Chlorofille a un nouveau chéri !

Griselda stoppa net :

-Tout le monde a un nouveau chéri ! C'est bien beau tout ça, mais il est où mon chéri à moi ? Bah, je le retrouverais bien, pour l'instant, il est temps de réveiller les gens et de mettre un peu d'ambiance !

Elle tapa sur l'épaule d'un gars tout en muscles de plus de deux mètres, sans doute un PAF, qui grogna en se retournant :

-Quoi ?

-Donne-moi un aguamenti !

-Pourquoi ?

-Réfléchis pas ! Vas-y !

L'étudiant haussa les épaules et sortit sa baguette :

-Aguamenti !

Griselda dégaina à son tour, et visa le filet d'eau en criant :

-Saponem dare !

Un jet de shampooing doux jaillit de la baguette de Griselda, et, lorsqu'il rencontra l'eau, il explosa en une épaisse mousse bulleuse. Griselda envoya la mousse sur les danseurs d'un repulso, et hurla :

-ON SE BOUGE LES GARS ! CE SOIR, C'EST SOIREE MOUSSE !

La foule se mit à crier de joie. Un peu partout, des Aguamenti et des Saponem dare fusèrent, et bientôt, toute la jungle qui servait de salon aux Gammas fut envahi d'une douce mousse parfumée.

Griselda, satisfaite, attrapa une bière au dessus de sa tête. Puis elle se mit à danser la danse du robot, sous l'épaisse mousse. Après tout, elle n'était pas une Pi Omicron Pi pour rien !

Voyant qu'elle n'avait pas la moindre réponse des jeunes gens qui semblaient absorbés par leur conversation, Ava se décida à monter sur le petit banc, enjamber l'américain avec delicatesse, lui donnant involontairement un bon plan sur ses fesses. Puis, elle descendit du banc et attrapa une bouteille de Whisky Pur Feu.

- Faites comme si je n'étais pas la !

Elle s'assit sur le meuble d'à côté et les observa un instant. Ils n'étaient pas en couple. Elle en était sûre. Mais ils semblaient assez proches. Comme des amis en fait. Elle haussa les épaules et descendit la moitié de la bouteille avant de reporter son regard sur le garçon qui s'occupait de la musique.

Voyant le regard noir que la jeune fille lui lançait, il frissonna un instant avant de changer son espèce de rap roumain pour un truc plus... Conventionnel. Pas plus agréable mais moins agressif. En tout cas, les gens se mirent à danser de plus belle. Comme possédés par la musique.




Ava éclata de rire en les voyant tous ainsi, plus ou moins alcoolisés, absolument pas en rythme et encore moins ensemble. Ils étaient amusants ces anglais. Et bien moins coincés que Ian ! Lui ne devait surement pas prendre part à ce genre de fête lorsqu'il était plus jeune. Ce n'était pas son genre. Pas le genre du fils parfait qu'il était.

Elle avala un peu plus de sa boisson. Prête à finir sa 3eme bouteille, sous le regard légèrement interessé des jeunes gens qu'elle avait escaladés. La fille aux cheveux verts la regardait bizarrement. Elle avait une sacré descente ! Surtout pour une fille. Mais ils retournèrent vite dans leur discussion, apparement plus interessante.

Ava regardait les gens autour d'elle. De loin, elle voyait la brune au léthifold qui se posait des questions sur son état mental, sur si elle était clean ou non. Il y avait aussi la blondasse de Rincevent qui pleurait limite toutes les larmes de son corps en pensant à son petit ami/mari/trompeur. Son amie semblait s'être trouvée un copain. Bref. Tout le monde s'amusait apparement.

Ava leva les yeux au ciel en voyant Om trop gentil d'un côté puis elle finit sa bouteille et garda les yeux dans le vide, fixant la fille aux cheveux verts et le garçon étranger.

Le Grand Potiron des Gammas se dandinait dans la nuit au rythme de la musique qui l'emplissait.


A l'intérieur, le spectacle était dantesque : partout des étudiants débraillés braillaient, riaient gesticulaient comme si il n'y avait pas de lendemain. Pourtant cette fête allait bien finir un jour et depuis dix bonnes minutes, Drago espérait que cette fin arrive le plus tôt possible.

Le blondinet lança un regard peu amène à la métisse qui s'était assise à côté de lui et qui vidait avec un œil morne la seule bouteille à peu près acceptable qu'il ait pu trouver. Il aurait pu s'en aller. Mais le grand tabouret sur lequel il s'était juché était parfait pour ses repérages. Et il ne serait pas dit que lui, un ex-serpentard, laisserait sa place à une ex-gryffondor de troisième zone.

Kim McCormick était un cauchemar ambulant. Cette batteuse de pacotille n'avait cessé par le passé de l'exaspérer avec son caractère de pourceau enragé, sa moue arrogante et son horrible tignasse incoiffable qui la faisait ressembler à un buisson d'épines laissé à l'abandon.

-On s'ennuie McCormick ? fit l'alpha de sa voix traînante.

La métisse haussa les épaules, boudeuse, buvant à même le goulot SA bouteille de Château Boyaux.

-Ne veux-tu pas rejoindre tes amis gammas pour...faire des activités de gammas, comme faire une overdose ou mourir d'un coma éthylique ? proposa Drago.

-Non. marmonna Kim.

-La nuit est belle. Tu pourrais faire un tour de balai et tomber malencontreusement de quelques bons mètres... Un accident est si vite arrivé. Cela ne te tente pas non plus ?

-Non.

-C'est bien ce que je craignais.

Drago soupira : Kim semblait bien partie pour l'enquiquiner toute la soirée, et contrairement à ce qu'elle pensait, il détestait avoir à lui adresser la parole, même si c'était majoritairement pour l'insulter copieusement. Le fait qu'elle semble être, dieu sait comment, au courant de son histoire avec Malicia l'énervait également au plus haut point. Pour qui diable se prenait-elle à lui donner des leçons ?

-La fac, ça craint. marmonna Kim.

-Non, McCormick, tu "crains". répondit Drago.

La métisse un peu saoule se tourna vers lui :

-Tu sais ce qui craint le plus ? C'est les mecs dans ton genre ! Y'a pas plus...

Kim se lança dans un long discours rageur. Mais Drago n'avait aucune envie d'écouter ces jérémiades.
Le blondinet regarda autour de lui, inquiet : avec cette chose à côté de lui, il n'allait jamais parvenir à ses fins. Finalement, il se passa la main sur le visage, contrarié.

Depuis des jours, il essayait de mettre autant d'aventures que possible entre lui et le souvenir de cette soirée abjecte où Malicia lui avait claqué la porte au nez. Si plaisant cela se soit avéré, il n'en restait pas moins que quelque chose le tracassait : tout cela ne cessait de lui rappeler qu'il aurait beau accumuler les conquêtes, la zeta manquerait à jamais à son tableau de chasse. Quoique...

-Et t'es juste trop con pour... continuait la Gamma.

Drago eut l'air pensif. Un instant, une idée aussi insolite que malsaine passa dans son esprit. En affublant la Gamma d'une perruque dorée et de lentilles noires, en la forçant à perdre ses kilos en trop à force d'allusions mesquines et en l'habillant avec la lingerie qu'il avait volée il y a quelques semaines à son ex en souvenir, Kim pourrait ressembler de très loin à Malicia. S'il éteignait la lumière. Et fermait les yeux.
En plus, la batteuse avait l'air passablement déprimée ce soir. L'occasion était parfaite.

Le regard bleu scrutateur de Drago se posa sur Kim qui avait fait une pause dans son discours pour prendre une gorgée de vin. Finalement, il frissonna de dégoût : il n'allait quand même pas tomber aussi bas. Le blondinet regarda la foule autour de lui : il devait bien y avoir quelqu'un qui lui plairait ce soir... Quelqu'un comme...

L'alpha leva un sourcil : une fille, qui venait de passer comme un éclair dans la foule, avait attiré son regard.

-Mais moi j'en ai rien à péter de...

-Oh par pitié, McCormick, cesse donc de parler.

Drago se leva et laissa derrière lui une Kim furibonde. L'alpha se fraya un chemin dans la foule en essayant de mieux voir la personne qu'il avait aperçue. Enfin, il la retrouva non loin, occupée à regarder par la fenêtre, et stoppa un instant, ravi de sa trouvaille. C'était exactement ce qu'il voulait : de longs cheveux chocolat, une peau caramel, des courbes à se damner et, cerise sur le gâteau, une démarche peu assurée indiquant un penchant pour les boissons alcoolisées. Il lui fallait cette fille. Mais où diable était cet imbécile de Kapoor quand il en avait besoin ?

Drago leva les yeux au ciel. Qu'importe. Il se débrouillerait seul. Il s'avança et se plaça à côté de la fille.
Cette dernière sanglotait derrière le rideau que formait ses cheveux. Encore mieux. Le blondinet bénit intérieurement le ciel de lui avoir facilité autant la tâche.

- Pourquoi être aussi triste pas une si belle soirée ? fit-il.

Deux grands yeux étonnés se posèrent sur lui :

-Drago ? hoqueta la fille d'une voix qu'il ne connaissait que trop.

L'alpha se figea :

-Malicia ?! Mais que diable fais-tu ici ?!

Le blondinet considéra de haut en bas la métisse :

-Et depuis quand portes-tu ce genre de robe indécente ?! Fit-il sur un ton mêlant surprise, reproche et émerveillement.

La métisse le fusilla de ses deux yeux pleins de larmes :

-ET DEPUIS QUAND TU SORS AVEC KIM McCORMICK ?

-Pardon ?!

Brusquement, la voix de Griselda se fit entendre :

- ON SE BOUGE LES GARS ! CE SOIR, C'EST SOIRÉE MOUSSE !

Avant même que Malicia et Drago puissent échanger un seul mot de plus, une quantité phénoménale de bulles les sépara brutalement.

Cette fois-ci, Malicia devait bien l'admettre, elle avait trop bu. Et si la soirée avait bien commencé, elle lui semblait désormais aller de mal en pis.

Elle avait d'abord complètement perdu de vue Lucrécya, qui était partie elle ne savait où avec un aristocrate guindé au nom imprononçable. Puis, elle était tombée sur Om, mais la présence de ce dernier n'avait fait que lui rappeler à quel point son horrible ex était... et bien... horrible. Puis Griselda lui était tombée dessus et lui avait annoncé que son horrible ex avait décidé de faire des choses encore plus horribles puisqu'il s'était apparemment amouraché de Kim McCormick. Mali aimait bien Kim. Mais malgré tout, la nouvelle l'avait laissée sans voix et la métisse, déjà bien secouée, par sa journée, avait erré comme une âme en peine dans la foule dansante du Potiron en pleurant comme une madeleine.

Et finalement, comme si ça ne suffisait pas, son horrible ex était arrivé. Il ne l'avait... encore... pas reconnue et avait...encore... essayé de la draguer... avant de lui reprocher sa tenue. Tenue qu'elle avait spécialement choisie pour accompagner la tenue verte de Lustucru qu'elle avait perdue et maintenant, elle était toute seule dans cette soirée minable avec une robe ridicule et trop courte qui ne lui allait pas et dont les paillettes lui grattaient les fesses.

Et puis, il y avait eu les bulles. Des milliers de bulles, qui avaient coupé court une énième dispute avec son ex horrible.

Et Malicia s'était retrouvée propulsée en arrière et avait bousculé quelqu'un :

-HEY ! MAIS FAIT ATTENTION !

Kim venait de se verser une demi-bouteille de vin sur ses habits.

-Oh ! Je suis désolhips ! glapit Malicia avant de réaliser à qui elle s'adressait. Kim ?

-Ben oui c'est moi ! rouspéta la batteuse aussi ivre qu'elle. Mon haut est bon à jeter ! Merci Mali ! Quelle soirée de merde !

-Mais j'ai pas fait exprhips, j'ai glissé sur ces bulles et...

-C'est bon, laisse-tomber... fit Kim d'un geste de la main. Bonne soirée.

Pour une raison sûrement fortement motivée par les tonnes d'alcool qu'elle avait ingurgité, Malicia plissa les yeux :

-Ah ben je vois que tu es aussi aimable que ton nouveau copain !

-Hein ? s'étonna Kim.

-Ben oui, Drago, ton nouveau hips, mon crétin d'ex !

La Gamma ouvrit des yeux choqués :

-Moi sortir avec ce malade ? Mais c'est toi qui est pas bien !

La zeta inspira fortement : elle n'avait pas à reprocher à Kim quoi que ce soit. Après tout, c'était elle-même qui avait décidé de ne plus rester avec Drago. Elle n'en avait rien à faire de Drago. Rien à faire du tout qu'il sorte avec Kimberlie McCormick. Elle allait partir avec dignité et avancer dans sa vie comme elle l'avait annoncé à toutes les personnes qu'elle avait croisées. Ou pas.

-Je vais très bien, je suis une jeune fille parfaitement équilibrée ! fit Malicia d'une voix stridente.

-T'es complètement hystérique, oui ! répondit Kim en tanguant sur ses jambes.

Malicia ouvrit la bouche outrée :

-C'est toujours mieux qu'être stupide et hyperactive !

Kim se désigna avec de grands mouvements de bras :

-Moi, hyperacti... euh... moi stupide ?!

-Oui ! Il faut l'être pour sortir avec Drago Belzébuth Malefoy !

-Alors ça veut dire que tu es aussi stupide que moi ! beugla la Gamma.

Malicia pointa Kim du doigt, alors que la moutarde lui montait au nez :

-Ah ! Tu avoues ! hurla Malicia, les joues rouges de colère.

-J’avoue rien du tout ! cria Kim, un œil plus ouvert que l'autre.

Elle tapa du pied et manqua de tomber par terre :

-Ça suffit ! Je me tire de cette soirée bidon !

Malicia s'énerva, les cheveux en pétard :

-T'avises pas de partir, espèce de sale traîtresse !

Kimberlie se retourna :

-Et tu vas m'en empêcher ?

-Ouais !

-Ouais ?

-Ouais !

-C'est ce qu'on va voir !

A ces mots, le sang de Malicia ne fit qu'un tour. Elle s'élança sur la Gamma en hurlant et la plaqua sur le sol mousseux. Aussitôt, un Pi Omicron Pi, qui avait regardé toute la scène avec des yeux pleins d'intérêt, bondit sur une chaise :

-HEY !!! COMBAT DE FILLES !!!

Une musique très appropriée se fit entendre...

Alors que tout autour d'eux la fiesta battait son plein, gagnant en intensité au vu du nombre d'étudiants sorciers dans le coltar, Titus continuait à fixer Myo d'un œil inquiet, une clope allumée coincé entre l'index et le majeur. Celle-ci attendait la réponse du cowboy, toute sourire comme s'ils discutaient de la pluie et du beau temps, alors qu'une nouvelle musique sortait à plein tube des enceintes placées en hauteur.


Elle finit par pointer du doigt la main du ricain, exhalant sa fumée d'herbe magique :

-Heu Titus, ta clope est en train de te cramer les doigts...

Au moment où la jeune fille chlorophylle le lui dit, le Gamma s'en redit compte, la douleur lui mordant les phalanges.

-OUCH !!! hurla-t-il en jetant le mégot incriminé, se secouant vigoureusement la main. BORDEL DE CHIOTTE DE CLOPE A LA CON !!!

Myo descendit de sa branche en douceur et s'approcha du cowboy avec prudence :
-C-ça va, Titus ?

-Ouais, ouais... ça va .

Le Gamma, qui soufflait sur ses doigts endoloris, observa la jeune fille aux cheveux vert, les yeux plissés :

-"Pourquoi pas Kim ???" Qu'est-ce qui te prend au juste aujourd'hui, avec tes questions zarbi ?

-Ben...

Sans la quitter des yeux, Titus tâtonna à côté de lui à la recherche de sa bouteille de whisky pur feu. L'espace où elle se trouvait était vide. Un de ces clampins me l'a surement carottée...songea-t-il. Ah nom de dieu ! La prochaine fois, je la piège avec un sort !

Il se rabattit sur une bièraubeurre qui trainait par là.

-Ecoute, Myo, fit-il en déboucha sa binouze. C'est très sympa à toi de vouloir aider la bizut avec ses problèmes de cœur, mais perso je passe.

-Mais pourquoi ? insista la sorcière chlorophylle. Enfin je veux dire, pourquoi pas ?

-Laisse tomber, je te dis. J'aime bien cette petite, mais je suis pas intéressé.

Il engloutit une bonne lampée de bièraubeurre et secoua la tête.

-Bon dieu, marmonna-t-il, j'aurais l'impression de sortir avec ma petite sœur...

-Ah.

Mais qu'est-ce qu'ils avaient tous fumé aujourd'hui ! Cette question était un peu con, étant donné que quasiment tout le monde au Potiron était soit bourré, soit complètement stones... Titus jeta un coup d'œil en coin à son amie : pour autant qu'il se souvienne, il ne l'avait jamais vue montrer le moindre signe d'intérêt à son égard... du point de vue sentimental, s'entendait.

-Et puis ça veut dire quoi "j'avais un faible pour toi ", hein ? lui demanda-t-il d'un coup.

Myo le regarda sans comprendre :

-Je-ben... ce que ça veut dire.

-Justement, je pige pas très bien !

-Mais de toute façon qu'est-ce que ça peut faire ? demanda Myo désinhibée par l'alcool magique. Tout ça c'est de l'histoire ancienne ! Y a que notre Doyen qui compte, maintenant !

Titus ouvrit la bouche prêt à répliquer, mais voyant que la Gamma avait de nouveau le regard perdu dans ses pensées énamourées pour son foie jaune de Magouille, il n'insista pas. Soupirant, il promena son regard sur la foule, espérant trouver un autre collègue Gamma pour la sortir de sa torpeur, lorsqu'il se figea :

-Oh... oh la sale petite- grogna-t-il, le regard braquée sur une sorcière qui se tenait assise sur une souche à quelques mètres d'eux : elle était en train de siffler SA bouteille de whisky !!! Sentant son regard, elle se tourna vers lui, toute sourire, levant le breuvage à sa santé.

-Ok, fulmina le cowboy, tu veux jouer à ça ?

Il dégaina sa baguette :

-Accio bouteille de whisky !

Alors que la jeune fille portait le goulot à ses lèvres, la bouteille fila d'entre ses doigts pour atterrir entre les mains du ricain. Ce dernier, un sourire mauvais aux lèvres leva à son tour la bouteille sous le regard furieux de la sorcière.

Personne ne touche à ma boutanche...songea-t-il satisfait, alors que la fille se dirigeait à grands pas vers lui.

Ava etait assez dégoutée de s'être fait prendre sa bouteille. Elle se leva donc pour aller la récupérer, assez furieuse. Elle ne se rendait juste pas compte qu'elle perdait légèrement de sa crédibilité avec son polo beige devenu presque transparent à cause de la mousse environnante. On voyait son magnifique soutient gorge blanc neige à rubans roses.

- C'est ma bouteille !

Elle posa son regard bleu dans celui de l'étranger. Ils restèrent de longues minutes à se fixer pendant que titus prenaient par moment des gorgées de sa bouteille. Ava haussa les épaules.

- J'ai craché dans ta bouteille.
- TU AS QUOI ?!

Elle sourit en haussant de nouveau les épaules pendant que le garçon regardait sa bouteille, furieux, assez suspicieux. Certes, elle ne l'avait pas fait, mais à cette heure ci, il en fallait peu pour mettre le doute à quelqu'un.

- Oui, j'ai craché dans ta bouteille, lui répondit-elle avec un grand et doux sourire
- Tu mens.
- tu veux vraiment prendre le pari ?

Elle sourit un peu plus, gardant son regard dans le sien. Il s'assombrissait de plus en plus. Personne ne touchait à sa bouteille de Whisky ! Surtout pas une fille qu'il ne connaissait pas.

Un garcon, Gamma à coup sur, décida de changer la musique, pour être... Plus détendu.


Près d'eux, un sacré attroupement s'était formé. Malicia et Kim se battaient comme des furies pour le plaisir des hommes présents dans la salle. Ava regarda un instant Titus avant de lui sourire.

- Va la voir.
- Qui ca ?
- La métisse qui se bat avec Malicia. C'est limite si tu ne regardes pas qu'elle ! Comme si tu t'inquiétais comme... Un frère.

Elle prononca ce dernier mot avec dégout. Elle détestait la famille, et encore plus avoir un frère.

- Va la voir c'est bon, te prends pas la tête parce que je t'ai bu un peu de ta bouteille !

Elle leva les yeux au ciel. Etait-ce l'alcool qui la rendait si gentille avec lui ? surement. Elle n'était JAMAIS gentille avec un garçon alors ça devait être à cause de sa 3eme bouteille de la soirée. Peut êter celle de trop. Elle était légèrement pensive en le regardant avec un sourire.

Une tête blonde émergea d'un monticule bulleux. Drago souffla dans ses cheveux et un peu de mousse tomba sur ses épaules.

-Ces gammas. Que ne vont-ils pas inventer pour se rendre intéressants. grinça-t-il en essayant, en vain, d'épousseter ses vêtements.

L'alpha regarda autour de lui. Malicia semblait s'être évaporée dans les airs... tant mieux. L'avalanche de bulles l'avait sauvé d'une situation parfaitement inextricable. Il n'aurait absolument pas su quoi dire pour justifier son comportement. Surtout avec cette petite robe rouge sous les yeux. De plus, Malicia avait l'air totalement ivre, ce qui était une nouveauté pour lui. Cela n'aurait sûrement pas joué en sa faveur. Et cet étrange ragot sur sa pseudo romance avec Kim McCormick non plus.

Alors qu'il s'approchait de son coin favori, Drago eut l'air intrigué. Un attroupement mousseux s'était formé là où il comptait s'asseoir. Qui diable osait compromettre ses plans ?

-C'est inacceptable ! siffla le blondinet avec mauvaise humeur. Cela ne se passera pas ainsi !

Saisissant sa baguette, Drago se fraya un chemin dans la foule, qui applaudissait à tout rompre... et se figea. Derrière lui, la musique changea du tout au tout :


Malicia en était venue aux mains avec Kim et les deux filles se roulaient par terre en se tirant les cheveux et en se griffant comme deux fléreurs sur un même territoire. Était-ce à cause de ce que la zeta avait hurlé un peu avant de disparaître ?

-C'est d'un pathétique ! s'écria-t-il. Je n'ai jamais vu spectacle plus...

Un bruit de tissu déchiré se fit entendre et l'assistance masculine, Drago compris, poussa un "Oh" de contentement, en ouvrant des yeux ravis.

-AH MA ROBE !!! hurla Malicia, les cheveux emmêlés. TU VAS LE PAYER, ESPECE DE SALE...

-C'EST TOI QUI VA PAYER, McGUIRE ! lui rétorqua Kim les habits couverts de vin.

Drago pencha la tête avec un sourire idiot :

-Continuez donc, faites comme si je n'avais rien dit... bafouilla-t-il sans en perdre une miette.

Il croisa les bras :

-Dieu bénisse les ragots... et les soirées mousse.

L'alpha continua sa contemplation comme si de rien n'était. Il fallait bien l'admettre, le spectacle était charmant. Et sous cet angle, même McCormick paraissait potable.

-COMBAT DE FIIIIIIIIIIIILLES !

Un cercle s'était spontanément formée autour des lutteuses dans la mousse, et de nombreux fêtards invectivaient les deux métisses pour les encourager.

Certains prenaient déjà des paris sur la gagnante, et un PAF récoltait les gallions des différentes mises en incitant les gens à jouer d'une voix de forrain :

-Misez sur Cheveux Frisés à dix contre un et ramassez le jackpot ! Le combat de filles c'est maintenant mes amis, profitez-en ! Début des mises à deux gallions !

Attirée par le grabuge, Lucrécya se faufila, non sans trébucher, pour voir de quoi il en retournait.

Une fois parvenue à enlever toute la mousse qui lui gâchait la vue, Lucrécya gloussa de rire.

Les combattantes n'étaient autre que Malicia et Kimberlie, qui s'empoignaient et se griffaient à qui mieux mieux.

Pour la première fois de la soirée, Archiwald, les yeux arrondis par l'étonnement, semblait regretter son carré VIP et ses semblables richissimes. Il grimaça :

-Seigneur, quelle sauvagerie !

-T...tu l'as dit Bouffi ! répliqua Lulu en ricanant.

-Cela arrive-t-il souvent dans ce genre de soirée ?

Lucrécya, sans lâcher du regard sa meilleure amie enragée (et imbibée d'alcool) comme jamais, haussa les épaules :

-Nan, c'est rare quand y'a de la mousse. Mais pour l'reste... ouais. C'pas une bonne soirée sans bonne baston !

Elle jeta un coup d’œil à la mèche parfaitement coiffée d'Archiwald, et le railla :

-Ça t'est d'jà arrivé, une bonne baston, non ?

-Eh bien... Je ne refuse jamais un Duel de magie, si l'on me jette un gant. Cela compte-t-il ?

Lucrécya grimaça :

-Eh ben, y'a du boulot, grommela-t-elle entre ses dents.

Elle se remit à regarder le match avec un plaisir non feint. Les deux étaient pintées, et avec le sol rendu glissant par le savon, ça n'arrangeait pas les choses.

L'aristocrate fronça les sourcils :

-Attends voir... Ce n'est pas là ton amie ?

-Ouaip !

-Ne faudrait-il pas aller l'aider ? Enfin, je veux dire, les séparer ?

La batteuse secoua la tête (mais pas trop vite, parce qu'elle tournait un peu trop, ladite tête !) :

-Naaan. Attendons de voir comment Mali s'en sort !

-Es-tu sûre ?

-Ouais. Elle a b'soin de se défouler. En plus c'est contre McComique, ça peut être fendard.

Archie inclina la tête :

-Oh mais tu as raison, il s'agit de Kimberlie McCormick...

La fausse blonde jeta un coup d’œil soupçonneux à son cavalier :

-Tu la connais ?

-Disons, indirectement, oui.

-Tu l'aimes bien ?

-Non, je ne la porte pas spécialement dans mon cœur.

-Alors on va êt' copains toi et moi, décréta Lucrécya.

Elle agrippa la bouteille qu'un Pi Omicron Pi tenait dans ses mains, en but une bonne rasade, et leva le poing en hurlant :

-VAS-Y MALI !

-Regardez-moi ça, Hyppolitain... Ces corps moites qui tanguent et se collent les uns aux autres... Ces boissons frelatées qui coulent à flots... Cette musique de dépravés qui incite à la débauche... J'ADORE CA !


Magnus Magouille, accoudé au comptoir où il était assis depuis plusieurs heures, déboucha une bouteille de whisky pur feu avec ses dents, et la versa dans son intégralité à l'intérieur de son haut de forme. Il fit de même avec deux autres bouteilles de la même marque. Puis, saisissant son chapeau à pleines mains, il mit la tête en arrière et but le contenu cul sec.

Le nez rougi, Saussurus, affalé à côté du doyen, la main agrippée à une bouteille de panachée à moité pleine, leva le doigt et bredouilla :

-Gnagnamagna gnamagnagna Magnus... Magnagnamagna ?

-Comme vous dites, mon cher Hyppolitain !

L'oeil brillant, Magnus sortit une allumette de sa poche, et la craqua sur le front dégarni de son acolyte avant de rallumer sa pipe. Il considéra les alentours avec concupiscence. En entendant le vacarme qui provenait du Potiron, Magnus n'avait écouté que son courage et avait envoyé Saussurus demander aux étudiants de baisser le son pour la Sieste du Doyen. Ne le voyant pas revenir, il avait troqué son chapeau de nuit contre son haut-de-forme le plus intimidant, et avait aussitôt renoncé à ses plans en apercevant cinq demoiselles à moitié nues qui se poursuivaient en s'éclaboussant mutuellement avec une énorme bouteille de champagne. Au diable la sieste, s'était-il dit. Et il ne le regrettait pas !

-Diantre, le tabac que j'ai volé à ce jeune Gamma est pour le moins étonnant, fit-il en gloussant.

Aussitôt, il regarda sa main avec un large sourire :

-Regardez Hyppolitain ! Mes doigts ! Ils sont de toutes les couleurs !

-Gnagnamagna gnamagnagna... Magna... lui répondit Saussurus.

Le malheureux professeur tomba en arrière, la langue pendante.

-Vraiment ? Vous ne cesserez donc jamais de me critiquer ? s'exclama Magouille.

Il s'étira :

-Bon sang de bois, je vous le dis, je ne suis plus aussi jeune qu'auparavant ! Cinquante-et-une bouteilles de whisky pur feu et je suis déjà légèrement éméché !

Sans se décourager, le doyen saisit une cinquante-deuxième bouteille et la souleva en saluant un étudiant qui le regardait d'un air mauvais. Il versa son contenu dans son haut-de-forme en chantonnant. Il loucha dans le fond de la bouteille vide et fronça les sourcils, déçu :

-Ah ? A pu... lâcha-t-il d'une voix passablement avinée.

Il se leva en titubant, enjamba la montagne de bouteilles vides à ses pieds et remit son chapeau sur sa tête. Du whisky lui dégoulina sur le visage, mais le moustachu ne sembla même pas s'en rendre compte :

-Il est temps d'aller chercher les petites sœurs ! Et puis, un peu de nerfs, Hyppolitain ! Vous n'avez même pas fini votre premier panaché !

La voix de Saussurus lui parvint depuis le sol :

-Gnagnamagna gnamagnagna... Magna...

-Ah sacré Saussurus ! Toujours le mot pour rire ! s'esclaffa Magouille.

Il se tourna et se cogna contre l'une des nombreuses bouteilles d'alcool qui flottaient dans les airs. Il en agrippa une, la caressa avec amour et susurra :

-Regardez-moi ça... C'est bien, mes chéries, venez toutes seules à papa...

Brusquement, un Pi Omicron Pi se jucha sur une chaise et hurla :

-COMBAT DE FILLES !

La Moustache de Magouille frétilla et ce dernier jeta sa bouteille au sol, une lueur lubrique dans le regard :

-Oh oh, voici une mission pour le Doyen ! clama-t-il avec bonne humeur.

Oubliant qu'il titubait deux secondes auparavant, le Bon Docteur se précipita aussitôt vers la bagarre.
Dans une effusion de mousse, deux étudiantes aux vêtements déchirés se battaient comme des chiffonnières en se traitant de tous les noms. L'assemblée, majoritairement masculine, ne semblait pas pressée de les stopper. Magouille se lissa la moustache, les yeux brillants :

-Mmh. C'est bien gentillet, tout ça...marmonna-t-il.

Il se racla la gorge et clama d'une voix forte en agitant sa baguette :

-CESSEZ DONC CELA ! C'EST UN ORDRE ! AGUAMENTI !

Les deux combattantes poussèrent un cri, aspergées d'eau, mais ne s'arrêtèrent pas de se battre pour autant. Le doyen prit un air faussement contrit :

-Oh non ! Qui aurait cru qu'un simple jet d'eau malencontreusement placé aurait fait que les vêtements de ces deux mulâtresses se collent à leur peau hâlée et dévoilent ainsi à l'assemblée tout entière leurs formes généreuses luisantes de savon ! Certainement pas moi !

Le doyen haussa les épaules :

-Bon, je dois vous laisser ! J'ai un appareil photo à chercher...